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30 novembre 2024
Culture
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KEN BUGUL, LA PLUME DANS LES PLAIES
Pionnière de la littérature africaine, Ken Bugul a notamment écrit "Le Baobab fou", "Cendres et Braises" ou encore "De l'autre côté du regard"... Entretien
Son jeune âge, le mysticisme qu’on lui prête, les combats qu’elle a menés contre la France coloniale ont fait de Aline Sitoé Diatta un personnage auquel toute une génération peut s’identifier. En racontant la vie de cette jeune résistante sénégalaise, Karine Silla scrute les profondeurs noires du système colonial pour mieux le dénoncer.
Karine Silla, en abordant votre livre, «Aline et les hommes de guerre», qui tourne autour de la figure de Aline Sitoé Diatta, figure bien connue au Sénégal, le lecteur doit-il s’attendre à un roman, une biographie, un essai, ou quoi ?
A la base, moi je suis romancière. Donc, ce livre est un roman, et une biographie romancée. Mais, tout ce qui est politique, socio-économique est véridique, et autour de cela, j’ai construit un roman, avec certains personnages qui ont existé, quant à d’autres, en retraçant le trajet de Aline, je sais par exemple qu’elle avait travaillé chez le régisseur qui s’appelait Martinet, dans mon livre il s’appelle Martin. C’était aussi pour moi, une façon de traverser le Sénégal pendant la postindépendance. Donc, il y a tout ce passage avec la deuxième guerre mondiale, sachant qu’elle est née en 1920, elle est sacrée Reine de Casamance alors que la France a perdu la guerre, et elle va mourir en 1944. Donc, il y a le contexte de cette 2ème guerre mondiale. Le fond du livre est un roman, parce que la fiction est une forme d’écriture qui n’est pas rébarbative, qui nous permet de s’attacher à des personnages. C’est un travail que j’ai entrepris pendant 3 ans, de 8 à 11 heures par jour. Et un gros travail…
Avez-vous eu à parcourir la Casamance pour le faire ?
Je suis allée en Casamance, oui, et puis j’ai un père sociologue, qui m’a beaucoup parlé de différentes tribus, de ces ethnies qui ont été démantelées par la colonisation. Et du coup, je faisais le tracé de l’origine de la violence et de la perte que l’on pouvait avoir d’une identité. Et…
Est-ce pour cela que vous êtes remonté jusqu’au 15ème siècle, à l’arrivée des Portugais ?
Je voulais savoir d’où cela a commencé, l’origine, quels étaient les premiers blancs qui avaient posé pied sur la terre de Casamance. Et j’ai donc voulu me rapprocher des hommes, des individus, et me dire que ces navigateurs, qui allaient de rive en rive dans leurs bateaux, pour comprendre comment fonctionnait le monde, je me suis dit que ces navigateurs, ces explorateurs, avant qu’ils ne reviennent avec des marchands, et que l’on rentre dans quelque chose de complètement vénal, devaient vouloir découvrir la côte. Et quand on voit la Casamance depuis l’extérieur, on dirait vraiment le paradis.
La violence est la trame de votre livre. Vous parlez de cette violence qu’a constituée la colonisation, avec cette déshumanisation. Et votre personnage vient au monde à la fin de la première guerre mondiale, grandit durant la seconde guerre mondiale et vit quasiment les affres de la colonisation. Pourrait-on dire que vous avez fait une recherche sur la violence ?
Souvent, quand on parle aux gens des méfaits de la colonisation, ils répliquent que l’on ne peut pas continuer tout le temps à parler du passé. Mais ce n’est pas le passé, l’indépendance n’a que 60 ans ! Et il y a eu des siècles et des siècles de colonisation, d’humiliation, de non-respect de l’individu. Et j’ai voulu, vivant en France, et sachant tous les problèmes identitaires, avec les gens issus de l’immigration, parqués dans les banlieues, montrer qu’il y a une douleur dans chacun, et j’estime que la France n’a pas fait son devoir de mémoire sur la colonisation. Qu’est-ce qu’était la colonisation ? Les gens viennent vous dire avec fierté que leur grand-père était gouverneur du Sénégal. Cela indique que les gens, même à l’école, n’avaient pas vraiment conscience de ce qu’était l’Empire colonial. Pour eux, c’étaient des images de carte postale. Mais qu’est-ce que vivaient vraiment les gens au quotidien ? Qu’est-ce qu’était cet impôt qui écrasait la population, impôt allié au travail forcé, où les gens se retrouvaient à financer un système qui les opprimait ? Et du coup, pouvoir suivre le trajet de cette jeune fille qui se dit, «ce qui va pouvoir nous sauver, c’est notre identité. C’est de rentrer dans notre identité diola, la conserver». Elle a commencé par dire : «nous ne travaillerons pas le 7ème jour», alors que normalement, dans les travaux forcés, ils travaillaient 7 jours sur 7. Elle a décidé que les hommes n’iraient plus s’enrôler dans les guerres qui n’étaient pas les leurs. Donc, son trajet de résistance et de courage, était assez impressionnant.
N’était-ce pas déjà extraordinaire qu’à cette époque, une jeune fille de 20 ans, quasiment pas instruite, s’élève comme ça et impose des idées de ce genre. Est-ce une partie de la fiction ou bien de la réalité ?
