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2 décembre 2024
Culture
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A cinq mois de la tenue du Grand carnaval de Dakar, les organisateurs sont déjà à pied d’œuvre en se projetant sur la 2ème édition qui doit se tenir du 26 au 28 novembre prochain.
Musiques, danses, théâtre seront au cœur de la 2ème édition du Grand carnaval de Dakar. Reportée l’année dernière du fait de la crise sanitaire due au coronavirus, cette édition a pour thème «Contes et légendes du Sénégal et d’ailleurs» et va se tenir du 26 au 28 novembre prochain.
A cinq mois de la tenue du Grand carnaval de Dakar, les organisateurs sont déjà à pied d’œuvre en se projetant sur la 2ème édition qui doit se tenir du 26 au 28 novembre prochain. «Contes et légendes du Sénégal et d’ailleurs» sera le thème de cette édition après celle tenue en 2019 et qui avait connu un franc succès avant celle-ci qui n’a pu se tenir en 2020 à cause de la pandémie du Covid-19 et qui a contraint les organisateurs à la tenir cette année.
«Ayant à cœur la diversité des expressions culturelles, la 2ème édition du Grand carnaval de Dakar fera rythmer musiques, danses, théâtre, improvisation, costumes traditionnels, contemporains, avec les récits imagés des contes et légendes», informent les organisateurs qui annoncent qu’il y aura le village du carnaval, un espace de l’oralité et du patrimoine, un espace maison des cultures urbaines, un pavillon des artisans et designers, un espace festival de grillades et un grand «ceebu jen».
«Le Grand carnaval de Dakar est un évènement dont l’objectif est de promouvoir notre diversité culturelle. C’est un événement festif, populaire et familial. Il est donc ouvert à tout public, national ou international, souhaitant avoir un accès à la culture à moindre coût ou gratuitement», déclare Mme Fatou Kassé Sarr, promotrice du Grand carnaval de Dakar.
S’exprimant au cours d’une conférence de presse en présence de Mme Khoudia Diagne, directrice des Arts, Abdou Aziz Guissé, directeur du Patrimoine culturel, Hamidou Kassé, ministre-conseiller aux Arts et à la culture à la présidence de la République, Mme Fatou Kassé Sarr de souligner que «cette 2ème édition fera participer les acteurs culturels des 14 régions, les artisans, les acteurs culturels et la culture urbaine». «Ma conviction est que les talents de notre pays sont nombreux. Ils doivent avoir la chance d’être visibles au niveau national et international, d’autant qu’ils traduisent la vitalité de nos cultures», fait remarquer l’initiatrice du Grand carnaval de Dakar qui rappelle que la 1ère édition «a été une réussite avec 10 mille visiteurs sur trois jours et près de 400 participants».
«Le succès de la 1ère édition et les perspectives qui se dégagent d’un événement de ce type ont incité certains partenaires à renforcer leur soutien dès la 2ème édition. Nous avons signé des conventions d’accompagnement de 3 ans et avec la Ville de Dakar et l’Aspt (Agence sénégalaise de promotion touristique) avec pour objectif d’assurer la pérennisation du Grand carnaval de Dakar pour qu’il soit l’un des événements phare de Dakar», se félicite Mme Fatou Kassé Sarr.
«Faire venir les représentants régionaux à Dakar pour un événement peut donc représenter une opportunité économique. Ce qui inscrit le Grand carnaval de Dakar dans une démarche marketing territorial qui consiste à valoriser le potentiel local pour en tirer à terme un bénéfice économique. Ce dernier est intimement lié au tourisme. La culture est un atout et donc un outil d’attractivité des territoires», souligne-t-elle.
Pour Abdoul Aziz Guissé, directeur du Patrimoine culturel, ce grand carnaval de Dakar devrait être une occasion de célébrer la gastronomie nationale avec le «ceebu jen» géant que ne permet plus de faire le Salon de la gastronomie, qui n’est plus organisé
«ALAMANE» AU VILLAGE DE THIOBON
Le village de Thiobon, commune de Kartiack, cadre d’une activité culturelle dénommée «Alamane (déformation du mot français amende) qui remonte à la nuit des temps
Ibou MANE (Correspondant) |
Publication 12/07/2021
C’est connu ! La culture, cette dimension essentielle de l’épanouissement des êtres humains, des sociétés, de leur identité et de leur projet collectif commun est le plus clair moyen d’expression du diola. La parfaite illustration en a été donnée au village de Thiobon, commune de Kartiack, cadre d’une activité culturelle dénommée «alamane (déformation du mot français amende) qui remonte à la nuit des temps. Une cérémonie traditionnelle initiée par les femmes du quartier Amanque et placée sous le sceau de la solidarité, du partage et du développement local.
Le Blouf ! Une contrée du département de Bignona riche d’une certaine tradition d’organisation de manifestations et de pratiques culturelles et cultuelles multiséculaires et qui sont en rapport avec les aspirations, les exigences des terroirs, des communautés locales ; et ce en matière d’éducation, de morale, d’affirmation de l’identité culturelle voire de promotion des valeurs culturelles. Toute une richesse tant soit peu minée aujourd’hui par le phénomène de la globalisation sous-tendu par l’avènement des Tic et la prolifération des réseaux sociaux qui ont fini d’impacter les fondements socioculturels de bon nombre de contrées et de communautés. Ce qui est toutefois loin d’être le cas au niveau du village Thiobon, un des sanctuaires des traditions culturelles et cultuelles diola. Une localité du Blouf où les femmes continuent encore et toujours à jouer leur rôle de gardiennes des traditions et des valeurs ancestrales en se mobilisant à chaque fois pour préserver la société contre certaines dérives, certains aléas de la vie et pour donner des orientations par rapport au devenir de la société. C’est le cas la semaine dernière avec l’organisation pendant trois jours d’une cérémonie traditionnelle dénommée «alamane» exclusivement dédiée à la gent féminine.
