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21 avril 2025
Culture
FESTIVAL PAROLES INDIGO, LA HUITIÈME ÉDITION S’OUVRE DANS LA VILLE TRICENTENAIRE
Ce Festival permettra aux participants et au grand public de faire de la littérature, du cinéma, d’organiser des expositions, des ateliers, des spectacles et des master class.
La ville de Saint-Louis abrite à compter de ce jeudi 9 au samedi 11 décembre prochain la huitième (8ème) édition du Festival Paroles Indigo avec comme slogan “d’autres façons de dire le monde”. Il est initié par l’Association qui porte le même nom. L’annonce a été faite hier, mercredi 8 décembre, au cours d’un point de presse par la Directrice Déléguée de l’Institut Culturel Français de Saint-Louis en présence de l’équipe organisatrice du festival.
Ce Festival permettra aux participants et au grand public de faire de la littérature, du cinéma, d’organiser des expositions, des ateliers, des spectacles et des master class. Créé en 2012 sur initiative de l’Association Paroles Indigo qui a vu le jour en 2009 à Arles en France, le Festival Paroles Indigo (d’autres façons de dire le monde) vise à promouvoir les auteurs, les artistes et les éditeurs issus des continents africain et asiatique. Cette association culturelle organise depuis 2012, un festival littéraire au Sud de la France, mais également dans les pays partenaires notamment la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Tunisie, le Mali, à en croire la Directrice artistique de ce Festival en l’occurrence Mme Isabelle Gremillet.
Pour sa part, la Directrice déléguée de l’Institut Culturel Français a beaucoup insisté sur le caractère gratuit de ce festival qui est ouvert à tout le public. “Paroles Indigo, c’est aussi une communauté humaine qui prône le mieux vivre ensemble, à travers une meilleure connaissance personnelle et mutuelle, en organisant des moments de rencontre et de dialogue avec les écrivains, les intellectuels, les artistes et les éditeurs d’ici et d’ailleurs”, a précisé Mme Isabelle Gremillet. Pendant trois jours, ce festival propose un programme riche autour de plusieurs temps forts notamment une résidence d’auteur, des expositions, une séance de master class, des lectures, du cinéma, des spectacles, des ateliers, et un concert. Le thème de ce Festival est “Ño Far - On est ensemble !”
Les initiateurs de ce Festival Paroles Indigo ont voulu, à travers le choix de ce thème, dégager toutes les barrières créées par la crise sanitaire (pandémie de Covid-19) qui est révélatrice de nombreuses inégalités sociales dans le pays. “La maladie à coronavirus a eu à créer des barrières entre les populations qui ne se voyaient plus, ne se saluaient plus, s’évitaient à longueur de journée de peur de capter le virus. Aujourd’hui, nous nous sommes dit qu’il est important que tous les acteurs réfléchissent ensemble pour trouver des solutions à des problèmes”, a expliqué Thibault Bassène, Assistant production culturelle de Paroles Indigo. Le festival permettra également aux élèves et étudiants de mieux se familiariser avec l’univers du livre, de la conception à la distribution.
VERNISSAGE AU CERCLE MAURICE GUEYE POUR SES DIX ANS, PARTCOURS CÉLÈBRE LES «LIENS» DE LA NATURE
Le temps d’un dimanche, la ville de Rufisque a été le point de convergence des acteurs et amateurs du monde des arts, notamment des arts plastiques.
Le temps d’un dimanche, la ville de Rufisque a été le point de convergence des acteurs et amateurs du monde des arts, notamment des arts plastiques. Une exposition, dans le cadre de l’anniversaire des dix ans du ParTcours y a été organisée. Un concept d’évènement d’art contemporain avec des sites d’exposition entre Dakar et la banlieue et auquel la fondation Sococim prenait part pour la cinquième fois, dans l’optique d’un soutien à l’art et aux artistes de la ville
« Nous accueillons aujourd’hui, le vernissage d’une exposition que nous avons intitulé « Ce qui nous lie » dans le cadre de la dixième édition de cette initiative ParTcours. Cette année, une trentaine de galeries de Dakar et banlieue, notamment Keur Massar, Mbao, et la ville de Rufisque, ont pu accueillir des expositions » a dit Particia Diagne, administratrice de la fondation. Pour le vernissage au cercle Maurice Guèye de la Fondation Sococim, cinq artistes ont présenté leurs œuvres en relation avec le thème du lien « ce qui nous lie ». Des œuvres en peinture, ou en sculpture et en design ont été revues et appréciées par des amateurs. Dans ces expositions, Fatou Mandoye Mbengue a présenté une collection intitulée « sortie de bain » pour revisiter le lien entre l’humanité et l’eau.
A travers ces œuvres, l’ancienne pensionnaire de l’ENA met en exergue « le lien entre la nature et l’homme, notamment l’eau, avec la série de bains pour symboliser l’importance de l’eau ». Le liquide précieux, source de joie de vivre, comme l’exprime la joie des enfants au torse nu au bord du fleuve, ou encore de propreté et de purification à travers les bains rituels et les libations qu’elle procure. Les bains pour signifier également la propreté et la purification. Une image symbolisée par cette femme avec un pagne tissé autour du buste, s’aspergeant de l’eau sur la tête et sur le corps. Dans ses œuvres, Marie Dione Cissé présente « le Cosmos » avec des lignes et des formes humaines et pour exalter la relation entre les êtres vivants dans le règne animal mais aussi avec le monde végétal. Une autre œuvre appelée Timiss pour signifier le moment de transition entre le temps des humains et celui des êtres invisibles, aussi heure des contes et des initiations. Le tout, sous la supervision de l’être suprême Togg, pour les Sérères, dieu pour les croyants.
Le vernissage a aussi marqué les tableaux de l’artiste peintre Ibrahima Cissé « Debs » qui traduit en image l’aspiration à une vie en synergie entre les différents groupes humains, mais aussi avec les animaux pour signifier la nécessité d’une préservation de cette « terre qui doit être un espace de paix, un paradis promis par la création mais que l’action humaine est en train de saper » d’où le titre des œuvres « Cohabitation » ou l’exigence d’un vivre ensemble. L’exposition a été saluée par un des initiateurs du ParTcours Mauro Pétronis, qui a noté une meilleure organisation et une plus grande professionnalisation du vernissage.
