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22 avril 2025
Culture
INITIATIVE «TAARAL NDAKARU», L’ART POUR EMBELLIR LES BIDONVILLES
C’est avec un workshop en art plastique que le lancement du projet Taaral Ndakaru a eu lieu la semaine dernière à Sandial, un quartier traditionnel de Dakar
C’est avec un workshop en art plastique que le lancement du projet Taaral Ndakaru a eu lieu la semaine dernière à Sandial, un quartier traditionnel de Dakar.
La manifestation avait pour thème : «Taarou Thiébou dieune, notre plat national qui mérite une préservation de toutes ses composantes.» Cela à un moment où l’on parle de «la rareté du bon poisson ainsi que de la cherté des légumes et autres condiments».
L’art est un moyen de rendre belle la réalité. Et ce n’est pas Mamadou Ndiaye Thia, artiste-plasticien et lauréat du premier prix du Salon national des arts plastiques du Sénégal, qui dira le contraire pour avoir fait de l’embellissement des bidonvilles son combat personnel. C’est ce qui lui vaut, en tant que directeur, d’initier le projet Taaral Ndakaru lancé les 14 et 15 de ce mois-ci pour faire des bidonvilles se trouvant dans les 19 communes de la capitale sénégalaise, les plus «beaux endroits». «Le projet a démarré, d’autres étapes seront dans d’autres villes de Dakar, embellir les murs, des bidonvilles, les espaces pour avoir des galeries d’exposition et des airs de jeux pour les enfants», informe Mamadou Ndiaye Thia en parlant du lancement du projet dans le quartier traditionnel de Sandial, situé dans la commune du Plateau.
En partenariat avec la ville de Dakar Art culture (Aac), le Festival miroir international de Dakar (Fesmir), l’initiateur de ce projet de souligner «que ce qui nous a amené à ce projet c’est d’apporter notre touche à l’embellissement des bidonvilles, parce qu’en réalité, la face cachée de Dakar, ce sont ces bidonvilles-là. Je donne l’exemple du quartier où je j’habite et où je travaille, Sandial. C‘est un quartier traditionnel qui se situe à Ponty, au 57 avenue Georges Pompidou, derrière la pharmacie Guignon, l’hôtel Ganalé, jusqu’au Centre culturel français, c’est un grand bidonville où les gens ne peuvent imaginer ce qui se passe à l’intérieur, avec un bouillonnement très dense où se côtoient beaucoup de métiers, telles la menuiserie, la mécanique et la tapisserie. Il y a des gens qui vivent ici», ajoute l’artiste peintre. Et ce dernier de rajouter en parlant de l’autre objectif visé : «il y a tellement de Bidonvilles à Rebeuss, Sandial, au Diamono, Rue Grasland, nous voulons en faire des galeries et transférer la Biennale de Dakar dans ces lieux», avance-t-il. Avant de dire que l’effet recherché est de faire en sorte que «les populations puissent s’approprier de la Biennale en réalité». «Quand ça se passe, la Biennale de Dakar, les populations ne savent pas, c’est le monde de la culture qui est informé», déclare Mamadou Ndiaye Thia.
Revenant sur le thème du projet Taarou Thébou dieune, l’artiste-plasticien de souligner que le choix du thème «renvoie à un combat que nous menons pour Taaral Ndakaru». «Quand vous dites Taaral Ndakaru, d’abord les étrangers tels que les touristes, s’ils arrivent à midi, c’est le plat national qu’ils demandent. Quand le plat national n’est pas embelli par manque de bons poissons, ça pose un problème. Nous plaidons pour que nous puissions avoir des poissons qui sont en voie de disparition», souligne l’artiste-plasticien.
ADAMA DIOP LANCE UNE ÉCOLE À DAKAR
Dakar va accueillir une école spécialisée dans la formation des acteurs et actrices de cinéma de la sous-région. C’est le vœu de l’un des fondateurs de l’Ecole internationale des acteurs et actrices de Dakar
Dans l’attente de l’ouverture de ses salles de cinéma en 2024, Adama Diop, le promoteur de la future Ecole internationale des acteurs et actrices de Dakar (Eaid), a présenté son projet à la presse, ce jeudi dernier au Théâtre national Daniel Sorano.
Dakar va accueillir une école spécialisée dans la formation des acteurs et actrices de cinéma de la sous-région. C’est en tout cas le vœu de Adama Diop, l’un des fondateurs de l’Ecole internationale des acteurs et actrices de Dakar (Eaid), qui a présenté le projet par le biais d’une projection d’un extrait de son mini-spectacle hybride cinéma-théâtre qui est une adaptation, selon lui, de la pièce Roméo et Juliette de Shakespeare, renommée Kouamé et Binette. «Cette pièce questionne un peu sur ça. Pour deux personnes qui s’aiment énormément, est-ce que le fait que l’une soit castée, doit les empêcher de s’aimer, de se marier ?», a-t-il expliqué.
Ainsi, c’était le premier acte de la mise en place de cette école de formation des acteurs. La production complète a été restituée hier soir, à Sorano. Cette pièce questionne la problématique des castes et des amours interdits que provoquent ces coutumes qui contribuent à briser des familles. Cependant, la bienséance sophistiquée du Caucasien a été bien présente, autant dans le vocabulaire que dans le costume.
Pour les deux prochaines années, il s’agira, indique Adama Diop, d’organiser des sessions de formation de quatre semaines sous forme de groupe de travail autour d’une œuvre, d’un texte. «On est en train de monter une école de formation pour les acteurs et actrices de Dakar pour traduire leurs désirs et leurs visions. Romeo et Juliette a constitué ce premier texte. Et l’entrée à l’ecole se fera sur concours, après un appel à candidatures destiné aux résidents du Sénégal et toute l’Afrique de l’Ouest. Un jury va se charger ensuite de la sélection des jeunes qui paraissent les plus intéressants et les garder pendant 3 ans», a expliqué Adama Diop, l’initiateur. Le constat est que le Sénégal manque d’une structure qui permette de donner des outils techniques aux acteurs et actrices et de leur donner la possibilité d’entrer en contact avec de grands réalisateurs, acteurs et producteurs africains pour échanger sur leurs expériences professionnelles. Pourtant, le pays regorge de talents qui n’attendent que d’être découverts. L’Ecole internationale des acteurs et actrices de Dakar, qui sera ouvert en 2024, se veut un pilier dans l’essor du cinéma en Afrique.
Lors de cette formation, les élèves seront initiés aux outils, notamment dans la séquence cinématographique ou théâtrale. Ils apprendront toute la chronologie, depuis les méthodes de l’écriture jusqu’aux différents postes et matériels de tournage. Et pour couronner le tout, des intervenants professionnels issus du milieu se rendront ponctuellement à l’école afin d’exposer sur leur métier en profondeur. Pour ce premier spectacle, les séquences cinématographiques qui y sont apparues ont été réalisées en collaboration avec l’école de formation en postproduction du Centre Yénnenga.
LA LITTÉRATURE SÉNÉGALAISE VIT, MAIS IL SERAIT INAPPROPRIÉ DE PARLER DE RENOUVEAU
Mbougar Sarr, Felwine Sarr, Khalil Diallo seraient-ils des hirondelles qui n’annoncent guère un printemps littéraire des écrivains sénégalais au plan international ?
