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2 décembre 2024
Culture
«LA FORCE ET LE CHARME DE LA CULTURE DU WALO RESIDENT DANS SA DIVERSITE»
Mustafa Naham, auteur-compositeur, est initiateur du «Dialawaly festival de Dagana» qui se tiendra les 23, 24 et 25 juillet de cette année à Dagana, sa ville natale, il a piqué le virus de la musique dès son plus jeune âge.
Mustafa Naham, chanteur et compositeur sénégalais basé en France depuis quelques années, compose la guitare en bandoulière. Initiateur du «Dialawaly festival de Dagana» qui se tiendra les 23, 24 et 25 juillet de cette année à Dagana, sa ville natale, il a piqué le virus de la musique dès son plus jeune âge. A 13 ans déjà, il écrivait des textes et chantait avec brio, était bercé par Ismaïla Lô, Baba Maal, Omar Pène, Youssou Ndour, Thione Seck, Les frères Guissé et inspiré par ses amis. Avec Le Quotidien, il nous plonge dans son royaume d’enfance, Dagana, où va se tenir cet évènement et qui se veut être le lieu de rassemblement de toutes les cultures du Walo. Des spectacles sont prévus pour cette 3ème édition afin de rendre visible la diversité culturelle dont regorge sa ville, en valorisant la culture du Walo et en montrant à la face du monde la spécificité de chacune d’elles.
C’est quoi «Dialawaly festival de Dagana» ?
Dialawaly, si on parle du nom, est lié à l’histoire de la localité de Dagana, le Walo. Tout le monde parle de Nder. Nder, ce sont des femmes qui se sont immolées parce qu’elles ne voulaient pas être des esclaves des Maures. Mais au fond Nder est une défaite, même si à la fin sont sorties des héroïnes dans l’histoire du Sénégal. Après, il y a eu l’histoire de Dialawaly. Qui est un lieu où il y a une victoire des Walo-Walo sur les Peuls. Donc naturellement mes amis et moi, avec l’association qui est devenue Dialawaly, avons eu l’idée. Et j’étais très trempé par ce nom très symbolique. Aussi l’équipe de football l’Asc Dagana, on l’appelait à l’époque Dialawaly. Donc, ça s’est marqué à l’esprit pour toujours. Et c’est naturellement que j’ai voulu que ce festival s’appelle «Dialawaly festival de Dagana». Un festival dont la spécificité est de montrer toutes les facettes des ethnies qui se partagent une même localité, Dagana (les Maures, les Peuls, les Wolofs, les Bambados). C’est aussi une journée pour le festival qui est dédiée à la musique traditionnelle et qui montre toute la particularité de Dagana. Il y a aussi les chanteurs de hiphop qui ont une journée spéciale dénommée Dialawaly hip-hop où slameurs, spécialistes du graffiti et rappeurs se retrouvent pendant toute la journée pour égayer la population. Et enfin, il y a une journée dédiée à la musique moderne.
Comment est né «Dialawaly festival de Dagana» ?
En tant qu’artiste hors du pays, j’ai la chance de faire des festivals. J’ai eu aussi l’opportunité d’organiser dans le cadre d’une structure qui s’appelle «Only french» et où on arrivait à organiser un festival qui se fait à Paris. Et avec l’apport de mon producteur, on l’a amené au Sénégal pendant plusieurs années. C’est avec l’expérience que je me suis dit qu’il était temps d’organiser quelque chose chez moi au Sénégal. Mais où exactement ? Chez moi à Dagana forcément. Ainsi est né le festival que je voulais petit en tant que festival. Mais on voit qu’il grandit, prend son envol et tout le monde l’attend dans la localité. Avec ce festival, j’ai eu la chance d’aider pas mal de mes amis artistes sénégalais à jouer, mais aussi pour qu’ils aient une date à Paris. Parce que quand ils jouent au Sénégal, l’artiste sénégalais ou les artistes retenus sont invités à faire le spectacle, l’édition suivante à Paris, dans une super belle salle.
Quelles sont les grandes lignes du programme de cet évènement ?
C’est surtout ces trois jours où il y aura une journée hiphop, la musique traditionnelle qui prend sa place et qui est la spécificité du festival, et enfin la musique moderne. Maintenant, la particularité de cette année est qu’on va initier une caravane où la reine Ndatté Yalla est sur sa calèche, le roi sur son cheval et toute la troupe royale derrière, avec les percussions et l’accoutrement qu’il faut pour faire le tour de la ville. On l’appelle cette année «caravane», mais à l’avenir, ça va être un vrai «carnaval». Et c’est cela le but, faire le tour de la ville en montrant le Walo d’il y a très longtemps, le Walo en tant que royaume parce que dans l’histoire on dit «tey la Walo wayé ay reew lawoon». Cela veut dire que le «Walo était un Etat ; comment ça fonctionnait, tout cela...» Mais l’avantage que l’on a pour que toute la ville en profite, c’est de faire un carnaval où l’on peut faire son tour pendant toute une journée. Et cela va être un programme spécial collé au festival, comme si c’était labélisé par le festival et géré par une entité dans le festival. Mais pour le moment, on a fait une caravane pour faire l’esquisse cette année. Et dans les réseaux sociaux, les gens verront que ça va être extraordinaire. Et je pense que c’est l’avenir du festival. Et puis, il y aura l’orchestre Gouneyi de Saint-Louis, de la localité et sans oublier Khalifa Mbodj, un jeune de Dagana, originaire de Saint-Louis et vivant à Dakar et moi-même, Mustafa Naham. D’ailleurs c’est une opportunité pour moi de jouer à Dagana pour que mes parents puissent découvrir ce que je fais.
Vous dites que le festival commence à prendre son envol. Alors, que peut-on attendre de cette 3ème édition ?
Oui, déjà la surprise c’est la caravane. Par exemple, elle ne faisait pas partie de nos projets. La surprise, c’est d’allier l’utile à l’agréable en parlant du reboisement, de l’investissement humain qui se fera parce qu’on ne va pas continuer éternellement à ne faire que jouer, chanter et égayer la population pour trois jours et ensuite partir. Il faut qu’on essaye de contribuer au rayonnement de la ville. Quand je vois l’avenue Bourguiba, il y avait de beaux arbres et je vois aujourd’hui que c’est démoli. Je me dis il y a un problème. Les gens ne comprennent pas, parce que si on est dans un pays désertique et surtout le Nord du Sénégal, si on ne fait pas de reboisement mais, mon Dieu, nous sommes condamnés à vivre l’enfer sur terre. Et c’est à nous humains de poser des actes, pas simplement de construire des bâtiments ou de faire des routes sans arrêt, mais créer de la verdure. La verdure ne viendra pas comme ça. C’est à l’humain de le faire et c’est possible. Et nous, c’est ce qu’on va faire. Notre idée est de primer tous ceux qui, pendant un an, ont pu préserver et entretenir l’arbre planté par le festival à hauteur de 50 mille francs Cfa par famille. Une façon naturelle de préserver l’arbre, sans pour autant qu’on fatigue qui que ce soit. C’est un projet à long terme et on va y arriver.