INAUGURATION DE L’INSTITUT CERVANTÈS, LA REINE LETIZIA ORTIZ D’ESPAGNE À DAKAR LUNDI PROCHAIN
Ce sera officiel lundi prochain. L’Espagne aura désormais un centre culturel digne de ce nom au Sénégal. L’inauguration sera présidée par la reine Letizia Ortiz d’Espagne
La reine d’Espagne sera dans nos murs lundi prochain pour présider à l’inauguration des nouveaux locaux de l’institut Cervantès de Dakar au niveau de l’avenue Cheikh Anta Diop. Elle sera accompagnée de plusieurs personnalités politiques dont le vice – ministre des Affaires étrangères Espagnol.
Ce sera officiel lundi prochain. L’Espagne aura désormais un centre culturel digne de ce nom au Sénégal. L’inauguration sera présidée par la reine Letizia Ortiz d’Espagne.
Selon le directeur de l’Institut Cervantès, Nestor Nongo, c’est le premier institut que l’Espagne ouvre en Afrique Sud saharienne. « Depuis 2009, nous avons une petite structure, mais à partir de maintenant, nous avons un nouveau siège qui se trouve dans l’Avenue Cheikh Anta Diop. C’est pour cette raison que la reine va faire le déplacement à Dakar. C’est un honneur et nous sommes en contact avec les autorités car la présidence est au courant ainsi que la Mairie de Dakar. Nous espérons que les autorités locales seront présentes pour l’ouverture de l’Institut Cervantès » a-t-il révélé.
A en croire le directeur de l’institut, le Sénégal constitue la porte de l’Afrique et l’Espagne considère notre pays comme un partenaire, un pays ami qui accueille un nombre important d’émigrés. « Les deux pays ont une forte coopération économique, mais nous voulons renforcer notre coopération culturelle. Ce qui définit les populations, c’est la culture. On peut être en contact économiquement, mais si on n’est pas en contact culturellement, ce sera difficile. Nous voulons mettre à la disposition des sénégalais un espace culturel avec toutes les nouvelles technologies possibles pour faciliter un échange avec le Sénégal. Ce sera un plus qui sera apporté déjà à tout ce qui se fait au Sénégal. Nous voudrons que les sénégalais s’approprient le centre culturel.
A partir de lundi prochain, nous pourrons dire qu’il y aura un centre culturel de plus au Sénégal » a poursuivi Nestor Nongo. Selon ce dernier, le pays est confronté à la lutte contre la pandémie de la Covid, c’est pourquoi le nombre d’invités sera limité. « Nous allons offrir un programme culturel à la population qui va inclure des apprentissages académiques, des expositions, de la musique, du théâtre, un échange entre la culture espagnole et sénégalaise. Nous invitons les acteurs culturels sénégalais à un échange (…)
Chaque mois on aura des concerts avec des artistes en relation avec l’Espagne. Des artistes sénégalais seront en Espagne pour se produire aussi (…) pour l’inauguration, les prestations de Raoul Rodriguez et Sidy Samb sont prévues. Ce sera la symbiose des deux cultures » a-t-il expliqué. Nestor Nongo a fait remarquer que presque 700 millions de personnes parlent l’espagnol dans le monde et que l’Institut Cervantès est chargé de faire la promotion de la langue espagnole. « C’est une langue très parlée dans le monde. Elle est la seconde langue aux Usa. En Amérique du Sud, tous les pays parlent l’Espagnol mis à part le Brésil » a-t-il reconnu.
« UN ART DE QUALITE CONTIENT TOUJOURS UN SURPLUS DE SENS »
Oumy Régina Sambou, fondatrice et coordinatrice de la Plateforme d’activisme artistique contre la corruption - Pacc
Il y a quelques mois démarraient les premières activités du Projet d’activisme artistique contre la corruption devenu Plateforme d’activisme artistique contre la corruption. Sa fondatrice et coordonnatrice Oumy Régina Sambou nous en dit un peu plus.
Comment est né la Pacc et quelles sont les grandes lignes du projet?
Elle est née suite à un appel à projet après notre participation au “Art Action Academy”. Ce dernier s'inscrit dans le cadre de l’intervention biannuelle intitulée “hubs régionaux de créativité": se servir des arts et de la culture comme moteur pour encourager les citoyens à agir contre la corruption, qui a des activités identiques dans les balkans occidentaux. L’objectif du projet n’est pas simplement de diffuser des savoirs mais d’autonomiser des artistes, des militants et des journalistes afin qu’ils soient plus efficaces dans leurs efforts pour stimuler l’engagement des gens sur les questions de corruption et ouvrir des perspectives sur des synergies significatives associant plusieurs thèmes et zones géographiques. A partir de toute une palette d’exemples contemporains et historiques d’organisation et d’activisme issus du monde entier, les participants étudieront les différentes façons suivant lesquelles la créativité culturelle a été utilisée pour renforcer la sensibilisation, bâtir des organisations, influencer des législatures et rédiger des politiques.
Pour la petite histoire, l’initiative s’appelait ‘’Lutte Contre la Corruption par l’Activisme Artistique’’ (LC2A). Le nom a été changé suite aux conseils de Birahim Seck du Forum Civil qui nous a proposé le Paac (Projet d’Activisme Artistique contre la Corruption) devenu la Paac (Plateforme d’Activisme Artistique contre la Corruption) afin de pouvoir dérouler plusieurs initiatives en même temps. En ce moment, dans le cadre de la 3e phase, nous sommes en train de dérouler le projet “l’art contre la corruption” avec des militants du Sénégal, de la Serbie et de la Macédoine.
Que veut dire activisme artistique?
