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2 décembre 2024
Culture
NDATÉ YALLA MBODJ, HÉROÏNE DE LA RÉSISTANCE À LA COLONISATION PAR FAIDHERBE
Longtemps oubliée de l’histoire sénégalaise et africaine, dernière grande reine du royaume du Waalo commence à être petit à petit réhabilitée grâce à la mobilisation d’historiens et de sociologues
Elles ont combattu l’oppression coloniale ou s’érigeaient et s’érigent encore contre la domination masculine. Elles portent haut le combat contre les mutilations génitales ou les stéréotypes de genre. Portrait de ces résistantes, souvent dans l’ombre, voire oubliées de l’histoire….
Au Sénégal, Ndaté Yalla Mbodj est la dernière grande reine du royaume du Waalo entre 1846 et 1855 - un royaume dans la vallée du fleuve Sénégal, au nord du pays. Mais elle est surtout la première à résister à la conquête coloniale française dirigée par le général Faidherbe à la moitié du 19ᵉ siècle.
Longtemps oubliée de l’histoire sénégalaise et africaine, elle commence à être petit à petit réhabilitée grâce à la mobilisation d’historiens et de sociologues.
Peuplée uniquement de Sérères avec comme activités principales la pêche et l’agriculture, cette localité est mystique. Aucune autorité n’y entre sans autorisation, au risque d’être destituée
Marie Bernadette SÈNE et Mouhamadou SAGNE |
Publication 28/08/2021
Marsoulou, en plus de ses fromagers mythiques où des séances de prières sont organisées pour bénir et protéger les habitants du village, est également une terre bénite dont le sable soigne des blessures au couteau. Merveille aux facettes multiples, Marsoulou la lointaine est une île entourée d’une végétation luxuriante. Des fromagers et des manguiers offrent un beau paysage aux visiteurs. Située entre les deux fleuves, le Sine et le Saloum, la localité est un paradis terrestre, mais difficile d’accès.
Après avoir bravé des kilomètres pour rallier le village touristique de Ndangane Sambou, puis une traversée en pirogue d’une dizaine de minutes, on foule le sol de Marlodj. De là, il faut encore faire un périple de 15 mn en charrette pour joindre Marsoulou. Le charretier, Baye Fall, c’est son nom, fait de bonnes affaires avec ce mode de transport hippomobile à travers ses navettes dans les îles de Mar. En contact avec les piroguiers de l’autre rive, à Ndangane campement, qui font traverser les voyageurs pressés, son téléphone ne cesse de sonner pour des besoins de location. L’autre alternative qui s’offre au visiteur, c’est de prendre «le courrier», c’est-à-dire la pirogue qui assure quotidiennement, toutes les deux heures, la navette à partir de Ndangane village vers l’île de Marlodj. «Plusieurs voyageurs préfèrent l’attendre puisque le prix du transport est fixé à 300 FCfa», nous explique ce jeune habitué des lieux, en partance pour l’île de Marlodj.
Mais à Soulou ou Marsoulou, le village est paisible. Le gazouillement des oiseaux est le son qui accompagne les voyageurs hormis les pas du cheval. Avec des bâtis uniquement en dur, la localité respire le calme et la sérénité. Mama Thior est le patriarche et Imam du village. Trouvé sous l’arbre à palabre dans sa maison, en compagnie de son jeune frère Mamadou Thior, le chef de village et Lamine Mané, un notable, ils acceptent de nous conter l’histoire de la création de Marsoulou.
Un Socé nommé Kanguel a fondé le village
Ce village, selon l’Imam et patriarche, Mama Thior, «a été fondé par un Socé du nom de Kanguel, un conquérant qui avait quitté le Gabou en compagnie de sa sœur Sokhna et de son neveu Pambal. Ils étaient poursuivis par le roi de l’époque pour avoir colorié un poulet». Ainsi, poursuit l’Imam, «pour échapper à la sentence, ils quittent Gabou, traversent Sankkoyangue, Chounang, Walycounda, Kalycounda, Ndiambilor, Albatar, Pakao avant d’arriver à Sangomar et à Diakhanoor (actuelle Palmarin). De là, ils rencontrent Maïssa Waly Dione Mané qui est allé créer le village de Mbissel, tandis que Kanguel et sa famille continuent le voyage avec Sounkarou, jusqu’à Ndangane». Une fois sur place, ils sont rattrapés par la faim. Ils décident alors d’aller chasser. C’est ainsi qu’avec leurs flèches, ils touchent un gibier qui est tombé mais qui s’est ensuite relevé. «En boitant, le gibier traverse le fleuve. Il sera suivi par les chasseurs Sounkarou et Kanguel jusqu’à une île déserte. Sounkarou allume un grand feu et retourne avec son ami Kanguel. Le lendemain, il revient et trouve que le feu avait consumé tout sur son passage jusqu’à deux km à la ronde et décide d’y habiter. Son ami allume un autre feu qui s’est étendu jusqu’à 5 km plus haut et où il décide d’y vivre avec sa famille», fait savoir le chef du village.
Sous un fromager, ajoute l’Imam Thior, «Kanguel jetait des petites racines d’arbres qu’il utilisait pour soigner. À la fin de chaque séance, il demandait à son fils ou à sa femme en socé d’aller jeter le restant des racines sous le fromager : Ta Soulingo. Et, c’est ainsi qu’est venu le nom de Marsoulou».
Un village où l’autorité n’est pas la bienvenue
Soulou est un village riche de ses secrets et pouvoirs mystiques reconnus de tous, avec une population estimée à près de 500 âmes et qui s’étend sur 3,5 km de long et 1,5 km de large. Ici, comme dans beaucoup de villages du Sine, on incarne aussi ses pouvoirs et interdits. C’est un petit village de pécheurs et d’agriculteurs qui a jalousement conservé le legs des anciens. «En effet, dans notre localité, toute personne incarnant l’autorité ne doit pas y séjourner au risque d’être destituée», nous renseigne Imam Mama Thior. Il explique l’origine de ce don. «Comme je l’ai dit tantôt, le fondateur de ce village était un guérisseur et un savant. Il voulait protéger sa terre, c’est pourquoi il a fait en sorte qu’aucune autorité ne puisse y séjourner. Ici, quand une autorité venait, elle s’arrêtait à l’entrée du village et envoyait un messager pour qu’on appelle le chef. Ce dernier allait à sa rencontre. Mais si par malheur l’autorité entre dans le village, elle risque d’être poursuivie par des abeilles qui la feront ressortir d’ici. Si elle réussit à entrer dans le village, une fois de retour, elle sera destituée de ses fonctions. Jusqu’à présent, les enfants de ce village qui portent des tenues (militaires, gendarmes, policiers, douaniers, sapeurs-pompiers, préfet ou autres) en arrivant au village, se déshabillent à Ndangane avant de fouler la terre de leurs ancêtres», révèle le vieux Mama Thior, Imam de Marsoulou. Il ajoute que «d’aucuns disent que cela n’existe plus, mais personne ne veut prendre le risque en essayant d’enfreindre cet héritage que nos ancêtres nous ont légué, et cela on n’y peut rien».