Vous parlez de valorisation de la culture Walo. Est-ce bien cela ?
Oui, déjà c’est la chance qu’ont les Walo-Walo. Tu vas me dire que c’est ce que nous sommes, les Sénégalais. Mais le Walo, moi en tant qu’artiste, je me rends compte que là où j’ai grandi il y a les Peuls qui ont leur propre culture et qui n’a rien à avoir avec celle des Wolofs. Les Maures aussi, c’est la même chose. Et toutes ces particularités font la force, le charme du festival. Et c’est cela également la force de la culture du Walo-Walo.
Pourquoi le choix de Woz Kali comme parrain de cette 3ème édition ?
La deuxième édition, c’était Yoro Ndiaye qui s’était déplacé avec son groupe et qui avait égayé toute la population de Dagana. Il a fait une carrière magnifique que tout le monde doit valoriser. Et je pense que Woz Kali, c’est pareil. En tant que Walo-Walo de Rosso, il a une part énorme dans le festival. Donc c’est l’occasion de l’amener à Dagana, la terre de ses origines. On a vécu ensemble en France. C’est un immense talent. C’est quelqu’un qui a fait une super belle carrière. Et c’est l’occasion de leur rendre hommage en leur disant venez jouer. C’est vrai, mais dans le festival on va faire comprendre aux gens que c’est vous qui êtes le parrain de cet édition. C’est pour vous rendre honneur. C’est juste rendre à césar ce qui lui appartient.
Qui avez-vous comme partenaires pour cette édition ?
Bon, concernant les partenaires je ne vais pas vous cacher. Les festivals au Sénégal ont souvent des soucis pour avoir un partenaire ou un sponsor. Dès le départ, on ne s’est pas basé sur des sponsors. Moi qui ai eu l’initiative, je ne me suis pas basé sur un sponsor. J’ai cherché par mes maigres moyens, en plus de mes amis en tant que mécène parce que ce sont eux qui font surtout les festivals. Le sponsor, s’il ne trouve pas son compte, ne vient pas. Mais le mécène, il croit au projet, il t’apporte son soutien financier et matériel. Et c’est comme cela qu’on a commencé le festival. C’est à partir de cette année qu’on a eu le contact avec l’Agence sénégalaise de promotion touristique (Aspt), la direction des Arts, entres autres. Mais jusqu’ici, c’est juste des contacts noués pour le futur parce qu’ils ont compris que le festival grandit. Et qu’un festival qui se développe ne doit pas éternellement se baser sur 2 ou 3 personnes financièrement. Jusqu’ici, c’est la mairie de Dagana qui nous apporte son soutien matériellement. Mais il y a les mécènes, mes amis, mon entourage et moi en tant qu’initiateur. Je les fatigue à longueur de journée pour qu’ils participent au rayonnement de ce projet.
Un message ?
Dire à mes frères et sœurs Walo-Walo que ce festival n’appartient pas à Mustafa Naham ou à un membre de l’Association Dialawaly, mais à toute la population du Walo. Que personne n’hésite à venir apporter son soutien, se joindre à nous et contribuer au rayonnement de ce festival parce que c’est pour le bien du Walo, de Dagana. Ce sont des étrangers qui viennent avec leurs moyens investir dans la localité. Dagana est une ville touristique. Et ce sont des gens qui découvrent la ville. Donc autant de choses qui me poussent à dire que ce festival a besoin du soutien de tout un chacun parce qu’il a déjà pris son envol et a juste besoin d’être épaulé pour être comme tous les autres festivals.
NJAMA NAABA REND HOMMAGE A OMAR MANE A TRAVERS UN NOUVEL ALBUM
Six ans après le décès de son principal lead vocal, Omar Mané, le groupe musical Njama Naaba sort un nouvel album qui s’intitule Nmeese qui veut dire le «voisinage».
Madigoye Sadio, manager du groupe Njama Naaba, a procédé, au centre culturel Blaise Senghor, au lancement du nouvel album dudit groupe musical et qui rend hommage à son défunt lead vocal, Omar Mané, décédé il y a 6 ans. Cette production est composée de 12 titres qui évoquent, entre autres thèmes, la paix, l’identité socio-culturelle balante et le sens de la famille en Afrique.
Six ans après le décès de son principal lead vocal, Omar Mané, le groupe musical Njama Naaba sort un nouvel album qui s’intitule Nmeese qui veut dire le «voisinage». D’ailleurs, un hommage a été rendu dans cet album au défunt lead vocal à travers Hommage à Omar Mané. «Omar Mané est décédé le 9 janvier 2015, après avoir abattu un travail énorme dans la mise en œuvre du projet musical du groupe.
Dans ce tube qui se veut une marque de reconnaissance, nous lui rendons un vibrant hommage, mais pour dire aussi à tous ceux qui l’ont aimé comme nous : ’’de Dieu nous venons, c’est à lui que nous retournons’’», a dit Madigoye Sadio, manager du groupe Njama Naaba, qui procédait au lancement de ce nouvel album au centre culturel Blaise Senghor. Après les albums Balusna, Gijaa, Go, Duwa et Binno sortis respectivement en 2007, 2009 et 2015, Nmeese vient s’ajouter au riche répertoire de ce groupe musical basé à Sédhiou.
Composé de 12 titres, ce nouvel album a conduit, suite au décès de Omar Mané, «à la restructuration de l’orchestre en mettant à sa tête Yamde Gilbert comme lead vocal pour la continuité du projet musical». «Cet album s’inscrit dans une orientation artistique de l’ouverture dans son sens large à travers la participation d’autres musiciens de la Guinée-Bissau.
Hormis le balante, il y a des chansons en diola, en mandingue et en créole», selon le document de presse qui indique que «la musique est un art par lequel on peut éduquer et sensibiliser». «Ainsi dans le contexte des conflits transfrontaliers, le groupe Njama Naaba, par ce nouvel album, contribue à sensibiliser ce que notre voisinage nous impose et nous démontre que nous sommes les mêmes, unis par les liens de cohabitation, de fraternité, d’amitié et de solidarité malgré une compréhension souvent complexe de l’humain», peut-on lire à travers le document de presse.
Parlant de quelques-uns des 12 titres de l’album, on peut en citer Casamance (5ème titre), un des titres phare de cet album qui aborde «le thème de la paix pour le développement économique de cette partie méridionale de notre pays». Le premier titre, Malu Bonga, parle d’un «brave homme qui avait combattu pour l’affirmation de l’identité socio-culturelle balante et l’instauration de l’espace communautaire appelé Jaa».
