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22 avril 2025
Culture
YAMBO OUOLOGUEM, L'ÉCRIVAIN PRODIGE OUBLIÉ
Il a été un écrivain encensé par la critique avant d'être accusé de plagiat et de se murer dans le silence. Oublié de tous, c'est à la faveur du dernier prix Goncourt, inspiré par sa vie, que l'on a redécouvert l'homme au destin tragique et son œuvre
France Culture |
Elsa Mourgues |
Publication 16/11/2021
"L’Africain en général a vécu dans une espèce d’attitude somme toute qui est celle d’un esclave. Dans la mesure où il se définissait non point tant par rapport à une espèce d’authenticité propre à son terroir, mais par rapport aux critères de la civilisation blanche." Ainsi parlait Yambo Ouologuem, écrivain aux propos provocateurs. À 28 ans, il est le 1er écrivain africain a remporter le prix Renaudot, à contre-courant de la négritude. Il a connu une ascension fulgurante, la gloire puis l’opprobre. Honni par ses pairs, il a fini sa vie reclus, en ermite. C’est cette vie brisée qui a inspiré La Mémoire secrète des hommes, de Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021.
Un écrivain doué et provocateur
Yambo Ouologuem est issu d’une famille de notables maliens, au pouvoir avant l’arrivée des Français. En 1960, il entame des études prestigieuses à Paris : prépa au lycée Henri-IV, École Normale Supérieure, doctorat...
Érudit, polyglotte, il enseigne au lycée mais dédie son temps libre à l’écriture. Pendant des années, il remanie un roman sans cesse refusé par les éditeurs.
- Je pense que j’ai peut-être, si vous voulez, la vocation d’une œuvre dans la mesure où... - D’une œuvre ? - Oui. Pas d’un métier.
Interview de Yambo Ouologuem en 1968, ORTF.
Yambo Ouologuem fait finalement une entrée fracassante dans le monde de l’écriture avec Le Devoir de violence, fresque historique et critique montrant la violence et la corruption des élites africaines, pour lui "le colonialisme blanc n’est qu’un mince épisode dans une suite d’exactions qui trouve son origine avec la dynastie des notables africains, ensuite celle de la conquête arabe, enfin la période proprement dite de l’occupation française."
20 films de 13 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre vont être projetés dans le cadre du Festival international sur la migration (Gmff) organisé par l’Organisation internationale pour les migrations (Oim)
20 films de 13 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre vont être projetés dans le cadre du Festival international sur la migration (Gmff) organisé par l’Organisation internationale pour les migrations (Oim). En conférence de presse hier, les organisateurs annoncent des projections jusque dans les zones rurales. Une façon de susciter une «meilleure perception des migrants».
Du 20 novembre au 18 décembre 2021, 20 films de 13 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre seront en compétition dans le cadre du Festival international du film sur la migration (Global migration film festival, Gmff en anglais).
L’Organisation internationale pour les migrations (Oim), qui organise l’évènement, était en conférence de presse hier. «L’objectif du Gmff est de susciter, à travers les productions cinématographiques, une plus grande attention sur les questions liées à la migration, mais également une meilleure perception et une attitude positive envers les migrants», expliquent les organisateurs.
Pendant toute la durée du festival, des projections seront organisées dans chacun des pays ciblés à savoir, Burkina Faso, Cameroun, Gambie, Côte d’ivoire, Ghana, Guinée, Liberia, Mali, Nigeria, République Centrafricaine, Sénégal, Sierra-Leone, Tchad. Ces projections auront lieu dans des espaces variés comme les cinémas, les salles de concerts, en passant par les écoles et les universités, jusqu’aux zones difficiles d’accès des communautés rurales. «L’objectif est de créer un espace de dialogue sur ce sujet très complexe qu’est la migration», indique Amanda Nero de l’Oim. «Les films ont le pouvoir de montrer différentes facettes de la vie, ce qui peut aider les spectateurs à cultiver une empathie plus profonde pour les migrants ainsi qu’une meilleure compréhension de leurs réalités, besoins, perspectives et capacités», explique l’Oim en présentant cet évènement.
