La vingt-neuvième édition du festival international de jazz de Saint-Louis a été marquée par la prestation du leadvocal du« Daande Leñol », Baba Maal. Lors du deuxième jour, il a assuré devant un public métissé. Leader d’opinion,l’ancien pensionnaire du lycée charles De Gaulle a plaidé pour la tenue des « assises de la musique sénégalaise», voire africaine. Pour lui, c’est une façon de soutenir les jeunes artistes durement touchés par la pandémie de covid-19.
La situation des jeunes artistes ne laisse pas insensible le lead vocal du « Daande Leñol ». Baba Maal plaide pour leur cause. « Je le dis très fort : il faut que des gens comme moi qui travaillent dans l’industrie de la musique, de la culture, que nous puissions prendre notre temps, faire un arrêt, nous asseoir, faire des assises de la musique sénégalaise, voire africaine pour nous ouvrir aux plus jeunes et leur faire comprendre ce qu’est le showbiz», a déclaré Baba Maal qui a tenu en haleine le public pendant plusieurs dizaines de minutes, à travers un showacoustique offert sur la scène du festival de jazz de Saint-Louis. Il a revisité son riche répertoire.
Poursuivant, le roi du «Yéla» a ajouté : « Les jeunes sont certes très talentueux, veulent promouvoir leur musique et s’afficher, mais très souvent ils ne comprennent pas comment fonctionne l’industrie de la musique, qui est producteur, qui est éditeur, réalisateur, etc. Je pense que si on ne connaît pas l’industrie de la musique, on ne peut pas vendre son travail. C’est là où se trouve le problème ».
Selon lui, la tenue des assises se justifie maintenant. « Des jeunes talents, très promoteurs avant le Covid-19, sont durement frappés par les conséquences de cette crise sanitaire mondiale qui n’a épargné aucun pays. La pandémie nous a appris de nous adapter et à coup sûr, la façon de faire la musique a changé. Le digital a été une chance pour la musique africaine. Si nous l’utilisons, nous pouvons donner plus de chance à la musique africaine. Mais ce qui m’a touché durant cette pandémie, ce sont les jeunes artistes qui avaient commencé à briller, à travailler avec des gens qui s’intéressaient à eux et tout à coup, il faut qu’ils recommencent à zéro, c’est pénible », s’est-il désolé. Baba Maal travaille pour assurer la relève. D’ailleurs, il a été accompagné durant sa prestation par les jeunes instrumentistes, Moussa Sy de la Mauritanie à la guitare solo, Franky, un Saint-Louisien à la basse et Ndiaga Mbaye à la batterie.
L’artiste-compositeur de renommée internationale a fait voyager avec son groupe le public du Saint-Louis jazz tout au long du fleuve, du Fouta Djallon, en Guinée, en passant par le Mali, le Sénégal et la Mauritanie. « Ce fleuve n’est pas seulement de l’eau à boire, c’est un trait d’union entre les peuples. Ce fleuve est ce qui va nous permettre de nous développer, c’est un levier pour le développement avec l’agriculture, la pêche et l’élevage. C’est un format assez atypique initié un peu partout dans le monde. Je reviens à quelque chose de plus simple, plus dénudé, cela va très bien avec le festival de Saint-Louis qui a besoin d’être soutenu », a-t-il dit. Pour lui, il y a un manque criard de moyens. « Certes, le festival a souffert du manque de soutien mais ce n’est pas un festival qui doit mourir, il doit vivre et accueillir d’autres artistes de renom et de jeunes talents », a-t-il conclu.
CETTE ÉDITION DU FESTIVAL JAZZ DE SAINT-LOUIS A ÉTÉ ORGANISÉE PAR CINQ PERSONNES
Ça y est ! Quand on parlera de la 29ème édition du Festival international de Jazz de Saint-Louis on le fera au passé
Malick GAYE - Envoyé spécial à Saint-Louis |
Publication 21/06/2021
Il ne fallait pas rater l’évènement musical cette année sous peine de risquer la pérennisation du festival Saint-Louis Jazz. A cet effet, l’association organisatrice a mis les bouchées doubles. Elles ont été 5 personnes à organiser la 29ème édition. Qui a eu le mérite de contribuer à la réouverture de certains commerces.
Ça y est ! Quand on parlera de la 29ème édition du Festival international de Jazz de Saint-Louis on le fera au passé. L’édition s’est refermée hier avec la traditionnelle conférence de presse de clôture. Une occasion pour le président de l’Association Saint-Louis Jazz de faire le bilan provisoire et non chiffré. «L’histoire se répète très bien.
