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29 novembre 2024
Culture
MBOUGAR SARR PASSE A LA DEUXIEME SELECTION DU PRIX GONCORT
L’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr a été retenu dans la deuxième sélection du ‘’Prix Goncourt 2021’’ pour son roman ‘’La plus secrète mémoire des hommes’’ a-t-on appris mardi de l’Académie du Prix Goncourt.
L’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr a été retenu dans la deuxième sélection du ‘’Prix Goncourt 2021’’ pour son roman ‘’La plus secrète mémoire des hommes’’ a-t-on appris mardi de l’Académie du Prix Goncourt.
L’ouvrage du sénégalais figure notamment dans cette deuxième sélection composée de neuf publications parmi lesquelles ‘’Le voyage dans l’Est’’ de Christine Angot, ‘’La carte postale’’ d’Anne Berest, ‘’Enfant de salaud’’ de Sorj Chalandon, ‘’Milwaukee Blues’’ de Sabine Wespieser.
L’Académie du ‘’Goncourt’’ compte révéler les quatre finalistes le 26 octobre prochain. Le lauréat 2021 sera connu le 3 novembre.
‘’La plus secrète mémoire des hommes’’ est le quatrième roman de Mohamed Mbougar Sarr. L’ouvrage de 448 pages se présente comme ‘’un chant d’amour à la littérature et à son pouvoir intemporel. Un roman étourdissant, dominé par l’exigence du choix entre l’écriture et la vie, ou encore par le désir de dépasser la question du face à face entre l’Afrique et l’Occident’’, écrit l’auteur.
MOHAMED MBOUGAR SARR DANS LA DEUXIÈME SÉLECTION DU PRIX GONCOURT
L’ouvrage du sénégalais ‘’La plus secrète mémoire des hommes’’ figure notamment dans cette deuxième sélection composée de neuf publications. L’Académie du ‘’Goncourt’’ compte révéler les quatre finalistes le 26 octobre et le lauréat 2021 le 3 novembre
L’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr a été retenu dans la deuxième sélection du ‘’Prix Goncourt 2021’’ pour son roman ‘’La plus secrète mémoire des hommes’’ a-t-on appris mardi de l’Académie du Prix Goncourt.
L’ouvrage du sénégalais figure notamment dans cette deuxième sélection composée de neuf publications parmi lesquelles ‘’Le voyage dans l’Est’’ de Christine Angot, ‘’La carte postale’’ d’Anne Berest, ‘’Enfant de salaud’’ de Sorj Chalandon, ‘’Milwaukee Blues’’ de Sabine Wespieser.
L’Académie du ‘’Goncourt’’ compte révéler les quatre finalistes le 26 octobre prochain. Le lauréat 2021 sera connu le 3 novembre.
‘’La plus secrète mémoire des hommes’’ est le quatrième roman de Mohamed Mbougar Sarr. L’ouvrage de 448 pages se présente comme ‘’un chant d’amour à la littérature et à son pouvoir intemporel. Un roman étourdissant, dominé par l’exigence du choix entre l’écriture et la vie, ou encore par le désir de dépasser la question du face à face entre l’Afrique et l’Occident’’, écrit l’auteur.
Coédité par les ‘’Éditions Philippe Rey‘’ France et ‘’Jimsaan’’, la maison d’édition de l’écrivain Felwine Sarr, Boubacar Boris Diop et Nafissatou Dia (Sénégal), le roman raconte l’histoire de Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, qui, en 2018, découvre à Paris un livre mythique ‘’Le labyrinthe de l’inhumain’’ paru en 1938.
‘’Diégane s’engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T.C. Elimane, se confrontant aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France en passant par Amsterdam et l’Argentine, quelle vérité l’attend au centre de ce labyrinthe ?’’
Diégane est un ancien d’un lycée militaire d’excellence au Sénégal et étudiant en lettres à Paris, ce qui n’est pas loin du parcours de l’auteur Mohamed Mbougar Sarr.
‘’La plus secrète mémoire des hommes’’, roman de la rentrée littéraire, est en lice pour le ‘’Prix littéraire Le monde’’ et pour le ‘’Prix du roman news’’, ‘’Prix Renaudot’’, etc..
Mohamed Mbougar Sarr a déjà publié trois romans : ‘’Terre ceinte’’ (Présence Africaine 2015), qui a obtenu le Prix Ahmadou Kourouma et le Grand Prix du roman métis.
Il a aussi écrit le livre ‘’ Silence des chœurs’’ (Présence africaine 2017) qui a été récompensé par les prix Littérature Monde et Etonnants Voyageurs en 2018 et ‘’De purs hommes’’ (Philippe Rey/Jimsaan 2018).
L’Académie du Goncourt a introduit quelques changements dans son règlement. Elle fait ainsi savoir que les ouvrages des conjoints, compagnons ou proches parents des membres du jury ne pourront pas être retenus.
Pour respecter le secret du vote, l’Académie a estimé que les 10 jurés du prix Goncourt "qui tiennent une rubrique littéraire dans un média s’abstiennent de chroniquer les ouvrages qui figurent dans la sélection aussi longtemps que ces ouvrages y figurent".
L'UNESCO S'INTERRESSE A L'INDUSTRIE DU FILM AFRICAIN
L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) annonce lancer un rapport intitulé "L’industrie du film en Afrique : tendances, défis et opportunités de croissance", mardi 5 octobre, à son siège, à Paris.
Dakar, 1er oct (APS) - L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) annonce lancer un rapport intitulé "L’industrie du film en Afrique : tendances, défis et opportunités de croissance", mardi 5 octobre, à son siège, à Paris.
"Pour la première fois, une cartographie complète de cette industrie dans les 54 pays du continent africain est disponible, incluant de nouvelles données quantitatives et qualitatives", souligne l’Unesco dans un communiqué posté sur son site Internet.
Le lancement de l’étude sera dirigé par le chef de l’entité chargée de la diversité des expressions culturelles de cette agence spécialisée des Nations unies, Toussaint Tiendrebeogo.
