LA SEMAINE OU SENGHOR SE RETOURNE DANS SA TOMBE
Les émotions fortes, au palais, ça devient de la routine ? Alioune Tine, que l’on a tendance à oublier depuis le 24 mars 2024, s’épanche. Il allume une première mèche il y a de cela des semaines
Les émotions fortes, au Palais, ça devient de la routine ? Alioune Tine, que l’on a tendance à oublier depuis le 24 mars 2024, s’épanche. Il allume une première mèche il y a de cela des semaines… Depuis quelque temps, dit-il, il a l’impression d’assister à une transition vers un régime Pastef. Le qualificatif «totalitaire» est sous-entendu, mais cela n’échappe pas à ceux qui lisent les pointillés.
Le contraire devrait être plutôt étonnant, n’est-ce pas ?
De 2021 à 2024, le manitou d’Afrikajom Center n’économise aucun effort pour alerter l’opinion mondiale : la dictature Macky Sall foule aux pieds les droits de l’Homme, comprenez son fonds de commerce, juste pour que l’occupant du palais rempile pour un troisième et illégitime mandat. Le complot d’Etat ne fait pas l’ombre d’un doute à ses yeux, la preuve par les milliers de «prisonniers politiques» entassés dans les geôles de cet infâme régime.
Faire libérer Ousmane Sonko, que le Peuple plébiscite avant la présidentielle de 2024, finit par être sa raison d’exister.
Facile d’imaginer son bonheur quand le duo «Sonko môy Diomaye», fraîchement élargi de prison par le sanguinaire dictateur Macky Sall, décroche la timbale le 24 mars 2024…
Logiquement, le nouveau régime, qui promet de dissoudre les institutions aussi inutiles que budgétivores, en plus de nettoyer le Palais de justice, devrait instituer une Haute autorité des droits de l’Homme à l’intention de Alioune Tine, qui abriterait la maison des lanceurs d’alerte dont il serait le parrain. Plus on est de fous…
Ce sont des précautions indispensables avant de lancer l’hallali qui signe l’arrêt de mort des prédateurs de l’économie. Il ne faudrait pas, quand leur sang impur aura giclé sur les murs, que l’on accuse le nouveau régime d’assouvir de mesquines rancunes personnelles à l’encontre des journalistes, promoteurs immobiliers, magistrats, officiers de l’armée, gendarmes et policiers.
Apparemment, les appels du pied et les clins d’yeux du droit-de-l’hommiste suprême laissent indifférent le nouveau maître du pays, Ousmane Sonko.
C’est peut-être le moment d’attendrir le président malgré lui, Diomaye Faye, à propos duquel ses électeurs demandent ce qui peut le sortir de sa torpeur. Il ne voyage même plus, puisque c’est «le meilleur Premier ministre de tous les temps» qui prend ses aises dans l’avion présidentiel à 60 misérables milliards Cfa dont la vente construirait les hôpitaux et lycées que le peuple réclame, sans parler de chacun de ses voyages dont le coût équivaudrait à celui d’une école.
L’ivresse du pouvoir, sans doute, parce que manifestement, ces bons messieurs du nouveau pouvoir ne se souviennent plus de leurs promesses de campagne. Sauf d’une : la dissolution du Cese et du Hcct, qui ont le mauvais goût de passer pour des sinécures au bénéfice de la clientèle politique de Macky Sall.
Et donc, juste au moment où la torpeur du président de la République commence à inquiéter, ne voilà-t-il pas qu’il nous sort une de ces décisions dont il a le secret… Une lettre demande à l’Assemblée nationale de se réunir au plus tôt pour examiner son projet de loi qui vise à dissoudre dans l’acide les deux institutions. Foin du Règlement intérieur qui empêche son Premier ministre de présenter sa Déclaration de politique générale, même s’il vient de subir le lifting demandé.
La passe d’armes qui s’annonce haletante entre l’Exécutif et le Législatif ne fait donc que commencer.
Cela dit, le sommeil éternel du poète Président doit être sacrément agité ces derniers temps… Passons sur l’exploit retentissant de l’intrépide reporter qui tend son micro à la lauréate du dernier Concours général pour lui demander ce que ça lui fait d’être la risée de la cérémonie…
Ah, c’est du joli, l’évolution des espèces, dans le journalisme…
Cette semaine, j’en mettrais la main au feu, Léopold Sédar Senghor, paix à son âme malgré tout, doit se retourner dans sa tombe. La légende raconte qu’à son entourage, du temps de son magistère, il professe «qu’une lettre sans faute d’orthographe est un signe de bonne éducation».
Que doit-on penser du niveau de savoir-vivre des actuels occupants du palais de l’avenue… Léopold Sédar Senghor ?
La lettre en date du 31 juillet 2024, avec entête de la présidence de la République, signée de son directeur des Moyens généraux, avec ampliation au maître de céans, le président de la République soi-même, et au Secrétaire général de la présidence, est un petit bijou d’hérésie républicaine.
Le chef d’œuvre serait la réponse concernant une sollicitation sujette à controverse à Touba. Les hôtes qui viennent d’ailleurs pourraient-ils, aux frais de la princesse, être logés au King Fahd ?
La réponse est sèche. C’est non. Le Palais n’a pas l’intention de gaspiller l’argent public, argue-t-il.
Chéchia basse
Problème, sur la forme, surtout, avec un passage qui laisse songeur : «(…) Votre courrier par la laquelle vous sollicitez (…).» Et, plus loin, le refus «d’honorer votre requête» qui ne fait pas honneur à son rédacteur, lequel ne manque pas de suite dans les idées. Le calvaire ne prend fin qu’avec «l’assurance de nos salutations les plus distinguées»
Bien entendu, chez les Mourides, la fin de non-recevoir qui fait le tour des réseaux sociaux ne manque pas de susciter des réactions, depuis le porte-parole du khalife qui affirme qu’aucune requête dans ce sens ne vient de Touba, jusqu’aux modestes disciples aux yeux desquels refuser un service au bénéfice du Magal de Touba est une offense impardonnable.
Le DMG de la présidence, Cheikh Oumar Diagne, qui tient à ce qu’on parle de son auguste personne, prend soin de se fendre d’une vidéo pour enfoncer le clou… «On» lui aurait demandé de se rendre à Touba pour se faire photographier en compagnie du khalife pour faire taire les rumeurs qui lui prêtent de sombres desseins à l’encontre des confréries.
Ben, lui, bien au contraire, tient à ce que ça se sache… Et donc, alors que personne ne lui demande rien, il persiste et signe afin que nul n’en ignore.
Question à cent francs… Quelle faute professionnelle est la plus impardonnable : les fautes d’orthographe dans un courrier de la Présidence ou l’étalage des états d’âme d’un collaborateur du président de la République dont les courriers circulent sur les réseaux sociaux ?
Vous avez jusqu’aux prochaines Législatives pour y répondre…