LE MAL PROFOND DES YEUX
Lunettes, budget et ressources humaines qualifiées, La prise en charge de la santé oculaire reste un problème dans les pays sous-développés comme le Sénégal, alors que sa négligence aboutit à un handicap visuel

La prise en charge de la santé oculaire reste un problème dans les pays sous-développés comme le Sénégal, alors que sa négligence aboutit à un handicap visuel. Plusieurs difficultés freinent la bonne prise en charge à savoir des fabricants tous azimuts de lunettes, la faiblesse du budget alloué à la santé oculaire et des ressources humaines qualifiées.
Le programme de la santé oculaire est le parent pauvre du ministère de la Santé. C’est l’avis d’Aliou Diagne program manager de la santé oculaire et des Mtn à Ong Sigthsavers. Il présentait à l’occasion d’un atelier à l’intention des journalistes sur le handicap. Selon lui, Sigthsavers appuie le ministère de la Santé à travers son nouveau projet qui a démarré depuis 2023 et qui devrait normalement s'achever en 2027. «L'un des points essentiels, c'est d'avoir quand même une ligne budgétaire au niveau du programme santé oculaire, ce qui permettrait de pouvoir faire face à beaucoup de besoins des populations en santé oculaire», affirme-t-il. Cette ligne budgétaire, à l'instar des autres programmes, est assez essentielle, insiste-til, ne serait-ce que pour les besoins de pérennisation «parce que les projets sont appelés à s'arrêter un jour. On espère que ce projet sera très bénéfique pour le programme santé oculaire».
Hormis la faiblesse du budget alloué à la santé oculaire, il y a aussi la problématique du déficit de spécialistes. «Il y a un déficit en ressources humaines et la répartition est assez inégale. Donc la plupart des spécialistes sont regroupés sur l'axe Dakar, Thiès et Louga, et les autres régions sont un peu laissées en rade», déplore-t-il. Selon lui, le besoin se fait sentir en termes de personnels qualifiés, surtout des spécialistes, mais aussi en termes ophtalmo pédiatrie pour les opérations de chirurgie de la cataracte chez l'enfant, «qui n’existe que dans quelques hôpitaux à Dakar».
PROLIFERATION DES FABRICANTS DE LUNETTES
Interrogé sur la prolifération des fabricants de lunettes, M. Diagne estime que dans le cadre de l'offre de services des lunettes, il y a ce qu'on appelle les unités optiques. «Ce sont ces unités optiques qui sont normalement habilitées à fabriquer des lunettes. Donc ces unités ne sont pas assez nombreuses au Sénégal. Bien vrai que des efforts sont faits mais ces personnes qui travaillent dans ces unités optiques ne sont pas formées. Elles sont formées en Gambie, sur une durée de deux ans, et beaucoup ont été formées avec l'appui de Sigthsavers et le gouvernement du Sénégal», renseigne M. Diagne. Le constat, dit-il, lorsque vous allez sur le marché, il y a beaucoup d'autres personnes qui offrent des services de lunettes, et on sait que ces services, en termes d'optométrie, sont dévolus à des spécialistes qui, sur la base d'une ordonnance, doivent délivrer des lunettes. «Maintenant, nous continuons à accompagner le ministère de la Santé pour qu'il puisse vraiment y avoir une politique claire et maîtriser l'offre de services de lunettes, parce qu'on voit que beaucoup de privés s'y mettent et que ça peut être un problème dans le cadre surtout de la qualité, surtout de l'offre de services de lunettes», dit-il.