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22 avril 2025
Culture
FONK SUNNUY LAMIN POUR LA REVALORISATION DES LANGUES MATERNELLES
La vie et l’œuvre de l’écrivaine Mame yunus Dieng a été revisitée à la place du souvenir africain par l’association à travers des rencontres littéraires dénommées Penccum Mame yunus Dieng. L’objectif est de promouvoir les langues natio
La vie et l’œuvre de l’écrivaine Mame yunus DIENG a été revisitée à la place du souvenir africain par l’association Fonk sunnuy lammin à travers des rencontres littéraires dénommées Penccum Mame yunus DIENG. L’objectif est de promouvoir les langues nationales.
Ils sont linguistes, écrivains, historiens, éditeurs, bibliothécaires, brefs des militants engagés pour la promotion de la culture. A travers ces rencontres littéraires, dénommées « Pencum Mame Yunus Dieng » l’association «Fonk sunnuy lamign» et Goethe Institute veulent offrir aux acteurs du sous-secteur un cadre d’échanger et de partager sur les voies et moyens pour la revalorisation de la langue nationale.
L’ombre de Mame Yunus Dieng a plané tout au long de cette activité. Les témoignages sont unanimes. La marraine est décrite comme un porte-étendard du combat pour la promotion des langues nationales.
Faire de la langue maternelle, un moyen de production et de transmission de savoirs, l’ambition est noble et les défis sont grands. C’est pourquoi, l’association «Fonk sunnuy lamign» entend s’investir dans l’alphabétisation gratuite en woloff et dans les autres langues nationales. Elle compte également veiller à leur transcription normale dans les médias et les supports de communication.
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ALIOUNE DIOP, UN INFATIGABLE COMBATTANT DES DROITS HUMAINS
Fondateur de la revue Présence africaine, ce professeur de philosophie né au Sénégal fédère et inspire les intellectuels les plus importants de son époque. lIl es rassemble en 1956 en créant le premier Congrès des Écrivains et Artistes Noirs à La Sorbonne
Fondateur de la revue Présence africaine, ce professeur de philosophie né au Sénégal fédère et inspire les intellectuels les plus importants de son époque. Alioune Diop les rassemble en 1956 en créant le premier Congrès des Écrivains et Artistes Noirs à La Sorbonne. Cet infatigable combattant pour l'équité des droits humains n'hésite pas à poser des questions dérangeantes. Ainsi, "Pourquoi est-ce que l'art nègre se trouve au Musée de l'Homme alors que l'art grec, par exemple, se trouve au Louvre ?
ÑAAM JOODO, ASTUCE HOSPITALIÈRE DU FOULADOU
À Vélingara, dans la région de Kolda, beaucoup d’hommes sont également ferrés à la vitesse de l’éclair par le « ñaam joodo » qui transcende la légende charnelle
Loin de relever du mysticisme et du mythe, le « ñaam joodo » est l’astuce hospitalière du Sud qui promeut le mieux-être et le mieux-vivre en communauté. À Vélingara, dans la région de Kolda, beaucoup d’hommes sont également ferrés à la vitesse de l’éclair par le « ñaam joodo » qui transcende la légende charnelle.
Ses supérieurs ont dû hausser le ton et insister pour que Souleymane Ndiaye, juriste de formation, rejoigne son poste à Vélingara (Sud). Il a même fallu que sa hiérarchie brandisse la menace pour qu’il se résigne enfin à fouler le sol vélingarois. C’était il y a six ans. À cette époque, les préjugés et rumeurs défilaient dans son cerveau. Et Jules, pour les intimes, croyait ferme que Vélingara était une terre hostile, farouche et rebelle. Mais il va découvrir un peuple courtois et accueillant, des gens simples, une communauté pacifique unie par le sang et la chair. Au fil du temps, l’enfant de Pikine (re)trouve goût à la vie et découvre les sensations et merveilles du Sénégal des profondeurs. Loin du train-train dakarois, très loin de la pression quotidienne et du stress permanant de la capitale sénégalaise.
