Doit-on s’alarmer de la baisse de niveau des enseignants ? Une question que se posent encore nombre d’observateurs à cause de l’ampleur du phénomène dans le système éducatif national. Si pour certains, point n’est besoin d’être un expert pour reconnaître cette situation, pour d’autres il faut tout de même la relativiser dans ce contexte marqué par la hausse du minimum requis en termes de diplômes pour aspirer à devenir enseignant.
Si la baisse du niveau des élèves ne fait plus de doute, les raisons de cette situation, elles, font encore l’objet d’un débat au sein de l’opinion. Alors que certains y voient les effets de la massification des effectifs, d’autres pointent du doigt plutôt le système de formation des enseignants. Formation insuffisante, manque de motivation, etc., sont autant de causes qui seraient à l’origine de la plupart des problèmes que rencontrent les élèves.
Trouvé dans son bureau entouré de documents à l’école Khalifa Mansour de Dalifort, le diplôme d’Honneur accroché sur un tableau, Maguèye Faye, Directeur de cet établissement d’enseignement privé n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il est formel sur la question. Le niveau des enseignants, a-t-il reconnu, a fortement baissé depuis des lustres. Cet enseignant de formation est nostalgique même du passé quand il parle de formation des enseignants. Il est établi que l’enseignement est un métier à apprendre, rappelle M. Faye. Il revient sur ce qui se faisait dans le passé en termes de d’encadrement dans le système éducatif. Le Sénégal, dit-il, a connu une longue évolution de ses systèmes de formation aussi bien en matière de structures que d’approches. On peut citer les écoles normales, les centres de formation pédagogiques avant la mise en place des écoles de formation des instituteurs (Efi) remplacées aujourd’hui, par les Centres régionaux de formation des personnels de l’éducation et de la formation (Crfpe).
Le curriculum de base, une équation
Si pour la plupart des personnes-ressources interrogées c’est la massification à outrance notée dans le recrutement des enseignants pour réduire de manière considérable le déficit dans le système qui est à l’origine de la baisse de niveau noté chez les enseignants, d’autres indexent, pour le déplorer, l’instauration durant les années 2000 du curriculum de base comme principal outil de formation dans le secteur. « Le niveau a complétement baissé et pour moi, cela est dû à l’instauration de ce qui est appelé le curriculum de base », indique Maguèye Faye. Il cite aussi l’arrivée des volontaires de l’éducation dans le système. Parmi ceux-ci, dit-il, on retrouve des gens qui n’avaient pas le diplôme requis pour prétendre à ce métier. « Des enseignants ont intégré le système alors qu’ils n’ont pas fait de formation », rappelle M. Faye.
Mais, à en croire le Directeur d’école, c’est surtout le problème du curriculum de base qui est à l’origine de cette baisse de niveau des enseignants. Aujourd’hui, dit-il, il y a un grand fossé entre la formation classique qui se faisait dans des établissements d’alors comme les écoles normales régionales et ce qui se passe actuellement dans les établissements de formation d’enseignants. « À l’époque, le candidat faisait bac+4 et bénéficiait d’une formation pointue. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, où souvent on ne fait que six mois ou tout au plus une à deux années pour intégrer les classes », note M. Faye. Et de rappeler que la plupart des sortants des anciennes écoles sont devenus, aujourd’hui, des Directeurs d’écoles ou des inspecteurs de classe exceptionnelle. En dehors de l’Ecole normale, il y avait aussi le Centre de formation pédagogique et spécial. Il était logé à Thiès et ne recrutait que des bacheliers, se souvient l’ancien instituteur. « Il fallait avoir le Bac et faire cette école pour une année de formation. En plus de ça, quand les écoles normales régionales ont disparu, il y avait les écoles de formation d’instituteurs (Efi). C’était aussi une formation très sérieuse, indique M. Faye. Dans les Efi, il fallait avoir aussi le Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) ou le Bac et faire une formation de deux ou trois ans avant d’exercer le métier, se rappelle avec nostalgie le Directeur de Khalifa Mansour.
Aussitôt après la disparition de ces structures de formation décentralisées même au niveau régional, apparaît le corps des volontaires de l’éducation. « Une cassure », note l’enseignant. Les candidats ne subissaient qu’une formation d’un ou deux mois seulement. « C’est un problème », a dit M. Faye. Il attire aussi l’attention sur le fait que « être aujourd’hui bachelier, cela ne veut pas dire avoir un bon niveau et ce sont ces gens qui se retrouvent comme enseignants dans les classes ». Il s’étonne du fait que des formations durent juste un ou deux mois ou tout au plus 6 mois. « Avec ça comment peut-on avoir un bon niveau ? » s’interroge M. Faye. Il y a eu plusieurs paramètres qui ont conduit à cette situation, estime-t-il. M. Faye de citer, entre autres, le chômage des jeunes et la quête de l’emploi à tout prix.
La formation initiale, un facteur à ne pas négliger
Au-delà du curriculum de base, un autre aspect est devenu plus qu’une certitude quand on parle de baisse de niveau dans le corps enseignant, selon les acteurs du secteur. La formation initiale. Nombre d’observateurs du secteur de l’éducation ainsi que les hommes du sérail lancent à qui veut l’entendre que la formation initiale dans son contenu même constitue aussi un problème. « Elle n’est pas suffisamment satisfaisante pour assurer la compétence, voire la qualification professionnelle tout au long de la carrière des enseignants », affirme Cheikh Mbow, Directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep). Malgré le fait que des structures de formation actuelles disposent de référentiels acceptables, M. Mbow estime que les conditions matérielles et logistiques des écoles de formation, ainsi que les limites dans l’encadrement et les effectifs pléthoriques remettent en cause l’efficacité des stratégies de formation.
Des efforts importants sont nécessaires pour rendre les enseignants suffisamment compétents, moralement aptes, socialement forts pour faire face aux nombreuses mutations exigées par le métier. Dans cette perspective, il convient de prendre en considération un certain nombre de paramètres indispensables. S’y ajoutent aussi, de l’avis de Cheikh Mbow, « l’absence d’innovations et le manque de réajustement des contenus et des approches ». En outre, dit-il, l’insuffisance des moyens matériels, l’inadéquation des équipements et la courte durée de la formation font que l’accent est souvent mis sur la didactique des disciplines au détriment des autres compétences. Ce qui fait dire à M. Mbow que « la prise en compte de l’éthique et de la déontologie dans la formation des enseignants est aujourd’hui une urgence au regard des crises que traverse le système éducatif ». Il déplore le fait que la durée de la formation initiale évolue en fonction des circonstances. Celle-ci est passée de 4 ans puis 3 ans voire même 1 an, 45 jours ou 9 mois au besoin, déplore cet enseignant devenu membre de la société civile éducative. Pire encore, il a été signalé qu’aujourd’hui, la formation initiale ne dépasse pas souvent les 5 ou 6 mois dans les Centre régionaux de formation des personnels enseignants (Crfpe).