Non, déjà, ça c’est de la réalité, parce que l’on sait ce qu’elle a fait en deux ans, l’orateur extraordinaire qu’elle était, comment elle réussissait à haranguer les foules. On sait que même après sa disparition, les gens, et surtout certaines femmes, ont continué à vouloir perpétuer ce combat de Aline Sitoë. Et je pense que, comme beaucoup de grands prêcheurs, c’était quelqu’un qui avait un destin qui était plus fort qu’elle. Ayant quitté son village, travaillant sur les quais à Ziguinchor comme docker, elle avait perçu des choses… Et puis, elle vient d’une ethnie très particulière, parce que l’on sait que les Diolas sont des gens extrêmement indépendants, qui ont résisté à tellement de choses. Et après, c’était intéressant d’essayer de profiler qui était cette jeune fille, psychologiquement, quel rapport elle avait avec la nature. Pourquoi les gens l’ont entendue, écoutée, parce qu’elle est restée malgré tout, un mythe.
Et le mythe se poursuit un peu à nos jours au Sénégal, où les gens parlent parfois de Jeanne D’Arc. Mais cela va même au-delà de l’image de Jeanne D’Arc, pour frôler une déification, que l’on retrouve dans votre livre. Vous avez parcouru la Casamance et vu son évolution actuelle. Pensez-vous que son message se retrouve et se perpétue dans les actes d’aujourd’hui ?
Je pense que chaque individu a quelque chose à apporter. Certains individus ont un message un peu plus porté que d’autres. J’ai voulu la remettre dans un certain contexte. Car je crois que s’il n’y avait pas eu la deuxième guerre mondiale, s’il n’y avait pas eu cette sécheresse exceptionnelle, s’il n’y avait pas eu les coïncidences qu’elle fasse cette danse pour la pluie et que la pluie tombe,… en fait, toutes les circonstances se sont mises en place pour mythifier ce personnage, et je pense qu’elle a canalisé l’état de la population pendant la guerre. Et les gens avaient besoin de croire en quelqu’un. Elle avait la force de ses convictions, et c’est ce mélange-là plus le contexte, qui ont fait de Aline Sitoë Diatta le personnage qu’elle est devenue. Et le travail que j’avais envie de faire, c’est de mettre en avant un personnage auquel cette génération peut s’identifier. C’est important d’avoir des «role models» comme on dit en anglais. Et qu’on puisse s’identifier au courage. Et je trouve que cette photo (celle de la couverture de son livre, Ndlr), avec la pipe en avant, avec l’arrogance, déclare qu’à un certain moment, on peut arrêter de baisser la tête. Et aujourd’- hui, en regardant la situation du monde telle que nous le connaissons, avec la crise identitaire, l’état de la France par rapport aux descendants de ses anciennes colonies, quand je vous montre la crise écologique, les pollutions, l’accélération de la mondialisation, le livre aussi quelque part, constate tous les dégâts dont on a la connaissance aujourd’hui et qu’on ne connaissait pas auparavant. Dix ans auparavant, peut-être que je n’aurais pas pu produire le même ouvrage.
Aline et les hommes de guerre est votre quatrième ouvrage, et à ma connaissance, c’est le second dont l’histoire se situe au Sénégal. Il y a eu aussi, L’absente de Noël dont l’action se déroule au Sénégal. On sait que vous avez des liens familiaux qui vous rattachent à ce pays, pourtant vous vivez en France…
…Je vis en France, mais je suis Sénégalaise, je suis née au Sénégal. Mon père m’a dit un jour que le métissage ne veut rien dire. L’important c’est la culture et les idées que l’on adopte. Mon père était très proche de Cheikh Hamidou Kane. Et il fait partie des gens qui ont résisté à l’idée qu’il y avait des bienfaits dans la colonisation. Mon père était un érudit qui a combattu l’idée qu’ils nous ont apporté quelque chose. Depuis que je suis toute petite, mon père m’a parlé des anciens royaumes du Mali, de ce qu’était le Sénégal avant. J’ai été élevée par un homme très puissant par rapport à ses racines. Je suis née au Sénégal, et je n’y ai pas toujours vécu. J’ai vécu au Burkina, au Cameroun, au Tchad, et donc, je connais bien l’Afrique. Quand je suis arrivée en France, j’étais adulte, j’avais 24 ans. Mes enfants, qui sont quatre, revendiquent le fait qu’ils sont Sénégalais. Cela montre la force de l’identité, celle que défendait Aline Sitoë Diatta. J’aime la France, mes enfants y sont nés, mais je suis Sénégalaise. Et ce livre, pour moi, est très important. Il était coup de cœur à la Fnac, et il a bien marché en France, mais le plus important pour moi est qu’il marche au Sénégal et en Afrique.
Pour vous, quelque part ce livre est un mémoire contre le colonialisme et contre ses dérives…
A la fin du livre, je le dis. C’est cela qui est fou. On ne peut pas aujourd’hui, déclarer que l’on est pro-Nazi. Par contre, on peut déclarer qu’il y avait de la noblesse dans le colonialisme. Comment peut-on dire cela ? Savent-ils que la démographie entière a chuté dans les pays du fait de la répression, que les gens étaient soumis au Code de l’Indigénat (24 :00).