Pour répondre à cette question, nous allons faire appel aux définitions qui nous ont été fournies dans le curriculum de cours que nous devions disséminer. Il s’agit d’abord de définir ce qui est du domaine de l’”activisme” et de l’”artistique”. L'activisme, comme son nom le suggère, est l'activité qui consiste à remettre en question et à modifier les relations de pouvoir. C'est ce que le politologue Harold Lasswell a un jour décrit comme "qui obtient quoi, quand et comment". L'activisme ne signifie pas nécessairement une manifestation de masse devant un siège du gouvernement pour demander plus de ressources. Cela peut tout autant signifier l'organisation d'un petit collectif de garderie entre les parents du quartier, donnant ainsi à la communauté le pouvoir de créer de nouvelles ressources pour elle-même. Il existe de nombreuses façons de faire du militantisme et d'être activiste, mais l'élément commun est une activité visant des résultats démontrables : que ce soit pour changer une politique, mobiliser une population, renverser un dictateur ou organiser un collectif de garde d'enfants. Le but de l'activisme est d'agir pour produire un effet.
L'art, en revanche, n'a pas de cible aussi claire. Il est difficile de dire ce pourquoi l'art est pour ou contre sa valeur résidant souvent dans sa capacité à nous montrer de nouvelles perspectives et de nouvelles façons d'apporter un sens à notre vie. Son impact varie d'une personne à l'autre. Il est souvent subtil et difficile à mesurer, et des messages confus ou contradictoires peuvent même être intégrés dans une œuvre.
Comme nous l'avons suggéré ci-dessus, à notre avis, un art de qualité contient toujours un surplus de sens. C'est quelque chose sur lequel nous ne pouvons pas tout à fait mettre le doigt ou décrire, mais qui nous émeut néanmoins. Son but, à supposer même que nous puissions utiliser ce mot, est de stimuler un sentiment. De nous émouvoir émotionnellement ou de modifier notre perception. Notre critique d'art préférée, Lucy Lippard le décrit ainsi, "L'art est suggestif. Les mouvements qu'il nous inspire sont généralement des e-motions".
En mettant cote à cote l’activisme et l’artistique, il s’agit de trouver l'équilibre entre l’affect et l’effet recherché. L’activiste, en se servant de l’art a plus de chances de passer à travers les filets des gouvernements répressifs, mais a aussi plus de chances de faire passer son message aux populations. Nous avons pu le constater avec les différentes actions que nous avons eu à mener sur le terrain entre Gorée, le Lac rose, l’école “Casa Italia” entre autres
Pourquoi la corruption ?
Nous n’avons pas choisi de parler de la corruption. Dès le départ, nous avons répondu à un appel à candidature qui avait pour objectif de former différents profils à l’activisme artistique dans le cadre de la lutte contre la corruption. Pour quelqu’un comme moi, qui ai répondu à cet appel à candidature, cela correspondait au genre de projets que j’avais envie de mettre en place depuis 2010 après avoir participé à un atelier de formation sur le journalisme d’investigation à travers l’analyse de documents organisé par le Forum Civil dirigé á l'époque par Feu Mouhamadou Mbodj. On s’est toujours dit qu’en se basant sur la culture, sur certaines expressions artistiques, il est possible de semer des graines, de faire connaître la corruption et ses méfaits sur notre économie, de sensibiliser et de pousser à un changement de comportement. L’Open Society Initiative (OSIWA) qui finance ce projet, après les résultats concluants dans les pays balkans, a décidé de tester cela en Afrique de l’ouest. Et on peut se réjouir que les résultats soient plutôt bons si après une deuxième phase, il y a eu une troisième phase. Et tous ceux qui ont participé à ces ateliers voient et essaient de répliquer ce modèle d'activisme artistique dans la lutte contre d’autres fléaux. Précisons que la formation de départ, c’était en collaboration avec le Center for Activism Artistic basé aux USA.
Comment s’est fait le choix des participants ?
Pour l’atelier de formation qui s’est tenu du 16 au 21 Mars 2021 au Lac rose, nous avons choisi des jeunes engagés à travers différentes associations. Nous pensions que si nous faisions un appel à candidatures, on pourrait ne pas avoir les moyens et le temps de faire une sélection de qualité. On a ciblé différentes associations actives sur le terrain, on leur a demandé de nous proposer des profils, ensuite nous avons eu un entretien avec chacun d’entre eux avant de confirmer leur participation. Il y a eu 10 profils de jeunes et moins jeunes. On a choisi des artistes rappeurs et comédiens, entrepreneurs, des comptables et chefs de projets entre autres.
Concrètement quel impact a eu le projet sur les participants, la population, etc ?
L’impact que le projet a eu sur les participants, je dirai que ça a renforcé leur engagement. Je prends l’exemple d’une artiste comme Sister LB: elle est très engagée, milite pour la cause des migrants, des femmes. Aujourd'hui, quand on parle de corruption, elle est aux taquets. Dans le cadre de la 3e phase, elle a produit un single, mais elle est aussi la porte-parole de la plateforme. Pour une cheffe de projet comme Marie Mbathio Ndiaye, cette expérience a été enrichissante à plus d'un titre et lui a permis d’enrichir sa palette de compétences. Et sa vision de l’art et de la culture a profondément changé. Elle s’est rendu compte de l'impérieuse nécessité de nous baser sur notre culture pour mieux comprendre et trouver des solutions à nos problèmes. Pour ce qui est de la corruption, nos participants ont compris sa nocivité vu qu’elle conduit à la dégradation des valeurs, à l'évasion des recettes, à la fuite de capitaux, à l'augmentation des coûts administratifs et au sous-développement en général.
Sur la population, lors de la performance artistique on a été surpris par l’engouement populaire. Les marchands de produits artisanaux et habitants du Lac rose appuyaient le discours tenu par les “artistes” du jour. Et c’est dans une grande discipline qu’ils ont suivi le spectacle et à la fin, ils ont dit toute leur satisfaction par rapport à cette forme d’activisme qu’ils découvraient. Certains qui étaient très engagés mais proches du découragement, ont repris leur bâton de pèlerin pour continuer. Et avec une association comme “Aar Lac rose” que nous avons connu en mars, ce 27 novembre nous avons procédé à une opération de reboisement sur les berges du Lac rose. L’objectif est de créer un espace vert autour du lac, attirer l’attention des autorités locales sur leurs initiatives hasardeuses qui peuvent nuire à cet environnement qui gagnerait à être préservé pour le bien de tous. Le lac rose, ce n'est pas seulement l’affaire de la commune de Tivaouane Peulh Niague, mais c’est un patrimoine national que nous devons tous sauvegarder. Ce serait dommage d’en faire une zone urbaine réservée à une certaine élite et exproprier les propriétaires implantés dans cette zone depuis plusieurs siècles.
