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21 avril 2025
Culture
UNE JEUNESSE MALSAINE, ALCHIMIE ROMANESQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Boubacar Seck a réussi un magnifique texte littéraire. Un roman, étonnant pour le moins. Assurément l’un des plus intelligents écrits sur la société sénégalaise
Un roman, étonnant pour le moins. Assurément l’un des plus intelligents écrits sur la société sénégalaise. Tant par son style baroque, poétique, imagé, désarçonnant, que par une langue qui peut sembler parfois datée sans jamais l’être, ouvrant ainsi vers sa propre modernité. Un goût du mot rare, une grande habileté dans les descriptions. « La marmite ombreuse de l’orage couve à petit feu des promesses de ripaille dans le ciel de la ville. La lueur pâle de la nuit tente de pénétrer dans la véranda par les ajours du muret extérieur de la maison. De temps en temps s’élèvent dans ce même ciel tourbeux les échos d’une fête, les aboiements encore furieux du fidèle ami de l’homme, le chant d’un griot […] »
Par-dessus tout, une empathie faite style raconte les drames sans les secouer, pour sans doute mieux en révéler les résistances humanistes. Un vrai savoir-faire de son auteur, architecte à Bordeaux, Boubacar Seck. Et ça commence comme au théâtre, avec un rideau qui se lève, et pour nourrir le mystère, une citation qui accompagne l’entame. Et ils arrivent, les acteurs : Demba d’abord, vieux garçon bougon, geignard sans réel horizon, aux réveils tardifs qui erre, rêve, et en veut à sa mère, Ya Bintou, co-épouse délaissée, âme modeste et bienveillante, qui porte sa croix avec mansuétude. Avec son fils, les impuissances mutuelles ont déteint sur des rapports devenus corsés. Sur ce conflit filial les pages sont précises : « chaque conflit familial est considéré dans le quartier comme l’échec de tous […] Tout le monde sait que la tranquillité des pénates est un concept abstrait. Nous sommes dans une société où tout le monde sait tout de chacun. Une société de la « surbienveillance », un mélange de surveillance et de bienveillance ».
Que dire de Mass, l’ingénieur, admiré de tous, fait de bonté, de ressources, grand régulateur de ce ballet des mutilés, dont la philosophie et la hauteur administrent la colère et le ressentiment avec savoir et patience. Ce Mass, cœur de ce récit, à la trajectoire escarpée. Un savant volontaire devant la montagne des défis et dont le cœur et la maison deviennent des gisements de l’espoir. Arrive Modou, l’apprenti intégriste, repenti d’un passé pas catholique, accompagné du zèle du converti qui va avec. Chapelet et attirail bigots, l’homme s’érige en juge morale. « Le surgeon de la débauche s’est transformé en légionnaire du Coran », lit-on non sans sourire.
Ces acteurs ont une scène, une unité de lieu : une boulangerie. Métaphore presque christique, c’est dans la distribution du pain, que s’affirment les caractères de cette tragédie sourde qui cape toutes les nuances sénégalaises, par la composition sociale de la scène, les thèmes qui la peuplent, les discours des personnages. La boulangerie est tenue par Mass et Mamour, associés, ouverts d’esprits, dont le commerce devient parlement populaire. Une assemblée presque cathartique où tout le monde vient se délester de son poids. « La boulangerie est animée comme un stade. Il y a du monde. Le marchand de cacahuètes grillées va faire le plus gros de ses ventes de la journée. Le policier est là, monsieur le ministre, Mamour, Demba, Jack de Belouet le parieur contrarié, le chauffeur de taxi clandestin, Moussa l’époux violent, des prieurs qui attendent l’appel de la prière de fin de journée, les petits mendiants aux pieds nus cramés par le soleil et aux cheveux rissolés par la chaleur de la journée sont assis sur le rebord du trottoir. »
Au long de ce texte sans misérabilisme, porté par une écriture riche et originale, séquencée de portraits enchâssés, on découvre aussi Ouleymatou, sœur de Modou, en conflit avec ce dernier ; Angéline et Elisabeth, jeunes twitteuses, branchées, indignées, qui campent l’ouverture et les bons sentiments sur ce marché des émotions virtuelles. Madame Barry, Awa-Rose, d’autres piliers de ce parlement. Agnès aussi, en proie aux émois du cœur qui se raccroche à une bouée épistolière. Et bien d’autres. Parmi eux, les enfants des rues, sur lesquels l’auteur pose un regard ferme et désabusé, toujours porté par une sobriété sans démission : « l’ombre de l’enfance est partout. Sa lumière aussi. L’enfance est la capitale de la vie. On repasse toujours par là. » Et une note plus désarmante sur la douleur de ces gosses : « leurs corps sont tavelés de croûtes recouvrant leurs plaies qui ne cicatrisent jamais. Les stigmates des châtiments témoignent de la férocité des rapports. Pour oublier les sévices, certains sniffent de la colle remplie de substance chimiques. »