Des doyens du métier confirment
Le doyen Maguèye Kassé, Professeur titulaire des universités à la retraite, interpellé sur le sujet, abonde dans le même sens. Il reconnaît la baisse de niveau chez les enseignants. « C’est un problème qui est très important. Le niveau des enseignants à qui nous avons confié la charge très lourde de transmettre du savoir dans la tête des enfants depuis le préscolaire jusqu’à l’université a véritablement baissé », a dit le Pr Kassé. Nostalgique, Maguèye Kassé renvoie au passé. « C’est pourquoi j’étais contre le fait de transformer l’Ecole normale supérieure en Faculté. Puisque l’université est composée d’écoles supérieures universitaires et de facultés dont les missions sont relativement différentes », note M. Kassé. L’Ecole normale supérieure, a dit le Pr Kassé, avait en charge de former les enseignants à tous les niveaux jusqu’à l’université. Elle leur donnait le background nécessaire plus une culture générale pour bien exercer le métier. « Parce qu’un enseignant qui n’a pas de culture générale ne peut pas être un bon enseignant », martèle le doyen. Maguèye Kassé de préciser que « ce n’est pas parce qu’on sait beaucoup de choses qu’on est capable de les transmettre ». L’Ecole normale supérieure avait cette capacité de transmettre ce qu’on avait appris pour que les étudiants ou les élèves qu’on aura dans les classes puissent être dans une situation de plaisir d’apprendre parce que l’apprentissage est, avant tout, un acte de plaisir, souligne-t-il. « Or, de plus en plus, nous nous rendons compte qu’il y a eu des dérives dans les recrutements. Le quota sécuritaire, pour ne citer que cet exemple, a été un désastre », se désole M. Kassé. Tout le monde ne peut être enseignant. Être enseignant, c’est une vocation, c’est un sacerdoce, rappelle Maguèye Kassé.
Ces propos sont également confirmés par le Pr Babacar Diop dit Buuba. Historien et ancien médiateur de l’Ucad, Buuba de rappeler que le débat sur le niveau des enseignants est loin d’être un sujet nouveau. Plus nuancé, le Pr Buuba estime qu’il faut comparer ce qui est comparable. Le niveau a baissé par rapport à quoi ? S’interroge-t-il. Si c’est pour parler français, dit-il, c’est sûr que le niveau des enseignants a baissé. « À l’époque, il y avait les exigences du système colonial. On apprenait le français comme les Français. J’apprenais le latin et le grec et il m’arrivait de parler français mieux que les Français, de dire des mots qu’ils ne comprenaient pas », affirme Babacar Diop dit Buuba qui trouve la parade pour revenir sur l’ancienne époque.
« Il y avait des enseignants qui étaient formés à l’époque mais selon des schémas avec des objectifs différents de l’état actuel », rappelle Babacar Diop. « Aujourd’hui, s’interroge-t-il, dans ce contexte où l’État mène des combats pour les langues nationales, si quelqu’un arrive à expliquer un cours d’Histoire-Géographie ou de Mathématiques en wolof est-ce que son niveau a baissé même s’il ne parle pas bien français ? ».
L’enseignant, comme le confirme le Président de la Coalition nationale Education pour tous (Cnept), Silèye Gorbal Sy, est le premier intrant du système, c’est pourquoi, soutient-il, celui-ci doit être bien formé et se parfaire aussi dans le temps.
Le clientélisme politique dans les recrutements, un facteur limitant
Selon nos interlocuteurs, la baisse de niveau chez les enseignants s’est accentuée avec l’arrivée de nouvelles catégories d’enseignants communément appelées les « corps émergents » dans le système éducatif. Le phénomène, de l’avis de certains acteurs du milieu, est marqué par le clientélisme politique noté dans les recrutements. Cette politique, soutient Silèye Gorbal Sy, Président de la Cnept, a contribué à ternir la fonction et à impacter négativement la qualité et le niveau. Selon lui, il y a aussi le fait que certains ne choisissent plus le métier par vocation mais pour trouver juste un emploi et subvenir aux besoins. « Le défi dans le système, c’est de disposer suffisamment d’enseignants de qualité pour que l’école puisse fournir de bons produits », indique M. Sy.
Avis mitigé des concernés
M. Diédhiou, enseignant dans une école publique de la banlieue dakaroise, reconnaît le problème de la baisse de niveau dans son corps. Entre autres raisons avancées par notre interlocuteur qui a préféré ne pas divulguer entièrement son identité ni le nom de son établissement, pour diverses raisons, il cite d’abord le manque de culture de la langue enseignée. « Les gens ne lisent plus. On ne se donne pas le temps de lire et de fréquenter les bibliothèques », déplore-t-il. Il pense que la situation va s’aggraver davantage surtout avec l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, notamment les réseaux sociaux. « Le français est écrit aujourd’hui n’importe comment par les élèves dans les réseaux sociaux et on n’oublie que ce sont ces enfants qui deviendront après des enseignants », a dit M. Diédhiou. Il évoque aussi le problème des programmes enseignés en classe. « Ils sont vaste et longs et on a du mal à les maîtriser et cela influe sur la formation des élèves appelés aussi à devenir enseignants. C’est la racine du mal », note-t-il.
Monsieur Barro, enseignant à l’Académie de Pikine-Guédiawaye, ne dit pas non plus le contraire. Comme son collègue Diédhiou, lui aussi reconnaît la baisse du niveau des enseignants. Il s’empresse toutefois de la justifier par les politiques de massification développées dans le secteur depuis belle lurette. Celles-ci sont marquées par l’avènement des corps dits émergents pour diverses raisons.
Hamidou Diédhiou du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels) estime que le mode de recrutement est un facteur déterminant quand on parle de niveau des enseignants. La tendance actuelle du mode de recrutement (le Bac au minimum) aura des répercussions positives sur le niveau des enseignants.