Plus les jours passent, plus Jules chérie davantage sa terre d’accueil. Sa rencontre avec une fille du nom d’Aïcha Diallo, une matinée de janvier 2018, marquera un tournant décisif dans sa (nouvelle) vie dans cette contrée du Fouladou. « J’ai croisé Aïcha au marché central de Vélingara. J’ai été subjugué par sa beauté, son charme et sa courtoisie. Pour moi, il n’était pas question de laisser passer cette chance. J’ai pris son numéro de téléphone et je suis passé à la vitesse supérieure ». Souleymane Ndiaye va, quelques semaines plus tard, épouser Aïcha. Aujourd’hui, le couple a deux enfants (une fille et un garçon). Pour manifester désormais son choix de rester vivre à Vélingara, Souleymane a construit une villa au quartier Sinthiang Woulata de Vélingara et compte finir ses jours dans cette localité.
Pour les proches, nul doute que Souleymane Ndiaye a été terrassé par le phénomène « ñaam joodo » (dans la langue locale, ce terme renvoie à une astuce cuisinière des femmes du Sud qui ferrent les hommes grâce à ce procédé). Jules n’est pas le premier et ne sera pas, sans doute, le dernier à se terrer définitivement, ou presque, sur la terre hospitalière de Vélingara, dans la région de Kolda.
En affectation ou en séjour périodique, certains fonctionnaires finissent par s’installer et élire domicile dans cette partie du Sud du pays. La grande beauté des femmes vélingaroises, l’hospitalité légendaire des sudistes, la vie harmonieuse en communauté, l’éloignement du foyer originel et les opportunités d’une vie à moindre coût… expliqueraient le choix de certains fonctionnaires sénégalais à élire domicile définitivement sur cette terre ferme de la Haute Casamance ou presque.
La quête d’un mieux-être
Même si le bruit a longtemps couru faisant du « ñaam joodo » un plat mystique concocté par la gente féminine du Sud, la réalité est tout autre. C’est une affaire de mieux-être et de mieux-vivre. Un fait social qui permet à l’homme de se sentir utile, d’être un maillon important de la société, de se construire et de construire son environnement, au grand bonheur de toute la collectivité.
Ancien banquier à la retraite, Oumar Diop, homme au visage creusé de rides, avait quitté son Saint-Louis natal pour rejoindre son poste d’instituteur à Vélingara. Après plusieurs années de service, il a pris femme, eu des enfants et construit une maison à Vélingara Fulbé, célèbre quartier vélingarois. « Les gens se trompent lourdement sur le sujet. Le « ñaam joodo » n’est pas un plat mystique qu’on offre aux étrangers. Il s’agit plutôt d’un mieux-être. Car, contrairement à la vie urbaine, la vie rurale ou semi-urbaine offre des commodités qui permettent à l’être humain de s’épanouir mais surtout de se sentir utile pour sa communauté, vice-versa. Loin du vacarme quotidien des villes industrialisées du Nord, Vélingara offre une nature généreuse, une vie vouée au culte du travail et de la considération communautaire », explique Oumar, conquis. Il enchaîne : « Je connais une trentaine d’amis qui étaient venus en affectation à Vélingara mais, au final, ils s’y sont installés définitivement. Ils y ont finalement élu domicile et vivent en famille, tous heureux ».
Pas de sorcellerie
De la joie dans le cœur de l’agent agricole Pape Mboup quand il a foulé, il y a 17 ans, le sol très accueillant de Vélingara. Autrefois, la ville n’avait pas une mine aussi radieuse que maintenant. Et pourtant, Pape était tombé sous le charme de cette contrée. Il a été séduit par la grande hospitalité et la simplicité des populations. « J’avais refusé de venir car pour moi une affectation à Vélingara était synonyme de sanction professionnelle, alors que j’avais une bonne réputation au sein de ma corporation. Mais dès que je suis arrivé sur place, j’ai eu une autre appréhension de la localité. Semi-urbain et semi-rural, Vélingara m’offrait tout le confort que je n’ai pu avoir chez moi à Thiès. Je ne veux plus y retourner, prévient Pape Mboup. Parce que tous mes trois enfants sont nés et ont grandi ici. Vélingara, c’est ma terre d’accueil ».