Kanguel, le fromager béni
Kanguel est le nom du génie protecteur de Marsoulou. D’après Mamadou Thior, le chef de village, il avait demandé à être enterré sous le fromager et avait garanti aux populations que les prières qui seront dites sur sa tombe seront exaucées. «Kanguel est notre protecteur. Il est à l’entrée du village. C’est lui qui a fondé l’île de Marsoulou. Il avait demandé à être enterré au pied du fromager. Il avait garanti à sa descendance que toutes les prières qui seront formulées sur sa tombe seront exaucées. Depuis lors, nous nous rendons là-bas régulièrement pour prier et demander nos vœux qui sont toujours exaucés. Des centaines de personnes viennent ici solliciter des prières devant sa tombe».
Le chef de village d’ajouter aussi que Sokhna, la sœur de Kanguel, est enterrée non loin de là. Et son domaine, c’est la protection des enfants. «Dans le village, aucune femme ne porte son enfant sur son dos sans sa bénédiction, sinon il sera gravement malade. La femme à l’obligation de venir sur sa tombe, on fait les sacrifices nécessaires avant qu’elle n’ait le droit de porter son enfant sur son dos. C’est pareil pour le sevrage. La femme devra obligatoirement retourner auprès de la tombe de Sokhna pour obtenir sa bénédiction avant le sevrage, sinon l’enfant ne sera pas bien portant».
Le sable soigne une coupure de couteau
Dans les mystères de l’île de Marsoulou, il y a le secret lié à son sable. Alors qu’ailleurs les blessés sont évacués dans les hôpitaux ou structures de santé, à Marsoulou, un blessé au couteau est juste soigné par le sable. «L’autre richesse de Marsoulou est la terre. Telle que vous le voyez, le sable constitue pour nous de l’or. Car, ici, quand une personne est blessée par un couteau, on ne court pas voir un médecin. La seule chose que les ancêtres nous ont légué, c’est de prendre un peu de la terre et de la mettre sur la plaie. Ce petit geste guérit la plaie. La personne blessée n’a pas besoin d’aller à l’hôpital pour ça. Marsoulou a un legs que nous avons essayé de garder, malgré la présence de la religion», a indiqué Mama Thior, l’Imam du village.
MOHAMED MBOUGAR SARR, POUR UNE LITTÉRATURE SANS MASQUE ET SANS FRONTIÈRE
L'écrivain sénégalais révélé par le prix Prix RFI "Stéphane Hessel de la Jeune écriture francophone" en 1994, vient de publier "La plus secrète mémoire des hommes" (Philippe Rey/Jimsaan)
Mohamed Mbougar Sarr, né en 1990 au Sénégal, révélé par le prix Prix RFI "Stéphane Hessel de la Jeune écriture francophone" en 1994, vit en France et a publié plusieurs romans : "Terre ceinte" (Présence africaine, 2015, prix Ahmadou-Kourouma et Grand Prix du roman métis), "Silence du choeur" (Présence africaine, 2017, prix Littérature-Monde – Étonnants Voyageurs 2018) et "De purs hommes" (Philippe Rey/Jimsaan, 2018).Il vient de publier "La plus secrète mémoire des hommes" (Philippe Rey/Jimsaan) .
AU ROYAUME DES SPÉCIALISTES DES FRACTURES OSSEUSES
Niché dans la commune de Sakal, Baralé-Ndiaye est un petit village qui n’abrite pas moins de 1000 âmes. Ici, les descendants de Mandiaye Arame Thiendou sont réputés capables de soigner en un temps record, toutes les maladies liées au fonctionnement des os
Niché dans la commune de Sakal, Baralé-Ndiaye est un petit village qui n’abrite pas moins de 1000 âmes. Ici, les descendants de Mandiaye Arame Thiendou sont réputés capables de soigner, en un temps record, toutes sortes de maladies liées au fonctionnement des os. Cette localité du département de Louga, située à 10 kms de la ville de Mpal, continue de recevoir, tous les jours et jusqu’à des heures très avancées de la nuit, des centaines de patients qui viennent des quatre coins de notre pays et même de l’étranger, pour bénéficier de cette science mystérieuse.
La matinée s’écoule lentement, accablante et épuisante. Difficile de mettre les pieds à Baralé-Ndiaye, sans tomber sous le charme de son paysage atypique, sans être ébloui par les lumières vives de son panorama splendide. Ici, une partie de la strate arborée peut être comparée à une armée de gendarmes en faction, aux arêtes tranchantes qui s’effritent parfois en un bruit sec de cristal brisé. Autour de Baralé, le roc et la forêt sont d’un seul tenant. On note partout des fissures qui festonnent sur la rocaille, précises, bien échancrées et béantes. Dans les champs, la nature est verdoyante, luxuriante. En file indienne, des chenilles poilues sont en quête de végétation. Des cantharides et autres insectes floricoles sèment la pluie et le beau temps.
Parfois, le climat devient supportable et la tiédeur lourde du vent nous apporte des senteurs d’herbe humide. S’il change brusquement, le souffle étouffant de l’été nous exaspère. Il y a de quoi conspirer avec un silence assourdissant et hostile que nous retrouvons entre cette nature paisible et cet habitat sommaire.
Nos premiers interlocuteurs, notamment des jeunes à la fleur de l’âge, qui devisent tranquillement à l’ombre d’un arbre, nous demandent avec déférence d’intercéder en leur faveur et auprès du chef de l’État et du Gouvernement, en vue de permettre aux populations de ce village de bénéficier d’un projet d’aménagement, de ralentisseurs, appelés communément dos d’âne. « Nous enregistrons régulièrement des accidents mortels sur cette route nationale 2 qui traverse notre terroir, les véhicules utilitaires et de transport en commun continuent de rouler à une allure vertigineuse et de causer toutes sortes de collision, nos enfants sont fauchés mortellement par ces guimbardes, nous sommes traumatisés par cette situation », disent-ils.
Ces jeunes sont accueillants, détendus et un peu taquins. Tout en nous indiquant le domicile du chef de village, ils se mettent à rire à gorge déployée. Le plus petit a une plaie d’argent au tibia, qui le poigne et qui lui paraît mortel. Mais il n’en a cure. Il fait de grandes foulées pour nous montrer la voie à suivre. Nous devons encore braver la poussière et la chaleur pour progresser vers le domicile des spécialistes des fractures osseuses. Ici, nous avons la température d’un âtre, qui monte d’un cran et nous fait suer à grosses gouttes.
Il est 14 heures. Le temps qui nous est imparti pour musarder dans les rues, ruelles et artères de ce patelin, s’en va à vau-l’eau. Actuellement, dans ce village, du fait de cette pandémie du Coronavirus, le temps n’est pas sujet à caution, à controverse. Il n’est pas très clément et les populations ont tendance à mener une vie cloîtrée. L’étranger n’a qu’à s’adapter à cette chaleur accablante et le problème est résolu. C’est pourquoi, dès notre arrivée, on nous a conseillés de nous désaltérer à tout moment et de prendre du paracétamol pour bloquer l’évolution des céphalées et des migraines.