Le cri du cœur des parents d’élèves
« Point n’est besoin d’être un expert pour se rendre compte qu’il y a une véritable baisse du niveau des enseignants et des enseignements-apprentissages au Sénégal. C’est un constat partagé par tous », note Abdoulaye Fané, Président de l’Union nationale des parents d’élèves et étudiants du Sénégal (Unapes). Le niveau des enseignants a fortement baissé, dit-il, avant d’ajouter que cela est dû au système de formation et au niveau des candidats à ce métier. « On se rend compte que depuis l’avènement des volontaires et autres vacataires dans le système, le niveau a commencé à baisser car la plupart des candidats à ces corps émergents n’ont ni la compétence ni le niveau », affirme l’ancien inspecteur de la jeunesse. Il indexe aussi une certaine démotivation notée dans l’exercice du métier ainsi que les grèves cycliques. Mais, soutient-il, depuis 2012, il y a eu des avancées avec le Ministre Serigne Mbaye Thiam qui a introduit une nouvelle réforme qui relève le niveau de recrutement au diplôme du Bac. « Cela peut déteindre sur la qualité à la longue », espère M. Fané.
Le retour à l’ancienne méthode préconisé
Pour le Pr Buuba Diop, le retour à la méthode classique de formation est la seule solution pour relever le niveau dans le corps enseignant. Un enseignant doit être bien formé, martèle le doyen. Une formation, dit-il, ne doit pas être bâclée. Et c’est regrettable d’en arriver à cette situation, déplore Babacar Diop dit Buuba. Il préconise la tenue d’une étude pour évaluer l’ensemble du système.
Les corps de contrôle qui sont composés d’inspecteurs de l’enseignement vivent le même problème. Comment un inspecteur qui n’est pas bien formé peut encadrer, suivre et évaluer un enseignant ? s’interroge Maguèye Faye, Directeur d’école.
LE BON FILON DES RÉPÉTITEURS
Face aux grèves incessantes dans le système éducatif, les parents, soucieux de l’avenir de leurs enfants, sollicitent l’encadrement des élèves par des répétiteurs. Ces «professeurs particuliers» voient ainsi leur business décoller
C’est l’un des métiers en vogue. Face aux grèves incessantes dans le système éducatif, les parents, soucieux de l’avenir de leurs enfants, sollicitent l’encadrement des élèves par des répétiteurs. Enseignants à la retraite ou étudiants pour la majorité, ces «professeurs particuliers» voient ainsi leur business décoller. Pour leur plus grand bonheur.
C’est devenu un rituel. Depuis deux ans, chaque soir, le domicile de Daouda, sis à la Sicap Liberté, est assiégé par les potaches. Chaque jour, vers 17 heures, une dizaine d’élèves convergent vers son domicile. Munis, pour la plupart, de cartables et de classeurs, ces joyeux drilles vêtus de pull-over font irruption dans le logement. Dans cette bâtisse peinte en marron, constitué de quatre pièces, une attire particulièrement l’attention des adolescents. Une fois le seuil de ce local franchi, la vue est frappante. L’on se croirait dans une salle de classe, tant l’endroit est bien organisé. Ici, sept tables se font face, autour desquels, sont soigneusement rangées des chaises. A côté de l’entrée à gauche, un imposant tableau noir est visible. Une boîte de craies trône sur une table, juste à côté du bureau de Daouda. Les bambins en file indienne rejoignent leurs places respectives. L’endroit est assez bruyant. Des cris par-ci, des exclamations par-là. Mais, l’irruption de Daouda met fin au vacarme. Plus aucun bruit n’est perceptible. Le professeur est là ! Le cours peut commencer. Daouda Diatta est un répétiteur. Depuis 2018, l’enseignant à la retraite donne des cours à domicile. Agé de 62 ans, après trois décennies de dur labeur, ce père de famille s’est tourné vers ce domaine afin de joindre les deux bouts. Engoncé dans un kaftan blanc, il explique : «Depuis 2018, je donne des cours de Mathématiques et de Sciences physiques à domicile à des élèves de 3e secondaire pour pouvoir boucler sans anicroches mes fins de mois.» Son emploi du temps est plutôt flexible. «L’horaire est assez simple. C’est du lundi au vendredi : de 18H à 20H», assure le professeur de Mathématiques. Cependant, depuis trois mois, Daouda a vu le nombre de ces élèves augmenter. Du simple, il est passé au double. Le mouvement d’humeur des enseignants est sûrement passé par-là. «Au début de l’année, j’avais 10 élèves sous mon aile et maintenant, ils sont au nombre de vingt. Les parents ont peur que leurs enfants ne terminent pas à temps leurs programmes. Donc, ils se sont tournés vers les répétiteurs pour combler les lacunes de leurs enfants.» Une situation qui est loin de déranger le professeur à la retraite. Daouda y trouve véritablement son compte. «Actuellement, j’ai 20 élèves et chacun paye 15 000 FCfa, le mois. Ce qui me fait 300 000 FCfa le mois. Donc, oui je ne me plains pas», assure, la main sur le cœur, ce père de famille.
C’est devenu un business très lucratif. Dernièrement, l’Ecole sénégalaise a été fortement perturbée par des grèves répétitives du corps professoral. Les parents, soucieux de l’avenir de leurs enfants, se sont tournés vers les répétiteurs. Une aubaine pour ces enseignants qui voient leur activité décoller.
