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30 novembre 2024
Culture
L'ALCHIMIE MERVEILLEUSE D'AYAVI LAKE
Dans son recueil de nouvelles Le marabout, pour lequel elle a remporté cette année le Prix des Horizons imaginaires, il y est question entre autres d’une chamane atikamekw qui permettra à un sorcier africain de changer de couleur de peau et de sexe
Ayavi Lake est née à Dakar au Sénégal en 1980. Après des études en France, elle immigre au Québec où elle s’installe à Jonquière, puis à Montréal. Dans son recueil de nouvelles Le marabout, pour lequel elle a remporté cette année le Prix des Horizons imaginaires, il y est question entre autres d’une chamane atikamekw qui permettra à un sorcier africain de changer de couleur de peau et de sexe. Rocambolesque à souhait, ce livre qui fait à la fois sourire et réfléchir recèle plusieurs morceaux de réalisme magique qui pourraient bien changer la vie de ses personnages.
Pourquoi avez-vous eu recours au réalisme magique dans la construction de votre œuvre? Qu’est-ce que cela vous a permis?
Le réalisme magique était pour moi le moyen, avec l’ironie, de donner aux personnages le pouvoir de changer l’ordre établi dans la société. Les superpouvoirs que les héros acquièrent alors sont d’autant plus légitimes qu’ils puisent leurs racines dans leur culture d’origine pour affronter les écueils que semble leur imposer une autre culture. J’associe ainsi beaucoup le réalisme magique à la liberté de relire des légendes, des mythes ou de les revisiter à ma façon en leur donnant un ancrage politique (par exemple, l’ancien combattant sénégalais mort depuis longtemps, qui revient parler de son histoire).
Pouvez-vous me fournir un passage de votre livre selon votre choix qui fait état de réalisme magique, en expliquant peut-être ce qu’il vient révéler ou suggérer?
« Enfin, il regarde la femme toujours emmitouflée qui le fixe sans ciller.
C’est ridicule. Il vient d’un des pays les plus férus en sorcellerie et il n’a jamais entendu cela. Et puis d’abord, voler la peau et le sexe de quelqu’un, pour quoi faire?
— Ne me dis pas que tu n’as jamais pensé à être blanche, icitte, au Québec?
Il la regarde, bouche bée.
Non, il n’y a jamais pensé.
— Eh bien, moi, tous les jours, je rêve d’être un Blanc, icitte, au Québec. Mais je ne peux pas me le faire à moi-même. Tiens, rien que pour pouvoir baiser en paix avec qui je veux sans qu’on me traite de pute, je veux être blanc. Et redevenir moi-même après, bien sûr! Et aussi, pour voir les regards des autres sur moi, sans pitié et sans dégoût.
Le Sénégal sera représenté aux sections compétitives de la 27e édition du Festival du film africain et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) par 14 films, des longs et courts métrages fictions et documentaires, des séries et un film d’animation
La 27e édition du Festival du film africain et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) aura lieu du 16 au 23 octobre prochain. Pour cette année, 17 longs métrages seront en lice pour l’Etalon d’or du Yennenga. Pays invité d’honneur, le Sénégal sera représenté par 14 films en compétition ainsi qu’une sélection de films dans les sections parallèles
Le Sénégal sera représenté aux sections compétitives de la 27e édition du Festival du film africain et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) par 14 films, des longs et courts métrages fictions et documentaires, des séries et un film d’animation. Bamum Nafi, le film de Mamadou Dia, représentera le Sénégal dans la course à l’Etalon d’or du Yennenga. La sélection officielle du Fespaco, rendu public hier, dévoile une liste de 17 longs métrages de 15 pays qui seront en compétion pour la section reine du Fespaco. Aux côtés de Mamadou Dia, de grands noms du cinéma africain seront aussi en compétition comme l’Ivoirien Philippe Lacote avec La nuit des rois, le Tchadien Mahamat Saleh Haroun avec Lingui, les liens sacrés, la Tunisienne Leyla Bouzid avec Une histoire d’amour et de désir mais aussi le film du Lesotho This is not a burial, it’s a resurrection de Mosese Jeremiah Lemohang et celui de la Haïtienne Gessica Genuis Freda. Seul pays à présenter deux films, l’Egypte sera représentée par Souad, de Ayten Amin, et Feathers, de Omar El Zohairy.
239 films de 50 pays
Au total, la Sélection officielle comporte 239 films de 50 pays et dans la catégorie longs métrages documentaires, les films sénégalais en lice sont celui de Amina Ndiaye Leclerc sur son père Valdidio Ndiaye, un procès pour l’histoire et le film de Aïssa Maïga Marcher sur l’eau dont la première a eu lieu au dernier Festival de Cannes. La sélection documentaire est assez éclectique avec 15 pays représentés.
Dans les autres sections en compétition, 4 courts métrages sont en lice. En fiction, il s’agit de Ser bi, les tissus blancs de Moly Kane, Tabaski de Laurence Attali, Anonyme de Fama Reyanne Sow et 5 Etoiles de Mame Woury Thioubou dans la section documentaire. Walabok, Dérapages et Wara sont les trois séries qui représenteront le Sénégal pour les séries. Trois films seront également en lice pour les films d’école venant du Média Centre, de l’Isep de Thiès et de l’Esav Marrakech.
A signaler que l’Isma, une école béninoise, réussit la prouesse de placer 10 films dans la compétition. Et le film de Ameth Ndiaye Ganja, en animation. Dans les sections parallèles, le Fespaco propose des films hors compétition. La section Classics attire les regards avec la programmation de films restaurés comme Contras’City de Djibril Diop Mambety, Mandat bi de Sembène Ousmane, Les Princes de Saint Germain des Près de Ben Diogoy Bèye et aussi Ninki Nanka de Laurence Gavron.