La 29ème édition a été organisée par 5 personnes, (notre interlocuteur), Fara Ndiaye, Benjaloum, Amadou Diop et Mame Birahim Seck, en un mois. Nous sommes allés vers la Bicis qui s’est étonnée qu’on puisse l’organiser avec des délais aussi courts. Les partenaires historique que sont le Luxembourg, les ministères de la Culture, des Transports et l’Agence sénégalaise de promotion touristique (Aspt) ont aussi contribué», a déclaré Me Ibrahima Diop. Qui a rappelé les motivations pour ne pas reporter une deuxième fois cette 29ème édition. «On s’est dit que si nous pouvons vivre avec le virus, nous pouvons organiser cette 29ème édition. Nous avons eu parfois du mal à loger des artistes tellement les hôtels étaient pleins» s’est-il réjoui. Un «coup de force pour rassembler ces artistes», qu’a salué le Directeur général de la Bicis, principal partenaire du festival.
Bernard Levie a assuré le soutien de la Bicis pour la prochaine édition. «Cet événement dépasse les frontières du Sénégal et Saint-Louis vit un peu grâce à ça. Nous allons continuer à vous accompagner», a-t-il déclaré. Benjaloum, pour prouver la réussite de cette 29ème édition, a expliqué que 800 places étaient prévues pour chaque concert In mais ce chiffre a été largement dépassé. En l’absence de chiffre sur le taux de remplissage des hôtels, le vice-président de l’Association Saint-Louis Jazz avoue qu’il est difficile de parler de réussite, néanmoins il a donné quelques indications. «Des restaurants et cabarets sont restés fermés plus d’une année. Mais lors de ces 3 jours, ils ont ouvert leurs portes. Il y avait du monde», a déclaré Fara Ndiaye.
Le directeur artistique du festival, pour sa part, s’est prononcé sur le choix des artistes qui a été dicté par la crise sanitaire. «Le Sénégal est resté très ferme sur les voyageurs. Il fallait choisir des artistes par rapport à leur provenance», a expliqué Mame Birahim Seck. Qui s’est dit «surpris par la réussite de l’événement». Voulant anticiper sur la 30ème édition du festival, Mame Birahim Seck a annoncé que celle-ci est programmée du 2 au 6 juin 2022. Pour autant, les organisateurs restent suspendus «à l’évolution de la pandémie» pour la tenue de la 30ème édition.
CHANS’ART PRONE UNE NOUVELLE VISION
Fervent mouride doublé d’un Baye Fall, Cheikh Amath Ndiaye dit Chans est un artiste autodidacte qui a une grande passion pour l’art plastique depuis des années et des aptitudes en dessin
Fervent mouride doublé d’un Baye Fall, Cheikh Amath Ndiaye dit Chans est un artiste autodidacte qui a une grande passion pour l’art plastique depuis des années et des aptitudes en dessin. Grace à son label Chans’ Art, il met son talent au service de l’humain. Hier, dimanche 20 juin, l’artiste a fait son baptême de feu à travers un vernissage à la Maison de la culture Douta Seck.
Cette exposition portant sur le thème : « Nouvelle vision de l’art plastique au Sénégal » est placée sous le haut patronage de Mamadou Ndione, directeur général du Conseil sénégalais des chargeurs (Cosec). « Etant enfant, j’aimais beaucoup faire des dessins. C’est par la suite que j’ai commencé à avoir le goût de la peinture. C’est ainsi que j’ai décidé de tendre vivants les dessins que je faisais en y ajoutant une touche de peinture pour réaliser des œuvres d’art », a-t-il confié. L
’artiste, à travers ses œuvres, prône une nouvelle vision de l’art plastique au Sénégal en rendant ses tableaux accessibles à toutes les couches de la société. Selon lui, les tableaux ne doivent plus rester dans les musées et autres endroits. «Avec la crise économique en Afrique, il est souvent difficile pour les gens d’acheter un tableau d’art à 100 mille francs à cause de la cherté de l’ouvrage. C’est pourquoi je pense que l’artiste doit rendre accessibles ses œuvres en les vendant à des prix abordables. C’est pour cette raison que j’ai décidé de vendre moins cher mes œuvres d’art. Je veux voir mes tableaux couvrir des murs délabrés », soutient-il.
Pour finir, Cheikh Amath Ndiaye invite les autorités à suivre l’exemple du directeur général du Cosec Mamadou Dionne en aidant davantage les artistes dans la production d’œuvres d’art.
