SÉNÉGAL, UN JEUDI SANGLANT
POINT DE MIRE SENEPLUS - Cette journée de violence et de troubles trouve son origine dans le différend opposant Sonko à Adji Sarr ainsi que dans les tensions préexistantes et entretenues par le refus de Macky Sall d’annoncer sa non-candidature en 2024
Le Sénégal a été secoué par de violentes émeutes hier jeudi 1er juin 2023, suite à l'annonce du verdict du procès d'Ousmane Sonko, figure de l'opposition politique, condamné à deux ans de prison ferme. Les manifestations ont rapidement dégénéré en affrontements entre les forces de sécurité et les manifestants, causant des pertes en vies humaines et d'importants dégâts matériels. Voici un récapitulatif des événements qui ont marqué cette journée tumultueuse.
L'annonce du verdict a suscité une vive réaction de la part des partisans d'Ousmane Sonko, qui ont immédiatement exprimé leur colère dans les rues de plusieurs villes du pays, principalement à Dakar. Les manifestants, majoritairement des jeunes, ont érigé des barricades, brûlé des pneus, des bus et lancé des pierres sur les forces de sécurité présentes en grand nombre pour contenir les rassemblements.
Les affrontements entre les manifestants et les forces de sécurité se sont intensifiés au fil de la journée. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes, de canons à eau et de balles en caoutchouc pour disperser la foule. En retour, certains manifestants ont répliqué en lançant des projectiles et en incendiant des véhicules. Des scènes de chaos et de violence ont éclaté dans plusieurs quartiers de Dakar et d’autres villes régionales, avec des pillages de magasins et des destructions de biens publics et privés.
Malheureusement, ces émeutes ont entraîné la perte de vies humaines. De source officielle, on dénombre actuellement neuf décès, à Dakar et Ziguinchor, et de nombreux blessés ont été signalés. Les autorités ont exprimé leurs condoléances aux familles des victimes et ont assuré prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des personnes et des biens.
Selon le ministère de l’Intérieur, les réseaux sociaux ont joué un rôle important dans la propagation de messages incitant à la violence. En réponse, le gouvernement a décidé de suspendre temporairement l'usage de certaines applications digitales utilisées pour « véhiculer ces appels à la violence et à la haine » selon les termes du ministre de l’Intérieur Antoine Diome qui a fait dans la soirée de ce jeudi 1er juin une déclaration télévisée d’une platitude déconcertante selon de nombreux observateurs. A cette occasion, Diome a également été rappelés l'importance pour les médias de respecter le code de la presse, notamment en évitant toute incitation à la haine et en contribuant à maintenir le calme et la sérénité dans le pays.
Cette journée de violence et de troubles trouve son origine dans le différend opposant Ousmane Sonko à une jeune sénégalaise, ainsi que dans les tensions politiques préexistantes et entretenues par le refus du président Macky Sall d’annoncer clairement qu’il ne sera pas candidat à un troisième mandat puisque la Constitution ne l’y autorise pas.
Certains estiment que ce verdict condamnant Ousmane Sonko à une peine de prison ferme est politiquement motivé, visant à l'inéligibilité du leader de l'opposition en vue des élections présidentielles de 2024.
Selon certains observateurs, les événements tragiques d'hier soulignent la nécessité d'un dialogue apaisé et d'une résolution pacifique des différends politiques. Les autorités et les acteurs politiques sont appelés à œuvrer en faveur de la réconciliation nationale et du respect des droits fondamentaux, tout en maintenant la stabilité et la paix dans le pays.
Quelques voix, notamment dans les milieux religieux ont appelé toutes les parties concernées à faire preuve de retenue et à privilégier le dialogue constructif pour surmonter les divisions et trouver des solutions aux problèmes qui préoccupent la société sénégalaise. Le Sénégal, réputé pour sa tradition démocratique, doit continuer à avancer sur la voie du progrès et du développement, en favorisant l'inclusion et le respect des droits de tous ses citoyens.