Cette terre ferme du Fouladou a la particularité de « ferrer » tout individu mû par le mieux-vivre, comme l’indique son nom « viens, s’il fait bon vivre ». Ici, le « ñaam joodo » charnel accroche les hommes et convainc les plus sceptiques. La nature généreuse berce. La femme prend soin de l’homme. La communauté intègre tout homme, quels que soient son rang et sa qualité, elle lui voue considération et estime. Pas de magie, pas de sorcellerie…, tout est dans l’approche et le savoir-être.
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LE GONCOURT DE MBOUGAR BOOSTE LES VENTES DES LIBRAIRIES AU SÉNÉGAL
Joie et fierté mais aussi un regain d'espoir dans le milieu littéraire. La consécration de l'écrivain a donné un coup de fouet au secteur du livre plongé dans la crise depuis des années
Au Sénégal, le sacre de Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt, a apporté joie et fierté mais aussi un regain d'espoir dans le milieu littéraire. La consécration de l'écrivain a donné un coup de fouet au secteur du livre plongé dans la crise depuis des années.
RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE, L'ONU RECOMPENSE BABA MAAL
Ambassadeur de l’ONU contre la désertification, Baba Maal a été distingué pour son engagement artiste et citoyen contre ce processus de dégradation des sols.
Ambassadeur de l’ONU contre la désertification, Baba Maal a été distingué pour son engagement artiste et citoyen contre ce processus de dégradation des sols. La distinction lui a été remise ce mercredi, chez lui, à Yène, par le Secrétaire général adjoint des Nations Unies, Ibrahima Thiaw, par ailleurs Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies contre la désertification (CNULCD).
Partenariat avec E-Media
En marge de la visite du représentant des Nations Unies, le Lead Vocal du Daande Leñol a reçu le Directeur général du Groupe E-Media Invest. Mamoudou Ibra Kane était venu lui présenter ses condoléances, suite au décès de l’entrepreneur et maire de Démett, Abdoulaye Elimane Dia, et le remercier pour sa présence et sa prestation remarquables lors de la présentation du livre ‘’Le Sénégal et Mandela : le grand secret’’ paru aux éditions feu de brousse.
Baba Maal et Mamoudou Ibra Kane n’ont pas manqué d’échanger sur un futur partenariat entre l’orchestre Daande Leñol et le groupe E-Media Invest, et sur d’autres projets de développement.
Baba Maal, ayant appris l’initiative de présentation de la nouvelle plateforme du site www.emedia.sn aux grands professionnels, samedi 20 novembre, a salué cette approche corporate du Top management de E-Media Invest.
par Birane Diop
DES ÉTOILES DE DYANA GAYE
C'est un film sensible, émouvant mais juste. Il raconte sans clichés l’expérience de l’exil. À travers sa caméra, la cinéaste franco-sénégalaise déconstruit les idées reçues sur les migrants
Vendredi 5 novembre 2021. 20h45. Dans le ventre de Paris. J’ai regardé pour la troisième fois ce long-métrage dans la vaste maison d’Univers ciné. Des étoiles. 1h26 de pur bonheur dans la culture, le pays sans fin. Des étoiles est une production de la cinéaste franco-sénégalaise, Dyana Gaye. Filmé dans plusieurs villes, dont Turin, New-York et Dakar, ce thriller raconte l’histoire de trois personnages au destin commun. L’intrigue du film tourne autour du voyage, in fine, de l’exil. Les vies de Sophie, d’Abdoulaye et de Thierno s’entretissent mais ne se rencontrent pas. Elles dialoguent seulement à travers l’expérience de l’émigration et du récit qu’on fait sur ce parcours sinueux.
Des étoiles est un film bouleversant, tout de même lumineux. Il est d’une grande beauté. Tous les trois personnages ont la liberté, la dignité comme horizon. Mais dans les interstices de cette quête existentielle, Dyana Gaye met aussi en lumière la solitude avec son kit de blessures ouvertes à laquelle est confrontée, tous ceux qui partent, en laissant derrière eux pays, langue, famille, amis. Le voyage charrie des douleurs profondes difficile à guérir. Partie confluer son époux Abdoulaye à Turin, à cause des appels incessants de l’amour, Sophie apprend à ses dépens cette impasse existentielle : « la solitude est le fond ultime de la condition humaine », comme disait Octavio Paz. C’est tristement vrai ! Son mari s’est caleté à New York avant même son arrivée, pour y chercher vie et devenir loin d’elle. Mais les premiers mois d’Abdoulaye aux États-Unis ne sont pas un long fleuve tranquille. Il est perdu dans les rues de Harlem. Sans logement, sans-papier, emploi précaire, et trahi par un cousin escroc, Abdoulaye bascule dans la détresse psychologique. Les routes qui mènent au fameux rêve américain sont parsemées d’embuches. Abdoulaye ne dira pas le contraire.