Pour la première fois, un appel à films a été lancé, qui a reçu 160 propositions. Deux catégories, court métrage et long métrage, seront en compétition. «Ce sera l’occasion de donner la parole à la communauté, à ces jeunes et femmes», indique Badara Fall de l’Oim. Les migrations sont donc intrinsèquement liées à l’histoire du continent. «En Afrique il y a deux choses qu’on ne peut pas interdire aux gens, c’est de bouger et de prendre la parole. C’est ici que l’homme est né et il a fallu qu’il peuple la planète. On est un continent de la mobilité», a souligné le Pr Ibrahima Thioub, ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) et historien.
Le cinéaste Moussa Touré a aussi beaucoup travaillé sur les questions de migration. Pour le cinéaste, il s’agit d’un questionnement qu’il puise dans ses racines leboues dont une des activités d’enfant étaient de regarder cet horizon fuyant de l’océan. «Mon cinéma n’est pas voyeur, il est actif. Et j’ai toujours été dans le voyage et dans l’exil», dit-il. Sa filmographie rend compte de cet intérêt pour la migration et l’ailleurs. Moussa Touré est en effet le réalisateur de films comme La Pirogue, Toubab Bi, Tgv, Poussières de villes, entre autres qui abordent, chacun, une de ces thématiques.
Dans la sélection de cette 6e édition du Gmff, trois films viennent du Sénégal. Il s’agit de La Quête, un film d’animation de Pi Niang, Sega de Idil Ibrahim et la Maison Bleue de Hamedine Kane. On y retrouve aussi Le dernier refuge du Malien Ousmane Samassekou. Les films primés remporteront entre 100 et 1000 dollars selon les organisateurs. Le lancement, prévu le 19 novembre, verra la projection du film d’ouverture, Les forêts de Djibril de Thomas Ceulement et Saydou Kalaga. Le film raconte l’histoire d’un jeune berger sahélien qui cherche désespérément la forêt magique dont son grand-père lui parlait sans cesse.
4EME EDITION DU PRIX E-JICOM DE JOURNALISME, 11 PRIX EN COMPETITION DONT SIX SPECIAUX
Les Prix E-jicom de Journalisme ont été lancés depuis 2018 dans le cadre du projet Ethique et Excellence dans le journalisme (Eej) mis en oeuvre par E-jicom depuis 2017.
La quatrième édition des Prix E-jicom de Journalisme aura lieu le 22 décembre 2021, a annoncé la direction de l’Ecole supérieure de journalisme et des métiers de l’internet et de la communication (E-jicom), dans un communiqué. Après trois éditions réussies, celle-ci sera, pour les initiateurs, celle de la «consolidation».
Les Prix E-jicom de Journalisme ont été lancés depuis 2018 dans le cadre du projet Ethique et Excellence dans le journalisme (Eej) mis en oeuvre par E-jicom depuis 2017. Ces moments sont devenus une occasion «unique» dans la vie de l’E-jicom et de la presse sénégalaise dans son ensemble. Des «prix spéciaux», pour motiver les journalistes à produire davantage d’articles de qualité sur divers sujets, vont s’ajouter aux cinq prix décernés par l’E-jicom pour cette 4ème édition. Il s’agit du prix «droit des femmes», parrainé par Osiwa pour la seconde année consécutive. «L’actualité politique et sociale de notre pays montre qu’il y a encore du chemin à faire dans ce domaine. Les journalistes y ont un grand rôle à jouer», a affirmé Hawa Ba, directrice Pays pour le Sénégal à Osiwa. Le prix «liberté de la presse», parrainé par Reporters Sans Frontières (Rsf) et ceci, pour la troisième fois consécutive. «Ce prix vise à mettre à l’honneur ceux qui incarnent les idéaux de la profession», a dit Arnaud Froger, Responsable du bureau Afrique de Rsf. Le prix «Accès à l’information», soutenu par la représentation diplomatique de la Grande Bretagne au Sénégal. «La capacité des journalistes à rendre compte librement des questions d’intérêt public est cruciale pour la démocratie», a déclaré Son Excellence Victoria Billing, ambassadrice de la Grande Bretagne au Sénégal.