Entrent aussi en scène madame Sylla, la lingère, ses enfants et son mari. Modestes et débrouillards, immigrés souvent chahutés : « à l’image de sa maison souvent dans le silence et l’obscurité, même en présence de ses enfants, son être a la beauté et la sérénité de cet intérieur domestique qui fleure la bonne gastronomie et le thé. Son silence est à prendre comme une force et non une abdication. »
Chaque nouveau portrait introduit un nouvel univers, une plongée dans l’intime, dans l’âme tourmentée. Ainsi, le texte se réinvente, change, on passe tour à tour des décors feutrés et chaleureux à ceux plus démunis. Le tableau social, comme un nuancier, laisse défiler tous les états, ces bouts de vie dans un chœur que l’auteur arrive à tenir comme un bouquet, en étouffant la déflagration imminente pour mieux en saisir les aspects au ralenti. Mais on y va, à pas comptés certes, et dans un exercice de composition en toute maîtrise, la temporalité du roman est un glissement presque doux vers un abîme sûr. On s’y laisse pourtant engloutir. « Le vent de l’Atlantique tout proche fait vibrer les bâches jaunes et oranges tendues sur de fins poteaux métalliques. Elles protègent du soleil rancunier les gens qui sont venus présenter leurs condoléances. Ils viennent de loin. »
Roman qui capte un Sénégal très actuel, un quartier, des identités-mesure d’une tragédie nationale qui s’entête, il arrive aussi à saisir ces instincts survivants du passé. Toutes les problématiques sociales lourdes sont abordées dans un tableau complet. Si parfois on peut déplorer un trop-plein de bienveillance, la candeur de ces portraits semble plutôt les sauver. Le lecteur s’étonnera parfois de certaines facilités presque manichéennes, dans une peinture presque trop réelle, mais jamais la bascule dans le sirupeux ne vient parasiter ce texte. Sa grande intelligence tient dans un pari : une forme d’alchimie, de transformation du drame, de la souffrance, du silence, de l’impuissance, en un objet authentiquement littéraire. Avec sa force, ses respirations, qui donnent aux séquences un supplément d’âme.
Boubacar Seck a réussi un magnifique texte littéraire prenant presque à rebours le totem Flaubertien du roman sur « rien » car il réussit à faire de quelque chose un roman, sans rien sacrifier, ni la parure, ni le propos.
Une jeunesse malsaine, Boubacar Seck, L’atelier des Brisants, 19 euros.
PROJECTION – HAMEDINE KANE, RÉALISATEUR DE LA MAISON BLEUE : «JE VOULAIS FAIRE UN FILM DIFFÈRENT»
Le film de Hamedine Kane, La Maison Bleue, a été projeté au mois de décembre dans le quartier de Ndar-Toute, à Saint-Louis.
Le film de Hamedine Kane, La Maison Bleue, a été projeté au mois de décembre dans le quartier de Ndar-Toute, à Saint-Louis. Cette projection est une étape supplémentaire pour ce film qui raconte comment Alpha, migrant sénégalais, se projette avec son identité et sa sensibilité artistique, dans la jungle de Calais.
Quand on quitte tout pour partir à l’aventure, l’on emporte forcément sa culture. C’est ce que nous rappelle l’histoire de Alpha, l’ami d’enfance de l’artiste et réalisateur, Hame¬dine Kane, qui a planté sa case au cœur de la jungle de Calais, en France. Une belle case coiffée d’un toit en chaume et dont les murs recouverts d’une toile bleue, lui inspirent ce nom de La Maison Bleue. En sélection officielle du Festival international du film documentaire de Saint-Louis, le film a été projeté en plein air à Ndar-Toute.
La Maison Bleue raconte la vie d’artiste de Alpha, au milieu des 11 000 migrants qui occupent la jungle de Calais. Parti du Sénégal en 2005, il a bourlingué pendant des années, avant d’échouer dans cette jungle et d’y transposer son identité peule. «Alpha est parti du Sénégal en 2005 et il est passé par la Syrie, la Turquie et la Grèce. Ça a duré 10 ans, avant qu’il n’arrive à Calais», racontait le réalisateur il y a quelques semaines, après une projection au Centre culturel français de Dakar. Depuis, le film aussi a voyagé et été vu dans des maisons communautaires de Dakar et sa banlieue, et le réalisateur prévoit de le montrer à Dimat, le village dont Alpha et lui sont originaires. La Maison bleue parle de migration, mais la touche du réalisateur en fait une œuvre sur la vie, l’exil et le voyage. Dans un huis-clos que ne viennent perturber que quelques interactions avec ses voisins, le réalisateur et son ami se remémorent leur enfance. «Je vivais en France et un jour, j’écoute la radio et la journaliste fait un reportage sur la jungle de Calais, et je reconnais la voix de Alpha. Et je commence à le chercher.»