Quelles sont les perspectives ?
La troisième phase des “hubs créatifs régionaux" nous a donné l’opportunité d'asseoir les bases de notre plateforme. La plupart de nos “alumnis” sont des volontaires sur lesquels nous pouvons nous appuyer pour mener des activités en milieu scolaire. On a fait une première expérience avec une classe de CM2, on compte poursuivre l’aventure avec les clubs intégrité du Forum civil. Le Forum civil fait partie de nos soutiens depuis le début de cette aventure. Parmi les partenaires, il y a aussi le réseau des cybers activistes Africtivistes et bien évidemment Osiwa avec qui nous avons démarré cette aventure et qui nous permet de dérouler notre programme selon notre contexte local et avec nos propres idées.
Nous avons beaucoup d'éléments vidéos sur lesquels nous appuyaient, mais aussi des artistes qui ont bien compris les enjeux et qui sont toujours prêts à nous accompagner et des ressources humaines de qualité comme notre mentor lors de la phase deux et trois Wasso Tounkara et le coach en leadership transformationnel qui a réveillé en chacun de nos participants cette envie d’agir et de faire sa part à l’instar à l’instar du colibri de la légende amérindienne.
QUAND UN COLONEL DES GABELOUS DÉPÈCE L’HYDRE DU TERRORISME DJIHADISTE AU SAHEL
Présentation du livre écrit par le colonel des douanes Amadou Tidiane Cissé et intitulé « Terrorisme : La fin des frontières ? Nouveaux enjeux de la coopération douanière en matière de sécurité au Sahel »
C’est cet après-midi à partir de 15 heures, à l’hôtel Terrou Bi, que sera présenté le remarquable livre écrit par le colonel des douanes Amadou Tidiane Cissé et intitulé « Terrorisme : La fin des frontières ? Nouveaux enjeux de la coopération douanière en matière de sécurité au Sahel ». Le modérateur de la cérémonie de présentation, c’est le général Mamadou Mansour Seck « Number One », ancien chef d’état-major général des Armées (Cemga).
Outre l’auteur, les intervenants seront le général de police Oumar Maal, ancien directeur général de la Police nationale et ex-ambassadeur du Sénégal au Niger, Dr Bakary Sambe, directeur de Timbuktu Institute, Center For Peace and African Studies ainsi que, last but not least, le général Mbaye Cissé, directeur général du CHEDS (Centre des Hautes Etudes de Défense et de Sécurité). Se tenant au lendemain de la clôture de la 7ème édition du Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité au cours duquel, justement, la question du terrorisme était au centre de tous les débats, on peut dire que cette présentation de livre vient à son heure. Le profane pourrait penser que la lutte contre les terroristes ne concerne que les forces de défense et de sécurité, en particulier la Police et la Gendarmerie, en plus des Services de renseignements, bien sûr, tandis que les douaniers, eux, se borneraient à prélever des taxes aux frontières et à alimenter en recettes les caisses des Etats. Si cela fait partie des missions des soldats de l’économie — les hommes du colonel Abdouramane Dièye s’apprêtent d’ailleurs à publier des chiffres de recettes exceptionnelles battant encore une fois tous les records précédents —, ce serait tout de même réducteur que de les réduire à cela. Car les gabelous ont aussi une mission sécuritaire tout aussi importante ne serait-ce que parce que ce sont eux qui contrôlent toutes les frontières par lesquelles passent non seulement les denrées alimentaires essentielles aux vies des communautés mais aussi les outils de production ainsi que toutes les marchandises permettant les activités commerciales. Il leur revient aussi de veiller à ce que des produits prohibés ou dangereux ou interdits comme les drogues, les explosifs, les armes, les munitions et autres n’entrent pas dans les pays dont ils sont chargés de surveiller les frontières. De lutter aussi contre la criminalité transfrontalière d’une manière générale. Cela est d’ailleurs expliqué fort justement par le secrétaire général de l’Organisation mondiale des Douanes (OMD), M. Kunio Mikuriya, dont la citation suivante est mise en exergue à l’entame du livre : « J’ai remarqué que les administrations douanières de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ne se concentraient plus uniquement sur la perception des recettes douanières, mais que la sécurité frontalière dans son ensemble faisait désormais également partie de leurs priorités. En l’absence de contrôles de sécurité efficaces aux frontières, les administrations ne pourront ni recouvrer les recettes, ni favoriser les échanges licites. »
Un gabelou baroudeur !
C’est cet aspect méconnu — mais ô combien fondamental — du travail des gabelous que le colonel Amadou Tidiane Cissé s’attelle à faire ressortir dans son livre extrêmement didactique et documenté qui traite de la question jusqu’ici réservée aux spécialistes du terrorisme au Sahel. On pourrait d’ailleurs le sous-titrer : « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le terrorisme (au Sahel) sans oser le demander ».
Pour l’écrire, l’auteur, l’un des plus brillants cadres de notre administration douanière, ne s’est pas enfermé dans un bureau climatisé pour compulser une masse de documents et faire du copier-coller. Non, il est allé crapahuter dans les dunes du Sahel et au plus près des zones d’évolution des terroristes djihadistes pour s’imprégner de leur mode opératoire, de leurs idéologies, de leurs rapports avec les populations, de leurs sources de financements, de la provenance de leurs armements etc. Il a aussi travaillé avec les forces de défense et de sécurité des pays touchés par cette hydre, que ce soit au Mali, au Burkina Faso et au Niger notamment, en particulier avec ses collègues qui y évoluent et pas seulement, pour comprendre les stratégies et moyens mis en œuvre pour combattre ces terroristes qui déstabilisent la bande sahélo-saharienne.