UNE FÉMINISATION QUI TARDE
Quand une femme publie un livre, est-elle auteure ou autrice ? Ecrivain, écrivaine, femme de lettres ? Ou simplement romancière, essayiste ? La question révèle les difficultés de l'indispensable féminisation de la littérature française
Femmes de lettres, 101 auteures essentielles", proclame le magazine Lire à la une d'un hors-série paru vendredi.
Mais dans ce même numéro, le journaliste qui s'est entretenu avec Elfriede Jelinek prend le contre-pied: "Oui, je suis une autrice comique", dit l'Autrichienne, prix Nobel de littérature 2004.
Extrêmement rare avant 1990, préconisé d'abord au Canada, "auteure" a été adopté en 1999 par le "Guide d'aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions" du CNRS. Puis reconnu par l'Académie française 20 ans plus tard.
Il subit aujourd'hui la concurrence de plus en plus forte d'"autrice" (comme actrice, rédactrice, etc.), qui revient à notre époque après un long sommeil.
"Nous sommes encore dans une période de transition. L'Académie l'observe", déclarait en 2019 l'académicienne Dominique Bona, interrogée par Libération. L'institution, dans un rapport sur la féminisation signé de quatre membres, trouvait même du mérite à "auteur" pour une femme, en le rapprochant du cas de "médecin".
- "Elle dit écrivaine!" -
La question n'est pas nouvelle. Jules Renard, dans son journal le 6 mars 1905, note (avant des piques misogynes dont il est coutumier): "Les femmes cherchent un féminin à auteur".
Dans ce même numéro de Lire, qui rend hommage à Virginia Woolf, Madeleine de Scudéry ou Toni Morrison, on lit que "37% des écrivains sont des écrivaines". Un mot qui fait bondir certaines femmes.
Christine Angot, par exemple, tient à celui d'écrivain. "Moi je suis écrivain, je suis pas écrivaine. Pourquoi? (...) Parce que quand je dis que je suis écrivain, voyez, dans la tête des gens, il y a quoi? Il y a quelqu'un en train d'écrire. Et quand je dis que je suis écrivaine, on dit: tiens, elle dit écrivaine!", lançait-elle à la télévision en 2017, agacée que l'universitaire et femme politique Sandrine Rousseau écrive "auteure".
Si elle s'est accélérée à notre siècle, l'évolution a été extrêmement lente au XXe. Françoise Sagan, Marguerite Yourcenar ou Simone de Beauvoir n'ont probablement jamais eu l'occasion d'entendre qu'elles étaient autrice ou écrivaine, des termes dénoncés de leur vivant comme des barbarismes.
- Plafond de verre -
"L'insécurité linguistique en France est très forte, avec cette peur de ne pas parler comme il faut. Et les Français pensent que la langue doit être régentée d'en haut, alors qu'en réalité elle évolue depuis le bas", explique à l'AFP Véronique Perry, linguiste de l'université de Toulouse Paul-Sabatier.
Elle préfère à titre personnel auteure, mais insiste pour "que chacun, chacune soit libre de se désigner selon sa préférence. Ecrivain ou écrivaine: on n'a pas à reprendre les gens quand ils parlent d'eux-mêmes!"
Eliane Viennot, historienne de la langue française, défend autrice avec ferveur. "C'est le mot qui est en train de gagner, et je parie que dans cinq ans très peu de gens écriront encore auteure", affirme-t-elle à l'AFP.
Ce retour en grâce suit des siècles de répression des féminins par l'Académie française. "Il y a des domaines marqués comme masculins: l'écriture, la parole publique, la philosophie... L'idée qui a été vendue aux femmes, et à laquelle elles ont dû se plier, c'était que là, comme en politique, il valait mieux penser au masculin", dit celle qui signe "professeuse émérite". "Longtemps on leur a refusé le nom qu'il faut. Et même si elles écrivaient autant que les hommes, c'était face à la désapprobation publique".
Le plafond de verre, dans un secteur de l'édition très féminin (74% des emplois en 2016, selon le dernier rapport social de branche), existe toujours. Depuis 2000, les hommes ont raflé 18 prix Goncourt et 14 prix Nobel de littérature sur 21.
OUMAR SALL CONTE LE DESESPOIR DE NDINGLER
Le petit village de Ndingler a inscrit son nom dans la postérité. En voulant y ériger une exploitation agricole, le patron de la Sedima ne pensait sans doute pas faire face à une telle résistance.
