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2 décembre 2024
Culture
par Fadel Dia
EN AFRIQUE LE COVID NE TUE PAS QUE DES CORPS
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps – Les restrictions imposées à nos populations pour lutter contre la pandémie ne vont-elles pas, à la longue, provoquer la levée des derniers remparts qui protégeaient ce qui nous restait d’exception culturelle ?
#SilenceDuTemps - Les pythies du Nord avaient laissé entendre que « le virus chinois », comme l’avait baptisé le fantasque président Trump, ferait des ravages en Afrique. Il allait faire sur notre continent ce que Nicolas Sarkozy avait promis de faire dans la banlieue parisienne : il allait nous passer au karcher ! Jean Marie Le Pen a dû sauter de joie, à faire tomber son œil de verre, lui qui, il y a quelques années, avait placé tous ses espoirs sur « Mgr Ebola » pour « régler en trois mois » une de ses hantises : l’explosion démographique en Afrique qui, selon lui, alimente l’émigration vers l’Europe. Le fondateur du FN avait d’autant plus de motifs d’espérer que cette fois, ce serait la bonne que, contrairement à Ebola, le Covid-19 ne se cantonnerait pas au Golfe de Guinée et dans la cuvette congolaise et surtout, qu’il y avait au moins quatre bonnes raisons pour que le continent africain ne résiste pas à sa marée !
- La santé à géométrie variable -
La première raison est que sa prévention et son traitement allaient exiger des moyens qui n’étaient pas à la portée des chancelantes économies africaines : masques renouvelables, ventilateurs, respirateurs, concentrateurs et unités de production d’oxygène, équipements de protection des personnels de santé, tests, etc. Les budgets des pays du continent, qui pour la plupart ne font pas de la santé une priorité nationale, ne feront pas le poids face au coût exorbitant de ces outils et installations que, par ailleurs, ils ne produisent pas. Force est de reconnaître que ces appréhensions étaient justifiées, du moins si l’on se réfère à l’enquête menée à l’institut marseillais du célèbre professeur Raoult selon laquelle une visite de patient aurait été facturée 1 264 euros (plus de 800.000 CFA), soit 3 800 euros pour les trois rendez-vous nécessaires pour effectuer la consultation, le bilan sanguin et l’électrocardiogramme ! Et encore, on est en France où la sécurité sociale prend en charge 80 % des frais, ce qui n’est le cas dans aucun pays africain…
La deuxième raison pour laquelle, nous disait-on, le continent africain ne pourrait pas échapper au désastre, c’est que pour venir à bout d’un virus aussi inédit et sournois que le Covid-19, il faut de la discipline et un engagement citoyen, deux qualités que l’on ne reconnaît guère aux Africains. Sans compter, ajoutait-on, qu’ils sont encore, pour la plupart, sous l’emprise de l’ignorance et des pouvoirs occultes, et donc hostiles au progrès ! L’accusation était fondée puisqu’on a entendu un « communicateur social » sénégalais affirmer publiquement que la réputation de sainteté de nos guides religieux suffisait, à elle seule, pour nous protéger de la propagation du virus !
La troisième raison invoquée par les experts est que les économies africaines sont primaires, les entreprises africaines sont majoritairement informelles, elles ne sont donc pas adaptées au travail en ligne, qui est l’une des solutions retenues pour faire barrière à l’épidémie. Et d’ailleurs avec quel argent les États et les chefs d’entreprises africains payeraient-ils l’équipement nécessaire à cette délocalisation et le manque à gagner consécutif au confinement ou aux arrêts de travail ?
Enfin, et c’est une quatrième raison, les Africains n’ont aucune chance dans la course aux vaccins puisqu’ ils n’ont ni laboratoires performants ni chercheurs motivés financièrement. Comme dans ce domaine, et dans bien d’autres, le dernier mot revient toujours aux payeurs, ils ne seront servis qu’en dernier lieu, peut-être trop tard, avec les restes laissés par les pays nantis, à condition que ceux-ci mettent fin à leurs propres querelles et aux coups fourrés qu’ils s’échangent. Ici encore le constat est amer puisque, plus d’un an après le déclenchement de la pandémie, le taux de vaccination, qui est de 67% en Israël et dépasse 50% au Royaume-Uni, était à moins de 3% dans tous les pays africains (à l’exception du Maroc) et que certains d’entre eux n’ont même pas encore commencé de véritable campagne de vaccination ! Mais un petit espoir nous viendrait-il de France ? En effet, tout comme le président Sall avait menacé de rétrocéder à la Gambie les vaccins offerts au peuple sénégalais, le président Macron aurait annoncé que la France allait distribuer aux pays africains une partie de ses vaccins … AstraZeneca, ceux dont ses compatriotes ne veulent plus et qui sont déjà proscrits chez certains de leurs voisins. La générosité a tout de même des limites !
Nous ne sommes pas donc au bout du long tunnel du Covid, mais, le malheur étant un grand maître, la pandémie nous a au moins appris que si nous vivons dans le même village planétaire interconnecté, nous vivons aussi dans un monde où l’état sanitaire reste plus que jamais à géométrie variable…
- Nous relèverons-nous culturellement du Covid ? -
Pourtant, tout ne s’est pas déroulé conformément au scénario qui nous avait été annoncé. Que s’est-il donc passé ? Est-ce, pour une fois, notre dynamisme démographique qui nous a sauvés du désastre ? Est-ce nous qui, grâce à nos anticorps, avons su résister au virus ? Est-ce lui qui, considérant qu’à « vaincre sans péril on triomphe sans gloire », a préféré s’attaquer prioritairement aux plus forts ? En tout cas les chiffres sont là et ils sont édifiants. L’Afrique (1,2 milliard d’habitants soit presque le cinquième de la population mondiale) ne compte encore qu’environ 3% des malades et 3% des décès dus au Covid dans le monde, et encore un tiers des cas répertoriés sur le continent vient d’un seul et même pays. Le virus a fait cinq fois plus de morts sur le territoire des États-Unis que sur l’ensemble de l’Afrique, pourtant quatre fois plus peuplée ! On nous objectera que nos chiffres manquent de fiabilité, ce qui est souvent vrai. Mais si la maladie avait pris des proportions comparables à celles qui ont été observées en Inde ou au Brésil, qui ne sont pas non plus des modèles en matière de statistiques médicales, cela se saurait et se verrait par les médias.
