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2 décembre 2024
Culture
L'ARÈNE S'ÉCHAUFFE
Après une année sportive 2019-2020 sans grand combat en raison de la pandémie de coronavirus, la lutte avec frappe est en train de mettre fin à son sevrage, avec des montages tous azimuts de combats, dont Gaston Mbengue est le maître d’œuvre
Après une année sportive 2019-2020 sans grand combat en raison de la pandémie de coronavirus, la lutte avec frappe est en train de mettre fin à son sevrage, avec des montages tous azimuts de combats, dont Gaston Mbengue est le maître d’œuvre.
Balla Gaye 2, un des ténors de la lutte avec frappe, a déjà réussi à décrocher quatre grands combats, dont le dernier, contre Eumeu Sène, a été ficelé mardi.
Sène, lors de sa dernière victoire contre le lutteur de Guédiawaye en avril 2015, avait juré ses grands dieux qu’il ne lutterait plus contre ce dernier. Il a fini par mettre de l’eau dans son vin après la proposition du promoteur, mardi.
‘’Pour la troisième fois de leur carrière, Eumeu Sène va retrouver sur sa route Balla Gaye 2’’, écrit le quotidien spécialisé Sunu Lamb, dans sa dernière édition.
‘’Même si la date n’est pas encore dévoilée, les amateurs sont aux anges puisqu’ils ne cessaient de plébisciter ce combat de tous les dangers’’, rapporte le même journal.
Selon Sunu Lamb, c’est le frère aîné du lutteur et le ministre des Sports, Matar Ba, qui auraient tordu la main à Eumeu Sène.
Sène a battu deux fois Balla Gaye 2, qui dit être heureux du dénouement qui lui permettra de retrouver son tombeur. ‘’La lutte est notre gagne-pain’’, fait valoir le lutteur de Guédiawaye, actuellement en préparation à l’INSEP, l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, en France.
Avant cet affrontement contre Eumeu Sène, Balla Gaye 2 a paraphé trois combats de lutte.
Le chef de file de l’Ecole de lutte Balla-Gaye a signé un contrat pour lutter contre Bombardier, Boy Niang 2 et Gris Bordeaux.
Eumeu Sène, lui, a accepté un deuxième combat contre Bombardier qu’il avait battu en 2018.
L’arène ne cesse de bruire du combat de lutte avec frappe entre Modou Lô et Ama Baldé, l’un des jeunes lutteurs qui montent dans le cénacle des ténors. Les amateurs se préparent déjà au combat Balla Gaye 2-Bombardier, le 31 juillet. Bombardier a battu Balla Gaye 2 en juin 2014.
Les amateurs ont suivi récemment les joutes verbales entre les lutteurs Gouye Gui et Reug Reug, en attendant leur combat du 29 août prochain.
Le promoteur de lutte Pape Thialis Faye a monté l’affiche Tapha Tine-Boy Niang 2, prévu le 8 août à l’arène nationale.
Avant ces affiches de lutte avec frappe prévues pour la plupart à l’arène nationale, les amateurs du ‘’sport de chez nous’’ ont vécu le traditionnel drapeau du chef de l’Etat, qui a eu lieu à Kaolack (centre), le week-end dernier.
Selon le directeur technique national de la lutte, Khalifa Sow, interrogé par Sunu Lamb, 170 combats de lutte ont été organisés en trois jours.
‘’Nous avons eu 110 combats par équipes et 70 en catégories de poids’’, a-t-il détaillé.
«MON REVE, C’EST DE REDYNAMISER L’INDUSTRIE TEXTILE AU SENEGAL»
La valeur n’attend point le nombre des années. Fatima Zahra Ba illustre parfaitement cette maxime. A 27 ans, la jeune femme, juriste à la base et créatrice autodidacte, a su imposer sa marque dans la mode sénégalaise.
La valeur n’attend point le nombre des années. Fatima Zahra Ba illustre parfaitement cette maxime. A 27 ans, la jeune femme, juriste à la base et créatrice autodidacte, a su imposer sa marque dans la mode sénégalaise. So’Fatoo est aujourd’hui gage de beauté, d’élégance et d’authenticité. A quelques jours de son rendez-vous annuel marquant l’anniversaire de la marque ce 30 mai, Fatima Zahra a répondu aux questions du Quotidien, le temps d’un trajet en voiture.
Organisez-vous un évènement pour la fin de ce mois ?
Normalement, c’était le 5 mai qui est notre anniversaire. Chaque année, on fait un défilé de mode où on invite également d’autres marques. Mais c’est plus qu’un défilé. C’est une expérience culturelle. Et c’est ce qu’on essaye toujours de donner aux gens. La dernière édition au Pullman, c’était autour du mariage sénégalais. Il y avait les bongos, les grands tagals (foulards de tête). Et cette année, c’est au tour de la culture léboue. Donc, c’est un concept différent du fait qu’il y a plusieurs aspects purement culturels. Et cette fois-ci, c’est un brunch, toute la journée et c’est vraiment un mélange de plusieurs choses et une expérience gastronomique. Ensuite, il y a le côté culturel lébou. Et ce cachet culturel, on le retrouve à la fois dans le défilé, mais dans d’autres types de manifestations, notamment une exposition photo de Laye Pro sur la ville de Dakar, du Ndawrabine, et bien sûr la déco, des mannequins, etc. On essaye toujours de joindre l’utile à l’agréable. En 2018, on avait lancé une campagne qui s’appelle Doy na (Assez) autour des violences faites aux femmes. Et cette année justement, lors de notre défilé, nous allons dévoiler le fruit de notre travail de l’année dernière avec des chanteuses et des actrices sénégalaises avec qui on a fait une chanson que j’ai écrite et qu’elles ont interprétée. Et on va en profiter pour lever des fonds pour l’association.