Ce n’est pas pour rien, du reste, que le premier titre de ce bouquin était « Le Liptako Gourma à l’épreuve des djihadistes d’Al Qaïda et de l’Etat islamique ». Qu’il nous suffise juste de citer le sommaire de cet ouvrage pour donner aux lecteurs une idée de ce qu’on peut y trouver sous la plume très pédagogique de ce douanier devenu à force de travail spécialiste des questions terroristes et sécuritaires.
Quelques exemples, donc. « Qui sont les acteurs du djihadisme au Sahel ? », « Les groupes djihadistes du Mali », « Le Groupe de Soutien à l’islam et aux Musulmans (GSIM) », « Le Groupe État Islamique au Grand Sahara (EIGS) », « Le Groupe djihadiste du Burkina Faso », « Les groupes djihadistes du Niger ». Une large partie est en outre consacrée aux groupes d’autodéfense au Sahel d’une manière générale, au Mali et au Burkina Faso en particulier. O
n s’intéressera particulièrement aux chapitres suivants : « Comment les djihadistes s’arment-ils ? », « Quels sont les modes opératoires des groupes djihadistes ? ». Après quoi, dans les derniers chapitres de son fort intéressant ouvrage, le colonel Amadou Tidiane Touré parle des missions régaliennes de l’administration douanière à travers les chapitres « La Douane au service de la sécurisation de la chaîne logistique internationale et de la lutte contre le terrorisme », « Punta Cana ou la sécurité au cœur des mandats et fonction de la Douane », « La résolution de Punta Cana ou l’action de la douane face au terrorisme », « Instruments juridiques africains en matière de lutte contre le terrorisme », « La Douane face au défi de la lutte contre les criminalités transfrontalières », « Les initiatives douanières de lutte contre les trafics illicites ».
Tout aussi intéressants, en annexe, des documents concernant « Le cadre juridique et institutionnel en matière de prévention et de lutte contre le djihadisme » et aussi « L’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger ».
Bref, c’est le résultat d’un travail sérieux, d’enquête sur le terrain, un travail fouillé de documentation venant s’ajouter à une connaissance fine de la législation douanière que le colonel Amadou Tidiane Cissé publie dans son bouquin édité par L’Harmattan. Un livre que tous ceux qui s’intéressent au terrorisme djihadiste, cette hydre qui a fini de déstabiliser une bonne partie de la zone sahélienne — et qui et aussi désormais à nos portes — gagneraient à lire.
OUVRAGE SUR L’ECONOMIE ET LA FINANCE : ABDOU DIAW DISSEQUE LES CONCEPTS
L’auteur explique que cet ouvrage «a été rédigé dans le but de rendre accessibles, au grand public, des informations économiques, souvent jugées rébarbatives
«Comprendre les termes de l’économie et de la finance», tel est l’intitulé de l’ouvrage présenté samedi, à l’Ucad, par le journaliste spécialisé en économie, Abdou Diaw. Edité par les Presses universitaires du Sahel (Punis), ce livre de 225 pages, composé de 13 chapitres, est une compilation des textes de la rubrique «L’Explicateur» qui était publiée tous les lundis dans le quotidien national sénégalais, Le Soleil. Le contenu émane des entretiens réalisés avec des experts composés de professeurs d’université et de professionnels des secteurs de la finance, de la bourse, de la commande publique, etc. A travers une approche «simple», et en donnant la parole à des économistes sénégalais et africains, l’auteur passe en revue la plupart des termes économiques, aujourd’hui largement utilisés.
L’auteur explique que cet ouvrage «a été rédigé dans le but de rendre accessibles, au grand public, des informations économiques, souvent jugées rébarbatives». Pour Abdou Diaw, «aujourd’hui, c’est beaucoup d’efforts qu’il faut déployer pour assurer une meilleure place à l’information économique et financière dans la presse. Cela passe par le renforcement de capacités des professionnels de l’information, dans les disciplines comme l’économie, les finances, la bourse, les assurances, etc. ».
«C’est à travers une approche simple et didactique que l’auteur de la présente publication, qui a fourbi ses armes dans la grande rédaction du «Soleil», une école de la pratique journalistique, nous propose un ouvrage novateur qui, au-delà des journalistes économiques auquel il s’adresse d’abord, sera très utile à toute personne s’intéressant aux problématiques économiques qui rythment notre vie», selon Cheikh Thiam, ancien Directeur général du Soleil, par ailleurs préfacier dudit ouvrage, cité dans un communiqué.
Le livre est publié dans un contexte de fake news qui inondent les réseaux sociaux et certains sites web, dans un esprit malsain de manipulation et de diffusion de rumeurs. Dans un tel environnement, note le document, «la bonne maîtrise du lexique économique et financier permet d’opposer une attitude lucide à ces fausses nouvelles, souvent savamment distillées».
Dans sa postface qu’il a signée dans cette publication, le directeur de l’Umoa-Titres, Adrien Diouf, déclare : «Ce livre aura pour principal mérite de recentrer le débat, de fournir aux lecteurs une explication simple, pratique et usuelle des différents termes et concepts économiques auxquels nous sommes confrontés quotidiennement dans notre vie professionnelle, d’étudiant, d’investisseur, de citoyen et d’analyste de notre environnement. Il a cela de particulier, qu’il ne met pas en avant un domaine spécifique de notre espace économique (…). Il regroupe l’ensemble des pans de l’économie, en privilégiant un unique aspect : la présence de ces termes ou concepts dans notre vie quotidienne. Et c’est dans ce sens que ce livre devrait devenir un outil du quotidien, une référence dans nos interactions, presqu’un livre de chevet si l’économie devenait une passion pour vous.»
