NECESSAIRE CATHARSIS
Qui pour leur dire que la vie c’est ici, dans ce pays, et maintenant?Qui pour leur faire comprendre que la réussite est à portée de main et que l’espoir est de retour dans leur propre pays où tout est à reconstruire et qu’il suffit d’y croire pour exister
Qui pour leur dire que la vie c’est ici, dans ce pays, et maintenant ? Qui pour leur faire comprendre que la réussite est à portée de main et que l’espoir est de retour dans leur propre pays où tout est à reconstruire et qu’il suffit d’y croire pour exister ?
« Exister », ce fameux «Tekki » qui tue. Dans une société d’accaparement où les élites ont démissionné de leurs missions pour disputer aux gueux les jouissances, cette vie ne peut être que misérable.
Tous ces jeunes qui meurent bêtement au fond de l’océan, éblouis par les mirages d’une Europe en crise et qui rêvent d’Eldorado, se trompent dans leur entreprise périlleuse de rejoindre l’Espagne ou d’autres pays du Vieux continent. Dans leur tête et celles de leurs parents, qui les poussent perfidement au suicide, il suffit de se baisser en Europe pour ramasser des lingots d’or. C’est par centaines, voire par milliers, qu’ils quittaient le pays.
L’arrivée d’un nouveau régime n’a pas arrêté la traversée macabre. Elle se poursuit et s’intensifie sans répit avec la présence de despérados d’autres nationalités qui font de ce Sénégal côtier un pays de transit. Un exode qui, à lui seul, résume l’échec d’un pouvoir qui nous promettait une hypothétique émergence et qui nous a laissé un pays en lambeaux.
Chaque jour, la liste des prévarications des gens de l’ancien régime s’allonge. Et ce sont les mêmes qui, sans fausse pudeur aucune, semblent se réjouir de ce que des jeunes gens continuent de quitter par centaines ce pays ou qui jubilent intérieurement quand ces desperados disparaissent en mer.
Avec toutes ces morts, c’est notre responsabilité collective qui est interpellée. Encore une fois, nous vivons dans une société d’accaparements. Quand des acteurs de la politique se préoccupent beaucoup plus de leur bienêtre social que du développement du pays, c’est tout à fait normal que les laissés-pour-compte nourrissent des frustrations qui les poussent à prendre des pirogues de la mort en quête d’une illusoire meilleure vie.
Ce pays qu’on avait confié durant douze ans aux gens de l’Apr/Benno, ils l’ont dépecé sans état d’âme, chacun s’emparant d’une portion. Le récent séjour du Premier ministre à Matam a permis de découvrir une vaste escroquerie de politiciens qui se sont toujours servis de pauvres populations pour leur ascension sociale. Des terres riches mais mal exploitées face à une insoutenable misère. Il nous faut alors procéder à une catharsis et faire comprendre à la jeunesse que son avenir est ici au Sénégal et nulle part ailleurs.
Personne ne pourra construire ce pays qui a besoin de leurs bras à leur place. Il faut changer les paradigmes par une rupture épistémologique qui passe par gommer les injustices territoriales et cesser de penser que le Sénégal s’arrête à Dakar qui étouffe.