Il sera suivi de la projection de 10 films et de trois tables rondes, des activités qui prendront fin jeudi 7 octobre.
Les tables rondes auront pour thèmes suivants : "Développer et produire des films en Afrique : vers une industrie pérenne", "Investir dans l’industrie du film en Afrique : enjeux, blocages et atouts" et "Appui institutionnel au cinéma africain : quelles priorités d’actions et synergies entre organisations internationales".
Le public peut suivre ces manifestations via le site Internet de l’Unesco, selon le communiqué.
Cette publication est le fruit d’une étude exploratoire lancée en octobre 2020 par l’Unesco sur l’industrie cinématographique et audiovisuelle en Afrique, indique la même source.
Elle ajoute que cette publication "permet de mieux comprendre les défis et les besoins du secteur et propose une feuille de route pour aider les États à élaborer et à mettre en œuvre des politiques [cinématographiques]."
Selon l’Unesco, la production et la distribution d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles est l’un des secteurs de croissance les plus dynamiques en Afrique et dans les autres parties du monde.
"Ce secteur a connu une expansion de la production grâce aux technologies numériques. Pourtant, sur une grande partie du continent, le potentiel économique du secteur cinématographique et audiovisuel reste largement inexploité", relève l’agence des Nations unies.
Lors du lancement du rapport, les représentants des États membres de la région africaine de l’Unesco, des organisations internationales partenaires de l’agence, les réalisateurs et les autres professionnels du cinéma discuteront des tendances, des opportunités et des défis de l’industrie cinématographique et audiovisuelle africaine.
Des cinéastes de renom, dont Abderrahmane Sissako (Mauritanie), Mati Diop (Sénégal), les producteurs Oumar Sall (Sénégal), Dora Bouchoucha (Tunisie), Steven Markovitz (Afrique du Sud) et Rosana George-Hart, la directrice générale par intérim du "Silverbird Film Distribution" (Nigeria), y prendront part.
D’autres professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, dont Séraphine Angoula, la directrice de la programmation et de la communication de Canal Olympia/Vivendi (France), Ben Amadasun, le responsable des contenus africains de Netflix (plateforme de diffusion de films), vont également y participer.
Des représentants d’organisations internationales partenaires de l’Unesco, dont la Commission de l’Union africaine, la Commission européenne, l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, l’Organisation internationale de la Francophonie et la Fédération panafricaine des cinéastes, prendront part aux tables rondes.
KALIDOU KASSE OFFRE DEUX ŒUVRES D’ART
Pour soutenir le projet «Une œuvre pour la recherche», Kalidou Kassé a offert deux œuvres d’art à l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan)
Kalidou Kassé, artiste-plasticien, membre du Conseil d’administration de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) et par ailleurs ambassadeur de bonne volonté de la Fondation Ucad, très sensible aux difficultés de financement de la recherche à l’institution, a eu la généreuse idée de lancer le projet : «Une œuvre pour la recherche.» L’initiative consiste à soutenir l’Ifan et améliorer les conditions de travail et les infrastructures en favorisant la réussite et l’insertion professionnelle des étudiants.
Pour soutenir le projet «Une œuvre pour la recherche», Kalidou Kassé a offert deux œuvres d’art à l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan). Des lithographies certifiées par la cession de droit en édition limitée, seront cédées à des particuliers, des institutions et autres organisations publiques et privées contre un montant minimum de 500 mille francs. «Une œuvre pour la recherche est une initiative de levée de fonds qui consiste à soutenir l’Ifan dans le cadre de la recherche et de l’innovation pour améliorer les conditions de travail au sein de nos institutions par la cession de droit en édition limitée», a expliqué Kalidou Kassé, hier lors d’une conférence de presse qu’il a organisée à la salle de conseil dudit institut. D’après lui, la recherche demande énormément de moyens et au niveau de l’Ucad, il y a d’éminents chercheurs qui ont besoin d’être accompagnés, soutenus par des ressources additionnelles. Mais pour leur venir en aide, il estime qu’il ne faut pas compter tout le temps sur les autres en faisant allusion à l’Occident qui finance les projets de recherche pour le compte de l’Afrique. «Nous devons dès lors avoir un seul objectif, c’est de compter sur nous-mêmes, mbey ci sa wewou tank», a-t-il soutenu.
Pour bien comprendre l’intérêt de ce projet, Kalidou Kassé d’expliquer que «l’art pour l’art n’existe plus». «Une œuvre pour la recherche est un prétexte à plus de solidarité, de cohésion sociale autour de l’essentiel et d’une vision partagée. Et art comme développement a toujours été un medium de contribution aux grandes causes humanitaires. Donc, l’art c’est pour le progrès et pour l’avancement», a-t-il précisé.
La démarche du projet consiste également à inviter les citoyens, les institutions publiques et privées a plus de solidarité, pour la mobilisation de ressources additionnelles, par l’achat de ces lithographies, et permettre l’objectif commun du projet qui vise à soutenir la recherche et l’innovation au Sénégal. «Mbolo moy dolé, l’union fait la force», chante Kalidou Kassé. Derrière cette levée de fonds, il y a une opération de communication sur l’Ifan mais aussi sur l’Uni versité sénégalaise en général et l’importance pour les Séné galais en particulier et Afri cains, de financer eux-mêmes leur recherche. «C’est seulement par le savoir que nous arriverons à conquérir et préserver notre indépendance, facteur indispensable pour notre développement», a dit le Professeur Abdoulaye Baïla Ndiaye, directeur de l’Ifan.
Sur cette question de la solidarité au sein de la communauté universitaire, l’Ifan, la Fondation Ucad, le Musée des Civilisations noires et Kalidou Kassé, préparent un forum national regroupant les acteurs de l’Université et les différentes composantes de la société pour essayer de dégager des consensus forts permettant la pacification indispensable des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, informe le directeur de l’Ifan.