Gbaalna Faafa est «un vocable balante qui signifie la maison de papa», une manière de parler de l’importance que revêt cette maison de papa pour dire : «En Afrique, la famille est une institution très forte. Jadis dans le milieu traditionnel, elle imposait des règles qui constituaient un facteur de stabilité et de cohésion.» Alors que Kuuninma est le troisième titre de l’album qui, en langue mandingue, veut dire : «ce qui est bon». «C’est tout le sens de l’existence humaine sur terre», relate le document pour donner une certaine idée sur ce nouvel album qui se distingue par «la musique casamançaise sur fond de musique balante».
Les danseurs du groupe s’en sont donné à cœur joie en livrant des pas endiablés pour symboliser la danse du guerrier balante. Contraint par le Covid-19 à remettre à plus tard une tournée en Europe, le groupe Njama Naaba «reste collé à ses actions pour mettre la musique au service du développement à travers le concept ‘’Un concert, une salle de classe’’ qui a permis de contribuer à la construction et à la réhabilitation d’une vingtaine de salles de classe dans la zone du Balantacounda».
Aujourd’hui, l’autre combat de ce groupe, c’est pour la construction d’un complexe culturel dans sa région que ledit groupe a épousé un nouveau concept qui est «Un concert, une tonne de ciment».
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ÊTRE COLLECTIONNEUR CE N’EST PAS UN CAPRICE DE BOURGEOIS, MAIS L'EXPRESSION D'UNE PASSION
L’idée selon laquelle les collectionneurs de voitures d’époque sont des personnes nanties qui exprimeraient un caprice de riches est erronée, selon le président de Retro Cross Afrique
Collectionneurs passionnés des voitures d’époque, des membres du Club Auto retro Sénégal (CARS) après s’être structuré, a pris contact avec d’autres collectionneurs passionnés d’Afrique. Il en est résulté la mise sur pied d’une fédération africaine, appelé Rétro Cross Afrique (ARC). En Afrique de l’Ouest, les pays membres de cette fédération sont le Bénin, le Niger, le Burkina, La Guinée, le Burkina Faso, le Sénégal. Amadou Fall est le vice-président de ladite fédération et en même temps trésorier de CARS.
Dans cet entretien avec AfricaGlobe tv, Amadou Fall revient sur les objectifs de l’association et bat en brève l’idée selon laquelle la collection de voitures d’époque est une affaire de bourgeois, voire un caprice de riche. Pour lui, il s’agit tout simplement d’une question de passion et rien de plus. Les explications d’Amadou Fall dans cette vidéo
DANIEL SORANO PASSE DES PLANCHES AU NUMERIQUE
Le directeur général du théâtre national Daniel Sorano, Abdoulaye Koundoul, déroule un agenda annuel d’activités.
Le directeur général du théâtre national Daniel Sorano, Abdoulaye Koundoul, déroule un agenda annuel d’activités. Lors des échanges sur l’histoire du théâtre national, «Jaarjaar ak jaloore», Abdoulaye Koundoul prône un changement de paradigme après 56 ans d’existence. Et ouvre les rideaux de Daniel Sorano à la digitalisation voire le cinéma.
La 56e année d’existence du théâtre national Daniel Sorano (1965-2021) a été célébrée le samedi dernier. Ce moment de déclic a permis au Directeur général du théâtre d’acter le passage de la compagnie nationale, de la simple représentation théâtrale à la diffusion numérique et cinématographique, afin de toucher un large public. Cette nouvelle politique d’Abdoulaye Koundoul s’explique par les difficultés de regrouper des gens à cause de la pandémie de Covid-19. «Nous pouvons nous passer de cette possibilité à regrouper tout le monde pour un spectacle, et diffuser, grâce aux nouvelles technologies, tous les produits culturels aux Sénégalais, partout où ils puissent se trouver dans le monde. Car il devient évident que le théâtre aura des difficultés à rassembler encore le public, malgré les dispositions sanitaires prises. »
Retraçant le parcours du mythique théâtre Sorano sous le label «Jaarjaar ak jaloore», le Dg de la compagnie a présenté les partenaires qui accompagnent le théâtre national dans sa nouvelle orientation. Ce cercle de réflexion a permis aux partenaires de Daniel Sorano, notamment Musik Bi, le directeur de la cinématographie et le manager d’arthéa, de décliner la feuille de route de leur collaboration avec le théâtre. Toutefois, Abdoulaye Koundoul a lancé officiellement le programme «Jaarjaar ak Jaloore» qui devait être animé par les anciens. Et ce, malgré l’absence de ces derniers qui n’ont pas fait le déplacement à cause de la troisième vague de la pandémie.
La direction de Daniel Sorano a ainsi mis dans le contenu du programme « Jaarjaar ak jaloore » des éléments éclectiques qui passent par la danse, la musique traditionnelle et moderne mais aussi le théâtre. Et pour le dérouler, M. Koundoul a tendu la main à des partenaires pour atteindre ses objectifs. Il s’est agi de la direction de la cinématographie, Arthéa et Musik Bi. Ce dernier est une plateforme qui permet de diffuser du contenu artistique à travers la technologie, le numérique aux fins de toucher un large public. Quant à Arthéa, il intervient dans l’éducation artistique à travers des cours de danse et la musique.
«LES GRANDS EVENEMENTS QUI ONT FAIT L’HISTOIRE DU SENEGAL SE SONT DEROULES A DANIEL SORANO»
Auparavant, Dr Ibrahima Wane a porté un témoignage sur le symbolisme du théâtre national. «Les grands événements qui ont fait l’histoire du Sénégal se sont déroulés à Daniel Sorano. A travers cette triptyque : le ballet national la Linguère depuis (1961), la troupe théâtrale et l’ensemble lyrique traditionnel. Ce qui, selon lui, fait de Sorano un patrimoine à transmettre aux générations futures. Un avenir qui semble être tourné vers le numérique et le cinéma. Ce qui ouvrira la voie du théâtre national qui dispose déjà d’un écran de cinéma et d’un public à la diffusion de «grands films africains et d’ailleurs», indique le directeur de la cinématographie, Marcel Coly. M. Koundoul indique par ailleurs qu’au-delà des 56 ans qui sont célébrés, c’est également le passage d’un siècle à un autre, ce qui est un changement de paradigme. «Jaarjaar ak Jaloore» est, selon lui, une réminiscence des hauts faits ou les activités marquant le théâtre national. «Quand on parle de « Jaarjaar », on évoque le passer, la trajectoire de Sorano pour mieux fonder le programme qu’on veut mettre en avant. C’est juste une sorte de tremplin sur lequel nous nous appuyons pour nous projeter de l’avant», conclut le directeur général de Sorano.