«Je suis passé de 5 à 15 élèves pour 15 000 FCfa chacun»
Abdoulaye Diarra acquiesce. Professeur de Français au Lycée Blaise Diagne, l’homme âgé de 35 ans donne des cours particuliers de Français à des élèves en classes d’examen (Troisième et Terminale). Ce jour-là, Abdoulaye Diarra nous reçoit dans son domicile au populeux quartier de la Médina de Dakar. Dans le salon sommaire décoré d’un appartement où seules deux chaises et une télévision font office de mobilier, l’homme a vite fait d’être à tu et à toi. La silhouette athlétique, l’enseignant est fourré, en ces temps de fraicheur, dans un blue-jean, une veste blazer sans épaulettes semi-ajustée et un pull col roulé. Après l’accueil chaleureux et franc, l’homme entre dans le vif du sujet. Voici plus de cinq ans maintenant que le professeur de Français gagne de l’argent en encadrant des élèves. Confortablement installé sur l’une des chaises, Professeur Diarra explique : «Un répétiteur a pour fonction d'aider l'élève à apprendre ses cours et faire ses devoirs dans une matière. Il reprend ainsi, avec l'élève, les cours qu'il a eus, l'aide à les apprendre. Il intervient également souvent lorsque l'élève a besoin d'un cadre pour travailler, d'un suivi et d'une vérification, de méthode, sans qu'il soit question de compétences ou de grosses lacunes.» Autrement dit, le rôle d’un professeur particulier est d’encadrer ses élèves dans une des matières dominantes. Tout comme Daouda Diatta, Abdoulaye a, lui aussi, vu son nombre d’élèves s’accroitre de façon considérable. «Cela fait plus de cinq ans que j’allie mon métier d’enseignant à celui de répétiteur. Mais, cette situation me prend réellement de haut. Depuis janvier, je suis passé de cinq à quinze élèves. Depuis janvier, les parents d’élèves étaient dans la tourmente à cause des multiples grèves. La plupart d’entre eux étaient inquiets par rapport à l’avenir de leurs enfants. Donc, ils m’ont contacté et j’ai accepté d’encadrer leurs enfants», confesse-t-il. La voix rauque, le professeur de Français a, aujourd’hui, quinze élèves sous son aile. «Je les encadre en fonction de mon emploi du temps. Ils habitent tous dans la zone de Médina-Hlm et Sicap-Liberté. Donc chaque semaine, je les vois pendant deux tours d’horloge.» Et pour l’homme, le jeu en vaut largement la chandelle. «Chaque élève me paye 15 000 FCfa pour les deux heures de cours par semaine. A chaque fin du mois, je me retrouve avec 225 000 FCfa en plus de mon salaire de professeur», renchérit-il. Abdoulaye, lui, se déplace au domicile de ces élèves. «J’ai un assez petit studio, donc, je ne peux pas y recevoir des élèves à encadrer. Je préfère effectuer le déplacement, étant donné que leur domicile n’est pas trop loin de la Médina», confie sans détour le Professeur de Français.
«Les parents sont dans la tourmente, ils se tournent vers nous»
Les cours particuliers sont devenus, pour beaucoup, une source de revenus non négligeable. En effet, si pour certains cette activité permet de joindre les deux bouts, pour d’autres, c’est tout bonnement un salaire mensuel en bonne et due forme qu’ils engrangent. Et c’est le cas de Ndèye Sokhna. Etudiante en Master 2 à la Faculté des Sciences de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, la dame de 28 ans est devenue répétiteur en Mathématique et en Physique-Chimie. «La grève des enseignants et les effectifs pléthoriques ne permettent pas d’encadrer convenablement les apprenants. Par conséquent, les parents d’élèves qui désirent mieux former leur progéniture, s’attachent les compétences de répétiteurs. Et puis, il y a que le marché du travail est devenu de plus en plus concurrentiel, plus exigeant. Les portes ne s’ouvrent qu’à ceux qui vont loin dans les études. Et c’est mon cas», explique d’emblée Ndèye Sokhna. N’ayant pas de travail, la jeune femme a décidé de se consacrer entièrement à ce métier. «Aujourd’hui, j’ai douze élèves à encadrer. Les deux sont en Troisième, l’un est en classe de Première et les autres sont en classe de Terminale S», confesse Ndèye Sokhna. Drapée d’une robe large verte avec un voile noir qui lui recouvre la tête, elle estime qu’il y a une assez forte demande. «Aujourd’hui, la demande est assez importante. Et, de façon générale, les gains varient selon les niveaux d’études des élèves et peuvent, dans certains cas, approcher la barre des 250 000 FCfa par mois», argue, avec un large sourire, l’étudiante. Qui rembobine : «Si auparavant, seuls quelques privilégiés pouvaient s’offrir le luxe des cours particuliers, de nos jours, la porte est ouverte à toutes les bourses. C’est qu’en la matière, ces dernières années, l’offre s’est considérablement étoffée…»
«Entre 300 000 et 450 000 FCfa/mois»
Même son de cloche pour Serigne Fallou. Voici maintenant plus de trois ans que l’homme âgé de 31 ans s’adonne au métier de répétiteur. Dans son quartier au Hlm, il est l’un des enseignants les plus connus et, de loin, l’un des plus respectés. La voix forte, Serigne Fallou explique : «Pour lutter contre l'échec scolaire et améliorer le rendement des écoliers, les parents et enfants ont recours aux cours à domicile. Le répétiteur expliquera ainsi aux élèves les exercices de manière différente en employant un vocabulaire plus proche de l'élève, dans une atmosphère familiale et plus détendue. Dans la plupart des cas, l'élève va reprendre confiance en ses capacités et surmonter ses difficultés», confie Fallou. Généralement, ce sont des étudiants qui jouent le rôle de répétiteurs. «Le premier job des étudiants, c’est les cours à domicile. Ils excellent dans ce domaine. L’un des avantages des répétiteurs est le salaire après le ré-encadrement. Ces derniers sont généralement payés mensuellement. Et c’est une bonne chose.» Emmitouflé dans un jean bleu délavé et une chemise blanche portant des rayures grises, le répétiteur enchaîne : «Les salaires diffèrent chez chaque répétiteur en fonction des matières et des heures consacrées aux élèves. Pour les élèves du Primaire, confie le répétiteur, «les prestations sont dans l’ordre de 5 000 FCfa/enfant. Pour les collégiens, certains montent encore plus les frais. Et pour les lycéens, chaque matière a son prix. Souvent, je peux me retrouver avec 150 000 FCfa/mois pendant que d’autres peuvent se retrouver avec 300 000, voire 450 000 FCfa/mois». Des sommes considérables que dépensent les parents sénégalais pour la réussite de leurs enfants. Au grand bonheur des répétiteurs.
L’UGB VEUT BOOSTER LES CHOSES
L’université Gaston Berger de Saint-Louis se met en ordre de bataille contre la faible contribution de l’Afrique dans la production de publications scientifiques dans le monde
Un colloque international de trois jours s’ouvre demain, mardi 15 mars, à l’université Gaston Berger de Saint-Louis. Invité du jour de l’émission Objection de la radio Sudfm hier, dimanche 13 mars, le professeur Ousmane Thiaré par ailleurs, recteur de l’Ugb a indiqué que cette rencontre qui portera sur « les défis et enjeux de la recherche » vise à corriger la faible contribution de l’Afrique dans la production des publications scientifiques dans le monde.
