SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
30 novembre 2024
Culture
«PERSONNE NE VALORISERA NOTRE CULTURE A NOTRE PLACE»
Venu participer au Bukut de son village natal Etomé, commune de Nyassia, Guy Marius Sagna, en tant qu’initié, a eu le temps de consacrer quelques minutes à la presse avant son entrée dans le bois sacré
Ibou MANE (Correspondant) |
Publication 04/09/2021
Venu participer au Bukut de son village natal Etomé, commune de Nyassia, Guy Marius Sagna, en tant qu’initié, a eu le temps de consacrer quelques minutes à la presse avant son entrée dans le bois sacré.
Justifiant d’abord sa présence parmi les siens, Guy Marius Sagna estime qu’il s’agit pour lui de montrer l’importance qu’il y a, en tant qu’Africain, de célébrer ses origines, d’être enraciné dans nos valeurs, nos identités africaines, sénégalaises et particulièrement dans celle Bayotte. «En tant qu’Africain, Sénégalais, Bayotte, personne ne valorisera à notre place notre culture, notre vision de la vie, notre manière de faire», justifie-t-il.
Une cérémonie qui est donc, à ses yeux, une étape fondamentale pour tout Bayotte. «Après 1976, c’est en cette année 2021 qu’on a la chance de revivre cela et c’est une cérémonie importante, capitale pour nous, notre vie, et pour notre avenir. Et je crois que ce qu’on va nous inculquer pendant cette période va nous renforcer et nous permettre de mieux vivre en société et mieux apprécier ce qu’est le Bayotte, le royaume Bayotte, notre vision de la vie, notre philosophie», ajoute Guy Marius Sagna. Et pour ce dernier, ce sera une manière également de se connaître et de mieux s’enraciner afin de proposer au Sénégal, au monde le Bayotte, sa vision, sa philosophie.
Magnifiant en outre ce contexte de paix favorable au déroulement des activités du bukut, Guy Marius Sagna a toutefois rappelé pour l’occasion que la paix n’est pas le silence des armes. «Depuis quelque temps, il y a le silence des armes, mais après c’est de tout faire pour que ce qui a occasionné le crépitement des armes puisse être éradiqué, à savoir les injustices, les spoliations foncières, le mépris de la culture diola et des Casamançais en général», assène le natif d’Etomé
«PASS» INITIATIQUE POUR UNE INTEGRATION A LA VIE ADULTE
La région naturelle de la Casamance est riche d’une certaine tradition d’organisation de manifestations culturelles. Preuve en a été donnée avec la communauté Bayotte, localisée au niveau de sept villages de la commune de Nyassia, et qui a lancé il y a quelques jours ses activités d’initiation communément appelée «Bukut» en diola et «Cambathiou» en Bayotte. Une manifestation qui remonte à la nuit des temps, empreinte de rituels et d’épreuves initiatiques. Ces actes culturels et cultuels vivants et vivifiants sont le reflet d’une croyance qui constitue une part importante et fondamentale de la vie personnelle de tout initié, mais qui est aussi une composante dominante et sensible de la vie sociale.
Le Bukut ! Cette cérémonie qui remonte à la nuit des temps constitue en pays diola une dimension essentielle de l’épanouissement des êtres humains, des individus, des sociétés, de leur identité et de leur projet commun. Et c’est à travers une telle activité culturelle que les communautés font le choix de faire revivre intensément les valeurs culturelles léguées par leurs ancêtres. La zone de Nyassia, un des sanctuaires des traditions culturelles et cultuelles diolas et terre de prédilection du peuple Bayotte, n’a pas dérogé à la règle. Et c’est au niveau de cette commune que les valeurs culturelles, legs des ancêtres, sont présentement vécues et célébrées à travers le Bukut lancé le 16 août dernier au niveau de sept villages de la commune de Nyassia. «Le Bukut a une importance capitale en Casamance. Et c’est vérifié à travers la présence de tous les fils du terroir. Quelle que ce soit leur situation sociale, ils doivent tous se conformer aux mêmes rites», explique Lucien Sagna, chef de village d’Etomé. Avec cet événement, tous les ressortissants des sept villages concernés, notamment les futurs initiés, quels que soient leur éloignement et leurs occupations, sont obligés de venir pendant quelques semaines pour participer aux différentes étapes et rites cérémoniaux du bukut.