Egalement dans le programme, le film de Sarah Maldoror Sambizanga. Et dans la sélection Panorama qui rassemble des longs métrages fictions et documentaires, on retrouve le film de Djeydi Djigo, Omar Blondin Diop, Un révolt́é sénégalais. Cette 27e édition du Fespaco aura pour thème : «Cinémas d’Afrique et de la diaspora : nouveaux regards, nouveaux défis.»
Le jury sera présidé par le cinéaste mauritanien, Abderrahmane Sissako, et Mati Diop compte parmi les membres du jury.
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MOHAMED MBOUGAR SARR, LE DÉTECTIVE LITTÉRAIRE
Prix Renaudot 1968, le Malien Yambo Ouologuem fut accusé de plagiat. De ce destin fracassé Mohamed Mbougar Sarr tire un brillantissime roman à la Bolaño
Le Point Afrique |
Valérie Marin La Meslée |
Publication 10/09/2021
De ce jeune écrivain sénégalais vivant en France, révélé avec Terre ceinte en 2015 par les éditions Présence africaine et confirmé depuis, voici un quatrième opus qui comptera dans l'histoire littéraire. La Plus Secrète Mémoire des hommes (figurant dans les premières sélections des prix Goncourt, Médicis et Femina), à la composition complexe mais que son suspense interdit de lâcher, revient sur l'histoire du Malien Yambo Ouologuem, Prix Renaudot 1968 pour Le Devoir de violence, au destin fracassé par une accusation de plagiat.
On le reconnaît sous la figure de T. C. Elimane, auteur du Labyrinthe de l'inhumain, paru en 1938, devenu introuvable mais qu'une écrivaine sénégalaise remet à son jeune ami Diégane, écrivain africain installé à Paris. Cette lecture est pour lui un choc, et le début d'une enquête incroyable à la Roberto Bolaño sur le destin de son auteur disparu des radars. Diégane épluche tout ce qui a été écrit sur Elimane, tableau passionnant de la réception d'un auteur africain, décrite - d'hier à aujourd'hui - avec une imparable lucidité et beaucoup d'humour ! Tandis que le mystérieux écrivain est pisté jusqu'en Argentine, son passé émerge dans un poignant roman familial. À cette fresque s'ajoute la dimension magique du manuscrit, qui fera des victimes parmi ses critiques… Cri d'amour à la littérature, ce roman brillantissime éclaire l'histoire littéraire africaine comme jamais, et l'on ne s'étonne pas que l'auteur préface un roman méconnu de René Maran, Un homme pareil aux autres (éd. du Typhon) en pointant, cent ans après son Goncourt, le désir « d'être légitime par l'écriture, sans être toujours […] reçu par le prisme racial » §
«JE NE ME CONSIDERE PAS COMME UN ECRIVAIN»
Entretien avec Mame Gor Ngom, journaliste, auteur de «Billets de salon»
Journaliste diplômé du très prestigieux Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’information (CESTI), Mame Gor Ngom vient de mettre aux rayons des librairies son premier ouvrage, « Les billets de Salon ». Celui-ci a été unanimement salué par le public. Cet amoureux des belles lettres s’est confié au Témoin.
Cher confrère, tu viens de publier ton premier ouvrage. Comment s’est produit le déclic ?
…En tant que journaliste, j’ai très tôt saisi qu’une histoire aussi grave d’accusation de viol contre l’opposant le plus en vue du régime, est une grosse affaire qui va faire grand bruit. Cela, d’autant plus qu’elle intervient dans un contexte très anxiogène avec une pandémie de la Covid-19 qui aggrave une crise économique et sociale déjà ténue. J’avais l’habitude d’écrire sur toutes les actualités quasi-quotidiennement, mais j’ai tôt pensé que affaire Sonko-Adji Sarr méritait un livre.
Est-ce que ton statut de journaliste à beaucoup pesé sur ce choix
Oui, mon statut de journaliste, qui se nourrit de faits, a été décisif sur ma décision.
Tu rejoins ainsi des confrères comme Boubacar Boris Diop, Pape Samba Kane ou Ibou Fall, pourrais-tu faire le saut en publiant un jour un roman ?
Ah, ce sont de grands confrères qui sont sans doute des références. Je ne me fixe aucune limite. L’écriture, c’est une sensation. J’aime écrire et j’écris sur tout. Tous les genres journalistiques comme littéraires, car au-delà de mon statut de journaliste, je suis avant tout un littéraire qui a fait des études supérieures en littérature. J’ai aussi cette chance de faire de la science politique et les relations internationales qui peuvent m’aider à appréhender l’actualité et la géopolitique. Donc, que cela soit le roman, la poésie ou le genre journalistique, je suis prêt à les «embrasser». C’est une question de temps et d’opportunité.
Peut-on dire que tu as subi l’influence des ainés cités plus haut et qui ont balisé la voie ?
Ces aînés et confrères ne sont pas des influenceurs. Le terme est à la mode. (Rires) Pour être plus sérieux, je ne suis pas influencé et je ne veux pas être influencé. La raison coule de source. Le style, c’est l’homme. C’est pourquoi d’ailleurs, quand j’ai décidé de publier « Billets de salon », je n’ai pas voulu singer d’autres comme l’exceptionnel défunt Alain Agboton auteur de «Xorom Ci». Cependant, dans le cadre du journalisme comme dans le domaine de la littérature, dans la vie tout court, j’ai des références solides. Il est difficile d’essayer de les citer toutes.