Le prix «Spécial Covid-19», parrainé par la Fondation Hirondelle, sera l’opportunité pour les journalistes de mettre en avant leur production durant cette année, marquée par cette terrible pandémie. «Nous savons tous que la pandémie du Covid-19 a fortement impacté le travail des journalistes. La Fondation Hirondelle est heureuse d’être aux côtés de l’E-jicom, à travers ce prix spécial, afin de récompenser la meilleure parmi les productions permettant de savoir comment les journalistes ont traité cette information», a dit Jacqueline Dalton, Chargée de programmes à la Fondation Hirondelle. Le «Prix Spécial Pasneeg», exclusivement destiné aux journalistes femmes, est parrainé par le Projet d’appui à la stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre. Il va récompenser les meilleures productions des journalistes femmes traitant avec pertinence des questions de femmes. «Nous saluons ce moment fort du journalisme sénégalais initié par l’E-jicom et voulons y faire entendre la voix des femmes dans les médias, au même titre que celle de leurs collègues hommes», a déclaré Mme Awa Nguer Fall, coordonnatrice du Pasneeg.
Et enfin, le prix «Energie durable», parrainé par Energy 4 Impact et ceci, pour sa première participation. «Ce partenariat vise à amener les acteurs des médias à contribuer à la promotion des investissements dans les énergies renouvelables à partir des retombées du gaz et du pétrole, en faveur de l’éducation, la santé et l’autonomisation économique des femmes et des filles», a tenu à souligner Abdou Karim Dosso, directeur Pays de Energy 4 Impact. Outre ces prix spéciaux, cinq autres prix (presse écrite, télévision, radio, presse en ligne et Grand Prix E-jicom de Journalisme) seront décernés lors de la cérémonie, rappelle le communiqué.
VIDEO
DE DU TAGO
Ecoutez le nouveau single de Lass qui parle de la mort
Chez l’artiste Omar Victor Diop, le paon, la biche et la tortue se transforment en messagers du danger actuel, mais aussi de la beauté de notre planète. A l’occasion de Paris Photo 2021, le photographe sénégalais présente sa nouvelle série «Allegoria». La plus grande foire internationale dédiée au médium photographique a ouvert ses portes, ce jeudi 11 novembre, au Grand Palais Ephémère de Paris en accueillant près de 200 galeries de 29 pays.
A 41 ans, vous êtes l’un des photographes les plus prometteurs de votre génération et vous présentez à Paris Photo 2021, à la galerie Magnin-A, votre nouvelle série Allegoria, dotée d’une mise en scène très graphique, d’un décor raffiné et de couleurs glorieuses. Une allégorie est définie comme une idée exprimée par une métaphore. Quelle est l’idée derrière vos images ?
Cette série, c’est l’allégorie du regret, l’allégorie du jour où nous nous retrouvons seuls avec nos souvenirs de la nature, parce que c’est tout ce qui en restera. C’est très fictionnel, très naïf dans la construction, mais ce qu’il faut en retenir, c’est une lettre d’amour à la nature. Une lettre d’amour au vivre-ensemble, entre les êtres humains et la nature dont ils font partie, plutôt que la conception omniprésente que la nature nous appartient. Je voulais présenter des êtres humains au milieu d’animaux, les présenter comme des animaux, comme les autres espèces vivantes. C’est une façon de rappeler l’importance de notre interaction avec les plantes et les choses vivantes de ce monde.
Vous menez votre carrière photographique depuis une dizaine d’années. Allegoria se situe plutôt en rupture avec vos autres séries précédentes, Diaspora (2014) et Liberty (2017) qui racontent fièrement les combats des Noirs pour la liberté. En quoi consiste cette rupture ?
Jusqu’à présent, mes travaux avaient comme source d’inspiration et source documentaire principales le passé, en particulier le passé des peuples noirs du monde. En cela, cette série est une rupture puisque je change de sujet, je traite d’une problématique tout aussi importante, celle du lieu où nous vivons, cette planète qui est exceptionnelle. Il n’y en a pas deux dans l’univers… au moins on n’en a pas encore trouvé. Il y a tellement de combinaisons de facteurs improbables pour que la vie soit possible ici, et je pense qu’on a tendance à oublier ce privilège d’être les habitants de cette planète. Donc, c’est un discours complètement différent. Et aussi dans le ton, je m’autorise un peu plus de naïveté, un peu plus de couleurs. Vous savez, j’ai construit cette série pendant les confinements successifs. Donc, c’est aussi une contemplation, une série que j’ai envie de revoir avec -certes, avec un certain sens de la gravité-, mais aussi avec un sentiment feelgood. J’ai envie d’être émerveillé par mon propre travail. En cela, c’est différent.