«Alamane» : sens d’un rite
En pays diola, les rites interviennent dans l’interprétation et le traitement de désordres individuels ou collectifs et où ils constituent des moments privilégiés de la vie sociale des villages. Des rites hérités de la tradition en milieu diola et qui constituent l’ensemble de toutes les croyances léguées par les ancêtres et qui se transmettent de génération en génération. C’est le cas de l’«alamane», qui comme tous les rites, est une pratique sociale. Une amende collective infligée par le Kumpo (masque) à une tranche d’âge ou de sexe à la suite d’une faute. Celle-ci pourrait être commise par une ou quelques personnes, mais la sanction concernera toute une catégorie de personnes selon la volonté du Kumpo. Ce rite mobilise donc toute la société ou plutôt toute une génération de personnes. Celui du quartier Amanque à Thiobon n’a pas dérogé à la règle
A l’origine, l’insulte d’une jeune fille à l’endroit d’une vieille dame
«Ce qui justifie cet alamane est que nous les femmes sommes organisées en génération. Et la jeune génération a commis une faute grave ; et ce, à travers l’une d’elle qui a offensé voire insulté une vieille dame», explique Gnima Diémé. La présidente des femmes d’Amanque pour qui, conformément à la tradition héritée de nos ancêtres, quand une jeune femme offense une personne âgée, elle écope d’une lourde sanction. « Une manière de l’éduquer à notre manière afin que cela inspire toutes les autres filles de sa génération», ajoute-t-elle. Et le pire est que cette sanction, alamane, a une incidence collective car elle engage, dit-elle, la responsabilité de toutes les autres filles de la génération de celle incriminée. Et à Amanque dans le village de Thiobon, la nature de la sanction collective pour toute cette génération et qui s’apparente à un dédommagement au profit de toute la communauté a consisté en l’octroi d’un bœuf, de trois sacs de riz, de trois sacs d’oignon, d’un sac de mil, d’un sac de sucre, de dizaines de caisses de boissons, d’un sac de lait en poudre. En outre, toutes les filles de cette génération ont donné chacune deux poulets. Et c’est encore loin d’être fini en termes de sanction et de compensation du côté des coupables. Car pour ce qui relève de la sanction concernant exclusivement la jeune fille coupable et incriminée, c’est un bouc qui est là mis en contribution également en guise de dédommagement individuel ; et ce, en plus d’un sac de riz.
Et cette dernière a également dégagé une somme de 100 000 francs Cfa pour la prise en charge des griots et animateurs qui ont un rôle prépondérant dans le cadre de la célébration de l’alamane. Dimension de l’événement oblige et pour conjurer le mauvais sort suite à cette entorse à la stabilité sociale, chaque membre de la communauté était tenu aussi d’apporter quelque chose pour l’atteinte des résultats escomptés. «Ici les femmes se sont toujours respectées ; donc s’il y a une qui bafoue les fondements de notre communauté, de notre tradition, il nous faut donc agir pour préserver l’harmonie, la cohésion sociale et la paix au niveau local. C’est tout le sens de notre alamane ici à Amanque», martèle à nouveau Gnima Diémé. En plus pour la présidente des femmes, de telles activités culturelles vivifient la tradition et perpétuent les valeurs ancestrales, etc
Forts relents culturels et festifs
Pour les femmes d’Amanque, une telle activité culturelle est également une occasion pour la communauté de revisiter les expressions et facettes culturelles locales ; et ce, avec le déroulement d’activités telles que la danse du Kumpo qui fut pendant trois jours la grande attraction de cet événement ; le Kumpo qui est accompagné en de pareilles occasions d’un autre animal broussard costaud et noir appelé Agomola, et d’Essama de petite taille toujours armé de bâton. Une cérémonie d’alamane marquée en outre, et entre autres, par des danses folkloriques, la traction d’une pirogue au niveau du bras de fleuve de Thiobon ; l’apparition et l’exhibition à la place publique des femmes des différentes générations en tenue traditionnelles ; des pratiques rituelles au niveau du bois sacré des femmes, etc. Toute une série d’activités qui ont de quoi conforter l’importance que les femmes accordent à la tradition. Des valeurs héritées des ancêtres et qui constituent également, selon les femmes d’Amanque, une dimension essentielle de leur épanouissement, de leur identité et de leur projet collectif commun.
D’ailleurs signe des temps, ces rites jadis dévolus exclusivement à des activités festives se sont adaptés à l’heure de la globalisation. Chose bien comprise par les femmes d’Amanque qui ont mis à profit la célébration de leur activité pour s’appesantir et s’imprégner des questions d’entreprenariat et de développement ; et ce, à travers l’implication d’actrices de développement dans l’organisation d’un forum dans le cadre de leurs activités.
Les femmes à l’heure du développement local
é et nous voudrions avec cette activité joindre l’utile à l’agréable ; ce qui justifie l’organisation de ce forum axé sur le développement», justifie Gnima Diémé. «Rôle des femmes dans le développement» ! Tel était le thème de ce forum dédié aux femmes d’Amanque regroupées autour du Gie Jumbandoor ; et thème animé par Mme Bassène Justine Manga, adjointe au maire de Nyassia, secrétaire des femmes de la commune de Nyassia et responsable au niveau de l’Association Usoforal.
Et ce, avec comme modérateur, l’historien-journaliste Mamadou Lamine Mané. Mme Bassène Justine Manga, dans sa communication, a d’abord magnifié le choix des femmes d’Amanque de s’appuyer sur le levier culturel pour tenter d’impulser le développement économique et social auniveau de leur terroir. Et s’inspirant de ses expériences personnelles en matière de développement, Mme Bassène a exhorté ces femmes à faire l’état des lieux de leur structure pour identifier les problèmes et les blocages. «Chaque fois qu’il y a des rencontres périodiques, des comptes rendus, les groupements vont bien fonctionner», argue-t-elle. L’autre combat pour gagner la bataille du développement pour les femmes, c’est de procéder, insiste-t-elle, au renouvellement de leurs structures et leur donner vie.
Et Mme Bassène de fustiger en outre ce développement archaïque dans le domaine, notamment du maraîchage et au niveau des contrées rurales et qui est loin d’atténuer la pénibilité des femmes. Une manière pour elle de prôner en retour un développement innovant, notamment avec les systèmes goutte-à-goutte pour ce qui est des blocs maraîchers des femmes. «Cela soulage les femmes et vous gagnez en termes de temps et de gain», suggère-telle.