«LE SÉNÉGAL PEUT ÊTRE FIER DE LA BIENNALE DE DAKAR»
Entretien avec Malick Ndiaye, directeur artistique de la 14ème édition de la Biennale de Dakar
Jeune chercheur et historien de l’Art, le Professeur Malick Ndiaye a été nommé directeur artistique de la 14ème édition de la Biennale de Dakar. Nous l’avons rencontré pour échanger sur la prochaine tenue de la Biennale de Dakar et son ambition de relever ce défi.
Le Musée accueille une exposition titrée « Dialogue entre deux cultures Lëkkaloo ci aada ak cosaan ». Pourquoi ce choix assez rare pour être souligné?
C’est parce que l’histoire nous explique et nous enseigne que les premiers habitants des Iles Canaries venaient d’Afrique. Plus tard, l’île a été peuplée par les Castillans, par la Castille donc par les Espagnols. Et aujourd’hui, seuls les restes archéologiques témoignent du vécu antérieur, ce vécu africain des Iles Canaries. Donc les îles Canaries sont profondément africaines. Et «Lëkkaloo ci aada ak cosaan dialogue entre deux cultures » est la porte ouverte pour nous dire ceci. Pour comprendre combien nous sommes proches les uns les autres, il ne faudrait pas s’arrêter à ce qui existe à notre histoire du temps présent. Il faudrait retourner dans le passé, voir les vestiges, les archives, la mémoire, fouiller dans l’archéologie et comprendre les forts liens qui nous lient. Et c’est la raison pour laquelle le choix de ce titre. Donc, retrouver nos liens à partir de l’art de l’archéologie. En fait, retrouver ce qui nous lie à travers l’héritage de notre culture mémorielle.
Vous êtes enseignant chercheur et le Musée se trouve rattaché à l’Université. Est-ce que ce choix senghorien ne vous bride pas un peu car entre l’artistique et l’enseignement supérieur, la frontière semble assez ténue?
Je pense qu’il faudrait comprendre le rôle du musée d’abord pour mieux répondre à cette question. Parce que le musée est un lieu de recherche, un lieu de savoir et un lieu également d’éducation. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que, habituellement, ce que nous pouvons enseigner à l’Université, ce que nous pouvons trouver en tant que coobjet de notre recherche, on peut avoir un espace pour l’exposer et pour le justifier. Et ce que les enfants vont chercher à l’école, le musée est le second espace où ils peuvent aller le vérifier et l’illustrer. Donc, entre le musée et l’école, entre le musée et l’université, c’est un lien historique et naturel. Ça, c’est la première réponse à cette question. La deuxième réponse, c’est qu’elle est spécifiquement liée à l’Ifan. A l’Ifan, nous sommes basés fondamentalement sur des collections à travers l’histoire. Chaque discipline a constitué de vastes collections. Donc, aujourd’hui, l’Ifan c’est des laboratoires. Mais quand on dit laboratoires, c’est des espaces de recherche qui se sont fabriqués sur la base des collections constituées. En botanique, nous avons des spécimens, des herbiers, des milliers de plantes etc. En laboratoire d’islamologie, il y a des collections qui sont des collections d’archives patrimoniales. En archéologie, nous avons aussi des collections. Dans le domaine de la zoologie, nous avons des milliers de spécimens de tous les oiseaux, des mammifères. Dans le domaine de la biologie marine, nous avons des collections. Maintenant, il faut savoir que les collections qui ont eu l’occasion d’avoir un espace pour montrer en dehors des espaces de recherche, sont peu nombreuses. Et ces espaces-là, s’il en existe, sont devenus des musées. Donc le musée Théodore Monod d’art africain, tout l’héritage qu’on appelait à l’époque ethnographie et qui s’appelle aujourd’hui art africain, est exposé ici. Au musée de la mer qui est sur l’île de Gorée, il y a des spécimens extraits des labos mais mis à disposition du grand public pour que les résultats de la recherche puissent être accueillis et avoir un prolongement au niveau de la population. Au musée d’Histoire de Gorée, il y a toute la recherche sur l’Islam, sur les conquêtes, sur l’esclavage, sur la théologie, et tout ce qui concerne l’histoire africaine, sénégalaise en particulier peut être exposé là-bas. En réalité, il faudrait briser la rupture qu’on peut établir entre musée et savoir. Le musée est un lieu de savoir sauf que c’est un lieu de savoir qui n’est pas dans la recherche fondamentale, mais dans la vulgarisation du savoir. Donc vulgariser le savoir, c’est tout simplement utiliser des outils des dispositifs de monstration pour montrer les objets qui sont facilement visibles pour le grand public. Et ce grand public là va approcher le savoir sur d’autres lucarnes afin de mieux comprendre ce que les historiens, les sociologues, les historiens de l’art, les archéologues, les botanistes etc., sont en train de faire pour la société.
Vous avez été nommé Directeur artistique de la Biennale de Dakar, mais la pandémie ne vous a pas permis de passer à l’action. Comment vivez-vous cette situation?
Je pense que la pandémie a surpris toutes les manifestations culturelles à dimension internationale en l’occurrence, les biennales, les festivals, les triennales, les grandes expositions qui étaient prévues dans cette zonelà. Tous ces événements se sont adaptés pour la seule et simple raison qu’ils n’avaient pas le choix. Maintenant, il faut voir que pendant la pandémie, il y a eu plusieurs événements qui se sont déroulés. Parce que la pandémie a révélé notre vulnérabilité face à la nature. Elle a révélé également les manquements dus à la recherche, le retard de l’homme sur certaines choses, les faiblesses également de la solidarité humaine même au niveau mondial, les faiblesses au niveau géopolitique etc., Le monde a été secoué. Il y a eu un tremblement au point de vue moral aussi. Les démocraties se sont trouvées, au sein même de la pandémie, ébranlées dans la mesure où Georges Floyd est passé par là, les blacks lives matter. Au sein de la pandémie, on manquait d’air ou les gens mouraient par asphyxie. Parce que tout simplement, il y a un virus qui attaque les poumons. Quelqu’un était mort par asphyxie, mais pas de la pandémie mais d’un geste « racialisé » qui secoue l’histoire de l’humanité depuis des décennies et des siècles. Au regard de tout ceci ; la pandémie, Black Lives matter, la géopolitique mondiale ; la biennale revient avec force avec de nouvelles idées afin d’une part pour ne pas se concentrer sur ça parce que on avait un thème Indafa. Mais d’autre part également, montrer que Indafa, les valeurs que prônait Indafa sont des valeurs qui ont été justifiées et révélées par cette histoire. Parce que Indafa se trouve maintenant être prémonitoire. Disons comment on a vécu ça. On l’a vécu de manière positive parce qu’il faut positiver. Mais on l’a vécu également de manière enrichissante, parce qu’il y a des leçons à tirer et ces leçons-là seront mises à profit à l’occasion de la prochaine Biennale des arts de Dakar qui se tiendra du 19 mai au 21 juin 2022.