Des cérémonies ponctuées par des rituels et manifestations privés organisées dans le village. «Les futurs initiés qui sont préparés à travers un rituel, qui s’applique impérativement à tous, sont rasés pour la circonstance. Et sans ce rituel qui prépare et protège les futurs candidats à l’initiation, on ne peut pas être initié», souligne Lucien Sagna. Hubert Sagna, initié en 1976, a rendu grâce à dieu pour lui avoir permis, 45 ans après, d’assister au Bukut de cette année où il a pu accompagner son fils dans le bois sacré. Son fils, qui à l’instar des centaines de futurs initiés du Peuple Bayotte, va se familiariser pendant quelques semaines avec les règles d’éthique et de déontologie de la société diola. «Tous les futurs initiés vont s’imprégner des interdits et des permis et vont se voir inculquer le culte du travail, de la solidarité, du partage, de la défense du patrimoine et de la patrie diola», a laissé entendre Hubert Sagna. Toutes ces valeurs humaines qui seront inculquées aux jeunes initiés vont leur permettre demain d’intégrer, grâce au «Pass» initiatique, la vie adulte, de gérer et de sécuriser la société et le legs des ancêtres.
Une retraite de plus d’un mois dans le bois sacré
Avec le Cambathiou, il s’agit pour le Peuple Bayotte de renforcer son sentiment communautaire, et pour les futurs initiés, d’acquérir les enseignements nécessaires dans le bois sacré pour leur consécration à la vie communautaire. Des futurs initiés qui se sont d’ailleurs singularisés lors de leur entrée par leur port vestimentaire : le pagne noué autour du corps et rabattu sur la tête. Pour la circonstance, ils étaient accompagnés dans leur périple initiatique par une foule nombreuse, composée pour l’essentiel d’initiés aguerris, reconnaissables par leur déguisement, leur masque, des perles autour du cou et munis d’accessoires évocateurs du passé ancestral, tout en brandissant qui des couteaux, qui des armes et des lances et d’autres s’exerçant au maniement de fusils ou de canons traditionnels. Une manière pour eux également d’exalter, à travers des rites et des danses guerrières, l’instinct d’agressivité, de prouver leur bravoure et célébrer et magnifier ces valeurs et éléments culturels incrustés en eux par leurs parents. C’est ainsi toute la dimension des festivités du Bukut dont la durée en pays bayotte s’étend sur plusieurs semaines. «Les futurs initiés seront ainsi en retraite pendant 45 jours pour accomplir leur initiation. Dans le temps, ils pouvaient rester dans leur case pendant trois mois, mais avec le contexte qui est tout autre, la période d’initiation est aujourd’hui réduite», renseigne Lucien Sagna. Le chef de village d’Etomé précise que tout dépendra toutefois des sages qui vont décider en dernier ressort de la sortie des initiés du bois sacré.
FAFACOUROU, LA NOSTALGIE D'UN PASSÉ GLORIEUX
L'ancienne capitale du canton de Guimara a joué un rôle central dans l’histoire du Fouladou, notamment de Médina Yoro Foulah. De cette époque révolue, il ne reste plus que des souvenirs que des récits tentent de maintenir vivaces
Le souvenir de l’ancien chef de canton de Guimara, Mamadou Amadou Diallo, plus connu sous le nom de Mamadou Balèdjo, est encore vivace dans la mémoire collective des populations de Fafacourou, un village historique situé dans le département de Médina Yoro Foulah. C’est grâce à lui que les premières infrastructures sociales de base, comme le dispensaire, la route Kolda-Vélingara via Fafacourou et Badion et l’école élémentaire, ont été construites en 1947. Pour asseoir son règne, Mamadou Balèdjo avait tissé de bonnes relations avec les personnes jugées dangereuses à cause de leur pouvoir mystique pour en faire des amis. Cela lui permit de rester à la tête du canton jusqu’à l’accession du Sénégal à l’indépendance, en 1960, qui mit fin à la chefferie. Il avait été nommé chef de canton de Guimara, vers 1936, par son oncle, Abdoul Diallo, qui était chef du cercle du Fouladou qui couvrait les cantons de Kamako, Mamboa, Patinkivo et Guimara, avant d’être confirmé, deux ans plus tard, par l’Administration coloniale française. Le canton de Guimara qui avait pour capitale le village de Fafacourou correspond à l’actuel arrondissement de Badion et de Fafacourou et s’étendait jusqu’en Gambie. « Mamadou Balèdjo était un fin diplomate, un homme courtois, travailleur et serviable. À son arrivée, en guise de cadeaux, il a payé de la cola à tous les notables considérés comme dangereux du fait de leur puissance mystique pour en faire des amis et des parents. C’est pourquoi il n’a jamais eu de problèmes jusqu’à la fin de son règne. Il a toujours partagé ses repas avec les populations. Il les invitait à venir manger avec lui dans la cours de sa maison », déclare Samba Kandé, frère du chef de village et ancien Président du Conseil rural de Fafacourou.