Mais ce seul constat statistique ne nous autorise pas à pavoiser et nous savons que nous ne sortirons pas indemnes de cette pandémie. Car si dans les démocraties du Nord les mesures prises pour limiter sa propagation ont alimenté un vif débat sur la restriction des libertés individuelles qu’elles impliquent, provisoire, mais insupportable déjà pour certains, chez nous il y a une autre source d’inquiétude. Les contraintes et restrictions imposées à nos populations pour lutter contre la pandémie ne vont-elles pas, à la longue, créer de nouvelles habitudes, provoquer la levée, sans doute définitive, des derniers remparts qui protégeaient ce qui nous restait d’exception culturelle ? La pandémie a certes tué, relativement, peu de personnes en Afrique, mais elle est en train de ruiner les fondements mêmes de notre mode de vie séculaire. Les seules armes qui étaient à notre disposition pour la combattre étaient des armes uniquement préventives qui nous imposent des usages qui blessent notre commun vouloir de vie commune, tout particulièrement dans nos vieilles sociétés soudano-sahéliennes.
Il y a d’abord ce masque qui est la barrière privilégiée dans la lutte contre la contagion, ce morceau d’étoffe qui cache ce que nous montrons avec le plus de plaisir, notre sourire, et qui ne s’accorde ni à nos costumes ni à notre climat. Ce n’est pas que nos sociétés aient ignoré son usage, mais dans nos traditions ancestrales, un masque ne se portait jamais seul, il va avec sa tenue. Et puis, qu’il soit en bois, en tissu ou en cuir, il n’est pas seulement un objet fait pour l’œil et que l’on adapte à son goût, c’est un instrument idéologique, une œuvre vivante ! Le masque anti-Covid ne parle pas à notre culture, et il n’est donc pas étonnant que son port soit ignoré, voire raillé, dans nos campagnes ou à l’intérieur de nos foyers, et que dans les villes on le porte comme un bavoir.
Mais le plus grave est ailleurs et au-delà de cet artifice, c’est toute notre conception de l’art de vivre qui est mise à mal par la lutte contre le Covid.
Jusqu’à ce que l’explosion urbaine ne nous contraigne à des économies d’espace, nous avions préféré vivre dans de vastes concessions où se côtoient plusieurs générations et plusieurs ménages. C’est encore le cas dans le pays profond où vivre à six est un sort fort peu enviable…
La seule existence d’un « établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes » (Ehpad) nous révolte et nous scandalise car, pour nous, la famille c’est le contrat d’assurance pour une vieillesse sereine. De toute façon la place des vieux n’est pas à côté de ceux qui achèvent leur existence, mais auprès de ceux qui sont appelés à affronter les périls de la vie.
Nous aimons les agapes, les repas en commun où chacun glisse son bras pour accéder au plat, jeunes et vieux réunis, au point qu’un de nos proverbes dit que l’enfant aux mains propres c’est celui qui accepte d’être le commensal des anciens et qui peut ainsi nourrir sa tête en même temps qu’il nourrit son ventre.
Nous aimons nous serrer la main, geste nécessaire qui n’est pourtant que le préambule ou la consécration du long rituel de nos salutations. Nous aimons frotter nos mains contre celles des autres, effacer les barrières ou marquer la déférence, au point que celui qui ne se plie pas à cet exercice, dans la rue ou sur les lieux de travail, même face à des inconnus, passe aux yeux de tous pour un goujat qui manque d’éducation.
Nos cérémonies de baptême, de mariage, nos dévotions et nos funérailles ne peuvent se faire que dans la cohue, ce sont des occasions de retrouvailles presque toujours joyeuses et de partage. Une cérémonie « dans l’intimité » n’est-elle pas suspecte par nature ? L’affluence est en effet la jauge de la considération témoignée à ceux qui reçoivent ou de l’urbanité, voire de la sainteté, de celui qui quitte le monde des vivants.
Nous avons rarement besoin de la science d’un psychologue pour apprivoiser nos traumatismes, parce que, pour nous, l’homme est le remède de l’homme et qu’il n’y a pas de malheur individuel.
Comment pouvons-nous nous, de bonne grâce, nous plier aux règles qu’impose la lutte contre le Covid quand toutes ces marques, ces postures, nous sont interdites, rationnées ou suspendues ? « Confiné », quel mot affreux, quand chez nous, seules les veuves sont soumises au confinement ! Rester chez soi, ne pas en bouger, alors qu’on est tenu de rendre des visites aux aînés, ne recevoir personne, alors qu’on a la mission d’accueillir et d’instruire les plus jeunes ! Manquer à un devoir aussi élémentaire que celui d’aller partager les joies et les peines d’un parent ou d’un voisin ! Ne pas s’asseoir, ne pas manger côte à côte et s’isoler chacun dans son coin, comme si on était fâché l’un contre l’autre ! Rien n’est plus contraire à notre mode de vie que « la distanciation sociale », nous qui considérons que l’homme seul est forcément un homme malheureux et que celui qui s’isole est, qu’il le reconnaisse ou non, un schismatique ! !
Le Covid ne nous a pas exterminés physiquement, comme certains l’avaient prophétisé, mais il pourrait asséner à nos cultures un rude coup de poignard. C’est une menace d’incendie de ce qui faisait notre vraie force, notre sens de la cohésion familiale et de la solidarité communautaire. De ce qui expliquait que, malgré notre dénuement, nous suscitions quelquefois l’envie de sociétés qui ont acquis l’abondance, mais n’arrivent pas à cacher leur insatisfaction. Cette pandémie, dont on ne voit toujours pas le terme, risque de nous précipiter, inexorablement et définitivement, dans l’ère de l’individualisme et de l’indifférence vis-à-vis de nos prochains, et les questions que nous devrions désormais nous poser sont celles-ci :
« Nous relèverons-nous, culturellement, du Covid ? Est-ce que notre combat contre lui et les concessions que nous avons dû faire lors de son passage laisseront des traces ? Dans quel état d’esprit serons-nous, le jour, imprévisibles, où nous ne serons plus sous sa menace ? »
Fadel Dia est écrivain, auteur de plusieurs essais et romans. Historien et géographe de formation, il est un ancien professeur à l'École Normale Supérieure de Dakar et ancien Secrétaire général de la Conférence des ministres de l’Éducation des États et gouvernements de la Francophonie (Confemen).
WALABOK, LE QUOTIDIEN DE LA BANLIEUE
Après avoir signé un ouvrage sur le hip-hop, Fatou Kande Senghor propose une série de 30 épisodes de 26 mn qui aborde le thème de la jeunesse sénégalaise à travers le prisme de la culture hip-hop dans les quartiers populaires.