La Biennale devait fêter ses trente ans en 2020. Concrètement qu’est-ce qu’elle a vraiment apporté à l’Art de notre continent?
Je dirais à l’Art tout court. Vous savez comment fonctionne une Biennale et à quoi sert une Biennale. Une Biennale est un moment périodique et régulier qui organise une rencontre de plusieurs artistes, lesquels montrent leurs œuvres à l’occasion. Donc, c’est un baromètre. C’est un témoin qui nous permet, à intervalles réguliers, de faire un bilan de la création, de montrer les dispositifs qui sont mis en œuvre, les pratiques des artistes, le langage et la grammaire de ces artistes-là, qui se renouvellent à l’occasion. Donc, à l’occasion de chaque Biennale, on tâte le pouls de l’Art contemporain, le battement de cœur de cet art-là. Qui plus est, est basé sur le continent et donc du coup révèle le dialogue entre nos artistes qui vivent sur le continent africain et le monde. Donc la Biennale de Dakar, c’est là qu’intervient toute son exemplarité dans la mesure où d’une part, c’est la plus ancienne, la plus vieille Biennale sur le continent. D’autre part, c’est la Biennale la plus résistante. Puisque de grandes Biennales sont passées par là sur le continent et mort-nées. L’exemple que l’on peut citer, c’est Johannesburg 95/97. Et encore, la Biennale, c’est la biennale du continent africain et de sa diaspora. Donc voilà un rendez-vous international au cœur du continent à Dakar qui permet à l’histoire de l’art d’évoluer. Pourquoi ? Parce que ceux-là qui écrivent l’histoire de l’art sont des conservateurs, des historiens de l’art, des critiques d’art, des collectionneurs et des galeristes. Toutes ces personnes-là, chacun en ce qui le concerne, participent d’une manière ou d’une autre à l’évolution de cette histoire-là. Bien sûr, il y a des historiens de l’art qui écrivent au sens propre du terme la chose. Mais pas qu’eux. En tous cas, toutes ces personnes, tous ces acteurs culturels participent à l’évolution de la chose. Mais pour que tout cela fonctionne, il faut des espaces périodiques de monstration. C’est-à dire que l’art n’existe que quand il est visible. Donc il faut des espaces et c’est les expositions. L’exposition est un des moteurs de l’art. Parce que c’est en temps de crise ou des artistes évoluent dans la mesure où les techniques qu’ils présentent bouleversent la manière de voir ou bien ils sont critiqués dans la mesure où ils ne sont pas suffisants. Donc la Biennale de Dakar joue ce rôle fondamental qui fait que le monde entier est scotché à ce temps court un mois. Et puis, c’est un rendez-vous international puisque tous ces acteurs culturels, tous ces mondes de l’art dont parle le sociologue de l’art Howard Becker, s’y retrouvent et communient intensément. Maintenant, le troisième niveau de lecture peut être la Biennale de Dakar, c’est un moment de débat d’idées, de connaissances. Donc c’est un canal de transfert et d’évolution de ces chaînes, de ces manières de penser entre Dakar et le reste du monde. Dans tous les cas, Dakar est un hub artistique. Et à cette occasion, des idées viennent transiter par Dakar pour passer et aller ailleurs. Donc, oui, incontestablement la Biennale de Dakar est un exemple singulier de l’art contemporain du continent. C’est un canal pour brancher le continent avec le reste du monde. Et c’est une Biennale qui a fait ses preuves. Je pense que le Sénégal peut en être fier. Parce que voilà une biennale qui, pour 80% ou 90%, est financée par l’Etat du Sénégal. Ce qui n’a pas jamais été le cas depuis toute son histoire. Quand on loupe le financement de la politique culturelle, de la culture, on loupe quelque chose qui est régalienne à un Etat. Je pense que ces dernières années, la Biennale a rattrapé tout cela. Je pense que tout Sénégalais devrait être très fier de cela. Ce qui ne veut pas dire qu’il s’agit maintenant d’une Biennale sénégalaise. Elle reste une Biennale internationale mais le Sénégal met ses billes à 90%.
Votre nomination comme Commissaire, est-ce une manière de répondre à ceux qui appellent à une réappropriation de cet événement par les Sénégalais?