Que dire de Thierno ? Parti au Sénégal à l’occasion des obsèques de son père, en compagnie de sa mère Mame Amy. Le jeune homme de 19 ans découvre la terre de ses parents, ses racines. Là où tout a commencé. Quelques jours après sa rencontre avec Dakar, Thierno veut trouver dans l’antre de la capitale sénégalaise un piano pour envoyer ses notes afin de libérer ses joies secrètes, ses angoisses, sa solitude. Il a la musique dans la tête et les tripes. Pour lui, c’est une thérapie voire un exutoire. Ainsi, grâce à l’aide de sa demi-sœur, Thierno finit par trouver cet instrument qui lui manquait. Il est tout simplement heureux.
Des étoiles est un film sensible, émouvant mais juste. Il raconte sans clichés l’expérience de l’exil. Mieux, à travers sa caméra, Dyana Gaye déconstruit les idées reçues sur les migrants. Ce film-documentaire m’a procuré des émotions fortes. Car il m’a rappelé ma condition d’homme. Un sénégalais vivant en France. Des étoiles – un film magnifique, à voir absolument.
LES PRÉALABLES D'UNE RELATION AFRIQUE-FRANCE MOINS NÉOCOLONIALE
Les conditions d’une relation « moins dissymétrique » et « moins néocoloniale » entre la France et l’Afrique sont presque toutes réunies, mais il manque peut-être au continent « des leaders politiques plus courageux », selon Mohamed Mbougar Sarr
Les conditions d’une relation « moins dissymétrique » et « moins néocoloniale » entre la France et l’Afrique sont presque toutes réunies, mais il manque peut-être au continent « des leaders politiques plus courageux », a déclaré le romancier sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021.
« Quant à la relation entre la France et ses anciennes colonies, tout ou presque est réuni à la base pour qu’elle change, soit moins dissymétrique et moins néocoloniale », a soutenu Sarr, dans une interview publiée mercredi par le quotidien EnQuête, repris par l’Aps.
« Il ne manque peut-être que des leaders politiques plus courageux pour effectuer le basculement décisif pour le rééquilibrage des relations » entre l’Hexagone et ses anciennes colonies africaines, a-t-il encore dit au journal sénégalais.
Mohamed Mbougar Sarr dit espérer que ces leaders « viendront et travailleront au service de leurs peuples, avec intégrité, talent et humanité, sans esprit de revanche, ni populisme, en tirant les leçons qu’il faut de l’histoire ».
Interrogé sur le « mouvement de plus en plus affirmé de rejet » de la France en Afrique, le romancier vivant en terre française depuis plusieurs années a estimé qu’il est le prolongement d’« une tradition ancienne de luttes anticolonialistes, indépendantistes et anti-impérialistes ».
« Ces mouvements [de protestation] ne s’adressent pas seulement à la France, mais aussi aux élites corrompues et aux pouvoirs antidémocratiques du continent », a précisé Sarr.
« Il faut écouter (…) ce que ces mouvements disent de la jeunesse du continent, ce qu’ils disent de leurs aspirations (celles des jeunes Africains), ce qu’ils disent surtout de leur espoir », recommande-t-il, ajoutant que « leur désir de repenser la relation est légitime ».
Les leaders politiques « courageux » qu’il dit espérer pour l’Afrique doivent, à son avis, « sans démagogie, ni populisme facile, passer à une autre étape où il ne s’agira plus de seulement de s’opposer, mais de construire ou reconstruire sur le continent (…) en toute dignité ».
Le prix Goncourt 2021 a été attribué à Mohamed Mbougar Sarr pour son quatrième roman « La plus secrète mémoire des hommes » (462 pages), publié par les éditions Jimsaan (Sénégal) et Philippe Rey (France).
