COMME UNE POULE QUI A TROUVÉ UN COUTEAU
Nous avons vu le 31 décembre un chef d’orchestre sans groove ni swing, aux allures d’automate, qui va dorénavant se faire déposer des « foules Potemkine », comme à Tambacounda, créant des opportunités pour les voleurs de ce qui reste à voler
Ce dernier jour de l’an 2022, les vœux les plus insignifiants de l'histoire du Sénégal, les plus convenus et les plus malvenus, ont été adressés au peuple Sénégalais par un président de la République, qui avait décidé, comme par défi, de ne pas libérer la pression qui fait du Sénégal une cocotte-minute turbulente, aux vapeurs dangereuses, en ne tenant aucun compte des colères qui grondent, émanant de citoyens qui pourtant très calmement et avec une grande dignité, lui avaient demandé la veille d’enfin siffler la fin d’une indécente récréation et d’une scandaleuse surprise party, organisée, toute honte bue par plusieurs de ses proches. « Circulez ! Il n’y a rien à voir », a rétorqué le chef de l’État, débitant en creux, un discours hors-sol, qui du coup, n’avait nul besoin d’un concert de casseroles pour être inaudible.
Pendant 20 minutes interminables, tant ce que les Sénégalais espéraient de sa parole était hors de son propos, le président Macky Sall a donné la pénible impression d'être fatigué de vivre et d'avoir peur de mourir... Aucun souffle porteur de vents favorables, lesquels, même s’ils survenaient, seraient sans effets, puisqu’aucun cap ne fut posé. Le chef de l’état nous distillé l’image d’un homme harassé, qui a « joué battu », et semblait porter sur ses épaules le lourd fardeau des tocards qui l'ont pris en otage et qui, voulant être sauvés vont le mener implacablement vers le Bûcher des Vanités. C'est triste vraiment pour ce pays lobotomisé par le feuilleton animé par une gourgandine, qui à chaque épisode, transforme l’Alliance pour la République, en « Benno Bokk Adji Sarr », dans une ambiance de « foutage de gueule » indécent.
Ce fut un indigeste discours de politique générale d'un Premier ministre, mais ce ne furent pas des vœux de Nouvel an. C’en était triste pour lui-même. Même s'il n'y avait eu que deux casseroles dans tout Dakar, il nous a donné l’image que cela, passez-moi l’expression, « l’emmerdait »... C’est lui qui symbolisait « la » casserole, celle que son régime traîne comme un boulet, et dont le contenu empeste sa gouvernance, qu’il nous a naguère vendue comme « sobre et vertueuse »… Il est probable que ses proches amis ont dû entendre « opprobre et tortueuse »…
Empêtré dans une litanie de projets dont les Sénégalais n'ont cure, même s’ils sont structurants pour notre nécessaire émergence, il avait, trottant dans sa tête, que même s’il leur avait ramené la Coupe du monde, en ayant lui-même marqué le but décisif, ils n’en n'avaient rien à faire... Au « Circulez ! Il n’y a rien à voir ! » dédaigneux de Macky Sall, une partie significative des Sénégalais a opposé un « Cause toujours ! » assourdissant.
Les Sénégalais, dans leur majorité, à défaut de retrouver l’homme qui les avait subjugués par son audace en 2011, avant de devenir le président le mieux élu de notre histoire, attendaient au moins de lui, qu’il évoque, n’eût été que du bout des lèvres, en les montrant du nez, ceux de ses proches qu’il ne compterait pas le moins du monde protéger des questionnements de nos magistrats. Les Sénégalais espéraient, même avec leurs casseroles bruyantes et effrontées, que l’homme qui avait écrit un chapitre de la vitalité de notre démocratie, allait prendre enfin, la mesure de l’histoire en maîtrisant sa partition, ainsi que le véritable sens du mot « responsabilité ». Au lieu de cela, ils ont eu droit au lénifiant discours d’un intendant en chef, qui a décliné la réfection de nos lycées aussi délabrés que les enseignements qu’on y dispense, qui a fait la liste des coûteux joujoux qui font « jolis » dans les pages spéciales très chères payées de Jeune Afrique, mais qui n’a à aucun moment diffusé ce souffle qui autorise ceux qui l’ont entendu sans l’écouter, à rêver de nouveau à un Sénégal en paix, et à se sentir considérés comme des citoyens dont on n’insulte pas les intelligences avec autant d’inélégance morale.
Les casseroles rythmaient en l’accompagnant, l’expression de ce désir de respect et de considération des désillusions des citoyens sénégalais, face à une kleptocratie décomplexée et désinvolte.
La prise en otage de notre vie politique, économique, sociale, citoyenne continue et nous allons aller de « Nemeku Tour » en Tagato Tour », dans le brouhaha médiatique du barnum politique, dans la fureur des insultes proférées dès qu’un avis s’énonce ou qu’une réflexion intelligente s’invite dans ce débat glauque, auquel ils nous convient tous régulièrement.
Nous avons vu le 31 décembre un chef d’orchestre sans groove ni swing, aux allures d’automate, qui va dorénavant se faire déposer des « foules Potemkine », comme à Tambacounda, y promettant d’improbables enveloppes de 800 milliards, créant des opportunités pour les voleurs de ce qui reste à voler, de s'en mettre derrière la cravate, sortant de son chapeau, lors de sa prochaine halte régionale, d’autres milliards magiques dont nous n’avons plus le premier fifrelin, et il va venir nous dire un jour, sans frémir, que sous l’insistante demande des Sénégalais, il s’est résolu à prendre la lourde décision de sauver notre pays du chaos, et blablabla et blablabla, et ainsi à continuer de parler, parler, parler, encore parler, jusqu’à temps…d’avoir quelque chose à dire !!!
Le malaise présidentiel provenait de ce manque de désir, et lui donnait l’air d’une poule qui a ramassé un couteau, et qui ne sait pas quoi faire avec. Comme piloter un avion sans ailes… Au Sénégal aujourd’hui, on ne vole plus… On n’y vole seulement.
Bonne année…
Post Scriptum.
Les concerts de casseroles, comme le brouhaha des « tournées économiques », créent les conditions d’un abêtissement des militants politiques, qui n’ont pas connu l’heureux temps des « écoles du parti », où on leur apprenait qu’une foule n’est pas une meute, et qu’on n’est pas obligé d’agresser Pape Djibril Fall, parce qu’il a le tort de revendiquer son libre-arbitre. Il ne faut pas que ceux qui rêvent d’être une solution deviennent le problème, en ne prenant pas des dispositions claires contre les abrutis qui leur servent parfois de militants. Wasalam !