Certains auteurs sénégalais ont le vent en poupe actuellement sur le plan international. Pour le critique littéraire et fondateur de la maison d’édition «Nuit et Jour», Waly Ba, on est en face d’un nouveau contexte intéressant. Toutefois, il estime qu’il ne serait pas judicieux de parler de renouveau.
Mbougar Sarr, Felwine Sarr, Khalil Diallo seraient-ils des hirondelles qui n’annoncent guère un printemps littéraire des écrivains sénégalais au plan international ? La réponse est affirmative, si l’on se fie aux propos du critique littéraire Waly Ba. Malgré l’avènement de ces grands auteurs dont certains commencent à avoir une reconnaissance mondiale, le professeur de français ne trouve pas convenable de parler de renouveau de la littérature sénégalaise. «Mouhamed Mbougar Sarr a été nominé pour le Goncourt, ce qui est très exceptionnel parce que les Sénégalais n’ont pas été très favorisés dans ces grands prix.
Dans les années 80, Aminata Sow Fall avait été nominée avec son roman «La Grève des Bàttu». Boris Diop, quant à lui, est un auteur confirmé qui a un vécu en matière de création. Sur le plan de la représentativité, du point de vue de la production, du point de vue de la pertinence des idées qu’il met en œuvre, il n’a plus rien à prouver. Mais cela ne peut être considéré comme un élément clef pour lire la nouvelle littérature sénégalaise comme étant l’expression d’un renouveau », affirme l’écrivain avant de renchérir : «C’est vrai qu’on produit beaucoup au Sénégal. Il y a une quantité d’ouvrages que l’on produit, notamment grâce à la maison d’édition «L’Harmattan» qui fait de gros efforts et qui publie beaucoup d’auteurs, de poètes, d’essayistes, de romanciers qui étaient presque désespérés. Mais quand on parle de renouveau, il faudrait qu’on réfléchisse sur le sens des mots. Parler de renouveau, c’est considérer qu’il y a non seulement de la quantité, mais aussi de la qualité. La littérature sénégalaise vit, mais il serait inapproprié de parler de renouveau».
Reconnaissant que les gens publient actuellement, il estime toutefois que des doutes persistent sur la qualité de ce qui est produit. A l’en croire, beaucoup d’auteurs sortent des livres, mais ils restent anonymes. «La littérature n’est pas simplement le fait de sortir un livre et d’avoir le plaisir de caresser une couverture avec des images. C’est beaucoup plus profond. Ce sont des idées que l’on organise, que l’on essaie de défendre de façon imagée. C’est cela la littérature. Il faut viser grand et aller au-delà de ses limites. Faire des œuvres qui soient achevées du point vue stylistique. Et je ne suis pas convaincu que dans l’état actuel des choses, c’est ce qui se passe », souligne Pr Ba. Il pense toutefois qu’il existe des auteurs qui font de gros efforts pour bien écrire comme Moustapha Diop, Ameth Guissé, l’auteur de «Une Mort Magnifique». Il cite aussi Abdourahmane Ngaidé qui, selon lui, fait aussi de gros efforts pour écrire des textes de qualité. «On ne voit pas d’auteurs porteurs de projets qui puissent créer des révolutions mentales»
Pour lui, ces auteurs sont capables de faire bouger les lignes. «Il y a quand même du bon. La littérature sénégalaise vit, mais ce n’est pas une raison pour dire qu’il y a un renouveau. On ne voit pas d’auteurs porteurs de projets fermes qui puissent créer des révolutions mentales. Les gens écrivent par instinct, par émotivité et la plupart des œuvres tombent dans l’anonymat», se désole l’enseignant.
Dans le même sillage, Pr Waly Ba trouve qu’il n’y a pas de critique littéraire pour accompagner cette production. «Aujourd’hui, il sort une quantité de romans et de recueils par mois au Sénégal, mais qui en parle ? Même au niveau de la presse, quand on amène un ouvrage, il n’y a personne pour le lire, parce que les gens ne sont pas armés pour pouvoir le faire. Même s’ils sont armés, ils n’ont pas le temps. Ils sont emballés par la frénésie du commentaire politique. Il n’y a pas de voix autorisées pour commenter ce qui sort. Et si on parle de renouveau, on doit prendre en compte tout cela, tranche-t-il.
Disséquant toujours le paysage littéraire sénégalais avec, l’éditeur déclare : «Il y a deux Sénégal sur le plan littéraire. Il y a le Sénégal des hommes de lettres anonymes, ayant un talent moyen et qui se débrouillent pour sortir des livres. Il y un autre Sénégal littéraire, c’est le Sénégal d’une littérature portée par des gens de grands talents, mais ils ne sont pas nombreux. C’est par exemple Sokhna Benga, Ken Bugul, Rahmata Seck Samb. Il y a Mbougar Sarr qui est vraiment la révélation de ces dix dernières années. Il y a aussi Felwine Sarr qui est très pointu et un auteur de grande dimension. Ces auteurs essaient de représenter le Sénégal au-delà de ses frontières». Il explique dans la foulée qu’une littérature, pour pouvoir enclencher son renouveau, doit être portée par des voix autorisées et des talents purs. «Or aujourd’hui, on ne peut pas citer une vingtaine d’auteurs qui ont cette dimension. Il y a trop d’anarchie et de dispersion dans les productions. Tout ceci n’est pas de nature à nous conforter dans la thèse selon laquelle la littérature sénégalaise est en train de vivre», clame le critique littéraire.
LES ECRIVAINS SENEGALAIS A LA RECONQUETE DU MONDE
Auteurs à succès, lauréats ou finalistes de grands prix littéraires
Boubacar Boris Diop s’est vu décerner, il y a quelques jours, le Prix international de littérature Neustadt pour l’ensemble de son œuvre. Une consécration pour le journaliste et écrivain de 75 ans. Etil n’est pas le seul auteur sénégalais à conquérir actuellement le monde sur le plan littéraire. L’économiste et essayiste Felwine Sarr ainsi que Mbougar Sarr sont également au sommet de leur art. Le dernier est toujours en course pour le prestigieux prix Goncourt qui sera décerné mercredi prochain.
Léopold Sédar Senghor, Alioune Diop (le ‘’Socrate‘’ noir), Birago Diop, Mariama Ba, CheikhHamidou Kane, Aminata Sow Fall, Ousmane Sembène, Abdoulaye Sadji, Amadou Lamine Sall… On peut dire sans conteste que les Sénégalais ont écrit les plus belles pages de la littérature africaine et même mondiale. D’ailleurs beaucoup d’Africains ne comprennent toujours pas pourquoi le Président-poète n’a pas été lauréat du Nobel de littérature, tellement il trônait sur les Lettres. Mais depuis plusieurs années, les auteurs sénégalais peinaient à rayonner sur le plan international, détrônés surtout par les auteurs anglophones. D’ailleurs, les deux seuls prix Nobel de littérature africains à ce jour sont des auteurs d’expression anglaise. Il s’agit du Nigérian Wole Soyinka (1986) et du romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah (il y a quelques jours).