Après avoir signé un ouvrage sur le hip-hop, Fatou Kande Senghor propose une série de 30 épisodes de 26 mn qui aborde le thème de la jeunesse sénégalaise à travers le prisme de la culture hip-hop dans les quartiers populaires. Les trois premiers épisodes de cette série ont été présentés mercredi dernier au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose.
Mossane a bientôt 18 ans. Dans la banlieue où elle vit auprès d’une mère qui porte seule le poids de sa famille, la vie est une lutte constante. Surtout pour cette famille très modeste de 7 enfants dont le père, musicien, est parti à l’aventure, le grand frère en train de purger une peine de prison et la grande sœur qui travaille dans un bar. Passionnée de rap, Mossane veut à tout prix réaliser son rêve de s’imposer sur la scène. Pour cela, elle prend exemple sur la force et la détermination inculquées par sa mère, dont le combat quotidien pour faire vivre sa famille se déroule derrière l’étal qu’elle tient au marché.
Walabok, comment va la jeunesse est une série de 30 épisodes de 26 minutes portée par Fatou Kande Senghor. Ce mercredi 9 juin, qui coïncide avec le 14e anniversaire de la disparition de son mentor Sembène Ousmane, la réalisatrice a présenté les trois premiers épisodes de la série au Grand Théâtre. L’édifice qui a refusé du monde, a vibré au rythme du hip-hop. D’abord par la projection de films retraçant l’histoire du mouvement au Sénégal avec les pionniers comme les Pee froiss, Bmg 44, Rapadio, Pbs, etc.
Le public a également vécu les premiers moments du mouvement rap né dans les années 70 dans le quartier de South Bronx aux Usa. Que ça soit à Dakar ou à New York, le rap est le symbole de cette population défavorisée dont le combat pour la survie trouve son moteur dans ce mouvement. C’est ce que raconte la série Walabok qui aborde de façon très documentaire et réelle, la vie des populations de la banlieue dakaroise.
Dans cette partie de la capitale, les injustices sociales sont criantes. Les jeunes passent leur vie dans la rue, faute d’emplois. Au détour d’une ruelle, ils s’assemblent et pour passer le temps, alignent des rimes, se confrontent dans des battles amicales. Mais l’animosité monte quand la battle devient une compétition à l’échelle nationale et permet d’ouvrir des portes et de réaliser des rêves. C’est le combat dans lequel Mossane compte se lancer. Remporter le flow up et sortir son album. «Walabok est une histoire contemporaine qui mélange drame et humour subtil pour inviter à l’introspection. C’est une série qui aborde le thème de la jeunesse sénégalaise à travers le prisme de la culture hip-hop dans les quartiers populaires», rappelle la réalisatrice Fatou Kande Senghor qui a également travaillé avec deux talentueux réalisateurs, Pape Abdoulaye Seck et Zul Klifi Lawani. Par ses choix techniques, la réalisatrice propose une immersion dans le cœur de la banlieue et étale sans fard, les réalités de cette excroissance urbaine de la capitale.
Pour le directeur de la Cinématographie, Germain Coly, Walabok vient s’ajouter à une production déjà très satisfaisante pour le pays. «Au moment où se pose la problématique des contenus, la série sénégalaise continue d’occuper sa place, d’aller vers d’autres pays pour faire connaître la culture du pays», se réjouit M. Coly. Il exhorte ainsi les télévisions à participer à cet élan. «Le cinéma sénégalais connaît un dynamisme certain. Nous avons su faire des choses pour conquérir nos propres espaces et j’aimerais inviter nos télévisions à accompagner toute cette créativité. C’est comme ça que nous créerons un écosystème qui permettra de porter tous les arts», souligne-t-il
SIMON LANCE LE PROJET «SAVOIR-FAIRE LOCAL»
Comment pousser les Sénégalais à consommer les produits locaux ? C’est à cette question que le rappeur Simon tente de répondre.
Simon, le rappeur joint la parole à l’acte. Depuis 2 ans, il ne porte que des vêtements confectionnés localement. A cet effet, il va lancer le projet «Savoir-faire local». La campagne «Solo fi» doit être la première grande activité de la 1ère phase et sera lancée à Saint-Louis. L’objectif étant de faire profiter aux artisans locaux des «40 milliards Cfa que le Sénégal commande en babouches chaque année». Il espère utiliser l’image de Macky Sall pour démarrer avant la tabaski.
Comment pousser les Sénégalais à consommer les produits locaux ? C’est à cette question que le rappeur Simon tente de répondre. Le patron du label 99 Records va lancer prochainement à Saint-Louis, le projet Savoir-faire local. Il est composé de 3 phases que sont l’habillement, l’immobilier et l’alimentaire. Pour la première phase, le rappeur a réalisé un clip vidéo. La séance de projection a eu lieu mercredi passé au village des arts de Soumbédioune. «On cite tout le temps les Cheikh Anta Diop, Mamadou Dia et Mandela et souvent en disant produisons ce que nous consommons. Au même moment nous portons des marques étrangères. C’est un fait qu’il faut corriger. C’est pourquoi je m’habille depuis 2 ans localement. Tout ce que je porte est fabriqué au Sénégal par des artisans», a expliqué Simon. Qui espère que le président de la République va donner l’exemple. En effet, pour la campagne Solo fi (s’habiller localement), le rappeur va saisir toutes les autorités étatiques pour qu’elles prêtent leur image à la cause. «On va lancer à Saint-Louis Solo fi. La campagne va être axée sur les babouches.
Le Sénégal commande 4,5 millions de babouches chaque année. Cela fait 40 milliards Cfa. Arrêtons cet égoïsme. Cet argent pourrait revenir au Sénégal si nous nous tournons par exemple vers les artisans de Ngaye. Le mouvement Solo fi doit être l’affaire de tous. Je vais commencer par les ministres et les députés. On veut que le président de la République montre l’exemple en portant une paire de babouches fabriquée ici pour la tabaski», a souhaité le rappeur. Revenant sur la pertinence de cette démarche, Simon a révélé que l’idée lui est venue quand il a reçu des sollicitations pour les mettre en contact avec les artisans. «Nos artisans peuvent faire des costumes très modernes, des chemises à l’occidental. Ils peuvent faire des tenues hip-hop et le plus important, ils sont champions dans les tenues traditionnelles. D’autres pays viennent commander au Sénégal pour les tenues africaines. Je me bats sur le plan politique depuis 99. On a commencé avec Diouf. Mais le combat direct reste le consommer local.
