LE CANCER DES ENFANTS EN NETTE PROGRESSION AU SENEGAL
Chaque année, le Sénégal enregistre entre 800 et 1200 nouveaux cas de cancer chez l’enfant alors que seuls 200 à 250 malades arrivent à l’unique unité d’oncologie et de prise en charge du pays.
Chaque année, le Sénégal enregistre entre 800 et 1200 nouveaux cas de cancer chez l’enfant alors que seuls 200 à 250 malades arrivent à l’unique unité d’oncologie et de prise en charge du pays. Une unité délocalisée à l’hôpital «Dalal Jamm» de Guédiawaye depuis la fermeture de l’hôpital Aristide Le Dantec. A l’occasion de la célébration de la journée internationale dédiée à cette maladie chronique, l’oncopédiatre à l’hôpital «Dalal Jamm», Dr Mame Ndella Diouf, parle d’une prise en charge compliquée avec une seule unité de traitement pour seulement deux oncopédiatres secondés par un pédiatre pour le suivi médical des enfants atteints de cette terrible maladie.
Même s’il ne représente qu’une faible proportion de 1 % de la totalité des cancers, au Sénégal, on observe près de 1000 nouveaux cas de cancers par an chez l’enfant. Plus exactement, la moyenne annuelle tourne entre 800 et 1000 nouveaux cas annuels. « Mais il faut savoir que nous avons une population jeune. Donc, c’est devenu un problème de santé public», a souligné l’oncopédiadre Dr Mame Ndella Diouf de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye. Un établissement qui abrite aujourd’hui la seule unité de prise en charge après la fermeture de l’hôpital Aristide Le Dantec. A Dalal Jamm, qui accueille aujourd’hui près de 250 jeunes patients, officient seulement deux oncopédiatres secondés par des pédiatres. « Au Sénégal, nous attendons, chaque année, entre 800 et 1200 nouveaux cas de cancer chez l’enfant. Mais seuls 200 à 250 malades arrivent à l’unité de prise en charge», a-t-elle dit. La seule unité d’oncopédiatrie du pays, redéployée depuis le 16 août 2022 à l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, est logée dans le service de pédiatrie de ce dernier établissement avec 10 lits et une salle d’hôpital du jour où sont installés une dizaine de fauteuils de chimiothérapie. «L’activité d’hôpital du jour est assez importante avec environ 60 malades parsemaine. Ces malades viennent le matin faire leur chimiothérapie avant de retourner chez eux le soir. Ils peuvent avoir des cures allant de 1 à 5 jours pour certains protocoles. D’autres, qui prennent des chimiothérapies lourdes avec des perfusions de 6 heures ou encore un traitement de sauvetage quis’administre strictement tous les 6 heures, sont admis en hospitalisation pendant toute la durée de leur cure. L’hôpital Dalal Jamm a accepté de reconduire le forfait annuel de 50 000 francs qui couvre les frais d’hospitalisation et certains bilans biologiques et radiologiques» explique encore Dr Mame Ndella Diouf.
Le cancer de l’enfant, une réalité au Sénégal
En faisant le point de la situation juste quelques mois après la délocalisation de l’unité de Le Dantec à «Dalal Jamm», Dr Diouf déclare que le cancer chez l’enfant est une réalité au Sénégal, un fléau qui touche le sang, les reins, les yeux, les ganglions... A Dalal Jamm, «le premier cancer sur l’unité, c’est la leucémie qui est le cancer du sang. Après, il y a le néphroblastome qui est le cancer du rein suivi de très près par le rétinoblastome qui est le cancer de l’oeil au niveau de la rétine, ensuite il y a le lymphome qui est le cancer des ganglions», a expliqué la spécialiste des cellules cancéreuses chez les tout-petits. Selon elle, la leucémie (pour le sang), le néphroblastome (pour les reins), le rétinoblastome (la rétine de l’oeil), le lymphome sont entre autres destypes de cancer pouvant atteindre les enfants. Maisil y a aussi d’autres cancers qui sont des tumeurs cérébrales, destumeurs germinalessans compter les cancers de l’os, du foie, des muscles...
Si la prise en charge de ces cancers est compliquée au Sénégal c’est dû au fait que notre pays ne compte qu’une seule unité qui était à l’hôpital Le Dantec et qui a été délocalisée à l’hôpital Dalal Jamm. A cela s’ajoute le fait qu’il y a peu d’oncologues pédiatres, un plateau médical pauvre... Dr Mame Ndella Diouf plaide surtout pour le relèvement du plateau technique. « La prise en charge est assez compliquée parce que c’est une seule unité qui prend tous les cancers de l’enfant au Sénégal. Il n’y a pas beaucoup d’oncologues pédiatres au Sénégal. En exercice, nous ne sommes que deux, et on est secondés par une pédiatre dans notre équipe. Il y a également d’autres problèmes de plateau technique, et d’accessibilité des médicaments auxquels nous faisons face » ajoute l’oncopédiatre en service à Dalal Jamm
La seule bonne nouvelle, c’est que le cancer de l’enfant peut guérir. Un diagnostic précoce et un suivi régulier sont les conditions essentielles pour que l’enfant guérisse du cancer. Pour faire face aux décès évitables et complications qui résultent d’une absence de diagnostic précoce et des difficultés d’accès aux soins, l’une des rares oncopédiatres du pays indique que « nous avons formé plus de 200 prestataires, médecins, infirmiers, au diagnostic précoce des cancers de l’enfant. Ce qui a fait que, aujourd’hui, des malades des zones concentrées sont reçues à des stades plus précoces», rassure Dr Mame Ndella Diouf tout en soulignant que son équipe travaille en collaboration avec l’OMS et le ministère de la Santé pour la décentralisation des soins. D’ailleurs, confie-telle, le Sénégal a été choisi comme «modèle» dans la prise en charge dessix principaux cancers de l’enfant. Maigre consolation…