Toutefois, certains auteurs sénégalais sont en train de combler cette ‘’disette‘’ en redonnant au Sénégal ses lettres de noblesse. Auteur prolifique et figure de proue de la littérature dans le continent, Boubacar Boris Diop continue d’impressionner son monde. A 75 ans révolus, l’ancien lauréat du Grand Prix littéraire d’Afrique Noire est d’une vivacité et d’une densité à couper le souffle. Recueils, nouvelles, essais, théâtre, l’auteur de «Doomi Golo» (2003) a un don d’ubiquité littéraire. Panafricain et adepte de Cheikh Anta Diop, il s’attelle depuis quelques années à promouvoir les langues nationales et à dénoncer les écrivains ‘’collabos’’. Sa dernière sortie au vitriol contre des écrivains comme Achille Mbembé lors du sommet Afrique-France restera gravée dans les mémoires. Et le Prix international de littérature Neustadt pour l’ensemble de son œuvre littéraire qu’il a reçu récemment est une consécration pour lui et pour le Sénégal.
FELWINE SARR, LA NOUVELLE BOUSSOLE
Economiste de formation, Felwine Sarr a osé investir d’autres champs épistémiques. Conscient que le savoir est un véritable outil d’émancipation, il est avec Dr Ndongo Samba Sylla l’auteur qui travaille le plus ces dernières années sur la «décolonisation» des imaginaires africains. Pour lui, l’Afrique n’a personne à rattraper. Elle ne doit plus, insiste-t-il, courir sur les sentiers qu’on lui indique, mais marcher prestement sur le chemin qu’elle a tracé. Et dans ce cadre, il est en train d’être la nouvelle référence, le guide de la génération africaine. Comme Cheikh Anta Diop, il est cité tout le temps dans les conférences, les colloques et autres panels. Il est invité dans toutes les universités du monde séduites notamment par ses thèses sur l’Afrique, qui sortent des sentiers battus. Ses écrits sous-tendent par ailleurs les actions de plusieurs activistes et artistes du continent. Son ouvrage «Afrotopia» est le livre de chevet de plusieurs d’entre eux. C’est pourquoi, le Président français Emmanuel Macron l’avait désigné avec Bénédicte Savoy pour diriger la commission de restitution des œuvres africaines. Reprenant ce que Victor Hugo avait dit sur Baudelaire, Boubacar Boris Diop indique que Felwine Sarr crée un frisson nouveau. Il le partage certainement avec plusieurs personnes dans le monde. Beaucoup pensent que s’il y a un Sénégalais qui peut espérer gagner le prix Nobel de la Littérature dans les années à venir, c’est bien Felwine Sarr.
MBOUGAR SARR, UN GENIE AUDACIEUX
Né en 1990 et jeune écrivain talentueux et prolifique, Mbougar Sarr est bien parti pour gagner cette année le prix Goncourt. En effet, il fait partie de la dernière sélection avec trois autres auteurs. Beaucoup de critiques littéraires pensent qu’il est fort probable qu’il le gagne mercredi prochain. Tout en espérant que cela advienne, ce qui est une quasi-certitude en revanche, c’est que l’ancien enfant de troupe fait partie des auteurs les plus prometteurs et les plus audacieux du continent. Ses livres traitent de thèmes aussi sensibles que le terrorisme et l’homosexualité.
PAPE ALIOUNE SARR, JOURNALISTE CULTUREL A ITV «CETTE NOUVELLE GENERATION A LA CAPACITE DE TRAITER DES THEMES EN BRISANT LES FRONTIERES QUI EXISTENT ENTRE L’AFRIQUE ET L’OCCIDENT»
Dans un pays qui ne badine pas avec ces questions, l’écrivain a visiblement repoussé ses limites. C’est ce qui fait sa particularité comme le pense d’ailleurs le journaliste culturel et présentateur de l’émission «Belles Lignes» sur «ITV», Papa Alioune Sarr. «Cette nouvelle génération est entre deux rives et a l’esprit ouvert. Mbougar Sarr a fait ses études au Sénégal, il a été meilleur élève du Concours général en 2009 avant de partir en France. Elgas et Khalil Diallo ont aussi vécu en France. Ils ont la capacité de traiter des thèmes en brisant des frontières qui existent entre l’Afrique et l’occident », souligne ce journaliste féru de littérature. A l’en croire, ces nouveaux auteurs ont réussi à internationaliser et extérioriser les maux internes. «Quand on prend l’exemple de ‘’Un Dieu et des Mœurs’’, Elgas a fait fi des pesanteurs sociales et retracé la banalisation du phénomène des talibés avec une objectivité sans faille. Quand on prend ‘’Terre Ceinte’’ de Mbougar, son premier roman, il y a l’aspect terrorisme. C’est un thème régional, mais également international. Et ‘’la Plus Secrète Mémoire des Hommes’’ constitue l’ouvrage qui fait tilt lors de la rentrée littéraire et qui est un voyage à travers le temps, à travers le personnage de Diégane qui rend hommage à ces écrivains qu’on pensait être des oubliés dans l’histoire de la littérature comme Yambo Ouologuem», explique Pape Alioune Sarr avant d’indiquer que ce livre de Mbougar Sarr est un éloge à l’écriture.
«LE TRAITEMENT MEDIATIQUE N’EST PAS A LA HAUTEUR DES ECRIVAINS QUE NOUS AVONS»
Dans la foulée, Pape Alioune Sarr insiste sur le fait que ces auteurs ne soient pas des écrivains typiquement africains ni des écrivains typiquement occidentaux. «Ils sont des écrivains tout simplement. C’est ce qui fait leur charme, parce que la civilisation sera mondiale ou ne le sera pas », tranche le journaliste de «ITV» qui ajoute que Mbougar Sarr et les autres auteurs sont en train de faire des pas de géant sur le plan de la littérature. Malgré ce réveil des écrivains sénégalais, le journaliste pense néanmoins que la culture et le livre sont les parents pauvres des programmes médiatiques. «L’audience est orientée vers des émissions beaucoup plus divertissantes et qui vont vers la recherche du buzz au détriment des émissions qui sont importantes comme celles du livre », se désole Monsieur Sarr avant de trancher : «Le traitement médiatique n’est pas à la hauteur des écrivains que nous avons. Il y a la réalité médiatique qui fonctionne selon la logique commerciale, surtout dans le secteur privé. Les sponsors ne financent pas les émissions qui parlent du livre parce qu’il y a peu d’audience».
Seulement, il pense que les dirigeants des medias doivent se rappeler qu’au-delà du divertissement et de l’information, les medias ont un rôle d’éducation. «Et à travers le livre, on peut voyager, on peut apprendre, on peut discuter, on peut débattre et former la jeunesse. Former la conscience de la jeunesse», s’enflamme le journaliste passionné des belles lignes. Il urge de souligner que la liste des écrivains sénégalais qui brillent sur le plan international est loin d’être exhaustive. La romancière Fatou Diome fait partie de cette constellation, notamment avec son roman «Le Ventre de l’Atlantique» quitraite de l’immigration. En 2019, elle a été lauréate du Prix littéraire des Rotary Clubs de langue française pour son roman «Les veilleurs de Sangomar».
ON NE PEUT PARLER DE L'AFRIQUE EN SON ABSENCE
La fabrication de nos civilisations ne doit pas être laissée aux autres. Ce que l’Afrique doit faire, c’est à nous de le définir. Il n’y a pas meilleure manière de s’emparer d’autrui que de s’emparer de son imaginaire - ENTRETIEN AVEC MAMOUSSÉ DIAGNE
Seydou Prosper Sadio et Pape Seydi |
Publication 29/10/2021
Comment rester Professeur agrégé de philosophie, abreuvé donc aux sources grecques de la pensée, et conserver sa capacité inaltérable à penser les Humanités africaines ? Il est de notoriété publique que nombre d’intellectuels africains, imbus des connaissances académiques, perdent leur âme africaine au profit des cultures et modes de penser étrangers. Tel est loin d’être le cas pour le premier agrégé de philosophie en Afrique, le Professeur Mamoussé Diagne.