L’université Gaston Berger de Saint-Louis se met en ordre de bataille contre la faible contribution de l’Afrique dans la production des publications scientifiques. Invité du jour de l’émission Objection de la radio Sudfm hier, dimanche 13 mars, son recteur, le professeur Ousmane Thiaré a annoncé la tenue d’un colloque international de trois jours à partir de demain, mardi 15 mars, à l’université Gaston Berger de Saint-Louis sur « les défis et enjeux de la recherche ».
Face à notre confrère Baye Oumar Guèye, le professeur Ousmane Thiaré a indiqué que ce rendez-vous qui va réunir plus de 300 acteurs et chercheurs africains vise à corriger la faible contribution de l’Afrique dans la production des publications scientifiques dans le monde qui est de l’ordre de -3%. Poursuivant son propos, le recteur de l’université Gaston Berger de Saint-Louis a annoncé à ce titre le lancement d’une grande revue scientifique de qualité globale qui va paraitre de manière régulière et dont le but est de permettre aux Africains de publier leurs travaux de recherche axés sur les problématiques des sociétés africaines.
Par ailleurs, s’exprimant sur le rôle et la place des universitaires sénégalais dans le développement du pays, le professeur Ousmane Thiaré a indiqué que désormais de plus en plus, des recherches sont orientées vers les besoins des populations. « Ce qu’il faut noter dans la formation, depuis quelques années, c’est que maintenant, il ne s’agit plus de s’enfermer, comme on le faisait dans le temps, pour définir nos curricula de formation. Nous utilisons maintenant ce qu’on appelle le concept d’approche par compétence où nous devons aller regarder les besoins des populations, des entreprises et de l’Etat », a-t-il expliqué avant d’ajouter dans la foulée.
« Je pense que le développement repose essentiellement sur l’économie de l’innovation. Aujourd’hui, les pays qui ont fait des bonds significatifs, en termes de croissance, ont fait des choix drastiques par rapport à la recherche. Le développement et la recherche sont les piliers pour faire émerger nos pays ».
RESPECT DU QUANTUM HORAIRE, MAMADOU TALLA APAISE LES INQUIÉTUDES
Après le dénouement heureux de la crise scolaire, l’heure est au bilan concernant non seulement l’impact du mouvement d’humeur des syndicats d’enseignants sur les enseignements, mais aussi comment s’organiser pour rattraper le temps perdu.
Après le dénouement heureux de la crise scolaire, l’heure est au bilan concernant non seulement l’impact du mouvement d’humeur des syndicats d’enseignants sur les enseignements, mais aussi comment s’organiser pour rattraper le temps perdu. D’emblée, le ministre de l’Education nationale se veut rassurant vis-à-vis des apprenants. Selon Mamadou Talla, l’impact de la grève ne sera pas très négatif. A l’en croire, seuls 28 jours ont été perdus. Et, avec le quantum horaire prévu par le ministère, ces 28 jours seront bien comblés.
« Nous avons convoqué tous les inspecteurs d’académies (IA) pour faire le point. En réalité, depuis cinq ans, cette année scolaire (2021 – 2022) est la plus longue avec 1270 heures de cours prévues alors que la norme internationale, selon la Banque mondiale et l’Unesco, est de 900 à 1000 heures. Donc, comprenez qu’il n’y a aucun risque pour les élèves qui sont dans les classe d’examen, ni pour ceux qui sont dans les classes intermédiaires. L’expérience du ministère de l’Education nationale dans les situations d’urgence sera encore de mise pour une bonne prise ne charge de l’intérêt de l’élève », a-t-il laissé entendre dans les colonnes du journal Le Soleil.
MÉMORIALES, PAR ELGAS
MULTIPLE PHOTOS
ABDOULAYE NDIAYE, PETIT PRINCE DE LA FASTEF
EXCLUSIF SENEPLUS - À la fois creuset et tombe, victime des spasmes qui l’agitent et qui portent ombrage à la réalité de certains de ses destins les plus brillants, l’UCAD tient encore sur les piliers d’une formation de qualité
Son dernier texte, modeste mémoire de Master 2, a presque valeur de testament. En le soumettant en 2016 à ses examinateurs, ses rêves s’illuminaient déjà dans sa tête. Ce doctorat en ligne de mire par exemple, pour lequel il avait une optique si claire et des perspectives si lumineuses. Confié à son superviseur Cheikh Moctar Ba, et sous la direction de Mamoussé Diagne, c’est un texte d’une extraordinaire ambition sur les traces de Marcien Towa, le philosophe camerounais. Plume mature, étonnamment érudite, intuitions justes, lectures conséquentes, rigueur académique, Abdoulaye Ndiaye s’approprie l’œuvre du penseur, digère les concepts, étend le rayon, et, tout bonnement, philosophe au sens premier du terme. Grande promesse, sanctionnée par les honneurs de ses correcteurs.
Abdoulaye s’en est allé pourtant, sur la pointe des pieds, le 9 avril 2018. Arraché à l’affection de sa famille et de ses proches. Destin si singulier et si bref qui serre le cœur. Destin de ceux qui lèvent un coin de voile sur la vie des étudiants dans cette ville qu’est l’UCAD (université Cheikh Anta Diop de Dakar), et un de ses quartiers prestigieux, où s’enseigne la filiation de la transmission : la FASTEF, Faculté des Sciences et Technologies de l'Éducation et de la Formation. Elle et ses rêves éventrés ou fastueux, ses rudiments, ses camaraderies, ses amitiés, de complicités en galères, qui forment le mythe vivant de ce temple qui résiste à tous les périls qui le frappent, avec la ruse du destin comme allié, et l’étoile de ses membres comme auréole. Comme celle d’un de ses enfants, qui raconte l’histoire simple d’un petit prince de la philosophie.
Le visiteur de Dakar ne manquera pas, en longeant la corniche, de jeter un regard curieux sur Reubeuss, la célèbre prison de la capitale avec ses murs blancs et son mirador. Il ne manquera pas non plus de jeter un œil sur l’université quelques mètres plus loin, avec ses bancs colorés et sa végétation accueillante où palpite le cœur populeux estudiantin. Il se posera sans doute les mêmes questions sur ces deux endroits mythiques de la capitale, où s’érige à force de légendes, de témoignages, l’idée de cité fermée, bastions aux fortunes diverses, souvent rapidement peints par des caricatures qui s’attardent assez peu sur les détails. De l’université, on a souvent l’image de vieux étudiants, de conditions rudes, d’effectifs pléthoriques, de retards calendaires, entre autres. Si bien que si l’université garde pour elle une réputation de qualité, les profils singuliers, brillants, passent parfois dans l’ombre si l’exil dans les universités occidentales ne les a pas encore happés.
