«GRACE A L’APPUI DU CEMGA, L’EQUIPE MEDICALE CONJOINTE «HMO/DANTEC» A REALISE AVEC SUCCES LA TRANSPLANTATION RENALE»
Auteur de nombreux livres scientifiques, l’ancien directeur général adjoint de l’Hôpital Principal de Dakar, Pr Abdou Rajack Ndiaye, magnifie l’initiative de la Journée du Ssa à travers cette interview exclusive accordée au quotidien « Le Témoin ».
Professeur agrégé du Val-de-Grâce (France) en rhumatologie, le Médecin-Colonel Abdou Rajack Ndiaye est le directeur du Service de santé des armées (Ssa). Officier de l’Ordre National du Mérite (Sénégal), Médaille d’honneur du Service de Santé des Armées, Médaille des Nations Unies pour le Maintien de la Paix (Soudan) et Médaille de la Défense Nationale Française (Santé/France), le Directeur du Service de Santé des Armées est titulaire de plusieurs autres décorations et distinctions. Auteur de nombreux livres scientifiques, l’ancien directeur général adjoint de l’Hôpital Principal de Dakar, Pr Abdou Rajack Ndiaye, magnifie l’initiative de la Journée du Ssa à travers cette interview exclusive accordée au quotidien « Le Témoin ».
Le Témoin : Pourquoi une journée du Service de santé des armées ?
Abdou Rajack Ndiaye : D’abord permettez-moi d’exprimer ma loyauté et ma reconnaissance à l’endroit de Monsieur le Chef d’état-major général des Armées(Cemga) de m’avoir choisi à la tête du Service de santé des armées (Ssa). La célébration de de la Journée du service de Santé des Armées est une tradition voire un héritage légué par les illustres anciens. C’est un moment fort de communion, un jour de retrouvailles, un temps d’introspection et une date de reconnaissance pour services rendus par de vaillants combattants que sont les valeureux personnels du Service de Santé des Armées sénégalaises engagés dans des opérations à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Cette journée dont le thème est « Service de Santé des Armées face aux défis de la Souveraineté Sanitaire » constitue également une occasion de rendre un vibrant hommage aux pères fondateurs et aux anciens de la Santé militaire sénégalaise.
Y aura-t-il cette année une particularité par rapport aux journées précédentes ?
La gravité, c’est-à-dire le caractère crucial et urgent du thème, est déjà une particularité. La Souveraineté Sanitaire n’est pas un individualisme qui se traduit par un besoin solitaire d’une santé bonne. Ce n’est ni une vision réductrice, ni une vision angélique, mais elle serait sans doute le fruit attendu d’une évolution sociologique contemporaine et de mutations optimales. La crise sanitaire récente de Covid 19 et l’évolution géopolitique du monde ont montré la fragilité de nos systèmes de santé et notre degré de dépendance de l’extérieur. Inutile de vous rappeler que cette pneumonie inconnue avait déclenché une puissante secousse qui avait plongé l’humanité dans l’incertitude. Parce que le virus avait fait une propagation rapide et effroyablement mortelle. Pratiquement toutes les nations avaient un genou à terre. D’où les réflexes de survie des nations qui ont fini par reléguer loin les notions de solidarité et d’empathie, une sorte de politique du « Chacun pour soi » à l’échelle planétaire. Mais une fois la bourrasque passée, l’urgence était de se relever très vite pour se diriger vers l’impératif de Souveraineté sanitaire. L’autre particularité, c’est la parfaite adéquation entre notre posture et la vision de monsieur le Chef d’état-major général des armées (Cemga) qui, dans ses orientations prioritaires, indiquait d’opérer la transformation de la composante Santé qui doit être conduite vers la préservation des capacités opérationnelles. Et surtout la réduction des évacuations sanitaires par le relèvement des plateaux techniques de nos structures et la densification du maillage hospitalier avec de nouveaux hôpitaux militaires à Kaolack, Tambacounda, Ziguinchor et Saint-Louis.
Il y a quelques jours, des médecins militaires en collaboration avec leurs collègues civils ont réussi le miracle d’effectuer avec succès des transplantations rénales. Ces performances ne constituent-elles pas la meilleure incarnation du concept Armée/Nation ?