En postant mes tenues made in Sénégal, j’ai reçu des appels venant de partout dans le monde pour commander. Je vois l’impact direct sur les artisans. Si chaque Sénégalais, ne serait-ce que 3 fois par semaine, porte un habit conçu par un artisan de sa commune, l’économie allait décoller. C’est pourquoi j’ai lancé ce projet», a-t-il détaillé.
Conscient que pour réussir, il devra charmer le consommateur qui a une nette préférence pour les produits de l’extérieur, le rappeur va mettre en place un site internet et une application mobile. Même une série télévisée est prévue pour jouer sur le subconscient du Sénégalais.
Après la campagne Solo fi, Simon va faire le tour des grandes institutions, des représentations étrangères, des entreprises pour les convaincre de changer leurs mobiliers de bureau en faveur des artisans locaux. Il va ensuite s’attaquer à ce qu’il y a dans nos assiettes. Le Covid-19 a rappelé la nécessité et l’urgence d’être autonome sur tous les plans.
AMINATA SOW FALL, UNE CARRIÈRE EN MAJUSCULE
À 80 hivernages, elle «écrit encore avec la main pour révéler l’humain». Celle qui, «enseignante, n’a jamais frappé un élève», fascine par la puissance de sa plume qui interpelle et la sagesse de sa personnalité qui apaise
El Hadji Gorgui Wade Ndoye |
Publication 12/06/2021
À 80 hivernages, elle «écrit encore avec la main pour révéler l’humain», nous dit-elle. Aminata Sow Fall, celle qui, «enseignante, n’a jamais frappé un élève», fascine par la puissance de sa plume qui interpelle et la sagesse de sa personnalité qui apaise. Une des premières écrivaines africaines d’expression française, son œuvre ouvre des voies pour l’avenir de la littérature.
Depuis «Le Revenant», son premier roman publié aux Nouvelles éditions africaines (Nea, 1976), qui dénonce le goût du lucre des Sénégalais, la corruption omniprésente ainsi que la trahison des valeurs familiales de solidarité et de compréhension, en passant par «La Grève des bàttu» (Nea, 1979), à son dernier ouvrage «L’empire des mensonges» (Le Serpent à Plumes, 2017) qui place l’humain au centre du monde, Aminata Sow Fall, bien qu’elle se défende de tout engagement politique partisan ou d’être une féministe, symbolise le courage de ces femmes qui, très tôt, ont pris la plume pour combattre les injustices de la société à une époque où l’écriture masculine prévalait. Pionnière, Sow Fall porte aussi l’avenir des belles lettres sénégalaises.
Un regard pointu, sans jugements sur sa société
Aminata Sow Fall est une grande romancière qui détient le double privilège de connaître en profondeur son milieu et sa culture d’origine, et de maîtriser l’outil linguistique qu’elle manie si admirablement. «L’écrivaine possède, en effet, ce pouvoir gratifiant de domestiquer la langue française en l’occurrence, à la plier à ses propres exigences. Elle mobilise avec à propos des techniques variées, dans le cadre de stratégies narratives originales», soutient le Professeur Birahim Thioune, auteur d’«Aminata Sow Fall. Romancière. L’écriture en abyme» (L’Harmattan, 2021). Analysant la plume de Sow Fall, il révèle : «Son modèle narratif de base est un art du contrepoint», dont il faut ajouter deux de ses techniques narratives favorites, «la structure de la mise en abyme et le collage littéraire qui ont connu au 20ème siècle des usages variés». Ces éléments du dispositif de création sont mis en œuvre, chez elle, pour aborder les problèmes de l’éducation et de la formation, de la condition des femmes et plus fondamentalement ceux du patrimoine. En effet, Aminata Sow Fall observe dans tous ses romans la détérioration progressive de la société sénégalaise avec l’œil le plus objectif possible. «Sans poser de jugement de valeur, elle laisse les personnages se révéler dans leur laideur ou dans leur beauté et le lecteur de faire son travail de lecture critique. Il y a une certaine jubilation à lire Aminata Sow Fall, car le lecteur participe à la construction de son œuvre», fait remarquer Fatimata Bâ Diallo, écrivaine et professeure de français qui revendique la grande influence d’Aminata Sow Fall sur sa carrière.
À la suite du «Revenant» et de «La Grève des bàttu», en 1979, paraissait «Une si longue lettre», de Mariama Bâ, donnant un coup d’accélérateur (certains diront naissance) à la littérature féminine sénégalaise plusieurs décennies après «Force Bonté» de Bakary Diallo publié en 1918. La toute-puissance de l’autorité des hommes vacille. «C’est ainsi que la polygamie, la place de la femme dans la société, la lutte des classes, l’émancipation, entre autres thèmes, étaient au cœur de leurs préoccupations», rappelle Dr Mamadou Dramé, écrivain et enseignant à l’Ucad. S’ensuivirent, dans les années 1980, les ouvrages de femmes telles que Amina Sow Mbaye, Nafissatou Diallo, etc. «À bien des égards, Aminata Sow Fall représente la calebasse, objet magique par excellence, symbole de fécondité, de spiritualité, de générosité. Car, elle est tout cela à la fois. Comme la calebasse, elle a l’air fragile, pourtant elle sait avoir la résistance du bois et durer. Comme la calebasse, elle possède une place unique dans nos imaginaires qu’elle a contribué à forger», déclare Fatimata Diallo. Sow Fall a écrit une dizaine de livres, des pièces de théâtre et des poèmes.
Cheikh Ahmadou Bamba Sène, enseignant au Cem de Thilogne, s’exclame : «L’empire du mensonge» est une interrogation sur l’avenir du monde qui perd de son humanité. Un monde dans lequel l’homme est ballotté entre les mondanités au point que le mensonge lui sert d’arme. C’est un appel à plus d’humanité, de justice, de solidarité, à un monde où l’humain est au centre». «Ce roman est la clef de voûte, mais sans doute pas le sceau, de chefs-d’œuvre dénonçant sans concession les sirènes du mensonge et les pièges où enferment toutes les formes de la cupidité et de la bassesse humaines», écrit Moustapha Tambadou, grand homme de Culture.
Un patrimoine, avenir de la littérature ?