Tu as choisi « Le nègre international comme éditeur…
Comme je suis un novice dans ce milieu, j’ai demandé des conseils. Et un ami m’a indiqué «Le Nègre international». Élie, je le connais bien dans le cadre de mes activités professionnelles. Saër Ndiaye, qui est le Directeur éditorial, nous avons même partagé la rédaction du journal, « Le Matin ». Donc, le courant est vite passé. Naturellement. Et je ne regrette pas.
Avec le statut d’écrivain, es –tu disposé à rejoindre les rangs de l’Association des écrivains du Sénégal…
J’avoue que, moi-même, je ne me considère pas comme un écrivain. Je suis un journaliste très passionné par ce métier malgré les difficultés rencontrées ici et là. Donc, je n’ai même pas pensé à cette association. Même si je compte écrire encore des livres. En tant que je journaliste, je constate que celui qui est à sa tête, a fait son temps. Et les changements de dirigeants peuvent à bien des égards être très positifs pour ce genre d’associations quelle que soit la qualité de celui qui est là.
Comment juges-tu la situation de la littérature et de l’édition au Sénégal ?
Je suis impressionné par le nombre de jeunes qui publient des livres. A côté de ces jeunes, il y a de grands écrivains comme Mbougar Sarr qui sont des talents réguliers et qui nous donnent beaucoup de satisfaction même s’ils ne vivent pas au Sénégal. Il y a un certain engouement noté. Malheureusement, pour l’édition, ce n’est pas du tout évident. Le secteur n’est pas bien organisé. J’ai l’impression que les écrivains sont abandonnés à leur sort. Il faut mettre le curseur sur la promotion même si le ministère de la Culture, avec la Direction du Livre, fait des efforts, il faut une véritable politique du livre pour vraiment encourager les initiatives.
En ta qualité d’analyste politique que t’inspire le débat sur le troisième mandat au Sénégal ?
Le débat sur la « troisième candidature » ne devait pas se poser au Sénégal en 2021. S’il se pose, c’est qu’il y a un échec. Évidemment, le président de la République, qui a été élu en 2012, pour mettre les choses à l’endroit et opérer des ruptures, est responsable de cet échec au premier chef. En voulant entretenir la confusion par un « ni oui ni non », il irrigue la tension et laisse planer un doute normal. Cette situation découle d’une crise de confiance. La parole donnée, la parole présidentielle ne vaut plus rien. C’est comme si l’histoire de 2011 est en train de se répéter avec cette débauche d’énergie contre la troisième candidature de Wade. Nous faisons du surplace. J’ose espérer comme beaucoup de Sénégalais et d’Africains, que le président Macky Sall est assez réfléchi pour ne pas tenter le diable.
Ça nous ramène à la Guinée. Quelle analyse en fais-tu ?
En Guinée, on constate aussi un non assimilation des leçons par Alpha Condé, Professeur de son état et opposant historique. Il a appris à ses dépens que la force ne peut pas tout régenter. Le fait de réduire l’opposition à sa plus simple expression, museler la Société civile, embrigader une bonne partie de la presse, mettre à genoux la justice et les institutions, n’a pas empêché sa chute. Une humiliation qu’il pouvait éviter en ayant la tête sur les épaules, en respectant ses concitoyens. Ces images d’un Condé entre des militaires, les yeux hagards, le regard lointain, la mine défaite, sont moches. Hélas, nous sommes nombreux à ne ressentir aucune compassion pour lui. Il a été le bourreau de ses principes. Tant pis pour lui.
ALIOU NDIAYE, DIRECTEUR ARTISTIQUE DU RIPO
Les Rencontres internationales de peinture de Ouagadougou (Ripo) se tiennent cette année du 5 au 14 novembre dans la capitale du Faso
Les Rencontres internationales de peinture de Ouagadougou (Ripo) se tiennent cette année du 5 au 14 novembre dans la capitale du Faso. Cette 4e édition dont le thème est «Pour la sur(vie) d’un art transnational» aura pour directeur artistique le critique d’art et commissaire d’exposition sénégalais Aliou Ndiaye.
Dans un communiqué de presse, l’Association pour la promotion des arts plastiques (Apap), qui organise ces rencontres, indique vouloir donner un nouveau tournent à ces rencontres «à travers une meilleure diversification de la sélection internationale des artistes participants, mais aussi d’une thématique articulée aux réalités de la mobilité des artistes et de leurs œuvres».
L’Apap rappelle que le choix de Aliou Ndiaye se justifie dans la mesure où ses travaux de recherche ont porté sur la mobilité des artistes. De même, le Sénégalais a été commissaire de plusieurs expositions et associé à des évènements majeurs comme le Dak’art, les Rencontres photographiques de Bamako ou les Rencontres internationales d’art contemporain de Brazzaville (Riac). Une grande exposition, des rencontres B2B entre créateurs et professionnels, des conférences et une rue marchande seront les principales attractions de ce rendez-vous de l’art contemporain au mois de novembre prochain. Mais déjà, le Ripo a lancé des appels à candidatures pour les artistes visuels désireux d’exposer à ce rendez-vous
UN GRAND PROFESSIONNEL DE LA CULTURE
La secrétaire générale de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, Marième Ba, a rendu hommage à l’animateur et producteur d’origine camerounaise, Amobé Mévégué, décédé en France mercredi à l’âge de 53 ans, saluant notamment la mémoire ’’d’un
Dakar, 8 sept (APS) – Amobé Mévégué d’origine Camerounaise et de nationalité Sénégalaise avait été choisi pour animer la cérémonie d’ouverture de la 13e édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar organisée du 3 mai au 2 juin 2018 au Grand théâtre de Dakar.
"Il avait été choisi à l’époque pour être le maître de cérémonie de la Biennale de Dakar parce qu’il avait une bonne connaissance de la scène artistique d’Afrique et de sa diaspora", a rappelé Mme Ba.