Mamadou Balèdjo était aussi un fin diplomate et un grand négociateur ; ce qui lui permit d’intégrer les villages de Saré Waly, Belki, Saré Diawando et Saré Seyni- qui faisaient partie de la Gambie- au Sénégal. « Mon père était un homme intègre, un grand patriote et un fin diplomate qui aimait le travail. Il a beaucoup fait pour les populations de Fafacourou où il a installé un poste téléphonique et créé un dispensaire et une école. Durant son règne, il y a eu des problèmes entre la Gambie et le Sénégal et grâce à ses bons offices, il a pu récupérer une demi-douzaine de villages qui se réclamaient de la Gambie pour les intégrer dans son canton », déclare Elhadj Bassirou Diallo, fils de l’ancien chef de canton de Guimara, ancien fonctionnaire international à la retraite et frère de l’ancien Gouverneur de Kaolack, Bocar Diallo.
Village de Fafacourou entre exode rurale et émigration clandestine
Le village de Fafacourou a été créé, vers 1895, par Malang Kandé, Koura Dada, Demba Egué et Yéro Bina, venus de Bakor, une petite localité située à mi-chemin entre Kolda et Fafacourou. Ils ont été emprisonnés à deux reprises par l’Administration coloniale qui était opposée à la création de ce village. « La création de Fafacourou ne fut pas de tout repos. À chaque fois que les quatre fondateurs construisaient leurs cases, l’Administration coloniale qui était basée à Sédhiou envoyait des gens venir les détruire et les arrêter pour les enfermer à Sédhiou », déclare ce notable de Fafacourou.
Le nom de Fafacourou vient de fafadje (en langue pulaar), un arbre semi aquatique qui pousse au bord de l’eau. Le village a été érigé en chef-lieu de canton, vers 1936, par l’Administration coloniale française et compte, aujourd’hui, un millier d’habitants. Il souffre à cause de son enclavement, du chômage des jeunes et du manque d’électricité. L’exode rural, l’émigration clandestine et les motos « Jakarta » constituent pour ces jeunes, les seules solutions pour sortir des affres de la pauvreté et du désespoir. Durant les deux dernières années seulement, plus d’une dizaine d’entre eux ont perdu la vie en tentant de traverser le désert du Sahara ou la mer Méditerranée. Les cadres originaires de Fafacourou ne sont pas non plus épargnés par cet exode. Et comme les difficultés ne viennent jamais seules, le marché hebdomadaire, construit en 1975 et qui devait booster le commerce et soutenir l’économie locale, ne fonctionne presque pas à cause de l’enclavement. Les taxis-brousse qui assuraient le transport entre Kolda et Fafacourou ne s’aventurent plus sur cet axe à cause du mauvais état de ce tronçon.
LES ARTISTES SENEGALAIS FIN PRETS
La tenue du FEMUA (Festival des musiques urbaines d’Anouma), Abidjan (Côte d’Ivoire) est sur la dernière ligne droite. Invité d’honneur de cette 13e édition, le Sénégal n’a ménagé aucun effort pour la réussite du festival qui se tiendra dans 5 jours
Les derniers réglages du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (FEMUA) sont assurés. Hier, le commissaire général et promoteur du rendez-vous culturel, Salif Traoré alias A’Salfo, a tenu une conférence de presse avec le Sg du ministère de la culture, Habib Léon Ndiaye. Sur cette tribune, le promoteur du festival a dit être convaincu que les artistes du pays invités d’honneur sont prêts pour prendre part au festival d’Afro Pop, du 07 au 12 septembre.
La tenue du FEMUA (Festival des musiques urbaines d’Anouma), Abidjan (Côte d’Ivoire) est sur la dernière ligne droite. Invité d’honneur de cette 13e édition, le Sénégal n’a ménagé aucun effort pour la réussite du festival qui se tiendra dans 5 jours. A cette effet, le commissaire général du FEMUA, Salif Traoré dit A’Salfo du groupe Magic System, venu peaufiner les derniers réglages, a montré sa satisfaction. Cette rencontre culturelle est un moment de partage des us et coutumes entre pays de la sous-région Ouest africaine, et du continent noir par extension. Après le Burkina Faso invité d’honneur de la 12e édition du FEMUA (2019), c’est au tour du pays de la «Teranga » d’être aux premières loges du festival.