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L'ÉPOPÉE DE L’AUTOMOBILE ANCIEN AU SÉNÉGAL : LA NOSTALGIE D’UNE ÉPOQUE RÉVOLUE
Le Club Auto Retro Sénégal (CARS) a redonné vie au Festival de Jazz de Saint-Louis. La caravane de ces aficionados des voitures d'époque est devenue pratiquement la mascotte du Festival - Les explications René Carvalho, le président du Club -
Depuis une dizaine d’années, plus d’une cinquantaine de collectionneurs d’automobile ancien sont sortis de l’ombre pour se constituer en association. Regroupés au sein du Club Auto Retro Sénégal (CARS), les membres de cette association se retrouvent périodiquement pour échanger autour de leur passion commune : les voitures d’époque. Dans cet entretien accordé à AfricaGlobe tv ( Voir vidéo), René Carvalho, le président du CARS explique l’objectif de la création du Club, de la passion des membres et dit tout sur ces voitures inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco au même titre que le Festival de Jazz et de certains sites de Saint-Louis.
Associé depuis quelques années à l’organisation du Festival international de jazz de Saint-Louis, la caravane du Club apporte plus de couleurs et de vie à cet événement. D’ailleurs, le Club est pratiquement devenu la mascotte du festival. Ainsi, pour la troisième fois consécutive, ces collectionneurs ont participé à la dernière édition qui s’est tenue du 18 au 20 juin dernier dans la mythique ville de Saint-Louis du Sénégal.
Avec un parc automobile estimé entre de 50 à 60 voitures, cette trouvaille permet aux membres de l’association d’échanger des pièces, de discuter de restauration et de faire des projets. Le Club est tellement sérieux et déterminé que le président Macky Sall en personne a reçu des membres à la présidence il y environ 3 ans pour échanger autour de leurs projets. Il faut noter que la présidence de la République a aussi ses voitures d’époque garées. Le président Sall a exprimé le désir de les faire restaurer pour que l’État peu ou prou participe à cette restauration du patrimoine culturel du pays à travers les voitures d’époque.
Parfois quand ils roulent, ça arrive qu’ils provoquent une décharge émotionnelle chez certaines personnes à qui ces voitures rappellent une époque, un parent, des événements précis. De ce point de vue, le CARS constitue le gardien d’une histoire et de la mémoire vive du Sénégal.
«JE NE SUIS PAS POUR UN MODELE DEMOCRATIQUE BASE SUR CE QUE LES OCCIDENTAUX ONT FAIT»
Du 17 au 21 juin 2021, la deuxième édition du Dakar music expo a posé ses valises à l’Institut français de Dakar. Invité d’honneur de cette édition, Claudy Siar, l’animateur emblématique de Radio France Internationale, a accepté de partager sa vision du futur de l’Afrique. Entre la Françafrique, le franc Cfa ou le racisme, sans langue de bois, Claudy partage sa philosophie «d’une Génération consciente». Il analyse également les violents évènements de mars dernier en ramant à contrecourant de ceux qui refusent toute idée de 3e mandat. Pour Claudy Siar, l’Afrique doit se construire son propre modèle de démocratie.
Vous êtes l’invité d’honneur de cette deuxième édition du Dakar music expo (Dmx) qui s’est tenue du 17 au 21 juin. C’était important pour vous de soutenir ce genre de rencontres ?
Pour moi déjà, toutes les entreprises, les manifestations qui soutiennent et mettent en exergue l’identité de la culture et donc l’estime de soi, ça me paraît essentiel de rendre compte de ce qu’elles font. Le Dmx a une saveur particulière pour moi. On est en une période charnière de l’histoire de l’humanité, une période où il y a tellement de tensions entre les Peuples, de replis identitaires. Il y a à la fois la magnificence de la technologie qui permet à des êtres humains de regarder la planète, d’envoyer des photos, d’inventer des choses extraordinaires, des appareils dont on se sert tous les jours, des moyens de communication. Et dans le même temps, une extrême violence entre les Peuples. Et l’Afrique est un peu laissée pour compte de tout ça. On est dans une période où on n’est plus en train de demander aux autres de faire pour nous et heureusement. Mais c’est nous qui devront faire pour nousmêmes, par nous-mêmes. Et cela ne veut pas dire se couper des autres, ça ne veut pas dire aussi refuser ce que les autres peuvent avoir d’intéressant pour nous. Et le Dmx, c’est ça. On va réfléchir à comment faire pour mettre en valeur nos créateurs, comment faire pour être performants, comment faire pour être de grands professionnels dans tous les domaines et comment faire pour que le savoir et l’expérience se partagent entre les uns et les autres. Lorsque je vois ce que Doudou Sarr veut en faire… Je m’en fous de savoir si c’est le plus grand festival du monde. Ce qui est important, c’est ce qui va germer dans ce festival et qui va permettre aux créateurs d’exister.
Et là, dans les discussions, on a parlé du numérique. Qu’est-ce que ça pourrait représenter justement dans cette période ?
Je dis toujours que le streaming a tué les pirates. Mais dans le même temps, il y a une grande question sur le numérique. Ça existe, mais nous n’en sommes pas encore les tenanciers. Et ça, c’est notre gros problème. Aujourd’hui, on utilise souvent des plateformes qui ne nous appartiennent pas, qui sont encore occidentales. Je trouve que l’Afrique doit pouvoir créer ses propres plateformes. Et des plateformes performantes. L’Afrique doit être capable aussi d’inventer des systèmes, de mettre en place des choses qui lui ressemblent et qui soient adaptées à notre mode de fonctionnement. Et c’est en ça que le Dmx est important parce qu’on discute, on échange, on dialogue et on va voir ce que ça peut apporter.
De la France où vous êtes, quel écho avez-vous de la musique sénégalaise ?
Mon regard, il est évidement celui de quelqu’un qui aime les créateurs. Et dans le même temps, je ne juge pas une musique en général. Je regarde les créateurs, ils ont des individualités et je les juge comme tel. Et je suis heureux de voir le Sénégal comme d’autres pays, car il y a des talents extraordinaires. Et j’aimerais que les pouvoirs politiques comprennent qu’il faut aider la culture. Nos pays ne seront jamais probablement les Usa, le Canada, le Japon, l’Angleterre ou encore la France. Ce n’est pas ce qu’on cherche en réalité. J’ai toujours prôné l’exemple de la Jamaïque. La Jamaïque, qu’est-ce qui fait sa force ? C’est sa musique ; donc sa culture, son reggae, son sport aujourd’hui. Il faut sortir de l’histoire de la colonisation, être nous-mêmes maintenant, être capables de construire un monde qui nous ressemble et nous rassemble. Et ça commence par la culture et l’identité.
Cet amour de soi, c’est ce que vous philosophez dans la Génération consciente ?