La science mystique du charognard
Baralé existe depuis 1860. Selon le chef de village, Ousmane Ndiaye, il a été fondé par Mandiaye Arame Thiendou, qui venait du Djolof. Baralé est un terme wolof qui signifie « abondance » ou « prospérité ». Le fondateur avait beaucoup de biens, notamment, un cheptel très important. Ses proches avaient l’habitude de dire : « Da-Fa-Baralé ». Ce qui pourrait se traduire par « il est nanti ». Ce grand éleveur s’était installé d’abord à Barale Tiendieng, puis il était allé à Gouye Ndiaye, situé à 900 mètres de l’actuel village. Là, il fut attaqué par une panthère qu’il parvint à tuer sans difficulté. C’était tout juste avant la prière de « takussan » (fin d’après-midi).
C’est en épiant un charognard que Mandiaye Arame Thiendou aurait eu ce pouvoir de ressouder des os fracturés. Il dormait à l’ombre d’un baobab lorsqu’un petit charognard tomba par terre. Le grand charognard ne l’ayant pas trouvé dans le nid, se précipita pour lui donner à manger en bas. Au même moment, il se rendit compte que son petit s’était fracturé une patte. Tout en lui donnant la becquée, il formulait des prières intenses pour le guérir. Pendant quinze jours, Arame Thiendou s’arrangea pour assister discrètement à cette scène. Il était réputé grand marabout, à l’époque, et avait le don de décoder le langage ésotérique dans lequel le grand charognard faisait ses prières mystiques. Au bout de 15 jours, il se rendit compte que le petit pouvait ainsi voler. Mais ce fut son fils, Mar, qui exploita réellement cette science mystique que possédait ce charognard, en l’appliquant régulièrement au bétail. Daour, le frère de Mar, hérita de ce pouvoir et le transmit à ses descendants.
« Nous n’avons que nos prières »
À 15 heures, nous sommes déjà dans le domicile du chef de village. Ousmane Ndiaye, assisté de son fils Mamadou Ndiaye, nous explique qu’il n’est pas très difficile de faire disparaître une entorse « qui n’est qu’une simple blessure au muscle, du ligament ou du tendon ». Le remède : « nous mesurons la partie qui fait mal avec un bout de bois, dès que le malade rentre chez lui, nous commençons à faire des incantations mystiques sur ce bois qui est bien conservé quelque part dans notre concession, au bout de quinze jours, il reviendra nous dire qu’il ne ressent plus la moindre douleur ». Cependant, a-t-il souligné, « il arrive que le malade ne soit pas bien traité chez nous et on lui demande tout simplement de retourner voir les médecins. Il faut que les gens sachent que nous n’avons que nos prières. Nous n’avons pas ces équipements médicaux très sophistiqués qu’on ne trouve qu’à l’hôpital ».
Ces « spécialistes » formulent les mêmes prières pour soigner un muscle étiré ou un os cassé, ont-ils fait savoir. « Le malade ne se présente qu’une seule fois chez nous. Tout ce qu’on fait pour le guérir, on le fait sur ce bout de bois. S’il s’agit de fractures ouvertes, de fractures où l’on peut voir, à l’œil nu, l’os fracturé ou les fragments osseux, on ne fait aucun geste, on n’y touche pas. Là, on est obligé de sommer le malade d’aller de toute urgence à l’hôpital régional où il peut bénéficier d’un traitement chirurgical. Il ne faut plus que nos concitoyens entretiennent cette rumeur persistante, selon laquelle nous sommes prompts à soigner tous les types de fractures ».
« Si nous constatons une discontinuité des os, due à des batailles rangées, des rixes, des coups violents, à un accident d’une rare violence, de certains faux pas, aux manœuvres brusques, aux traumatismes, nous tentons de faire quelque chose pour soulager la souffrance du malade », fait savoir le chef de village. Ousmane Ndiaye est formel et catégorique lorsqu’il nous fait comprendre qu’il ne prend jamais le risque de prendre en charge les fractures costales, dues à une rupture des côtes, celles du crâne et de la colonne vertébrale. « Il est hors de question, pour nous, de nous substituer aux chirurgiens, aux véritables spécialistes des fractures, qui détiennent une science qui est très différente de notre savoir-faire. S’il y a quelques problèmes à la cheville, à la cuisse, à l’avant-bras, aux doigts, au fémur, au tibia, au péroné, à l’humérus, au radius, au cubitus, on peut réagir ».
Témoignages concordants
À Baralé, les descendants de Mandiaye Arame Thiendou sont réputés capables de soigner, en un temps record, toutes sortes de maladies liées au fonctionnement des os. Selon Madjiguène Ndiaye, membre de la famille, « même les enfants qui sont au lycée et qui sont les petits-fils d’Arame Thiendou, ont hérité de cette science mystérieuse qui leur permet de replacer et de ressouder les os ».
Un automobiliste en train de changer son pneu au bord de la route, ne s’est pas fait prier pour nous dire qu’il connaît ce village. « Ils nous ont aidé un jour à soigner deux de nos parents qui avaient des maux de tête et des douleurs atroces au bassin. Nous avons vu également de nombreux patients fracturés et qui ont été finalement bien traités dans ce terroir », témoigne-t-il.
Partout, dans ce village, les témoignages sont unanimes, concordants et nous assurent que les tradipraticiens de ce terroir réalisent des merveilles. Penda Diop, originaire de Mpal, qui a pu rejoindre récemment le domicile conjugal dans ce village, n’hésite pas à nous faire savoir que cette médecine traditionnelle est une réalité dans cette partie du département de Louga. « Elle permet jusqu’à présent de soulager la souffrance de nombreux malades qui viennent d’horizons divers », assure-t-elle. De l’avis de M. Souley Fall, enseignant domicilié à ce village, « les populations de Baralé, malgré une demande sociale exponentielle, restent dignes, et nourrissent l’espoir de voir un jour leur village se développer. Cela, eu égard au passé glorieux de leur localité, à sa belle histoire et au rôle prépondérant qu’elle joue dans la mise en œuvre de la politique de l’État en santé publique. Dans la mesure où la pratique des Ndiayène de Baralé est normée et suit des trajectoires claires, nettes et précise dans les soins ».
À Baralé, nous confie Dame Ndiaye, ouvrier agricole, seuls les hommes et les jeunes gens soignent les fractures. « C’est un cercle masculin, car la souffrance exprimée par le visage du patient, pendant la remise en place des os, fait que les femmes craquent souvent. Cependant, à Golbi Ndiaye, les femmes s’exercent à soigner », précise-t-il.
Interdiction de faire des massages
Plus explicite, le fils du chef de village, Mamadou Ndiaye, développe un langage plus simple. « Après le diagnostic, nous mesurons la partie qui fait mal avec un bout de bois ; attelle de bambou sur une bande de tissu pour éviter l’irritation de la peau. Mais, pas n’importe lequel. Nous utilisons le « khat ». Le malade ne se présente qu’une seule fois chez nous. Surtout s’il habite très loin de Baralé. Tout le travail mystique porte sur ce bout de bois que nous gardons soigneusement dans une chambre, chez nous. Puis, le malade, arrivé chez lui, est tenu d’arroser deux fois par jour la partie qui fait mal avec de l’eau froide », renseigne-t-il. Le plus souvent, poursuit-il, il est formellement interdit au malade de faire des massages. Au bout de quinze jours, le problème est résolu. S’il s’agit d’une fracture de la jambe, le traitement peut s’effectuer dans un délai de trente jours. Tout dépend de la nature de la fracture et de l’âge du patient ». Les recommandations et les conseils donnés doivent, selon Mamadou Ndiaye, être scrupuleusement respectés par les patients qui ne doivent pas trop bouger. « Le traitement à l’hôpital, par le plâtre, peut prendre parfois 45 à 90 jours. Il nous arrive de recevoir des malades qui se sont déjà adressés à une structure sanitaire », affirme-t-il.
