MONSIEUR LE PRÉSIDENT, LA BALLE EST DANS VOTRE CAMP
L’une des premiers mesures d’apaisement serait à mon humble avis de vous prononcer clairement sur le 3e mandat, sans ambiguïté aucune et de rétablir la fonction de Premier ministre
Les violentes manifestations observées ces derniers jours au Sénégal ont fini de secouer tous les pans de notre société. Cette lame de fond pourtant prévisible vient d’exploser et pourrait préfigurer d’un printemps africain. Le Sénégal pays réputé stable vient de trembler. Le niveau de violence égalé et la détermination de la jeunesse sont sans commune mesure avec ce que l’on pouvait observer jusqu’ici.
Plusieurs phénomènes et courants se sont exprimés en même temps :
-Une jeunesse déterminée, décidée à en découdre avec la France accusée d’être la source de ses maux
-Une jeunesse indignée par un sentiment d’injustice profond au Sénégal tant sur le plan de la distribution des richesses que sur le fonctionnement des institutions
-Une jeunesse affamée pillant des magasins et ne prenant curieusement surtout que les denrées de première nécessité
-Une jeunesse qui ne souhaite plus mourir en mer préférant de loin affronter ses dirigeants considérés comme responsables de sa misère et quant à mourir autant mourir pour une cause juste à ses yeux « Free Senegal »
-Une jeunesse qui dit non au 3e mandat et qui réclame votre départ avant l’heure car n’ayant plus confiance en nos institutions ni au processus électoral à venir et qui a donc décidé de vous barrer la route avant l’heure.
Comment en est-on arrivé là et quelles pistes de solutions de sortie de crise ?
Avant de tenter en toute modestie un diagnostic, nous devons d’abord accepter que nous avons eu beaucoup de réussites mais tant d’échecs au niveau de la jeunesse. Certes, il n’est pas trop tard pour rectifier le tir. Tout étant urgent aujourd’hui et les arbitrages difficiles tant tout est à régler de suite au niveau infrastructurel, économique et social dans un environnement de croissance démographique qui non seulement vous exige de régler le problème présent mais aussi d’envisager le futur à court terme.
L’affaire Ousmane Sonko n’est finalement que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de toutes les frustrations. La pandémie, que l’on n’attendait pas, a faussé toutes les prévisions et mis à mal tous les espoirs.
Nous devons, en toute humilité, accepter que nous avons pêché dans nos orientations économiques avec une politique infrastructurelle et de grands travaux extravertie trop concentrée sur une croissance qui ne se mange pas finalement. Vous l’avez heureusement bien signifié dans votre adresse à la nation du 08 mars 2021.
Nous avons pêché dans la mise en œuvre de nos politiques hydrauliques, agricoles, entrepreneuriales, de la pêche de la jeunesse et j’en passe avec des programmes mal exécutés et ne répondant pas forcement aux préoccupations des populations et de la jeunesse en particulier.
L’une des premiers mesures d’apaisement serait à mon humble avis de vous prononcer clairement sur le 3e mandat, sans ambiguïté aucune et de rétablir la fonction de premier ministre. Un remaniement profond répondant aux aspirations des sénégalais mais surtout à celles de sa jeunesse devient indispensable dans la situation actuelle.
Afin d’apaiser l’espace médiatique, de rationaliser nos dépenses et de réallouer ces économies à la jeunesse, il serait peut-être temps de penser à :
- La transformation du CESE en Conseil national de la promotion et de la valorisation des initiatives jeune
- La dissolution du HCCT
- L’organisation des états généraux de la jeunesse
- La dissolution du CNRA et l’organisation des états généraux de la presse
En ce qui concerne l’APR
Pourquoi en ces moments si difficiles pour notre pays, notre cohésion nationale, notre parti, tout l’APR, n’est-elle pas derrière vous comme un seul homme ?
Certes beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis 2012 et notre parti porte en lui comme une tare congénitale. Il ressemble à une armée mexicaine, où chaque général laboure sa petite parcelle de « pouvoir ». Certes l’on pourrait considérer cela comme un de ses charmes certain et un véritable atout comme machine électorale mais hélas cela ne suffit pas.
Où sont tous nos responsables ? Ils sont passés où et par quel truchement ? ! Nous en sommes orphelins !
Le dernier remaniement a vu plusieurs de vos piliers éjectés. Ce qui a troublé, trouble et continue de troubler la base. Nous sommes tous, croyez-moi M. le Président, désemparés car nous nous voyons privés de nos repères sans que l’on ait eu un début d’explication.
Je trouve l’APR très silencieuse en ces périodes où il y a beaucoup de sujets qui méritent une meilleure communication de notre part.
Monsieur le président de l’Alliance pour la République,
Pour ma part, si je puis me permettre, mon vœu le plus ardent serait que tout l’APR se retrouve autour et derrière vous, afin de vous aider à accomplir les promesses que vous avez faites aux sénégalais lors de votre dernière prestation de serment. Sous quelles formes peut-ton se réconcilier ? Tous, oublier les rancœurs, taire les divisions et oublier les vengeances inutiles et se mettre en ordre de bataille afin que d’ici 2024 toutes vos réalisations et intentions envers les sénégalais soient exaucées pour que votre nom reste dans l’histoire comme l’un des plus grand Président bâtisseur du Sénégal.
A vous de trouver la meilleure formule. Sont-ce des états généraux, un congrès, des assises ? Quel que soit le modèle, l’impératif est que nous nous retrouvions.
Respectueusement vôtre.
Couro Wane militante APR du département de Kanel