Par le conte, les chants et les danses, des jeunes élèves du village de Ndingler se sont réappropriés l’histoire récente de ce conflit ayant opposé leurs parents à l’homme d’affaires Babacar Ngom de la Sedima. Dans un court métrage de 23 minutes, «La patience des baobabs», Oumar Sall raconte son expérience de médiation dans ce village traumatisé.
Le petit village de Ndingler a inscrit son nom dans la postérité. En voulant y ériger une exploitation agricole, le patron de la Sedima ne pensait sans doute pas faire face à une telle résistance. Les villageois, dirigés par le vieux Abdoulaye Dione «Gaal Goor», ont refusé de céder leurs terres à l’agro-industriel. Ce conflit qui a agité le pays a installé le petit hameau du Dieguem dans une ambiance de résistance que le photographe Touré Mandemory a su immortaliser. Interpellé par cette situation, Oumar Sall, médiateur culturel, s’est rendu dans le village où il a passé du temps. La patience des baobabs, un court métrage de 23 minutes, raconte cette expérience.
L’auteur a présenté son œuvre ce mercredi devant des journalistes réunis au sein de l’espace Art at home (Atome) à Castor. Ayant observé le village et son rythme de vie pendant longtemps, Oumar Sall a pu noter que les femmes «y vivent une grosse solitude parce que les hommes ne sont pas souvent là». L’école du village est le seul lieu de vie ou garçons et filles partagent un même espace, ce qui n’est pas le cas dans les cellules familiales. C’est donc tout naturellement que le projet Artu Aaru a été mené dans cette école puisque, selon M. Sall, femmes et enfants ont été mis à l’écart du conflit et n’ont reçu des informations que par le biais de la presse. Les jeunes élèves ont participé à un atelier au cours duquel ils ont écrit un conte. Ce récit qui retrace les péripéties de ce bras de fer qui a profondément ébranlé la vie paisible du village a été interprété par les élèves eux-mêmes. «Nous avons voulu filmer des êtres humains qui ont dit non», explique Oumar Sall.
Le médiateur culturel estime d’ailleurs qu’il ne faut pas percevoir cette affaire comme une opposition entre les deux parties. «Quand on entend cette histoire, c’est un drame parce que c’est une population qui risque d’être dépossédée d’une terre où elle habite depuis 1902. Nous avons un citoyen sénégalais, M. Ngom, qui possède des terres par une signature, mais nous avons aussi le drame d’une population qui risque de perdre ses terres à cause d’une signature. Ce n’est pas un conflit entre M. Ngom et la population de Ndingler. Le problème, c’est une signature qui est là et qui est venue créer le flou dans la quiétude de ces villageois», soutient M. Sall.
Conscient du rôle de la danse et du chant dans ces contrées, Oumar Sall a misé dessus ainsi que sur le conte pour à la fois faire une œuvre de pédagogie auprès des enfants, mais aussi transmettre un vœu, un souhait et un appel à la paix. Dans le conte raconté dans La patience des baobabs, l’homme d’affaires y est quelque peu caricaturé puisqu’il porte le nom de «M. Khaliss» (Monsieur argent).
Et dans le conte, l’histoire finit bien puisque «M. Khaliss» retrouve la raison après les médiations et décide de redonner aux villageois leurs terres. «C’est un souhait artistique, une prière parce que nous souhaitons que ça finisse comme ça», dit M. Sall dont l’œuvre permet aux enfants du village de prendre la parole et surtout de rejouer cette histoire traumatisante. Malgré l’arrestation de plusieurs villageois qui a été vécue par ces derniers comme un affront, le patriarche Gaal Goor reste dans sa logique de refus. «Jamais nous n’abandonnerons ces terres», dit-il. Mais l’action de médiation entreprise par Oumar Sall rappelle, si besoin en est, que la société sénégalaise repose sur de solides ressorts quand il s’agit de résoudre des différends.
SAINT-LOUIS JAZZ DE NOUVEAU
Pour la symbolique, il fallait le faire. Cette année, bien qu’étant présent et indésirable, le Covid-19 n’a pas empêché la tenue de la 29ème édition du Festival international de jazz de Saint-Louis qui avait été reportée l’année passée.
Après une pause forcée par le Covid-19 l’année passée, la 29ème édition du Festival de jazz de Saint-Louis a été lancée hier. Cette année, au lieu de la semaine habituelle, l’on aura droit à 3 jours de festivités. Awa Ly, Baba Maal, Vieux Farka Touré et Missal vont animer les concerts In à l’Institut français.