Aujourd’hui, les « spécialistes » des fractures osseuses continuent de faire la renommée de Baralé. Ce village a besoin de ralentisseurs, d’un projet d’extension du réseau électrique, d’un poste de santé, d’un centre social pour les femmes, d’un foyer pour les jeunes, de financements pour des activités génératrices de revenus.
L’UNIVERSITE D’INDIANA MET LA MAIN SUR PAULIN SOUMANOU VIEYRA
Après le fonds documentaire de Sembene Ousmane, le Black film center, Archive (Bfc/A) de l’Université d’Indiana, aux Etats-Unis, vient de récupérer les archives de Paulin Soumanou Vieyra.
Après les archives de Ousmane Sembene, ce sont celles de Paulin Soumanou Vieyra qui prennent le chemin du Black film center de l’Université d’Indiana aux Etats-Unis. Le fils du cinéaste a en effet fait don des 450 kg d’archives laissées par son père à cette institution. Selon Stéphane Vieyra, c’est une façon de s’assurer que le travail de son père «ne soit pas perdu».
Après le fonds documentaire de Sembene Ousmane, le Black film center, Archive (Bfc/A) de l’Université d’Indiana, aux Etats-Unis, vient de récupérer les archives de Paulin Soumanou Vieyra. L’Agence de presse sénégalaise (Aps), à qui le fils du cinéaste a confirmé l’information, souligne qu’il s’agit de documents audiovisuels et papiers de Vieyra, composés notamment de films, de photos, d’archives papiers, d’interviews, de manuscrits d’un volume total de 450 kilos, soit sept cantines, transférés de Tours en France à Indiana aux EtatsUnis. «Il était important que ce travail ne soit pas perdu. Quel que soit l’endroit où il est hébergé», a dit Stéphane Vieyra qui se réjouit que désormais «toute l’Afrique pourra et doit accéder à ces archives».
Selon le plus jeune fils de Soumanou Vieyra qui assurait la gestion de ce fonds depuis le décès du cinéaste en 1987 par le biais de Psv/Films, la structure qui détient les droits du patrimoine de son père, «la condition la plus importante (pour nous) était que l’Afrique puisse disposer de ces archives et c’est ce qui va se passer». Stéphane Vieyra qui a cédé ces archives sans contrepartie financière, contrairement aux archives de Sembene vendues par ses héritiers, perpétue ainsi son combat de vulgarisation des travaux de son père. «Avec ce don, nous espérons que les nombreux manuscrits inédits laissés par mon père pourront être publiés et traduits en anglais», déclare Stéphane Vieyra, jusque-là conservateur des archives cinématographiques et documentaires de son père. «J’ai visité les installations de leurs archives en 2019 et les responsables étaient ravis d’accueillir les archives de Vieyra. On a discuté des modalités. Nous, nous avions une idée très particulière, c’est-à-dire que les archives de Vieyra sont inestimables. On ne pouvait pas déterminer une valeur marchande», a expliqué Stéphane Vieyra à l’Aps.
Ainsi, l’accord signé avec l’université américaine garantit à la famille de conserver ses droits et d’être la seule à autoriser toute exploitation de ces documents. Mais l’accord permettra aussi la traduction et la publication des deuxièmes tomes de deux ouvrages majeurs écrits par Paulin Soumanou Vieyra sur l’histoire du cinéma africain et sur Sembene. Stéphane Vieyra explique que de nombreuses demandes ont été adressées à l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) en France et à différents organismes pouvant s’occuper des archives, les traiter et les numériser. Et c’est là que le Bfc/A a fait la différence, puisque ce département de l’Université d’Indiana s’est donné les moyens d’offrir un service entièrement dédié aux archives. Au Sénégal, en 2012, Stéphane Vieyra avait organisé un hommage national à son père dont la bibliothèque personnelle avait été offerte à la Bibliothèque universitaire de Dakar. «A l’époque, on ne pouvait pas conserver ni numériser ces documents écrits et audiovisuels» à Dakar. Et visiblement, les choses bougent très lentement puisque du côté de la direction de la Cinématographie, on semble tout ignorer de cette histoire.
Premier Africain francophone à réaliser un film
Né le 31 janvier 1926 à Porto Novo au Bénin, Paulin Soumanou Vieyra est entré dans la postérité pour avoir été le premier Africain francophone à réaliser un film. Afrique sur seine a été réalisé en compagnie d’autres jeunes cinéastes comme Mamadou Sarr et Jacque Melo Kane. Ce film, réalisé alors qu’il étudiait le cinéma à l’Idhec, ancêtre de la Femis, a bouleversé les codes de l’époque et proposé un regard nouveau de l’Africain sur la métropole. Membre fondateur de la Fepaci et du Fespaco, Paulin Soumanou Vieyra était également le principal collaborateur de Sembene dont il a aussi été le producteur pour des films comme Le mandat, Ceddo ou Xala.Il est l’auteur d’un premier tome de l’ouvrage Le cinéma africain, des origines à 1973.
«LE FAIT DE LAISSER CES ŒUVRES QUITTER LE CONTINENT EST SCANDALEUX»
Entretien avec Maguèye Kassé, enseignant chercheur, critique de cinéma
Après Sembene, ce sont les archives de Paulin Soumanou Vieyra qui finissent à l’Université d’Indiana. Cela pose le problème de la conservation de la mémoire de nos grands hommes, de nos artistes. Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour que cela ne se reproduise pas ?
Je n’ai rien contre le fait que des universités étrangères, américaines en l’occurrence, organisent des colloques de cette nature pour approfondir les questions relatives à la naissaissance, au développement et aux orientations du cinéma africain. Je rappelle d’ailleurs que la famille Vieyra avait organisé au Musée du Quai Branly une rencontre à laquelle j’avais été invité. Stéphane Vieyra a fait beaucoup d’efforts avec Psv Films pour faire connaître le cinéma de son père. Il a eu le mérite de revisiter toute l’œuvre cinématographique de son père en digitalisant, en mettant sous Dvd, ces œuvres. Tout seul, il a eu à cœur de prendre en charge le legs cinématographique de son père et de le faire connaître à travers le monde. Maintenant, qu’est-ce qui s’est passé pour que ce fonds se retrouve à Indiana University ? Je ne sais pas. En arrivant làbas, je n’ai fait que constater sa présence dans des espaces aménagés pour ça. Il est évident que la recherche documentaire va en être facilitée. Mais le problème que vous posez est un problème de fond. Pourquoi les pays africains ne croient pas au cinéma africain et ne se donnent pas les moyens nécessaires pour le garder ici dans des espaces aménagés, comme d’autres le font ? Ce qui est scandaleux à mon avis, c’est que nos gouvernants ne prennent pas la précaution nécessaire pour préserver cette mémoire. Pour Sembene, on ne sait pas ce qui a été transféré à Indiana dans le détail. Mais c’est le fait même de laisser ces œuvres quitter le continent qui est proprement scandaleux. Je trouve que nos gouvernements africains n’ont pas pris l’exacte mesure de la nécessité de préserver notre patrimoine historique, notre mémoire collective. Paulin et Sembene sont quand même deux amis, deux précurseurs, deux personnalités du cinéma qui ont contribué à faire émerger un cinéma original et qui n’emprunte rien à ce qui se fait hors du continent africain pour asseoir les bases d’une véritable cinématographie africaine. Loin de moi l’idée de jeter la pierre à Stéphane Vieyra qui a mené un combat titanesque pour faire connaître les œuvres de son père. Ce qui n’est pas le cas pour Sembene et ses enfants.