"Aujourd’hui, c’est un choc, une surprise d’apprendre son décès, parce que j’ai beaucoup d’estime pour lui, un homme courtois, humble, d’une urbanité sans faille et j’avais beaucoup de plaisir à travailler avec lui’, a ajouté la secrétaire générale du Dak’art.
Amobé Mévégué, a-t-elle fait savoir, "avait une fine connaissance des artistes avec qui il a vécu. Il connaissait la scène artistique africaine au-delà de la musique".
Elle a déclaré avoir "beaucoup de regret en apprenant cette triste nouvelle".
Amobé Mévégué a promu les arts africains à travers des émissions sur France 24 et Radio France Internationale (RFI) où il officiait depuis 2010 et à travers sa nouvelle chaîne de télévision Ubiznews Tv qu’il avait créée.
Marième Ba a rappelé avoir rencontré Amobé Mévégué hors du Sénégal dans des scènes artistiques au Mali et au Cameroun.
Le chanteur et lead vocal du Super étoile Youssou Ndour a rendu hommage au journaliste Amobé Mévégué "un ami, un frère et mon ’goro’ (gendre)", a-t-il tweeté.
"Ange tu étais avec nous, Ange tu resteras. Un panafricain convaincu vient de nous quitter. Prières pour le repos éternel de son âme. Forever", a écrit Yousou Ndour.
Beaucoup d’artistes sénégalais et d’animateurs ont aussi réagi sur les réseaux sociaux après l’annonce de la mort d’Amobé Mévégué.
"France Médias Monde" où il travaillait a aussi annoncé sa disparition "brutale d’une maladie soudaine".
Producteur et animateur, il était depuis 2010 présentateur de l’émission culturelle "A l’affiche" et chroniqueur musical sur France 24 et à l’émission "Plein sud" sur RFI.
L’animateur Amobé Mévégué est présenté comme "un citoyen d’Afrique, un homme de conviction". Père de deux enfants, il était marié à Coumba Sow, une sénégalaise.
AMOBÉ MÉVÉGUÉ EST MORT
L'ancien journaliste de RFI et présentateur sur France 24, est décédé à 52 ans. Connu pour sa gentillesse, homme de culture, passionné de musique. Il savait transmettre ses coups de cœur et sa passion comme personne
Amobé Mévégué, ancien journaliste de RFI et présentateur sur France 24, est mort à l'âge de 52 ans. « Le dealer d'ondes positives », comme il aimait à se présenter lui-même. Connu pour sa gentillesse, homme de culture, passionné de musique. Il savait transmettre ses coups de cœur et sa passion comme personne. Il l'a fait pendant des années dans l'émission Plein Sud sur RFI, avant de présenter « À l'affiche » sur France 24.
Amobé Mévégué était un homme d'une grande culture notamment musicale, il portait haut toutes les cultures africaines qu'il faisait vivre depuis 2010 sur France 24 dans le journal de la musique. Originaire du Cameroun, il avait grandi en France et se disait « citoyen d'Afrique ». À partir de 1994, sur les ondes de RFI, il produit Plein Sud, une émission culte tout en coproduisant en parallèle Africa Musica, le premier hit-parade des musiques africaines. Les téléspectateurs de TV5 le connaissent bien également. Il avait reçu sur son plateau, les plus grands noms de la musique internationale.
Un journaliste entre radio et télé
Amobé Mévégué était avant tout un homme de conviction, producteur audiovisuel depuis plus de 20 ans. Il avait fondé la chaîne UBIZNEWS TV, accessible dans 40 pays d'Afrique, une plateforme multimédia. Sa passion était née au le milieu des années 1980, il avait fait figure de pionnier en prenant part à l’aventure de Tabala FM, première radio africaine établie en France.
«POURQUOI CHERCHER À DÉTRUIRE UN FAUTEUIL SUR LEQUEL ON ASPIRE À S’ASSEOIR ?»
Le roi d’Oussouye dévoile son rôle crucial pour amener l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, leader indépendantiste casamançais, à travailler à faire taire les armes
Olivier Diédhiou, à l’état civil, a été intronisé Roi d’Oussouye en janvier 2000, sous le titre de Sibiloumbaye (Ndlr : Celui qui va amener les bêtes de sacrifice). Il dit avoir été intronisé pour garantir l’avènement de la paix en Casamance. Au cours d’un entretien accordé au journal Le Quotidien dans le bois sacré, il a déploré les violences qui avaient agité le Sénégal au mois de mars 2021, avec des émeutes déclenchées à la suite de l’interpellation de Ousmane Sonko, leader du parti Pastef. De même, le Roi d’Oussouye, avec un calme d’ange, a dévoilé son rôle crucial pour amener l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, leader indépendantiste casamançais, à travailler à faire taire les armes. Le Quotidien a veillé, avant publication, à faire relire le texte de cet entretien au Roi Sibiloumbaye Diédhiou qui, assisté de son conseiller en communication Souleymane Diédhiou, l’a approuvé sans réserve.
Sibiloumbaye Diédhiou, que signifie le titre Roi d’Oussouye ?
Le titre de Roi d’Oussouye est comparable à celui du président de la République
En quelle année avez-vous été intronisé ?
Exactement le 17 janvier 2000
Il se raconte qu’avant votre intronisation, le poste de Roi d’Oussouye était longtemps resté vacant.