A ce titre, A’Salfo a indiqué que le choix qui est porté sur le Sénégal n’est pas fortuit. C’est, ditil, de par son dynamisme dans le secteur culturel et créatif. Et audelà de faire flotter le drapeau de son pays, lors de cet échange culturel, c’est une occasion de partager toutes les expériences artistiques et gastronomiques, notamment avec le partage de recettes culinaires du pays invité d’honneur. Mais aussi à travers le conte, la comédie, la mode voire le cinéma. C’est ce qui explique entre autres l’invitation de la styliste et réalisatrice Selly Raby Kane qui va présenter la mode sénégalaise à travers un défilé.
Parmi les artistes qui vont prendre part au FEMUA, il y a le chanteur Pape Diouf désigné porte-étendard. Mais également Ngaka Blindé (Rappeur), Doudou (comédien), OMG (Rapeuse), Samira Fall (Slameuse), Sidi Diop (chanteur) entre autres. «Je suis venu pour prendre le pouls », soutient A’Salfo qui a précisé par ailleurs que pour cette 13e édition, c’est 13 pays qui sont invités à prendre part aux activités qui rythmeront Anouma entre les 07 et 12 septembre. «Notre enfance a été bercé par les Youssou Ndour, Ismaïla Lô, Baba Maal ; maintenant les Ivoiriens veulent voir cette nouvelle génération», ajoute le magicien.
Venu présider la rencontre, le secrétaire général du ministère de la culture et de la communication Habib Léon Ndiaye dira : «Cela conforte les forts liens de fraternité culturelle qui existent entre nos deux nations dont le FEMUA se fera le porte-étendard. C’est aussi le lieu d’expression de toutes les diversités culturelles aussi bien de la Côte d’Ivoire pays organisateur que du Sénégal pays invité d’honneur».
A noter que le FEMUA, festival annuel, décalé l’an dernier à cause de la pandémie, tient son nom d’Anoumabo, un quartier du sud d’Abidjan (Côte d’Ivoire) où a grandi le chanteur A’salfo. Ce dernier est membre du Conseil économique et social ivoirien. Ayant reçu plus de 40 000 spectateurs en 2017, il est considéré comme l’un des plus importants festivals de musique d’Afrique.
ARCHIVES DES GRANDS HOMMES, AMADOU LAMINE SALL DEMANDE A L’ETAT DE LEGIFERER
Les héritiers de Sembene ont vendu les archives du cinéaste à l’université américaine d’Indiana, ceux de Paulin Soumanou Vieyra ont fait un don à cette même université
Les héritiers de Sembene ont vendu les archives du cinéaste à l’université américaine d’Indiana, ceux de Paulin Soumanou Vieyra ont fait un don à cette même université. Le poète Amadou Lamine Sall estime que l’Etat du Sénégal devrait «légiférer» sur cette question.
Dans une tribune intitulée «Légiférer pour garder chez nous notre patrimoine !» en réponse aux articles parus dans Le Quotidien des 28-29 août 2021, le poète estime qu’il s’agit de «légiférer pour que désormais nul héritier ne puisse céder à l’étranger les œuvres et le patrimoine d’un créateur, au sens large, dont le nom fait partie du patrimoine culturel et artistique du Sénégal».
Le poète, qui interpelle directement les autorités, préconise un arrêté, un décret présidentiel ou une loi votée par l’Assemblée nationale. Toutefois, Amadou Lamine Sall précise que l’Etat doit s’engager en premier «à acquérir financièrement, si c’était le cas, tel que décidé et voulu par les héritiers, le patrimoine laissé après décès».
«Il pourrait s’agir d’une négociation financière équitable et juste, à défaut d’un don à l’Etat avec l’obligation pour ce dernier de valoriser le patrimoine cédé, à défaut pour l’héritier de le réclamer après constat de mauvaise préservation par huissier», écrit-il.
VIDEO
HUMAN NATURE DE MICHAEL JACKSON JAZZÉ AUX COULEURS DE JAMM
C’est le cinquième et l’un des plus célèbres singles de Michael Jackson édité en 1983. Originairement fait sur les genres R&B, quiet storm et ballade soft rock, le groupe Jamm le reprend ici dans un style jazz
Écrit à l’origine par le claviériste Steve Porcaro, avec des couplets réécrits plus tard par l'auteur-compositeur John Bettis, «Human nature» est sorti en juillet 1983 accidentellement dans le célèbre album Thriller du "King of pope", Michael Jackson. Très apprécié, il deviendra un tube du top 10 aux États-Unis. Des critiques musicaux l’avaient adopté et y ont fait beaucoup de commentaires positifs. Sur le plan commercial, la chanson a atteint rapidement Outre-Atlantique, le hit-parade avec la deuxième place du classement Hot Adult Contemporary du magazine Billboard et la septième place au Billboard Hot 100. Le single devient ainsi la cinquième chanson de Thriller à entrer dans le Top 10 américain. Lors de sa prestation à la Corne d'Or de Dakar le Groupe Jamm qui honore en quelque sorte la mémoire de Michael Jackson en jouant Human Nature en mode sonorités jazz.