Maître de Conférence pendant un peu plus de 40 ans à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), le Pr Diagne, auteur de plus de 70 articles et travaux divers dont les plus connus sont la « Critique de la raison orale » (2005) et « De la philosophie et des philosophes en Afrique noire » (2006), préconise, dans cet entretien effectué en marge du Forum fondateur des Humanités africaines (28 au 30 septembre 2021), à Bamako, la refondation de la pensée africaine. L’enjeu : faire en sorte que les populations africaines ne soient pas des anonymes dans le monde. Il souligne toute la pertinence du plaidoyer que le chef de l’État, Macky Sall, a mené récemment dans ce sens à la tribune des Nations Unies, réclamant une présence de l’Afrique au Conseil de sécurité.
Professeur, parler de sujets comme celui des Humanités africaines en ces temps de déclin des certitudes comme le disent certains, peut renvoyer à quoi exactement ?
Je crois qu’actuellement, cela doit renvoyer à un acte de refondation de la pensée dans le monde. Nous ne sommes pas seulement dans une période de transition mais dans un monde qui est bouleversé dans ses certitudes et dans ses repères. Au moment où les hommes de toute la planète se posent des questions sur ce qu’ils sont, sur où ils vont ; il est bon de s’arrêter un moment et de faire l’état des lieux et de se dire où est-ce que nous allons, avec qui nous allons et comment devons-nous y aller. Pour arriver à ce but, cet ensemble de questions qui cernent ce que nous appelons notre être là africain au monde, il faut savoir que nous sommes dans ce que nous appelons aujourd’hui, mondialisation ou globalisation. C’est bien face à cette mondialisation précisément qu’il est arrivé à ce que le Président Senghor sorte un concept magnifique qu’il a théorisé lui-même, la Civilisation de l’Universel, parce que c’était inévitable que cela arrive. Mais ce monde de l’Universel, nous devons nous y rendre comme étant un lieu du donner et du recevoir mais pas comme étant un lieu d’un don unilatéral mais bilatéral. On doit donner et recevoir en même temps, comme le dit Senghor. Alors pour nous préparer à cet échange, il faut que nous ayons quelque chose à donner et pour cerner la part africaine, c’est-à-dire ce que l’Afrique a à donner au reste du monde, il faut que le continent interroge, aujourd’hui, son humanité dans l’Humanité ; c’est pour cela qu’il est important de poser le débat sur la question des Humanités africaines. C’est-à-dire, les Humanités africaines dans les Humanités du monde. C’est la meilleure façon de se positionner et de se situer nous-mêmes et revendiquer pleinement notre place dans le monde. On ne peut revendiquer sa place que si on estime avoir une place, sinon on est balayé par les rafales de ce qu’il est convenu d’appeler la globalisation.
On parle de plus en plus d’une certaine marginalisation des Humanités africaines. D’abord est-ce un avis que vous partagez ? Si oui, ensuite, qu’est-ce qui est arrivé à l’Afrique au cours de l’histoire pour EN arriver à cette situation ?
De plus en plus, ce qui nous est arrivé avec la globalisation, c’est le désir nourri par une part de l’Humanité de dire comment le monde doit être et le disant, elle conjugue le monde autrement. Le monde étant pour elle sa manière de vivre et sa manière d’être. C’est ce que Jack Goody, un chercheur anglais, appelle « Le vol de l’histoire ». Et en sous-titre, il met « Comment l’Occident a réussi à imposer son propre récit historique au reste du monde ». Comment la colonisation, l’occupation, aujourd’hui la marchandisation même du savoir, ont fait que ce monde n’est plus que celui de quelques-uns au lieu d’être celui de tous. Nous devons, en tant qu’Africains, y trouver notre place. Et pour y arriver, l’équation est la nôtre d’abord. L’équation africaine à savoir comment devons-nous faire en sorte que nos populations ne soient pas des anonymes dans le monde, qu’elles ne tendent pas la main partout ; qu’elles ne soient surtout pas les damnés de la terre. Et ça, c’est à l’Afrique de le réussir à travers une volonté tendue vers l’affirmation de ce que j’ai appelé le cogito africain. C’est-à-dire, je suis mais je suis quoi, je suis qui ; c’est-à-dire de ce que le cogito pense de lui-même, de sa propre trajectoire et de ses propres désirs, de son propre dessein, de ses propres projets. C’est ce qui est important pour nous-mêmes et personne ne le fera à notre place. Personne ne peut le faire d’ailleurs, surtout que certains n’ont pas envie du tout que ça se fasse.
Dans ce combat, ne pensez-vous pas que la recherche universitaire africaine a failli à un moment, en ce qui pouvait être sa vocation, surtout par rapport à la refondation des Humanités africaines et des sciences sociales ?
Quand vous dites ça, cela me fait penser à une rencontre qui a eu lieu à l’Université de Dakar lorsque notre sœur, hélas, disparue très tôt, Aminata Diaw qui s’occupait des affaires culturelles au Rectorat, m’avait fait convoquer une rencontre avec Samba Diabaré Samb, un grand maître du Khalam (instrument traditionnel wolof). La rencontre était intitulée, le Griot et le Philosophe. Celle-ci a permis de s’interroger sur notre rapport avec nous-mêmes. C’est-à-dire, notre rapport avec hier et avec aujourd’hui. Voir aujourd’hui, comment remettre ensemble toute cette continuité historique qui avait été fragmentée par des accidents de toutes sortes, par l’esclavage bien avant, par la domination impériale. Comment arriver à se libérer de cette gangue qui pèse sur nos épaules et voir comment nous tenir droit comme sujet face aux autres sujets. Que le cogito africain ne se construise que dans sa rencontre ou dans sa confrontation avec les autres pour leur dire, nous appartenons à la même humanité. L’Humanité africaine n’est pas une humanité à part, une humanité spécifique qui se distingue des autres humanités mais une modalité différente pour l’humain lui-même de se libérer, compte tenu d’un espace et d’un environnement particulier. Cette Humanité, comme le disait un de mes anciens maîtres, « Je l’assume, tu l’es parce que nous en sommes ».
Lorsque le Président de la République, Macky Sall, revendique, pour la énième fois, la place de l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations Unies, là où se construit le sort du monde, c’est parce qu’on ne peut continuer de soulever des questions concernant l’Afrique sans sa présence elle-même. Ce n’est pas possible. Lorsque les Africains eux-mêmes ont créé une maison d’édition africaine, ils l’ont appelé « Présence africaine », c’est tout un symbole. Lors du centenaire de « Présence africaine » et de l’hommage rendu à Alioune Diop, le fondateur, j’ai intitulé mon texte : « Et les Nègres prirent la parole ». En effet, avoir la parole, c’est avoir son droit à dire ce qu’on pense, son propre projet à la table où le monde lui-même discute et les gens devenus puissants pour des raisons historiques qu’on ne dispute plus, se croient avoir seuls le droit de prendre la parole et à la distribuer comme ils l’entendent. Or quiconque parle est maître de celui qui ne parle pas car, de toute manière, c’est sa parole qui vaut et qui devient impérative. C’est comme cela que le fou est exclu de la parole droite parce qu’on estime que sa parole est intempestive. Dans la tradition, quand un village recevait un hôte de marque, on sortait du village tous les fous car ils peuvent dire quelque chose qui brise, qui casse « todj-todj en wolof ». Le fou étant hors de la normalité avec les gens.