Pendant 16 ans, le titre est resté vacant, de 1984 au 16 janvier 2000. Cela, parce qu’à la disparition du Roi Sibacouyane Diabone en 1984, on était dans une situation de conflit armé, les hostilités (Ndlr : guerre d’indépendance déclenchée pour le Mouvement des forces démocratiques de Casamance) avaient déjà démarré en Casamance. Nous avions connu des années difficiles et la tension était telle qu’il y avait une grande insécurité dans la zone. Les sages n’avaient pas voulu introniser un roi pour éviter que l’une ou l’autre partie (Mfdc et Etat du Sénégal) ne voie cela d’un mauvais œil, une sorte de compromission ou de parti-pris. Le Mfdc pouvait croire que si on intronisait un roi, c’était parce qu’on était en phase avec l’Etat du Sénégal et de son côté, l’Etat du Sénégal pouvait suspecter des accointances avec le Mfdc.
Pourtant, en 2000, la sécurité n’était pas totalement rétablie, mais vous avez quand même été intronisé. Comment avez-vous fait ?
C’est un vieux qui, de retour de la récolte de vin de palme, a déclaré aux sages qu’il a reçu la révélation que le temps était venu de désigner un roi, parce que notre terre est sacrée. Selon ce sage, aussi longtemps qu’il n’y aurait pas de roi d’Oussouye, la guerre n’allait pas prendre fin. Les sages avaient des craintes que si un roi était désigné, il soit pris entre deux feux, entre l’Armée et la rébellion du Mfdc. Après le message de ce vieux, les sages sont allés consulter les fétiches, ainsi que les voyants traditionnels. Ces derniers ont confirmé le message du vieux, à savoir que l’intronisation du Roi allait conduire à la paix dans toute la région. Des marabouts ont aussi transmis le même message, que si le Roi d’Oussouye n’était pas intronisé, il n’y aurait pas de paix en Casamance. C’est ainsi que j’ai été désigné, pour que mon règne puisse apporter la paix dans la région. Mon règne est destiné à asseoir la paix définitive, le silence des armes. Mon règne doit consacrer l’avènement de la paix.
Et d’où vient le Roi d’Oussouye ?
Les rois d’Oussouye sont désignés par trois familles à tour de rôle. Mais le trône n’est pas si héréditaire que cela. Les sages se réunissent pour identifier la personne qui doit porter la charge. Si par exemple une personne est désignée sans être la personne indiquée, son règne ne durera pas plus de deux mois. La personne va mourir. Une consultation rigoureuse des esprits est nécessaire. Le jour où le trône quittera ici, il ira au village de Kahinde, la royauté reviendra à la famille Diatta à Kahinde.
Suite à votre intronisation, quelles actions avez-vous entrepris, Majesté, pour assurer la paix ?
Avant toutes choses, nous avons organisé des prières dans le bois sacré, avec forces libations à base de vin de palme et de sacrifice d’animaux. A la suite de quoi j’ai convoqué l’abbé Diamacoune (Ndlr : Augustin Diamacoune Senghor, leader historique du Mfdc), pour des discussions.
Sur quoi portaient ces discussions ?
C’était simple. Il était venu à cette même place. La première chose que je lui ai dite ici, c’est que les gens étaient fatigués de la guerre et qu’il est temps de l’arrêter. Et avant d’entamer leurs Assises (Ndlr : Assises du Mfdc), nous devons nous asseoir pour trouver des solutions durables. C’est après cela que Diamacoune a commencé à calmer ses partisans et à encourager les gens à retourner dans les villages.
L’abbé Diamacoune a-t-il facilement accédé à votre demande ou a-t-il fait de la résistance ?
L’abbé Diamacoune ne pouvait pas refuser ce que je lui demandais. Il est du village de Senghalène, qui fait partie du royaume d’Oussouye. Il est en quelque sorte mon sujet et devrait m’obéir. Quand je lui ai parlé et dès son retour des Assises du Mfdc, il a réagi positivement, et a encouragé les gens à retourner chez eux.
L’abbé Diamacoune n’est plus. Avez-vous des contacts avec les autres chefs du Mfdc ?
Non, je ne connais pas ses autres compagnons. Mais je dois dire que certains émissaires du Président Macky Sall, comme Robert Sagna, venaient parfois me consulter dans le cadre de missions en direction du Mfdc et je les associais à des membres de la Cour royale pour aller rencontrer des responsables du Mfdc dans le maquis.
Quelles relations avez-vous avec les autorités de l’Etat et l’Armée ? De plus, on note qu’il n’y a plus une grande présence militaire dans la région. Comment appréciez-vous cela ?
C’est normal. Lorsque la crise était très forte, on avait un grand nombre de militaires ici. Maintenant, il n’y a plus d’attaques, le climat de confiance revient, l’Armée commence à se replier. Avec les autorités, nous avons de très bonnes relations et sommes complémentaires. Il peut arriver que là où l’autorité administrative échoue, nous autorité coutumière, puissions réussir. Nous travaillons en parfaite harmonie. Quand il y a un problème à un endroit où je peux apporter ma contribution, j’envoie la Cour royale, qui porte mon message, et permet de régler les problèmes.
Nous avons assisté hier (Ndlr : dimanche 5 septembre 2021), à Oussouye, à une grande et belle fête, le «Bônônô». C’était une belle ambiance de fraternité. Comment l’analysez-vous ?
(Large sourire). Cela est une tradition ancestrale. La lutte traditionnelle, les compétitions entre villages, cela fait partie de notre culture. Nous avons pu unifier tout le royaume grâce à la fête de Houmeubeul, qui est organisée sous mon égide. Dès 2001, un an après mon intronisation, nous avons organisé le Houmeubeul ici, pendant 3 jours de festivités. Il y avait à l’époque un climat de tension très vive. Cette fête a permis de rassembler beaucoup de gens. Elle rassemble tous les villages du royaume, généralement pendant la deuxième quinzaine de septembre. Le Houmeubeul est d’abord une fête qui permet de prier pour un bon hivernage, et pour renforcer la paix dans le pays.