A travers vos images et affiches, vous avez incarné la Saison Africa2020, ce projet hors normes qui ambitionnait de présenter la créativité africaine sous toutes ses formes aux Français et Françaises. Après cet événement unique en son genre avec 1500 projets dans 210 villes et régions en France, qu’est-ce qui a changé pour vous en tant qu’artiste et photographe ?
J’étais ravi d’avoir eu l’occasion de participer, modestement, à cet événement important. Cette Saison Africa 2020 va changer tellement de choses. Elle va entrer jusqu’aux cursus scolaires des générations à venir. C’est ça qui est important. Et je suis content d’avoir eu l’honneur de faire l’affiche d’un moment aussi important.
Rfi
YOUSSOU NDOUR REHAUSSE LA MUSIQUE SENEGALAISE
Youssou Ndour a pris le temps de mûrir son projet artistique, à travers lequel il montre la force de la musique sénégalaise. ‘’Mbalax’’, le nouvel album marquant le retour du leader du Super Etoile qui avait marqué une pause
Youssou Ndour a pris le temps de mûrir son projet artistique, à travers lequel il montre la force de la musique sénégalaise. ‘’Mbalax’’, le nouvel album marquant le retour du leader du Super Etoile qui avait marqué une pause, est un opus riche, mais aussi profond. Écrit par le Roi du mbalax, il est personnel, mais se veut universel. C’est un appel à la paix, à l’amour, à la tolérance et au dépassement.
Sur la pochette de son nouvel album, Youssou Ndour, assis sur une chaise comme un souverain, arborant un look tradi-moderne chic, est entouré d’instruments de musique. Écrit en majuscules et tout en blanc, ‘’Mbalax’’ est le titre de l’opus. Ainsi dominée par la couleur jaune, la couverture de cette œuvre, qui sort officiellement aujourd’hui, en dit long sur son contenu. Le choix du titre peut se justifier par le fait que le leader du Super Etoile est la personne qui a osé imposer ce genre musical pendant que d’autres n’y croyaient pas, selon le producteur et frère de l’artiste Bouba Ndour.
’’C’est une manière pour Youssou Ndour de revendiquer la paternité du mbalax’’, a-t-il estimé en marge d’une séance d’écoute. Qui ose douter de son statut de ‘’père du mbalax’’, a-t-on envie de lui demander ?
Ce choix de l’appellation est déterminé, en grande partie, par la volonté de la star planétaire, qui chante ce genre de musique percussive depuis 40 ans, de la mettre en valeur. D’ailleurs, pour le producteur, le nom de Youssou Ndour est plus connu que le genre de musique qu’il fait. Ainsi, il pense que titrer ‘’Mbalax’’ pourrait conduire les gens à faire des recherches sur la musique sénégalaise et, par conséquent, découvrir d’autres chanteurs du pays. C’est un opus très personnel que Youssou Ndour a lui-même rédigé. Le compositeur et producteur Bouba Ndour n’a fait que mettre les choses en boîte, en collaboration avec d’autres professionnels du secteur, comme ses frères Ibou et Ndiaga Ndour. Et le chanteur, qui veut exporter davantage la musique sénégalaise, a voulu que cet album soit d’abord sénégalais.
A cet effet, même si You collabore avec Universal Music Africa, tout le travail a été fait au Sénégal. Côté international, le chanteur a collaboré, à distance (virtuel), avec d’autres artistes comme Toumani Diabaté avec qui il a beaucoup échangé. De plus, la fraîcheur se dégage dans cette nouvelle production, avec la participation de jeunes artistes du Sénégal et d’ailleurs. Le talentueux Balla Diabaté, frère de Sidiki Diabaté, y a joué sa partition.