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JE SUIS UN VOLCAN, LORSQUE J’EXPLOSERAI, LE MONDE ME SENTIRA
Le milieu du showbiz est si difficile qu’il faut trouver des idées innovantes pour pouvoir financer la production de ses projets artistique. C’est conscient de cela que Corvo a eu l’idée de créer le projet 1000F 1000 mots pour réaliser un projet
Corvo phénomeno est persuadé que pour faire une musique, pour produire un clip de qualité, le prix à payer est énorme. C’est d’ailleurs pour cela que dans l’avalanche de réaction suscitée par la déclaration de l'animateur Pape Sidy Fall qui avait indiqué en janvier dernier que le clip de Dip Dundu Guiss a été réalisé à hauteur de 10 millions, n’étonne pas outre mesure Corvo. Si beaucoup contestent ce montant, voire moque et raille Dip Dundu Guiss Corvo lui croit fermement qu’un clip peut être réalisé réellement à ce prix. Le tout c’est de quel type de clip, explique le jeune arriste dans la deuxième partie de l'entretien avec AfricaGlobe tv.
En ce qui concerne sa propre carrière, malgré le monde impitoyable du showbiz, Corvo Phenomeno entend se frayer son chemin. Et il veut bien faire les choses à la perfection. Accoucher d’une musique de qualité, raffinée et digeste, c’est ce don rêve ce jeune artiste. Mais en même temps, il s’aperçoit qu’être artiste engagé, être du côté du peuple, vous rend quelque peu marginal au Sénégal. Ce qui n’est pas de nature à le décourager.
Le milieu du showbiz est si difficile qu’il faut trouver des astuces, des idées innovantes pour pouvoir financer la production de ses projets artistique. C’est conscient de cela que Corvo a eu l’idée de créer le projet 1000F 1000 mots afin de réaliser un clip dans le but de sensibiliser les citoyens sur la pandémie de la Covid-19. Et il se félicite de la participation de beaucoup de ses compatriotes.
Dans un délai très court de trois ans, il espère qu’il brillera de mille feux, posséder son propre orchestre. Tel un nerveux volcan, il va exploser à la face du monde et le monde le sentira. Le public découvrira un autre artiste. Mais en attendant, avec le peu de chemin déjà parcouru, il ne cache pas sa fierté d’avoir déjà réalisé quelque chose. Il veut surtout être un artiste crédible. Parce que pour lui, la crédibilité ça compte pour artiste. Par contre la célébrité n’est pas forcément synonyme de crédibilité comme certains artistes ont tendance trop souvent à la penser à son avis.
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CHEDAR MAN OU L'ANCÊTRE NOIR DES BRITANNIQUES
Les preuves apportées par la science que l’ancêtre des Britanniques était bien accueilli par certains citoyens. Chez d’autres en revanche, cette information a créé une onde de choc et une avalanche de propos racistes. Mais seule la science a le dernier
Parmi ceux qui ont falsifié l’histoire et créée une hiérarchie entre les races mettant les Blancs au sommet de la pyramide, ont toujours du mal a accepté l’évidence. Et l’évidence c’est quoi ? C’est que l’Afrique est et demeure le berceau l’humanité et que les premiers habitants de la planète terre étaient Noirs.
Confrontés à la rudesse de la vie et l’instinct de survie aidant, ces premiers habitants sont partis de la terre africaine pour aller peupler tous les autres continents. Donc tous les peuples de la terre ont un ancêtre venu d’Afrique et Noir. En tout cas pour ce qui est de la Grande-Bretagne, une preuve supplémentaire a été apportée que l’ancêtre des Britanniques était noir. L’analyse et la reconstitution en 3 D des restes Cheddar Man le prouve à suffisance. Regardez cette vidéo.
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LE SYSTÈME ÉDUCATIF DES PAYS FRANCOPHONES PASSÉ AU CRIBLE
Hérité de la France, les pays d’Afrique francophone continuent de trainer tel un boulet le système éducatif inopérant et qu’ils n’osent le remettre en cause. Et ce, malgré son inefficacité notoire alors même que la France elle-même a entamé sa mue
Chercheur en histoire des Noirs et expert en télécommunication, le Dr Oumar Dioum dresse dans cet échange (voir la vidéo) son parcours dans le champ de la science et de la recherche. Diplômé de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse) et Docteur de l'École polytechnique de Montréal, les télécommunications n'ont pas de secrets pour lui. Il a fait valoir son expertise dans toutes les régions du continent et au-delà.
Enseignant chercheur et homme d’expérience, devant la caméra d’AfricaGlobe Tv, il explique les secrets de la performance des systèmes éducatifs non-francophones, notamment celui de la suisse, qui est basé sur l’évaluation de l’enseignant et de l’enseignement. Tout le contraire du système français et des pays francophones d'Afrique qui n'évaluent que l'apprenant tout en s’employant à faire redoubler l'apprenant. Malgré l'inefficacité de ce système, les pays d’Afrique francophone continuent de le trainer comme un boulet sans chercher à le remettre en cause alors même que la France elle-même se questionne sur son système.