Lorsque le monde classique se mettait en marche et allait tracer les cercles qui décident et les cercles de l’indicible, le monde s’est divisé finalement. Et maintenant, même si l’on ne parle pas de fous, ceux à qui on ne donne pas la parole sont mis à l’écart. Et tant qu’on laissera le monopole de la parole aux autres, évidemment, on sera toujours écarté. Alors, demander à la tribune des Nations Unies que les Nègres aient la parole est un acte très significatif. Nous devons nous définir nous-mêmes souverainement et faire le contour de notre moi pour définir ce que nous voulons que le monde soit. Qu’on y arrive ou pas, c’est un enjeu énorme mais la bataille ne doit pas être considérée comme perdue d’avance. Quelqu’un qui pense avoir été vaincu d’avance, l’est en effet. Il ne faut jamais se dire que l’histoire est terminée car c’est la manière d’établir la domination.
Il est admis aujourd’hui que nos langues africaines doivent jouer un rôle non négligeable dans l’éducation des masses, et pourtant, celles-ci peinent encore à bénéficier d’une certaine considération. Qu’est-ce qui justifie cette perte de valeur ?
C’est l’Histoire. C’est l’histoire avec tous ces procès de production. Le procès de production de la matière, de la marchandise. Ces procès de production s’accompagnent aussi de celui de l’imaginaire car il n’y a pas meilleure manière de s’emparer d’autrui que de s’emparer de son imaginaire. Cheikh Anta Diop le disait déjà. Prendre la conscience des autres, c’est la meilleure manière de les gouverner parce qu’ils ont fini en ce moment d’intérioriser la domination. Et ce sera difficile par un acte de retournement incroyable qu’il arrivera, un moment, dans une sorte de dialectique du maître et de l’esclave, à se dire : non, je veux accéder moi-même à la maîtrise. Mais ce n’est jamais donné et c’est parce que ce n’est jamais donné que c’est une conquête qui est toujours à faire, à parfaire. Et notre tâche à nous intellectuels et à la génération de transition, c’est de transmettre à nos cadets toute cette conscience. Et ça, c’est inévitable. Nos langues doivent redevenir ce qu’elles n’ont jamais cessé d’être, à savoir des langues de communication et de production de culture et non des langues de commandement puisse que la langue de l’autre est piégée.
Que pensez-vous de la recherche sur l’histoire africaine ?
Comme l’affirme Cheikh Anta Diop, elle ne s’arrêtera pas parce qu’elle ne le peut plus. Aujourd’hui, on est arrivé à un moment où nous ne pouvons-nous arrêter parce que non seulement nous n’avons pas le droit de le faire mais parce que nous sommes acculés dos au mur devant nos peuples et devant nous-mêmes intellectuels. Ce que l’Afrique doit faire, c’est à nous de le définir, de le savoir et d’articuler les mots crochés et d’acculer ceux-là même que nous mettons en place pour qu’ils nous gouvernent afin que nos projets de société soient accomplis et non rester des slogans. Si vous voyez aujourd’hui dans nos universités et dans nos institutions de savoir, il y a un hyper positivisme qui a tendance à écarter les sciences sociales au profit de celles dites exactes, c’est parce que ces sciences dites « exactes » sont considérées comme des sciences utiles pour la transformation du monde. Mais encore, faut-il savoir à qui profite cette transformation du monde. Quand j’ai eu à dire que « s’interroger sur l’homme, c’est un projet de sciences humaines », ce n’est pas par hasard car c’est parce que c’est l’homme qui accomplit la transformation du monde, selon le vœu de Descartes, « Être maître et possesseur de la nature ». Mais je dis tout cela accompagné de quoi ? Si nos projets de développement échouent très souvent, c’est par la non prise en compte de cet homme-là qui doit être maître et possesseur de la nature. Qu’est-ce qu’on en a fait. On a oublié la culture, on a oublié la langue des peuples et c’est par imposition de schémas préétablis que, de toute manière, on ne peut pas avancer. La seule manière d’avancer, c’est d’arriver à ce que les populations du monde conjuguent leurs projets de développement dans leurs propres langues. Il faut un acte communicationnel qui mette à égalité de savoir les peuples. Les sciences humaines ont ce rôle exploratoire de savoir qui est celui à qui je m’adresse. La question fondamentale en ce moment, c’est de savoir qui parle et à qui parle-t-il et que dit-il à celui à qui il parle. Et autre point, quelle finalité ? Qu’est-ce que je veux que celui à qui je parle fasse ? Et si l’on ne sait pas répondre à ces questions-là, (et seules les sciences humaines peuvent y répondre et non les mathématiques), il sera difficile de développer nos propres projets car c’est à partir de ce moment-là seulement que commence le développement et le processus d’acquisition de la conscience de l’autre, de la conscience d’avancer et de cerner son propre projet. Tout projet doit se dire et se communiquer, et cela doit se faire dans une langue que l’on maîtrise. On doit dire le mot développement en wolof par exemple pour avancer. C’est essentiel. On ne peut pas donner le développement clé en main, cela n’est pas possible. Il faut faire en sorte que la fabrication de nos civilisations ne soit pas laissée aux autres.
par Felwine Sarr
LES ANCÊTRES REPARTENT, LES ANCÊTRES REVIENNENT
Ma joie est d’apprendre qu’il arrive que les exils ne soient pas définitifs, que les chemins ne se perdent pas pour toujours et que bientôt Glèlè, Ghézo, Béhanzin et leurs cohortes retrouveront leur foyer ardent
Le Point Afrique |
Felwine Sarr |
Publication 29/10/2021
Nous publions le discours que Felwine Sarr – écrivain, et cela se sent ô combien ici – a prononcé le 27 octobre au musée du Quai Branly-Jacques Chirac au cours d’une cérémonie historique, celle de la restitution des 26 trésors d’Abomey par la France au Bénin, qui les exposera au Fort d’Ouidah avant de les accueillir dans un musée en cours de construction dans leur ville d’origine. Jusqu’au 31 octobre, on peut encore voir ces chefs-d’œuvre à Paris lors de la semaine culturelle du Bénin.
Il est des événements qui pourraient se passer de discours tant leurs sens profonds imprègnent et soulèvent les somnambules que nous sommes. Et en ces moments, l’ineffable joie d’être le témoin d’un moment historique, chargé de sens, dont on a rêvé l’advenue, rend les mots suspects sinon inutiles. Il arrive même qu’ajouter des mots soit synonyme d’ôter du sens.
Aujourd’hui, les ancêtres Glèlè, Ghézo, Béhanzin, avec leurs cohortes, repartent vers les terres rouges d’Abomey et de Ouidah. À nouveau, ils traverseront l’Atlantique, mais cette fois-ci dans le sens d’un retour nécessaire et tant attendu. Leurs dos battus par les souffles du ponant.
Durant 129 ans, ils furent privés du soleil du Danhomé, de l’air du regard des leurs, des soins rituels, des chants, des processions annuelles.
Aujourd’hui, ils entament la fin de la saison de l’ombre de leur exil.
Ces objets qui retournent, nous l’avons dit, ne sont pas que des objets.
Ce sont des signes qui débordent tous les sens qui leur furent attribués.