C’est la philosophie de la Génération consciente. Je dis toujours qu’aujourd’hui il y a beaucoup de jeunes militants panafricanistes sincères qui ont des propos très forts. Lorsque je rencontre certains d’entre eux, je leur dis : ‘’Arrêtez parfois de vous en prendre à d’autres panafricanistes. On est là pour construire et pas pour détruire. Sauf si vous chercher juste une existence sociale à exister parce qu’aujourd’hui il y a les réseaux sociaux.’’ A l’époque, lorsque j’ai commencé ma première manifestation en France en 1991, il n’y avait pas des réseaux sociaux, il y avait que des coups à prendre. Lorsqu’en 93 j’ai participé à la première marche de commémoration de l’abolition de l’esclavage en France, je me suis fait tapé partout et il n’y avait même pas les gens de ma communauté, il n’y avait pas de victoire médiatique à gagner. Il y avait juste de l’engagement sincère. C’est important pour moi et c’est ça l’esprit de la Génération consciente. Lorsque je vois des militants qui font des choses, même si je ne suis pas d’accord sur la manière de faire, je me dis toujours, le pas qu’ils font, c’est un pas supplémentaire, c’est le pas que d’autres n’auront pas à faire. Il faut savoir apprendre la solidarité et ne pas croire qu’on a raison. D’ailleurs, je dis aujourd’hui que je ne veux pas avoir raison. Je ne veux plus avoir raison. Je veux juste trouver l’espace où les uns et les autres soient d’accord ou pas d’accord, qu’on puisse trouver des points de convergence pour avancer ensemble. Et l’esprit de la Génération consciente c’est ça : ‘’S’unir pour bâtir, c’est grandir ensemble.’’
Dans votre radio, vous avez justement une fenêtre où vous parlez directement aux jeunes Africains. Avez-vous l’impression qu’ils vous entendent ?
Je pense que oui. Aujourd’hui, les militants comprennent ce que j’ai accompli depuis le 13 mars 1995, en parlant dans mon émission chaque jour à tous ces jeunes. Et beaucoup d’entre eux que je rencontre sont souvent dans des postes stratégiques, importants ou pas d’ailleurs et qui me disent : «Tu n’imagines pas lorsque moi je t’écoute à la radio.» Je n’ai jamais été insultant, je ne suis pas raciste, je ne sais même ce qu’est le racisme. Je ne suis pas sexiste, je ne suis pas un dictateur. Et même au sein de Rfi, beaucoup de gens de la direction n’étaient pas d’accord avec ce que je disais, mais ils savaient qu’ils n’avaient aucun argument pour me contrer parce que ce que je disais, c’était des faits historiques ou faits sociaux que tout le monde pouvait constater. Et ça a fait avancer des mentalités au sein de la société. Et je sais que tout ce que je dis depuis tant d’années, ce sont des petites graines qui ont été portées dans l’esprit de beaucoup. Je vois l’attachement que certains me témoignent. C’est pour ça en réalité. Je n’écris pas les chansons des artistes que je présente. Mais en revanche, j’écris ce que je vais dire et je dis ce que je crois être juste et qu’il faut partager. Donc oui, je pense qu’ils écoutent, une grande partie écoute.
En mars dernier, le Sénégal a connu des violences alors qu’on pensait que c’était un pays stable. Quelle leçon faudrait-il en tirer ?
Je pense que le problème de l’Afrique et des pays d’Afrique francophone en particulier et même anglophone, c’est de calquer leur mode de gouvernance sur les anciennes puissances coloniales. Aujourd’hui, je le répète, on doit pouvoir construire un monde qui nous ressemble, qui nous rassemble. Les réalités du Sénégal et des autres pays ne sont pas celles de l’Occident. Et donc nous devons inventer des modèles démocratiques qui nous correspondent, qui correspondent à cette jeunesse foisonnante, à cette jeunesse qui n’a pas de travail, à cette jeunesse qui a un sentiment de ne pas être entendue. Et donc oui, on a été étonné. Certains ont été étonnés. Mais moi, je n’ai pas été étonné et ça peut se reproduire partout. Et ça se reproduit déjà ailleurs. On voit ce qui s’est passé au Tchad, on voit ce qui s’est passé en 2016 au Gabon, ce qui se passé au Cameroun, en Côte d’Ivoire. Enfin, à un moment donné, il va falloir que cette classe dirigeante africaine gouverne autrement, qu’elle dialogue autrement avec la population. Je sais que parfois certains sont tellement opposés à Paul Kagamé (Rwanda). Mais ce que je peux reprocher au Président Kagamé, c’est ce qui se passe à l’Est de la Rdc. Mais dans le même temps, jamais je n’ai entendu un chef d’Etat africain avoir un tel discours que celui qu’il a donné il y a quelques semaines sur sa vision pour le Rwanda, sa vision pour les Rwandais. Il a dit que le Rwanda sera le phare du monde. Il y aura les meilleures universités au Rwanda, les meilleures compétences seront au Rwanda. J’entends un chef d’Etat qui a une telle fierté de son pays, qui ne voit qu’une chose, la grandeur de son pays. Je ne connais aucun autre chef d’Etat en Afrique qui a un tel discours. Donc, nous devons changer et nos mentalités doivent évoluer.
En commençant par ces Présidents qui ne cherchent qu’à rester au pouvoir…
Non. Je ne veux pas être arc-bouté sur un modèle démocratique qui ressemble à l’Occident où les structures sont respectées par chaque citoyen. Des structures solides qui sont même ancrées, si je peux dire, dans les esprits, l’âme des gens. Je ne suis pas pour la dictature, mais je ne suis pas pour un modèle démocratique qui ne soit pas purement et simplement basé sur ce que les Occidentaux ont fait. Ce ne sont pas les chefs d’Etat qui doivent changer, ce ne sont pas les ministres qui doivent changer. C’est tout le monde, parce que les mentalités que l’on dénonce tout le temps chez les chefs d’Etat en les accusant, sont celles que vous retrouvez chez ceux qui aimeraient bien prendre le pouvoir, chez monsieur et madame tout le monde. Et là, on en vient à l’éducation. Il faut que le modèle éducatif change en Afrique. Il faut vraiment que ça change pour que dans 20, 30 ans on ait une nouvelle génération de jeunes qui n’aient pas chez certains de sentiment d’infériorisation et qui ne voient pas les autres, les Occidentaux comme leur étant supérieurs. Il faut que ça change, il faut que les mentalités changent et ça passe par l’éducation. Et l’éducation, c’est nous qui la décidons et pas quelqu’un d’autre. Lorsque je vois qu’en Afrique les ouvrages sont édités par des éditions françaises en Afrique francophone, j’ai un problème. Moi qui suis Français je ne voudrais pas qu’un éditeur américain décide de ce qu’il y a dans les manuels scolaires de France. Et pourtant, c’est ce que nous faisons en Afrique. Il faut que nos mentalités changent.
Pour vous, la Françafrique existe toujours ou bien ?
