PAPE THIAW A L'ABATTOIR DES COUPES SOMBRES
On pensait que le choix du nouveau sélectionneur national ne serait qu'une simple formalité à remplir. Juste une mise forme entre la fédération sénégalaise de football et le ministère des Sports. Le discours de Nala Soce Fall, a été sans ambages
On pensait que le choix du nouveau sélectionneur national ne serait qu'une simple formalité à remplir. Juste une mise forme entre la fédération sénégalaise de football et le ministère des Sports. Comme un dossier bien ficelé qui passerait comme lettre à la poste. Comme un prétendant en roue libre. Mais à présent, on a l'impression d'être devant un nœud avec encore quelques fils à dénouer. Des monticules brusquement apparues à contourner. Pape Thiaw devrait se préparer à des coupes sombres en ce qui concerne son traitement salarial. Le discours de Nala Soce Fall, conseiller technique de la ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, a été sans ambages. Au cours de sa dernière sortie dans Galaxie Sports sur la RTS, il a affirmé que Pape Thiaw, choix fédéral à l'unanimité, à la faveur d'une réunion de son comité exécutif, nanti d'une caution populaire, ne saurait prétendre au même traitement que son prédécesseur.
Pour le même job avec le même volume de travail et soumis aux mêmes contraintes, le nouveau prétendant devrait revoir ses prétentions à la baisse à l'échelle des valeurs. À moins de rejoindre ceux-là qui pensent que le Malawi, le Burundi et le Burkina sont des dos d'ânes qu'on a pris pour de vrais podiums. C'est tout un enthousiasme populaire qui est ainsi brisé suite à ces propos de Nala Fall qui enveloppent subtilement les vraies intentions du ministère des Sports. Pape Thiaw est ainsi placé, malgré lui, entre deux feux. D'un côté, une Fédération de football acquise à la cause de l'intérimaire qui a lui a taillé des critères sur mesure et lui a déroulé le tapis rouge. Au cours de dernière réunion du ComEx qui s'est penchée sur le dossier, il y a eu un unanimisme autour du dossier de Pape Thiaw. De l'autre, un accueil plus ou moins différent qui contraste d'avec l'enthousiasme que cette candidature a soulevé dans les milieux sportifs. Si ce n'est pas encore un grand fossé entre l'attente et la désillusion, l'existence d'une prochaine fissure ne fait l'objet d'aucun doute. Celui qui fait office de potentiel successeur de Aliou Cissé n'est pas encore totalement adoubé du côté du département ministériel. Il est encore loin du chemin qui mène sur le banc. Il devait franchir un obstacle un futur gros obstacle. Celui lié à son traitement financier. Le conseiller technique de la ministre prône un traitement graduel en fonction des résultats dans un souci d'équité entre les disciplines. Une attitude qui pose la question entre le poste et le statut, entre le profil et le rang. Plus qu'un simple poste, c'est tout un statut pour son rôle et son importance qui lui confèrent de facto, un standing digne du nom avec tous les avantages qui s'y attachent. En lui assignant des objectifs à atteindre, le département des Sports s'engage en même temps à participer à l'atteinte de ces objectifs. Le choix d'un entraîneur national, au-delà de son caractère purement technique, revêt aussi d'autres critères tout aussi importants pour lui créer un environnement propice à la performance. Notamment, l'aspect image qui inclut tous les avantages liés à l'exercice correct de son travail. Le Sénégal n'était pas classé au rang des pays qui payaient le mieux leur sélectionneur. Nos coaches étaient plutôt des « smicards » sur le continent. De là, à s'attendre à de nouveaux coupe- sombres, on ne semble pas faire dans la vraie rupture.
Par Abdoulaye DABO Journaliste