LES PIÈCES DU PUZZLE DE LA RESTITUTION DES OEUVRES D'ARTS DU SÉNÉGAL PILLÉES SE CONSTITUENT
Le Musée des civilisations noires (Mcn) a mis sur pied une commission spéciale pour la restitution des collections sénégalaises spoliées en période coloniale et conservées dans les musées occidentaux
Le Musée des civilisations noires (Mcn) a mis sur pied une commission spéciale pour la restitution des collections sénégalaises spoliées en période coloniale et conservées dans les musées occidentaux.
La restitution du sabre d’El Hadji Omar Tall, enregistrée dans le patrimoine français comme étant « inaliénable et restituable », le 17 novembre 2019, est le premier acte de la vague de retour des œuvres africaines à la source. C’est dans cette veine que des acteurs culturels et universitaires se sont retrouvés hier, au musée des civilisations noires (Mcn), afin de s’atteler à l’installation officielle de la commission supérieure chargée de l’inventaire et du pilotage de la restitution des biens sénégalais spoliés par les Occidentaux.
Ainsi, ces acteurs se joignent à la revendication des communautés pour la restitution des œuvres confisquées par les pays occidentaux, notamment lors de la période coloniale. « Restituer », selon la définition du Petit Larousse, c’est rendre quelque chose à son propriétaire légitime. Et les peuples, notamment du Sénégal et du Bénin, ont réclamé des collections conservées dans les musées occidentaux. Pour ce faire, des démarches sont entreprises dans ce sens avec entre autres l’installation d’une commission opérationnelle qui se chargera de l’inventaire et celle qui a la charge de la restitution. Directeur du Musée des civilisations noires, Pr Hamady Bocoum, l’hôte de l’initiative, indique : « La mission de la commission, c’est de répertorier, de documenter, piloter le retour et la réinterprétation des objets afin d’en ramener le maximum possible dans nos pays. » Et dans un autre sens, il s’agit de faire le même travail pour inventorier les objets qui sont dans nos terroirs pour ne pas les perdre. D’autant qu’aujourd’hui, l’Afrique s’interroge sur son futur et travaille pour son unité.
Par conséquent, ce n’est pas seulement la question politique qui est en jeu, car cette dernière est dans une logique de diversité territoriale. Or, la continuité culturelle ignore les frontières héritées de la colonisation. « C’est cette puissante gomme qui doit être manipulée pour faire de sorte que la vague annoncée de la restitution ne nous foudroie pas, mais que nous surfions plutôt sur la vague pour revisiter nos continuités culturelles. Seulement, on ne doit pas oublier le reste. Car il y a des créateurs qui continuent de créer, du fait que le patrimoine de demain, c’est l’œuvre d’aujourd’hui. Il s’agit de réécrire notre histoire », assume le directeur du musée des civilisations noires.
PR HAMADY BOCOUM : L’AUTHENTICITE DES ŒUVRES AFRICAINES EST UN LEURRE
La question de l’authenticité souvent brandie par certains connaisseurs des arts est battue en brèche par le Pr Bocoum. Ce qu’ils appellent art africain est, selon le directeur du Mcn, un leurre. Car la plupart des objets qui sont dans les collections des occidentaux, de l’avis de Pr Bocoum, auraient été détruits et reconstruits. Parce que, explique-t-il, la culture africaine est dynamique : « On fait une production, elle finit son cycle de vie et d’autres productions sont faites. » Le musée à l’occidental est également renié par l’ancien directeur du patrimoine. Sur la question, M. Bocoum indique qu’il faudrait avoir une vision propre à l’Afrique. C’est dire que « nos espaces de concertations des œuvres d’art ne sont pas des musées ethnologiques (étude de l’autre), non plus anthropologique (qui avait légitimé la thèse de stratification raciale), ni chromatique (n’étant pas un musée de l’homme noir). On est dans l’insubordination. Il n’y a pas de musée que l’on considère comme un modèle. Il faut toujours rester dans la créativité, l’inventivité voire progressivement inventer un modèle que les populations comprennent, dans lequel elles se reconnaissent et qu’ils (ces musées) soient des espaces de rencontre ».