Ainsi commence cette aventure, qui donne naissance à un film délicat et sensible. Pendant deux années, Hame¬dine fait des va-et-vient entre son lieu de résidence et Calais, pour filmer son ami. «Quand on faisait le film, il y avait quand même 11 000 personnes qui vivaient là. Et la jungle de Calais, on la voyait tout le temps à la télé. Entre 2015 et 2017, il y a eu la plus grosse production d’images sur ce lieu, parce que c’était diffèrent, chaud, polémique, an¬goissant. Je voulais prendre le contre-pied de ça et qu’on ne voie pas que des ombres qui passent, mais quelqu’un avec son individualité, avec un parcours très particulier, et d’aller au bout de son histoire, son parcours et son humanité», explique Hamedine. Lui-même a connu ce parcours migratoire et vécu en centre d’accueil pour demandeur d’asile. Et auprès de Alpha, c’est toute sa hantise pour cette thématique qui l’habite, qu’il fait apparaître. Mais, en demeurant dans cet espace où le temps est aboli et les souvenirs d’enfance racontés comme à la veillée, sous la douce musique d’une guitare. Comme autant de réminiscence de ce lointain chez soi. Quand Alpha parle de son troupeau, le Peul en lui refait surface. Et ce n’est point un hasard, s’il raconte avoir été sauvé par l’ombre protectrice d’un troupeau de moutons, durant une de ses aventureuses traversées des frontières aux confins de l’Europe.
Si le film est souvent desservi par une caméra trop mobile et des images de nuit pas très élaborées, il garde sa force grâce au personnage attachant de Alpha. Et le réalisateur assume d’ailleurs ces choix techniques. «Je voulais faire un film intimiste, diffèrent des images qu’on avait l’habitude de voir dans cette jungle. Autour de la jungle, du migrant, de l’exilé.» Présenté en première mondiale au Festival international d’Ams¬terdam, La Maison Bleue a obtenu une mention du jury. Le même accueil lui a été réservé à Saint-Louis, à l’occasion du Festival international du film documentaire.
Artiste et réalisateur
Artiste et réalisateur, Hame¬dine Kane s’est déjà fait un nom dans le monde de l’art. Ses expositions dans des foires et rencontres prestigieuses, ont fait sa renommée. A la Biennale de Dakar, à la Foire d’art africain contemporain 1-54 à Londres, en 2017, à la Fiac et à La Colonie (barrée) à Paris, en 2018, tout comme en 2019, quand il participe à la Triennale d’architecture d’Os¬lo et à la Biennale du Ghetto de Port-au-Prince en Haïti, au Partcours 8 à Dakar et à la VIe Biennale de Lubumbashi, le talent de l’artiste ne fait pas de doute. Sa dernière exposition, projet de recherche réalisé avec Stéphane Verlet-Bottéro sur les thèmes de la mémoire et du patrimoine. Ecole des Mutants, une enquête artistique sur les luttes foncières et l’utopie politique à Dakar, a été montrée au Raw material et dans des biennales réputées.
PRÉSENCE AFRICAINE, BIEN PLUS QU'UNE REVUE
Lancée en 1947 par Alioune Diop, la revue "Présence Africaine" est aussi une maison d'édition et une librairie à Paris. Une véritable institution
DW Afrique |
Nadir Djennad |
Publication 06/01/2022
L’objectif d'Alioune Diop était de fournir aux penseurs, écrivains et chercheurs d'Afrique et de la diaspora, un espace de création.
Pour l’historien Amzat Boukari Yabara, historien spécialiste du continent africain et du Panafricanisme, Présence Africaine va renouveler la scène littéraire noire de l’après-seconde guerre mondiale :
"La particularité de Présence Africaine, c’est qu’elle va vite devenir un réseau et elle va organiser un certain nombre d’activités et d’évènements dont les fameux congrès de la Sorbonne en 1956 et de Rome en 1959 et aussi le festival mondial des arts nègres de Dakar en 1966. Donc aujourd’hui Présence Africaine est un peu, je dirais la grande institution culturelle du monde noir francophone".
Une contribution centrale à la diffusion des idées panafricaines
La naissance de Présence Africaine s'inscrit dans la mouvance du panafricanisme dont les idées s'expriment depuis le début du XXe siècle.
"On trouve les ouvrages les plus importants de Kwamé Nkrumah, traduits en français, donc l’Afrique doit s’unir, le néocolonialisme, dernier stade de l’impérialisme, l’autobiographie de Kwamé Nkrumah, et à travers la traduction de ces travaux on trouve aussi des écrits de Julius Nyerere, de Nnamdi Azikiwe", explique Amzat Boukari Yabara. "A travers la traduction de ses œuvres-là, Présence Africaine a apporté une contribution centrale à la diffusion des idées panafricaines et a surtout mis en avant l’idée d’indépendance culturelle".