En plus la conférencière a incité les femmes d’Amanque à s’initier, entre autres, à la transformation de nos produits, aux nouvelles technologies pour des ventes en ligne, etc.» Non sans manquer de les inviter à faire la part des choses entre la chose politique et le développement. «Car la politique, quand elle est trop présente au sein d’une association, est souvent source de division entre les membres», prévient-t-elle. Autant de suggestions, autant de stratégies brandies par Mme Bassène Justine Manga ; et autant de défis que les femmes d’Amanque, qui ont compris que le temps des événements exclusivement festifs est révolu, entendent porter et relever pour assurer le développement au niveau local, assurer leur devenir. Ainsi pour Gnima Diémé et les siennes, il incombe donc aujourd’hui de s’appuyer sur la mise en valeur des ressources culturelles, du patrimoine culturel de la communauté pour promouvoir leur intégration dans les politiques de développement local.
OUMAR PÈNE REND HOMMAGE À THIONE SECK
e lead-vocal du Super Diamono a dédié à son défunt ’’ami’’ et collègue décédé en mars dernier, un titre de son nouvel album "Climat" dont la version locale "purement mbalax" va sortir incessamment
Le lead-vocal du Super Diamono Oumar Pène a dédié à son défunt ’’ami’’ et collègue Thione Seck, décédé en mars dernier, un titre de son nouvel album "Climat" dont la version locale "purement mbalax" va sortir incessamment.
"Dans mon album qui va sortir sur le plan local, je lui ai dédié une chanson. C’est une façon de lui rendre personnellement un hommage. Si l’album sort, vous aurez l’occasion de l’appréciez", a-t-il dit dans un entretien avec l’APS.
Pène dit avoir voulu de cette manière "honorer la mémoire d’un ami, un frère et un collègue" avec qui il a partagé beaucoup de scènes pendant de très longues années.
"Sa perte a été très dure à accepter, très dure", a confié le lead-vocal du Super Diamono lors d’une séance d’écoute de son nouveau disque international de neuf titres, disponible depuis ce vendredi sur les plateformes digitales, un support devenu désormais incontournable pour la promotion des œuvres musicales.
"Tout le monde se tourne vers le digital, c’est un autre moyen de travailler sa musique et de vendre. Aujourd’hui, les albums physiques ne marchent plus, c’est le digital et tout le monde se tourne vers le digital", explique Oumar Pène.
Selon l’artiste, la version locale, ’’purement mbalax’’ de son album, est également prêt et va sortir "incessamment".
Le Super Diamono garde toujours ses ambitions de départ estime Oumar Pène pour qui l’orchestre continue de faire son bonhomme de chemin de même que les fans.
"Les jeunes fans de l’Afsud prépare leur soirée du 14 août prochain, ils sont là toujours présents et nous attendent", a indiqué Oumar Pène dont le nouvel album a été réalisé par le bassiste Hervé Samb.
Il est accompagné par des musiciens avec qui il a l’habitude de jouer lors de ses tournées européennes.
"Tous les thèmes développés dans cet album sont des sujets qui interpellent les gens. Pour apporter notre pièce à l’édifice, on est là pour construire", avance le lead-vocal du Super Diamono.
"C’est un album bien mûri, car j’ai pris huit ans pour faire ce travail, on a eu le temps de préparer cela sur le plan musical et sur les textes, d’écrire de prendre l’info là où cela se trouve", explique le chanteur.
OUSMANE SEMBÈNE DANS L'OUBLI
La maison du cinéaste qui aurait pu être conservée comme l'est la chambre d'hôtel qu'il occupait à Ougadougou, à l'occasion du Fespaco, est aujourd'hui en ruines. Une tragédie pour Amadou Fall, enseignant à l'Université de Ziguinchor
La maison de Sembène Ousmane, en Casamance, est aujourd'hui en ruines. La bâtisse s'est effondrée et plus grave encore, le site est devenu un dépôt d'ordures.
La maison de Sembène Ousmane, le cinéaste sénégalais, originaire de Ziguinchor, au sud du Sénégal, qui aurait pu être conservée comme l'est la chambre d'hôtel qu'il occupait à Ougadougou, à l'occasion du Fespaco, est aujourd'hui en ruines.
La bâtisse s'est effondrée et plus grave encore, le site est devenu un dépôt d'ordures qui semble laisser indifférent les autorités sénégalaises. Et contrairement à Ouagadougou où une place le symbolise, il n'y a aucune rue ou édifice public qui porte son nom dans la ville de Ziguinchor.
Aujourd'hui, il ne reste plus que des gravas et des tôles effondrées de la maison familiale du célèbre cinéaste sénégalais, située dans le vieux quartier de Santhiaba en plein cœur de Ziguinchor.
"Une tragédie"
Le site est même utilisé par certains pour y jeter leurs déchets. Pour le professeur Amadou Fall, enseignant à l'Université de Ziguinchor, qui s'est beaucoup intéressé au parcours de Sembène Ousmane, cette situation traduit tout simplement la "tragédie africaine."
''C'est une tragédie, je ne badine pas avec les mots. C'est une tragédie. Qu'a fait Sembène de mal pour qu'aujourd'hui cette maison qu'il a voulu acheter pour en faire don à la ville de Ziguinchor soit abandonnée ? Cette maison est aujourd'hui un tas de ferrailles, un tas de boue. Vous voyez, on y dépose des immondices. Et c'est ça la tragédie africaine'', estime le professeur Amadou Fall.
"Oublier Sembène, c'est oublier la Casamance"
Le professeur Fall ajoute qu'oublier Sembène c'est oublier la Casamance.
''Et nous, nous avons avec d'autres, essayé... Nous essayons encore de réhabiliter cet homme parce que c'est un patrimoine. Oublier Sembène, c'est oublier la Casamance, c'est ça aussi mon slogan. Parce que Sembène a symbolisé la Casamance, Sembène a matérialisé les us et coutumes, les valeurs traditionnelles qui ont fait l'homme casamançais, qui ont fait l'Africain dans son intégralité un homme de respect, un homme qui fait un serment et qui respecte justement la parole donnée', explique le professeur.
"Le Burkina donne l'exemple"
Youssouf Conté, un voisin, relève que le spectacle qu'offre aujourd'hui le site qui abritait la maison familiale de Sembène est tout simplement écœurant.