PAR Jean-Claude Djéréké
FAUT-IL DIRE MERCI À LA FRANCE ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Talon devait-il dire merci à Macron pour la restitution des 26 œuvres d’art extorquées par la France ? Exprimer notre reconnaissance à un voleur qui, harcelé, vient nous rendre la montre qu’il a volée une heure plus tôt est absurde
“Je ne peux pas accepter qu’une large part du patrimoine culturel de plusieurs pays africains soit en France. Il y a des explications historiques à cela, mais il n’y a pas de justification valable, durable et inconditionnelle, le patrimoine africain ne peut pas être uniquement dans des collections privées et des musées européens. (…) Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique”, déclarait Emmanuel Macron le 28 novembre 2017 à l’Université Ouaga 1 (Burkina Faso).
En restituant, le 9 novembre 2021, 26 œuvres d’art appartenant au Bénin, Macron tient un engagement pris devant les étudiants burkinabè. Les œuvres restituées sont des “statues de trois rois de l’ancien royaume d’Abomey, objets d’art et objets sacrés, les trônes en bois sculpté des rois Ghézo (1818-1858) et Glèlè (1858-1889), un tabouret tripode, un récipient et couvercle en calebasse sculptée, les portes ornées du palais du roi Glèlè, des pièces de tissu, un sac en cuir”. Ces œuvres avaient été pillées lors de la mise à sac du palais d’Abomey par les troupes coloniales du général Alfred Amédée Dodds en 1892, avant l’envoi en exil en Martinique puis en Algérie du roi Béhanzin. Parler de pillage est une manière d’affirmer qu’il y eut “absence de consentement des populations locales lors de l’extraction des objets” et que “les acquisitions ont été obtenues par la violence, la ruse ou dans des conditions iniques” (Rapport Bénédicte Savoy et Felwine Sarr sur la restitution des œuvres d’art spoliées, novembre 2018). Selon des experts, au moins 90 000 objets d'art d’Afrique subsaharienne seraient dans les collections publiques françaises et 70 000 d’entre elles auraient atterri au musée du quai Branly construit par Jacques Chirac et ouvert depuis juin 2006.
L’action du président français est d’autant plus méritoire que Jean-Marc Ayrault avait opposé, le 27 juillet 2016, un “non” ferme à la demande du président béninois au nom de l’inaliénabilité du patrimoine. Pour Ayrault, non seulement une telle demande devait se faire sur la base de conventions internationales, par exemple la convention de l’UNESCO du 14 novembre 1970 relative à la protection des biens culturels, mais elle avait peu de chances d’aboutir parce que les critères de l’UNESCO en la matière sont extrêmement difficiles. Si Macron n’a pas suivi le dernier ministre des Affaires étrangères de François Hollande, il n’a pas non plus écouté les marchands d’art et les collectionneurs privés qui voient la restitution comme une opération de charme si l’on en juge par les propos de Bernard Dulon : “Comme la France a perdu toute forme de prédominance en Afrique, le président a proposé les restitutions aux dirigeants africains pour conserver des marchés face à la Chine”. Le président du collectif des antiquaires de Saint-Germain-des-Prés poursuit : “C’est une hypocrisie totale. On a pillé le continent africain depuis mille avant Jésus Christ, on continue à le faire et on voudrait nous faire croire qu’en rendant trois masques et quatre fétiches on va se dédouaner. C’est un peu délicat. Je pense que la restitution est un problème uniquement politique mis en avant par le gouvernement français qui peut encore résister à l’invasion chinoise en donnant quelques objets que les Chinois n’ont pas. Mais c’est, très clairement, du néo-colonialisme.” Dulon soutient ainsi que l’initiative de Macron n’est point désintéressée. Le président béninois pense-t-il comme Bernard Dulon ? On est tenté de répondre par la négative au regard de l’hommage appuyé que Talon a rendu à son homologue français : “Merci au Parlement et au peuple français, pour ce geste combien symbolique et inespéré, avec toute sa charge d’émotions et de polémiques. Par ma voix, c’est le peuple béninois tout entier qui vous exprime sa gratitude et ses félicitations pour votre clairvoyance et votre courage qui ont permis de franchir le cap du tabou de la restitution. À Cotonou, demain à leur arrivée, elles seront célébrées, mais vous aussi. La France sera célébrée aussi.”