VIDEO
LE SÉNÉGAL D'UNE TERRE PROMISE À UNE TERRE PRESQUE VIERGE DU JAZZ
Depuis des décennies, le Pr Maguèye Kassé s’intéresse au jazz et il a fait des recherches sur l’origine africaine du genre. Dans cette entrevue, il nous livre sa fine analyse de cette musique que d’aucuns accablent de préjugés. Le Prof Kassé explique.
AfricaGlobe.net |
Fred ATAYODI |
Publication 02/09/2021
Dans les années 70 - 80, le Sénégal fut une terre où le jazz a eu ses heures de gloire avec une profusion de clubs, disparus les uns après les autres. Malheureusement. La capitale sénégalaise a notamment reçu à l'époque de très grands musiciens de jazz qui ont «marqué l’histoire» tels que Dexter Gordon, Archie Shepp ou Dizzy Gillespie. «Il y a eu une période d’or ou il y a eu beaucoup de jazz, quelques clubs de jazz qui avaient ouvert, malheureusement ont disparu au fil du temps». In fine, Dakar fut une terre promise du jazz avant d’en devenir une terre vierge ou presque depuis quelques années au grand regret des aficionados. Malgré le mytique festival international du jazz de Saint-Louis, ce genre musical peine à occuper de l’espace, le « mbalakh» ne lui concédant aucun mètre carré pour éclore. Dans cette interview avec AfricaGlobe Tv, le Prof. Maguèye Kassé qui connaît bien cette musique nous livre son analyse sur les origines du jazz, sa pénétration au Sénégal et évoque quelques illustres noms qui l’ont dignement incarné.
En marge de la cérémonie inaugurale d’un nouveau club dans un resto dakarois, AfricaGlobe a interrogé le germaniste Maguèye Kassé, un fin connaisseur du jazz et qui, il y a quelques années, a fait des recherches pour établir l’origine africaine de cette musique. Une musique quelque peu syncrétique avec une base purement africaine. Puisqu’il faut le rappeler, le jazz a émergé dans la douleur des entrailles d’esclaves africains sur la base de leurs cultures propres exportées Outre-Atlantique et marinées d’influences européennes et américaines, notamment religieuse.
Dans cette entrevue, Maguèye Kassé nous livre sa fine analyse de cette musique criblée de préjugés que récuse le spécialiste. Certains la regardent de haut comme étant une musique élitiste. Une idée que bat en brèche l’invité d’AfricaGlobe Tv. Kassé nous dit tout ou presque de des origines du jazz et de ses cousins, regrettant les années 70-80 où Dakar était la terre promise du jazz avant d’en devenir une terre vierge ou presque depuis quelques années. Malgré le mythique festival international du jazz de Saint-Louis, ce genre musical peine à occuper de l’espace, le « mbalakh» ne lui concédant aucun mètre carré pour éclore.
Après avoir adopté le jazz et lui avoir consacré des recherches, l’abécédaire des manitous de ce genre musical n’est pas étranger à l’enseignant de civilisations et de langues germaniques. Maguèye Kassé égrène facilement avec une aisance inégalable tous ceux qui ont marqué l’histoire de ses musiques.
Mélomane féru du jazz et de ses cousins (blues, musique classique), l’intérêt de l’universitaire pour cette musique ne limite pas juste aux sonorités, aux mélodies, aux compositions et aux lyrics. C’est aussi l’histoire profonde dans sa globalité qui a précédé à sa naissance, qu’il explore.
VIDEO
À 10 ANS, ELLE OFFFRE UNE LUXUEUSE MAISON À SES PARENTS
Comédienne talentueuse et extravertie, depuis l’âge de 5 ans, la star de youtube, Emmanuela gagné suffisamment d'argent au point d'offrir cette maison cossue et stylée à ses parents comme on le voit dans cette vidéo. Et elle ne veut pas s'en arrêter là.
Dans sa pièce de théâtre Le Cid, Pierre Corneille (l'auteur) à fait dire à Rodrigues (un de ses personnages) : «aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Cette assertion devenue célèbre et se dégustant à toutes les sauces ou presque s’applique de fort belle manière à l’histoire de cette enfant nigériane, Emanuela SAMUEL .
