LE COURRIER D'UN MANDATAIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Conseil constitutionnel devrait constater que non seulement les décisions qu’il a rendu s’imposent à tous, mais encore, la fixation d’une date pour la présidentielle n’est pas du domaine du parlement
L'étonnement et l'horreur s'emparent de nombreux Sénégalais, face à l'attitude du chef de l'État, fidèle à sa doctrine de maintien au pouvoir et de pérennisation d'un système marqué par la prédation, la vassalité et la répression. Cette posture s'est clairement dévoilée dans son discours incohérent du 3 juillet 2023, conforté par le soutien de la Cour de Justice de la CEDEAO, qui a légitimé la violence d'État exercée contre un patriote souverainiste et panafricaniste.
Durant deux longues années, sous le joug d'une répression aveugle et d'une arrogance des forces de défense et de sécurité ; le silence complice et intéressé de l'Europe, de l'Amérique, et du syndicat des chefs d'États d'Afrique, notamment ceux de l'Ouest, a prévalu.
Dès 2014, les liens avec l'État de droit et la démocratie ont été rompus. Le mandat à vie, timidement théorisé et planifié à travers le code électoral, a bénéficié de la complicité d'une classe politique se complaisant dans un dialogue politique fallacieux, complotiste au mois d’août 2023,opposé à Ousmane Sonko le choix irréversible du peuple sénégalais et la bête noire des sangsues de l'Afrique.
Le coup d'État institutionnel a commencé avec l'Assemblée nationale, s'empressant en mars 2021, de lever l'immunité de celui pour qui le peuple est toujours prêt à verser jusqu'à la dernière goutte de son sang. Que l'on ne s'y méprenne pas, ce peuple reste fidèle et n'a pas non plus abdiqué, car il est uni à son leader par un amour sincère et pur.
Ousmane Sonko et son peuple sont liés par un programme inébranlable, résistant aux parjures de magistrats, aux abus des fonctionnaires de l'État, et au renforcement des forces de répression, car ils approchent de la fin d'un système en agonie, qui se consume de l'intérieur.
Chaque institution de la défunte première République a joué son rôle dans cette tentative vaine, de liquidation par les compradores de l'idylle entre le peuple sénégalais et, désormais, le peuple africain uni autour d'un idéal africain.
Le pouvoir exécutif, judiciaire, le Conseil constitutionnel – jouant au trapéziste pour écarter mon mandant de la compétition – et le pouvoir législatif, portent tous une responsabilité pleine et entière dans le traumatisme actuel du peuple sénégalais, aspirant seulement à la paix, la démocratie et l'État de droit.
Un décret ne peut différer une échéance ni interrompre un processus électoral fixé par la Constitution et régulé par la loi. L'enquête parlementaire n'est qu'une mascarade de mauvais goût. Pastef demeure vivant, et parler d'ex-Pastef est un abus de langage car, le décret, actuellement contesté devant la chambre administrative de la Cour Suprême, n'a pas encore autorité.
Mon client, Bassirou Diomaye Faye, jouit de la présomption d'innocence avec un casier judiciaire vierge. Aucun prestidigitateur ne pourra invoquer un article de droit interne ou international interdisant à un détenu provisoire d'être candidat à une élection présidentielle.
En définitive, la violation d'un serment constitue une haute trahison et un parjure pour un magistrat de l’ordre judiciaire, tout comme la violation d'un droit ou d'une liberté fondamentale par un fonctionnaire de l'État constitue une forfaiture.
La violence, sous toutes ses formes, exécutée sur ordre manifestement illégal et au mépris de la baïonnette intelligence, engage la responsabilité pénale de son auteur et de son commanditaire.
À l'exception de l'Allemagne, la communauté internationale, par des communiqués laconiques, n'a pas soutenu la démocratie et l'État de droit en exigeant le respect du calendrier électoral. En suggérant qu'une nouvelle date soit « rapidement » fixée, elle a tacitement adhéré au coup d'État institutionnel et s'est abstenue de condamner la violation du sanctuaire des députés.
Le Conseil constitutionnel saisi devrait constater que non seulement les décisions qu’il a rendu sur l’élection présidentielle s’imposent à tous les pouvoirs publics, dans leurs motifs et leurs dispositifs, mais encore, la fixation d’une date pour l’élection présidentielle n’est pas du domaine du parlement.
Tout peut encore être sauvé, le mal conjuré et l’élection présidentielle se tenir dans les 35 jours avant le 2 avril.
Ousmane Sonko reste résolu. La tempête de sable se dissipera, le baobab sera déraciné avec toutes ses racines, et le roseau plié se redressera, stoïque, pour une nouvelle ère. Le pays doit rester une démocratie ouverte et un havre de paix.