Talon devait-il dire merci à Macron pour la restitution de ces 26 œuvres d’art extorquées par la France ? Notre réponse est non. Pourquoi ? Premièrement, parce que le compte n’y est pas du tout. Les pièces restituées ne représentent que des miettes à côté des dizaines de milliers d’objets d’art africains qui se trouvent dans les musées français. C’est très peu de choses, une dérisoire récolte qui laisse forcément un sentiment de “victoire” au goût d’inachevé. On comprend donc que Patrice Talon déclare : “Il est regrettable que cet acte de restitution, si pourtant appréciable, ne soit pas de portée à nous donner entièrement satisfaction. En effet, comment voulez-vous qu’à mon départ d’ici avec les 26 œuvres, mon enthousiasme soit total pendant que le Dieu Gou, œuvre emblématique représentant le dieu des métaux et de la forge, la tablette du fâ, œuvre mythique de divination du célèbre devin Guèdègbé, et beaucoup d’autres, continuent d’être retenus ici en France, au grand dam de leurs ayants droits ?”
Deuxièmement, la France restituant au Bénin ce qu’elle lui vola hier ne peut pas être mise sur le même plan qu’une personne qui nous laisse sa place dans un bus ou qui nous laisse passer devant elle dans une file parce que nous sommes malades. En d’autres termes, exprimer notre reconnaissance à un voleur qui, harcelé et pris de remords, vient nous rendre la montre ou la bicyclette qu’il a volée une heure plus tôt est non seulement déplacé mais absurde. Le merci n’a pas sa place ici quand on sait que la même France continue de piller l’or du Mali, l’uranium du Niger, le pétrole du Congo et du Gabon. Le seul mérite de Macron, dans cette affaire de restitution, réside dans le fait que son gouvernement a fait ce que le précédent gouvernement refusa de faire. On peut et on doit lui reconnaître d’avoir eu le courage de ramer à contre-courant d’une opinion majoritairement opposée à la restitution des objets que la France avait indûment accaparés. On peut saluer le courage dont il a fait preuve sans lui dire merci. Bref, il ne s’agit nullement de remercier un bienfaiteur qui n’en est pas un mais de prendre acte d’une justice rendue à des peuples dont on a prétendu qu’ils n’avaient ni histoire ni civilisation.
Beaucoup d’Africains, en suivant la cérémonie de restitution des 26 œuvres d’art de la France au Bénin, ont dû se souvenir de ces paroles d’Aimé Césaire : “On me parle de progrès, de "réalisations", de maladies guéries, de niveaux de vie élevés au-dessus d'eux-mêmes. Moi, je parle de sociétés vidées d’elles-mêmes, de cultures piétinées, d’institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d’extraordinaires possibilités supprimées.” (cf. ‘Discours sur le Colonialisme’, Paris, Présence Africaine, 1950). En attendant que le Tchad, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali et d’autres pays africains récupèrent leurs objets d’art, on ne peut que souscrire à l’analyse de Michel Adovi Goeh-Akué, professeur d’histoire à la retraite : “L’Afrique a une civilisation, elle a des éléments de civilisation et il faut rendre ces choses aux Africains pour qu’ils puissent en jouir et les présenter comme l’âme de leur peuple. Il est important que toute l’Afrique retrouve son âme et sa mémoire à travers ces œuvres qui sont gardées là-bas.”
GÀCCE NGAALAAMA,MBUGAAR !
Senegaal amati na ndam ci 3eelu fan ci weeru nowàmbar wii, jaare ko ci benn ciy doomam, di Muhamet Mbugaar Saar, ab bindkat. Moom mii Farãs tappal na ko raaya bu am solo, muy Prix Goncourt bu atum 2021
Senegaal amati na ndam ci 3eelu fan ci weeru nowàmbar wii, jaare ko ci benn ciy doomam, di Muhamet Mbugaar Saar, ab bindkat. Moom mii Farãs tappal na ko raaya bu am solo, muy Prix Goncourt bu atum 2021. Muy raaya bu ñëw topp ci yeneen yu mu fi jotoon a am.