D’ailleurs, si les dirigeants africains ont du mal à se débarrasser de système, de l’avis d’Oumar Dioum, c’est tout simplement parce que le modèle de colonisation française aliène le colonisé. C’est tout comme si tous les héritiers du système éducatif français sont programmés pour ne pas émerger. En d’autres termes, la France semble avoir inoculé quelque chose à ses anciennes colonies et qui les empêchent d’agir.
UNE EXPOSITION EN HOMMAGE A ABABACAR SAMB MAKHARAM
La 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), se tient du 16 au 23 octobre prochain. Pays invité d’honneur, le Sénégal entend marquer sa partition par de nombreuses manifestations. Parmi les plus en vue, une exposition qui rend hommage au cinéaste sénégalais Ababacar Samb Maharam.
L’Association Vives Voix, Kenu Lab’oratoire des Ima - ginaires, Sangorm’art, Associa - tion Cinéma 221 vont présenter une exposition dénommée «Tanku Kanam» à Ouaga - dougou. Ce sera à l’occasion de la 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), prévue du 16 au 23 octobre 2021.
Le Sénégal, pays invité d’honneur, va dérouler un programme particulier à ce grand rendez-vous du cinéma africain. Et l’exposition consacrée au cinéaste sénégalais, Ababacar Samb Makharam, sera un des grands moments de ces festivités. Tanku Kanam : Sur Les traces de Makharam, va rendre un hommage mérité à ce précurseur dont l’héritage artistique et le militantisme panafricain continuent de nourrir la création. «Tanku Kanam qui signifie en wolof pas en avant, se veut une exposition qui nous invite à marcher sur les traces de Ababacar Samb Ma kharam, découvrir l’homme et son œuvre, pour résolument marcher avec la jeune génération de cinéastes, d’un pas déterminé vers l’avenir», note le communiqué de presse des initiateurs. Et d’ajouter que «l’intention première étant une mise en dialogue, faire entrer en résonance le travail du cinéaste, avec celui de la génération actuelle de cinéastes et de créateurs sénégalais».
L’engagement et la pertinence de leur approche, leurs pas résolument tournés vers un avenir meilleur, font qu’ils ne cessent de marcher sur les traces de Ababacar Samb Makharam, indique le communiqué. «Au travers de multiples archives photographiques, textes, correspondances et témoignages inédits, l’exposition mettra en lumière les thèmes-clés chers au réalisateur : le retour, la femme, la transmission et bien sûr le Jom dont il fut l’un des plus éloquents ambassadeurs», précise le même document qui indique également que ces différents thèmes serviront de point de départ au second temps de l’exposition qui tâchera de montrer comment le cinéma sénégalais contemporain, à travers quelques exemples de jeunes cinéastes, affronte des problématiques encore très contemporaines.
Pour rappel, Ababacar Samb Makharam fait partie de la première génération de cinéastes sénégalais. Né le 21 octobre 1934 à Dakar, il a joué un rôle pionnier dans le processus de construction d’un cinéma national. Il a fondé, avec l’Ivoirien Timité Bassori et d’autres acteurs africains et antillais, la troupe Les Griots, et a joué dans quelques pièces, et fréquenté le Centro Sperimentale di Cinema tografia, l’école d’excellence de Rome. Ababacar Samb Ma kharam, fut le premier Secrétaire général de la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci) de 1972 à 1976, effectuant, à ce titre, un important travail de lobbying pour la définition et la mise en oeuvre de politiques cinématographiques nationales sur le continent. Il est décédé le 7 octobre 1984, à l’âge de 52 ans.
Le Fespaco qui se tient tous les deux ans à Ouagadougou, se veut être un rendez-vous du cinéma africain depuis sa création en 1969.
RICHARD JACQUEMOND REÇOIT LE PRIX IBN KHALDOUN-SENGHOR
L’universitaire français français Richard Jacquemond, lauréat de l’édition 2021 du prix Ibn Khaldoun-Léopod Sédar Senghor, a reçu jeudi à Tunis sa récompense consistant en un trophée, un diplôme et une enveloppe financière.
Tunis, 24 sept (APS) - L’universitaire français français Richard Jacquemond, lauréat de l’édition 2021 du prix Ibn Khaldoun-Léopod Sédar Senghor, a reçu jeudi à Tunis sa récompense consistant en un trophée, un diplôme et une enveloppe financière.
M. Jacquemond, professeur de langues littéraires arabes à l’Université d’Aix-Marseille, a reçu son prix des mains du directeur général de l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (ALECSO), Mohamed Oumd Amar, et de la directrice de la langue française à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Nivine Khaled.
Le lauréat, un spécialiste des littératures du monde arabe ayant vécu quinze ans en Égypte, a été récompensé pour sa traduction de l’arabe vers le français du roman "Sur les traces d’Enayat Zayyat" de l’autrice égyptienne Eman Mersal, publié aux éditions "Actes Sud", en 2021, a constaté l’APS.
L’universitaire français, qui a à son actif plus de vingt ouvrages et une trentaine d’années de recherche et de pratique de la traduction, s’est dit honoré de recevoir ce prix.