Et quand se passera le Houmeubeul cette année ?
La date n’est pas encore fixée. Elle le sera après des cérémonies dans le bois sacré.
La rébellion a causé des douleurs, avec des pertes en vies humaines dans beaucoup de familles en Casamance…
Le roi est comme le chef de famille. Quand les enfants meurent, que ce soit parmi les rebelles ou pas, c’est la famille qui perd, c’est moi le chef qui souffre. C’est pourquoi nous voulons en finir totalement avec la guerre.
La guerre entre le Mfdc et l’Armée semble être derrière nous. Mais au mois de mars dernier, les démons de la violence ont frappé et on a connu de la violence, même dans la région de la Casamance. Comment le Roi d’Oussouye voit-il cette situation ?
Nous avons toujours condamné les destructions des biens d’autrui avec les émeutes du mois de mars 2021. Nous avons aussi désapprouvé les violences à l’Université de Dakar entre les étudiants diolas et sérères. Quel que soit le niveau de mécontentement, il y a des procédures à respecter pour régler les problèmes. On ne peut rien résoudre par la violence.
Cette violence n’a pourtant pas été tellement ressentie au niveau de votre royaume. Comment cela s’explique-t-il ?
Nous avons un respect immense de la vie humaine. Ici, la vie humaine est sacrée. Faire couler du sang est puni de manière forte. Il faut, pour se libérer d’une telle faute, faire de lourds sacrifices et faire un repentir public. Au défaut, la punition est terrible. Nous ne pouvons pas chercher à sortir des affres de la rébellion pour entrer dans d’autres problèmes. Je condamne donc fermement ces violences du mois de mars 2021, les pertes en vies humaines sont intolérables ainsi que la destruction des biens d’autrui. (Ndlr : Son conseiller Souleymane Diédhiou ajoute : Vous pouvez observer que le royaume d’Oussouye a été épargné des violences de mars 2021). (Ndlr : Le roi reprit la parole). Je ne peux tolérer la violence. Et puis, comment détruire un fauteuil sur lequel on aspire s’asseoir ? Cela n’a pas de sens. Ces violences sont totalement inacceptables.
Dans de pareilles situations, une intervention des autorités coutumières et traditionnelles pourrait aussi aider à calmer les esprits. Qu’avez-vous fait en ce sens ?
Oui, et on l’a vécu durant les évènements du mois de mars 2021. Il y a eu une médiation qui a été faite pour demander aux esprits de se calmer et d’en finir avec la violence. On ne peut pas détruire le pays. Déjà que notre pays et notre région sont en retard dans bien des domaines, nul ne devrait en rajouter.
Quelle est votre capacité, en tant qu’autorité traditionnelle, à pouvoir empêcher des pareils troubles à l’avenir ?
Le Roi peut donner un message fort à la communauté, parce qu’il est très écouté. Il a des représentants dans tous les villages. Dès qu’il parle, son message est répercuté dans toutes les communautés et disséqué, et permet de calmer les esprits. Nous réglons ici tous nos problèmes dans le calme.
Quel est, aujourd’hui, le message fort que vous voulez faire passer ?
Le message est que le Sénégal soit uni, que les jeunes prennent conscience que l’on ne doit pas dilapider le peu de ressources que l’on a dans la violence.
Les évènements de mars avaient un soubassement politique. Comment analysez-vous cela ?
Quel que soit le degré de mécontentement, les gens doivent apprendre à garder leur calme et surtout chercher à régler les problèmes par le dialogue, la discussion.
Après ces évènements, avez-vous pu entrer en contact avec les acteurs impliqués ?
Non
Ousmane Sonko est de la communauté diola. N’est-il pas entré en contact avec vous ? Les violentes émeutes ont été déclenchées par ses partisans.
Le seul contact avec Ousmane Sonko a été fait lors de la campagne pour la Présidentielle de 2019, quand ce dernier est passé par ici, pour des salutations. Mais en dehors de cela, aucun acteur politique n’est passé. Si ce n’est, de temps en temps, Aminata Assome Diatta, qui est comme ma fille, et qui est de la région. Elle vient souvent pour des visites de courtoisie.
Vous n’avez pas de contacts directs avec le Président Macky Sall ?
Le président Macky Sall m’a visité au moins à quatre reprises depuis 2012. Chaque fois qu’il est de passage dans la région pour ses activités, il trouve le temps de passer me saluer. D’ailleurs, je dois le remercier pour des gestes à mon endroit et à l’égard de la communauté. Depuis son arrivée au pouvoir, il a doublé l’aide que nous accordait le Président Abdoulaye Wade pour les festivités du Houmeubeul. Abdoulaye Wade m’avait rendu visite en 2000, après mon intronisation. Il m’avait donné ma première voiture à cette occasion. Ses prédécesseurs Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf avaient chacun visité le Roi Diabone (Ndlr : qui a régné de 1957 à 1984). C’était en 1962 et en 1982. Macky Sall m’a offert deux voitures : une pour moi et une autre pour le roi d’Essaout qui dépend de mon royaume.
CES GROUPES DE QUARTIER A L’EPREUVE DU TEMPS
Les groupes «Missal» de la Patte d’Oie, «Waflash» de Thiès, «Ceddo» des Hlm de Dakar, ont disparu de la scène musicale sénégalaise depuis quelques années
Les groupes «Missal» de la Patte d’Oie, «Waflash» de Thiès, «Ceddo» des Hlm de Dakar, ont disparu de la scène musicale sénégalaise depuis quelques années. Pour les deux premiers nommés, leurs lead vocaux, respectivement Woz Kaly et Ma Sané, mènent tous deux une carrière solo en France. Le groupe «Ceddo» qui s’est mué en «Super Ceddo», reste la «propriété» de Khamdel Lô même s’il a tenté un comeback avec son «ami», Abdoulaye Seck. Malgré les difficultés du showbiz, les groupes «Les frères Guissé» et «Touré Kunda», dont les membres sont unis par le sang, ont su conserver leur unité.