''Au Burkina Faso, il y a une statue qui représente Sembène Ousmane, à Ouagadougou, pour montrer son importance dans le cinéma africain. Ici à Ziguinchor aujourd'hui, quand on vient devant son ancien domicile qui est devenu un dépotoir comme on le voit là, c'est déprimant. Je ne comprends pas. Vraiment, moi je crois que les autorités devraient faire des efforts et surtout le maire'', dit Youssouf Conté.
Taïbou Diédhiou, adjoint au maire de Ziguinchor et chargé des affaires culturelles, assure que l'institution municipale envisage de construire un monument à la mémoire du grand cinéaste.
''La mairie est en train de réfléchir pas pour reconstruire une maison de Sembène Ousmane pour sa mémoire, voir comment on peut organiser un mémorial parce que la reconstruction d'une maison revient à son propriétaire. Donc, on est en train de travailler avec le maire pour voir comment organiser un mémorial dédié à Sembène. C'est quand même une fierté pour Ziguinchor, une fierté pour le Sénégal'', estime-t-il.
Sembène Ousmane , un autodidacte qui n'a même pas terminé son cycle élémentaire, est décédé en 2007, à l'âge de 84 ans. Il a laissé à la postérité plusieurs longs métrages et des ouvrages parmi lesquels " O pays, mon beau peuple", qui retrace sa biographie.
«LINGUI», CONTE FEMINISTE DE MAHAMAT SALEH HAROUN
Le réalisateur tchadien questionne les liens et valeurs considérés comme sacrés dans une société patriarcale comme le Tchad : l’interdiction absolue de l’avortement, l’excision des filles et la soumission des femmes
Jusqu’ici, le film le plus féministe de la compétition au Festival de Cannes a été réalisé par un homme africain. Dans Lingui, Mahamat-Saleh Haroun questionne les liens et valeurs considérés comme sacrés dans une société patriarcale comme le Tchad : l’interdiction absolue de l’avortement, l’excision des filles et la soumission des femmes. Le cinéaste tchadien réussit à transformer une histoire tragique en une utopie optimiste, grâce à la force des images d’une beauté renversante.
Si l’on devait choisir une seule scène de ce film merveilleux, ce serait celle du début. Là où Amina est en train de se décarcasser pour faire sortir d’un ancien pneu de camion des fils d’acier pour tisser ensuite de magnifiques paniers. Une fois qu’elle a fait renaître la matière sous une autre forme, la mère quitte sa maison modeste pour aller chercher un avenir pour sa fille de 15 ans et soi-même. Habillée d’une robe orange ocré épousant le soleil et le sable, et avec trois paniers sur la tête et deux dans les mains, elle se promène, dégageant une grâce divine. Pourtant, il faut se rappeler : elle est juste en train d’aller en ville pour vendre ses paniers dans la rue ou sur le marché. A l’image d’un peintre, Mahamat-Saleh Haroun dégage toutes les choses superflues ou superficielles de ses compositions pour aller à l’essentiel. Projetées sur grand écran, il nous permet de vivre et voyager avec ses personnages, de bouger comme eux dans ce paysage naturel et humain dans lequel il nous a embarqués comme un capitaine dans sa pirogue. Le réalisateur tchadien adore donner du temps au temps. Son cinéma puise son énergie dans la beauté des gestes et des couleurs, la grâce des silhouettes et paysages, les profondeurs de l’humanité exprimées au travers des voix d’hommes et de femmes. Depuis toujours, il refuse de soumettre ses images à une obligation d’une quelconque action. Un homme qui crie, prix du Jury au Festival de Cannes en 2010, raconte une histoire père-fils avec en toile de fond la guerre civile au Tchad, dans laquelle Haroun lui-même a été blessé avant de s’exiler longtemps en France. En 2013, il présentait à Cannes Grigri, une histoire d’amour entre un jeune danseur handicapé et une jeune prostituée. Et quatre ans plus tard, il était de nouveau en lice pour la Palme d’or avec son documentaire sur l’ancien Président et dictateur tchadien Hissein Habré, sans lequel il «ne serai(t) jamais parti du Tchad».
Le tabou de l’avortement lié à la violence sexuelle
Dans Lingui, Mahamat-Saleh Haroun ralentit encore une fois ostentatoirement le rythme des images. Celui-ci reste lent jusqu’à la fin. En revanche, dans notre tête, l’histoire s’accélère et nous mène vers d’autres horizons. L’histoire de Lingui - les liens sacrés - semble simple. Une fille de 15 ans se retrouve enceinte et risque de répéter le destin tragique de sa mère. Comme sa fille aujourd’hui, Amina a été abandonnée par le père de l’enfant, renvoyée de l’école. Jusqu’à aujourd’hui, elle doit durement travailler pour survivre, sa famille ayant coupé tout contact avec elle. Et depuis qu’elle est devenue une fille-mère, plus personne ne la respecte dans cette société dominée par la religion musulmane. Donc, comment sortir de cette impasse ? Maria veut à tout prix avorter pour ne pas subir le même sort que sa maman. Mais cet acte devenu banal dans beaucoup de sociétés occidentales est doublement interdit au Tchad, et par la religion musulmane et par la loi qui prévoit cinq ans de prison.
Les hypocrisies dans la société tchadienne
Mahamat-Saleh Haroun - éphémère ministre de la Culture au Tchad de 2017 à 2018, un poste qu’il a quitté officiellement pour «des raisons personnelles» - fait surgir dans Lingui de mille manières l’hypocrisie régnant partout dans la société tchadienne. Celle de la religion («on est tous des frères») qui veille surtout à ce que les femmes restent à la place décidée par le patriarcat. Il y a aussi l’hypocrisie des hommes dont les actes contredisent souvent leurs paroles. Sans oublier l’école qui met la chimère de la réputation de l’établissement au-dessus de sa mission éducative. Puis, le détail qui tue : dans le film, le seul homme de bonne volonté échoue lamentablement. Reste alors la solidarité entre les femmes maltraitées par la société. Elles ne cessent de chercher des solutions à des problèmes considérés comme insolubles. Elles seules portent le changement, souvent introduit par des détours, des actions dans l’ombre, tout en faisant semblant de respecter la tradition et les règles de cette société qui les enferment. Les femmes sont conscientes que l’heure n’est pas encore venue pour réclamer ouvertement le respect et un changement.