Comédienne talentueuse et extravertie, déplus l’âge de 5 ans, star de youtube, Emmanuela gagné suffisamment d'argent au point d'offrir cette maison cossue et stylée à ses parents comme on le voit dans cette vidéo. Et elle ne veut pas s'en arrêter en si bon chemin. Emmanuela prévoit encore d’autres surprises à ses pauvres et dignes parents qui voient, du coup, leur niveau de vie passer pratiquement de zéro à héro. Très populaire de la chaine Mark Angel Comedy, la jeune enfant promet notamment une voiture à son père. Son autoportrait est dressé grâce à BBC Pidgin (créole nigérian).
La jeune nigériane réussi ce pari grâce à son talent, sans doute, mais surtout à l'honnêteté de son oncle Mark Angel qui lui a mis le pied à l'étrier dans son projet une fois qu'il a décelé son talent. Comédien, scénariste et producteur de vidéos youtube, Mark Angel est surtout connu pour la série de courts métrages Mark Angel Comedy sur YouTube, où il met souvent en vedette des enfants comédiens dont sa nièce Emanuella Samuel.
VIDEO
LE PETIT POUCET AUX GRANDES AMBITIONS
Après avoir eu des collaborations avec quelques grands noms de la musique africaine et sénégalaise en particulier, le jeune artiste de la nouvelle scène émergente Sym Sam rêve de se hisser aux côtés des icônes de la trempe de la diva béninoise Angélique
Diplômé en génie civil et directeur artistique dans le marketing sonore, Sym Sam fait partie de la jeune génération montante de la musique au Sénégal. Depuis quelques temps il prend ses marques et s’illustre de plus en plus dans la scène live de Dakar. Dans cette interview avec AfricaGlobe Tv (voir vidéo), l'artiste se dévoile sans détour.
Après avoir eu des collaborations avec quelques grands noms de la musique africaine et sénégalaise en particulier, le jeune artiste de la nouvelle scène émergente Sym Sam rêve de se hisser aux côtés des icônes de la trempe de la diva béninoise Angélique Kidjo. Ambition ou prétention, le temps le dira.
Spécialiste de musique highlife (style de musique africain apparu dans les années 1900 à Accra) et d’Afro fusion (musique africaine mixa avec du jazz ou du classique), Sym Sam doit forcer les portes pour pouvoir passer notamment dans les médias puisque son style musique reste à être découvert.
En revanche alors que lui prône une musique qui met en avant les valeurs, la pudeur et la sobriété dans le divertissement il se désole de savoir que le voyeurisme, l’obscénité ont le vent en poupe dans la société. Lui est sur le thème de la paix, la coexistence pacifique et le respect et l’amour dans son sens le plus noble.
En côtoyant quelques manitous de musiques africaine le jeune artiste dit avoir ouvert les yeux sur certains aspects du showbiz comme la manière dont ceux-ci organisent, la manière de signer des contacts pour ne pas se faire gruger par des partenaires. Voir l'interview.
À MÉDINA BAFFÉ, L'ORPAILLAGE PÂLIT L'HÉRITAGE CULTUREL
Autrefois, les festivités et évènements culturels faisaient florès dans le village. Aujourd’hui, cette localité est l’ombre d’une périphérie où la culture est délaissée par les jeunes tournés vers les activités de l’orpaillage, à la quête d’un mieux-être
Autrefois, les festivités et évènements culturels faisaient florès dans le village de Medina Baffé. Aujourd’hui, cette localité qui est devenue une commune en 2014, n’est que l’ombre d’une périphérie où la culture est délaissée par la jeune génération tournée plutôt vers les activités de l’orpaillage, à la quête d’un mieux-être. La culture survit difficilement à cette ruée vers les sites d’orpaillage qui ont fini de gagner toutes les localités du département de Saraya, n’épargnant pas la contrée de Médina Baffé. La relève culturelle est loin d’être bien assurée dans cette commune habitée uniquement par les Djallonkés qui font partie des minorités ethniques de la région de Kédougou.