L'HISTOIRE DE L'AFRIQUE NOIRE AVEC RAMA YADE
L'ancienne ministre française et directrice d'Afrique d'Atlantic Council, Rama Yade, évoque les raisons pour lesquelles le livre "Histoire de l'Afrique noire, d'hier à demain" de Joseph Ki-Zerbo est un ouvrage majeur de la littérature africaine
L'ancienne ministre française et directrice d'Afrique d'Atlantic Council, Rama Yade, évoque les raisons pour lesquelles le livre "Histoire de l'Afrique noire, d'hier à demain" de Joseph Ki-Zerbo est un ouvrage majeur de la littérature africaine.
LE PARTCOURS EST PLUS PROFOND QU’UN SIMPLE FESTIVAL SUR L’ART
Du 26 novembre au 12 décembre, Dakar accueille le Partcours. Cette dixième édition revêt les habits de la maturité. 29 galeries, espaces et acteurs vont plonger la métropole dakaroise dans une ambiance artistique
Propos recueillis par Mame Woury THIOUBOU |
Publication 04/12/2021
Du 26 novembre au 12 décembre, Dakar accueille le Partcours. Cette dixième édition revêt les habits de la maturité. 29 galeries, espaces et acteurs vont plonger la métropole dakaroise dans une ambiance artistique.
Un petit bilan de ces 10 ans de Partcours ?
On a commencé cet évènement de façon artisanale. C’était juste un groupe de collègues et chacun travaillait dans le privé, pour l’art et la culture à Dakar. Et puis, on s’est retrouvés et on s’est dit qu’on pouvait faire un évènement ensemble, pour remplir le vide culturel. Et on ne savait pas que ça allait durer. On se retrouve 10 ans après et chaque année, il y a eu une édition. Les premières étaient moins connues et plus petites. Après, il y a eu un accélérateur et l’édition actuelle a 28, 29 participants. Le Partcours est attendu par tous ceux qui s’intéressent à l’art. C’est devenu vraiment un évènement incontournable de la vitrine dakaroise.
Au-delà des expositions, le Partcours, c’est aussi une façon de mettre en lumière les galeries dakaroises et les artistes…
Absolument. Et aussi des promoteurs culturels privés. Il y a des protagonistes qui n’ont pas de galerie. Par exemple, Carole Diop, qui fait ses balades architecturales et travaille sur la ville, montre au public l’histoire de Dakar et l’évolution, pas toujours positive, du milieu architecturel dakarois. Il y a également Yataal art qui n’est pas vraiment une galerie, parce que c’est toute la Médina qui est sa galerie, et ils font visiter toutes ses ruelles avec ces graffitis qui sont sur les murs. C’est plus profond qu’un simple festival d’art, parce que ça va intéresser le tissu urbain, les gens dans leur quotidien, leurs plaisirs et difficultés de vivre dans une ville comme Dakar.
Est-ce que ça a permis de vulgariser l’art ? Parce que la peinture était quand même quelque chose d’assez élitiste ?
C’est une action assez large. C’est le Off de la Biennale qui essaie d’aller en profondeur et vulgariser l’art. C’est sûr que les galeries peuvent rester des espaces pour les collectionneurs et certains visiteurs. Mais, c’est seulement à travers l’effort d’aller au-delà qu’on peut avoir des résultats. L’art contemporain ne peut pas être populaire à 100%. Un artiste, ça reste un personnage qui sort un peu de son quotidien, pour devenir un leader esthétique. Quand on a commencé la Biennale, les gens ne savaient même pas ce que c’était dans les quartiers. Je ne dis pas qu’ils vont tous avoir des connaissances mais au moins, ils savent maintenant ce qu’est la Biennale, une exposition, un artiste. Ils s’intéressent à l’art. La première fois, ils peuvent regarder en passant et la fois d’après, ils entrent pour voir l’exposition. C’est petit à petit que ça se fait, l’épanouissement de cet art contemporain. On ne peut pas avoir les mêmes échos que pour un concert de Youssou Ndour.
Est-ce que le marché de l’art a grandi en même temps que le Partcours prenait de l’ampleur ?
C’est sûr que le marché a grandi. On connaissait une dizaine de collectionneurs passionnés. Il y en a beaucoup plus maintenant et on en découvre. Là par exemple, pour notre expo à l’Atelier céramique, on a connu Khady et Alioune Thiam, qui sont des collectionneurs. La fille et le père. Et on a découvert qu’ils sont en train de mettre de côté des pièces africaines classiques, principalement, mais aussi de l’art contemporain. C’est intéressant de voir comme le discours s’élargit, et d’une manière assez égalitaire. Les premières galeries, c’était le centre culturel, après il y a eu beaucoup de Sénégalais intéressés mais maintenant, il y a aussi les Libanais qui s’intéressent à l’art contemporain, font un bon travail et ont de beaux espaces.
Cette année, vous allez éditer un livre sur le Partcours. Il parle de quoi ?
Ce livre a été fait avec beaucoup d’images. Le Partcours, c’est l’art dans la cité. C’est vraiment demander aux gens de circuler dans la ville, de découvrir des lieux d’art. Et aussi les bâtiments et les gens autour. Dans ce livre, on trouve aussi beaucoup d’images de l’ancien et du nouveau Dakar. On trouve des œuvres d’art importantes dans le Partcours et on commence à comprendre qu’on peut écrire l’histoire de l’art du Sénégal, à partir de la fameuse école de Dakar, de Senghor et de ses artistes. Ce livre donne des pistes et suggestions autour de tout ça et de l’architecture aussi. Nous tenons beaucoup à cette thématique et sommes attristés de voir comme Dakar est entrain de changer de visage, parfois pas dans le bon sens. Faire le Partcours devient un parcours du combattant, parce que circuler le soir pour être dans les vernissages…
Comme chaque année, il va y avoir ces vernissages par quartier, qui sont un peu l’identité de cet évènement…
Plateau, Medina, Ouakam, etc. Et depuis quelques années, on a rajouté des endroits dans la banlieue. C’est intéressant de ne pas rester dans le centre-ville. Cette année, on a un nouvel espace à Mbao. On a cherché à s’élargir et être présents. Le Partcours est un évènement autogéré. Il y a quelques aides pour la communication générale, mais chaque galerie finance sa propre activité. On a un nouvel espace cette année, à Mbao, et nous sommes très contents de voir cet intérêt pour l’art contemporain. Après, le Partcours reste quand même dakarois.