Absolument, d’autant que tous les malades opérés à l’Hôpital Militaire de Ouakam étaient des civils. Il s’agissait de compatriotes qui avaient un problème de Santé. A l’arrivée, l’Hôpital militaire leur a apporté une solution durable grâce à une coopération exemplaire avec nos collègues du Centre Hospitalier Universitaire de l’hôpital Aristide Le Dantec. Ce, sous une très parfaite coordination de la Directrice de l’établissement. Au cours de la maladie rénale chronique, il faut le rappeler, la dialyse est en réalité un traitement d’attente d’une transplantation. En réalisant avec succès cette transplantation rénale, l’Hôpital militaire de Ouakam a complété l’offre de soins aux Sénégalais et a contribué de manière très significative à l’effort national de prise en charge sanitaire de nos compatriote menée par le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale. C’est le lieu de féliciter chaleureusement le médecin-chef, directrice de l’Hôpital Militaire de Ouakam pour la parfaite coordination ainsi que toutes les équipes qui ont réalisé la belle prouesse. Ces hommes et femmes à l’expertise médicale avérée sont entrés dans l’histoire. De fort belle manière ! Ils ont fait la fierté du concept Armée/Nation. Mais tout le mérite revient au Chef d’état-major général des armées (Cemga) qui a porté le projet avant de soutenir et encourager les équipes en mettant à leur disposition l’Hôpital Militaire de Ouakam (Hmo). Ce, avec de lourds moyens nécessaires à chaque étape du processus à l’image d’un bataillon médical en route pour le front !
Pourquoi l’Hôpital militaire de Ouakam (Hmo) a-t-il été choisi pour cette première sanctionnant encore une fois l’expertise médicale sénégalaise ?
Il y avait d’abord et avant tout, la volonté de la directrice et du directeur-adjoint de l’Hmo. Ils avaient une très grande motivation, un rare engagement, une détermination exceptionnelle sans faille pour effectuer la transplantation rénale au Sénégal. Ensuite, ils disposent d’une expertise avérée en la matière. Ils se sont personnellement investis pour acquérir les équipements d’imagerie et de laboratoires indispensables. La Directrice a eu un leadership exceptionnel. Ayant à ses côtés un leadership exceptionnel, la directrice de l’Hmo a constitué, autour d’elle, les équipes grâce à l’apport énorme de nos collègues de l’Hôpital Le Dantec installés à l’Hôpital Militaire de Ouakam à cause de la fermeture de leur établissement. La synergie d’actions et la convergence des efforts ont été sanctionnées par l’autorisation du Ministère de la Santé et de l’Action Sociale, sous la forme d’un agrément après un avis du Comité National du Don et de la Transplantation d’organes. D’où le choix porté sur l’ Hmo pour la réalisation avec succès de cette lourde opération chirurgicale.
Mon colonel, on constate l’absence de médecins-gynécologues et médecins-dentistes dans la plupart des infirmeries de garnison. Comment comptez-vous répondre à la forte demande des populations civiles dans ce sens ?
On ne peut pas parler d’absence mais plutôt de présence qu’on pourrait davantage accentuer. Pour ce qui concerne la Gynécologie, nous disposons de gynécologue ou d’une sage-femme d’Etat militaire dans plusieurs garnisons. C’est le cas à Thiès, Ziguinchor et Tambacounda ainsi que d’autres structures médico-militaires de Dakar comme Yeumbeul. D’ailleurs, le Commandement a donné des instructions pour le déploiement de gynécologues et sages-femmes à Kaolack, Saint-Louis et Kolda. Pour la chirurgie dentaire, nous avions déjà un maillage très important avec au moins un chirurgien-dentiste voire un cabinet dentaire dans chaque zone militaire. L’installation de nouveaux cabinets-dentaires est actuellement en cours à Koungheul, Goudiry, Bargny, à Yeumbeul et Thiaroye. Par exemple, le mythique camp militaire de Thiaroye disposera dès janvier prochain d’un cabinet dentaire neuf. Informé de l’arrivée du matériel à Dakar, le Cemga a fait accélérer les travaux de construction des locaux du cabinet dentaire du Camp Thiaroye dont les prestations et soins sont à 80% destinés aux populations civiles des localités environnantes. Vous voyez, la Santé militaire est une expression complète de la coopération civilo-militaire et du concept Armée-Nation. C’est encore le lieu de saluer l’appui du Commandement.
Qu’est-ce qui fait courir les populations civiles vers les hôpitaux et infirmeries militaires ?
Il existe plusieurs facteurs qui pourraient expliquer ce que vous appelez « courir vers les hôpitaux et infirmeries militaires ». C’est d’abord notre histoire. Parce que la Médecine d’hier était une Médecine militaire avec le Corps de santé des colonies puis le Service de santé des régions tropicales d’Afrique noire qui étaient au contact des populations au risque de leur vie. Nous sommes les héritiers d’illustres aînés, des pères fondateurs, des pionniers qui ont été les premiers à implanter la Santé publique sur l’étendue du territoire national. Ces valeureux devanciers ont construit la réputation de la Médecine militaire à l’intérieur du pays tout comme à l’extérieur depuis l’aube de notre indépendance. Ce, grâce à l’effort permanent du Commandement pour relever les plateaux techniques et acquérir du matériel ultra-moderne. Sans oublier la construction de nouveaux établissements hospitaliers et centres Médicaux Interarmes à l’intérieur du pays au profit des populations. Pour répondre à votre question, je pense que les patients sont mieux placés pour dire que l’accueil , la disponibilité, la prise en charge et la qualité des soins les poussent vers les hôpitaux et infirmeries militaires.