Le 27 avril dernier, anniversaire d’Aminata Sow Fall, l’École doctorale Arts cultures et civilisations (Arciv) de l’Université Cheikh Anta Diop a planché sur : «Littérature et Patrimoine de l’exemple d’Aminata Sow Fall romancière». L’œuvre de Sow Fall part du local et reflète la totalité du patrimoine de son pays : foncier, intellectuel, moral, esthétique ou artistique, forestier, etc., justifient les universitaires. Elle promeut une sorte de connivence entre l’humain et le naturel, nécessaire, pour un développement intégral. En effet, la culture occupe dans les univers d’Aminata Sow Fall une place de choix. «Le Revenant» pose le problème fondamental de l’éducation esthétique qui englobe les habitudes vestimentaires et les soins de toilette, ainsi que les aspects folkloriques. «L’Appel des Arènes» (1982) révèle une dimension importante de l’éducation, largement négligée d’ailleurs par l’école formelle qu’on peut identifier au rôle essentiel des domaines du sport et de la musique, dans la formation de l’individu rapportée à la sensibilité aux valeurs du milieu, et la nécessité de s’ouvrir au monde extérieur.
La romancière est viscéralement attachée au legs culturel et aux ressources du terroir. L’expérience du quartier des Filaos, à la lisière de la forêt, en retrait de la zone urbaine, et qui s’épanouit au milieu de la végétation (L’Empire du mensonge), et auparavant celle d’Asta Diop au domaine de Natangué, à Bahna, en plein Ferlo (Douceur du Bercail, 1998), illustrent bien l’idée de la possibilité d’un développement endogène. «S’il fallait classer obligatoirement Aminata Sow Fall dans une veine ou un courant littéraire, le mieux serait de l’identifier comme une romancière du patrimoine», tranche l’Arciv. Son œuvre s’oriente dans cette direction et prolonge une sensibilité déjà ancienne dans le roman sénégalais, représenté précisément par les classiques que sont Ousmane Socé et Abdoulaye Sadji, selon M. Thioune. «Sow Fall rejoint les préoccupations du mouvement de la Négritude, même si elle semble récuser toute idée d’adoption et de revendication de son corpus théorique. Car ses univers romanesques expriment bien la fusion émotionnelle avec la nature, ce désir d’osmose très présent chez Senghor».
Au-delà du patrimoine comme enjeu d’un développement endogène, l’enseignant souligne : «Au plan narratif, Aminata Sow Fall ouvre les portes d’un avenir mieux assuré, dans l’optique de la création de dispositifs littéraires, à la littérature romanesque des écrivains sénégalais et africains. En intégrant à son champ d’intérêt esthétique les acquis du patrimoine, elle montre, en effet, la voie d’un renouvellement de l’activité créatrice dans ce domaine».
YOFF CELEBRE SON GENIE PROTECTEUR
Du 14 au 20 juin 2021, Yoff organise le «Tourou Mame Ndiaré», séance d’incantation, de sacrifices mystiques et mythiques, qui font rythmer le quotidien de cette commune.
Dans l’histoire des Lébous, il est dit que c’est Mame Ndiaré qui avait aidé cette communauté à vaincre l’ennemi pour s’installer définitivement à Dakar.
Du 14 au 20 juin 2021, Yoff organise le «Tourou Mame Ndiaré», séance d’incantation, de sacrifices mystiques et mythiques, qui font rythmer le quotidien de cette commune. Pendant 8 jours, Yoff sera la capitale des Lébous de la région de Dakar. «En 1748, quand les Lébous ont battu Jamboor, c’est Mame Ndiaré qui les avait aidés à sortir vainqueur de cette bataille. Les Lébous organisent ces journées chaque année pour remercier Mame Ndiaré», explique Saltigué Mamadou Mbengue.
Pour Omar Mbengue, viceprésident du Haut conseil des notables du village de Yoff, le «Tourou Mame Ndiaré» est un moment fort de la symbolique coutumière religieuse de la collectivité léboue du village traditionnel de Yoff. «Il matérialise le pacte avec le monde ésotérique noué par nos ancêtres que nous faisons fort de pérenniser à travers une cérémonie dont les manifestations festives actuelles n’enlèvent en rien la solennité, la profondeur et l’espoir que les prières formulées suscitent pour tout le village», explique M. Mbengue, également Saltigué.
Le ndeup, séance d’exorcisation du mal, sera assuré cette année par la prêtresse Adja Bineta Ndir, gardienne de ce culte ancestral
LE FESTIVAL DE JAZZ DE SAINT-LOUIS EN HOMMAGE À GOLBERT DIAGNE
La 29e édition du Festival international de Jazz de Saint-Louis, prévue du 18 au 20 juin prochain, sera dédiée à la mémoire du journaliste et comédien décédé le 3 avril 2020
La 29e édition du Festival international de Jazz de Saint-Louis, prévue du 18 au 20 juin prochain, sera dédiée à la mémoire du journaliste et comédien Alioune Badara Diagne "Golbert", décédé le 3 avril 2020, a appris l’APS des organisateurs, lundi.
Selon Fara Tall, vice-président de l’Association Saint-Louis Jazz, organisatrice de l’évènement, Alioune Badara Diagne avait fait du festival son cheval de bataille et assurait à chaque édition le rôle de maître de cérémonie lors des séances d’ouverture et de clôture.
"Alioune Badara Diagne Golbert est une icône de Saint-Louis, mais c’est surtout quelqu’un qui a participé à l’émergence de ce festival, un homme d’une dimension culturelle incommensurable pour Saint-Louis", a-t-il déclaré dans un entretien avec l’APS.
"Il savait ce que le festival représentait comme patrimoine pour Saint-Louis et pour le Sénégal. Il l’a soutenu, il a porté le festival et l’a accompagné, il a été la cheville ouvrière du festival", a dit Fara Tall.
Il a témoigné qu’il était arrivé à Alioune Badara Diagne ’’Golbert’’ de faire des plaidoyers en faveur de l’évènement, à des moments où le festival "était confronté à beaucoup de difficultés".
Le Festival de Jazz de Saint-Louis a par conséquent décidé de dédier cette "édition spéciale" à la mémoire de ’’Golbert’’ Diagne qui selon lui "n’hésitait pas à utiliser ses propres moyens" pour la promotion de l’évènement dont l’édition 2020 n’a pu se tenir en raison de la pandémie de la maladie à coronavirus.
"Malgré les conséquences liées à la pandémie dans le monde, nous comptons tenir l’édition 2021 à Saint-Louis du Sénégal", avaient indiqué les organisateurs en mai dernier.
Le Festival international de Jazz de Saint-Louis "ne peut pas rester deux années consécutives sans être organisé", a soutenu M. Tall, précisant que l’affiche de cette "édition spéciale" de trois jours a été d’ores et déjà dévoilée avec au programme des artistes locaux pour la majorité.