Avec ses 15.000 habitants, Médina Baffé, commune située dans le département de Saraya, à 98 kilomètres de Kédougou, est presqu’à la périphérie du Sénégal. La Guinée est à une quinzaine de kilomètres de là. À certains endroits, bien moins. Le Mali aussi est tout près. Cette commune frontalière est habitée entièrement par les Djallonkés, une ethnie à la culture très riche. Mais aujourd’hui, la réalité sur le terrain prouve toute autre chose. Ici, la culture meurt à petit feu, faute de relève de la part des jeunes générations plutôt orientées vers la recherche de l’or, à travers les sites d’orpaillage qui abondent dans la zone. « Auparavant, la culture se portait très bien ici. Mais de nos jours, nous avons un énorme problème car les gens n’accordent plus du temps à la culture. La première cause, je trouve que c’est la recherche de l’or. Les gens passent tout leur temps aux « diouras » (sites d’orpaillage). Avant, quand on était plus jeunes, il y avait beaucoup d’événements et de veillées culturels surtout à la fin de la saison des pluies », se rappelle Sadio Danfakha, maire de la commune de Medina Baffé. Il se souvient également de la ferveur culturelle qui s’emparait de la localité lors des cérémonies de circoncision. Toutes choses qui ont tendance à disparaître, regrette-t-il. « Mais imaginez-vous, il y a juste une semaine, il y a eu la circoncision d’un grand nombre d’enfants mais il n’y a eu aucun cérémonial culturel. On ne pouvait pas imaginer cela dans un passé récent. C’est vrai qu’il y a aussi l’école qui a créé une fissure dans la promotion de la culture. Il n’y a pas eu un transfert de connaissances chez les jeunes. Mais il faut dire aussi que les jeunes ne semblent pas s’intéresser non plus à la culture », renchérit le maire de la commune.
Si Médina Baffé peut espérer compter sur les initiatives entreprises par l’association des minorités ethniques de la région avec qui la communauté a noué un partenariat pour mieux préserver la culture Djallonké, il reste évident qu’il y a du chemin à parcourir pour y parvenir. « Car présentement, il n’y a aucun évènement culturel qui se déroule dans le village », souligne Saibo Danfakha.
Souleymane Samoura, la quarantaine, était un grand danseur lors des évènements culturels. Il est, aujourd’hui, le président du conseil communal de la jeunesse de Médina Baffé. Il se rappelle les années glorieuses culturelles auxquelles ils prenaient part lui et ses camarades de classe d’âge. Seulement, « de nos jours, pour la préservation de la culture, c’est compliqué car il y a un abandon notoire de notre héritage culturel dans la localité, à cause de l’orpaillage principalement. Mais aussi du fait d’un manque d’unité, d’esprit de collectivisme. On se rassemblait et l’on organisait des évènements culturels très denses. Il y avait une parfaite unité entre les jeunes et le respect de l’aîné. Les choses ont changé maintenant », se désole-t-il. Avant de poursuivre : « j’ai vécu ces moments d’intenses évènements culturels, ça me manque énormément aujourd’hui. On assurait, en tant que jeunes, les danses à travers les masques, on battait les tam-tams durant une semaine. Il y avait un mysticisme extraordinaire lors des veillées culturelles ». Il arrivait même à Souleymane Samoura et ses camarades d’aller exprimer leur talent de danseur au-delà des frontières de Médina Baffé et même du Sénégal. « Je me rendais dans les villages environnants jusqu’en Guinée même pour danser. J’ai participé à énormément d’évènements culturels. Nous dansions de la nuit au petit matin. Les évènements culturels se préparaient pendant des mois en amont. C’était des moments très denses. Il n’y a pas eu, hélas, cette transmission culturelle aussi. La jeunesse d’aujourd’hui ne connait pas ces moments forts. Tout ça c’est du passé aujourd’hui », dit-il non sans amertume.
Cependant, certains villages de la commune à la lisière de la frontière avec la Guinée, sont épargnés par l’orpaillage. « Là-bas, il y a toujours des pratiques culturelles très vivaces. Aujourd’hui, ce sont d’ailleurs ces villages qui viennent assurer certains rares événements culturels ici à Médina Baffé. On est obligé même de les payer pour leur prestation. Alors que notre Médina Baffé était très ancré dans la culture et organisait des évènements culturels très courus. Je me rappelle qu’à la veille de la circoncision, par exemple, seules les personnes âgées assistaient aux veillées culturelles. C’était risqué pour nous autres d’y prendre part. C’était très mystique », soutient Souleymane, un trémolo dans la voix qui en dit long sur la nostalgie qu’il éprouve très certainement quant à la disparition de ces moments de retrouvailles culturelles.
