LA TROISIÈME ALTERNANCE
Les lourdes tendances donnent Diomaye vainqueur au premier tour
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Un nouveau souffle, une nouvelle équipe. C’est le message sorti des urnes ce 24 mars et qui pourrait se confirmer dès ce lundi. Le successeur de Macky Sall s’appelle donc Bassirou Diomaye Faye, qui a pris une avance énorme de plus de 55%, d’après les premières tendances des statisticiens de la Rfm. Amadou Ba arriverait derrière lui avec plus de 30%.
Il est des faits et gestes qui sonnent comme une heure de bonheur. Le climat froid des premières heures du vote range les chaudes journées de feu et de sang. Ce dimanche 24 mars aurait pu avoir un autre visage peut-être : une victoire de Amadou Ba au premier tour ou après un 2nd tour. Mais, objectivement, le contexte aidant, un candidat de Ousmane Sonko, quel qu’il fut, aurait, probablement, remporté cette élection. Et sans forcer ! Diomaye était donc ce choix que le peuple, celui inscrit sur le fichier, a choisi ce jour. Mais pouvait-il en être autrement ? Il n’était point le choix premier de l’exPastef, condamné, comme son leader, à se rabattre sur des plans B. C’est que cette jeunesse, presque fanatique d’un «messie», qui a réussi à faire accepter son discours- pas forcément digeste chez d’autres- qui a tout bousculé. Y compris les codes politiquement corrects. Qui a comme vomi l’establishment enveloppé dans le «système» si cher à son mentor. Qui lui obéit au doigt et à l’œil. Et presque à personne d’autre. Les voilà, mais seulement eux, qui ont pris d’assaut les centres de vote, hier, comme la rage dans le cœur, pour en finir avec, pas seulement Amadou Ba, mais avec tout un régime. Comme s’il y avait une revanche de ce supplice vécu par le leader de l’exPastef et des centaines de jeunes qui ont été envoyés en prison. Ça c’est le facteur Sonko dans cette victoire de son poulain, désormais son président, Diomaye Faye. De la défaite aussi de Amadou Ba.
Macky a tout fait pour que son candidat perde
La douleur de Benno bokk yaakaar, du moins de certains d’entre eux, est moins la défaite de son candidat que ce premier tour presque joué. Il y avait tout de même une once d’espoir d’un pire scénario d’un 2nd tour, d’une seconde chance. Mais il y en avait bien des responsables de Benno qui intégraient la donne, même s’ils étaient obligés de faire dans la communication pour maintenir la flamme de l’espoir. Parce que, en vérité, qu’ils le disent ou pas, rien n’a été fait pour que Amadou Ba remporte cette élection. Sa candidature est une non… candidature. Après son investiture, c’est le chef de l’Etat, qui n’est pas candidat depuis son annonce du 3 juillet, qui fait une tournée «économique» et qui est au-devant de la scène, avec un Premier ministre candidat en «arrière-plan». Et, comble d’étonnement, à mesure que l’élection approche, la candidature de Ba semble s’éloigner. Alors que le report est agité, dans un entretien avec Dakaractu, le candidat de Benno est formel : «Je ne pense pas à un report de l’élection ! Nous voyons certes, que des acteurs politiques peuvent se prononcer sur une décision de justice donnée. Mais la charte fondamentale du pays doit être respectée dans toute son essence. Un possible report est agité ces derniers jours, mais même le chef de l’État a été catégorique sur le respect du calendrier républicain. Nous devons nous mettre d’accord sur le fait qu’aujourd’hui, il n’y a aucune raison de ne pas aller à l’élection». Mais il ne savait pas que son leader cuisinait un report qu’il servira le 3 février, soit à quelques heures du démarrage de la campagne.
Report, libération de Sonko et Diomaye…
Le Président Sall brandit donc les accusations de corruption contre Amadou Ba et les deux juges du Conseil constitutionnel pour légitimer ce report. Vrai ou faux, une tension entre les deux est évoquée et entretenue avec la lenteur de la publication du décret portant report. Le candidat accuse le coup, et on fait comme si de rien était ! Mais au fond, ce n’était plus l’amour habituel. Viennent les négociations pour la libération du duo Sonko-Diomaye par un projet d’amnistie. Certains se sont interrogés sur le poids d’une telle décision dans la campagne qui s’est poursuivie après l’injonction des 7 «sages». Puis, il y a eu ce petit coup d’arrêt surprenant de la campagne de Ba à Tivaouane avec tout le cortège de rumeurs et de commentaires qui l’a accompagné. Au début, une mauvaise nouvelle qui devrait perturber sa campagne. A la fin une bonne qui le remet en selle avec la bénédiction de Macky Sall par un Secrétariat exécutif national (Sen). Tous, y compris ceux qui, en public et en privé, ont refusé de soutenir le candidat de Benno, ont finalement décidé de mouiller le maillot. Et encore…