Ils ont connu leur temps de gloire. Ils étaient parmi les musiciens aimés par les mélomanes sénégalais. Les groupes Missal de la Patte d’Oie, Ceddo des Hlm de Dakar, Waflash de Thiès ont un dénominateur commun. Des groupes fondés par des jeunes habitant le même quartier. Aujourd’hui, ils ont tous disparu. Les membres se sont dispersés. Chacun a pris son chemin pour mener une carrière solo. C’est le choc des ambitions, un problème de leadership, d’organisation qui entraîne cette fissure-là, analyse le journaliste culturel, Fadel Lô. Il explique : «Ce sont des trucs de quartier. Il n’y a pas de leader, il n’y a pas de chef. Ce n’est pas organisé. D’habitude, tous les trois-là se regroupaient au sein d’une famille pour répéter. Ce sont des gens qui ont grandi ensemble, personne ne va accepter que l’autre soit au-dessus de lui.» Son confrère, Lamine Bâ, rédacteur en chef de Music in Africa en charge de l’Afrique de l’Ouest francophone, corrobore en soutenant qu’en général, avec l’évolution, les aspirations des uns et des autres changent. Donc il devient de plus en plus difficile de trouver des points de convergence. Selon lui, les divergences sur la direction artistique du groupe sont l’une des raisons qui font que les groupes de ce genre peuvent se disloquer. «Il y a aussi la guerre des ego qui peut faire qu’un groupe formé par les membres d’une même famille, vole en éclats. Il peut arriver qu’avec le succès, les ego, la jalousie installent une atmosphère toxique au sein du groupe», ajoute le journaliste de Music in Africa.
Woz Kaly : «On ne peut pas éternellement être dans un même groupe»
Après la séparation, les tentatives de retrouvailles intervenues ne sont pas allées loin. Abdoulaye Seck et Khamdel Lô du groupe Ceddo, qui avaient fini d’officialiser leur «divorce» en 2007, se sont retrouvés. Ils ont même procédé à la refondation du groupe en le rebaptisant «le Super Ceddo». «On a réalisé qu’il nous fallait retravailler ensemble», chantaient-ils en cœur dans un entretien accordé en 2011 au journal L’Observateur. Les deux avaient annoncé un single et un album pour sceller de façon définitive leurs retrouvailles. Mais «le Super Ceddo n’a jamais existé formellement. Ils ont juste joué pendant 6, 7 mois, ensuite, chacun est retourné dans son coin. Ils sont restés de bons amis mais ils ne travaillent plus ensemble. Donc actuellement, c’est Khamdel et le Super Ceddo tout simplement. L’autre le rejoint de temps en temps pour faire des chœurs mais le groupe ne s’est pas réformé en tant que tel», affirme Fadel Lô. Ce dernier rappelle aussi que Khamdel a sorti un album en 2018 seul et il a invité sur deux titres Abdoulaye Bamba Seck. Au groupe Missal également, ils se sont quittés. Ils sont entre les Etats-Unis et l’Europe. Chaque membre a décidé de tracer son propre chemin. C’est ainsi que Woz Kaly s’est installé en France pour y mener carrière tout seul. Lui et ses compagnons d’hier ont certes tenté plusieurs comeback, mais la composition originelle du groupe reste dispersée. En avril 2014, dans un entretien accordé à nos confrères du journal EnQuête, le chanteur, auteur et compositeur, Woz Kaly, disait : «On va revenir. Cela est même très certain. Je suis très sûr de cela.» Sept ans après, les mélomanes attendent toujours que cela se réalise. Au cours de la même entrevue, il assurait que le groupe est toujours là. «Le Missal est un groupe dont les membres sont éparpillés. Moi, je suis dans un projet, pareil pour Samba Laobé et Omar, etc. Mais on est tous des enfants du Missal. Quand on a besoin de nous, comme on l’a fait il y a 3 ans, on revient. On s’appelle, on se retrouve en studio et on fait quelque chose. On ne peut pas éternellement être dans un même groupe. Cela nous fait rater plein de choses alors qu’il y a beaucoup à voir. L’artiste doit être libre.» Le journaliste Fadel Lô ne partage pas l’argumentaire de Woz Kaly. Il persiste et signe que «c’est le choc des ambitions. C’est un lead vocal, il veut voler de ses propres ailes et ils ont toujours l’excuse facile pour dire que ce qu’ils peuvent exprimer seuls, ils ne peuvent pas l’exprimer dans un groupe. Ce n’est pas une première, c’est arrivé à Bob Marley». L’analyse de ce professionnel de l’information ne semble pas convaincre l’artiste Cheikh Guissé, du groupe «Les frères Guissé». D’abord, il pense que les raisons sont multiples, mais c’est principalement le manque d’assainissement du secteur. Il y a également, selon lui, le manque d‘appui et de subventions et la non-application des exigences du statut des artistes. «Tout cela réuni, favorise une certaine précarité et une fragilité. Du coup ce n’est pas tous les groupes qui résistent à ces facteurs et turbulences», soutient le chanteur. Peut-être que ces raisons sont à l’origine de l’éclatement du groupe West african Flash (Waflash) né dans les années 1990 autour du lead vocal Ma Sané mais également Do Sané.