L’horizon d’un possible changement
Avec sa fin heureuse, le conte de fées de Mahamat-Saleh Haroun est probablement loin des réalités au Tchad. Et dommage que quelques scènes donnent l’impression d’une note pédagogique tournée plus vers un public occidental qu’africain ou universel. Néanmoins, le plus grand mérite du film reste intact : esquisser l’horizon d’un possible changement et désigner les actrices de ce bouleversement. Surtout nourrir notre imaginaire avec des images d’une beauté époustouflante. C’était toujours le combat pour les rêves et l’engagement pour les utopies qui ont fait avancer les sociétés.
«KEKENDO» CHANTE LA PAIX
Quelques mois après les violents affrontements ayant opposé des étudiants de «Ndef Leng» à ceux de «Kekendo», ce dernier pose un acte de paix.
Quelques mois après les violents affrontements ayant opposé des étudiants de «Ndef Leng» à ceux de «Kekendo», ce dernier pose un acte de paix. En prélude à l’organisation des journées culturelles les 8, 9 et 10 juillet, l’Association des étudiants pour le développement de la Casamance (Aedc) plus connue sous le nom de «Kekendo», a choisi comme thème principal : «Le cousinage a plaisanterie, vecteur traditionnel de résolution des tensions sociales dans l’espace universitaire.»
Créé depuis 2002, le Kekendo est une structure d’accueil, de rencontre et d’échanges des étudiants de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar ressortissants de la Casamance. Mais il y a quelques mois, l’association avait été impliquée dans des évènements violents à l’université de Dakar.
En conférence de presse hier en prélude à leurs journées culturelles prévues les 8, 9 et 10 juillet, les membres de Kekendo ont exprimé des regrets quant à ces événements qui ont occasionné la mort d’un membre de l’Association Kekendo (Ndlr Ismaïla Gaoussou Diémé décédé à la suite des affrontements survenus au mois d’avril entre le Ndef Leng et le Kekendo). Aly Diédhiou, le porte-parole de Kekendo, exige que justice soit rendue. «Nous avons jugé opportun d’interpeller les autorités étatiques de faire en sorte que justice soit faite tout en faisant preuve de diligence dans le traitement dudit dossier», a dit M. Diédhiou.
Pour lui, c’est au regard de tous ces événements «déplorables et regrettables», qu’ils ont jugé nécessaire de proposer ce thème : «Le cousinage à plaisanterie, vecteur traditionnel de résolution des tensions sociales dans l’espace universitaire» afin de réduire la tension qui règne à l’université. «Le choix de ce thème est motivé par un désir d’éradiquer la violence au sein de l’Université et de promouvoir les interactions entre les différentes cultures existantes au Sénégal ; notamment sérère, poular, diola, manjaque, mandingue entre autres», a-t-il ajouté. «Aujourd’hui, l’association a beaucoup évolué par rapport à son objectif initial et à sa trajectoire faite de complémentarités et construite sur des affinités et de la solidarité», a expliqué hier Aly Diédhiou.
Selon lui, ces 72 heures que l’association célèbre annuellement depuis sa création, s’inscrivent dans une perspective de valorisation des valeurs culturelles de la Casamance dans toute sa splendeur, mais aussi de promouvoir la paix, le développement et la cohésion sociale.
«Les propos de Cheikh Oumar Hann sont amers à entendre»
Se prononçant sur l’actualité avec les sanctions infligées à certains étudiants, parmi lesquels des membres du Kekendo, Aly Diédhiou informe que Kekendo demeure apolitique même s’il peut jouer un rôle fondamental de médiation dans ce fait. «Si les autorités nous appellent à faire une médiation entre ces étudiants et l’administration, nous sommes partants. Parce que, nous sommes expérimentés, nous sommes des étudiants et il y a certaines choses que nos camarades ne maîtrisent pas. Même s’il y a encore des instances beaucoup plus habilitées à gérer cette crise.» Répondant à Cheikh Oumar Hann, qui a déclaré que les sanctions sont méritées et que ce sera ainsi dorénavant, il considère que ces propos sont amers à entendre parce que ces étudiants sont l’avenir. «L’étudiant représente un avenir. Donc il faut revoir comment le sanctionner. Nous étudiants aussi, nous avons longtemps fait une introspection de notre comportement. Maintenant, il est temps de revoir notre manière de revendiquer. Une révision collective des étudiants, de l’administration pour aider l’Ucad à être une université d’excellence», a-t-il conseillé.
CE QUI FAIT LA DIFFERENCE...
Palabres avec… Ame Ndao, le nouveau maitre du Tassu
Sur la sellette depuis un bon moment, Amadouam Ndao dit Ame Bongo est le nouveau phénomène du Tassu. Cet art de parler rapidement sur une musique que d’aucuns considèrent comme l’ancêtre du rap. Très sollicité par Wally Seck et beaucoup d’artistes pour des duos, ce natif de Sibassor, à quelques encablures de Kaolack, a réussi à gagner le cœur des mélomanes par son feeling et son art qui semble être unique.
Pouvez-vous nous parler de vos débuts et de votre choix porté sur le Tassu ?
Je suis artiste depuis ma tendre enfance. Je ne connais que la musique dans ces différentes composantes. Je suis dans l’impossibilité de vous dire exactement quand j’ai démarré. J’ai commencé par la danse en fréquentant le Ballet Diam Bougoum où j’ai côtoyé le grand tambour major Oumar Thiam. Ce qui m’a beaucoup servi. J’ai aussi été chanteur durant de nombreuses années avant de finir par embrasser le Tassu. Une façon de dire que je n’ai pas du tout brûlé les étapes. Je me suis d’abord imposé dans le Saloum. Avant d’aller à la conquête du reste du pays et du monde, il faut impérativement commencer par avoir le soutien et la confiance de son terroir.
Comment comptez-vous faire pour relever tous ces défis ?
Je sais qu’il n’est pas facile de réussir dans ce milieu. Cependant, je travaille toujours avec à l’esprit le fait de bien m’entourer. Je suis fin observateur de la société. Ce qui me permet d’aborder des thèmes porteurs. Je parle souvent de sujets qui intéressent la grande masse car étant au contact des populations. Je m’interdits de parler de futilités. Je suis un messager qui doit forcément jouer un rôle important dans l’éveil des consciences.
