CANCER DE LA PROSTATE, RADIOSCOPIE D’UNE TUMEUR FATALE AUX HOMMES
Chaque année, le Sénégal enregistre 880 nouveaux cas de cancer de la prostate et déplore 504 décès causés par cette pathologie considérée comme le quatrième cancer
Chaque année, le Sénégal enregistre 880 nouveaux cas de cancer de la prostate et déplore 504 décès causés par cette pathologie considérée comme le quatrième cancer. Devant ce sinistre tableau, le mois de novembre est dédié à la sensibilisation et à la lutte contre le cancer de la prostate qui fait des ravages chez les hommes.
Envie d’uriner anormalement fréquente, miction difficile voire douloureuse, incontinence urinaire… Voilà autant de signes qui informent sur une possibilité de cancer de la prostate. Dès lors, le sujet doit aller se faire consulter pour une prise en charge précoce afin d’éviter les complications liées au cancer de la prostate. Glande de l’appareil reproducteur masculin, la prostate est située tout juste sous la vessie. Et comme un anneau, elle entoure l’urètre, ce canal par lequel l’urine et le sperme sortent à l’extérieur du corps. Le rôle de la prostate «est de produire le liquide prostatique (une des composantes du sperme avec le liquide séminal) et les spermatozoïdes, de stocker temporairement le sperme avant l’éjaculation, puis de se contracter au moment de l’éjaculation, participant ainsi à l’expulsion du sperme». Lorsque cette membrane est touchée par des cellules cancéreuses, on parle de cancer de la prostate. Un tour à l’hôpital Dalal Jamm, la seule structure publique qui prend en charge les malades du cancer après la fermeture de l’hôpital le Dantec, permet de mesurer les ravages que cette maladie fait dans notre pays.
C’EST QUOI LE PSA ?
Sécrétée de façon exclusive par la prostate, le PSA est une protéine qui circule dans le sang. Il est possible de doser sa concentration par une prise de sang. Lorsque l’on souffre d’une maladie de la prostate (infection, adénome ou cancer), le taux de PSA augmente. Le dosage du PSA est un examen de référence pour faire le diagnostic du cancer de la prostate. Le PSA est un marqueur de l’activité de la prostate. Pour le doser, on réalise une prise de sang, les résultats obtenus étant exprimés en nanogrammes par millilitre (ng/ml). On estime habituellement que le PSA est normal lorsque son taux est de 4 ng/ml (2,5 ng/ml avant 50 ans et 6,5 ng/ml au-delà de 70 ans). Néanmoins, qu’il soit plus élevé ou plus bas ne signifie pas qu’on présente une pathologie prostatique. À lui seul, le dosage du PSA ne signifie rien. Il doit nécessairement être complété par des examens cliniques supplémentaires.
«MON CANCER EST REVENU QUELQUES ANNEES APRES MON ABLATION»
Beaucoup d’hommes contractent la maladie sans le savoir, parce que n’ayant pas de signes au début. C’est en 2016 que Abdoulaye Konaté, retraité depuis plusieurs années, vit avec la maladie. Chaque année, il se faisait consulter. C’est au cours de ces consultations de routine qu’on lui a diagnostiqué une tumeur en 2016. Agé de 72 ans et ayant eu des enfants, il a été encouragé par son médecin à faire une ablation de la prostate. Elle accepte la proposition. L’intervention effectuée en Tunisie et lui avait coûté la somme de 3 millions Fcfa. Après cette expérience, Abdoulaye Konaté pensait en avoir fini avec le cancer, mais l’année dernière, il a découvert que le «monstre» est revenu. «Je continuais à faire mes traitements et analyses de routine. A la fin de l’année 2021, ils ont découvert que le Psa était élevé et on m’a demandé de faire la radiothérapie. J’ai dépensé plus de 5 millions Fcfa depuis qu’on m’a diagnostiqué la maladie», indique le vieux retraité.
«JE N’AVAIS AUCUN SIGNE, J’AI DECOUVERT LA MALADIE PAR PUR HASARD»
Rencontré à l’hôpital Dalal Jamm, Ibrahima Mbengue indique qu’il n’avait aucun signe lorsqu’on lui a fait part de sa maladie. «J’étais en mission en France et j’en ai profité pour faire un bilan et les médecins ont découvert que le Psa était élevé. Depuis lors, je suis mes traitements. C’est pourquoi, je conseille aux hommes de faire des bilans pour voir, car on peut avoir le cancer sans s’en rendre compte».
QUAND UN AGENT DE SANTE SE SOUVIENT DE SON DEFUNT PERE
Agent médical dans une structure de la place, Mame Fatou Niang a vu son père mourir du cancer de la prostate. C’est en fin 2017 que son vieux papa qui était âgé de 80 ans a appris sa maladie. Au début, il avait le cou qui lui faisait mal. Pensant que c’était un courant d’air, il se massait avec du beurre de karité. Comme le mal persistait, le vieux a fini par raconter à sa fille que ses urines étaient maculées de sang.Ainsi, il est conduit à l’hôpital pour faire des analyses afin de connaître le niveau de Psa. «On a découvert que le Psa était élevé. C’est le début du calvaire. On devait faire tout un tas d’analyses. Certains examens devaient être faits en France. Donc nous avons dépensé beaucoup d’argent, mais son état de santé se dégradait de jour en jour. Après plusieurs hospitalisations, il a fini par être dans le coma avant de rendre l’âme en mai 2018», raconte en pleurs la dame.