Parmi les grands textes édités par Présence Africaine, on compte le Discours sur le colonialisme, ou le Cahier d'un retour au pays natal d'Aimé Césaire. On trouve aussi dans son catalogue Nations nègres et culture de l'égyptologue sénégalais Cheikh Anta Diop ou encore Soundjata ou l’épopée mandingue de Djibril Tamsir Niane.
Un détecteur de talents
Présence Africaine a ainsi édité la majorité des œuvres qui sont considérées comme des classiques de la littérature africaine et de sa diaspora, explique Romuald Fonkoua, rédacteur en chef de la revue Présence Africaine :
"La plupart des écrivains connus aujourd’hui, africains noirs ont commencé leur carrière à Présence Africaine. Je songe par exemple à Alain Mabanckou, qui va devenir Prix Renaudot, je songe à Mbougar Sarr qui est devenu Prix Goncourt. Présence Africaine est une sorte de détecteur de talents", insiste Romuald Fonkoua, "donc on voit bien aujourd’hui que plusieurs jeunes écrivains envoient leurs manuscrits à Présence Africaine. Il faut compter à peu près 300* auteurs actuellement à Présence Africaine".
La renommée de Présence Africaine est très importante sur le continent africain même si actuellement selon Romuald Fonkoua, l’existence même des lieux de vente du livre pose un problème. D’après lui, la circulation du livre est problématique sur le continent africain depuis la fin des années 80.
L’HISTOIRE D’UNE PERLE DEVENUE ARTISTE
Devenue artiste, il y a juste quelques mois, Joséphine Korassone Ndiaye est sans doute la révélation de l’exposition organisée en marge du dernier festival Kom Kom.
En l'espace de quelques mois, l’étudiante à l’université Assane Seck de Ziguinchor, en deuxième année de sociologie, Joséphine Korassone Ndiaye, a fait son entrée dans le monde artistique et compte s’imposer. Elle est la révélation de la dernière édition du festival Kom Kom. Elle crée des œuvres dites ‘’Tableaux diamants''. Ces œuvres remarquables, très colorées, lui rappellent son enfance et sont réalisées à l’aide de perles.
Devenue artiste, il y a juste quelques mois, Joséphine Korassone Ndiaye est sans doute la révélation de l’exposition organisée en marge du dernier festival Kom Kom. Elle a créé la surprise avec ses magnifiques œuvres faites à base de perles qui sont appelées ‘’Tableaux diamants’’. Pourtant, auparavant, l’étudiante à l’université Assane Seck de Ziguinchor, en deuxième année de sociologie, qui a rejoint le milieu artistique au mois août, ne pensait guère faire un tableau. Tout est parti d’un rêve. Comme une révélation. ‘’Un jour, j’ai fait ma prière et lorsque je me suis réveillée, c’était comme si l’on m’avait montré ce que je devais faire’’, a expliqué la demoiselle à la taille fine et au teint clair. ‘’J’en ai parlé à un de mes professeurs à l’université ; il m’a mis en rapport avec le recteur qui a bien approuvé le projet. Et ils m’ont aidée en me donnant une subvention’’, poursuit Joséphine Korassone Ndiaye.
C’est ainsi qu’elle est devenue artiste. Dans un premier temps, sa famille a été stupéfiée. Ensuite, elle s’est mise à l’accompagner quand elle a vraiment découvert son talent. ‘’Ma famille était surprise, parce qu’elle n’imaginait pas que je sois capable de le faire, relate-t-elle. Le premier tableau, je l’ai réalisé individuellement, mais j’ai eu à faire certains tableaux avec ma famille, mon entourage. Et ils m’ont aidée sur cette lancée’’.
Joséphine Korassone Ndiaye confie que sa famille a été finalement contente de voir ce qu’elle est capable de faire. ‘’Ce n’était pas facile parce que je ne l’ai pas appris, je n’ai pas fait de formation, mais j’aime l’art. J’aime bien ce que je fais’’, dit-elle avec émotion, indiquant que la confection d’un tableau en perles lui prend ‘’énormément’’ de temps. D’ailleurs, la jeune étudiante a dû rater certains cours lorsqu’elle préparait le festival. ‘’À l’école, c’est un peu compliqué. Depuis que j’ai commencé à faire les tableaux, les gens m’appellent "l’artiste" quand je passe à l’université. Parfois, les étudiants disent que je fuis les cours. Parce que lorsque je préparais l’exposition, ce n’était pas facile de cumuler l’organisation avec les études. Mais j’arrivais à me rattraper’’, confie Joséphine Korassone Ndiaye.
