«L’ETAT N’AIDE PAS LES JEUNES ENTREPRENEURS A SE DEVELOPPER ET A RESTER AU PAYS»
La trentaine sonnée, Lamine Baldé, Seefo pour les intimes, à l’âge de 30 ans, émarge déjà sur la très courte liste des chefs d’entreprise de la place de Vélingara, commune située dans région de Kolda.
La trentaine sonnée, Lamine Baldé, Seefo pour les intimes, à l’âge de 30 ans, émarge déjà sur la très courte liste des chefs d’entreprise de la place de Vélingara, commune située dans région de Kolda. Fondateur du Groupe Seefo Media (Gsm), il emploie une dizaine de jeunes dans les différentes branches de son entreprise. Ce jeune, qui veut développer son entreprise, estime qu’il y a trop de discrimination dans l’octroi des financements de l’Etat.
Viser loin et frapper fort. C’est pratiquement une devise chez Lamine Baldé, qui en a fait son surnom : Seefo (Ndlr : See, de l’anglais voir, et fo, diminutif de fort.) Ce jeune, natif de la ville de Vélingara il y a 3 décennies, se trouve déjà dans la cour des entrepreneurs de la place. C’est parce que, très tôt, il a cru à son étoile, a arrimé son char à une étoile et en est presque à gratter le ciel. Par la détermination. Le Président-directeur général du Groupe Seefo Media (Gsm) emploie une dizaine de jeunes du Fouladou dans ses services qui vont de la sérigraphie à la vidéographie, en passant par le traitement de texte, la photocopie, l’infographie et une radio (Afsud Fm à Kounkané), avec une télé/radio en ligne. A ces services, M. Baldé veut ajouter un institut de formation en informatique et en vidéographie. Déjà, Lamine forme gratuitement, pendant les grandes vacances scolaires, des jeunes de son terroir en informatique et en leadership. Comme en 2022, le 7 octobre dernier, le Gsm a organisé une cérémonie de «graduation» qui a consisté en la remise de parchemins à 150 jeunes de Kounkané et Vélingara. Ils sont constitués de scolaires, de professionnels et de sans-activités connues, pour couronner un mois (septembre 2023) de formation. Il explique : «Je constate que les jeunes de ce terroir ne connaissent pas l’outil informatique, pire ils sont coupables de maintes dérives sur le net et sont victimes généralement de fakenews. C’est pourquoi j’ai initié cette formation qui a duré un mois, sans attendre l’appui de quiconque. Ils se sont familiarisés avec les rudiments de l’informatique, en Word, PowerPoint, Excel. Ils doivent se perfectionner avec le temps.» Ce jour-là, Seefo est arrivé dans sa voiture, accueilli par de jeunes apprenants informaticiens, sourires aux lèvres, la mine joviale, le geste reconnaissant envers leur bienfaiteur de même génération ou presque.
Debout sur son mètre 65, mine de jeune adolescent, svelte, habillement sobre, voix fluette, Pdg Baldé déclare : «Nous sommes dans une année électorale. Déjà la toile commence à s’affoler de mots pas du tout catholiques. Leurs auteurs ignorent tout de l’immensité qui se trouve derrière la toile. Je leur conseille d’utiliser internet avec intelligence et responsabilité.» Un entrepreneur social est né. Un entrepreneur tout court. Et Seefo entend grandir, sur un terrain qui ne lui fera pas de cadeau. D’ailleurs, la vie ne lui a pas fait de cadeau. Lamine Baldé raconte : «J’ai perdu ma maman il y a juste un mois. Mon papa est décédé en 2006. C’était un émigré en Côte d’Ivoire qui est mort quelques années après son retour parmi nous. J’ai fait la cuisine, balayé et fait toutes les tâches ménagères pour la maman (sauf le linge). Car notre sœur unique est décédée à très bas âge.» Aussi fallait-il, à ce jeune passionné d’informatique, beaucoup de volonté pour réussir afin de soulager une brave maman. Il dit : «J’utilisais l’ordinateur de mon frère étudiant. C’est avec cet ordinateur que j’ai commencé à produire des artistes-musiciens de la place. Et puis j’ai compris qu’il fallait que je me perfectionne. C’est ainsi que je suis allé suivre une formation en audiovisuel à Dakar, dans un institut se trouvant à côté de la Biscuiterie Wehbe, sur la route de Sacré-Cœur 3. Après plusieurs stages dans différents services sans rémunération, j’ai décidé de revenir entreprendre chez moi. Au début, personne ne croyait en moi. Pas même que j’avais fait une formation. Avec la détermination, les choses ont bougé.» Ce jeune marié, père d’un enfant, gère avec bonheur la radio Afsud Fm de Kounkané, un service multimédia, un atelier de sérigraphie et d’infographie, et s’est récemment lancé dans le froid.
«Il y a de la discrimination dans l’octroi des financements de l’Etat»
Lamine Baldé dit Seefo n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Il dit : «J’ai l’ambition de créer un institut de formation en informatique, multimédia et en vidéographie. Il n’y en a pas ici. Malheureusement, les financements font défaut.» Il ajoute amer : «La Der/fj, qui est censée financer les projets des jeunes, semble choisir ses débiteurs. En tout cas, nos demandes, maintes fois renouvelées, avec des projets bien élaborés par des experts en la matière, n’ont jamais reçu l’agrément du comité de validation. C’est dommage.» Pourtant, ajoute-t-il, «donner une dizaine de millions de F Cfa à un jeune ou un groupe de jeunes qui ont fait leur preuve dans l’entreprenariat est un gage de succès pour fixer les jeunes dans le pays. Sinon, on ne pourra pas, avec de petits financements de 500 mille francs, croire que l’on peut entreprendre et créer de la richesse et des emplois».