«CERTAINS JEUNES MUSICIENS SONT PARTISANS DE MOINDRES EFFORTS »
«Autour de minuit », initié par le choriste Abdoulaye Cissokho se déroule à l’Ici sur l’ile Saint-Louis, dans le quartier Nord.
Saint-Louis est depuis quelques jours le lieu de convergence des artistes, musiciens, compositeurs et producteurs. ils sont nombreux à rallier la capitale du nord pour les besoins de la vingt-septième édition du festival international de jazz de Saint-Louis à la place Faidherbe, d’After jazz au Tennis club ou «Autour de minuit» à l’institut culturel et linguistique ex ccf. Pour ce dernier lieu, un vibrant hommage a été rendu à Habib Faye. Fallou Dieng a servi une belle prestation lors des oFF du Festival de Jazz 2019. Sur un autre registre, il demande aux acteurs politiques, culturels, de montrer la bonne voie aux jeunes générations en « perte de repères».
«Autour de minuit », initié par le choriste Abdoulaye Cissokho se déroule à l’Ici sur l’ile Saint-Louis, dans le quartier Nord. L’initiateur est lui aussi orphelin de son ami Habib Faye avec qui il avait monté le projet « Autour de minuit». Il a tenu à jouer à la mémoire du regretté bassiste sénégalais. Mais, le clou a été la prestation de Fallou Dieng. « L’ambianceur » de la musique sénégalaise a égayé le public, venu nombreux assister à sa prestation empreinte de tristesses, mais aussi de dignité et de joie. Joie d’entendre ces belles mélodies bercer le public. L’ancien lead-vocal du Groupe Lemzo-Diamono n’a pas tari d’éloges sur le défunt Habib Faye. « Je suis venu à Saint-Louis pour rendre hommage à Habib Faye et soutenir Abdoulaye Cissokho. Je suis très content d’être à Saint-Louis, une ville chargée d’histoire et de civilisation. Cet hommage est à la dimension de l’homme qui constitue une grande perte pour la musique sénégalaise et africaine. Habib Faye a marqué de son empreinte le festival. Nous nous réjouissions de cette belle initiative d’Abdoulaye Cissokho. Il est une légende et est l’un des meilleurs bassistes du Sénégal et de l’Afrique. C’est un monument de la musique sénégalaise. La jeunesse doit perpétuer son œuvre», a déclaré Fallou Dieng, précisant qu’Habib avait une « idée progressiste ». Se prononçant sur la musique sénégalaise, il estime que les jeunes musiciens doivent œuvrer pour maintenir le cap. Selon lui, les choses ne marchent pas comme il se doit. « La musique sénégalaise est en perte de vitesse. Il n’y a plus de marché, ni de producteur. La technologie a tout gâché. Les jeunes doivent travailler davantage pour exporter notre musique comme les autres de la sous-région. Les Maliens croient en leur tradition et leurs sonorités. Leur album local constitue celui international. Ils vendent bien leur musique contrairement aux jeunes sénégalais qui n’ont même pas encore franchi le seuil de la porte. Ils doivent redoubler beaucoup d’efforts», a martelé Fallou Dieng. Pour lui « il faut aller vers l’autre : Enracinement et ouverture ». Dépité, il dénonce la nonchalance de certains artistes. « La musique sénégalaise est bloquée du fait du manque de volonté des jeunes dont certains sont des Partisans de Moindres Efforts (Pme) et des Partisans de Moindres Intelligences (Pmi) », se désole-t-il. Parlant du mbalakh, il déclare : « Notre musique nationale a perdu de son élan. Il faut trouver des palliatifs. Le mbalah nous appartient ».Leader d’opinion, Fallou Dieng pense que les parents doivent prendre leur responsabilité. « Ils doivent éduquer leurs enfants qui sont obnubilés par internet. Jadis, tout était naturel. L’éducation de base est importante. Les politiciens doivent être des références pour les jeunes générations. Tout doit être revu au Sénégal car tout est bloqué », a déploré Fallou Dieng pour qui, l’avenir de la musique est « compromis » du fait du laxisme des acteurs