Financièrement, c’est toujours compliqué ou ça s’améliore ?
Nos financements servent à maintenir cette organisation et payer toute la communication. Ce qui a fait vivre le Partcours jusqu’à présent, c’est un soutien d’Eiffage depuis la première édition, qui permettait d’éditer ce programme. Les premières années, il n’y avait que ça. Après, quand la manifestation a commencé à être plus importante, d’autres financements se sont rajoutés, y compris celui du ministère de la Culture, avec l’Institut français, le Goethe, et cette année, l’Institut italien, qui vient d’ouvrir, y participe comme espace d’exposition. Avec tous ces soutiens, on arrive à tenir, même si probablement, Eiffage va diminuer sa participation parce qu’il considère, qu’après dix ans, le Partcours est devenu grand et a moins besoin d’un soutien constant comme avant. Mais on a les autres et donc, on va tenir. Ce qui est intéressant ici, c’est cette réflexion commune. Cette année, on a même pu faire une édition mineure. A la fin du confinement, on a vu que beaucoup d’espaces étaient fermés et on s’est permis de faire un Partcours à mi saison, qu’on a appelé Noraane, la saison sèche. Ce n’était pas aussi grand que le Partcours, mais il y avait quand même une communication commune sur la réouverture des espaces culturels.
Les dix prochaines années, qu’est-ce que vous prévoyez ?
Pour moi, c’est la retraite. Quand on a commencé, on ne savait pas ce qui allait arriver. Maintenant, il y a une chose de certain, c’est que plus ça devient grand, plus ça devient difficile à gérer. Parce que mettre d’accord dix personnes, c’est plus facile que mettre d’accord 30 personnes. C’est un gros travail d’organisation et de communication à faire. Si on en est arrivés là, on peut aussi aller plus loin.
Comment vous gérez ça ? Vous vous mettez ensemble et décidez ou bien… ?
On a refusé un statut d’association, avec un président qui va tout décider et que les autres se soumettent. C’est très démocratique. On fait des réunions et on discute des décisions à prendre.
Vous n’aimez pas parler de petites galeries ou grandes galeries mais tout de même, est-ce que les petites galeries ont une chance d’attirer de grands artistes ?
Il y a une disparité de galeries justement. Il y a à Dakar, deux à trois petites galeries qui ont la prétention d’être de grandes galeries. Mais à côté, il y a Agit’art ou Yataal art. Ce ne sont pas de grandes galeries, mais elles ont peut-être même une voix plus importante que d’autres. Espace Medina, c’est un des plus anciens espaces, avec le mien. J’ai commencé ma première exposition ici, en 1981. Mais après, c’est sûr qu’il y a des disparités de moyens, mais on essaie de traiter tout le monde de la même façon. Tout le monde a deux pages dans le catalogue.
Exposer Tampidaro n’est peut-être pas la même chose qu’exposer Soly Cissé ?
C’est la particularité du Partcours. On essaie de faire participer toutes les tendances. Et si un artiste a la volonté et le savoir-faire, il peut aller loin. Regardez ce qui s’est passé avec Kiné Aw ou Barkinado Bocoum ! Quand on les exposait, ils sortaient des beaux-arts. C’est intéressant de voir des artistes sénégalais qui réussissent dehors et qui veulent participer au Partcours. Il y a aussi des étrangers qui demandent à être exposés ici.
Vous êtes à l’origine du Off de la Biennale et du Partcours. Qu’est-ce qui vous motive ?
La passion pour l’art et pour les gens. Si c’était seulement pour l’art, je pourrais être dans ma tour d’ivoire et faire ma collection ou mon business. Mais j’aime le terrain, j’aime partager. Et pour le Off, j’étais au début de l’initiative, mais le terrain était là en fait. Il fallait juste l’organiser. Pour le Partcours, c’est parti avec Koyo Kouoh. Les galeries étaient là et elles avaient envie de trouver quelque chose qui fonctionnait.
Puisqu’on est à l’heure du bilan, n’avez-vous pas fait une étude sur les retombées économiques du Partcours ?
On ne l’a pas fait. C’est difficile à faire de toute façon. La Biennale n’a jamais réussi à le faire, parce que les gens ne disent pas tout.
MOHAMED MBOUGAR SARR AU COEUR D'UNE POLÉMIQUE HOMOPHOBE
Le lauréat du prix Goncourt 2021 est critiqué pour «De Purs Hommes», roman publié en 2018. Une affaire qui se nourrit d’amalgames, de ressentiment anti-occident et de conservatisme religieux
Aujourd’hui, si Mohamed Mbougar Sarr écrit, des Sénégalais crient. Et s’ils crient, c’est au scandale. Mohamed Mbougar Sarr ferait l’apologie de l’homosexualité. L’obtention du confidentiel «prix du prix littéraire» gay 2021, décerné le 12 novembre à Paris par l’association Verte Fontaine et les Editions du frigo à l’auteur sénégalais pour l’ensemble de son œuvre, n’a fait qu’alimenter un peu plus le feu qui couvait depuis l’obtention du Goncourt début novembre pour son quatrième roman, la Plus Secrète Mémoire des hommes.
Miroir peu complaisant
La polémique enfle pourtant à contre-temps. Car il n’est pas question de la Plus Secrète Mémoire des hommes. La cible, la vraie, c’est son roman De Purs Hommes, publié en France en 2018. «De Purs Hommes n’avait pas été mis en vente au Sénégal en 2018», précise la responsable des ventes de la librairie Aux quatre vents, à Dakar. Dans ses pages, Mbougar Sarr tend au Sénégal un miroir peu complaisant. Il y narre l’histoire d’un professeur de lettres désabusé par l’hypocrisie morale ambiante. Le visionnage d’une vidéo de la profanation de la tombe d’un homosexuel fera naître chez lui une obsession pour cet événement.
Au Sénégal, l’homosexualité est considérée comme un délit passable de cinq ans d’emprisonnement ; les goorjigéens, terme péjoratif pour désigner un homosexuel et qui signifie littéralement «homme-femme» en wolof, sont régulièrement cibles d’agressions et doivent vivre clandestinement leur union, qualifiée de «contre-nature» par le code pénal sénégalais.