Je ne sais pas ce que veut dire la réappropriation de la Biennale par les Sénégalais. Ce que je veux dire par là, c’est qu’on ne pose pas la question à la Biennale de Venise si elle a fait son choix sur un Italien. On n’a jamais posé la question à la Documenta de Kassel pourquoi avoir choisi un commissaire Allemand. On ne pose jamais à la Biennale de Sao Paulo pourquoi avoir choisi un commissaire Brésilien. Alors, l’Afrique a ceci de particulier, parce que, soit ce sont ses propres fils ou une catégorie de ses propres fils qui a toujours le complexe de la légitimité. C’est à dire que se sachant illégitime, il faut que la personne qui leur donne la légitimité viennent d’ailleurs. Ou bien c’est une stigmatisation de l’Ouest, donc du Nord qui, à chaque fois qu’on fait le pari de nos compétences respectives, ils vont essayer de nous dire que vous n’êtes pas assez compétents parce que nous, dans la diaspora, il y a du souci. Je pense que tant que nous n’allons pas dépasser cela, les choses vont perdurer. Nous n’avons de compte à rendre à personne. La France choisit un commissaire pout telle exposition. Nous, depuis que la Biennale existe, avons choisi que des commissaires internationaux et quelques Sénégalais. Aujourd’hui, on choisit par hasard un commissaire Sénégalais, non pas parce qu’il est Sénégalais, mais parce que il y a d’autres valeurs qui sont prônées par la Biennale, tout le monde va le monter en épingle. Je pense que tant qu’on ne pose pas le débat de manière saine, cela ne va nous mener nulle part. Quelquefois, c’est une histoire de grande gueule ou d’arrogance. Mais tant qu’on n’assume pas le fait qu’on a fait d’autres choix et on n’a de compte à rendre à personne, encore une fois, on ne va pas évoluer. La deuxième réponse c’est que se réapproprier la Biennale, je ne sais pas si je ne l’ai pas encore dit, parce que la Biennale est une rencontre internationale. C’est une dimension internationale et nous invitons le monde à venir. D’autant plus que les commissaires invités sont des commissaires qui ne sont pas sénégalais. Je dirai même Sénégalaises parce que c’est quatre femmes que j’ai invitées à travers le monde. Dans l’expo internationale, il y a sept Sénégalais sur cinquante et quelques autres nationalités. J’aurai pu comprendre que quarante-cinq Sénégalais sont invités à la Biennale, et qu’il y a cinq internationaux. On aurait dit que la Biennale est sénégalaise. Mais aujourd’hui, je pense qu’il faudrait renverser la question voire l’opposition en comparant et on saura que les gens ne nous posent pas des questions de ce genre. Et surtout, une Biennale européenne invite des artistes Européens pendant des décennies, on ne se pose jamais la question. Dès l’instant que nous cessons d’inviter les Européens, on se dit qu’ils sont entre Africains. Je pense que, ce déséquilibre- là, il faut l’observer avec une lecture « décoloniale ». Et opposer la même arrogance et le même visage que ceux- là qui nous accusent de tous les noms d’oiseaux sans pour autant qu’on le soit.
PARCOURS PRODIGIEUX D’UNE CINEASTE QUI SE LIBERE
Connue pour son professionnalisme dans le domaine du journalisme, Mame Woury Thioubou a aussi la cote dans le monde du 7e art où elle est régulièrement primée.
Connue pour son professionnalisme dans le domaine du journalisme, Mame Woury Thioubou a aussi la cote dans le monde du 7e art où elle est régulièrement primée. Timide, elle a réalisé plusieurs films documentaires pour se libérer et donner son point de vue par rapport à des sujets sociétaux. Elle se prépare pour le Festival panafricain de la télévision et du cinéma de Ouagadougou. Son film est sélectionné et concourt dans la catégorie Documentaire.
Elle est petite de taille, mais grande par l’esprit. Elle fait partie de ces femmes qui revendiquent le naturel. Admirable, elle s’affiche sans maquillage. Elle est une réalisatrice qu’on ne présente plus, mais également une journaliste aguerrie. Elle, c’est Mame Woury Thioubou, une brave dame qui excelle dans ses domaines. Elle a étudié la géographie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, après l’obtention du baccalauréat. Elle poursuit ses études jusqu’au DEA, sans faire sa soutenance. Malgré une Maîtrise en géographie, elle passe quelques années sans emploi, avant de décrocher un stage en journalisme au journal ‘’le Quotidien’’ où elle est désormais chef du desk Culture.
Trouvée aux HLM dans une maison calme, elle nous accueille avec l'hospitalité légendaire sénégalaise, dans son salon, pour retracer son parcours. Vêtue d’un jean bleu assorti d’un t-shirt, souriante avec ses belles dreadlocks, elle se remémore d’une voix basse, mais assez audible : ‘’J’avais envie de découvrir le journalisme, parce que j’avais une sœur journaliste. Quelque temps après avoir commencé mon stage, une autre opportunité s’est présentée. La mairie de Matam a fait appel à moi.’’
Mame Woury Thioubou quitte ainsi la capitale sénégalaise et s’installe au nord-est du pays où elle a travaillé sur un programme d’ONU habitat : Environnement et développement durable. Elle profite de sa présence à Matam pour continuer de travailler, en même temps, pour le compte du ‘’Quotidien’’, en tant que correspondante. Ayant la volonté d'apprendre et de se perfectionner, elle participe à un programme de formation en journalisme destiné aux correspondants. ''J'ai été retenue pour ce programme-là. Entre-temps, j’étais revenue à Dakar. Mais, dans le cadre de ce programme, pendant une année, chaque mois, je passais une semaine à l’université Gaston Berger de Saint-Louis’’, a expliqué Mame Woury Thioubou.
C’est d’ailleurs dans cette université qu’est née sa fascination pour le 7e art. ‘’Pendant que je faisais cette formation (en journalisme), je rencontrais des gens qui faisaient le Master de réalisation de films documentaires. Attirée par les caméras et les micros, je me suis inscrite en Master. Et j’ai présenté un projet qui sera finalement retenu’’, a relaté Mme Thioubou qui a ainsi parvenu à décrocher son Master II de réalisation de documentaires de création. Son statut de journaliste lui permet-elle d’avoir une certaine facilité à réaliser des documentaires ? Oui et non, va-t-on dire.
