LES EPS 3 PLOMBENT LES STRUCTURES INTERMÉDIAIRES
Avec quatre établissements de santé de niveau trois à Dakar (puisque le Dantec n’est plus fonctionnel) et des districts de référence sous la tutelle du ministère de la Santé et de l’Action sociale, ce n’est pas le matériel qui manque
Le Sénégal travaille à mettre aux normes les structures de santé publique. Avec quatre établissements de santé de niveau trois à Dakar (puisque le Dantec n’est plus fonctionnel) et des districts de référence sous la tutelle du ministère de la Santé et de l’Action sociale, ce n’est pas le matériel qui manque. La demande est plutôt tournée vers un personnel qualifié dans des spécialités comme la chirurgie sans occulter un manque criard de techniciens en anesthésie mais aussi, de biologistes. Pour le personnel spécialisé, ils sont nombreux à préférer officier au plus haut niveau de la pyramide sanitaire (les Eps 3), délaissant ainsi, le niveau régional et périphérique dont les districts. Il s’y ajoute l’accueil dans les urgences qui doit être amélioré.
Le Sénégal garde une bonne couverture sanitaire avec l’implantation de structures de santé sur toute l’étendue du territoire national. Des postes de santé sont devenus plus proches des populations et le couplet gagnant infirmier et sages-femmes pour répondre aux besoins des communautés, y est une réalité. La région de Dakar reste plus fournie que les autres régions en infrastructures hospitalières avec une forte concentration des hôpitaux de niveau trois qui sont à vocation nationale et qui constituent le niveau le plus élevé de prise en charge des soins dans la pyramide sanitaire. En plus de couvrir les paquets de soins existants dans les autres hôpitaux, les EPS 3 comme c’est le cas des centres hospitaliers universitaires (Chu) de Dalal Diam, d’Idrissa Pouye de Grand Yoff, de Fann et encore de Thiaroye, délivrent aussi des soins spécialisés de hautes technologies et des soins palliatifs. Les pathologies les plus rares et complexes sont ainsi référées à Dakar pour le traitement et la recherche. Le matériel de pointe est aussi concentré à Dakar avec une forte mobilisation des professeurs dans les spécialités, délaissant ainsi les régions surtout les plus reculées du pays.
INIQUITE DANS LA REPARTITION DES RESSOURCES
Malgré une couverture en infrastructures sanitaires à Dakar, un problème d’équité se pose en matière de personnels qualifiés. Des centres de santé secondaires ou encore des districts de référence gardent des plateaux techniques pouvant faire de la chirurgie. Cependant, ils sont confrontés à un manque de personnel qualifié surtout dans le domaine de l’anesthésie et de la chirurgie. Une situation qui avait amené la ministre de la Santé et de l’Action sociale, quand elle occupait le poste de Directrice générale de la Santé publique sous le magistère d’Abdoulaye Diouf Sarr, à demander aux districts de santé mais surtout à la région médicale de travailler à optimiser le personnel qualifié afin que ce dernier puisse se rendre quand il y a urgence dans ces structures pour poser l’acte. Pour des acteurs de la santé, certes beaucoup de médecins spécialistes sont installés à Dakar mais cette région qui concentre le quart de la population sénégalaise, subit relativement une pénurie de cette catégorie de médecins et par ailleurs, ce que leurs aînés ont accepté et enduré, les plus jeunes spécialistes ne veulent plus le subir. Il s'y ajoute selon eux, que la rémunération n’est pas motivante, et au Sénégal, le métier ne semble pas être considéré à sa juste importance. « La formation d’un spécialiste de médecine en chirurgie, gynécologie obstétricale, pédiatrie, dure 12 années au moins après le baccalauréat : elle est longue et pénible et de surcroît, le métier de médecin spécialiste est rempli de contraintes, de sacrifices », font savoir certains spécialistes.
UN PROBLEME DE MAINTENANCE
Des structures de santé sont dotées de matériels de pointe. Seulement au bout de quelques années, les bénéficiaires voient leur outil tombé en panne. Faute de maintenance, les hôpitaux sont devenus des cimetières de ferrailles. Au niveau de l’hôpital Idrissa Pouye de Grand Yoff, le ministère de la Santé et de l’Action sociale est passé à la pose de la première pierre du Centre de maintenance des hôpitaux. Avec l’appui de l’extérieur, les techniciens devaient être formés et les matériels en panne révisés dans ce site. Depuis plus de quatre ans, le Sénégal est toujours en attente et le centre peine à sortir des cendres.
LA PROBLEMATIQUE DES URGENCES
La prise en charge des urgences dans les structures de soins reste le grand défi des centres hospitaliers universitaires concentrés à Dakar. Le manque de médecins urgentistes rend difficile l’organisation de la prise en charge. La plupart du personnel est composé d’étudiants en spécialités ou d’internes. Au niveau de l’accueil, les plaintes et les complaintes de patients ne cessent de se multiplier. Des malades sont laissés à eux même sans la moindre indication pour rejoindre les services. Une situation qui contribue à retarder la prise en charge sanitaire.
LE PRESIDENT MACKY SALL S’Y MET
En Conseil des ministres du 01 juin dernier, le Président de la République Macky Sall avait invité le ministre de la Santé et de l’Action sociale à préfigurer, d’ici fin juin 2022, même si les réformes ne sont pas effectives, « les bases stratégiques d’une réforme hospitalière intégrale et de grande envergure, en veillant notamment à l’optimisation et la complémentarité de la carte sanitaire pour évoluer vers des pôles d’excellence hospitaliers spécialisés; l’évaluation et la professionnalisation des personnels de santé ; la fonctionnalité des constructions et équipements requis, au renforcement et à la maintenance du plateau médical ; la mise à niveau des services d’accueil et d’urgence ; l’efficience du modèle économique des hôpitaux prenant en compte la dette et la facturation maîtrisée des prestations ; la bonne gouvernance et aux performances des structures ». Le Chef de l’Etat avait, en outre, demandé au chef du département de la Santé, d’engager, sans délai, la généralisation des processus de management qualité dans toutes les structures sanitaires du pays, en vue d’améliorer l’accueil des patients, les offres de soins et la gouvernance sanitaire.