Muhamet Mbugaar di xale bu am 31 at doŋŋ, juddoo Ndakaaru ci 20eelu fanu suweŋ, ci atum 1990. Doomu Séeréer bu màgge Jurbel la, te jànge ‘‘Prytanée Militaire de Saint-Louis’’ bi ñépp a xam. Foofa la ame lijaasam bii di “Baccalauréat”, laata muy àggaleji njàngam ca Farãs, ca ‘‘Lycée Pierre d’Ailly’’ ak ‘‘Ecole des hautes études des sciences sociales’’. Moom nag, li muy gune yépp, jotoon nañu koo tappal ay raaya yu bare. Jëloon na fi Grand prix du roman métis ak Prix Ahmadou Kourouma ca atum 2015 ak Prix Littéraire de la Porte Dorée ca atum 2018. Persidaa Maki Sàll itam sargaloon na ko fi, defoon ko Chevalier de l’Ordre du Mérite ca atum 2015. Ci téere yi waral jaloore yooyu, man nañ cee lim : La Cale (2014), Terre ceinte (2015), Silence du choeur (2017) ak De purs hommes (2018). Dëgg-dëgg, xale bu jàmbaare la, ndax ku gis ay jalooreem ak li mu bind yépp, dinga xam ni ku xareñ la, mën na li muy def, te it raw na ay maasam !
Prix Goncourt, niki beneen bi ñuy woowe Renaudot, raaya la bu ñuy joxe at mu ne ca Farãs, ngir sargal bindkat bi gën a ràññeeku ci bindkati téereb nettali yiy jëfandikoo làkkuw nasaraan. Waaye ñépp xam nañu ne, làkk woowu jéggi nay digalooy Farãs bay law ci àddina si yépp, ndax, daanaka, ay fukkiy miliyoŋi nit ñooy jëfandikoo làkk woowu. Kon nag, Prix Goncourt, raaya bu am solo la ; cuune du ko gàddu, doonte ci way-jëfandikoo farañse yi rekk la yem.
Prix Goncourt bu mag boobu la doomu Senegaal bi gàddu gannaaw René Maran (ca atum 1921) ak Mari Njaay (ci atum 2009). Kon nag, gàcce ngaalaama, Muhamet Mbugaar !
Li tax ñu tànn ko ci biir bindkat yi bare yooyu doon xëccoo raaya bi, mooy ñeenteelu téereem bi mu bind, duppe ko La plus secrète mémoire des hommes. Muŋ ciy nettali jaar-jaaru bindkat bu xareñoon, ku ñépp séentu woon ca kaw, waaye mu mujjee daanu ba ñépp fàtte ko, ndax rekk, ñàkk dégg-dégg bi nit ñi wone woon ñeel i mébétam. Mu mel ne, kàngami Goncourt yi doon àtte ngir tànn mbër mi leen doy, dañoo yéemu ciy xalaati Mbugaar yu xóot yi, waaye rawati-na ci xereñ gi mu wone ci mbindinam.
Li gën a neex ci raaya Mbugaar bile, mooy bés bi mu ko amee, dafa xaw a yemook 7eelu fanu nowàmbar, di Journée internationale de l’écrivain africain, maanaam bés bi ñu jagleel bindkati Afrig yi. Bés boobu, li ëpp ci bindkati Senegaal yi daje woon nañu ci seen béréb bu siiw boobu di Kër Biraago gu bees. Ñu bare ci ñoom nag jot nañu faa jël kàddu, rafetlu xew-xew bi, biral seen mbégte ci jaloore ju ni mel.
Teewul nag, am ñeneen ci réew mi, ñu yékkati seen baat di ŋàññ Mbugaar ndax ñàkk a rafetlu ay bindam. Waaye loolu, jeneen wax la, ndax dañuy jàpp rekk tontuy Mbugaar ci boppam : “Na nit ñi jàng téere bi ba noppi, buñ amee lu ñuy wax, ñu wax ko”.
Ci sunu wàllu bopp, ci wax jooju lanu jàppandi ba ba nuy jàng téereem yi indi coow lépp. Kon, nu waxati ko : “Gàcce ngaalaama, Mbugaar !”