"C’est la plus belle reconnaissance de mon travail parce qu’il m’est décerné par deux organisations majeures dans le monde, l’OIF et l’ALECSO", a-t-il dit à l’occasion de la cérémonie de remise tenue à la salle de l’opéra de la Cité de la culture, à Tunis.
"Il y a beaucoup de prix littéraire, mais il y en a moins pour la traduction qui est une activité invisible pas très bien reconnue pourtant très indispensable. Celui-ci est remarquable parce que c’est le seul prix respectable qui récompense la traduction", a ajouté Richard Jacquemond, considéré comme "la voix française des plus grands auteurs égyptiens".
Le lauréat précise ne traduire que des auteurs égyptiens, parce que l’Egypte est le seul pays qu’il a connu de l’intérieur pour y avoir vécu pendant de nombreuses années.
"Pour bien traduire, il faut avoir une expérience charnelle des lieux, sinon on peut passer à côté de beaucoup de choses. C’est pourquoi je ne traduis que des Egyptiens. L’autrice, je la connais depuis vingt-cinq ans déjà", explique-t-il.
"Sur les traces d’Enayat Zayyat" est "une enquête historique, biographique très personnelle’’, publiée par l’autrice égyptienne Eman Mersal, professeur de littérature arabe au Canada, ajoute le lauréat.
’’C’est le récit à plusieurs pistes d’une poétesse touchée par le style singulier d’une romancière effacée de l’histoire. C’est un livre très réussi et particulier", souligne Richard Jacquemond.
Il note qu’il n’est pas possible de vivre de la traduction littéraire de l’arabe vers le français parce qu’il n’y a pas de marché pour cela.
"Richard Jacquemond s’est attaqué à un roman complexe et inventif sur le plan formel, car caractérisé par une distraction narrative et textuelle qui oblige à une lecture (…) Cette diversité formelle s’accompagne d’une diversité des registres de langue que le traducteur a réussi à restituer avec brio", a commenté la présidente du jury de l’édition 2021 du prix Ibn Khaldoun-Senghor.
"Une traduction réussie et celle qui nous dispense de la lecture de l’original. Richard Jacquemond est un connaisseur de l’Egypte et maîtrise parfaitement le dialecte égyptien", a ajouté Fayza El Qassem.
Elle estime que le prix Ibn Khaldoun-Senghor est l’un des rares à promouvoir la diversité culturelle et linguistique dans les sciences humaines et sociales et dans l’expression de la pensée scientifique.
D’autre part, ce prix contribue à "faire connaître des œuvres littéraires exigeantes" dans les espaces francophone et arabophone, poursuit Fayza El Qassem.
Le prix Ibn Khaldoun-Senghor récompense depuis 2008 les traductions de l’arabe vers le français et du français vers l’arabe d’œuvres de sciences humaines et sociales. Il a été ouvert à la littérature en 2018.
Pour l’édition 2021, le jury a reçu 18 romans et 9 ouvrages de sciences humaines et sociales, et pour la première fois, des maisons d’éditions du Golfe arabique et de la Jordanie ont concouru, selon sa présidente.
Le Prix Ibn Khaldoun-Lépold Sédar Senghor a par exemple déjà récompensé le Sénégalais El Hadji Rawane Mbaye.
Il a reçu en 2012 pour sa traduction de l’arabe au français du livre "Perles des sens et réalisation dans le flux d’Abû-l-‘Abbas at-Tijani" de Sidi Ali Harâzim Ibn Al-‘Arabi Barrâda.
«NOTRE MISSION AU SENEGAL EST D’ETRE UN VECTEUR DE TRANSFORMATION COMMUNAUTAIRE»
Entretien avec Gilchrist Koutob, Directeur régional de CBN Afrique
Au Sénégal comme dans chacun des 22 pays africains dans lesquels elle est présente, CBN Afrique mène de front des activités médiatiques majoritairement orientées vers une mission évangélique. Mais l’Ong née aux Etats-Unis déploie également un programme social en direction des plus démunis et des communautés frappées par des catastrophes naturelles.
Quel est l’intérêt pour un média américain de se déployer ici en Afrique ?
Les premières interventions de CBN sur le continent furent d’ordre humanitaire. Ce fut lors des crises relatives aux épidémies d’Ebola en Rdc et de mouvements de réfugiés causés par les conflits armés en Afrique centrale pendant la décennie 90 que l’organisation a mis en place un programme humanitaire pour l’Afrique. La production des programmes de CBN en français pour l’audience africaine fut une initiative de certaines personnalités africaines qui désiraient reproduire l’œuvre de Pat Robertson, le fondateur de CBN, au regard du succès fulgurant de ses émissions sous d’autres cieux. Le déploiement de CBN en Afrique francophone fut avant tout dans l’intérêt des africains et des chaînes de télévision qui désiraient voir le contenu de CBN Afrique sur leurs écrans. Aujourd’hui nous sommes en passe de mettre en place un studio de production pour produire un contenu varié et typiquement africain.
CBN Afrique est un média que l’on retrouve dans 22 pays africains mais dont la maison mère se situe en Amérique. Quelles productions proposez-vous ?