Oui, la Françafrique existe toujours. Mais elle n’existe pas que dans l’esprit des Français, que par les Français. Elle existe dans l’esprit des Africains et par les Africains. C’est une question de mentalité. Le problème, ce n’est pas qu’il y ait des relations entre la France et les pays d’Afrique francophone anciennement colonisés. Le problème, c’est que faisons-nous de ces relations-là ? Et même lorsque le Président Macron a voulu une rupture, dans le même temps, j’ai vu en Afrique des gens qui ne comprenaient pas l’idée. Donc finalement, lui qui voulait une rupture, il a senti que les gens en face ne sont pas capables de dire je ne veux pas ça. L’histoire du franc Cfa, à un moment donné, on ne peut pas demander à l’ancienne puissance coloniale de décider. Vous devez être capables vous-mêmes de vous réunir tous en disant : ‘’Depuis très longtemps, ça aurait dû être fait. On va arrêter, on va changer les choses parce qu’il faut qu’on évolue, qu’on se développe.’’ Et peut-être ça passe par l’argent. Même si je pense que le changement de mentalités ne passe pas par l’argent, mais par l’éducation. L’argent pour moi devient secondaire. Et si on n’a pas le mental, on ne peut rien faire. Celui qui pense que l’argent va changer les choses, c’est qu’il n’a rien compris à l’être humain et à ce que sont les sociétés humaines. On a besoin de cerveaux qui fonctionnent. Ce n’est pas le matériel. L’argent, c’est du matériel. C’est un moyen qu’on crée pour obtenir quelque chose.
Et parlant un peu du franc Cfa, quels sont aujourd’hui vos rapports avec Kémi Séba ?
Je n’ai pas de rapport avec Kémi Séba. En 2018, on était très lié, vraiment très lié. J’étais à l’invitation du Président Macron, du Président Macky Sall et la Banque mondiale sur le sommet qu’il y a eu autour de l’éducation en Afrique. J’ai un projet qui s’appelle «Mama Africa» sur l’éducation, la formation, la sensibilisation en Afrique. J’investis sur l’éducation parce que c’est un chemin important. Donc quand on m’invite à venir, je viens pour dire que les politiques éducatives doivent être décidées par les Africains. On peut amener de l’argent, mais ce sont les Africains qui décident de ce qu’il y a sur les manuels scolaires. Et donc Kémi Séba m’attaque sur Facebook alors qu’on est très liés, qu’on se parlait tous les 2 ou 3 jours. Moi je suis comme Mandela qui disait : «Ce qui est fait pour nous sans nous est en réalité contre nous.» Mais on s’est parlé, on a fait un communiqué ensemble et disons qu’il n’y a pas de problème. C’est apaisé et c’est fini. Et depuis, on n’a plus aucun contact et ça s’arrête là.
Vous avez été délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’Outre-mer entre 2011 et 2012. Est-ce que vous n’avez pas regretté d’avoir répondu à l’appel de Sarkozy ?
Non, je ne regrette pas. J’ai l’esprit de quelqu’un qui peut être un peu suicidaire. C’est-à-dire pour les miens, dans le combat, je suis prêt à tout donner. Ce qui est important, c’est qu’est-ce que je fais en tant que délégué interministériel. Dans mon dernier rapport, j’ai dit que la France traite l’Outremer comme les confettis de son ancien empire colonial au regard des injustices sociales. Personne d’autre que moi n’aurait pu oser écrire un tel rapport mondial. J’ai réussi avec les Antilles à ce qu’il y ait plus d’illimités en téléphonie mobile parce qu’avant, l’Outre-mer était traité comme l’Afrique, comme l’étranger et moi j’ai réussi à régler ce problème et bien d’autres problématiques. J’étais un militant au sein de l’appareil d’Etat administratif français. Donc non, je ne regrette pas. Et si c’était à refaire, je le referais. Même si je devrais désobéir à ma mère qui ne veut pas que je fasse de la politique.
Depuis, est-ce que la façon dont les territoires d’Outre-mer sont traités s’est améliorée ?
Il y a eu des points d’amélioration. Mais l’injustice perdure toujours. Le candidat Macron, lorsqu’il était candidat à la Présidentielle, avait dit qu’il ferait en sorte que France O, la chaîne de télévision, soit forte. C’est une manière de réparer aussi l’esclavage et la colonisation. Ensuite, il m’a dit dans les yeux qu’il assumait la fin de France O et moi j’ai dénoncé ça. Je n’ai pas peur, je ne flatte pas un chef de l’Etat. Lorsqu’un chef d’Etat fait quelque chose qui me semble bien, je le dis.
Et la question du racisme est-elle bien adressée en France ?
On est dans un pays qui est dans un repli identitaire. Et depuis 2008, je le dis. En 2008, lorsque tout le monde parlait de la crise financière internationale, j’ai parlé de la crise identitaire de l’Occident. Le racisme s’exprime aujourd’hui sur les médias, à la radio, à la télévision, dans les chaînes d’information françaises. Je pense à Bfm Tv, Cnews qui appartient à Bolloré qui est très présent en Afrique. Et il le dit lui-même d’ailleurs, le plus gros de ses bénéfices, c’est en Afrique. Et il permet sur ses chaînes qu’on insulte à ce point-là. Dans le même temps, comment ses interlocuteurs africains ne lui disent pas que ça ne peut plus continuer comme ça. Voilà dans quel pays je vis. En France, le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit. C’est dans la loi. Eh bien, on a le sentiment que chacun a le droit d’exprimer son racisme sur les médias. Moi je m’en défends, mais j’ai décidé de ne plus aller sur les plateaux de télévision pour dire que vous avez tort ou vous avez raison. Je ne veux plus, c’est une perte d’énergie et de temps. Ce que je veux, c’est créer un autre monde. Un monde qui nous ressemble et qui nous rassemble.
Vous pensez que Marine Le Pen sera Présidente un jour ?
Elle peut l’être en 2022.
Ça ne vous inquiète pas ?
Ça m’inquiète, mais ce qui m’inquiète d’autant plus, c’est qu’on lui a préparé le terrain. C’est qu’on favorise le propos raciste, le propos séparatiste en France. Il y a une loi sur le séparatisme en France. La diversité de la population française, c’est la somme de son histoire coloniale et esclavagiste. Et il faut l’assumer. Et si elle ne l’assume pas, c’est tant pis pour elle. Mais le jour où la France l’assumera, le jour où la France reconnaîtra tous ses enfants et acceptera tous ses enfants, elle redeviendra une Nation très forte. En attendant, c’est une Nation affaiblie. Et je le regrette.
VIDEO
DE L’APPROPRIATION DE NOS LANGUES FACE À L’OMNIPRÉSENCE DES LANGUES COLONIALES
Dans cet échange, Boubacar Boris Diop raconte ses différentes et enrichissantes vies, ses expériences diverses, l’origine de sa passion littéraire, son contact avec des littératures du monde. Le célèbre écrivain parle surtout de sa production en wolof
Dans cette conversation (Voir la vidéo), le célèbre écrivain, intellectuel et journaliste sénégalais Boubacar Boris Diop discute de littératures, de l’appropriation des langues africaines face à la concurrence des langues étrangères entre autres thématiques. Écrivain de renommée internationale, Boubacar Boris raconte l’origine de sa passion littéraire, son contact avec d’autres auteurs africains et les littératures du monde ainsi quelques points de l’histoires de l’Afrique. Boubacar parle aussi de ses différentes et enrichissantes vies, son militantisme au sein du RND dans son jeune âge.