L’esprit «« khoobédi » et le redoutable masque « wolondin kindindé »
Ces masques sortaient lors des cérémonies de circoncision sous la protection de l’esprit « khoobédi ». Il restait en dehors du village deux jours avant la circoncision. Le deuxième jour qui coïncide au jeudi, il vient à la place publique. « La journée, des danseurs sillonnent le village et les maisons pour faire des quêtes. La nuit, la danse se poursuit jusqu’au petit matin du vendredi et l’on circoncit les jeunes. À l’aube du vendredi, un masque qui s’appelle « wolondin kindindé » fait son apparition. Quand il apparaît, tout le monde reste dans les cases. Personne ne doit le voir sauf les circoncis. Il fait le tour du village. C’est à la fin que les gens sortent de leur cachette », explique le vieux Saibo Camara, notable et ancien danseur redoutable Djallonké.
Makhan Camara, notable coutumier de Médina Baffé se rappelle, lui aussi, ces moments culturels que vivait le village. Le matin, les parents, hommes et femmes sortent danser pour manifester leur satisfaction. Ils apportent aux circoncis des cadeaux. Après quelques semaines, les circoncis reviennent au village et l’on organise des pratiques culturelles secrètes qui vont même jusqu’à définir l’avenir des circoncis. Ils portent leurs nouveaux habits et ils vont remercier tous ceux qui les ont accompagnés dans l’épreuve qu’ils ont subie. « Les jeunes étaient regroupés par classe d’âge, notamment ceux qui ont été circoncis ensemble. Ces groupes s’organisaient pour nettoyer tout le village et les alentours. Les filles étaient chargées de préparer les repas. C’était des évènements qui se tenaient sur trois jours. Chaque groupe avait un chef à qui chacun vouait un respect strict. Le dernier jour, la nuit, on danse jusqu’à l’aube. Il y avait un esprit de solidarité. C’était vraiment le collectivisme », indique-il.
Alpha Samoura, un jeune du village, se souvient, lui aussi, des activités qu’ils menaient pour le compte de la communauté. « Il arrivait, parfois, que les jeunes du village se lèvent et organisent des veillées culturelles et des travaux champêtres avec l‘appui des chefs coutumiers. Ils organisaient, par la suite, la nuit tombée, des danses pour manifester leur totale réjouissance », confie-t-il.
Mais aujourd’hui, Médina Baffé semble avoir perdu cette splendeur culturelle. « Tout ce qui se passait avant, n’existe plus maintenant. Les veillées culturelles nocturnes ont été remplacées par les soirées dansantes. Il y aussi l’association des minorités ethniques qui organise des évènements culturels auxquels nous prenons part. Pour préserver de telles choses, il faut un transfert culturel. Mais le problème c’est que les jeunes ne s’en occupent plus. Ils ont délaissé la culture au profit de la recherche de richesses. Les « diouras » (sites d’orpaillage) ont largement contribué à ce délaissement », renseigne le notable et chef coutumier Makhan Camara. Tout au plus, « les gens cherchent à s’enrichir et n’ont plus le temps. Il y a même un abandon de l’agriculture. L’école aussi a joué un rôle négatif sur la culture locale avec un certain complexe nourri par les jeunes », dit-il, peiné.
Difficile ancrage culturel des filles
Les femmes de Médina Baffé tentent vaille que vaille de maintenir le flambeau légué par leurs ainées. « Aujourd’hui, seules les femmes continuent un peu à organiser des veillées culturelles de danse », de l’avis du notable Makhan Camara. Ainsi, Simiti Keita, responsable coutumière de Médina Baffé, fait partie de ses dames qui contribuent à la préservation de la culture djallonké dans sa localité. « Nous continuons à pratiquer la culture. Nous avons grandi avec, vécu avec depuis l’enfance. Nous ne pourrions délaisser notre culture. Surtout à notre âge. Nous ne pouvons que consolider cela. Mais les jeunes filles ne sont aujourd’hui préoccupées que par les soirées dansantes après l’école. Si une veillée culturelle que nous organisons arrivait à coïncider avec une soirée dansante, le choix est vite fait par les filles : c’est la soirée dansante », admet-elle. « D’ailleurs de nos jours, les filles ne savent ni danser ni chanter », ajoute Simiti Keita avec un large sourire. Quant au rôle des femmes lors des cérémonies de circoncision, Simiti indique qu’elles se préparaient et accompagnaient la danse des masques avec des chansons. Seulement, « aujourd’hui, avec l’abandon de l’excision et des animations culturelles lors des circoncisions, beaucoup de choses disparaissent. Lors des mariages, il y a des danses appelées « Koumbana » que seules les femmes pratiquent. Et ici, à Médina Baffé, il n’y a plus de batteurs de tam-tam. Même si l’on voulait organiser cette danse, ce sera voué à l’échec. À moins qu’on aille chercher les batteurs dans les villages environnants », soutient-elle.