Pour la symbolique, il fallait le faire. Cette année, bien qu’étant présent et indésirable, le Covid-19 n’a pas empêché la tenue de la 29ème édition du Festival international de jazz de Saint-Louis qui avait été reportée l’année passée. Au contraire, il a contribué à fédérer. Ainsi pour 3 jours, la ville va perpétuer la tradition. Cette année, un vibrant hommage sera rendu à Golbert Diagne. Hier à la cérémonie d’ouverture, les femmes du Fanal de Saint-Louis lui ont rendu un hommage en présence de sa famille. Me Ibrahima Diop, président de l’Association Saint-Louis jazz, a salué la mémoire «d’un totem pour le festival». Parlant de Golbert Diagne, Me Diop a rappelé que l’homme «était le maître de cérémonie, conseiller et porte-parole de l’association auprès des autorités à chaque fois que de besoin».
Programme du festival
Le président n’a pas manqué de revenir sur la programmation de cette 29ème édition du festival. Habituellement c’est une semaine de festivités, mais cette année les amateurs de jazz devront se contenter de 3 jours. «L’association a voulu organiser pour éviter une deuxième année blanche qui serait fatale au festival. Sa programmation a été très allégée cette année, mais présentera au public des plateaux de haute facture. La manifestation n’a connu qu’une seule interruption l’année dernière à cause du Covid-19», a détaillé Me Diop à la cérémonie d’ouverture qui a enregistré la présence de l’adjointe au maire de la ville. Aïda Mbaye Dieng a, dans son allocution, salué les efforts fournis par les organisateurs qui ont ainsi montré, de son avis, que «nous pouvons être résilients au Covid-19».
Pour la Bicis, sponsor majeur du Saint-Louis jazz, le festival occupe une place de choix pour la banque. C’est pour cette raison que le nouveau directeur, récemment installé, a donné des instructions pour que le compagnonnage avec le Festival de jazz de Saint-Louis soit pérennisé. Pour Ousmane Ndione de l’Agence sénégalaise de promotion touristique (Aspt), cette 29ème édition, qui intervient dans un contexte de covid-19, va servir de base de relance pour le tourisme.
Selon M. Ndione, le festival participera à la relance de la destination Saint-Louis et devrait jouer pleinement ce rôle l’année prochaine à la fin des travaux de l’aéroport de Saint-Louis qui permettra à des sommités mondiales de descendre directement à Saint-Louis pour participer au festival.
Habituellement, les concerts In se faisaient à la place de la gouvernance, mais à cause des travaux de réaménagement, l’Institut français de la ville va les accueillir en plus des «Concerts autour de minuit» que Abdoulaye Cissokho va animer. En résumé, tout va se passer à l’Institut français. Awa Ly et Jamm Jazz du Sénégal ont animé à tour de rôle le concert d’ouverture hier. Ce samedi, Vieux Farka Touré du Mali fera 2 heures de temps sur la scène de l’Institut français avant de céder la place à Baba Maal. Dimanche, les fans auront en exclusivité le Missal qui s’est recomposé pour le concert de clôture.
SAINT-LOUIS JAZZ SANS SES TENORS
La 29ème édition du Festival international de jazz de Saint-Louis sera finalement organisée cette année du 18 au 21 juin prochain.
La 29ème édition du Festival international de jazz de Saint-Louis sera finalement organisée cette année du 18 au 21 juin prochain. Après une pause forcée à cause de la pandémie du Covid-19, l’édition 2021 démarre aujourd’hui. L’Association Saint-Louis jazz, promotrice de la manifestation qu’elle a placée sous le signe de la relance du tourisme local, a proposé une programmation certes sans les grands noms du jazz mondial habituellement invités, mais avec des artistes sénégalais et africains de renom, capables de maintenir le tempo.
Pour cette 29e édition, le comité d’organisation veut atteindre au moins trois objectifs : participer à la relance de l’activité touristique à terre depuis l’avènement du Covid19, faire retrouver au jazz ses droits à Saint-Louis après une année sabbatique, et enfin rendre hommage à feu Alioune Badara Diagne Golbert, artiste comédien et grand souteneur de l’événement de son vivant. Lors de la traditionnelle conférence de presse, organisée chaque année quelques jours avant l’ouverture, le président de l’Association Saint-Louis jazz a décliné les grands axes de la programmation et donné les moindres détails sur l’organisation.