À la fois creuset et tombe, victime des spasmes qui l’agitent et qui portent ombrage à la réalité de certains de ses destins les plus brillants, l’UCAD tient encore sur les piliers d’une formation de qualité, notamment à la Fastef. Son département de philosophie tente de faire tenir un agenda du savoir pour entretenir cette régularité.
C’est ainsi presqu’une contre-histoire qu’Abdoulaye Ndiaye et sa bande d’amis du département de Philosophie, représentent. Un club qui ne boude pas les audaces libertaires qu’il goûte au contact des philosophes. Ils forment un cercle de philosophes engagés, à l’affût des conférences, lecteurs expansifs, et transforment leurs minuscules chambres en scènes annexes, pour disserter grands esprits comme sujets de sociétés. C’est lui par exemple, en pleine tempête de l’affaire Oumar Sankharé, nom de ce professeur aujourd’hui décédé cloué au pilori pour un texte jugé blasphématoire, qui n’hésite pas à le lire, le partager, à mobiliser la bande. Ce goût prononcé pour les textes sulfureux ou interdits amuse et déconcerte les amis. Il est sur le pont et grand lecteur souple et avide de connaissance, ne manque pas de suivre l’actualité et d’ajuster sa pensée naissante.
Si la foi est essentielle dans sa construction, il ne manque de fustiger la pratique religieuse au Sénégal et d’éveiller, non sans courage, une pensée critique, inspiré sans doute par l’un des mentors théoriques de la discipline, une des autorités primales de la philosophie nationale : Souleymane Bachir Diagne. Convaincu de la nécessité du dialogue, et de la critique, sa philosophie est active, dénonciatrice, et vive. Au rayon de ses références, au sommet de la hiérarchie, se trouvent Fanon, Sartre, Cioran, Cheikh Anta Diop, etc. Malgré les difficultés matérielles de cette formation, il se confronte à ces auteurs et à leurs textes classiques, sur lesquels il aime s’épancher. Une facilité et une aisance d’autant plus naturelle que le jeune homme travaille.
Né à Thiès, il grandit dans la cité du Rail, où il obtient son bac avant d’être orienté en Philosophie. Il fait ses années sans embûches. En 2014, il est reçu au concours de ENSEPT (École normale supérieure d'enseignement technique et professionnel). Admission prestigieuse et formation sécurisante qui le destine à être psychologue conseiller, rouage important du monde de l’éducation. Mais au bout d’un an de formation, il laisse toutes les garanties, pour tenter sa chance du côté de l’école normale. Il est aussi reçu. Ceux qui le côtoient, comme son ami intime Fallou Samb, magnifient sa grande capacité de travail. Une année après son admission, il meurt d’une maladie qui le foudroie.
Ainsi en est-il de la vie éphémère d’Abdoulaye Ndiaye. Un parmi tant d’autres profils brillants restés au pays, sans lumière, et qui partent sans héritages, alors qu’ils en ont semé les graines d’un avenir plus radieux, plus grand qu’eux. Tel le Petit Prince et son passage fulgurant sur terre, marquant tous ceux qui auront eu la chance de croiser sur Terre sa route. Ses amis, aujourd’hui encore éplorés, se souviennent de cet éclaireur, avec une douleur qui mue en gratitude. Dans son dernier grand texte, il donnait la mesure d’une pensée qui entre en écho avec les thèmes à l’agenda du monde.
Morceaux choisis, tirés de son mémoire intitulé : Philosophie et éveil d’une conscience active chez Marcien Towa :
« Lorsqu’il s’est agi, au cours de la période moderne, de concevoir ou d’imaginer l’inhumanité des mondes lointains ou des peuples autres, l’occident a toujours eu recours à l’idée de race.1 Concept plastique, d’assise prétendument biologique2 , il s’est souvent mué, pour ne pas dire toujours, en une idéologie altruicide rendant ainsi légitimes toutes les entreprises de domination politique et d’inhibition culturelle orchestrées par l’Europe. »
« Nous pouvons ainsi comprendre avec Towa que le mal colonial réside moins dans le fait que le colonialisme soit l’agent destructeur des cultures africaines – chose qui a d’ailleurs conduit au déracinement de milliers d’individus à ce vaste réseau d’attitudes et d’habitudes qui constitue leur identité collective – que dans le fait d’avoir empêché ces hommes le maniement de ce que notre auteur appelle la dialectique du besoin. »
« En tant que forme de domination historique, la colonisation fut un rapport de violence exercé non seulement sur des espaces, des imaginaires, des objets, mais aussi sur des corps. Cette dimension musculaire de la violence coloniale, Fanon lui accorde une importance hautement structurante dans l’édification de la personnalité du colonisé. »
« Towa ouvre ainsi une nouvelle voie par laquelle l’Afrique devrait passer afin de pouvoir faire-monde, pour pouvoir se hisser à la hauteur du monde et par-là limiter la capacité de nuisance du monde par rapport à nous. Ainsi, il ne s’agit pas de s’inscrire dans une perspective de rivalité qui consisterait à vouloir « rattraper » l’Occident, mais plutôt de reconquérir pleinement l’humanité perdue. Au même titre que Nietzche, Towa invite à la destruction des idoles et des valeurs africaines décadentes. Et comme Bacon et Descartes, il postule que la visée pratique de la connaissance de manière générale reste la puissance, par l’emprise ou l’empire qu’elle permet d’avoir sur le réel. »
« Aujourd’hui, on peut affirmer sans risque de se tromper que le nouveau nom de la libération est le développement. C’est justement à ce titre, qu’il convient de dire que toute philosophie ou idéologie africaine préoccupée par l’avenir de ce continent, se doit de prendre en charge cette question du développement futur. Autrement dit, de réfléchir philosophiquement sur la question de la vie en Afrique. De cette vie-là qui tente d’échapper aux multiples formes de mort qui l’assaillent ou la guettent. »
Le groupe BEM, à travers sa filiale Dakar University of International Studies (Dunis), a organisé les «Bem Africa International Days» ou journées de rencontres. Ces journées organisées avec des partenaires des États-Unis, du Canada, de la France, du Ghana et du Maroc, ouvrent les portes des universités anglophones aux étudiants sénégalais et africains.