Prêt à déjouer les coups bas…
Je suis un jeune artiste avec beaucoup d’ambitions. Cependant, je reste conscient que le chemin est parsemé d’embûches. C’est donc fort de ce postulat que je travaille avec Papis Ndiaye. Même si je n’ai pas de manager attitré, je travaille étroitement avec le label du Studio Bleu. Mon grand Samba Diaité me conseille dans tout ce que je fais musicalement. Comme je n’ai pas fréquenté l’école française, je travaille souvent avec mon jeune frère. Dès que j’ai une idée de chanson, je lui en parle et il la note. Après l’avoir bien appris par cœur, je propose le thème à Papis qui se charge de la réalisation musicale. J’ai aussi beaucoup appris à côté de mon proche parent, Papa Ndiaye Thioppet, le fils du grand tambour major Iba Samb de Kaolack. Je suis prêt à apprendre et à tisser patiemment ma toile sans brûler les étapes. Grâce à Papis, je me suis beaucoup rapproché artistiquement de Wally.
Comment s‘est faite la jonction?
Wally est un artiste généreux qui aime ce que je fais. Dès la sortie de mon premier single, il a voulu me soutenir. Par l’entremise de Papis Ndiaye, il m’a invité à danser sur son clip « Daf May dal ». Et depuis lors, il ne cesse de m’inviter sur scène et sur des titres. C’est toujours avec un immense plaisir que je réponds à toutes ses invitations. Il est très sensible à mon travail et ne cesse de me soutenir.
Vous avez dit tantôt que Wally Seck vous soutient depuis vos débuts, comment appréciez-vous la situation qu’il vit actuellement avec cette énième polémique sur lui et le lobby LGBT ?
Je tiens à lui témoigner toute ma sympathie. Il est généreux, adorable et très sociable. Il ne doit pas fuir. Il lui appartient de faire face. Il doit savoir qu’étant le fils de feu Thione Seck, rien ne lui sera pardonné. C’est un Baye Fall et je suis convaincu qu’il fera face. Je ne comprends pas les Sénégalais qui n’aiment pas les bonnes personnes qui réussissent. Wally est vraiment fatigué. Il faut qu’il soit courageux. Il faut qu’il continue de prouver à la face du monde qu’il est un Baye Fall. Ces mauvaises paroles ne doivent pas le détourner de son chemin. Je me demande dans quel pays nous sommes ? Il faut qu’on le laisse vivre car il est juste victime de son succès qui est indéniable et qu’il a amplement mérité. Il aura toujours mon soutien car il m’a toujours encouragé et soutenu.
Parlez-nous de vos ambitions et de la manière dont vous comptez gérer votre carrière ?
Je veux révolutionner le milieu du Tassu. Je veux vraiment marquer une certaine rupture en innovant dans le bon sens. Qu’il soit écouté partout à travers le monde. C’est pour cela que je vous disais que j’accorde une grande importance à la qualité de la musique que je propose. Mon titre, « Partager Connexion », qui m’a fait connaître, est un morceau très ouvert qui peut être écouté partout en Afrique. J’ai librement choisi de ne pas trop mettre l’accent sur le Tama et le Sabar. Je veux ainsi prouver par ce procédé que notre Tassu peut bien être exporté. Je veux aussi me donner les moyens de mes ambitions. C’est pour cela que je compte sortir un album au mois de décembre prochain. Ce sera un maxi de cinq titres. Présentement, je suis sollicité par de nombreux artistes qui veulent faire des duos avec moi. Mais à part mon frère Wally Seck et ma sœur Mbathio, j’ai juste consenti à faire une petite séance sur un morceau de Demba Guissé. Je préfère me consacrer à l’essor de ma carrière.
Vous êtes également très sollicité pour des campagnes publicitaires et certains vous reprochent d’avoir choppé la grosse tête et de réclamer de gros cachets…
Honnêtement, je ne sais pas pourquoi les gens aiment me solliciter pour leurs campagnes de publicité. Je suis très mal placé pour parler de cet intérêt manifeste que je ne saurais occulter. En ce qui concerne la cherté de mes cachets, je préfère ne pas trop m’épancher sur le sujet. Il s’agit juste de mon salaire et personne ne parle de son salaire sur la place publique. Il faut poser la question à ceux qui font appel à mes services. Ils sont les mieux placés pour dire s’ils sont satisfaits ou non de la qualité de mes prestations. Toutes les personnes qui me voient évoluer sur scène savent que je ne triche pas et je me livre sans réserve et cela me suffit amplement comme réponse à ces personnes qui pensent que je joue à la star. Notre milieu est très difficile et sans le soutien du public, nous ne représentons rien du tout. C’est pour cette raison que je m’efforce toujours de bien me comporter pour ne pas les décevoir. Je sais d’où je viens, mais également là où je veux arriver…
Vous parlez toujours de Kaolack….
Je suis déterminé à remercier très chaleureusement le public de la ville de Kaolack. Pour ce faire, je compte user de mes talents d’artiste pour organiser un très grand événement culturel à Kaolack. Ce sera vraiment un moment de communion et de remerciements pour toutes ces personnes qui ont cru en moi dès le début.
UN PRECURSEUR DE LA DEMOCRATIE EN AFRIQUE ALORS QUE L’ESCLAVAGE ETAIT ENCORE EN COURS
Joseph Jenkins Roberts, premier président du Libéria indépendant
Joseph Jenkins Roberts est le premier président d’un pays africain indépendant. Il s’agit du Libéria où un grand nombre de Noirs américains avaient émigré entre la fin du 18ème et le début du 19ème siècles. Lorsqu’il embarquait pour l’Afrique en compagnie d’autres Américains, Joseph Jenkins Roberts ne savait pas qu’il occuperait la fonction la plus prestigieuse, celle de président de la République.
Inspirés par certains activistes comme Marcus Garvey, un grand nombre d’Américains noirs avaient décidé de faire un retour vers le continent de leurs ancêtres. Ils ignoraient pour la plupart de quel côté de l’Afrique provenaient leurs aïeux mais ils avaient jeté leur dévolu sur un territoire que les colonisateurs français, anglais et portugais n’avaient pas encore investi du côté du golfe de Guinée, à l’embouchure du fleuve alors dénommé le Mesurado.