La jeune artiste réalise des tableaux très colorés, dans lesquels elle aborde plusieurs thèmes dont la religion. Son inspiration lui rappelle son enfance. ‘’A l’école primaire, avec nos amies, on jouait avec les perles faisant le ‘Kocc’’’, se remémore-t-elle. ‘’Et lorsque j’ai eu cette révélation-là, je n’ai pas pensé à une peinture ou à autre chose, ce sont juste les perles qui sont ‘venues’, et j’ai commencé à faire avec. Parce que l’art est divers’’.
Joséphine Korassone Ndiaye a également eu à exposer à l’université Assane Seck, en marge de l’inauguration de la cafétéria, mais aussi dans deux hôtels. Elle se définit aussi elle-même comme une entrepreneuse. ''En tant qu’étudiant, on peut cumuler le monde des études et le monde de l'entrepreneuriat, parce qu’on voit de nos jours des étudiants qui chôment’’, dit-elle. Elle a déjà un grand projet : construire une maison d’atelier.
PAR Boniface Mongo-Mboussa
LA FIN DU PLAFOND DE VERRE DES PRIX LITTÉRAIRES ?
Tous ceux qui ont lu et rendu compte de La Plus Sécrète Mémoire des hommes ont omis de signaler que le roman est coédité par Jimsaan au Sénégal. Ce détail interpelle. Il préfigure peut-être l’avenir de la vie littéraire sur le continent
Jeune Afrique |
Boniface Mongo-Mboussa |
Publication 03/01/2022
Du Nobel au Goncourt en passant par le Booker Prize, les écrivains africains ont franchi une étape importante en 2021. Il faut désormais poser les bases d’une véritable politique culturelle continentale.
Nous le savons tous : notre littérature comme notre économie est extravertie. Voilà pourquoi l’on doit se réjouir de cette moisson littéraire inespérée, que vient de récolter notre continent.
Célébrons en premier lieu, l’auteure du Parlement conjugal, la Mozambicaine Paulina Chiziane, lauréate du prix international Camões.
Cette distinction détone pour trois raisons. D’abord, le statut littéraire du Mozambique au sein du continent : excepté Mia Couto, peu de ses écrivains ont réussi à franchir la frontière francophone. Ensuite, le symbole que représente la lauréate : c’est la première fois dans l’espace lusophone qu’une femme reçoit ce prix décerné par la fondation de la bibliothèque nationale du Portugal et le ministère brésilien de la Culture. Enfin, le statut de l’écrivaine qui, à l’instar de la Cap-Verdienne Cesaria Evora, vient de ce que Pierre Michon appelle « une vie minuscule ». Paulina Chiziane n’est pas Chimamanda Ngozi Adichie ni Leonora Miano. Mais son sacre couronne l’ascension fulgurante des romancières africaines au cours de cette décennie. C’est ici l’occasion de regretter la disparition brutale d’un phare, Yvonne Vera.
Anomalie littéraire
Le Nobel a été décerné au Tanzanien Abdulrazack Gurna. Si les cinq lauréats africains de ce graal littéraire sont arabophone – l’Égyptien Naguib Mahfouz – ou anglophones – les Sud-Africains John Maxwell Coetzee et Nadine Gordimer, le Nigérian Wole Soyinka, et Gurna –, l’Afrique francophone n’a pas démérité. La poésie de Tchicaya U Tam’si, malheureux finaliste en 1986 contre Soyinka, aurait mérité le Nobel tout comme l’œuvre romanesque de Ahmadou Kourouma ou de Amadou Hampâté Bâ. Et je ne mentionne même pas ici les Martiniquais Aimé Césaire et Édouard Glissant. Cette anomalie littéraire, qui, je l’espère, pourra être corrigée un jour, invite à l’introspection.
L'ARTISTE TITI SIGNE SON COME BACK SUR LA SCENE MUSICALE
En prélude de la sortie de son album prévu dans les prochains jours, « Titi », Ndèye Fatou Tine à l’état civil, donne un avant-goût à ses fans en mettant sur le marché un single intitulé « Dikkatina » (Ndrl : Je suis de retour).
En prélude de la sortie de son album prévu dans les prochains jours, « Titi », Ndèye Fatou Tine à l’état civil, donne un avant-goût à ses fans en mettant sur le marché un single intitulé « Dikkatina » (Ndrl : Je suis de retour). Ce tube, qui fait danser les mélomanes en ce nouvel an, est une ode d’amour aux allures d’un « Ego trip ». Cette chanson est accompagnée d’un clip. Avec sa pétillante voix, l’artiste chanteuse a mis les petits plats dans les grands pour marquer son retour sur la scène musicale après quelques mois d’absence. Etalant son élégance, elle met en valeur, dans le clip, l’image de la femme sénégalaise. La classe « Jongama » aller-retour, très raffinée dans ses tenues traditionnelles, elle déambule avec grâce, élégance et prestance sous le rythme des percussions.