CBN Afrique n’est pas un décalque parfait de la maison mère CBN Int’l en termes de réalisation et de production du contenu médiatique. Les programmes produits par le bureau de Dakar sont laborieusement conçus pour se conformer aux réalités africaines. Contrairement à CBN Int’l qui produit une palette d’émissions en tous genres couvrant plusieurs domaines, de la politique au divertissement, le bureau de Dakar produit principalement une version française de l’émission phare de CBN dénommée «Le Club 700». L’émission de 28 min traite de plusieurs thématiques dans une perspective judéo-chrétienne. Nous produisons également «Onecubed», une émission qui met en vedette des jeunes artistes de gospel du continent. Des programmes spéciaux sont aussi produits selon l’actualité qui prévaut dans un secteur donné. Nous proposons également un dessin animé Super BOOK, lequel est produit dans les studios de Virginia Beach. A ce jour, 101 chaînes de télévision diffusent nos programmes.
Beaucoup de vos programmes tournent autour de la proclamation de l’évangile. Comment cette mission se traduit au Sénégal, pays à majorité musulmane ?
Le cœur de CBN est forgé par le binôme média-humanitaire. Cependant, l’un peut être déployé sans l’autre sur un territoire donné. Notre mission au Sénégal, comme dans bon nombre de pays à l’instar du Niger, est d’être un vecteur de transformation communautaire par l’implémentation de programmes de développement socio-économique. Cette mission humanitaire magnifie notre foi et la rend plus pratique car le but ultime de l’évangile est d’aimer Dieu et son prochain. Et cet amour ne s’exprime pas seulement par les paroles mais surtout par les œuvres. Pour ce qui est de la diffusion des programmes télévisés, nous ne diffusons pas encore au Sénégal. Nos programmes sont diffusés sur 101 chaînes de télévision, majoritairement situées en Afrique centrale. Cela est certainement dû au fait que le contenu est beaucoup prisé par une audience d’obédience chrétienne. Et plusieurs de ces chaînes diffusent sur le réseau Canal-sat, ce qui permet une couverture à l’échelle continentale.
Vous avez une branche humanitaire qui apporte son soutien aux populations démunies. Un petit bilan de ces actions depuis 2005 …
De 2005 à ce jour, nous avons réalisé plus de 50 projets majeurs au Sénégal dans plusieurs secteurs, entre autres l’éducation, la santé, la formation professionnelle, l’agriculture, l’élevage, l’aquaculture. Nous avons réalisé 25 projets en approvisionnement en eau potable, forages et puits, 12 projets dans le secteur sanitaire, 8 investissements dans le domaine de l’éducation et 10 projets socio-économiques. Nous menons d’autres projets dans les pays de la sous-région, notamment au Burkina, en Côte d’ivoire, au Niger et dans les pays de l’Afrique centrale.
Comment ces communautés accèdent-elles à l’aide que vous proposez ?
Chaque année au mois de septembre, CBN Afrique lance un appel à projets. Les projets soumis doivent avoir un caractère humanitaire et servir au développement des communautés. Les projets les plus pertinents sont retenus et financés soit totalement soit partiellement. Le département humanitaire de CBN Afrique, Orphans’ Promise, mène aussi des visites de terrain au sein des communautés vulnérables pour recueillir les doléances de la population afin d’y apporter des solutions. Et lorsqu’une catastrophe surgit dans une communauté, nous déployons les ressources nécessaires pour soulager les populations. Par exemple, nous avons jugé nécessaire de remettre aux populations de Keur Massar, quatre motopompes lors des inondations d’août 2020, et récemment nous avons distribué 8 tonnes de kits alimentaires à Dakar et Fatick pour pallier les effets néfastes de la pandémie dans les ménages.
La demande dans les communautés les plus éloignées du pays est-elle plus forte ?
Il est très rare de recevoir les demandes des communautés éloignées d’autant plus qu’elles ignorent l’existence de notre Ong. Cependant, le département humanitaire mène régulièrement des études pour évaluer les besoins des communautés et les conditions dans lesquelles elles évoluent. Ces évaluations concernent aussi les communautés les plus éloignées. Par exemple, les statistiques publiées par le Pro - gramme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) montrent que Tambacounda est l’une des zones endémiques du paludisme et, CBN Afrique, en tant qu’Ong, a décidé de distribuer gracieusement des moustiquaires imprégnées dans les communes de ladite région.
CES MYSTÈRES DU VILLAGE DE NIANING
Les mystères qui entourent « Thiamassas, la rivière de la grâce » et le « sacré baobab-cimetière », suscitent la curiosité de nombreux hôtes venus de partout pour contempler et communier avec les merveilles du Royaume de « Roog », le dieu sérère
Cheikh CAMARA, Correspondant permanent à Thiès |
Publication 22/09/2021
Au cœur de la grande forêt des baobabs du petit village de Nianing, sur la «Côte aux coquillages», à 8 km de Mbour, trône un arbre aussi impressionnant que mythique. Un lieu où plane l’âme de plusieurs générations de griots sérères comme des archives invisibles de l’oralité. Toujours à Nianing, sur la route de Pointe Sarène, se trouve Thiamassas, la rivière de la grâce rendue célèbre par une histoire de «djinn» et de «pangool».