Une écriture profonde et ‘’douce’’
Très profond, l’opus est composé de 12 titres dont ‘’ Waññi Ko’’, seul morceau qui est jusque-là connu du grand public. Il n’y a pas de remake. Bien qu’il ait l’habitude d’en servir à ses aficionados, Youssou Ndour a décidé de changer de cap. N’ayant plus rien à prouver, il a quand même la ferme volonté de maintenir le flambeau et de relever la barre plus haut. Les morceaux qui composent ‘’Mbalax’’ sont colorés et dansants. Mais il faut plutôt les écouter avec son esprit et son cœur. Il y a un rapport intime entre la musique et les mots. Dans son album, abordant des thèmes actuels qui parlent aux Sénégalais, mais aussi au monde entier, Youssou Ndour appelle, dans un premier temps, à la tolérance, à l’amour et à la paix. ‘’Ganggantiko’’, le premier morceau, est une chanson d’amour dans lequel il demande aux amoureux, surtout à l'homme, d’avoir un esprit de dépassement. Invitant le couple à privilégier le dialogue, le chanteur y dénonce les violences conjugales, qu’elles soient physiques ou verbales. Pour lui, la communication peut régler bien de choses. S’entretuer ne règle absolument rien, dit-il. Il ne le dit pas que pour les couples.
Les jeunes Africains, Sénégalais engagés pour le bien-être de leur peuple, le développement de leur continent, sont interpellés. Les manifestations de mars dernier l’ont surement inspiré. Son discours est responsable, surtout sur le plan politique, puisqu’en Afrique, en période électorale, diverses violences se produisent. Youssou Ndour invite également les citoyens à travailler davantage au lieu d’être dans le discours, les disputes, dans le morceau ‘’Wax Ju Bari’’. Cette chanson est un hommage, en outre, à feu Ibra Kassé. Le tube ‘’Fay Bor’’ est un appel à la citoyenneté et au respect de son prochain.
Le changement climatique et ses répercussions sur la nature, l’environnement préoccupent Youssou Ndour. Il chante dans ‘’Ndox’’ l'importance de l'eau pour l’agriculture et l’élevage, conseillant son utilisation responsable par les populations. L'une des principales exigences de la vie terrestre est l'économie d'eau. Elle est, au même titre que l'air, un élément primordial à la vie. De plus, l’eau représente 60 % du poids de l’être humain, soit 50 litres pour un individu de 70 kg (avec des différences liées au sexe, à l'âge et à la masse grasse). Dans une autre chanson ‘’Zéro déchets’’, Youssou Ndour montre la nécessité de faire des ‘’set-setal’’ (opération de salubrité). Il interpelle ses concitoyens pour vaincre l’insalubrité. L’on se rappelle qu’en janvier 2020, le président Macky Sall avait initié le ‘’Cleaning Day’’, une opération visant à bâtir ‘’un Sénégal propre’’ sur toute l’étendue du territoire national.
Dans un autre registre, il faut souligner que le leader du Super Étoile a rendu un hommage poignant au défunt père de Wally Seck, à travers la chanson ‘’Ballago Ndoumbé Yatma’’. Venu quelques minutes avant la fin de la séance d’écoute, le musicien, déclare avec émotion : ‘’J’ai parlé de lui comme il aurait parlé de moi. Cette année, beaucoup de personnes qui nous sont chères sont parties. J’ai aussi voulu rendre hommage à tous ces disparus.’’ Et ajoute : ‘’Il est parti et ça aurait pu être moi. Il a laissé derrière lui un immense vide, car il était un monument de la musique sénégalaise. J’ai repris, à travers cette chanson, les termes qu’il nous a fait connaître comme ‘Faramareen’, ‘Ballago Ndoumbé Yacine’ et beaucoup d'autres.’’
Période propice à la création
Il faut dire qu’à travers la qualité exceptionnelle (comparée à certaines productions locales et non aux anciens albums de l’artiste) de cet opus, le Roi du mbalax honore Thione Seck, Ismaël Lo, Baaba Maal, Touré Kunda, Meissa Mbaye, Omar Pène, Lemzo Diamono, Alioune Mbaye Nder, Coumba Gawlo Seck, etc. La valeur qu’a cet album est égale au temps que l’artiste lui a consacré. Bien qu’angoissante, la situation sanitaire actuelle, qui avait poussé les autorités à prendre certaines mesures contraignantes, et qui a engendré un bouleversement, est source d’inspiration pour beaucoup de créateurs. Youssou Ndour fait partie de ceux-là qui ont su profiter de cette période propice à la réflexion.