En effet, même s’il y a des similitudes entre les deux domaines, elle insiste sur leur différence. ‘’C’est à la fois complémentaire et différent'', dit-elle. ‘’Complémentaire, parce qu’avant de faire un film documentaire, il faut se renseigner, faire un minimum d’études, de recherches sur le sujet. Et donc, le plus souvent, avant de faire un film, je vais d'abord écrire un article. Ça me permet d’entrer en contact avec les personnages, de me familiariser avec le sujet et de savoir un peu quel angle donner à mon film’’, a expliqué la réalisatrice. La différence, selon elle, c’est qu’en documentaire de création, le réalisateur n’est pas obligé d’être objectif ou de respecter l’équilibre. ‘’En documentaire de création, on a un point de vue qu’on veut faire passer’’, a-t-elle affirmé. Cette capacité de Mame Woury Thioubou à prendre position à travers ses films documentaires, on le retrouve dans la production qu’elle vient de terminer. Il s’agit de son dernier film sur la situation carcérale au Sénégal. ‘’Rebeuss : chambre 11’’ s’appuie sur la mort par électrocution de deux jeunes prisonniers, Cheikh Ndiaye, âgé de 18 ans, et Babacar Mané, 19 ans. ‘’L’Administration pénitentiaire a brandi la thèse de l’accident ; la famille se contente du ‘’ndogalou Yalla’’ (volonté de Dieu, en wolof). Mais moi, dans mon film, je dis que c’est l’Etat et l’Administration pénitentiaire qui sont responsables de ces morts. J’ai pris le parti de montrer, de mettre en avant des personnages (anciens prisonniers, parents d’un jeune qui est mort en prison, etc.) et des situations qui permettent d’étayer cette théorie’’.
Presque dans tous les films de Mme Thioubou, il y a cette dimension sociale du documentaire. Est-elle une voix des sans voix ? ‘’Je réagis avec ma sensibilité d’être humain. Il y a des choses qui me touchent, comme tout le monde’’, a dit la documentariste, en toute humilité. Talentueuse, elle a été plusieurs fois honorée à l’occasion de grands festivals de cinéma. D’ailleurs, son film ‘’5 étoiles’’ (2019), avec lequel elle a déjà remporté plusieurs prix, est sélectionné à la prochaine édition du Festival panafricain de la télévision et du cinéma de Ouagadougou (Fespaco 2021).
Fatou Kiné Sène : ‘’Tous les films qu’elle a réalisés interpellent son quotidien…’’
Une première rencontre suffit pour savoir que Mame Woury Thioubou est timide. Mais elle prend toujours de l’assurance. Et elle s’en sort plutôt bien, même si elle ne l’admet pas. ‘’Je suis hyper timide. Je suis quelqu’un qui ne va pas facilement vers le gens. Je suis obligée de me faire violence, quand il faut aller en repérage, trouver des personnages. C’est compliqué’’, a-t-elle reconnu. ‘’J’utilise toutes sortes de subterfuges. C’est pourquoi être journaliste m’a beaucoup aidée. Il faut gagner la confiance des gens, parce que le documentaire de création, c’est filmer des relations. Il faut d’abord tisser une relation avec la personne qu’on a envie de filmer. Et c’est cette relation-là qu’on va filmer plus qu’autre chose. Au départ, il y a la sensibilité, mais après, les choses s’alignent de telle sorte que ça soit possible. C’est pourquoi, quand on fait un documentaire de création, on a toujours les yeux et les oreilles ouverts, a-t-elle ajouté. Elle explique qu’en réalisant ‘’5 étoiles’’, c’est ainsi qu’elle a pu entrer en contact avec la première personne qu’elle a rencontrée. Il s’agit d’un jeune Sénégalais migrant qui a traversé la Libye, le Mali et la Méditerranée. C’était à Lille, dans un squat. ‘’Ce n’est pas un lieu anodin où l’on peut entrer n’importe comment. Il faut être accepté par les gens. C’est un lieu dangereux, fréquenté par toutes sortes de personnes’’, dit-elle.
Journaliste à l’APS et présidente de la Fédération africaine des critiques de cinéma (Facc), Fatou Kiné Sène connait bien Mame Woury Thioubou avec qui elle partage la passion pour la culture. Elle témoigne : ‘’Mame Woury, c’est une femme très calme, très timide et très compétente aussi. Par rapport à ses objectifs, elle connait bien ce qu’elle veut et où elle veut aller avec le cinéma surtout’.’ En ce qui concerne sa filmographie, Fatou Kiné Sène estime qu’elle permet à la réalisatrice de se libérer. ‘’Parce que c’est une personne qui est très timide, réservée, qui parle à travers son cinéma. Et elle ne parle que des choses qui la concernent, qui l’interpellent, qui la touchent’’, soutient-elle. Madame Sène donne l’exemple de ‘’Face-à-Face’’, Ebène du meilleur film au festival du film de quartier 2009 (FIFQ, Dakar). C’est la première réalisation de Mame Woury Thioubou. Ce film parle de la beauté. ‘’Qu’est-ce qu’il faut regarder chez la personne ? C’est une chose qu’elle a eu à dire lors d’une interview qui lui a permis un peu de se libérer face aux brimades qu’elle a eu à subir dans son enfance et sa jeunesse, par rapport à sa personnalité’’. Le film se résume ainsi : ‘’Toute mon enfance, j’ai souffert de mon apparence physique. Les autres me trouvaient moche et me le disaient. Aussi, Saint-Louis a-t-elle de tout temps cristallisé mes rêves d’enfants. Aujourd’hui que je suis dans cette ville de charme, de beauté et d’élégance, je pose ma caméra. C’est pour interroger la beauté des femmes.’’
Appréciant ‘’5 étoiles’’, Fatou Kiné Sène déclare : ‘’C’est un film sur l’émigration. Mais, au-delà, c’est un film sur l’héritage colonial avec le statut de Faidherbe qui est tombé à Dakar et qui est resté debout en France. C’est aussi un questionnement sur notre rapport à la France, à l’Europe de manière générale.’’
‘’Fiifiiré en Pays Cuballo’’ a également quelque chose de personnelle, parce qu’il parle du peuple des pêcheurs traditionnels de la vallée du fleuve Sénégal. ‘’Tous les films qu’elle a réalisés interpellent son quotidien, sa vie ou celle de sa communauté. Et à travers ça aussi, pour elle, le cinéma est une thérapie’’, conclut Mme Sène.