Il s’agit des artistes Awa Ly, en ouverture le 18 juin, de Baba Maal, le lendemain, et du groupe "Missal" de la Patte-d’Oie de Dakar, récemment reconstitué et qui se produira en clôture.
Le chanteur malien Vieux Farka Touré sera aussi de la partie avec un trio de musiciens, le 19 juin, avant la montée sur scène de Baaba Maal.
"Il n’y a pas une seule tête d’affiche, mais plusieurs. Baaba Maal est une tête d’affiche, le groupe +Missal+ qui s’est reconstitué n’a pas encore joué nulle part, il y a Awa Ly qui était là en 2018 et qui marque son retour, de même que Vieux Fara Touré", a souligné le vice-président de l’Association Saint-Louis Jazz.
Habituellement organisé à la place Faidherbe de Saint-Louis aujourd’hui en chantier, l’évènement va se dérouler cette année à l’Institut Français.
Les organisateurs feront face à la presse samedi prochain pour plus de détails sur cette édition, selon Fara Tall.
«LA DANSE NOUS APPORTE UNE SOLUTION CREATIVE»
Danseuse et chorégraphe professionnelle, Gacirah Diagne est la présidente de l’Association «Kaay fecc». Très déterminée et engagée pour la promotion de la danse, elle fait dans cet entretien le bilan de 5 jours d’activités en ligne
La 11e édition du festival de danse «Kaay fecc» s’est achevée hier à Dakar. Pour cette année, le festival a innové à travers une édition digitale. Danseuse et chorégraphe professionnelle, Gacirah Diagne est la présidente de l’Association «Kaay fecc». Très déterminée et engagée pour la promotion de la danse, elle fait dans cet entretien le bilan de 5 jours d’activités en ligne
Cette année, Kaay fecc s’est tenu sur un format numérique. Pourquoi ce choix et comment s’est déroulé le festival jusque-là ?
C’était un défi et nous l’avons relevé. Nous l’avons fait en ligne, mais il y avait tout de même une soirée en présentiel. On a voulu justement contourner certaines contraintes, notamment sanitaires et budgétaires. Nous avons donc décidé de faire cette 11e édition via le numérique, c’est-à-dire exposer les créations des compagnies par le biais de la télévision et du réseau social Facebook. On a eu un projet Made in ici (Sénégal-Mauritanie-France) avec la Scène nationale de l’Essonne et la structure Assalamalekoum à Nouakchott. Ils ont joué ici le 2 juin en présentiel. Et c’était un projet qui était sur 2 continents et 3 pays. Le projet devait s’achever en 2020, mais du fait de la pandémie, nous avons été obligés de faire des réaménagements. Aujourd’hui, nous l’avons fait à l’aide du digital, car à un moment donné, seul les danseurs sénégalais et africains étaient à Dakar tandis que les autres étaient empêchés par le confinement. Mais ils ont quand même réussi à travailler à travers un écran. Voilà donc les aspects positifs du digital. Il y a toujours des solutions, et c’est pour dire que voilà tout est possible. Ce format digital est temporaire et c’était aussi une façon de nous adapter à la situation. A 24 heures de la fin, le festival se déroule bien. Au programme, nous avons eu des formations en danse : danse urbaine avec Aïda Camara à la Maison des cultures urbaines (Mcu) et danse contemporaine avec Aminata Sarr, au Centre culturel Blaise Senghor
Comment avez-vous organisé ce festival de façon pratique ?
Pour Facebook, nous avons collaboré avec le partenaire Musik bi, qui est une plateforme digitale et qui offre des activités artistiques. Ce qui est positif avec ce format digital, c’est que nous touchons un nouveau public. Et ce canal de communication nous a permis d’élargir notre cible et d’être suivi par le monde. Cela est une bonne chose, car à travers ce festival nous avons aussi voulu montrer que le Sénégal est une vitrine culturelle en Afrique. Lorsque nous l’organisons ici à Blaise Senghor, nous pouvons atteindre 500 ou 1 000 personnes. Il y a un temps, on avait au moins 1 000 personnes. C’est donc dire qu’à travers le digital, nous avons pu atteindre un grand public parce que nous pensons qu’il est important de montrer toutes ces créativitéslà qui existent et montrer aussi une autre image de l’Afrique, de montrer que nous sommes dans la même dynamique que les autres et que nous pouvons être à la hauteur. Malgré la situation sanitaire, nous sommes parvenus à réaliser quelque chose de grand. Et nous continuerons sur cette lancée.
Pouvez-vous nous parler des résultats de cette année ?
Nous avons eu la visite d’un grand nombre de personnes malgré les circonstances actuelles liées au Covid-19. Et puis, comment ne pas venir à Blaisse Senghor voir le spectacle ? Les gens n’arrivaient pas à comprendre, que non, ils n’allaient pas venir physiquement regarder quelque chose de leurs propres yeux. Nous avons agréablement surpris le public, car les uns et les autres se posaient des questions par rapport au bon déroulement de ce festival. Mais nous avons pu relever ce challenge en diffusant la création artistique et chorégraphique du Sénégal. Nous avons aussi montré ce qui se passe en Afrique et fait comprendre au public que la danse est un art vivant et vecteur de développement.
Comment se fait le changement de perception ?
Le changement de perception se fait lentement. D’abord, c’est en continuant de montrer des contenus de qualité, qu’ils soient issus du patrimoine ou des nouvelles formes de danse, que nous allons progresser en ce sens. Ensuite, en offrant des contenus auxquels le public s’identifie. Le statut de l’artiste, qui reconnaît le danseur-chorégraphe comme un travailleur exerçant une profession, va y contribuer également. Mais en même temps, nous avons démontré que la danse est un art vivant et qu’il faut de la chaleur humaine.
Quels sont les moments forts de ce festival ?
Les moments forts (rire). Bon, tout est fort bien sûr pour nous dans cette programmation parce que nous avons des jeunes, des chorégraphes émergents, des chorégraphes confirmés. Nous avons une diversité parce que nous présentons la danse traditionnelle, la danse hip-hop, la danse contemporaine et nous diffusons le patrimoine culturel. En effet, il s’agit de danses du terroir, notamment de Kolda, Ziguinchor, Thiès, Kaolack et Dakar. Nous avons aussi voulu montrer qu’il n’y a pas que Dakar, mais qu’il y a aussi des artistes de talent dans les 14 régions du Sénégal. Et c’est ce que nous avons essayé de montrer à chaque édition. C’est donc une diversité artistique, géographique qui a été proposée comme contenu.
Parlant de diversité de contenu, quel a été le thème de cette année ?