Est-ce une question d’infrastructures, de moyens financiers ou de volonté politique ?
C’est d’abord une question de volonté politique et de connaissance de l’importance que cela revêt. Et ensuite de prendre une décision politique, garder chez soi ces trésors et créer les conditions d’une préservation par des infrastructures. C’est comme l’initiative qui a été prise par la direction de la Cinématographie pour les archives du cinéma sénégalais avec la restauration de centaines de films, de documentaires. Je regrette qu’à l’exposition de ces travaux il n’y ait pas eu beaucoup de personnes. En Tunisie, j’ai visité leurs infrastructures sur deux étages et trois sous-sols. Ils font la restauration du cinéma tunisien, mais aussi maghrébin et d’autres cinémas du monde. C’est pour les cinéphiles, la recherche, pour faire connaître l’évolution du cinéma dans un cadre universel. Et nous gagnerions à avoir des accords de coopération avec eux pour bénéficier de cette expertise, apprendre d’eux et créer les bases d’une coopération pour la préservation de nos mémoires collectives. Vieyra est à la fois Béninois et Sénégalais et la direction de la Cinématographie de l’époque avait fait un colloque sur lui. Mais ce n’est pas l’affaire d’une direction. C’est celle d’un ministère, d’un gouvernement parce que n’oublions pas que Vieyra a quand même travaillé à la télévision nationale. Il a été un précurseur d’un cinéma qui parlait des réalités sénégalaises. Ce sont des choses à saluer. On aurait gagné à mettre davantage l’accent sur ce que Paulin Soumanou Vieyra a apporté à la mémoire collective sénégalaise.
Et là, il y a Ababacar Samb Makharam et d’autres dont il faudrait peut-être prendre en charge l’héritage avant qu’il ne soit trop tard…
Bien sûr ! La jeune génération de cinéastes ne connaît pas Ababacar Samb Makharam, Tidiane Aw ou Mahama Johnson Traoré et d’autres encore. Cela participe d’un patrimoine à faire connaître, à faire fructifier par la jeune génération. Il y a tellement de choses qui militent en faveur d’une synergie d’actions pour la préservation de notre mémoire collective que ce n’est pas normal qu’on n’ait pas donné les moyens à ceux qui sont chargés de cela de poursuivre cette œuvre de leurs parents. Aujourd’hui, qu’est-ce qui est fait pour Safy Faye, la première femme réalisatrice ? C’est un problème de fond qui se pose et il y a beaucoup de choses à faire pour que nos œuvres ne restent pas en dehors du continent africain et qu’elles soient à la portée de tout le monde. C’est une question éminemment politique, c’est une question de stratégie à mettre en œuvre, une question d’infrastructures aussi avec toutes les conditions requises pour la préservation, la restauration et la mise à disposition du public, mais pour que aussi les jeunes comprennent que nos Nations ne sont pas nées ex nihilo
PROCÈS CIRQUE NOIR
Entendus par le juge, les mis en cause ont reconnu les faits qui leur sont reprochés. Après les avoir bien sermonnés, il a requis à l’encontre du producteur, Adama Ndiaye alias Go, 2 ans de prison ferme.
Le juge du tribunal des flagrants délits de Dakar a jugé, ce vendredi, l’affaire « Cirque noir », du nom de cette série dont la bande annonce a fait l’objet de polémique.
En effet, le producteur et les cinq acteurs présentés au juge sont poursuivis pour diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs et outrage public à la pudeur. Entendus par le juge, les mis en cause ont reconnu les faits qui leur sont reprochés. A les croire, ils voulaient juste faire une bande annonce « choc » pour faire le buzz.
Sur le rapport sexuel, la fille a soutenu qu’il s’agissait juste d’une « simulation ». Toutefois, ils se sont excusés devant le tribunal et devant les Sénégalais. Invité à faire ses réquisitions dans cette affaire, le maître des poursuites n’a pas été tendre avec les mis en cause. Après les avoir bien sermonnés, il a requis à l’encontre du producteur, Adama Ndiaye alias Go, 2 ans de prison ferme.
Concernant les acteurs, le représentant du ministère public a requis contre eux 2 ans dont 1 an de prison ferme. Intervenant en dernier lieu, la défense a plaidé la relaxe pour les acteurs et une application bienveillante de la loi pour Adama Ndiaye.
Pour mémoire, la bande de jeunes a été arrêtée suite à une plainte de l’ONG islamique Jamra et ses alliés du Comité de défense des valeurs morales (CDVM). Le producteur, les actrices et acteurs (Wizzy, O. G., Kital, Foltz, Lamsa et Diagne Roi) sont accusés d’avoir contourné la réglementation en lançant sur internet un teaser à caractère pornographique. Délibéré : le 3 septembre.
JAMM RALLUME LA FLAMME DU JAZZ À LA CORNE D'OR
Autrefois terre promise du jazz et destination privilégiée de jazzmen de renom, le Sénégal est devenu depuis quelques années une terre presque vierge de jazz dû à l’hégémonie du «mabalakh». Mais le groupe, JAM l’un des pionniers fait de la résistance
Dimanche 22 août, le mythique groupe Jamm spécialisé dans la musique afro-Jazz a inauguré un club au resto de la Corne d’or à Ouakam devant des aficionados de différentes générations. Tous sont venus dans le même dessein : savourer les délices d’un genre musical qui a perdu de sa superbe au pays de la teranga. Pourtant, quand on remonte le cours de l’histoire, le Sénégal fut une terre de jazz dans les années 70-80, voire 90 et surtout une destination privilégiée de jazzmen de renom. Mais depuis quelques années, ce genre musical semble en hibernation du fait de l’hégémonie du «mabalakh». Beaucoup de clubs et de groupes ont disparu. Toutefois, Jamm l’un des plus vieux groupes fondé en 1987 fait encore de la résistance. Avec ce nouveau club naissant, Jamm entend maintenir vive la flamme du jazz tandis que le groupe travaille son prochain album.
