LETTRE OUVERTE AUX ENTITÉS ÉCONOMIQUES INTERNATIONALES
EXCLUSIF SENEPLUS - Je vous exhorte à plaider pour une cessation immédiate de la violence et la répression injuste des opposants politiques au Sénégal. Votre influence dans les affaires internationales pourraient être essentielles face à cette crise
Objet : Appel urgent concernant les troubles politiques au Sénégal
Lettre ouverte à :
Fonds monétaire international (FMI)
Le Groupe de la Banque mondiale
La Banque Africaine de Développement (BAD)
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)
L'Union européenne (UE)
L'Agence américaine pour le développement international (USAID)
L'Agence Française de Développement (AFD)
La Banque de développement de Chine (CDB)
Chers estimés représentants,
Je vous écris en tant que huit entités pivots qui jouent un rôle important dans la coopération économique avec le pays du Sénégal. En tant qu'organisations internationales, il est compréhensible que vous soyez moins à l'écoute des réalités politiques immédiates du pays. Cette lettre vise à attirer votre attention sur l'escalade des troubles politiques et la détérioration du climat démocratique au Sénégal, une nation autrefois vénérée comme un phare de la démocratie en Afrique.
Les événements récents présentent une descente alarmante par rapport aux normes démocratiques pour lesquelles le Sénégal était autrefois célébré. Les plus urgentes sont les émeutes meurtrières qui secouent actuellement Dakar, la capitale et diverses grandes villes. Alimentées par le mécontentement du public face à la gestion de l'opposition politique par le gouvernement, ces émeutes ont pris une tournure horrible avec au moins 14 décès signalés en deux jours. La grave préoccupation est maintenant que ces affrontements pourraient s'intensifier, conduisant à un scénario tragique où l'armée pourrait être mobilisée contre des manifestants civils.
En plus de ce grave scénario, le gouvernement a décidé de supprimer la liberté d'expression et la libre circulation de l'information. Au cours de ces manifestations, l'accès aux plateformes de communication essentielles telles que Twitter, WhatsApp, Facebook et d'autres médias sociaux a été bloqué. Ce déni des droits numériques est une menace directe pour le processus démocratique et les libertés civiles des citoyens sénégalais, aggravant la crise politique du pays.
Dans ce contexte d'instabilité, le gouvernement de Sall a fait l'objet d'un examen minutieux. L'affaire controversée contre le chef de l'opposition Ousmane Sonko est particulièrement troublante. Beaucoup interprètent cela comme une instrumentalisation du pouvoir judiciaire par le président Sall pour disqualifier Sonko des élections présidentielles de 2024.
Avec la possibilité imminente que le président Sall sollicite un troisième mandat anticonstitutionnel, parallèlement à un schéma évident de suppression de l'opposition et de restriction de la liberté de la presse, il y a une nette déviation des normes démocratiques. Cette tendance, accentuée par la militarisation accrue des forces de l'ordre, est profondément préoccupante pour l'avenir de la démocratie au Sénégal.
Votre position et votre influence importantes dans les affaires internationales pourraient être essentielles pour faire face à cette crise. Je vous exhorte à plaider pour une cessation immédiate de la violence et la répression injuste des opposants politiques au Sénégal. Le président Sall devrait être persuadé de s'engager publiquement à ne pas briguer un troisième mandat et, compte tenu de l'escalade de la violence, à considérer sa démission immédiate comme une étape vers le rétablissement de la paix et des valeurs démocratiques.
Je plaide également pour une enquête approfondie sur les violations des droits humains et la destruction de biens lors des manifestations en cours et de mars 2021. Les responsables doivent être tenus responsables. Le procès contre Sonko devrait être accéléré pour vérifier son éligibilité aux prochaines élections présidentielles, garantissant ainsi un processus démocratique équitable.
Le peuple sénégalais, en particulier la jeunesse, est prêt à défendre son pays et ses principes démocratiques. Il est de notre responsabilité de les soutenir, de défendre ces valeurs et d'œuvrer à une résolution pacifique et démocratique de cette crise.
J'apprécie l'attention que vous portez à cette question cruciale et j'attends avec impatience votre réponse favorable. Ensemble, nous pouvons contribuer à restaurer et à renforcer la démocratie au Sénégal.
Cordialement,
Abdoulaye Ndiaye est Professeur adjoint d'économie, Université de New York.