En général, on essaye soit de projeter un film, soit de faire une discussion autour d’un thème qui est lié à la danse. Donc là, on a deux activités un peu annexes qui sont la discussion dont le thème de cette année s’intitule «Patrimoine, innovation et normalité», c‘est-à-dire à partir du patrimoine, est-ce qu’on peut aller vers l’innovation ? Qu’est-ce qui devient normal ? Quel est le lien entre patrimoine, innovation et normalité ? Est-ce qu’on peut aller vers l’innovation ? Comment on crée une tradition ? Nous avons fait intervenir Moctar Ndiaye, président du Festival international des arts et savoir-faire traditionnels africains, un homme épris du patrimoine culturel africain. On a aussi fait intervenir une autre chorégraphe qui est du Congo, Prisca Ouya, et un autre danseur et chorégraphe, Jorge Puerta Armenta (Colombie). Nous avons eu cet échange sur l’application Zoom, et ça va passer à la télé et sur Facebook également.
Qui sont les participants à ce festival ?
Il y a les pays africains comme la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Rwanda, le Mozambique, la Mauritanie, le Congo et le Sénégal. Mais il y a eu aussi la France, la Colombie et l’Allemagne. Ce sont des pays que nous avons voulu inviter depuis des années. Il y a le Rwanda qui devait y participer en 2017, la Côte d’Ivoire en 2019. Toutefois, nous avons eu quelques soucis financiers et logistiques. Grâce au digital, nous avons transcendé ces barrières-là et travaillé avec ces compagnies pendant 5 jours.
La danse étant un art vivant, que pourrait-elle nous apporter dans ce monde de chaos ?
La danse nous apporte une solution créative. Elle nous permet de continuer à faire ce qu’on fait, mais de le montrer autrement. Sinon, on baisse les bras et les danseurs vont aller faire autre chose et tout s’arrête. Mais c’est impossible, l’art ne peut pas s’arrêter, sa continue et ça va continuer et on va s’adapter aux circonstances parce que les solutions, elles sont toujours là. La solution, elle est là. Elle est technologique. La danse est perçue autrement au regard de la société. Mais c’est toujours un combat et nous avons notre rôle à jouer.
PLONGÉE DANS UNE COMMUNAUTÉ SÉNÉGALAISE FACE À L'ISLAM RADICAL
En amont de la sortie de son premier long-métrage "Le Père de Nafi" le 9 juin au cinéma, le réalisateur Mamadou Dia revient au micro d'Arnaud Laporte sur les motivations qui l'ont conduit à faire ce film tourné dans sa ville natale, au Sénégal
Après avoir été longtemps journaliste photographe, Mamadou Dia signe son premier long-métrage, Le Père de Nafi, qui sort en salles de cinéma le mercredi 9 juin. Tourné dans la ville natale du réalisateur, Yonti, au sud du Sénégal, ce film suit deux frères qui s'affrontent alors que l'islam radical menace de violemment changer les moeurs locales et que leurs enfants s'apprêtent chacun à se marier, rêvant d'ailleurs.
PLUS DE 203 MILLIONS FCFA DISTRIBUÉS ENTRE 2019 ET 2020
La SODAV explique que ces "répartitions revêtent un caractère exceptionnel en ce sens qu’elles permettent à la SODAV d’être en avance sur les échéances de paiements des droits
La Société sénégalaise du droit d’auteur et droits voisins (SODAV) ex BSDA, démarre les opérations de répartitions portant sur les droits lyriques et numériques, les droits littéraires et dramatiques. Le lundi 7 juin 2021 à partir de 09 heures, ce sera pour les droits lyriques (Musique) et numériques et les droits littéraires et dramatiques ce sera le mardi 15 juin 2021 à partir de 09 heures.
Ces échéances de répartitions portent sur un montant global de deux-cent-trois- millions cent soixante-six mille deux-cent quarante-neuf francs (203 166 249 F CFA) et concernent le paiement des catégories de droits couvrant les périodes indiquées. La SODAV explique que ces "répartitions revêtent un caractère exceptionnel en ce sens qu’elles permettent à la SODAV d’être en avance sur les échéances de paiements des droits. Celles-ci sont normalement fixées à dix-huit (18) mois au plus tôt entre la période de perception ou de recouvrement du droit et sa redistribution aux ayants-droit".
Les droits lyriques s’élèvent à 121 252 613 F CFA compris entre l’année 2019 (avec 49 567 665 F CFA) et l’année 2020 (avec 71 684 984 F CFA). Les droits numériques lyriques et religieux sont d’un montant de 66 888 086 F CFA dont : les droits numériques Lyriques font 39 433 870 F CFA. Dans le semestre 1 de l’année 2020, c’est 21 658 453 F CFA. Le second semestre de la même année, c’est 17 775 417 F CFA.
Les droits Numériques Religieux sont dans le second semestre de l’année 2020, 27 454 216 F CFA. Un montant de 15 025 550 F CFA est versé pour les droits littéraires et dramatiques de l’année 2020.
La société sénégalaise du droit d’auteur souligne les conditions dans lesquelles elle a entamé le travail à la SODAV. "Ayant trouvé plusieurs années d’arriérés de répartitions quand elle prenait la succession du BSDA, la SODAV a su en moins de cinq années, relever encore le défi de la performance en se projetant à un niveau encore plus honorable".
34 ARTISTES REPONDENT A L’APPEL «AUTREMENT»
La 13e édition du festival «Gorée Regards sur cours», est ouverte vendredi au centre socioculturel, Boubacar Joseph Ndiaye, en présence des autorités municipales de l’île, des artistes, en partenaires de l’Institut Français au Sénégal
La 13e édition du festival «Gorée Regards sur cours», ouverte vendredi au centre socioculturel, Boubacar Joseph Ndiaye, en présence des autorités municipales de l’île, des artistes, en partenaires de l’Institut Français au Sénégal, s’est articulée autour du thème : «Gorée autrement.»