Les férus de jazz ont été bien servis ce dimanche par le célèbre groupe Jamm au resto de la Corne d’Or à Dakar. C’est dans un cadre convivial et pittoresque, un salon aux fauteuils douillets et aux lumières bien tamisées que les 5 membres du groupe ont déroulé un riche reptatoire ficelé pour égayer le public. A cette première dans l’établissement, «les standards » ont eu une place de choix avec Miles Davis comme roi. Mais globalement, le public a eu droit aussi aux sonorités de John Coltrane ou de Francis Wong, entre autres. On est passé du Be-bop, au swing, du modal, au free jazz et au jazz rock, etc.
Quoiqu’inaugurale, Moustapha Diop, le guitariste et impresario à l’occasion, et sa bande, ont joué avec leurs tripes pour que la soirée reste mémorable. Tout compte fait, ils se devaient d’assurer pour marquer d’une pierre blanche cette grande première. Ce faisant, ils peuvent espérer fidéliser et conquérir ce nouveau public. Puisque désormais, chaque dimanche soir, le groupe fera des prestations dans cet établissement hôtelier qui est à l’initiative du projet de ce nouveau club. «On s’est rendu compte qu’il y avait plusieurs amateurs de jazz à Dakar et pas assez de restaurants qui proposaient cette prestation-là, on s’est dit pourquoi pas essayer… et apparemment les gens qui sont là ce soir ont apprécié», a estimé Awa Dia, la co-gérante de l’établissement.
Comme beaucoup, Awa Dia aussi avait des préjugés sur cette musique. Préjugés vite tombés ce soir au vu du public qui répondu présent au rendez-vous. «Moi, je pensais que le jazz est une musique exclusivement réservée aux personnes âgées parce que notre génération à nous, on est un peu olé olé comme on le dit. Mais là, je vois qu’il y a plusieurs jeunes qui apprécient», s’est repentie Mme Dia, se félicitant que la Corne d'Or contribue à faire découvrir davantage cette musique aux jeunes, notamment ses pratiquants. «C’est une opportunité pour les jeunes de découvrir plusieurs chanteurs de jazz via ce groupe ».
Si le groupe Jamm est manifestement ravi de cette collaboration avec l'hôtel de la Corne d'Or pour dynamiser le jazz, le défi sera de travailler à se réinventer continuellement afin de maintenir ce public et même de le voir grandir. D’autant plus que s'il y a l’engouement du public, il n’y aura pas de raison que le club ne poursuive l’aventure et s’inscrive dans la durée. Puisque des clubs de jazz, il y en a eus au Sénégal, y compris dans un passé récent, mais à chaque fois, ils ont disparu au bout de quelque temps.
Dakar, d’une terre promise à une terre vierge du jazz
Dans les années 70 - 80, le Sénégal fut une terre où le jazz a eu ses heures de gloire avec une profusion de clubs, disparus les uns après les autres. La capitale sénégalaise a notamment reçu à l'époque de très grands musiciens de jazz qui ont «marqué l’histoire» tels que Dexter Gordon, Archie Shepp ou Dizzy Gillespie. «Il y a eu une période d’or ou il y a eu beaucoup de jazz, quelques clubs de jazz qui avaient ouvert, malheureusement ont disparu au fil du temps », se rappelle le Prof Magueye Kassé.
Malheureusement, depuis quelques années, le jazz n’a plus la place qu’il mérite au Sénégal, regrette Moustapha Diop, le guitariste du Groupe. Le Professeur Magueye Kassé regrette lui aussi cette période et félicite de l’initiative de cet établissement. Son rêve est que la culture jazz retrouve son lustre d’antan. Ainsi pour ce spécialiste du jazz si des endroits comme celui de la Corne d’Or en plus de la Cave du Djolof ou bientôt avec le projet du berger de l’île de Ngor, s’y attelle, il ne peut que saluer ce retour quoique timide de cette musique. Le jazz n’est pas que mélodies et sonorités, mais le reflet d’une histoire et de la mémoire dont la triangulation relie l’Afrique, l’Europe et les Amériques pour en faire une musique universelle.
La belle et vieille histoire de JAMM
Le groupe JAM a connu par le passé de grands musiciens comme feu Habib Ndiaye, Sega Seck, les frères Guissé dont certains ont préféré s’expatrier pour mieux vivre leur art et que leur art les fasse mieux vivre en retour. Le Sénégal a également produit de meilleurs musiciens instrumentistes qui évoluent à l’étranger. C’est le cas du guitariste Hervé Samb, des bassistes Alioune Wade et Samba Laobé Ndiaye ou encore ou Cheikh Ndoye. «Il y a d’excellents jazzmensénégalais qui jouent avec les plus grands musiciens au monde et qui s’expatrient. Ils n’ont pas leur place ici parce que le jazz ne fait pas vivre son homme. Ici (au Sénégal ndlr), on adeux genres musicauxqui marchent et qui s’écoutent malheureusement», regrette Moustapha Diop, espérant que les médias puissent participer à redonner au jazz son lustre d’antan au pays de la teranga.
A cette fin, il sera important que la communication suive. «Il faut dire que si les médias aidaient à cette diversité qu’on a toujours connue quand j’étais jeune, moi, ça permettrait une éclosion et quemille fleurs s’épanouissent est l’expression correcte je crois) », espère l’artiste en marge de la soirée. Nostalgique de ce passé, Diop considère son groupe comme privilégié parce que malgré tout, des contrats tombent par moments même si ce n’est pas très consistant. Ça nous donne une place de privilégiés, mais ça ne fait pas vivre correctement », estime regrette Moustapha Diop.
La formation actuelle de Jamm est composée de Laye Reen (clavier), Lamine Faye (basse), Jacques Iyok (batterie), Malick Fall (percussion), Babacar Mbacké (saxophone) et Mustapha Diop (guitare) qui ne sont pas moins talentueux. En tout cas le Prof. Kassé, une oreille musicale fine surtout en matière de jazz, connaît le mérite du groupe. «JAM qui vient de jouer ici est un groupe extraordinaire avec des musiciens de très grand talent, que ce soit dans les reprises de standards ou comme dans leurs propres reprises ou de celles de groupes mythiques comme Xalam. Je ne peux que l’encourager».
Une musique chargée d’histoire
Souvent considérée, à tort, comme une musique de vieux ou de bourgeois, le jazz a résisté au temps et aux préjugés de ceux qui ignorent son histoire profonde. Mais ce n’est sans doute pas le cas pas du Professeur Maguèye Kassé venu agrémenter ses oreilles expertes de sonorités qui lui sont bien familières depuis des décennies. Face à AfricaGlobe tv et AfricaGlobe.net, c’est presque à une exégèse de cette musique que s’est donné le germaniste. «C’est un genre musical que j’adore. Ça fait plusieurs décennies queje m’intéresse au jazz à partir de l’histoire singulière des Africains-Américains. Puisque le jazz n’est pas né comme ça, c’est le produit de beaucoup de manifestations musicales à commencer par l’emprunt que les musiciens africains-américains ont fait de la musique européenne qu’ils ont mélangée avec la religion pour ce qu’ils en comprenaient, qui est en même temps un refuge par rapport à leurs souffrances d’esclaves qui a donné naissance au gospel et au blues. C’est tout un genre musical avec une histoire sur laquelle l’on pourrait s’étendre », argue le professeur germaniste. Il ajoute : «Ce qui m’a surtout poussé vers le jazz, c’est son côté révolutionnaire, contestataire, protestataire et humaniste pour un autre monde fait d’égalité, de respect de l’autre. C’est ça que le jazz a développé».