Toujours dans la vidéo devenue virale depuis quelques jours, Titi montre aussi qu’elle est une femme moderne. Les tenues traditionnelles lui vont aussi bien que les tenues modernes. Ce tube, mis récemment sur le marché, figure parmi les premières tendances. Elle a atteint plus 179 601 vues sur YouTube en une journée. Après plus de 3 ans d’absence, Titi veut reconquérir le cœur de ses fans, mais également marquer sa présence sur la scène musicale sénégalaise prise d’assaut par la jeune génération, des artistes qui, il faut l’avouer, sont pétris de talent. Ce nouveau son fait certainement un boom dans le cœur de ses fans qui la réclamaient depuis.
150 MILLIONS AUX ACTEURS DE LA CULTURE
Quatre-vingt-trois projets seront soutenus par la mairie de Dakar, pour une enveloppe de 150 millions de francs Cfa
Pour pallier le déficit de soutien institutionnel à la création, la production et la diffusion, la maire de la ville de Dakar décaisse une enveloppe de 150 millions de francs Cfa pour l’ensemble des expressions artistiques, afin de soutenir la création et l’innovation. Le jury du Fonds d’appui aux initiatives culturelles privées a annoncé publiquement jeudi dernier, à l’hôtel de ville de Dakar, les projets artistiques retenus pour la session 2021.
Quatre-vingt-trois projets seront soutenus par la mairie de Dakar, pour une enveloppe de 150 millions de francs Cfa. Le jury du Fonds d’appui aux initiatives culturelles privées a procédé publiquement jeudi dernier , à la proclamation des résultats de l’appel à projet de la ville de Dakar.
Le jury avait reçu au total 515 projets, et après triage, puisqu’il y a des critères à respecter après le principe de territorialité, il s’est retrouvé avec 307 dossiers et a sélectionné 83 projets sur l’ensemble des expressions artistiques concernées, dont : 12 projets audiovisuels ont été sélectionnés sur les 110 présentés, 23 projets en arts visuels ont été sélectionnés sur les 47 qui ont été soumis. En arts scéniques, 100 projets ont été présentés et 18 ont été sélectionnés, 20 projets ont été soumis dans la section mode et 15 ont été retenus et enfin, dans la section littérature sur les 22, 15 projets ont été sélectionnés. «L’acte que nous posons aujourd’hui n’est pas fortuit, car nous croyons que ces œuvres soutenues s’inscrivent dans l’histoire de la ville. Et c’est un soutien institutionnel non remboursable», a affirmé Mme Soham El Wardini.
A l’en croire, «l’objectif global du Fonds d’appui est de contribuer à un développement culturel global, autonome et durable». Et c’est pour cela, estime-t-elle, que leur devoir, c’est de faire prospérer ce fonds en cherchant dans l’avenir, à augmenter son enveloppe de soutien. «Mon ambition est de faire plus, car la culture, identité remarquable et reflet de l’âme du Peuple, n’a pas de prix», a mentionné Mme El Wardini, tout en rendant un hommage appuyé à tous les hommes et femmes de culture. «Chaque acteur culturel est en soi, un sculpteur d’émotions et de beauté, en ce sens que par ses œuvres, il exalte notre sentiment d’humanité et nous conduit à chanter les louanges des beautés silencieuses, car les beautés artistiques sont en effet silencieuses. Elles laissent le soin aux admirateurs, de faire leurs éloges», se réjouit-elle.
Un jury indépendant et autonome
Le directeur de la Culture et du tourisme de la ville de Dakar, Makhtar Diao, a pour sa part, invité les recalés dont certains dénonçaient un manque d’objectivité du jury, à faire preuve de patience, de sagesse, de fair-play, pour la simple et bonne raison que tout choix est difficile. «Le jury est indépendant et autonome. Je comprends le mécontentement ou le désarroi de certains, mais je les invite seulement à reprendre la prochaine fois», a-t-il promis.
D’après lui, quand on est porteur de projet, il ne faut pas mettre trop l’accent sur l’imagination, la création et le désir de vouloir faire, en donnant les meilleurs projets. «Aujourd’¬hui, ces projets sélectionnés pourront aller à Ouagadougou pour le Fespaco, au Festival de Cannes et partout dans le monde. Donc, si on fait du favoritisme ou du sentimentalisme, on risque de tomber dans les travers et ce n’est pas bon. Nous voulons que la ville de Dakar joue son rôle pour faire du secteur de la culture, un secteur extrêmement important, parce que c’est une mamelle du développement», a déclaré le directeur de la Culture et du tourisme de la ville de Dakar.