Enfants d’une longue évolution spirituelle, sociale et artistique, puissances de germination, forces d’engendrement du réel, ce sont des êtres habités par l’âme et l’esprit des cultures qui leur ont donné vie.
À ces cultures, a cruellement manqué, pour alimenter les forges du présent et de l’avenir, le feu des anciens…
Il a fallu aller chercher les sèves un peu partout, téter parfois au pis le plus sec.
Il était attendu pour l’Etalon d’or de Yennenga, finalement «Baamum Nafi» va se contenter du Prix spécial Uemoa du meilleur long métrage fiction. Son réalisateur, Mamadou Dia, préfère relativiser. Il s’applique la devise de Coubertin. «Voir des gens dans la rue qui saluent Alassane Sy qui a interprété Thierno, Aicha qui a joué Nafi, qui les applaudissent, c’est ça notre gain, notre victoire», a déclaré Mamadou Dia. Face au désir du géant Netflix de pénétrer le marché africain, Mamadou Dia estime qu’il s’agit là d’un phénomène inéluctable.
Baamum Nafi n’a pas eu l’Etalon d’or de Yennenga. Etes-vous déçu ?
Non ! Je suis très content que le film ait pu arriver au Fespaco. C’est un film que nous avons fait avec nos propres moyens. C’est une autoproduction. Nous avons travaillé sans soutien extérieur. C’est au montage qu’on a eu le soutien du Fopica. Baamum Nafi a eu une très belle vie avant. Il est sorti en 2019 à Locarno où il a gagné deux Léopards d’or. Il a eu des prix en Belgique, au Sénégal et dans beaucoup d’autres pays. Il est sorti en salle en France, au Sénégal. Pour nous, être présents au Fespaco, voir les téléspectateurs adorer le film, voir des gens dans la rue qui saluent Alassane Sy qui a interprété Thierno, Aïcha qui a joué Nafi, qui les applaudissent, c’est ça notre gain, notre victoire.
Quels sont vos projets dans l’immédiat ?
J’essaie de travailler sur une autre histoire qui n’est pas encore aboutie. J’en suis à l’étape de recherche. Dans notre compagnie de production Joy & Diddy que j’ai créée avec Maba Ba, on cherche d’autres projets. On veut trouver des gens qui ont des scénarios et qui seraient prêts, comme nous, à travailler sans apport extérieur car il y a plein de scénarios à Dakar.
Le succès de Baamum Nafi n’impacte pas votre prochain film ?
En théorie, oui ! Quand on fait un film en équipe, l’idée c’est que le prochain sera plus facile à faire. Pour le moment, je n’ai pas encore de soutien ou je n’ai pas encore demandé. Mais j’ai aussi entendu des gens dire que le deuxième film est encore beaucoup plus dur car il est attendu, parce qu’on veut savoir si le premier était une erreur ou une œuvre. Mais je ne sens pas la pression parce qu’il n’y a pas deux œuvres identiques. Une œuvre filmographique, c’est une équipe différente, des acteurs différents et personnellement j’ai évolué depuis 2 ou 3 ans. Des choses ont changé. J’ai appris d’autres choses. Je ne sens pas la pression car on fait des films pour nous-mêmes. Quand j’écris, je pense d’abord au Sénégal. Comment les gens à Matam et Tamba vont voir le film ? Comment vont-ils le comprendre ? Pour moi, c’est le plus important. C’est la raison qui nous a poussés à organiser la première de Baamum Nafi à Matam.
Pensez-vous que le Sénégal a fait une bonne moisson avec les prix gagnés ?
Je ne sais pas si c’est une bonne moisson car, pour les festivals, on ne sait jamais. Ce n’est pas parce qu’on a eu des prix que c’est une bonne moisson. La bonne moisson c’est d’avoir présenté beaucoup de films, que ce soit dans les sections officielles ou parallèles. On a même eu une section Sénégal où des films ont été présentés. La bonne moisson, c’est de montrer nos films en dehors du Sénégal. On a eu beaucoup de trophées en documentaire, en fiction, en court métrage. Je pense qu’on a vraiment réussi notre Fespaco.
Quelle lecture faites-vous du cinéma sénégalais ?
Je pense que le cinéma sénégalais marche bien car on produit beaucoup de films. Il y a beaucoup d’initiatives, il y a Ciné banlieue, Ciné Ucad, centre Yennenga. Bref, il y a plein de choses qui se passent à Dakar et dans les régions. Dans ce sens-là, le cinéma se porte bien. On a aussi la chance d’avoir un fonds, l’un des rares par rapport à beaucoup de pays, qui fait la promotion du cinéma. C’est sûr qu’il y a des choses à améliorer. Dans la formation, on n’a pas encore une école où toutes les personnes peuvent être formées comme elles veulent. Je sais que le centre Yennenga commence à faire de la postproduction, les autres initiatives ont beaucoup de qualité mais je pense que ça peut s’améliorer. Certes la chaine de la distribution n’est pas complète mais il y a des gens qui s’y mettent.
Netflix annonce vouloir revaloriser les contes africains. L’arrivée de ce géant ne vous fait-elle pas peur par rapport à l’aspect authentique de notre héritage ?
C’est une peur qui est valide. Je sais aussi qu’on ne peut pas en vouloir au créateur qui souhaite faire du commercial. Si quelqu’un veut produire une chose, car il perçoit le cinéma comme ça, pour moi ce n’est pas un problème. Le cinéma est un art et ce dernier est, en réalité, une marchandise. L’artiste peut dire que mon art n’est pas à commercialiser, je ne le fais pas pour avoir des sous, mais si quelqu’un le fait, je n’y vois pas de problème. Nous essayons de trouver de l’authenticité pour les partager mais Netflix est malheureusement une puissance incontournable. Si elle veut produire quelque chose dans un pays, elle va le faire. Le monde est arrivé à ce point : il y a des géants qui «bouffent» tout le monde et on doit passer par ça. Il faut aussi préciser que Netflix fait de bonnes choses. Elle a produit des films que personne n’aurait vus sans elle. Il y a un bon côté aussi.
«LES FEMMES SONT UNE MINE D’OR POUR CHAQUE ECRIVAIN»
Palabre avec… Me Serigne Amadou Mbengue, avocat – écrivain
Entretien réalisé par Alassane Seck Guèye |
Publication 29/10/2021
Avocat au Barreau de Dakar, Me Serigne Amadou Mbengue est également un écrivain à la bibliographie riche de six œuvres dont la dernière, « Gorée Coumba Castel », nous fait découvrir l’île mémoire dans toutes ses facettes à travers ses murs et ses hommes. Dans cet entretien, Me Serigne Amadou Mbengue revient sur son univers littéraire. Entretien…
Vous êtes avocat et écrivain. Y a-t-il un temps pour l'écriture et un autre consacré au barreau ?
