TABAGISME, DES MEDECINS OUTILLES SUR LE SEVRAGE TABAGIQUE
Une formation au sevrage tabagique, destinée à dix médecins venus de cinq régions du pays, a démarré lundi à Thiès
Thiès, 13 déc (APS) - Une formation au sevrage tabagique, destinée à dix médecins venus de cinq régions du pays, a démarré lundi à Thiès, a constaté l’APS.
Les médecins choisis pour cette formation, qui va se poursuivre jusqu’à jeudi, viennent de Dakar, Kaolack, Saint-Louis, Thiès et Ziguinchor. Les participants, à raison de deux par région, revisiteront, entre autres les critères de tabagisme, de dépendance, ainsi que leurs conséquences multiples sur la santé.
Les participants seront initiés à l’entretien motivationnel avec le patient fumeur lors de ce séminaire, qui sera aussi un moment de plaidoyer en faveur de la disponibilité des moyens médicamenteux de sevrage tabagique, a relevé Professeure Nafissatou Oumar Touré Badiane, chef du service de pneumologie de l’Hôpital Fann.
Selon elle, les médicaments anti-tabac restent peu disponibles et très coûteux au Sénégal.
Financée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette formation sera assurée par une équipe du service de pneumologie de l’Hôpital Fann.
Malgré les ‘’progrès notables’’ qu’il a réalisés en matière de lutte contre le tabagisme, le Sénégal ‘’connaît des limites’’ liées à la prise en charge de la dépendance tabagique en milieu hospitalier, indiquent les organisateurs dans un document.
Le Sénégal compte cinq spécialistes de la prise en charge de la dépendance tabagique, pour trois à quatre structures, a noté Mame Mbayam Guèye Dione, adjoint au coordonnateur du Programme national de lutte contre le tabac (PNLT).
La prise en charge de la dépendance au tabac se limite à trois hôpitaux de la capitale, à savoir l’Hôpital Fann, l’Hôpital Principal et l’Hôpital général de Grand Yoff (Hoggy), en plus du Cepiad qui s’occupe de toutes addictions confondues (drogue, alcool et tabac).
D’où la nécessité, selon elle, de ‘’décentraliser et démocratiser’’ ce service, et de mettre à contribution les infirmiers, sages-femmes et médecins.
Le Sénégal envisage de mettre en place un centre de sevrage tabagique et des unités de sevrage tabagique dans les hôpitaux, dans le cadre de son Programme national de lutte contre le tabac (PNLT), indique un document.
Cet atelier de formation de dix médecins formateurs, se tient en attendant la mise sur pied de ces structures de prise en charge. Une fois formés, ces soignants formeront à leur tour, les équipes cadres de région et de district.
A travers une formation en cascade, à terme au moins une centaine de prestataires de soins primaires, sages-femmes d’Etat et infirmiers chefs de poste (ICP), verront leurs capacités renforcées en matière de sevrage tabagique dans les régions ciblées.
Au Sénégal, 6% de la population sont des fumeurs, a indiqué Professeure Touré, évoquant les conséquences du tabagisme passif.
Une enquête réalisée en 2020 dans 10 régions du pays, avait montré que l’âge auquel les jeunes commencent à fumer était passé de 10 ans en 2013 à 7 ans.
Sur cette base, un référentiel de lutte contre le tabagisme en milieu scolaire a été validé la semaine dernière à Thiès, a dit Mame Mbayam Dione.
Une enquête sur le tabagisme au sein de la population adulte prévue en 2022 en collaboration avec l’ANSD, permettra de déterminer l’impact de toutes les actions en cours, a-t-elle dit, relevant que ‘’le tabagisme a tendance à baisser au Sénégal’’.
Une loi anti-tabac votée depuis 2014 attend encore son décret d’application, et d’autres sont dans le circuit, a rappelé Dr Adja Mariétou Diop, qui représente la Ligue sénégalaise contre le tabac (LISTAB) à cet atelier.