Dès qu’ils mirent pied à terre, le premiers Américains se sont organisés pour reproduire ce qu’ils connaissaient, un Etat à l’image de ceux des Etats-Unis avec à la tête un président et des gouverneurs élus. Joseph Jenkins Roberts ne fait partie des tout premiers à arriver au Liberia mais il fut l’un des plus influents politiquement, ce qui l’a conduit à devenir le premier président de la République d’un pays africain indépendant. Joseph Jenkins Roberts était né le 15 mars 1809 à Norfolk, en Virginie. Il est né libre et n’a donc pas connu les affres du travail forcé qui étaient le lot de ses parents qui, eux, avaient connu l’esclavage. Son père était un planteur d’origine galloise et sa mère, Amelia, qualifiée de « mulâtre » très honnête, était l’esclave ou la concubine du planteur qui l’aurait libérée alors qu’elle était encore jeune, avant la naissance de Joseph. Amelia a donné à tous ses enfants, sauf un, le deuxième prénom de Jenkins, ce qui laisse à croire que c’était probablement le nom de famille de leur père biologique.
Après avoir été libérée, Amelia a déménagé et a épousé James Roberts, un Noir libre. Roberts donna son nom de famille aux enfants d’Amelia et les éleva comme les siens. Roberts possédait une entreprise de navigation de plaisance sur la rivière James. Au moment de sa mort, il avait acquis une richesse substantielle pour un homme libre à cette époque. Joseph Roberts et ses frères et sœurs, selon le planteur, seraient d’ascendance européenne. L’historien libérien Abayomi Karnga expliqua en 1926 que Roberts n’était pas vraiment noir et pouvait passer pour un homme blanc. Cependant, l’État de Virginie l’a classé comme une personne de couleur parce qu’il est né d’une mère d’ascendance africaine.
Alors qu’il n’était encore qu’un adolescent, Joseph a commencé à travailler dans l’entreprise de son beau-père qui décédera peu de temps après. Il continuera à travailler dans l’entreprise familiale en même temps qu’il s’exerçait comme apprenti auprès d’un célèbre coiffeur de la ville qui était considéré comme l’un des notables de la communauté noire puisqu’il avait acquis de l’instruction, ce qui était assez rare à cette époque. Grâce à ce coiffeur, Joseph Roberts Jenkins avait accès à une bibliothèque bien fournie, ce qui lui permit de mieux s’instruire.
En 1828, Roberts épousa une femme âgée de 18 ans, nommée Sarah. Ils ont eu un enfant qu’ils ont emmené avec eux lorsqu’ils ont émigré l’année suivante dans la nouvelle colonie du Liberia sous les auspices de l’American Colonization Society. Sarah et l’enfant sont décédés au cours de la première année de vie dans la colonie du fait que des épidémies de paludisme touchaient une bonne partie des colons noirs américains du Libéria. Quelque temps après la mort de sa femme, Roberts se remarie avec Jane Rose Waring en 1836 à Monrovia. Celle-ci était une fille de Colston Waring et Harriet Graves, d’autres Virginiens qui avaient émigré dans la colonie. Bien que Roberts ait été éduqué et qu’il soit un commerçant relativement prospère au moment de son émigration, avec sa famille, les restrictions imposées en Virginie aux Noirs libres ont joué un rôle important dans sa décision, car ils n’étaient pas en mesure de vivre en tant que citoyens à part entière. Ce qui leur interdisait largement d’être éduqués de manière significative, voter, porter les armes ou même se rassembler sans la supervision des autorités blanches. Sans compter les autres contraintes sociales, autant de choses qui auront une influence décisive sur la décision de Roberts de rejoindre les premiers colons américains au Libéria.
Les Roberts étaient fortement religieux et ils se sentaient appelés à évangéliser les peuples autochtones d’Afrique. Le 9 février 1829, ils s’embarquèrent pour le navire Harriet pour l’Afrique, avec la mère de Roberts et cinq de ses six frères et sœurs. Quelques années avant de partir pour le Liberia, Roberts a créé une entreprise avec son ami William Nelson Colson de Petersburg. Connu sous le nom de Roberts, Colson, & Company, le partenariat s’est poursuivi et même étendu après l’émigration de Roberts, exportant des produits de palme, du bois de camwood et de l’ivoire aux États-Unis et échangeant des produits américains dans un magasin de la société à Monrovia. Roberts a effectué plusieurs voyages aux États-Unis, notamment à New York, Philadelphie et Richmond en tant que représentant de la société. Puis, en 1835, Colson émigra à son tour au Libéria mais mourut peu de temps après son arrivée. S’étendant davantage dans le commerce côtier, la famille Roberts devint un membre prospère de l’establishment local.
En 1833, Joseph Roberts devint hautshérif de la colonie. L’une de ses responsabilités consistait à organiser des milices qui se rendraient dans l’intérieur du pays pour collecter les taxes des peuples autochtones et mettre fin à leurs raids contre les zones sous domination coloniale. En 1839, l’American Colonization Society nomma Roberts au poste de gouverneur, après la mort du gouverneur Thomas Buchanan. En 1846, Roberts demandera à la législature de proclamer l’indépendance de la colonie, désormais sous la domination des Noirs libres émigrés, mais aussi de maintenir sa coopération avec l’American Colonization Society. La législature a appelé à un référendum au cours duquel les électeurs ont choisi l’indépendance. Le 26 juillet 1847, un groupe de onze délégués déclara l’indépendance du Liberia. Dès l’élection qui s’en suivit, le 5 octobre 1847, Roberts a été élu président de la jeune République. Il a été réélu trois autres fois. Roberts a passé la première année de sa présidence à tenter d’obtenir la reconnaissance des États-Unis, où il s’est principalement opposé aux députés du Sud ainsi qu’à plusieurs nations européennes possédant des colonies voisines. En 1848, il se rendit en Europe pour rencontrer la reine Victoria et d’autres chefs d’État.