Selon Me Ibrahima Diop, l’édition 2021 aura parmi ses objectifs prioritaires la relance de l’activité touristique dans la ville de Saint-Louis où elle est devenue moribonde depuis l’arrivée du Covid-19. L’activité touristique a en effet été frappée de plein fouet par les effets de la pandémie avec comme conséquences une baisse drastique du taux de fréquentation et des centaines de pertes d’emplois. Pour participer à sa façon à la relance de ce secteur qui occupe une place de choix dans le développement de l’économie locale, le président de SaintLouis jazz dit vouloir compter sur la mobilisation générale de tous les fils de Saint-Louis. «Saint-Louis se meurt», alerte Me Ibrahima Diop. «Nous voulons montrer à tout le monde qu’on peut travailler avec le virus du Covid-19», ajoute-t-il, tout en invitant tous les acteurs à la mobilisation.
Hommage à Golbert Diagne
Me Diop précise par ailleurs que la présente édition sera organisée en hommage à feu Alioune Badara Diagne Golbert «dont l’engagement pour le rayonnement de cet évènement était connu de tous». Golbert était en effet une personne ressource de premier plan dans l’organisation du festival qui tient à lui rendre un hommage bien mérité, après sa disparition il y a un peu plus d’un an. Habituellement organisé à la Place Faidherbe, cette année Saint-Louis jazz international déplacera sa scène à l’Institut français dans le quartier Nord de l’Île à cause des travaux de requalification de la place dans le cadre du Plan de développement touristique (Pdt).
Fondé en 1993 par un groupe de Saint-Louisiens amoureux du jazz, le Festival international de jazz de Saint-Louis a fini de se tailler une place de choix dans l’agenda culturel local et national. Il est devenu le plus grand événement musical de la région de Saint-Louis, le festival de jazz le plus important du pays en termes de popularité et l’un des plus grands événements musicaux de la sous-région. Chaque année, des milliers de festivaliers venus du monde entier viennent savourer les sulfureuses notes de jazz que propose le festival grâce à une programmation qui avait réussi à déplacer à Saint-Louis de gros pontes du jazz mondial comme Lucky Paterson ou Manu Dibango.
Les artistes locaux à l’honneur
Pour l’édition 2021, les férus de jazz ne seront pas cependant servis sur le même plateau. En effet, à cause du Covid-19, beaucoup de musiciens ont annulé ou réduit leurs déplacements dans les pays africains. Et cela n’est pas sans conséquences sur la programmation de cette édition. Les chargés de la programmation ont dû procéder à de multiples gymnastiques pour offrir aux festivaliers un menu acceptable. Ils ont finalement recouru à l’expertise locale et à des artistes sénégalais et africains de niveau mondial pour satisfaire l’appétit des festivaliers. Figure parmi ces derniers le Sénégalais Baba Maal qui connaît bien la scène de Saint-Louis. Sa musique, à la fois traditionnelle et moderne, pourrait contenter le public dans toute sa diversité. Il y a aussi la Française d’origine sénégalaise Awa Ly dont la diversité de l’œuvre est aussi une bonne raison de l’inviter sur scène.
Le groupe Missal sera de la partie en septet. Ce groupe qui s‘est reconstitué depuis quelque temps est aussi une aubaine pour le public. A côté de ces grands noms il y aura aussi sur la scène de Saint-Louis jazz 2021 le talentueux Vieux Farka Touré, fils de l’excellent guitariste malien Ali Farka Touré. Digne héritier de son père, il sera aussi à cheval entre tradition et modernité. Les festivaliers auront également le plaisir de déguster du pur-jazz avec le groupe Jamm Jazz, composé de plusieurs nationalités. Ce tableau alléchant va certainement atténuer la déception des festivaliers obligés de s’en contenter, en attendant que Saint-Louis jazz reprenne sa vitesse de croisière à la fin du Covid-19.
FETE DE LA MUSIQUE, UNE SCENE FEMININE A BLAISE SENGHOR
La Fête de la musique sera célébrée le 21 juin prochain par l’Association des femmes musiciennes du Sénégal (Asfemes). C
La Fête de la musique sera célébrée le 21 juin prochain par l’Association des femmes musiciennes du Sénégal (Asfemes). Ce sera à Blaise Senghor à partir de 17 heures. L’orchestre entend tenir en haleine le public qui viendra suivre ce spectacle avec une scène féminine.
Une occasion de montrer qu’elles n’ont rien à envier aux musiciens qui ont souvent l’habitude de jouer les instruments. Guigui, Daba Sèye, Kiné Lam et Fatou Guewel, entre autres chanteuses, monteront sur scène pour étaler leur talent en tant qu’invitées. C’est au cours d’une conférence de presse au centre culturel Blaise Senghor que l’information a été donnée par la présidente de l’Asfemes Fatou Diop, sociétaire de l’Orchestre national et du Raam-Daan.