En effet, en début mars 2020, le Sénégal signale son premier cas de Covid-19, devenant le quatrième pays africain à confirmer le virus. Bloqué à Dakar à cause de cette pandémie, l’homme aux innombrables casquettes se consacre pleinement à sa passion, à écrire des chansons. Youssou précise que ‘’cette sombre période - que nous continuons de vivre d’ailleurs avec des remous - est difficile. On s’est ré-écouté, on a replongé notre mémoire dans l’histoire de la musique’’. ‘’C’est la première fois que je fais un album qui m’a pris deux ans d’écriture. Deux ans pendant lesquels je ne suis pas sorti du pays, je n’ai pas donné de concert. Ça donne plus de temps. On peut, en cinq minutes, trouver une idée géniale’’, poursuit l’artiste qui signe son come-back avec cet album.
En effet, il avait observé une pause musicale, après le décès de Thione Seck survenu le 14 mars dernier. Mais étant donné que la menace (Covid-19) est toujours présente, le retour sur la scène n’est pas encore envisageable.
LE RÉCENT SUCCÈS DE LA LITTÉRATURE AFRICAINE PEUT-IL DURER ?
De nombreux prix littéraires ont été remis à des auteurs d'origine africaine cet automne. L'Occident reconnaîtrait-il (enfin) la littérature africaine? Pourquoi tout à coup un tel engouement ? Réponses en compagnie d'auteurs et d'experts
Mohamed Mbougar Sarr a reçu cette année le prix Goncourt, l’un des prix les plus prestigieux de la littérature francophone. D’autres prix ont été remis à des auteurs d’origine africaine cet automne, comme le prix Nobel de littérature pour l’écrivain tanzanien Abdulrazak Gurnah. Le Sénégalais Boubacar Boris Diop a remporté le prestigieux prix international Neustadt, tandis que la Mozambicaine Paulina Chiziane a reçu le prix Camoes, récompensant les auteurs et autrices de langue portugaise. Au point que certains parlent d'un "automne africain" pour la littérature.
Une reconnaissance dans l’air du temps
La reconnaissance de la littérature d’Afrique répond à l’attente d’une plus grande diversité dans la culture. Le mouvement Black Lives Matter, mais aussi les réflexions sur la décolonisation de l’art et de la littérature ont rendu cette question plus sensible. Il s’agit de donner plus de place à une littérature jusqu’ici sous-représentée. Une chose est sûre: le regard de l'Occident commence (enfin) à changer sur la littérature africaine.
Il y a aussi eu quelques changements du côté de la littérature africaine elle-même. Pour Christine Le Quellec, professeure de littérature francophone d'Afrique subsaharienne à l'Université de Lausanne, il s’agit d’une "diffusion plus large et d’auteurs plus internationaux. Il y a de fortes différences entre les Anglo-saxons et la France par rapport aux auteurs qui produisent depuis l’Afrique. Dans le cas de Mohamed Mbougar Sarr, c’est intéressant car il y a une co-édition entre les éditions Philippe Rey en France et Jimsaan au Sénégal. Son livre va sans doute aussi paraître en wolof"".
Un succès favorisé par la diaspora et internet
Être édité sur le continent africain, c'est aussi un élément essentiel de la reconnaissance pour Max Lobe, auteur genevois d'origine camerounaise. "Pour le texte 'Confidences', nous avons tout fait avec mon éditeur genevois pour qu’il soit publié au Cameroun. C’est un parcours du combattant! On ne veut pas reconnaître une littérature qui fait partie du patrimoine d’un pays étranger."
Comme Max Lobe, deux lauréats des grands prix font partie de la diaspora. Le prix Nobel Abdulrazak Gurnah vit depuis cinquante ans en Grande-Bretagne, tandis que le Goncourt Mohamed Mbougar Sarr vit en France, ce qui facilite leur reconnaissance.
Pour Bakary Sarr, professeur de littérature comparée à l'Université Cheikh Anta Diop à Dakar, d’un point de vue global, les mouvements entre Nord et Sud favorisés par internet jouent un rôle dans la créativité de la littérature africaine. "Cette circulation a permis de déconstruire les choses et apporté une meilleure fluidité dans la créativité. Il y a aussi des espaces critiques importants. Je cite l’exemple des Ateliers de la Pensée, qui ont eu un écho auprès des chercheurs et de la manière dont le devenu de l’Afrique est interrogé."