«Appuyer les acteurs culturels, c’est appuyer la stabilité des populations»
Alioune Badiane, président de l’Académie internationale des arts, qui a reçu un financement de 2 millions de f Cfa pour son projet intitulé : «Repère théorique et pratique à partir du Sénégal», a salué l’existence et le renforcement de ce fonds destiné aux acteurs culturels. «Les acteurs culturels ont besoin d’être appuyés, parce que les populations ont besoin des expressions culturelles. Donc appuyer les acteurs culturels, c’est appuyer aussi la stabilité des populations. Nous, au niveau de l’édition, nous envisageons de sortir un livre sur la culture», promet M. Badiane.
Et pour le journaliste Alassane Cissé, également bénéficiaire de ce fonds de financement, section audiovisuelle, pour son pro¬jet de Festival du film de famille, c’est «très important» parce qu’aujourd’hui, il estime qu’il y a des problèmes de communication au sein des fa¬milles, d’où maintenant les problèmes de transmission des valeurs aux enfants et ce film permettra de sensibiliser l’être humain sur l’importance et la sacralité de la famille.
D’après lui, c’est une excellente initiative que la ville de Dakar continue de prendre pour accompagner les acteurs culturels et les initiatives culturelles. «C’est un fonds d’encouragement, d’appui. Et puis dans la transparence, parce que ce sont les acteurs culturels qui sont les membres du jury et dans les commissions», a-t-il dit.
Très en colère, Mouha¬madou Abdoulaye Diakhaté, le Directeur général de Diakhaté Production, a déploré le fait qu’il n’y ait aucune série qui a été sélectionnée parmi les 83 projets retenus. «On a constaté que dans la délibération, il n’y a aucune série qui a été nominée. Et c’est anormal à l’endroit des artistes. Ils nous traitent comme des moins que rien. Il n’y a pas d’objectivité dans ce qu’ils ont fait», fustige M. Diakhaté. Il faut tout de même souligner qu’au moins un des projets soutenus, est bien une série.
UNE UNIVERSITÉ DEVRAIT PORTER LE NOM DE SENGHOR
Raphaël Ndiaye : "Compte tenu de sa dimension intellectuelle, ce n’est pas un stade, un aéroport ou une avenue qui font ressortir cette dimension"
Le Président-poète, Léopold Sédar Senghor (1906-2001) mérite de donner son nom à une université compte tenu de sa dimension intellectuelle, a déclaré mardi Raphaël Ndia¬ye, Directeur général de la Fondation Léopold Sénégal Senghor. «Compte tenu de sa dimension intellectuelle, ce n’est pas un stade, un aéroport ou une avenue qui font ressortir cette dimension, mais c’est vraiment une université», a-t-il dit lors d’un entretien accordé à l’Aps.
Baptisé du nom de Léopold Sédar Senghor en 2001, le stade du même nom construit en 1985, est dans un état de délabrement depuis quelques années. Quant à l’aéroport Lépold Sédar Senghor, il a été affecté à l’Armée.
Raphaël Ndiaye déplore qu’aucune des six universités du Sénégal ne porte le nom de Senghor. «Or s’il y avait une université qui porte son nom, cela rendrait Senghor beaucoup plus présent», a-t-il précisé. Aujourd’¬hui, estime-t-il, «seule l’université Senghor d’Alexandrie en Egypte, porte le nom de Léopold Sédar Senghor, sinon il n’y a pas une autre université qui porte son nom dans le monde et cela je le déplore».
Raphaël Ndiaye, dont le travail à la fondation est de rendre plus présent Léopold Sédar Senghor, soutient que la pensée de ce dernier est aujourd’hui beaucoup plus qu’actuelle. «Le principe du dialogue des cultures suppose la reconnaissance de l’imminente dignité de toutes les cultures sur tous les cieux.
Franchement, quand on regarde comment fonctionne le monde aujourd’hui, on n’est pas prêt de réaliser cette exigence», constate-t-il. Il soutient qu’il y a des éléments contextualisés parmi lesquels la Négritude reformulée différemment aujourd’hui, avec l’exigence d’une identité culturelle et de la reconnaissance de cette identité.
Dans ce domaine, dit-il, «nous ne sommes pas au bout de notre peine, avec par exemple le racisme constaté dans le monde et l’affaire de violence policière américaine, au cours de laquelle l’Afro-Américain Georges Floyd meurt à la suite d’une interpellation par plusieurs policiers».
Selon Raphaël Ndiaye, le théoricien de la «Négritude» a développé sa vision du monde, notamment sur l’humanisme.
La Fondation Léopold Sédar Senghor compte faire connaître les écrits de son parrain à travers ses nombreux ouvrages, parmi lesquels la série «Liberté 1 publiée en 1964 jusqu’à Liberté 5, sortie en 1993», contenant en tout 2660 pages.