Les deux métiers ne sont pas incompatibles. Je reste persuadé que l'écriture peut servir d'appoint à la profession d'avocat. Etre à son service. Tout avocat est un potentiel écrivain. En effet, outre les plaidoiries, il faut bien dire que l'avocat passe le plus clair de son temps à écrire et l'habitude d'écrire peut mener vers la production de livres et de romans. Etant relevé qu'en règle générale, un livre s'impose à son auteur. La littérature qui se définit comme l'ensemble des œuvres produites par les écrivains -en tout cas le travail de l’écrivain- ne saurait être un champ fermé pour quiconque à fortiori pour un avocat, témoin de son temps, dernier rempart de la liberté, défenseur de la veuve et de l'orphelin. Donc, homme nourri par la sève créatrice de l'émotionnel et du réel et vivant toujours avec les pulsations intimes du peuple et de son environnement. L'immixtion des avocats sur la scène littéraire n'est pas nouvelle. Si dans la Grèce antique le métier d'avocat n'existait pas, il y avait en revanche des logographes, c’est-à-dire des personnes qui écrivaient des discours à l'intention des justiciables, discours que ceuxci venaient réciter devant le prétoire. Démosthène en a conçu tant pour des parties demanderesses que défenderesses. De par le monde, on peut citer de nombreux avocats qui ont produit ou publié des romans : Jacques Isorni (Les cas de conscience de l'avocat) René Floriot (Les erreurs judiciaires) le bâtonnier Jacques Charpentier (Remarques sur la parole) Paul Lombard (Mon intime conviction), l'actuel ministre de la justice Eric Dupont-Moretti (Bête noire). Au Sénégal, on peut citer aussi des avocats comme Me Bocar Ly (Histoire de la coupe d'AOF de football) Me Dano (un recueil de nouvelles) Me Alassane Cissé (Les Sanguinaires). Et à dire vrai, le barreau regorge de confrères qui s'illustrent par leur belle plume. Je ne citerai personne de crainte d'en oublier mais on peut penser au Bâtonnier Pape Laïty Ndiaye, Samba Bitèye, Souleymane Diagne, François Sarr, Bamba Cissé entre autres.
Quels sont les moments où vous écrivez ?
Oui, je pense qu’il y a un temps pour l'écriture et un autre pour le barreau. Chaque chose en son temps. L'une procède d'une obligation, l'autre d'une passion. Or, lorsqu'on exerce une passion, on ne sent pas la difficulté. Je puis même dire que l'exercice de cette passion, véritable Violon d'Ingres, nous aide à mieux aborder les tâches professionnelles. Je puis dire aussi que ces deux activités, tout en cheminant dans une « interfertilisation » réciproque, créent une compartimentation et nous permettent de prendre pleine conscience du temps réel qu'on consacre à l'une ou l'autre activité. Je puis dire ine fine que pour l'essentiel, l'écriture est d'essence divine. C'est le Créateur qui inspire l'écrivain. Je veux parler surtout du premier jet. Le reste c'est une affaire de technique et c'est là maintenant qu'intervient le talent qui différencie l'écrivain de l'auteur. Par conséquent, l'inspiration peut venir à tout moment, à tout instant, où vous vous trouvez. Tous ceux qui écrivent à l'ordinaire vous le diront, il est recommandé dès qu'on sent l'inspiration, dès que vous êtes assailli par des idées, de les accoucher aussitôt sur une feuille autrement elles peuvent se volatiliser et disparaître. On peut retenir qu'écrire un livre est un véritable marathon, un chemin de persévérance et chaque jour doit être mis à profit, chaque jour constitue une fraction de cet objectif, ô combien exaltant qui part de la feuille blanche à l’édition.
L'essentiel de votre œuvre épouse les réalités de la société sénégalaise. Est-ce des récits de vies ou bien la somme de votre imagination ?
L'écrivain doit pouvoir appréhender le thermostat de sa nation. Il doit être bien au fait des choses qu'il décrit. Personnellement, avant d'écrire, je recueille des informations sur le sujet, je me rends toujours sur place. Je fais des repérages. Je m'entretiens au besoin avec les personnes concernées. Peut-on pertinemment écrire sur la presse sans parler avec des journalistes ? Il y a, à de certaines moments, des récits de vie, une touche personnelle parce qu'on laisse forcément des traces de soi même dans un roman. Mais pour une très large part, on donne libre cours à l'imagination. Albert Einstein disait que « l'imagination est plus importante que la connaissance». Car la connaissance est limitée tandis que l'imagination englobe le monde entier, stimule le progrès, suscite l'évolution. Donc à maints égards, l’imagination demeure la sève nourricière du roman par cela seul que le roman c'est une possible vérité. Le roman tire sa source du réel que ce soit les personnages, les descriptions, les narrations, les dialogues et même les scènes d'ouverture ; tout part de la réalité. On ne fait pas un roman ex nihilo.
On sent également chez vous cet art de raconter des histoires…
Je laisse cette question à l'appréciation des lecteurs mais je dois dire que je fais des efforts afin que celui qui me lit puisse être dans l'ambiance des scènes décrites.
Dans votre œuvre les femmes sont fortes. C'est l'idée que vous vous faîtes d'elles ?
Je crois pouvoir dire que les femmes sont une mine d'or pour les écrivains. Les femmes ne font –elles pas l'histoire ? Quand j'ai montré mon premier roman à un ami il m'a posé la question : « Pourquoi pas le persévérant ? » Je pense que le titre la persévérante est plus attrayant que celui de persévérant. Il m'est revenu que plusieurs femmes dont les époux avaient acquis ce livre l’ont aimé…. c'est la raison pour laquelle on n'a pas besoin de s'étendre là-dessus. L’ancien académicien André Maurois dans son roman « Climats » fait dire à l'un de ses personnages Solange : « Un homme a une carrière, une femme a beaucoup plus de" possibles" devant –elle. Un homme a une carrière tandis qu'une femme peut vivre la vie de tous les hommes : un officier lui apporte la guerre, un marin l'océan, un diplomate l'intrigue, un écrivain les plaisirs de la création … elle peut avoir les émotions de 10 existences sans l'ennui quotidien de les vivre. Et son interlocuteur lui fera observer qu'on pourrait en dire autant des hommes.
Seriez – vous un partisan de la polygamie ?
Comme vous le savez, mon second roman intitulé « La Rivale » qui est la suite de « La Persévérante » traite de la polygamie, d'un mari qui vit sous le même toit que ses deux épouses et qui, au quotidien, déploie des talents de funambule et d'équilibriste pour les gérer. Ce qu'il convient de retenir, c'est qu'Il faut de tout pour faire un monde. Dans la vie chacun fait son choix personnel. Certains choisissent le célibat, d'autres la monogamie ou la polygamie. Très précisément, la polygamie ressort d’un choix ou d’une option. C'est une affaire personnelle. Il s'agit surtout et autant que faire se peut d'être juste visà-vis de ses épouses. Dans la sourate 4 An - Nissa les femmes, au verset 3 Dieu dit : " Epousez 2, 3, ou 4 femmes. Mais si vous craignez d'être injuste alors prenez une seule." Au demeurant, le Code de la famille dispose qu'en cas de polygamie, chaque femme peut prétendre à une égalité de traitement…
Dans votre roman, « Gorée Coumba Castel », vous dévoilez l’île mémoire sous toutes ses facettes. Mais également la vie des Goréens avec une très bonne mémoire sur les hommes et certains faits ?
Oui, dans Coumba Castel il est question de Gorée sous plusieurs aspects mais aussi de la vie des Goréens, tout cela agrémenté de récits d'anecdotes et de souvenirs. « La mémoire, disait Bachelard, est nécessaire pour toutes les opérations de la raison. » Je rends grâce à Dieu qui m'a doté d'une capacité de mémorisation. En effet bien mémoriser relève d'un don divin. Dieu n'a-t-il pas dit dans la sourate Al Ahla : « Nous t'apprendrons bientôt à réciter le Coran et tu n'oublieras que ce que Dieu veut que tu oublies »
Comment vous est venue l'idée d'écrire ce livre. Tenez-vous un carnet ou c'est le reflux de vos souvenirs ?