Le petit village côtier de Nianing au passé chargé d’histoire, sur la Petite Côte, est aujourd’hui devenu un site touristique qui figure sur la carte des voyages. Les mystères qui entourent « Thiamassas, la rivière de la grâce » et le « sacré baobab-cimetière », suscitent la curiosité de nombreux hôtes venus de partout pour contempler et communier avec les merveilles du Royaume de « Roog », le dieu sérère
Le baobab sacré où reposent des générations de griots sérères
Fascinant de part son volume hors norme, le baobab sacré du village de Nianing se singularise davantage par son statut d’ancien cimetière des griots sérères. L’intérieur est accessible à partir de son tronc qui dispose d’une ouverture semblable à une porte d’entrée d’une caverne. Des sages du village racontent que « le baobab sacré de Nianing, témoin oculaire de cette douce et paisible cité sérère, a servi de cimetière exclusivement réservé aux griots, considérés comme des êtres de la basse classe. La tradition sérère n’admettant pas que le griot soit enterré, histoire de ne pas « polluer » leurs terres, le lieu a été choisi comme isoloir pour ces morts ». « Enveloppé d’un linceul blanc, le défunt était introduit dans l’espace creux du tronc de l’arbre. Les femmes à l’entrée, les hommes au fond et les enfants dans une sorte d’antichambre à l’intérieur. Ils ont pu convaincre les siens de leur accrocher leurs instruments de musique sur les lieux. Cette croyance et ce sort réservés aux griots, faisaient de ce site, un espace banni où personne ne devait traîner…» explique notre interlocuteur. Aujourd’hui, l’arbre mythique est vénéré et considéré comme un lieu sacré depuis que les populations ont arrêté d’en faire le cimetière des griots. Ceci, suite à un véto du président Léopold Sédar Senghor. L’ancien chef de l’Etat leur aurait fait comprendre que les griots ne méritaient pas un tel sort, mais aussi que cette pratique était dangereuse pour eux car les cadavres décomposés pouvaient entrainer des épidémies. Après quelques années de confrontation, le président poète, de la même ethnie, finit par convaincre les siens à l’aube des indépendances. Au fil du temps, l’arbre devient un endroit prisé et reçoit des hôtes qui viennent d’ici et d’ailleurs pour des raisons diverses.
Un lieu d’attraction et de croyance mystique
Captivant à la simple vue avec ses 32 mètres de diamètre, ce baobab sacré, vieux de 18 siècles, protégé par les habitants de la localité, force respect et admiration à travers son passé chargé d’histoire. Jadis banni, l’arbre est de nos jours, un lieu d’attraction. Un vrai temple aux fortunes diverses. Symbole fascinant, les touristes viennent de partout pour contempler et communier avec ce géant de la nature. L’émotion est souvent forte sur les lieux où plane toujours l’âme de ces griots. Le baobab sacré est aussi fréquenté par des populations locales pour ces supposées vertus mystiques et miraculeuses. En respectant un certain nombre de rituels et bains mystiques, le croyant peut voir ses soucis de santé, de fertilité se résoudre…
Thiamassas, la rivière de la grâce : une histoire de «djinn» et de «pangool»
Thiamassas, une rivière qui se jetait à la mer, à la limite entre le Sine et le Djigème sur la Petite Côte sénégalaise, se trouve précisément à Nianing sur la route de Pointe Sarène. D’après les anciens, le lieu abritait un esprit, un djinn. Ils racontent également que « Thiamassas vient de l’appellation sérère ‘’Thièm a saass’’, les vaguelettes salées. L’endroit est aussi dénommée ‘’A mbel ala na muc ala’’, la ‘’rivière de la grâce’’ ». Une dénomination qui fait également référence aux « Sund ke Jegem », les guerriers de Djigème qui s’y réfugiaient pour se préparer au combat. À cette époque, Nianing, Mbour, Sandiara et Thiadiaye faisaient partie du royaume du Djigème. D’après les récits des anciens, il ne fallait pas rester à la même place dans ce lieu car la terre se mouvait, mais quiconque le traversait était sauvé. Il serait difficile de parler de la très controversée datation de Thiamassas. Elle est estimée à la période du néolithique par certains chercheurs, tandis que d’autres la date de la période du paléolithique supérieur. Des armes en silex datant d’environ 100 000 ans y auraient été découvertes. Plus récemment, des fouilles archéologiques ont été effectuées par des étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), mais les autorités compétentes ne disposent toujours pas d’éléments suffisants. Les fouilles auraient été ainsi arrêtées faute de moyens. Toutefois, note un sage du village, le seul fait de les évoquer peut attirer l’attention sur l’importance du site et l’intérêt de le revaloriser pour le tourisme.