Sur le plan littéraire, après avoir longtemps écrit en langue française et souvent traduit en maintes langues étrangères, il a décidé depuis quelques années de produire des œuvres en wolof. Boubacar Boris Diop est, de ce point de vue, l’un des rares écrivains africains qui prêchent par l’acte dans la volonté de promouvoir les langues africaines et de les utiliser pour la transmission du savoir. La finalité étant de décoloniser les mentalités, les pratiques et les comportements.
Dans cette conversation avec Mamadou Diallo de Raw Material Company, Boubacar Boris explique comment il a commencé à écrire précocement en langue nationale de manière très marginale jusqu’à en arriver à produire un roman entier.
Lecteur éclectique Boubacar Boris Diop explore toutes les littératures ou presque : des auteurs francophones aux auteurs anglo-saxons en passant par les auteurs russes et latino-américains. Bref en matière de littérature cet auteur énorme et prolifique, qui a eu beaucoup de Prix pour sa fine plume, n’a pas de sens interdit.
Dans cette même discussion, explorant quelques pans de l’histoire de l’Afrique contemporaine, il est revenu sur la tragédie qu’a connu en 1994 le Rwanda. Un pays qu’il connaît bien.
Boubacar Boris Diop soutient mordicus que la France a bel et bien trempé dans le génocide des tutsi et qu'il l'a toujours su d’ailleurs depuis 98. Et si la France a laissé faire cette tragédie c'est pour des raisons évidentes de géopolitique, de sa volonté de promotion de la langue française. Journaliste de formation, Boubacar Boris Diop avoue que « le plus beau métier du monde » a boosté sa carrière d’écrivain et a, de facto, contribué à sa renommée en tant qu'écrivain.
LE «PENC» DE ABDOULAYE DIALLO SUR NGOR
C’est sur l’île de Ngor où il s’est installé depuis plusieurs années que Abdoulaye Diallo, «Le Berger de l’île de Ngor» de son nom d’artiste, a installé sa résidence de création.
Le «Pénc 1.9» est un lieu multiculturel dédié aussi bien aux arts plastiques qu’au cinéma, au théâtre ou à la musique. Situé sur l’île de Ngor, là où Abdoulaye Diallo, le Berger de l’île de Ngor, a élu domicile, il offre un espace de rencontres et de réflexions qui a été inauguré par l’ambassadeur d’Allemagne à Dakar.
C’est sur l’île de Ngor où il s’est installé depuis plusieurs années que Abdoulaye Diallo, «Le Berger de l’île de Ngor» de son nom d’artiste, a installé sa résidence de création. Le Pénc 1.9 a été inauguré il y a quelques jours, en présence de l’ambassadeur d’Allemagne et du conseiller du président de la République pour les Affaires culturelles, El Hadji Kassé.
Installée sur la plage, la vaste demeure est entièrement consacrée à la réflexion et à l’art. «Le Penc 1.9 se veut d’abord un espace de rencontres avec les œuvres, non pas seulement pour les contempler et les raconter, mais pour s’offrir les incommensurables possibilités de s’ouvrir à d’autres inspirations, précautions, préoccupations, dimensions et intellections d’une fécondité heuristique considérable», souligne le maître des lieux. Plus qu’un simple endroit de stockage d’œuvres d’art et de contemplation artistique, le Penc 1.9 se veut surtout un espace «pour revisiter nos humanités».
Autour de cette thématique chère au maître de céans, le centre dédié à l’art compte 4 espaces. Un espace d’expositions de plus de 600 m2 qui rend hommage au Pr Saliou Ndiongue avec 4 chambres pour des résidences d’artistes. Eutu Kocc Barma qui se veut un lieu d’échanges et de réflexions et un atelier de l’artiste, la bibliothèque Sembene Ousmane et ses 4 000 livres et une salle de prière.
Pour l’ambassadeur d’Allemagne à Dakar, Stephan Roken, cet espace donne une large place au dialogue. Il insiste ainsi sur l’importance de la connaissance de l’autre, une dynamique que son pays a fortement impulsée dans le pays en contribuant à faire connaître et faire dialoguer les cultures allemandes et sénégalaises entre elles à travers un programme de coopération dynamique.
Commissaire de l’exposition du Pénc 1.9, le Pr Maguèye Kassé salue des liens qui remontent aux années 60. Aujourd’hui, souligne-t-il, le Pénc 1.9 se veut un espace multiculturel dédié au théâtre, au cinéma, et aux arts plastiques. «Le Penc 1.9 s’inscrit ainsi dans une tradition propre à toutes les grandes civilisations, d’ici et d’ailleurs, convaincues de l’impérieuse nécessité de constituer de tels espaces symboliques, de tels lieux de rencontre exclusivement réservés à la réflexion, à la discussion et la production de savoirs entre les membres d’une communauté, dans le but de réinventer sans cesse de nouveaux desseins ou d’en renforcer les fondements déjà établis, notamment en repensant les pensées, en s’interrogeant sur l’avenir de la double promesse de l’humanité de l’humain quand des forces d’inhumanité sont à l’œuvre pour la faire oublier», précise le Berger de l’île dont les impressionnantes œuvres sont accrochées un peu partout dans l’espace. Son empreinte, l’espace Pénc 1.9 la porte jusque dans son appellation.
En effet, 1.9 est une transcription en chiffre de «Quelle humanité pour demain», le manifeste de l’artiste et sa réflexion sur le monde. «Audelà de la symbolique du lieu et des supports, le Pénc 1.9 peut être compris comme un viatique au service des besoins de l’humanité une et indivisible», souligne Abdoulaye Diallo
OUMAR PENE PARLE DE SON NOUVEL ALBUM
Après un silence discographique de huit ans, Omar Pène a publié un nouvel album. L’opus « Climat », qui contient neuf titres inédits, a été présenté à la presse. Nous revenons sur les grands thèmes abordés par le chanteur au cours de cette rencontre.
Après un silence discographique de huit ans, Omar Pène a publié un nouvel album. L’opus « Climat », qui contient neuf titres inédits, a été présenté à la presse. Nous revenons sur les grands thèmes abordés par le chanteur au cours de cette rencontre.
