LE POUVOIR FAIT BLOC AUTOUR DE CHEIKH OUMAR DIAGNE
L'intellectuel musulman, aux positions jugées provocatrices, bénéficie du soutien tacite du pouvoir malgré les critiques. Pour l'entourage de Diomaye Faye, il est victime de manœuvres visant à déstabiliser le président
(SenePlus) - Au cœur du palais présidentiel, un homme cristallise les tensions et les débats : Cheikh Oumar Diagne. Directeur des moyens de la présidence, cet intellectuel musulman se retrouve sous le feu des critiques de l'opposition et des grandes confréries soufies du pays. Dans un entretien accordé au Monde, il défend ses positions et sa vision d'un Islam ouvert au débat.
Surnommé "maître" par ses collègues en référence à son érudition religieuse, Diagne ne cache pas ses convictions. "Je suis soufi", affirme-t-il, tout en revendiquant le droit de débattre avec les marabouts et de discuter "de l'œuvre terrestre et humaine des figures des confréries". Cette posture, rare au Sénégal, lui vaut l'hostilité des communautés mouride et tidjane, qui l'accusent de propos irrespectueux envers leurs grandes figures.
Son parcours atypique, de l'opposition au cœur du pouvoir, intrigue. Ancien détenu politique sous le régime de Macky Sall, il a côtoyé l'actuel président Bassirou Diomaye Faye en prison. "Il m'a fait forte impression. Je me suis décidé à soutenir sa campagne dès que nous serons libérés", confie-t-il.
Malgré les controverses, Diagne assume ses positions. "Je n'ai rien contre le qualificatif d'islamiste", déclare-t-il, proposant même la création de "tribunaux religieux à côté des tribunaux laïcs". Ces déclarations alimentent les critiques de l'opposition, qui voit en lui une menace pour la laïcité de l'État.
Face aux accusations, l'entourage présidentiel temporise. "L'opposition cherche à nuire au président et cherche des angles d'attaque. Il en est devenu un", murmure-t-on au sein du parti présidentiel Pastef.