Des créatures surnaturelles qui se mettaient en colère quand les habitants dérogeaient aux règles
Une histoire loin du regard scientifique, racontée à partir des récits des anciens du village, stipule que le site de Thiamassas abritait un ‘’djinn’’ ainsi qu’un ‘’fangool’’, singulier de ‘’pangool’’. Les « djinns » sont des créatures surnaturelles vivant dans la brousse ou à proximité des hommes et en général dans des arbres symboliques comme les grands baobabs et les grands tamariniers. Généralement, ils sont invisibles, mais peuvent se rendre visibles en prenant différentes formes humaines, animales ou végétales. Quant aux « pangool », ils sont considérés dans la croyance des sérères comme les saints et les esprits des ancêtres. Ils jouent le rôle d’intermédiaires entre le monde des vivants et « Roog », le dieu sérère. Comme chez les hommes, il y a des gentils et des méchants dans le monde des djinns et des pangool, remarquent les anciens du village de Nianing, qui considèrent ces êtres surnaturels (le djinn et le fangool de Thiamassas) comme « gentils », mais pouvant toutefois « se mettre en colère quand les habitants dérogeaient aux règles ». Leur rôle, confient ces sages, était de « veiller sur le village de Nianing afin qu’il soit prospère. Les récoltes étaient souvent abondantes, les femmes remplissaient des bassines entières de poissons et de fruits de mer qu’elles faisaient sécher pour les vendre. Les troupeaux de vaches étaient nombreux, les hôtels étaient remplis de touristes, les arrivées se succédaient. Bref, agriculteurs, pêcheurs, éleveurs, hôteliers, jeunes actifs, visiteurs... tout le monde trouvait son compte ».
Yal Saahlé», l’esprit du village de Nianing aimait beaucoup les étrangers
Il se raconte que quand un étranger débarquait à Nianing, il ne fallait pas qu’il indique la date de son départ, car il ne repartira pas ce jour-là. « Yal Saahlé », l’esprit du village, le retenait, car il aimait les étrangers à tel point qu’il les faisait rester plus longtemps que prévu. Ainsi, certains ne sont jamais repartis et ont élu domicile à Nianing. Il se raconte toujours que « le commun des mortels ne peut pas voir ces esprits, seuls les ‘’Yal Khohe’’, les personnes ayant des pouvoirs, peuvent les voir. Mais il arrivait qu’une simple personne les voit ‘’accidentellement’’. Et dans ce cas, la personne devenait alors folle et perdait complètement la tête. Et il fallait vite agir par un rituel bien précis fait par des guérisseurs pour la débarrasser de ses visions. D’après les témoignages des anciens, les baobabs dudit site scintillaient de mille feux quand certains esprits se déplaçaient pour cuisiner pour d’autres. Ce n’était donc pas étonnant d’être au milieu de la brousse et de sentir l’odeur de la cuisine alors qu’il n’y a aucune maison aux alentours. Il n’était pas étonnant non plus de passer devant un baobab et d’entendre des battements de tamtam et des applaudissements. Des témoins révèlent que « le djinn de Thiamassas pouvait s’introduire dans la cuisine d’hôtel de la place et mettait la vaisselle sens dessus dessous quand il était en colère. Des femmes ont raconté avoir été possédées par ces esprits. Ainsi, elles tombaient en transe pendant les offices religieux dès que quelqu’un prononçait l’esprit de Thiamassas et s’en suivaient des séances d’exorcisme. « Ça crie, ça cogne la tête, ça se tortille par terre, la possédée parle d’une voix méconnaissable, bref il faut le voir pour y croire », témoigne un ancien. Toujours selon les témoins, ce phénomène a tellement pris de l’ampleur que les religieux ont sollicité le départ des esprits. Certains disent aujourd’hui qu’« ils sont partis, emportant avec eux la prospérité de Nianing ». Et selon les anciens, sans l’accord de ‘’Yal Saahlé’’, l’esprit du village, toute tentative de réouverture des hôtels échouera.
Canal+ va diffuser le 4 octobre prochain deux épisodes de la série «Manjak» de Anna Gomis. Ce film veut vulgariser les pratiques mystiques de cette communauté à cheval entre le Sénégal et la Guinée-Bissau.
Une plongée dans la culture Manjak, c’est l’invitation faite au téléspectateur par Anna Gomis à travers une série éponyme qui sera diffusée le 4 octobre sur Canal+ Première. Anna Gomis qui est, elle-même, de cette communauté originaire de la Guinée-Bissau et qui a migré au Sénégal où elle est partie intégrante, braque sa caméra sur les rites et traditions mystiques des Manjak par le prisme de Jella.
C’est l’aventure d’une jeune femme qui «va devoir retourner vers ses origines pour accomplir une mission à la fois mystique et familiale. Pour que Jella puisse comprendre sa place dans le monde, il faut qu’elle sache d’où elle vient. Et cette quête de sa personnalité ne se fera pas sans dégâts. Les téléspectateurs pourront dé - couvrir les 2 premiers épisodes de la série le 4 octobre prochain en clair sur Canal+ Première, la chaîne qui va remplacer Canal+». L’annonce a été faite par le Directeur général du groupe Canal+ Sénégal.
Sébastien Punturello, qui a animé un point de presse pour expliquer le nouveau plan de service du groupe, a annoncé 5 nouveautés. Ainsi, Canal+ Comedy devient Canal+ Pop. Rien que pour cette année, 30 séries et des émissions telles que Startup sont attendues. La chaîne éducative Nathan TV, une première chaîne éducative en Afrique Francophone, sera lancée par Canal+ en collaboration avec l’éditeur spécialisé dans les ouvrages scolaires et parascolaires.