Le Royaume-Uni a été le premier pays à reconnaître le Liberia comme pays indépendant suivi de la France en 1852, à la demande de Napoléon III. En 1849, le Portugal, le Brésil, le Royaume de Sardaigne et l’Empire d’Autriche ont reconnu l’indépendance du nouvel Etat. La Norvège et la Suède l’ont fait en 1863 et le Danemark en 1869. L’Empire d’Haïti, première nation noire indépendante, a reconnu l’indépendance du Liberia en 1850. Les États-Unis ont refusé la reconnaissance jusqu’au 5 février 1862, sous la présidence d’Abraham Lincoln. Le gouvernement aurait émis des réserves sur le statut politique et social des diplomates noirs à Washington, peu après la reconnaissance de l’indépendance du Liberia, l’esclavage étant désormais aboli. Après sa première présidence, Roberts a été pendant quinze ans général de l’armée libérienne, ainsi que représentant diplomatique de la nation en France et au RoyaumeUni. En 1862, il a été un des fondateurs du Liberia College dont il a été le premier président jusqu’en 1876.
En 1871, le président Edward James Royce fut destitué par des membres du parti républicain au motif qu’il envisageait d’annuler les prochaines élections. Roberts, l’un des dirigeants du parti républicain, remporta l’élection présidentielle qui s’ensuivit et reprit donc ses fonctions en 1872. Il resta en fonction deux fois jusqu’en 1876. Roberts est décédé le 24 février 1876, moins de deux mois après la fin de son dernier mandat de président. Dans son testament, il a laissé 10 000 dollars et ses biens au système éducatif libérien.
Aujourd’hui, l’aéroport principal du Liberia, l’aéroport international Roberts, ainsi que la ville de Robertsport et la rue Roberts à Monrovia portent son nom. Son visage est représenté sur le billet de banque libérien de dix dollars, introduit en 2000, et le vieux billet de cinq dollars en circulation entre 1989 et 1999. Son anniversaire, le 15 mars, est un jour férié au Liberia.
LE VILLAGE D'ITATO, UN IMPORTANT MARCHÉ AUX ESCLAVES
Y étaient regroupés les esclaves venus de la sous-région pour ensuite être emmenés sur l’île de Gorée avant d’être vendus et de traverser l’Atlantique. Une histoire orale et collective qui a attiré l’attention d’archéologues américains et sénégalais
Au sud du Sénégal, non loin de la frontière avec la Guinée, le petit village d’Itato est réputé pour avoir abrité un important marché aux esclaves à l’époque de la traite négrière. Y étaient regroupés les esclaves venus de la sous-région pour ensuite être emmenés sur l’île de Gorée avant d’être vendus et de traverser l’Atlantique. Une histoire orale et collective qui a attiré l’attention d’archéologues américains et sénégalais qui ont fait des fouilles dans la région.
PREMIERE EDITION DES 72 H SLAM ET POESIE A KEDOUGOU
«L’oralité, un levier au service du développement», tel est le thème de la première édition du Festival des 72 heures de Poésie et de Slam à Kédougou. Il est initié par le cercle des amis du livre et de la lecture de Kédougou
«L’oralité, un levier au service du développement», tel est le thème de la première édition du Festival des 72 heures de Poésie et de Slam à Kédougou. Il est initié par le cercle des amis du livre et de la lecture de Kédougou
Les amis du livre et de la lecture ont organisé pour la première fois, le Festival de Poésie et de Slam de Kédougou. Ces 72 heures de poésie et de slam, c’est pour développer les capacités linguistiques et artistiques des jeunes de la région mais également promouvoir la lecture et le livre par le biais de l’oralité. Ce choix n’est pas fortuit pour une première dans une région aux nombreux défis.
«Les populations de Kédougou doivent s’approprier ce festival. C’est un rêve qui se concrétise, une manière de dire aux jeunes de Kédougou que c’est possible. Il suffit de croire en soi. La jeunesse c’est le temps de la création, c’est le temps de la conception mais également c’est le temps de l’action. On peut même le lier avec le tourisme pour booster le secteur», a expliqué Moussa Seydou Diallo, initiateur des 72 heures de poésie et de slam à Kédougou. C’est tout le sens et l’importance de cette thématique articulée autour de la parole pour bâtir un idéal commun pour le développement de la région de Kédougou.
«A travers ce festival, au-delà de développer le livre et la lecture par la force de l’oralité, nous voulons sensibiliser nos frères et nos sœurs sur les questions de l’émigration irrégulière mais également sur l’employabilité des jeunes. Alors c’est pourquoi je dis, comme disait Amadou Elimane Kane dans Parole du Baobab, ne gémis pas ne mendie pas ne trahis pas et j’ajouterai ne te plains pas ne te crains pas. N’attends rien de personne à chaque génération son temps. Battez-le battez-le fort. C’est seulement selon le rythme de son temps que nous parviendrons ensemble à utiliser cette énergie positive», a dit Moussa Seydou Diallo, Journaliste et écrivain.
Il poursuit. «Je dois vous dire de vous arracher à l’accoutumance, à l’oisiveté et à la passiveté. Je dois vous dire : vous devez refuser d’être des résignés réclamant. Je dois vous dire que la jeunesse est une énergie mouvante qu’il faut gérer et qu’il faut l’entretenir afin de pouvoir un jour l’investir. Je dois vous dire que la jeunesse est un temps, c’est le temps de l’action, de la création et celui de la conception. Alors vous n’avez pas de temps à perdre, il faut prendre de l’audace, le contrôle de soi dans le respect de l’autre. Je suis parce que tu es, nous sommes parce que vous êtes», a plaidé Moussa Seydou Diallo.
Les élèves ont été formés sur la poésie et le slam. Le gouverneur de la région de Kédougou, qui a présidé ces 72h de poésie et Slam, a adressé ses remerciements à l’ensemble des slameurs. «Quand vous étiez dans mon bureau pour me vendre ce projet, je ne croyais même pas à ce projet mais à un fils de Kédougou. Et pourquoi à un fils de Kédougou ? Parce que je dis que le challenge est avec vous et doit être avec vous. Le développement d’une Nation ou d’un pays repose sur les épaules des populations. Quelles que soient les stratégies que nous allons mettre en œuvre, le développement est d’abord culturel. Je vous ai dit l’autre jour que quel que soit le projet de société, dans le domaine de l’éducation, de la santé et culturel, si nous voulons transmettre des stratégies et des impulsions, il nous faut susciter l’intérêt. Comme disent les pédagogues et l’intérêt est suscité à travers ses slameurs», a dit Saër Ndao, gouverneur de la région de Kédougou. Le gouverneur de la région a décidé d’inscrire cet évènement dans l’agenda culturel. Ce festival a été clôturé par une compétition en poésie et slam. Au total 13 élèves ont été primés.