Portant une attention «très particulière» à l’Asfemes, Alioune Kébé Badiane, directeur du centre culturel Blaise Senghor de Dakar, promet de ne ménager aucun effort pour apporter son appui à cette association. «C’est avec beaucoup de bonheur que nous découvrons aussi cette association constituée de femmes. La culture étant une compétence transférée, les associations sont nos premiers relais par rapport à notre diffusion et aux activités que nous menons. Mais pour une association féminine, je pense qu’elle peut tout attendre du centre culturel régional de Dakar Blaise Senghor parce qu’elle vient de naître et que sa constitution féminine fait que nous devons pouvoir faire le maximum pour l’accompagner», dit le directeur du centre culturel Blaise Senghor en conférence de presse.
Dans la foulée des préparatifs de la Fête de la musique, des ateliers de renforcement de capacités sont en train de se tenir en faveur des musiciennes. Sur la présence des hommes pour diriger les ateliers, Fatou Diop, présidente de l’Asfemes, parle «d’indisponibilité» de celles qui sont censées dispenser ces cours de renforcement. «C’est difficile de trouver une femme qui joue de la kora. C’est très difficile de trouver une percussionniste bien qu’il y en ait au Sénégal», a fait savoir Fatou Diop qui reconnaît qu’il n’y a rien de telle que la formation. «J’étudie toujours la musique. On ne cesse d’apprendre. On peut hériter de la musique, mais on a besoin de se renforcer», déclare la présidente de l’Asfemes en parlant de l’une des raisons de la création de l’association, à savoir la défense des intérêts des musiciens. «Je suis passée par plusieurs groupes. C’est à Raam-Daan que j’ai commencé à me rendre compte qu’un musicien et une musicienne doivent être traités à égale dignité», souligne celle qui a pu surmonter les difficultés pour arriver à se retrouver à la tête de cette association.
Selon M. Badiane, la formation devrait être au cœur du dispositif de cette association qui dit pouvoir faire des «actions de bienfaisance» en faveur des femmes. «Elles devraient pouvoir aussi activer des leviers, mobiliser des moyens, accompagner la gent féminine dans les régions pour que les violences faites aux femmes, tout ce qui tourne autour des grossesses précoces, puissent être prises à bras-le-corps et accompagner davantage les filles à aimer la culture, surtout la musique, parce que c’est dans ces actions que l’association va se développer», argumente le directeur du centre Blaise Senghor.
«LA JEUNESSE A BESOIN DE SE RECONNECTER AVEC SES VALEURS IDENTITAIRES»
Palabres avec… Karine Silla, écrivaine et réalisatrice
Ecrivaine et réalisatrice, Karine Silla est née à Dakar et vit à Paris. Venue au Sénégal pour procéder à la cérémonie de présentation de son livre « Aline et les Hommes de Guerre », elle était l’invitée de l’Association de Écrivains du Sénégal. Le Témoin a échangé avec l’ancienne compagne de Gérard Depardieu.
Quel effet cela vous fait de vous retrouver au Sénégal pour présenter votre livre ?
Je suis écrivaine, et du coup, on a le droit de parler d’émotion déjà. Dès que je mets les pieds au Sénégal, je suis envahie par l’émotion et je suis extrêmement honorée par l’accueil du public par rapport à mon livre. Je veux juste citer le ministre de la Culture et toutes les personnes présentes, ici à la maison des Écrivains et particulièrement de M. Lo, le Directeur du Livre et de la Lecture...
Pourquoi avez-vous choisi d’écrire sur Aline Sitoe Diatta ?
Parce que je pense que la jeunesse a besoin de se reconnecter avec ses valeurs identitaires. Aline Sitoe Diatta a fait des choses importantes au moment de l’administration coloniale et surtout le message qu’elle a envoyé. C’est de retourner à ses traditions, retourner à son identité. Donc tous ces jeunes, qui sont en mal d’identité et qui quittent les côtes africaines pour aller vers un eldorado qui n’existe plus, ont devant eux un vrai exemple à suivre.
Combien de temps vous a pris la rédaction de ce livre ?
La rédaction du livre m’a pris trois ans à raison de huit à dix heures par jour et surtout de longues, longues années de réflexion sur le sujet d’une époque très sensible…
Peut-on dire que le personnage s’est imposé à vous ?