C'est désormais elle, la plus belle femme du Sénégal en 2021. Un titre décroché à l'issue du concours de beauté édition 2021, tenue ce samedi 13 novembre au Grand Théâtre. Fatou Lamine Lo succède ainsi à Alberta Diatta, Miss Sénégal 2019
iGFM- Miss Dakar. C'est désormais elle, la plus belle femme du Sénégal en 2021. Un titre décroché à l'issue du concours de beauté édition 2021, tenue ce samedi 13 novembre au Grand Théâtre. Fatou Lamine Lo succède ainsi à Alberta Diatta, Miss Sénégal 2019.
L'écharpe de 1ère Dauphine est portée en 2021 par Miss Saint-Louis, Gladys Mouna. Et la 2ème Dauphine est Miss Kaolack, Sande Coumba. La nouvelle Miss représentera le Sénégal au concours Miss Afrique Cédéao en 2022.
LES NUANCES DE NOIR DU PHOTOGRAPHE OMAR VICTOR DIOP
Retour provisoire au bercail pour le talentueux photographe sénégalais, consacré sur tous les continents et qui expose à Paris en novembre…
Depuis 2011, Jeune Afrique l’avait dans son objectif. À l’époque, Omar Victor Diop exposait à la Biennale de Bamako. Il venait de se lancer dans la photo et, déjà, ce jeune autodidacte détonnait et se faisait remarquer.
En 2013, le voilà de retour au pays natal, pour exposer à la Galerie Le Manège, qui dépend de l’Institut français : à Dakar, sa ville, où il vit toujours et qu’il ne compte pas quitter. C’est là qu’en octobre 2021, JA a renoué le contact. En quelques années, malgré une consécration internationale et les voyages qui vont avec, il n’aura pas migré de plus d’une poignée de kilomètres : de Ouakam aux Almadies, deux quartiers voisins de la capitale sénégalaise.
Certes, son actuelle demeure reflète le chemin parcouru : vaste et haute, confortablement meublée, baignée d’un puits de lumière, elle englobe son « chez lui » et son studio de photo. L’homme, quant à lui, a su rester modeste malgré la consécration et vous reçoit comme si de rien n’était. Comme avant.
Sur plusieurs continents
Figure emblématique de la photographie africaine contemporaine, représenté désormais par la galerie Magnin-A, à Paris, ce quadragénaire talentueux a su capter l’attention des critiques et des amateurs d’art photographique sur plusieurs continents. Au cours des dernières années, il a ainsi exposé de Porto Alegre (Brésil) à Marrakech (Maroc) et de Houston (Texas, USA) à Oslo (Norvège), en passant par Melbourne (Australie) et Daegu (Corée du Sud).
LES SIGNARES OU LA MÉMOIRE MALMENÉE DES MÉTISSES QUI ONT RÉUSSI
Rencontre avec Aminata Sall qui, grâce à son musée, lutte pour que ces illustres femmes ne soient pas réduites à des élégantes tropicales dont de lointaines et séduisantes doublures agrémenteraient les visites de ministre
Aminata Sall ne s'en cache pas: elle demande "pour quoi faire" à quiconque approche son musée dans le nord du Sénégal pour piocher dans la spectaculaire collection de robes traditionnelles qu'il recèle.
Un professeur lui avait répondu que ces tenues renvoyant à l'histoire unique des femmes métisses de Saint-Louis serviraient lors d'une remise de diplômes.Elle lui a dit: "Si c'est juste pour le décor, je ne vous les loue pas", relate-t-elle dans son bureau aux fenêtres ouvrant sur le fleuve Sénégal, non loin des réserves sombres dans lesquelles une centaine de toilettes théâtrales or, grenat ou vert d'eau attendent l'occasion de sortir de leurs cartons.
Aminata Sall est la conservatrice d'un musée dédié à l'histoire et aux traditions.Elle fait aussi partie d'une association qui préserve la mémoire de Saint-Louis et de certaines de ses filles illustres, les signares.
Elles sont un certain nombre comme elle à faire en sorte que, malgré les siècles, les signares soient reconnues comme des femmes entreprenantes et souvent puissantes, et non pas réduites à des élégantes tropicales dont de lointaines et séduisantes doublures agrémenteraient les visites de ministre.
Il y a une "perte de sens", déplore la conservatrice.
