DANS L’IVRESSE D’UN VRAI PLEBISCITE…
Le dimanche 17 novembre 2024, le Peuple a confirmé sa réelle intention de tourner les pages libérales, socialistes et progressistes nanties de plus d’un demi-siècle de règne sur les parchemins de la voie démocratique de l’exception sénégalaise.
En démocratie, les élections constituent le mode par excellence d’accession au pouvoir. Elles donnent au Peuple son entière souveraineté à apprécier ou à sanctionner l’instance suprême dans la gestion des affaires publiques. Cette expression avouée du Peuple souverain empêche la sclérose au niveau des fonctions dirigeantes.
Le dimanche 17 novembre 2024, le Peuple a confirmé sa réelle intention de tourner les pages libérales, socialistes et progressistes nanties de plus d’un demi-siècle de règne sur les parchemins de la voie démocratique de l’exception sénégalaise.
Cet enchevêtrement de pensées libérales et socialistes sur le stimulus politique du pays de Senghor, Wade, Diouf et Sall a fini sa course sur le piédestal d’une nouvelle vision politique de gauche fondée en 2014 par Ousmane Sonko. Ce parti d’opposition jusqu’en 2024, connu pour ses courageuses positions souverainistes a, de la plus belle manière, vu sa position politique réaffirmée et adoptée par la majorité de l’électorat sénégalais.
Ce plébiscite successif et affirmé du Peuple donne blanc-seing aux «Patriotes» d’entamer une course libre et sans entrave sur une meilleure trajectoire vers l’horizon 2050 par l’embellissement de la situation économique, la baisse de l’inflation et du taux de chômage, l’amélioration de la qualité des institutions, etc.
Nous ne pouvons pas faire de prédiction systématique, mais avons pu établir qu’en moyenne, voter pour le changement améliore généralement la situation d’un pays ! En effet, le changement d’équipe des institutions nationales permet de redonner confiance aux citoyens.
Cette belle transition politique contribue à renforcer la perception de vivre dans une Nation ouverte aux changements et aspirant à une belle vitalité démocratique.
Les nouveaux leaders (Pastef) bénéficient d’une popularité plus forte. Néanmoins, il faudra arpenter courageusement les rampes des escaliers de la tortue, après cette transition pour observer ces effets progressivement. Il semble donc que ce soit l’amélioration de la trajectoire du pays qui redonne confiance aux citoyens plus que l’inverse.
Aux Etats-Unis, le parti qui gagne la Maison blanche siège en général majoritairement au Congrès la même année, et perd presque systématiquement les élections de mi-mandat qui suivent. On explique souvent ce phénomène par le fait que tous les quatre ans, les électeurs choisissent le parti qu’ils préfèrent lorsqu’ils votent pour la Présidence et pour la Chambre, ne sachant pas qui sera à la Maison blanche pour les quatre années à venir.
Deux ans plus tard, lors des élections de mi-mandat, les électeurs les plus démocrates et les plus républicains votent pour leur camp, et beaucoup d’électeurs modérés décident de voter contre le parti à la Maison blanche parce qu’ils sont déçus du Président en place, ou pour assurer un équilibre entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif dans les deux années suivantes.
Cette alternance qui accompagne les élections de mi-mandat ne représente donc pas un basculement de fond, mais est davantage une force modératrice.
En effet…
L’alternance politique est un couteau à double tranchant. Elire régulièrement de nouveaux dirigeants peut en théorie donner le pouvoir à des hommes et des femmes moins expérimentés, déstabiliser les administrations qui doivent renouveler leur personnel, et générer de l’incertitude sur les politiques qui seront menées.
Mais sans cette alternance, les institutions peuvent aussi se scléroser : des responsables politiques en place depuis longtemps ont moins intérêt à mener des réformes importantes, car leur réputation n’est plus à faire car ils sont dans leur dernier mandat. Ils peuvent aussi simplement avoir perdu une partie de leur motivation initiale ! Nous avons bien connu au Sénégal, dans les années 2000, ce phénomène d’usure du pouvoir.
Ce plébiscite «pastéfien» a mis fin aux dernières jouissances «inamovibles de la République», pour caricaturer le politologue français, Chloé Morin.
Dans l’ensemble, nous sommes plus optimistes sur l’avenir de la démocratie sénégalaise, à l’heure où la confiance en les institutions démocratiques s’érode dans la sous-région et de nombreux africains sont tentés de se vouer au totalitarisme militaire ou populiste de leurs leaders sans que cela ne soit une réelle adhésion patriotique.
Assane NIANG
Expert en Communication institutionnelle