Par ailleurs, aussi prolifique soit Mame Woury Thioubou dans ses réalisations, elle affirme qu’il y a des problèmes de financement. ‘’On veut bien faire des films. Ce n’est pas les idées qui manquent. Mais il y a toujours des problèmes de financement. Au Sénégal, il n’y a qu’un seul fonds, c’est le Fopica. L’Etat a préféré l’utiliser pour autre chose. Permettre aux cinéastes d’accéder au financement, c’est vraiment la meilleure façon de les aider. Les télévisions aussi n’achètent pas nos films. Elles veulent qu’on fasse tout et qu’on leur offre nos films. Ce n’est pas possible. C’est ça le grand problème’’, regrette-t-elle. ‘’On aimerait que nos films soient vus ici par les populations. S’ils ne passent pas dans les festivals, les gens ne les voient pas. On réalise des films avec les personnes qui sont ici. Donc, on a envie que nos concitoyens les regardent. Ces films parlent de nos sociétés. On est obligé de chercher des mécènes, mais c’est toujours compliqué. Les gens préfèrent soutenir un meeting ou une soirée’’, se désole la jeune cinéaste.
TANKU KANAM, SUR LES TRACES D'ABABACAR SAMB MAKHARAM
Une exposition va rendre hommage au cinéaste sénégalais dont l'héritage artistique et le militantisme panafricain continue de nourrir la création d’aujourd’hui, en marge du Fespaco à Ouagadougou du 16 au 23 octobre
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de Gorée Cinéma annonciateur de l'exposition prévue à Ouagadougou en marge du Fespaco en hommage au cinéaste sénégalais, Ababacar Samb Makharam.
"À l’occasion de la 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), prévue du 16 au 23 octobre 2021, l’association Vives Voix, Kenu Lab’Oratoire des imaginaires, Sangom'Art, Association Sénégal 221 et Gorée Island Cinéma présentent l’exposition « TANKU KANAM : Sur Les traces de Makharam » un hommage au cinéaste sénégalais Ababacar Samb Makharam, dont l'héritage artistique et le militantisme panafricain continue de nourrir la création d’aujourd’hui.
« TANKU KANAM » qui signifie en wolof : Pas en avant, se veut une exposition qui nous invite à marcher sur les Traces d’Ababacar Samb Makharam, découvrir l’homme et son œuvre, pour résolument marcher avec la jeune génération de cinéastes, d’un pas déterminé vers l’avenir.
L’intention première étant une mise en dialogue, faire entrer en résonance le travail du cinéaste, avec celui de la génération actuelle de cinéastes et de créateurs Sénégalais.
Au travers de multiples archives photographiques, textes, correspondances et témoignages inédits, l’exposition mettra en lumière les thèmes-clés chers au réalisateur : le retour, la femme, la transmission, et bien sûr le Jom dont il fut l’un des plus éloquents ambassadeur.
Ces différents thèmes sont le point de départ au second temps de l’exposition qui tâchera de montrer comment le cinéma sénégalais contemporain, à travers quelques exemples de jeunes cinéastes, affronte ces problématiques encore très contemporaines. L’engagement et la pertinence de leur approche, ces pas résolument tournés vers un avenir meilleur, font qu’ils ne cessent de marcher sur les traces d’Ababacar Samb Makharam."
Né le 21 octobre 1934 à Dakar, Ababacar Samb Makharam est de la première génération de cinéastes sénégalais. Il a joué un rôle pionnier dans le processus de construction d’un cinéma national. Il est décédé le 7 octobre 1987, à l’âge de 52 ans.
Ababacar Samb Makharam a effectué ses études au Conservatoire d’art dramatique de Paris, a fondé, avec l’Ivoirien Timité Bassori et d’autres acteurs africains et antillais, la troupe ‘’Les Griots’’,a joué dans quelques pièces, et fréquenté le Centro Sperimentale di Cinematografia, l’école d’excellence de Rome. Premier Secrétaire Général de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI, 1972-76), effectuant, à ce titre, un important travail de lobbying pour la définition et la mise en oeuvre de politiques cinématographiques nationales sur le continent.
Les trois films de fiction qu’il a réalisés occupent une bonne place dans le répertoire sénégalais. Ce sont le court-métrage Et la neige n’était plus (1965), Kodou (1971), scénario coécrit avec la journaliste Annette Mbaye d’Erneville, sur la base d’un texte de celle-ci), et surtout le chef-d’œuvre Jom ou l’histoire d’un peuple (1981).
«SAARABA», HYMNE D’UN RETOUR AU PAYS
Après avoir ébloui le monde par ses créations, le photographe Oumar Victor Diop retourne au pays natal avec ses deux séries, «Diaspora» et «Liberty»
C’est un des grands noms du monde artistique sénégalais. Après avoir ébloui le monde par ses créations, le photographe Oumar Victor Diop retourne au pays natal avec ses deux séries, «Diaspora» et «Liberty». Intitulée «Saaraba», l’exposition va se dérouler à la galerie Le Manège pendant un mois et demi.
Omar Victor Diop est un photographe sénégalais dont la renommée dépasse largement les frontières du pays. Depuis sa première participation en 2011 à la Biennale de la photographie à Bamako, l’artiste ne cesse d’éblouir le monde par ses créations. Ses séries photographiques Liberty et Diaspora seront exposées à partir d’aujourd’hui à la galerie Le Manège de l’institut culturel français de Dakar.
Saaraba est ainsi un retour aux sources pour le photographe qui est né à Dakar. Cette évocation si présente dans les chansons populaires sénégalaises, Omar Victor en a fait son hymne du retour au pays natal et une célébration de ces enfants d’Afri - que qui ont marqué l’histoire du monde. «J’ai grandi comme nous tous avec cet air de nagnou gnibi saaraba. C’est un peu le retour à la terre promise», explique le photographe qui a fait face à la presse hier. Pour cette exposition grandeur nature, deux séries majeures de l’artiste s’offrent aux spectateurs.
Liberty se veut une chronologie universelle de la protestation noire. Dans cette série, sont représentées des figures de la lutte pour les droits. Le jeune Trayvon Martin, un jeune adolescent noir assassiné en Floride en 2012 alors qu’il revenait de l’épicerie. Son seul crime, avoir traversé un quartier objet d’une série de cambriolages avec son sweat shirt à capuche. Une photo qui attire le regard dans cette série, c’est aussi celle qui remémore Thiaroye 44 où des soldats africains ayant combattu pour la France sont massacrés pour avoir demandé à la France de tenir ses engagements.