Ce livre est le reflux de mes souvenirs. Birago Diop, le père des Lettres sénégalaises, disait : « Quand la mémoire va chercher du bois mort, elle rapporte le fagot qu’il lui plait ». Comment n'aurais-je pas écrit un livre sur Gorée ? Avant d'y habiter, j'avais un certain nombre d'idées reçues. J'entendais parfois des choses énormes. Par la suite, j'ai vécu pendant 10 ans à Gorée. Après cela, je n'ai eu de cesse de me rendre dans l'île mémoire. Cela vous fait plusieurs approches et angles d'attaque et vous engrangez par là même beaucoup de constats, d'anecdotes et de souvenirs. Voilà pourquoi j'ai écrit ce roman qui porte le nom du génie de l’île : Coumba Castel. Il fallait bien qu'un jour que j'accouchasse tout cela, que j'écrivis sur ce thème et que je partageasse le livre y afférent.
On sent également que vous tenez à la précision des faits ?
Réponse affirmative j'ai déjà dit qu'à l'instar du réalisme, je m'évertue à peindre la réalité telle quelle.
Vous avez publié également des poèmes tels Florilèges de souvenirs ?
Florilèges est mon premier recueil de poèmes, préfacé par Alioune Badara Bèye, Président des écrivains du Sénégal. Il s'agit à la fois d'inspiration et de souvenirs. D'une part souvenirs de certaines personnes chères, certains lieux tels : Dakar, Gorée, Rufisque, Saint Louis... Chacun sait que la poésie est expression de sentiments, d'émotions et de vécu. C'est le reflet des états d'âme de l'auteur. D'autre part, il y a une sorte d'inspiration, la poésie étant par définition l'art de la fiction littéraire. Et sous ce rapport, j 'aime à rappeler le mot de David Diop qui considère que la poésie, c'est la fusion harmonieuse du sensible et de l'intelligible, la faculté de réaliser par le son et le sens, par l'image et par le rythme, l'union intime du poète avec le monde qui l'entoure". Le poète ne fait-il pas corps avec son environnement ?
On a beau vous lire, on a l'impression que vous fuyez la prise de position en politique ?
Je ne souhaite pas voir les personnages de mes romans s'emberlificoter dans les dédales de la politique.
Que pensez-vous justement des hommes politiques ?
Ils sont héroïques. J'exècre seulement la démagogie (Toute comparaison avec un homme politique ancien ou contemporain n'engage que celui qui s'y livrera !
MACKY SALL APPELLE À LA MISE EN PLACE D’UNE ’’VÉRITABLE INDUSTRIE CINÉMATOGRAPHIQUE’’ SÉNÉGALAISE
Le chef de l’Etat, Macky Sall, se félicitant de "la participation honorable du Sénégal" à la 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), demande aux acteurs concernés de travailler
Dakar, 27 oct (APS) - Le chef de l’Etat, Macky Sall, se félicitant de "la participation honorable du Sénégal" à la 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), demande aux acteurs concernés de travailler "à la mise en place d’une véritable industrie cinématographique" sénégalaise, "en exploitant au mieux nos langues nationales, nos valeurs et potentialités culturelles, touristiques, historiques et artistiques".
Macky Sall, présidant mercredi la réunion du Conseil des ministres, est revenu sur la tenue de la 27e édition du FESPACO (16-23 octobre) et sur la question du développement du cinéma sénégalais, a-t-on appris de source officielle.
Selon le communiqué issu de cette rencontre hebdomadaire du gouvernement, le président de la République a adressé, à cette occasion, "ses chaleureuses félicitations et remerciements" à son homologue burkinabè Roch Marc Christian KABORE, ainsi qu’à "l’ensemble des organisateurs" du FESPACO, "pour l’invitation et le succès de cet événement de référence, de l’agenda culturel du continent, dont le Sénégal était le pays invité d’honneur".
"Appréciant son déplacement à Ouagadougou, le 23 octobre dernier, pour assister à la cérémonie de clôture du 27ème FESPACO", le chef de l’Etat a félicité le ministre de la Culture et de la Communication Abdoulaye Diop et les lauréats sénégalais, "qui ont relevé le défi de la participation honorable du Sénégal, dans tous les segments du Festival".
"Le Chef de l’Etat salue les avancées significatives réalisées par le 7ème Art sénégalais depuis quelques années et demande, au Ministre en charge de la Culture, de poursuivre cette dynamique afin d’asseoir avec les acteurs culturels, la mise en place d’une véritable industrie cinématographique au Sénégal, en exploitant au mieux nos langues nationales, nos valeurs et potentialités culturelles, touristiques, historiques et artistiques", indique le communiqué du Conseil des ministres.
Il ajoute que le président de la République "demande, dès lors, au Ministre en charge de la Culture, de procéder à une évaluation prospective de la politique du cinéma sénégalais dans l’ensemble de ses volets (formation, production, financement, distribution, etc.), avec une attention particulière à la préservation des droits d’auteurs et à une rémunération juste et équitable de nos acteurs, comédiens, techniciens, producteurs et réalisateurs".
BOUBACAR BORIS DIOP, LAURÉAT DU PRIX INTERNATIONAL DE LITTERATURE NEUSTADT 2022
World Literature Today, le magazine de l’Université d’Oklahoma a annoncé mardi 26 octobre le 27e lauréat du célèbre Prix international de littérature Neustadt. Il s'agit de l'écrivain sénégalais, scénariste et journaliste Boubacar Boris Diop.
World Literature Today est le magazine de l’Université d’Oklahoma a annoncé mardi 26 octobre le 27e lauréat du célèbre Prix international de littérature Neustadt. Il s'agit de l'écrivain sénégalais, scénariste et journaliste Boubacar Boris Diop.
Décerné en alternance avec le prix NSK Neustadt pour la littérature pour enfants et jeunes adultes, le prix Neustadt reconnaît le mérite littéraire exceptionnel des auteurs du monde entier.
L'écrivain francophone Diop (né en 1946, Dakar, Sénégal) est l'auteur de nombreux romans, pièces de théâtre et essais. Il a reçu le Grand Prix de la République Sénégalaise en 1990 pour "Les Tambours de la mémoire" ainsi que le Prix Tropiques pour "Le Chevalier et son ombre". Son livre "Doomi Golo" a été le premier roman à être traduit du wolof en anglais.
Robert Con Davis-Undiano, directeur exécutif de World Literature Today, note que « c'est un grand honneur qu'un écrivain africain chevronné de la stature de M. Diop ait remporté le prix Neustadt. C'est un point de repère pour le prix et pour la renommée croissante et bien méritée de M. Diop en Occident.
Le prix Neustadt est souvent référencé comme le « Nobel américain ». Tout auteur vivant écrivant de n'importe où dans le monde est éligible pour le prix Neustadt. Le jury est composé d'auteurs internationaux de renom, et ce fait aide à protéger le prix de la pression externe des libraires, éditeurs et autres qui pourraient avoir intérêt à influencer le résultat.
Le prix Neustadt est le premier prix littéraire international de cette envergure à avoir pour origine les États-Unis et est l'un des très rares prix internationaux pour lesquels les poètes, les romanciers et les dramaturges sont également éligibles. Les gagnants reçoivent 50 000 $, un trophée en forme de plume d'aigle moulée en argent et un certificat.