L’ancien chef d’Etat est décédé le 20 décembre 2001 à Verson, une commune de la France, où il vivait depuis son départ volontaire du pouvoir, le 31 décembre 1980. Il fut le premier noir à obtenir l’agrégation de grammaire et à siéger à l’Académie française.
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NAYÉ ANNA BATHILY, FONDATRICE DE SHINE TO LEAD : NOS LAURÉATES SONT DES PERLES RARES QUI BRILLENT
STL sort des jeunes filles réservées, pour la plupart, de leur zone de confort. Une zone de confort faite de timidité, de peur de prendre la parole en public, de crainte d'affirmation de soi et de doute à avoir de l’estime de soi.
Depuis quatre (4) ans, l’association Shine to lead/Jiggen Jang Tekki apporte une contribution inestimable, une plus-value certaine dans l’éducation des jeunes lycéennes des séries scientifiques au Sénégal. Grâce à l’octroi des bourses, aux cours renforcement, aux cours de vacances et aux ateliers développement personnel, les énergies de ces jeunes filles de milieux défavorisés sont libérées. Elles n’ont plus aucune peur d’être elles-mêmes. A contrario, elles s’autorisent de rêver grand et de viser loin. Pour elle désormais, « sky si the limit ».
C’est une contribution à échelle réduite certes, mais une contribution qualitative et qui a valeur de modèle réplicable et amplifiable parce que réussi. La présidente de l’association Nayé Anna Bathily, celle par qui tout est arrivé, ne cache pas son émotion quand elle en parle. Invitée d’AfricaGlobe Tv, Nayé Anna Bathily explique le contexte de la création de l’association et dit toute sa fierté des résultats exceptionnels que produisent les lauréates, non sans exposer les défis qui se posent à l’association.
Shine to lead a sorti, in fine, ces jeunes filles réservées, pour la plupart, de leur zone de confort. Une zone de confort faite de timidité et d'introversion, de peur de prendre la parole en public, de crainte d'affirmation de soi et de doute à avoir de l’estime de soi. Les explications de la fondatrice dans la vidéo ci-dessus.
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Ils ont buzzé sur TikTok, Facebook, et autres réseaux sociaux l’année dernière. Pour le meilleur ou pour le pire
L’affaire a tenu le Sénégal en haleine pendant plusieurs semaines. Une brillante étudiante de 20 ans, inscrite en deuxième année de classe préparatoire scientifique au prestigieux lycée Louis-le-Grand de Paris, disparait du jour au lendemain sans donner signe de vie. Le 4 janvier, jour de rentrée, elle ne se présente pas en classe. Diary Sow, c’est son nom, devient un trending topics sur Twitter. Les internautes relaient les appels à témoignages et des alertes angoissées à la suite de la « disparition inquiétante » de la jeune femme. À Paris, le consulat diffuse un avis de recherche. À Dakar, l’affaire est scrutée avec attention jusqu’au plus haut sommet de l’État.
L’émoi est encore renforcé par le profil de l’étudiante : meilleure élève du Sénégal en 2018 et 2019, Diary Sow a pour parrain un membre du gouvernement, Serigne Mbaye Thiam, ministre de l’Eau et de l’Assainissement. C’est lui qui, le 21 janvier, va donner des nouvelles de la situation de sa filleule. Et confirmer l’hypothèse de la fugue qui commençait à prendre de l’ampleur, d’autant plus que les circonstances de sa disparition comportait nombre de similitudes avec Sous le visage d’un ange, un roman publié aux éditions L’Harmattan en août 2020 signé par… Diary Sow.
Serigne Mbaye Thiam publie sur les réseaux sociaux des extraits d’une lettre qu’elle lui a adressée, dans laquelle elle explique être une disparue volontaire. Elle assure avoir voulu « une sorte de répit salutaire », affirme s’être sentie « emprisonnée par l’opinion d’autres » et dit aussi regretter l’emballement provoqué par l’affaire. « Je n’aurais jamais cru que mon nom allait alimenter autant de débats, qu’autant de gens allaient s’inquiéter », écrit-elle à celui qu’elle nomme « tonton ».
Sur la toile, les internautes qui, quelques jours auparavant, relayaient des messages inquiets, appelant les autorités à agir ou les Sénégalais installés en France à se mobiliser, se déchainent contre la jeune femme. La colère s’exprime avec violence. Beaucoup affirment s’être sentis floués par leur compatriote et certains l’accusent d’avoir monté un « coup médiatique » pour se faire connaître.
Dix mois après l’affaire Diary Sow, qui a fait l’objet d’articles dans toute la presse internationale, la jeune femme a publié Je pars, un roman édité par la maison d’édition parisienne Robert Laffont. Le récit – annoncé comme fictionnel – retrace l’histoire de Coura, « jeune fille modèle », qui décide de fuguer. « N’importe quelle publicité est une bonne publicité », disait l’artiste américain Andy Warhol…