Mbougar Sarr est donc accusé d’être un vendu à la solde des lobbys LGBT. «Il représente un danger pour le Sénégal. […] Si l’on suit cette logique, dans quarante ans, nos enfants vivront avec l’homosexualité. C’est le début de la décadence de la société sénégalaise», soutient le professeur Niang, enseignant d’histoire-géographie à Kaffrine, dans un entretien accordé au média sénégalais Thies Info.
Parlées dans les familles, les salles de classe, ainsi que dans les universités par une bonne partie des Sénégalais, les langues nationales peinent encore à s’imposer à l’écrit, malgré les efforts d’éminents intellectuels comme Mame Younousse Dieng
Son audace a été magnifiée, avant-hier, lors d’une rencontre dédiée aux livres écrits en langues nationales. Son exemple, offert aux générations actuelles. Elle, c’est feu Mame Younousse Dieng, première personne à oser écrire un roman entier en langue nationale, en l’occurrence le wolof. Intitulé ‘’Aawo bi’’, le livre écrit en 1982 n’a pu être édité que 10 ans plus tard, en 1992. ‘’C’est un livre plein d’enseignements dans lequel elle enseigne comment doit être une épouse. Ndella, le personnage principal, est un exemple de courage, de dignité, de bravoure. Une femme d’une beauté extraordinaire, mais qui laisse tout de côté pour donner la priorité à son mariage, pour être une épouse exemplaire’’, commente Mamadou Diouf, ancien SG de la Confédération des syndicats autonomes.
Mais qui était cette brave dame que l’association Fonk Sunuy Làmmin, en collaboration avec Goethe Institut et la place du Souvenir, a voulu rendre hommage en lui consacrant ces journées d’échanges ? Née à Tivaouane, au cœur du Cayor, Mame Younousse Dieng a été enseignante, résistante, foncièrement encrée dans les valeurs traditionnelles africaines et sénégalaises. La professeure Penda Mbow témoigne : ‘’En tant que première écrivaine en wolof, Mame Younousse a eu à jouer un rôle très important dans l’éclosion des langues nationales au Sénégal. Avant même le livre, elle a été l’une des premières, sinon la première, à avoir traduit l’hymne national en wolof. Elle fait partie de ceux et celles qui ont très tôt compris que le développement passe nécessairement par la vulgarisation de nos langues.’’
Quand on parle de Mame Younousse, les témoignages sont unanimes autour de ses valeurs. Penda Mbow s’exclame : ‘’La première chose, c’est sa beauté. Elle est une belle femme noire, avec un charisme, une culture cayorienne, très encrée chez elle. C’est une femme de culture, une grande intellectuelle. Ses leçons en français, elle les traduisait en wolof pour mieux les retenir.’’
Selon l’historienne, on ne peut développer un pays si on ne maitrise pas ses langues. ‘’Tout le monde convient qu’il est plus facile de penser, de réfléchir, d’écrire, d’apprendre à partir de sa propre langue. Tous les scientifiques en conviennent. On en parle depuis très longtemps. Des pas décisifs ont été franchis ces dernières années. Je pense qu’il y a un excellent travail qui est en train de se faire et c’est très important’’, a-t-elle insisté.
En effet, si autrefois les langues nationales ne vivaient que par l’oralité, de plus en plus, il existe des ouvrages faits en langues nationales, particulièrement en wolof. D’ailleurs, dans le cadre du ‘’Pencum Maam Yunus’’, plusieurs ouvrages ont été présentés par les différentes maisons d’édition connues en langues nationales. Directrices des éditions Ejo, Ndèye Codou Fall se félicite : ‘’Cette exposition a pour objectif de montrer aux uns et aux autres qu’il y a beaucoup d’ouvrages écrits en langues nationales. Outre Ejo, ont participé à cette exposition d’autres maisons comme Osad, CNRE et Ared. Nous avons tenu à offrir plus de visibilité à tous ceux qui produisent dans nos langues’’.
Cette éclosion, selon Penda Mbow, dénote un certain regain d’intérêt salutaire. Elle affirme : ‘’Il y a un regain de dynamisme culturel et intellectuel dans ce pays qui est très rassurant. Cela veut dire que ce qui a été semé il y a plusieurs années par les anciens est en train d’éclore. Et je ne vois pas ce qui pourrait stopper ce processus. Nous devons tous nous battre pour faire de ce pays un pays modèle en termes de citoyenneté, inclusive, participative. Un pays où tout le monde peut accéder à l’information et exercer pleinement sa citoyenneté.’’
Pour Coura Sarr, auteure de ‘’Pexe du Niak’’ (conte), l’Etat parle beaucoup, mais fait très peu pour les langues nationales. Rappelant que le Sénégal a commencé l’apprentissage des langues nationales avant tous les autres pays africains, elle déplore : ‘’Aujourd’hui, tous les pays nous ont dépassé, à cause de notre manque d’engagement et de respect pour nous-mêmes, nos valeurs. Dans la vie, avant de s’ouvrir aux valeurs des autres, à la langue d’autrui, il faut d’abord et avant tout s’appuyer sur ses propres valeurs. Même Dieu nous l’enseigne, car Il a envoyé tous les prophètes qui ont parlé à leurs peuples dans leur propre langue. Pas dans des langues qui leur sont méconnues. Il y a dans ce pays un manque d’estime de soi, qui ne s’explique pas.’’
Celle qui aime se définir comme quelqu’une qui n’a jamais été à l’école française, qui a fait ses humanités au centre social de Pikine dans les années 1970 jusqu’à écrire son premier livre en français, estime que l’œuvre de Mame Younousse doit être davantage vulgarisée, car plein d’enseignements. Elle a su interpréter merveilleusement deux des textes de l’illustre écrivaine : en l’occurrence ‘’Xarit’’, un hymne à l’amitié, et ‘’Rej May Deju’’, consacrée à l’épouse africaine, sénégalaise modèle.