L'AVENIR EN POINTILLÉS DU PDS
Le parti d'Abdoulaye Wade semble vivre une résurrection depuis les législatives. Mais les résultats satisfaisants lors du scrutin contrastent profondément avec le climat interne délétère au sein de la formation «bleue jaune »

Au moment où tous les états-majors politiques se renforcent pour se préparer aux principales échéances électorales, le Pds continue de saigner grave et de se fragiliser. Le parti a enre-
gistré le plus grand contingent de départs de militants ces dernières années. Il s’agit souvent de leaders qui ont transhumé vers les prairies marron-beiges, des membres qui démissionnent pour créer leur propre parti politique sans compter ceux qui ont gelé leurs activités politiques.
Entre les dernières élections législatives et aujourd’hui, quatre responsables libéraux ont quitté le navire. Pourtant, ces derniers ont été de tous les combats ces douze dernières années. Ils étaient considérés comme des fidèles parmi les fidèles. D’aucuns étaient surpris de voir l’ancien président du groupe parlementaire « Liberté et Démocratie » et celui qui fut le chargé de communication tourner le dos au parti. Serigne Cheikh Mbacké Bara Dolly et Mayoro Faye, mécontents tous les deux de leurs positions sur la liste de Wallu lors des investitures pour les élections législatives et se sentant trahis par Karim Wade ont claqué la porte. Peu de temps après, ils ont rejoint la coalition de Macky Sall. Quant au virevoltant député libéral de la 13e législature Toussaint Manga, il a attendu l’officialisation des résultats des élections législatives pour quitter le bateau bleu jaune. Pour l’heure, il met sa carrière politique en suspens.
Le 29 août dernier, c’est un autre cacique du Pds en l’occurrence, Dr Cheikh Dieng, ancien maire de Djiddah Thiaroye Kao, de présenter sa démission arguant des «divergences avec Karim Wade». On se rappelle au mois de février 2020, celui qui était le président de la Fédération Nationale des Cadres Libéraux (Fncl) avait quitté le parti pour porter sur les fonts baptismaux une nouvelle formation politique dénommée Bloc National des Démocrates (BND)/Xel Koom. Sans compter le cas assez particulier du maire de Yeumbeul du sud, Bara Gaye militant actif du Pds devenu très proche de Yewwi et particulièrement du Pur. Ce dernier ne s’entend pas avec ceux qui gèrent actuellement le parti et est plus proche de la sortie.
Que prépare Karim Wade
En analysant cette situation, on se rend compte qu’il y a un vrai malaise dans la gestion et le fonctionnement du Pds. En effet, tous ces militants précités ne peuvent être accusés de rouler pour Macky Sall vu que pendant les dix ans restés dans l’opposition, ils pouvaient rejoindre la mouvance présidentielle. Ainsi, l’on se demande à quoi joue Abdoulaye Wade tout au moins Karim Wade qui tient
vraiment les rênes du parti ? L’impression donnée est qu’il y a une volonté de pousser les gens à quitter la formation politique. Or, le retour de «Wade-fils» au-devant de la scène politique sénégalaise peut dépendre de la construction d’un appareil fort avec des hommes de confiance qui ont le charisme, le courage et l’intelligence politique, ainsi que la capacité d’initier des actions politiques d’envergure. Mais il s’avère que toutes les fortes têtes et les dépositaires de bases politiques du parti ont été éjectés ou poussés à la démission. A défaut de se faire harakiri, Karim Wade mûrit peut-être un plan pour se remettre dans le jeu qui, sans doute, viendra de l’inter-coalition Wallu-Yaw ou d’un compromis avec l’actuel régime pour faire sauter sa disqualification.
Quoi qu’il en soit, force est de constater que la purge ne date pas d’aujourd’hui. Elle a été même utilisée à l’encontre des moins soupçonnés à l’image de Oumar Sarr qui a occupé de hautes fonctions dans le parti. L’actuel ministre des Mines et de la Géologie et ancien secrétaire général national adjoint du Parti Démocratique Sénégalais (Pds) a aussi fait les frais de ses désaccords avec Karim Wade. Et il a emporté avec lui ses camarades Babacar Gaye, Me Amadou Sall, Abdou Aziz Diop, etc. Quant à Pape Samba Mboup et Farba Senghor, ils ont été exclus un peu plus tôt pour actes d’in-
discipline. Idem pour Modou Diagne Fada qui a été sacrifié pour son refus de céder son fauteuil de président du groupe libéral à Aïda Mbodj à la veille de l’ouverture d’une session parlementaire. Celle-ci également ne tardera pas d’ailleurs à quitter le parti.
Il faut ajouter à cette liste Ousmane Ngom, Aliou Sow, Sada Ndiaye, Samuel Sarr, Souleymane Ndéné Ndiaye, Aminata Tall,... L’on se demande en définitive comment le Pds pourrait survire dans cette dynamique qui ne permet à aucun leader d’émerger. En tout cas, rien n’est fait pour garder ces responsables qui ont cheminé une partie de leur vie avec le clan Wade. Après tout, la force d’un parti réside dans la multiplication de fortes têtes qui constellent autour d’un leader fort.