Sur le titre « Climat »
Nous vivons une époque où le réchauffement climatique sévit un peu partout. Ce qui a pour conséquence le changement climatique qui est en train de poser de nombreux problèmes dans le monde... J‘ai aussi remarqué qu’il y a des organismes comme le COP qui tentent de faire face tant bien que mal. Cependant, force est de constater que les résultats ne sont pas encore à la hauteur des attentes. C’est après tout cela que j’ai pensé qu’il était temps de pousser un peu plus la réflexion et surtout, sensibiliser sur les néfastes conséquences de ce réchauffement climatique. Il y a aussi le fait que l’Afrique de l’Ouest est très exposée et nous serons très impactés négativement. Il est même admis que nous commençons à subir ces conséquences .Pour s’en rendre compte, il suffit juste de constater cette forte érosion côtière que nous remarquons un peu partout. C’est pour toutes ces principales raisons que j’ai encore usé de ma voix pour sensibiliser l’opinion sur l’existence de ce fléau qui existe réellement. Ce, contrairement à ce que pensent certains. C’est un album bien mûri, car j’ai pris huit ans pour faire ce travail. On a eu le temps de le préparer sur le plan musical et sur les textes. D’écrire et de prendre l’info là où cela se trouve
Collaboration avec Believe
C’est une collaboration tout à fait normale et naturelle. Je travaille avec des personnes comme Ousmane et les gars de Safoul Productions. Ce sont ces personnes qui sont chargées de tout faire pour développer la carrière d’Oumar Péne. C’est donc dans le cadre naturel des choses et de leur travail que les contacts se sont noués. Cela a abouti à cette collaboration avec cette maison de production française dénommée Believe. C’est cette structure qui va se charger de la distribution. Je pense que tous les fans qui désirent consommer la musique d’Oumar Pène n’ont qu’à cliquer sur le site www omar pene.com. Tout le monde se tourne vers le digital, c’est un autre moyen de travailler sa musique et de la vendre. Aujourd’hui, les albums physiques ne marchent plus, c’est le digital et tout le monde se tourne vers le digital.
Le thème du terrorisme
Il faut prendre conscience que les terroristes sont des gens puissants et assez riches. Il faut protéger nos jeunes. Parce que s’ils n’ont pas de boulot pour subvenir à leurs besoins, ils deviennent des proies faciles. On peut les acheter pour leur indiquer des chemins assez tortueux. Le Sénégal est épargné jusque-là, mais il ne faut jamais se dire que cela n’arrive qu’aux autres. Ce qui se passe dans les pays limitrophes peut nous arriver aussi. Le choix porté sur Faddah Freddy Le choix porté sur Fadda Freddy se justifie simplement par le fait qu’il fallait inviter un artiste sur le titre « Lu Tax ». Cet invité pouvait être sénégalais ou étranger. Si vous remarquez bien, dans le circuit de la world music, les gens privilégient les collaborations entre les artistes. C’est devenu une mode assez récurrente pour ne pas dire fréquente. Il fallait donc se mettre dans le sens du vent et nous avons tous convenu que Fadda dispose d’un style qui devait lui permettre d’être parfaitement à l’aise sur ce morceau bien précis. Il y a aussi le fait qu’il est aussi un sénégalais plus jeune que moi. Nous avons finalement décidé de porter notre choix sur ce talentueux artiste. Quand on lui a proposé le projet, il en était tellement ravi et nous a montré tout son bonheur et sa grande joie de partager le micro avec moi. Il est venu poser sa voix et cela a été très bien perçu par nous qui avions décidé de l’inviter et aussi toutes les personnes qui ont eu la primeur d’écouter ce titre. C’est donc un résultat positif que nous apprécions à sa juste valeur. Nous sommes heureux et satisfaits de ce choix qui est parfaitement judicieux au vu du résultat final.
Situation tendue à l’Université entre Kekendo et Ndef leng en sa qualité d’Ambassadeur
J’ai eu à discuter séparément avec les deux groupes. C’était pour engager des discussions essentiellement axées sur le thème primordial et central de la paix. Heureusement, ils ont répondu positivement à mon appel. Ils ont admis qu’il s’agissait juste d’une erreur qui a été sans doute un peu amplifiée... Mais grâce à Dieu, nous avons pu trouver un terrain d’entente après les discussions. Nous avions convenu d’un commun accord de faciliter une rencontre entre les deux entités. Malheureusement, Dieu a fait que le garçon qui était blessé au moment des échauffourées a fini par rendre l’âme. Les choses sont ainsi restées en l’état. Mais nos démarches n’ont pas été vaines car ils ont reconnu qu’entre les diolas et les sérères, ils ont les mêmes ancêtres et qu’ils ne peuvent vivre qu’en parfaite harmonie. J’ai surtout retenu qu’ils ont tous très bien apprécié le fait que cette rencontre ait pu se tenir .Ils m’ont clairement fait savoir que c’était juste une erreur et cela ne pouvait en rien entraver l’excellence de leur relation.
Pause annoncée de Youssou Ndour
Ce sont des choses qui peuvent arriver. Il peut arriver un moment où un artiste ressent le besoin de faire une pause et c’est très normal. Je trouve que c’est son choix personnel. C’est une décision que je respecte, mais je suis convaincu qu’il va encore reprendre le micro.
Affaire Wally Seck et conseils en tant que père
La vie d’artiste est ainsi faite et tout peut arriver. Comme le disait son père, la célébrité est un réel fardeau pour nous autres et il faut toujours essayer de faire la part des choses et faire face. Mais je reste convaincu que bientôt les gens vont passer à autre chose. Wally est encore jeune et il a une belle carrière devant lui. Nous prions pour qu’il puisse continuer à encore bien faire son travail. Ces désagréments ne peuvent pas manquer dans la vie d’un artiste.
Hommage à Thione Seck
Dans mon album qui va sortir sur le plan local, je lui ai dédié une chanson. C’est une façon de lui rendre personnellement un hommage. Si l’album sort, vous aurez l’occasion de l’apprécier. Par ce geste, j’ai voulu honorer la mémoire d’un ami, un frère et un collègue. Sa perte a été très dure à accepter, très dure !!!
LYCÉE DE SINDIAN : LES GENDARMES SAISIS APRÈS DES ACTES DE VANDALISME
Après le Collège d’enseignement moyen (CEM) de HANN, les élèves du Lycée de Sindian s’y mettent, célébrant l’arrivée des vacances à leur manière. Ils ont attaqué la salle des professeurs
Après le Collège d’enseignement moyen (CEM) de HANN, les élèves du Lycée de Sindian s’y mettent, célébrant l’arrivée des vacances à leur manière. D’après le récit de Libération, mercredi dernier, à 08 heures, le Censeur du Lycée en question a alerté les gendarmes de Popenguine, sur un acte de vandalisme, visant la salle des professeurs.
Sur les lieux, les gendarmes ont constaté que la porte de la salle a été défoncée et l’intérieur incendié. Des cahiers de texte (où sont relevées les absences des élèves), des fiches de pointage des absences d’élèves, ont été également détruits. Parmi les premières pistes de l’enquête, il a été relevé que les documents détruits concernent les classes de 5e et de 4e du CEM du même lycée.