L'ascension des signares épouse l'histoire de Saint-Louis, poste créé par des Français au XVIIème siècle, devenu un important comptoir du commerce de la gomme arabique, de l'or, de l'ivoire et des esclaves, et la capitale de l'ensemble colonial français en Afrique de l'Ouest.
A Saint-Louis ou plus au sud, sur l'île de Gorée, émerge alors un groupe à la croisée des cultures européennes et africaines, métissage longtemps distinctif de Saint-Louis, "laboratoire d'une nouvelle société différentielle" selon l'Unesco qui a inscrit la ville au patrimoine mondial.
A l'époque, les arrivants européens se mettent en ménage avec des autochtones.Certaines sont des esclaves que leur maître affranchit.Ils ont des enfants métis.Le "mariage à la mode du pays" s'institutionnalise, bien que réprouvé par l'Eglise, et sert d'ascenseur social.
- Un rituel sorti de l'oubli -
Des fortunes métisses se constituent, par le truchement de l'héritage, et grâce à l'opportunisme de ces femmes que les maris avaient associées à leurs affaires.
Apparaît un "nouveau mode de vie qui n'a rien à voir avec la tradition sénégalaise", selon les mots de la chercheuse Aissata Kane Lo.Les témoignages locaux et les récits de voyageurs dépeignent une bourgeoisie féminine agissante.A heures fixes, les signares sortent faire étalage d'un raffinement synthétisant traits européens et africains.
A partir du milieu du XIXème, l'empreinte des signares s'estompe sous l'effet de l'abolition de la traite, de la colonisation qui défavorise le commerce local, et des transformations sociales.
Marie-Madeleine Valfroy Diallo, 73 ans, journaliste, actrice, entretient la flamme.A la tête d'une société de production, elle a tiré de l'oubli en 1999 le fanal, fête populaire saint-louisienne qui aurait pour origine la procession des signares à la lumière des lanternes.
Depuis, "tout le monde vient et nous dit: +ah!on a une grande fête, on a des hôtes de marque, est-ce que Marie-Madeleine peut nous envoyer des signares+", revendique-t-elle.
Lors du fanal, les signares chatoient parmi les figurants en costume, robes cintrées au-dessus de la taille, bouffantes en dessous, parées de fronces, de voiles et de dentelles, avec la coiffe et le châle assortis.
Cet engouement fait travailler les artisans de la place.
Ndéye Diop Guissé, 42 ans, deux fois vainqueure du concours national des couturiers, confectionne des robes de signares sur commande, en plus de ses activités de styliste.Elle recrute comme mannequins les jeunes femmes qu'elle forme par ailleurs à la couture dans son modeste atelier d'un quartier populaire.
- "Un patrimoine" -
"Nous sommes vraiment fières de mettre ces tenues", dit l'une d'elles, Awa Marie Sy, après avoir consacré beaucoup de minutie et d'excitation à s'apprêter pour une démonstration sur les anciens quais de Saint-Louis.
"Ces tenues étaient portées par nos aïeules, qui étaient comme des reines, aimables, accueillantes, toujours le sourire au visage", dit-elle.
Des mots propres à piquer la conservatrice Aminata Sall."Les gens oublient ou font semblant d'oublier.Il faut qu'ils comprennent qu'elles ont joué un grand rôle, comme les colonisateurs.On ne peut pas l'effacer, c'est l'histoire", s'enflamme-t-elle.
Les signares ont inspiré Léopold Sédar Senghor, le musicien Youssou Ndour et des stylistes contemporaines.
Mais "seuls quelques notables s’en réclament encore.A Saint-Louis, mis à part le costume folklorisé à l’occasion d’événements culturels ou politiques, la mémoire des signares a disparu", dit l'universitaire Aissata Kane Lo.
"Il reste quelques noms (de signares), d'autres ont disparu parce qu'il y avait beaucoup de filles", relate Ariane Réaux, une hôtelière qui propose des conférences sur les signares et des mariages à la mode du pays dans son établissement au bout d'une étroite langue de sable entre océan et fleuve.
"Il y a beaucoup de choses que les gens ne comprennent pas trop", concède-t-elle.Mais elle rapporte une fascination répandue pour la rencontre impossible de deux mondes il y a des siècles de cela.
"C'est pas du spectacle, c'est un patrimoine, les signares.Cela fait partie d'une histoire entre la France et le Sénégal.Rien de tel ne s'est produit ailleurs", dit-elle.