Cette édition de Gorée Regards sur cours est différente des précédentes. Cette année, les organisateurs ont opté pour moins d’artistes qu’- habituellement en raison de la situation sanitaire. «On a visé cette année les artistes du Sénégal et de la sous-région pour qu’il n’y ait pas de soucis au niveau des arrivées», a expliqué Marina Ricou, présidente de l’association Gorée regards sur cours qui compte désormais parmi les évènements artistiques majeurs du Sénégal. Tout en restant fidèle à sa tradition, Gorée Regards sur cours était placée cette année sous le thème : «Gorée autrement.» Développant les grandes lignes de cette manifestation culturelle initiée depuis 2003, Marina Ricou affirme que le thème de cette 13e édition est vu sur un autre angle, qui est celui du 19e siècle. «Cet évènement amène les artistes à Gorée pour voir l’Ile sous un autre angle qui est l’angle du 19e siècle avec des festivités et un regard un peu plus joyeux. Et cette année, le thème c’est Gorée autrement, parce que, suite au Covid-19, l’année dernière tout avait été arrêté. La Biennale avait été aussi annulée. Et, on s’est dit que si cette année, on ne faisait rien, ça va nous reporter en 2023. Alors, on a monté tout ça en moins de 3 mois, ce qui est un record parce que d’habitude, on met 2 ans.» Durant ces trois jours (les 28, 29 et 30 mai 2021), une atmosphère festive a régné sur l’île, avec des fanfares, des acrobates et des animations tandis que des centaines de visiteurs parcouraient les ruelles à la découverte des cours de maisons où sont exposées les œuvres des artistes sélectionnés. «Cette année, j’ai invité 34 artistes pour cette 13e édition. Des jeunes qui n’ont jamais exposé à Regards sur cours, fraîchement sortis de l’école des arts», a-t-elle indiqué.
Pour sa treizième édition, Gorée s’est enrichie avec des partenariats dont l’Institut Français. Au-delà des expositions qu’il a présentées, le programme comprenait aussi une soirée Jésus Was Black, soirée des étoiles et une invitation au voyage par la chorale Petit Keur de l’Eglise Saint-Charles. Parmi les têtes d’affiche de cet évènement de renommée internationale, Djibril Dramé, artiste visuel, photographe, graffeur, Henry Sagna et bien d’autres jeunes artistes : Fatou Mandoye Mbengue, Amy Celestina Ndione et Aïssatou Ciss. «Pour la première fois, l’Institut Français a décidé de faire 2 choses en parallèle. La première, c’était la restitution de l’atelier de céramique qu’on a menée avec les jeunes filles de la Maison d’éducation de Mariama Ba organisé par le Ban Workshop (Ban qui signifie argile en Wolof). Et ensuite, on a monté une exposition ici dans la salle du centre socioculturel, Boubacar Joseph Ndiaye, avec le photographe sénégalais Djibril Dramé», a souligné Olivia Marsaud, directrice de la Galerie Le Manège et responsable Arts visuels de l’Institut Français du Sénégal.
«Dans les pas d’un Jésus Noir»
Djibril Dramé a passé plusieurs années à Los Angeles. Voilà pourquoi la langue anglaise sonne souvent dans les titres de ses séries photographiques. C’est le cas avec «Jésus was Black». Les Rastafaris, en pleine Jamaïque coloniale, dessinent le visage de Dieu, le représentent noir «Négus Christ» et font allégeance à l’Empereur d’Ethiopie. Un acte d’émancipation et de création, qui se retrouve ici, dans ce travail photographique de Djibril Dramé, a fait savoir Olivier Marsaud. Et d’ajouter que «le titre, Jésus était noir, et non pas Jésus est noir, sousentend qu’il est devenu blanc. En absence de descriptions et de représentations précises, la figure d’un Jésus blanc est une construction culturelle et historique». «Je me suis dit, c’est vrai, il se peut que Jésus ait été noir. J’ai voulu montrer, à travers cette figure sacrée, comment l’homme noir a été mis à l’écart et oublié de l’histoire», explique Djibril Dramé. Poursuivant ses propos, il précise : «Mes modèles, je les ai choisis grâce à la lumière que j’ai vue en eux. Je suis quelqu’un de très spirituel. Tous les quatre photos sont noires mais viennent d’environnements très différents. Yashua Shalom est américain mais pour moi, il ressemble à un Sénégalais. Il est venu en vacances au Sénégal et n’est jamais reparti. Baye Ndiaga Diouf vient de la banlieue de Diameguène Sicap Mbao qui est l’endroit où moimême, j’ai grandi, et où je me suis forgé. Fallou est né à New York et il est venu s’installer à Dakar. Un retour aux sources pour lui. Et Ibrahima est un jeune photographe de Thiès qui est souvent mon assistant sur des projets commerciaux. Sa principale qualité est d’être un olympien», a détaillé M. Dramé. Pas question, pour ce dernier, d’être dans la provocation. «J’ai habillé ces différents corps noirs du même vêtement léger, celui d’un berger, d’un homme aux semelles de vent, qui respecte la nature et ses semblables. C’est un marchand d’humanité et de partage, mais surtout de paix. La recherche de cette paix est au centre d’une grande partie de mon travail», dit-il. Les photographies respirent la quiétude mais aussi la détermination dans les regards. Peu d’éléments extérieurs troublent la neutralité des paysages, sauf sur celui où un bidon plastique rappelle l’humanité à la réalité. «Sur cette image, j’ai choisi de positionner Ibrahima en Messie pour la protection de notre bien commun, le littoral.» Pour le reste des photos accrochées au mur, les hommes semblent flotter au cœur des éléments : l’air, la terre et bien sûr, l’eau.
«A Gorée, c’est l’union qui fait la force»
Parallèlement à ses travaux qui répondent, selon elle, au thème de cette année, Aïssatou Ciss, 28 ans, photographe, présente 4 photos qui se complètent. «La première photo parle un peu de cet avis qu’on peut avoir dans la vie, les questions qui se posent, l’identité, la liberté. Il y a Ramadan, qui est un portrait qui raconte un peu l’histoire d’un garçon qui vit une présence et une absence.» Après, on a L’identité mondiale qui parle un peu du Covid car, ici à Gorée, c’est une petite communauté. Donc le Covid était un peu le moment pour les gens de se réunir et se soutenir mutuellement. Enfin, on a Résistance, un thème sur le Covid qui s’inscrit sur la même série qu’identité mondiale, raconte-t-elle. Elle a décidé de mettre son art au service de sa communauté. «A Gorée, l’union fait la force. Donc j’ai voulu montrer ce côté», a-t-elle ajouté.
«Relation entre l’homme et la nature»
De l’autre côté, Fatou Mandoye Mbengue, issue de la promotion 1998 de l’Ecole nationale des beaux-arts de Dakar, est native de Bargny. Bouleversée par des moments difficiles de son existence, elle s’est lancée dans l’art. «Dès mon plus jeune âge, je me suis passionnée pour les dessins, les couleurs et la nature. Mon travail consiste à faire des séries de bain pour créer une relation entre l’homme et la nature. Alors, j’ai décidé de transformer ces tourbillons en œuvres d’art.»