L’argent, pomme de discorde
Aujourd’hui, le groupe qui chauffait les nuits au Palais des Arts à travers un mélange afro-mbalax est en ordre dispersé. Les «baobabs» de cette formation musicale sont en Europe et aux Etats-Unis. Ma Sané est en France, le second lead vocal, Mamadou Yade, s’est installé aux Usa et y mène une carrière solo, le 3e lead vocal, Do Sané, est en Italie. Max Thiam, claviéristeguitariste, vit aux Usa. «On parle seulement de Waflash. Même Youssou Ndour et le Super étoile ont connu une mutation. Le visage que nous avons n’est pas celui du Super étoile des années 80. Les groupes changent et évoluent avec le temps. Certains ont des parcours individuels. C’est comme le Xalam. Mais ce n’est pas cela le plus important», disait-il dans un entretien avec le journal l’Observateur en 2018. Selon Fadel Lô, un autre élément qui peut expliquer ces situations dans les groupes de musique créés dans les quartiers, c’est qu’au moment de leur mise sur pied, au début des années 1990, la musique n’était pas aussi développée, elle n’était pas non plus organisée. Il ajoute que ces groupes n’ont jamais pensé devenir professionnels, parce que ce sont des étudiants qui se sont regroupés un jour ou l’autre pour faire de la musique leur passion. «D’autres raisons comme l’argent peuvent être évoquées. En effet, l’argent a le potentiel d’empoisonner toute relation, il est particulièrement préjudiciable aux groupes de musique de ce genre où tout peut être exacerbé. La motivation, la drogue ou l’alcool peuvent aussi des sources de disparition de ces groupes», note Lamine Bâ, de Music in Africa. A côté de ces groupes aujourd’hui en «éclats», il y a d’autres qui ont résisté à cette tempête qui secoue très souvent les regroupements du showbiz. Mais ils ont une particularité. «Les Touré Kunda» et «les frères Guissé» font partie de cette catégorie. En effet, ils ont été fondés par des membres liés par le sang. «On a toujours été trois depuis le départ, même s’il arrive qu’on fasse appel à des instrumentistes pour nous renforcer selon le format adéquat du type de prestation et de la demande des organisateurs», confie Cheikh Guissé, du groupe «Les frères Guissé». L’ossature de base reste la même, déclare-t-il. «Evoluer dans le même groupe musical que son frère, sa sœur ou son ami d’enfance, comporte bien des avantages. Vous vous connaissez très bien et vous pouvez naturellement vous faire confiance. Votre implication est totale et le plus souvent, régler ou éviter les conflits dans le groupe, est plus facile car vous savez comment réagit chacun dans telle ou telle situation», remarque Lamine Bâ. Cependant il explique qu’«à côté de cette synergie, cette osmose facile à trouver entre amis d’enfance, frères, sœurs, les choses peuvent devenir très compliquées à cause justement des liens très forts qui unissent le groupe. Pour les groupes qui parviennent à rester ensemble, je pense que c’est souvent parce que l’amitié, l’amour y sont véritables, plus puissants que tout». Il poursuit : «Ce sont de vraies bandes d’amis qui parviennent à trouver une vraie osmose. Dans ces groupes, on retrouve de vrais alter ego dans le processus créatif qui arrivent à préserver l’aventure artistique et l’intérêt financier commun. Seules les causes naturelles comme la mort, les forcent à changer les membres du groupe.»
L’exemple du groupe Xalam
Pourtant selon Fadel Lô, même dans ces entités familiales, il y a eu des fissures. Il dit : «Pour les frères Guissé, l’un est parti, Alioune. Pour le Touré Kunda, il ne reste que le Touré Kunda originel. Trois chanteurs sont passés. Amadou Touré, Hamidou Touré, et Ousmane, ils ont tous quitté. Il ne reste que Cheikh Tidiane et Ismaël qui l’ont formé ensemble. Ça se casse tout le temps.» D’après lui, la seule exception c’est peut-être l’exemple du Xalam qui a été une entité familiale, avec Pr Sakhir Thiam au début et les cadets qui ont pris le relais. Et depuis 50 ans, ils sont là.
Mbour, 7 sept (APS) – Les médias communautaires, dans un contexte de problèmes économiques qui frappent les pays sous-développés, demeurent un moyen de préserver les cultures positives locales en vue de relever les défis du développement, a déclaré mardi à Saly Portudal (Mbour), le président de l’Union des radios associatives et communautaires (URAC), Talla Dieng.
"Au-delà des problèmes économiques que traverse globalement le monde sous-développé, l’enjeu de taille, aujourd’hui, pour les médias communautaires, gardiennes des valeurs positives traditionnelles, c’est la préservation des cultures positives locales des pays africains’’, a-t-il notamment indiqué.
M. Dieng intervenait à l’ouverture d’un forum d’échanges et de partage sur la régulation du secteur, une rencontre qui se tient à Mbour avec la participation de près de 60 journalistes, professionnels de l’information ainsi que des représentants d’organisations et de structures de régulation des médias, en plus des membres du collège de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), organisatrice de la rencontre.
La rencontre qui se déroule jusqu’à jeudi, s’inscrit dans le cadre de la célébration cette année des 20 ans de régulation de l’ARTP, sur le thème : "ARTP, Bilan de deux décennies de régulation au service du numérique".
Il a rappelé que les radios communautaires, ‘’médias de proximité, gardienne des valeurs positives traditionnelles’’, ont une mission de développement économique, social et culturel.
‘’Les radios communautaires joueront leur rôle en y ajoutant les nouvelles techniques de communication. Cela permettra de ressourcer et d’attacher à nos valeurs, nos compatriotes au-delà des frontières nationales pour rester avec nous sur ce qui se fait dans les défis de développement’’, a ajouté le président de l’URAC.
Il a assuré que sa structure accorde une importance capitale aux langues locales, pour le développement économique et social du pays.
L’URAC, souligne M. Dieng, regroupe 127 radios communautaires.