En fait, le personnage s’est imposé. Quand on tombe sur le portait de cette femme, on est interpellé par la force et la puissance et la liberté. Ensuite, je me dis que c’était quand même en 1940. Le Sénégal était sous emprise du régime colonial. La France vient de perdre la Guerre et elle a mis un genou à terre. On compte sur l’Empire colonial pour se relever. Et en ce moment- là, cette jeune femme de dix- neuf ans, sacrée reine de la Casamance, décide de monter son peuple pour qu’il se défendre contre l’oppression coloniale.
Parlez-nous de votre avis un peu tranché sur le métissage et de vos rapports privilégiés avec votre père ?
J’aime toujours rappeler cette phrase de mon père qui m’a dit que : « le métissage n’existe pas et on choisit sa culture ». Pour moi, bien évidemment, c’était, sans aucun doute, la culture sénégalaise. Je suis née ici et j’y viens depuis tout le temps. J’ai un père qui m’a énormément épaulée dans toute l’histoire du pays et de la tradition. En tant que fille de professeur de sociologie, homme africain très engagé, j’ai grandi avec cette histoire et les différentes tribus africaines. L’identité africaine est très, très forte. Quand la colonisation s’est mise en place, on a absolument fait fi de toutes ces tribus qui avaient des organisations sociales extrêmement précises.
Aline sert- elle de lien à cette double culture qui est la vôtre ?
Je trouve beaucoup de choses merveilleuses dans la double culture. J’ai une mère Blanche, Française catholique et un père Noir, musulman sénégalais. Ce qui est merveilleux dans la double culture, c’est qu’on est dans un poste d’observation. Moi, j’ai voulu comprendre et je suis allée à la source à l’origine pour comprendre quand sont arrivés les premiers portugais en Casamance et j’aime cette posture d’observatrice. Ce n’était pas une critique contre le colonialisme. En réalité, je m’insurge contre l’oppression en général. Et pour cela, j’ai une admiration immense pour des héroïnes comme Aline Sitoe Diatta.
Vous l’avez évoqué tantôt. Quel appel lancez-vous à ces jeunes qui prennent des embarcations en quête d’un hypothétique Eldorado ?
A tous ces jeunes, je vais leur dire que le paradis est en nous-mêmes. Il n’existe pas de paradis au-delà de nous-mêmes. Il faut savoir qu’il y a une blessure de l’identité dans le peuple Noir. Il y a des siècles et des siècles, on leur a dit que c’est un peuple inférieur. Il y a une sorte d’oppression de la civilisation occidentale sur ce peuple. Quand je vois ces jeunes partir encore avec l’espoir de cet Eldorado, il y a quelque chose qui m’attriste profondément.
BOUBACAR BORIS DIOP EN LICE POUR LE NEUSTADT
Le journaliste et écrivain sénégalais est nominé aux côtés de neuf autres auteurs pour ce prix littéraire américain parrainé par l’université d’Oklahoma et la revue littéraire World Literature Today, grâce à son œuvre Murambi : "Le livre des ossements"
Le journaliste et écrivain sénégalais est nominé pour ce prix littéraire américain parrainé par l’université d’Oklahoma et la revue littéraire World Literature Today grâce à son œuvre Murambi : Le livre des ossements.
World Literature Today, le magazine primé de littérature et de culture de l'Université de l'Oklahoma, a annoncé les finalistes du Prix international de littérature Neustadt 2022. Ce prix prestigieux récompense des contributions importantes à la littérature mondiale.
Au nombre des 10 nominés figure le Sénégalais Boubacar Boris Diop, écrivain, auteur de plusieurs œuvres dont des romans, des essais et des pièces de théâtre. Le lauréat du Grand prix littéraire d’Afrique noire pour l’ensemble de son œuvre en 2000, est également journaliste et enseignant.
La liste des autres nominés comprend : le Ghanéen Kwame Dawes, le Français Jean-Pierre Balpe, la Grecque Michális Ganás, la Russe Ludmilla Petrushevskaya, la Mexicaine Cristina Rivera Garza, la Cubaine Reina María Rodríguez, les Américaines Natalie Diaz, Micheline Aharonian Marcom et Naomi Shihab Nye.
Le jury de Neustadt annoncera le gagnant le 26 octobre prochain lors d’une cérémonie qui devrait également rendre hommage à Cynthia Leitich Smith (Muscogee), lauréate du prix NSK Neustadt 2021 pour la littérature pour enfants.
L’heureux élu de ce prix remporté en 2020 par l'écrivain albanais Ismaïl Kadare, est récompensé d’une enveloppe de 50 000 dollars.