Fin connaisseur du jazz, le Pr. Magueye Kassé a fait des recherches sur «l’origine africaine» de cette musique, classée patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Ce qui lui a permis d’établir à son tour les origines africaines évidente de cette musique surtout sur les instruments qui y sont utilisé. L’enseignant germaniste aime le jazz pas seulement pour ses harmonies, ses mélodies, ses compositions, mais aussi pour ce qu’elle est intrinsèquement sur les plans historique, philosophique, voire religieux. Car, faut-il le rappeler, le jazz a émergé des entrailles des esclaves noirs déportés d’Afrique vers les Amériques pour être exploités dans les plantations. Dans leur souffrance, ils ont trouvé «refuge» dans cette musique, comme expression de liberté. De ce point de vue, le jazz constitue à la fois un pan d’histoire de l’humanité et un pont entre l’Afrique, les Amériques et l’Europe esclavagistes.
Le jazz n'est pas élitiste, mais il faut des oreilles éduquées
Magueye Kassé rejette l’idée que le jazz soit une musique élitiste ou faite pour vieilles personnes. Mais il admet que toute oreille n’est pas a priori éduquée à écouter tout style de jazz. En revanche, à force d’exercice on peut finir par mordre à l’hameçon. «Le jazz n’est pas élitiste. Il faut qu’il y ait un jeu de balancier. Si vous prenez le free jazz, ce ne sont pas les rythmes qu’on peut facilement adopter», relève le Prof. «Il faut s’exercer et quand on exerce son oreille on devient plus exigeant. Mêmela musique africaine commerciale, on ne peut plus l’écouter si on est passé par le jazz, par la musique classique», soutient-il.
«Quand on prend de très grands musiciens comme Sonny Rollins, John Coltrane, Sun Ra ou bien Miles Davis ‘’dans sa période électrique’’, ce ne sont pas toutes les oreilles qui sont capables de percevoir la subtilité et la combinaison de sons qu’on n’a pas l’habitude de voir ensemble». Comme Magueye Kassé, Moustapha Diop, non seulement estime que ce sont des clichés, mais même dans la musique plus contemporaine de jeunes comme le rap et autres, il a bel et bien des influences jazz qui s’y infiltrent. Surtout que le jazz est une musique qui laisse une grande place à l’improvisation et à l’expression du musicien.
Le groupe JAMM toujours casanier
Malgré son niveau, le groupe JAMM est demeuré un groupe local, se contentant jusqu’ici de faire des clubs ou de participer à des festivals. Peu ou pas connu à l’étranger. En ce moment, le groupe travaille sur un album principalement afro calqué un peu sur le modèle de son premier album de 2002. Les membres ont espoir que cet album soit la voie royale vers des tournées internationales qui les sortira de leur quasi anonymat. En attendant désormais ils continueront à jouer à la Corne d’Or chaque dimanche, après soirée Ki zomba du samedi dans le même établissement.
NOUS SOMMES UN PEUPLE QUI CROIT À L’ARGENT FACILE
Fatou Kandé Senghor sur le cinéma, le théâtre et les séries
Fatou Kandé Senghor est une artiste visuelle qui vit à Thiès et travaille partout dans le monde. Aujourd’hui 50 ans, son art va du premier au septième. Dans cet entretien, Fatou Kandé Senghor, la réalisatrice de «Walabok», une série sur le hip-hop, parle de l’évolution du théâtre et du cinéma sénégalais, non sans jeter un coup d’œil sur la censure qui frappe certains téléfilms sénégalais.
Vous êtes une réalisatrice et photographe reconnue. Comment jugez-vous l’évolution du théâtre et du cinéma sénégalais ?
Notre théâtre populaire est niché dans les quartiers. Sa vie dépend du quartier. On ne peut pas l’éteindre. Ses racines sont trop profondes. Celui des planches, pratiqué par des comédiens aguerris, est sous perfusion. C’est la marche du temps, les espaces ne sont plus physiques, le digital a pris sa part. Il faut organiser la résistance. Et pour cela, il faut une feuille de route, une stratégie et une volonté solide, des militants et leurs relais, puis le nerf de la guerre naturellement (du budget). Le cinéma est une chose, l’audiovisuel (les produits destinés à la télé) une toute autre chose. Mais ici on fait l’amalgame des deux. Les Sénégalais lambda n’ont pas accès aux films de cinéma qui se font et qui ont une autre vocation. Un autre temps, un autre destin et un autre budget (encore une fois on revient à l’argent) et puis il y a les films qui passent à la télé et sur les plateformes digitales payantes ou non. C’est de ces productions que tout le monde parle et s’agite en ce moment. J’ai envie de dire aux Sénégalais de ne pas les regarder si elles les dérangent (éclat de rires). Mais les Sénégalais aiment gérer ce que les autres Sénégalais doivent faire ou non au nom de leur image qui serait collective. Mais enfin…
Que pensez-vous de cette censure qui frappe certaines séries au Sénégal ?
Je suis contre les censures en général, mais je ne suis pas pour les fauteurs de troubles. Il y a un marché qui s’est ouvert pour les téléfilms et les séries. Et des producteurs et entrepreneurs ont sauté sur le marché. Ils ont raison, c’est l’offre et la demande. Quand ils iront audelà des attentes de ce public, les affaires ne marcheront plus et ils changeront de cap. C’est la demande qui oriente le marché. Il y a eu très récemment d’ailleurs une bande de jeunes qui s’est risquée à pousser le bouchon trop loin en essayant de profiter de toute cette polémique, mais ça n’a pas marché. Les Sénégalais ont dit non à leur teaser de mauvais goût. Les techniciens de l’audiovisuel se sont offusqués aussi de leur proposition artistique et la police a mis la main sur les porteurs de ce projet provocateur et bête, mais qui est le fruit de cette chasse aux sorcières organisée par une Ong de la place qui joue les sentinelles ces jours-ci. Des bonnes séries, il y en a beaucoup, mais personne ne veut parler de celles-là. On veut parler des deux, trois où l’on a vu un slip passer et où on a entendu quelqu’un insulter. Comme si les Sénégalais n’avaient jamais été confrontés à ce type d’images ou d’injures.
Avec la censure et l’arrestation de certains artistes, la production n’est-elle pas menacée au Sénégal ?
A un moment donné, dans le désordre et la panique et même la peur, tout se mélange. Nous vivons une époque où beaucoup de gens gagnent leur vie grâce au net. Ils passent leur temps à fomenter des coups pour attirer la curiosité des Sénégalais et créer un buzz, (un bad buzz), afin de faire cliquer les internautes pour gagner leur pain. Ils savent qu’après un moment tout rentrera dans l’ordre parce que si la justice est impliquée, elle fera tout de même un certain travail en profondeur qui aura un aboutissement logique. Si vous parlez de cette fameuse affaire de son qui oppose deux tarikha, il faut être complètement à côté de la plaque pour juger selon un extrait, de toute une démarche musicale et visuelle et sauter sur l’occasion pour mettre le pays sens dessus-dessous. Nous ne sommes pas des imbéciles tout de même, même si nous faisons les moutons suiveurs.
