L’ŒIL DU SCRIBE UNE CHRONIQUE DE MADOU KANE
Le soleil du crépuscule
Il est de règle, dans l’ordre cosmique, que le soleil, après sa rotation, laisse enfin les étoiles briller. Quand le soleil du crépuscule, ‘’Atoum’’, selon l’expression des Egyptiens anciens, se signale, c’est pour un dernier baroud d’honneur avant de s’engager dans les ténèbres. Il espère réapparaitre à l’aube avec les lumières de l’espoir. Il aura ainsi vaincu les vicissitudes de la nuit et transcendé les dangers d’un périlleux voyage nocturne.
Wade, ce soleil de la politique sénégalaise, au crépuscule de sa carrière politique riche en péripéties, proclame entamer une révolution qui ferait de son personnage haut en couleur un ‘’Ré’’, éternel soleil au zénith. Lui est l’astre qui refuse l’extinction ; l’épicentre inamovible d’un système autour duquel gravite les satellites qu’il contrôle dans son giron.
Le monument Wade qui renait au cœur du système a couvert d’ombre la campagne et fait pâlir les cinq branches de ce scrutin en étoile. Il a fait feu de tout bois et soufflé sur le brasier avant de se rendre compte que les pyromanes sont honnis au pays des saints. La magie de Touba aura opéré sur la virulence d’un discours incendiaire devenu inoffensif. Mais attention, l’homme en bleu est réputé avoir plusieurs flèches dans son carquois et ses capacités de nuisance demeurent intactes. Hors-jeu, il abat ses ultimes cartes.
A ses dépens, Sonko, le missile patriote lancé contre le système, aura perdu sa vitesse de croisière et une journée de campagne. Esseulé et égaré dans un univers qui lui est étranger, la fulgurante météorite peine à se mettre sur une orbite qui le mettrait hors de portée des tempêtes du champ gravitationnel de la sphère politicienne. Le patriarche, comme un aimant, l’a happé et repositionné au cœur du tumulte dont il est le point de lévitation. Le jeune, qui suscite tant d’espoirs, est devenu la simple caisse de résonnance d’un vieux combattant en mal de troupe. Le vieux, lâché par ses épigones, ne veut point céder le flambeau qui mène au palais à autre que son fils Karim qui a raté les starters de la course.
Pendant ce temps, Madické, en bon diplomate, multiplie les courbettes auprès de son ami, alors qu’Idy cligne des yeux pour entrer dans les bonnes grâces de son ancien mentor qu’il avait aidé à conquérir le pouvoir. Alors que le peuple, amusé, s’interroge sur son destin, Macky veille au grain pour ne point trébucher sur les haies dangereuses qui jalonnent la piste qui mène à la victoire.
Toutefois, Wade, qui cherche des alliés pour ses propres desseins, ne sera l’allié de personne pour une cause qui n’est pas la sienne.