L’université des études internationales de Dakar (Dunis) s’ouvre aux universités anglophones basées aux Etats Unis, au Canada, en France et au Maroc. Pendant trois jours, le groupe Bem a organisé, au sein de sa filialeDunis, des échanges avec ses partenaires. L’objectif de cette rencontre est de « renforcer et d'intensifier la collaboration avec les institutions partenaires internationales, d'accroître la mobilité étudiante et de faire connaître aux lycéens, aux étudiants et à leurs parents l'offre de formation de ces universités étrangères».
A côté de cela, Dunis offre également la possibilité à des jeunes de démarrer leurs cursus à Dakar et de terminer leurs études dans des universités anglophones africaines ou occidentales. «Les étudiants inscrits en Bachelor passent 2 ans dans les locaux de Dunis avant de partir dans l'université de leur choix. Ceux qui suivent un cycle Mba font un an à Dakar et un an à l'international», explique Fanta Kassé, directrice des affaires étrangères du groupe BEM. Parmi les partenaires qui ont pris part aux échanges, il y a 6 universités américaines (Fort Hays, Kansas de Rider, New Jersey, Nord Est Boston, le Tennessee Knoxville et l'Université de l'ouest du Kentucky). On compte également deux universités canadiennes et l’American Business School de Paris. A cela, s’ajoutent une université marocaine (Rabat Business School) et l'université du Ghana. Représentant l’université d’Etat de Fort Hays, Dr Jeni Mc Ray a exprimé sa satisfaction avant de signaler qu’elle représente toutes les universités. D’autant que « son vœu est de démocratiser l’accès aux universités américaines, notamment avec des études dans les métiers du pétrole, le leadership international, les sciences politiques etc.».
Selon le directeur exécutif de Bem, Dr El Hadji Malick Faye, l’établissement veut installer ses jeunes étudiants dans un contexte international. Ils auront à apprendre des autres afin de pouvoir rivaliser avec l’international, notamment les Anglo-saxons. Le Sénégal est de plus en plus ouvert aux autres. On se met en conformité avec le système Lmd qui veut que la mobilité soit une règle et non une exception», indique Monsieur Faye.
«IL Y A DES MÉTHODES QUI NE MILITENT PAS EN FAVEUR DE L'ENGAGEMENT DE L'ENSEIGNANT»
Saourou Sene du Cusems se prononce sur le réaménagement du calendrier et les lourdes ponctions sur les salaires des enseignants
Pour permettre aux enseignants et aux élèves de rattraper le temps perdu à l’école, le ministère de l’Education nationale a procédé à une réorganisation du calendrier scolaire sans y associer la partie syndicale. Le Secrétaire général du Saemss dénonce cette démarche, de même que les lourdes ponctions opérées sur les salaires des enseignants contractuels. Des méthodes qui, selon Saourou Sène, ne militent pas en faveur de l’engagement de l’enseignant pour des enseignements de qualité à l’école.
«Sur le réaménagement du calendrier scolaire, nous ne sommes pas dans une cogestion du ministère de l’Education nationale. Mais nous leur disons que, dans tous les cas posés, cette réorganisation méritait des concertations. Parce que le calendrier réaménagé, nous l’avons reçu au même titre que vous de la presse. Cela n’a fait l’objet d’aucune discussion avec nos organisations. Il n’y a pas eu d’échanges entre nous et le ministère sur ce calendrier réaménagé. Le ministère assumera. Mais toujours est-il que, nous, en tant que mandataires des enseignants, si nos collègues nous interpellent sur la question et si on sent qu’il y a une importance de discuter de la question, on se retrouvera entre Saemss et Cusems, et on prendra la décision qui s’impose. On n’a pas encore le feedback de la base. Mais on aurait aimé qu’il y ait au moins une réunion de partage entre l’Education nationale et nous pour que nous puissions voir ce qui doit être fait. Ils ont réaménagé pour qu’on arrive à rattraper. C’est l’objet du réaménagement. Mais cela nécessitait un minimum de partage entre les deux parties. Ce qui ne signifierait pas qu’on est en cogestion du ministère, mais tout simplement dans une dynamique de construction entre acteurs. Si la base ne dit rien et considère que tout est mieux pour le meilleur des mondes possibles, nous ne pouvons pas être plus royalistes que le roi. Nous voulons avoir de bons résultats parce que les résultats, avant d’être les résultats du gouvernement, sont ceux des enseignants. C’est la raison pour laquelle tout ce que nos collègues pourront faire pour arriver à avoir de bons résultats aux examens, nous le ferons, y compris des cours de renforcement. Sauf qu’aussi, il y a des méthodes qui ne militent pas en faveur de cet engagement. Par exemple, à l’issue de cette grève, nous avons senti de lourdes ponctions qui ont pesé surtout sur les contractuels. Des ponctions dont certaines d’entre elles ne répondent pas aux normes, parce que parfois même, on a pris presque plus du tiers du salaire. Je crois que le ministère est appelé à revoir ces situations que les collègues ne méritent pas. Ce qu’on a constaté comme ponctions au niveau des contractuels, nous ne l’avons pas constaté au niveau des fonctionnaires sénégalais. Je crois que, si nous voulons aller vers un réaménagement du calendrier scolaire avec des enseignants motivés, disposés à se surpasser dans cette dynamique, je crois qu’il y a des choses qu’il va falloir corriger dans la démarche. L’autre élément, ce sont les 5000 enseignants. Ces collègues-là, certains d’entre eux sont en formation, je crois qu’on aurait souhaité, au regard du déficit qui continue, que le gouvernement ait la possibilité de recruter encore un coût supplémentaire cette année parce que les déficits, l’année dernière, c’était autour de 35 952 enseignants. Si aujourd’hui on y ajoute d’autres encore, cela ne pourrait être que salutaire pour le système éducatif sénégalais».
SAEMMS ET CUSEMS AVERTISSENT LE GOUVERNEMENT
Que l’histoire ne se répète pas ! Les syndicats d’enseignants sonnent ainsi l’alerte pour le respect des accords signés avec le gouvernement.
Face aux journalistes hier, mercredi 9 mars, le Saemms et le Cusems ont averti le gouvernement pour le respect des accords signés récemment. Les syndicats d’enseignants dénoncent le fait qu’ils n’ont pas été associés aux concertations sur le réaménagement du calendrier scolaire.