N’est-il pas beaucoup plus noble pour un artiste de préserver son image que de privilégier l’argent en acceptant un rôle qui ne l’honore pas ?
C’est une question de «Sénégalais bon teint ça» : l’image, l’honneur, les valeurs, on ne sait même plus quoi inventer comme concept glorifiant l’homosenegalensis. Nous ne sommes plus tout cela monsieur. Nous sommes un Peuple qui ne réfléchit plus, qui ne débat plus, qui n’organise plus. Nous sommes un Peuple qui croit à l’argent facile, à la réussite, au bien-être, à l’ascension sociale, aux femmes juteuses et au teint vanille, aux hommes qui donnent plus qu’ils ne savent être des partenaires de vie ou des pères et nous croyons que l’argent n’a pas d’odeur. Donc nous allons le chercher pour les louanges de la bouche de nos parents et amis et nous faisons attention à donner cette même image à la mosquée, à la télé et dans la communauté. Nous ne sommes que cela monsieur. Mais nous refusons cette réalité en prenant refuge dans nos religions et nos confréries pour que tout de même une part de paradis nous soit réservée. Retenez juste qu’un artiste (un vrai) n’est pas un homme ou une femme ordinaire ! Il a fini avec les règles sociales du citoyen lambda. Un artiste est un agitateur d’idées. Il avertit les mutations, pousse les communautés à sortir dans la lumière et faire face à leurs mensonges et à leurs peurs. C’est lui la sentinelle, c’est lui le chroniqueur. Un de nos plus grands artistes comédiens, admiré et respecté, a joué le rôle d’un pédophile, d’un homo en chasse, d’un très mauvais mari, d’un ivrogne et va-t-il perdu son honneur ? Ben non, je vous parle de El Hadji Lamine Ndiaye, connu de tous les Sénégalais. Et ces rôles, il les a joués il y a 20 ans maintenant. Alors de quoi parle-t-on ? Si vous parlez des petites séries faites au lance-pierre au fin fond des quartiers suffocants, «ganaw assamane» comme le dit Fou Malade pour des publics vicieux qui sont en demande et qui existent aussi, ces séries ne se font pas avec des comédiens professionnels et bien rémunérés, mais avec des êtres qui sont issus des milieux où ces projets se déroulent. Tout le monde n’a pas le privilège de la vertu, il faut que les Sénégalais le sachent. Juger la prostituée, c’est ne pas connaître ce qui l’a conduite à cela.
TOUTE PURETÉ IDENTITAIRE EST UNE FORME D'ILLUSION
Dans son premier roman, « Mâle noir », le sociologue sénégalais Elgas met en scène un narrateur au parcours amoureux tout aussi sinueux que ses tiraillements identitaires. Un regard plein d’acuité et d’autodérision sur les questions sociétales
Jeune Afrique |
Mabrouck Rachedi |
Publication 26/08/2021
Dans premier roman, « Mâle noir », le sociologue sénégalais met en scène un narrateur au parcours amoureux tout aussi sinueux que ses tiraillements identitaires. Un regard plein d’acuité et d’autodérision sur les questions sociétales.
Elgas, de son vrai nom El Hadj Souleymane Gassama, a été révélé en 2015 avec Un Dieu et des Mœurs, récit de voyages où il jetait une lumière crue sur la société sénégalaise à travers le regard de plusieurs personnages. Mâle noir conserve ce style incisif mais se concentre sur un seul narrateur. Si ce dernier n’est jamais nommé, on peut toutefois lui trouver des similitudes avec l’auteur, né à Saint-Louis en 1988 et qui a grandi à Ziguinchor.
La première ressemblance, qui ouvre le roman, est la thèse que le personnage s’apprête à soutenir à l’université de Caen… Son titre, La Dette originelle, pourrait aussi qualifier les relations du narrateur avec sa mère. Il la revoit pour la première fois depuis plusieurs années à l’occasion de cette soutenance et en ressent une certaine culpabilité sur sa façon de vivre, aux antipodes de ce qu’elle aimerait…
« Aussi loin que je me souvienne, on ne m’a jamais appris à aimer », tel est l’incipit de Mâle noir. Un premier roman sur le mal-amour, aux nombreuses racines et ramifications, intimes, culturelles, sociétales et politiques. Rencontre avec son auteur.
Jeune Afrique : Tout comme votre narrateur, vous avez soutenu une thèse à l’université de Caen, le 21 décembre 2018, intitulée La Dette originelle – Analyse des ressorts de la solidarité des immigrés sénégalais en France avec leur pays à travers le don, l’engagement et l’entrepreneuriat. À quel point votre roman est-il autobiographique ?
Elgas : Le terme autobiographique, même s’il n’a pour moi aucune connotation négative, me paraît étriqué. Il n’est pas en mesure de rendre justice à la panoplie d’émotions et de situations qui traversent le roman. L’on peut dire, sans hésitation, que je prête beaucoup à ce narrateur, et qu’il me prend aussi énormément ! Dans cette relation, de don, de legs et d’arrachement, il y a, me semble-t-il, un dédoublement, exercice à mon sens très intéressant en termes de construction romanesque et de gémellité inassumée.
Bien sûr, des termes que l’on connaît, comme l’autofiction, pourraient être de bons compromis. Pour autant, j’insiste sur mon rapport avec le réel : c’est une donnée importante de mon énergie littéraire, l’ancrage, la vraisemblance. Ce narrateur est une somme de plusieurs facettes et identités, à la fois personnelles et empruntées. Et justement, dans certaines parcelles indéfinies, il y a une possibilité de littérature – et pas « d’en faire », ce qui relève souvent, pour moi, de la pose.
Votre narrateur n’a pas appris à aimer et il ne sait ni aimer ni s’aimer. Cette quête idéalisée de l’amour est-elle le miroir grossissant de sa quête identitaire ?
Le parallèle est juste. Cette quête n’est pas tellement idéalisée, car, à mon sens, elle recouvre toutes les couleurs de la palette des sentiments, qui vont du pathétique au sublime amour. Elle n’est pas à elle seule l’horizon ultime : la quête de liberté est au moins aussi importante, si ce n’est plus. Les deux trajectoires s’emmêlent, parce que, j’en suis quasi convaincu, il y a en premier lieu, dans l’angoisse identitaire, une question de « mal-dosage » de l’amour de soi et des autres.
« Quand les immigrés donnent de l’argent à leur famille, ils essaient de rembourser une dette morale ou psychologique », écrivez-vous. Cette dette est-elle à l’origine des maux d’amour du narrateur ?
Je suis hanté – obsession sans doute malsaine – par la question de la dette. Les jours heureux, c’est une ombre protectrice ; les jours malheureux, c’est un fardeau. Chérir l’échappée, alors que les attaches ont parfois un caractère carcéral, est une forme de tragédie absolue, où, de chaque côté, la seule chose qui est garantie est l’insatisfaction. Face à ces murs, on cherche des recours, dont les plus vils se révèlent parfois les plus exaltants.