Figure emblématique de la résistance casamançaise à la présence coloniale, Aline Sitoé Diatta est célébrée par l’artiste au même titre que les cheminots grévistes du Dakar-Niger ou que les femmes Igbo qui se soulevèrent massivement contre la volonté de l’Empire britannique d’imposer un nouvel impôt. «L’histoire est un patrimoine à partager», explique Omar Victor Diop qui met en lumière dans Diaspora, des personnages noirs de l’histoire comme Ayuba Suleiman Diallo, né dans le Boundou et qui fut le premier à publier un récit d’esclave, Omar Ibn Saïd, un savant musulman originaire du Fouta Toro ou Jean Baptiste Belley, natif de Gorée et qui s’est retrouvé membre de la convention nationale et du Conseil des cinq cents de France. Ils sont mathématiciens, poètes, artistes, souverains ou gouverneurs de province en Inde. Sur chacune des photos, Omar Victor Diop tient un ballon ou un accessoire qui renvoie au football. «C’est pour montrer que nous contribuons, nous peuples noirs, à la marche du monde depuis toujours et ce discours insidieux qui nous ferait croire que nous sommes des spectateurs dans l’histoire du monde n’a pas lieu d’être.»
LA PLUS SECRÈTE MÉMOIRE DES HOMMES, UN TOURNANT POUR LES LETTRES FRANCOPHONES
Encensé par la critique et sélectionné pour quatre des plus prestigieux prix littéraires de la rentrée, le roman de Mbougar Sarr, hors catégorie, marque un tournant dans la production littéraire francophone. Il relève le défi qu’il se lance à lui-même
Encensé par la critique et sélectionné pour quatre des plus prestigieux prix littéraires de la rentrée (Goncourt, Médicis, Renaudot et Fémina), le roman de Mbougar Sarr, hors catégorie, marque un tournant dans la production littéraire francophone. Il relève haut la main le défi qu’il se lance à lui-même.
La critique de ce livre, un attentat littéraire, est-elle possible ? A priori, on hésite. Car la bombe posée par Mbougar Sarr, jeune romancier sénégalais, menace entre les lignes et par personnage interposé d'assassiner, par des moyens mystiques, tout détracteur qui ne serait pas à la hauteur. Soulagement : la louange s'impose, à l’égard d’un texte qui marque une rupture fondamentale dans les lettres dites « francophones ».
Il y aura, clairement, un avant et un après La plus secrète mémoire des hommes. Ce livre refermé, on peut rester dubitatif sur le motif de toute l'histoire - un trouble voulu par l’auteur, qui incite à une réflexion en profondeur. Le roman se refuse au prêt-à-porter, vite lu, vite jeté. Il aspire plutôt à la haute couture, cet art de la pièce unique difficile à oublier.
L’intrigue n’étant qu’un prétexte, la seule certitude que laisse cette lecture est qu’il sera compliqué, désormais, de recenser « un autre petit roman de merde », ou « les bons petits livres qu’on attendait d’eux », comme écrit l’auteur en parlant de ses aînés. Il faudra, aussi, se remettre en question, comme « les journalistes et les critiques, qui n’évaluaient plus les livres mais les recensaient, entérinant l’idée que tous les livres se valent, que la subjectivité du goût constitue l’unique critère de distinction et qu’il n’y a pas de mauvais livres, seulement des livres qu’on n’a pas aimés ».
Jeux de miroirs entre la réalité et la fiction
Le roman, une déclaration d'amour à la littérature qui sait ne pas rester « intello », se met la barre très haut. « Un grand livre ne parle de rien », apprend-on à la page 49. Un pari très risqué, que Mbougar Sarr relève haut la main. Porté par un souffle puissant, il en fait la preuve par 445 pages : oui, il est bien fait pour ça, écrire, entremêler des fils narratifs, extraire le suc de la vie et livrer des fulgurances, notamment sur le thème de l’amour. Exemple : « Et chaque jour, sa proximité me procurait le même bonheur et la même douleur. Elle était une blessure vivante en moi et j’aimais la raviver. Je ne voulais pas qu’elle devînt une cicatrice. Je voulais qu’elle brûle à vif, à jamais. »
MOHAMED MBOUGAR SARR DANS LE LABYRINTHE LITTÉRAIRE
Dans son quatrième roman, "La plus secrète mémoire des hommes" (Philippe Rey, 2021), Mohamed Mbougar Sarr nous livre une enquête littéraire labyrinthique et étourdissante qui questionne le pouvoir de l'écriture et le face-à-face entre Afrique et Occident
Après avoir abordé le sujet de l'homosexualité, des jihadistes du Sahel et de la migration, Mohamed Mbougar Sarr livre son quatrième roman "La plus secrète mémoire des hommes" (Philippe Rey, 2021) en liste pour le prix Goncourt, Médicis, Renaudot et Femina. Il mène une enquête littéraire entre le Sénégal, la France et l'Argentine dans laquelle on retrouve la mémoire de la colonisation, de la première guerre mondiale, de la Shoah. A la recherche de quoi?
"Je crois que comme écrivain, on cherche quelque chose dans le langage, dans le mot, dans la phrase, dans ce qui nous entoure (...). On ne sait pas toujours ce qu'on cherche, ou la raison pour laquelle on écrit, mais c'est de cette ignorance ou sensation que naît le mouvement vers l'écriture, vers le désir de vérité". (Mohamed Mbougar Sarr)
Mais l'enquête part aussi à la recherche d'un écrivain oublié, T.C. Elimane (inspiré de l'écrivain Yambo Ouologuem, prix Renaudot de 1968). Dans un labyrinthe entre vérité et fiction, Mohamed Mbougar Sarr joue avec son lecteur.
"C'est cette confusion entre le vraisemblable et ce qui relève de l'invention qui me semble intéressante. Car entre les deux il y a un espace : l'espace de la révélation". (Mohamed Mbougar Sarr)