Que l’histoire ne se répète pas ! Les syndicats d’enseignants sonnent ainsi l’alerte pour le respect des accords signés avec le gouvernement.
En conférence de presse hier, mercredi 09 mars, le Saemms et le Cusems ont mis en garde le gouvernement. « Ça fait longtemps que nous signons des accords et à chaque fois, la rengaine du non-respect des accords revient et c’est la raison pour laquelle nous alertons. C’est notre devoir d’alerter puisque nous venons de signer des accords avec la partie gouvernementale. Nous, nous considérons que ces accords sont tellement importants que le gouvernement devra avoir l’obligation de les respecter cette fois-ci », a déclaré le secrétaire général du Saemmss, Saourou Sène. Les syndicalistes ne souhaitent pas revivre le scénario des accords de 2018 qui a été à l’origine des grèves répétitives qui viennent de prendre fin. Face aux journalistes, ils ont fustigé la démarche du gouvernement en ce qui concerne le réaménagement du calendrier scolaire.
Selon eux, le gouvernement a agi seul. « Nous l’avons toujours dit au ministre de l’Education. Nous ne sommes pas dans une co-gestion du ministère de l’Education nationale mais que ce ministère, dans tous les pas posés, méritait qu’il y ait des concertations. Le calendrier qui a été réaménagé, nous l’avons reçu au même titre que vous. Il n’y a pas eu d’échanges entre nous et le ministère sur ce calendrier réaménagé», regrette le secrétaire général du Saemms.
Les syndicats d’enseignants n’ont pas manqué de dénoncer les ponctions effectuées sur les salaires des enseignants pendant les grèves. « A l’issue de cette grève, nous avons senti de lourdes ponctions qui ont pesé surtout sur les contractuels et ces ponctions, je considère que certains d’entre elles ne répondent pas aux normes parce que parfois même on a pris plus le tiers du salaire », a indiqué Saourou Sène. Pour rappel, après plus de deux mois de perturbations des cours à cause des grèves pour le respect des accords signés, les syndicats d’enseignants et le gouvernement sont parvenus à un accord pour l’apaisement de l’espace scolaire, le 26 février dernier.
Dans le cadre de l’amélioration du niveau de rémunération des agents du système de l’éducation et de la formation, le gouvernement a pris plusieurs mesures. On peut citer, entre autres, la « revalorisation de la prime scolaire au profit des instituteurs, instituteurs adjoints et contractuels à 210% (de 25000 à 80000 F Cfa), le relèvement de l’indemnité d’enseignement de 50% à 60%, l’augmentation de l’indemnité de contrôle et d’encadrement à 100% ». Ces mesures devront prendre effet à partir du mois de mai prochain.
LE SADEF S’OPPOSE AU PROLONGEMENT DU CALENDRIER SCOLAIRE
S’il y a un syndicat déçu de l’issue des accords signés entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants, c’est bien le Syndicat Autonome pour le Développement de l’Education et de la Formation (Sadef).
Les accords signés entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants continuent d’alimenter les débats. Et c’est le Syndicat Autonome pour le Développement de l’Education et de la Formation (Sadef) qui monte au créneau pour exprimer sa déception, mais aussi son opposition à tout prolongement de l’année scolaire.
S’il y a un syndicat déçu de l’issue des accords signés entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants, c’est bien le Syndicat Autonome pour le Développement de l’Education et de la Formation (Sadef).
Ses responsables ont profité d’une assemblée générale de leurs camarades de Pikine pour déplorer la faiblesse des acquis obtenus. « Nous exprimons notre déception sur l’issue de ces accords entre le gouvernement et les syndicats du G5. Pour nous, ces accords sont en deçà de nos attentes, car ils sont faibles par rapport aux fortes attentes des enseignants», s’offusque le secrétaire général du Sadef. Très amer, Mbaye Sarr marque son opposition au prolongement de l’année scolaire en cours.
Parlant de leurs doléances, Mbaye Sarr indique : « Nous réclamons la révision du statut des enseignants décisionnaires et des professeurs de collèges d’enseignement moyen général (Pcmg), des mesures conservatoires pour les classes intermédiaires. » La réforme du Certificat de fin d’études élémentaires (Cfee) préoccupe également le secrétaire général du Sadef.
Selon lui, « Il urge de réformer le Cfee, car il n’est plus question que les élèves passent leurs examens et restent plus d’un mois sans avoir leurs résultats. C’est une situation angoissante et stressante qu’il faut éradiquer. Et cela passe par des mesures fortes dont la création de jurys comme aux examens du Bfem et du Bac, avec la mobilisation des enseignants dans de bonnes conditions par le paiement de leurs primes à date échue».
LES ENSEIGNANTES MISES A CONTRIBUTION POUR LE MAINTIEN DES FILLES A L'ECOLE A KFRINE
L’inspecteur de l’éducation et de la formation (IEF ) Doudou Fofana a invité, mardi, le Réseau régional des enseignantes à renforcer davantage la sensibilisation sur le maintien des filles à l’école.
Kaffrine, 8 mars (APS) - L’inspecteur de l’éducation et de la formation (IEF ) Doudou Fofana a invité, mardi, le Réseau régional des enseignantes à renforcer davantage la sensibilisation sur le maintien des filles à l’école.
’’J’invite les femmes du réseau à s’activer davantage dans la communication et la sensibilisation sur le maintien des jeunes filles à l’école’’, a-t-il dit lancé à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la femme par le Réseau régional des femmes enseignantes sur le thème : ’’L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable’’.
Ce travail de sensibilisation incombe à tous, mais surtout au femmes en tant qu’éducatrice au sein des familles, a souligné M. Fofana qui s’exprimait au nom des Inspecteurs de l’éducation et de la formation des quatre départements de la région.
Il a cité la problématique les mariages et grossesses précoces dans la region comme principale cause de la déperdition scolaire des jeunes filles.
Doudou Fofana a egalement évoqué d’autres défis liés à la promotion des filles dans les matières scientifiques, l’enregistrement des naissances.
La célébration du 8 mars à Kaffrine a été l’occasion de rendre hommage à des femmes qui ont fait toute leur carrière dans l’enseignement et la formation et aujourd’hui à la retraite.
Il s’agit de Rokhaya Sy, Ousseynatou Ba, Dieme Ndao et Aissatou Sanou Gaye, marraine de cette journée et actuelle présidente régionale de la COSYDEP (coalition nationale sénégalaise pour la défense de l’éducation).