Pourquoi les Lébous ?
Parce que ma mère est Lébou (rire). Donc c’est une partie de mon identité. L’idéal pour moi, c’est d’arriver vraiment pour chaque édition à faire découvrir une partie de la culture sénégalaise, les différentes ethnies sénégalaises, et à terme d’autres pays d’Afrique. Cette année, j’ai choisi les Lébous parce que ma mère est Lébou et ça tombe sur la fête des mères. Donc c’est un moyen pour moi de lui rendre un hommage. Et l’année prochaine, ce sera sur la culture fulani parce que mon père est Peulh. Et l’année d’après, on verra peut-être les Manjacques parce que je travaille beaucoup avec leurs pagnes tissés et ainsi de suite.
La marque So’Fatoo commence à se faire remarquer sur le marché sénégalais. Qu’est-ce qui fait votre particularité ?
Je pense que c’est cet attachement à la culture. Nos vêtements plaisent beaucoup parce que c’est un marché dans lequel les gens se reconnaissent et ce qu’on fait est plus ou moins pudique aussi. C’est culturel parce que ce sont souvent des boubous, des pagnes tissés. Nos vêtements mettent en valeur ce qui est purement de chez nous. Et je pense que pendant longtemps, les «yeré wolof» (boubous, vêtements traditionnelles) étaient soit trop traditionnels, soit pas du tout. Donc, il y avait un problème à trouver le juste milieu d’une tenue qui soit élégante, mais quand même sobre, qui a ce cachet culturel et qui nous appartient et je pense que c’est ce qu’on a réussi à trouver et à exploiter à travers notre marque «So’Fatoo», depuis 2016, l’année à partir de laquelle on a vraiment su trouver notre identité.
Et vous a-t-il fallu du temps pour arriver à cette identité ?
Bien sûr ! On a commencé en 2012, et on a fait un peu de tout. Il faut dire par contre que dès la première année, je faisais du pagne tissé parce que j’étais au Maroc. Ma grand-mère me l’envoyait et je travaillais avec. Je ne faisais que des robes de gala que j’envoyais à des étudiants qui étaient en France. C’était ma première plus grosse commande et j’étais toute excitée. Et sur la plupart, il y avait des pagnes tissés. Mais après, on a fait du wax, on a travaillé du tissu coloré, des imprimés différents, on a essayé toujours d’avoir cet imprimé un peu ethnique. Mais c’est vraiment en 2016 qu’on a décidé de se focaliser sur ce qui est vraiment de chez nous, c’est-à-dire le pagne tissé. Et c’est là que j’ai pris conscience que le wax c’est une grosse arnaque culturelle parce qu’il n’est pas de chez nous, il n’est pas fait ici. C’est comme le Bazin. On se l’est approprié culturellement, mais aujourd’hui, techniquement, l’argent ne va pas dans la poche des vendeurs sénégalais. Le gros de l’argent va dans des usines étrangères et c’est dommage parce qu’on avait nos usines à nous, on avait une bonne industrie textile.
Une mode «pudique», ça veut dire quoi ?
Pour nous, ça veut dire quand même un minimum couvrant. Donc on essaye de dévoiler le moins de choses possible. Il arrive rarement qu’on ait des boubous avec une robe à l’intérieur un peu moulante. Vraiment ce qu’on fait n’est pas sexy, mais c’est pudique. Je me suis voilée en 2017, et je pense que cela a aussi un peu impacté ma façon de travailler.
Alors votre inspiration, est-ce votre quotidien ?
C’est exactement ça. Je m’inspire beaucoup de ce qui est autour de moi parce que de 2012 à 2015, j’étais encore étudiante et ma clientèle, c’étaient des jeunes filles qui avaient autour de 2O-22 ans. Mais après, c’était plus la classe moyenne et il y avait plus de femmes actives et il fallait s’adapter à ces cibles. Quand j’ai eu une nièce, j’ai commencé à faire pour enfant. Je fais pour les grandes personnes aussi. C’est toujours des histoires personnelles derrière, comme par exemple la collection Diewo. C’était en hommage à une amie qui était décédée il y a 2 ans de cela. Il y avait une collection Meissa qui était autour de Game of throne. Donc vous allez retrouver toutes ces choses-là sur les collections parce qu’il y avait tout une trilogie sur la royauté en Afrique, il y avait toute une partie sur l’Egypte antique parce que c’est quelque chose qui me passionne. On retrouve beaucoup de moi dans So’Fatoo.
Pourquoi vous ne faites plus de wax ?
J’ai laissé tomber carrément. Pour moi, le problème ce n’est pas juste parce que les wax ne viennent pas d’ici. La plupart de nos tissus sont importés. Le pagne tissé est lourd, il est très difficile de faire tout un vêtement pour des périodes comme celles-ci avec du pagne tissé. Donc clairement, on est obligé de le mettre avec quelque chose. Mais pour moi, le militantisme, il se retrouve dans le fait qu’on a choisi de promouvoir un matériau comme une partie de notre identité. Sur cette base aujourd’hui, quand je couds un pagne, même si le tissu majoritaire sur la tenue c’est de la crêpe qui vient peut-être de Chine, ce qui lui donne de la valeur, c’est le pagne tissé que j’ai utilisé. Et c’est ce que je mets en exergue vraiment. Et il fallait que chaque chose que je mets en exergue soit authentiquement d’ici.
Quand on parle d’authenticité en Afrique, c’est un peu compliqué pour la poche des gens…
C’est vrai, ce n’est pas le moins cher du tout. Après, je pense que c’est une industrie particulière et qui trouve ses clients. Après l’authenticité, pour moi, on la trouve un peu partout. Ce n’est pas forcément sur des vêtements chers, sur des matériaux qui sont utilisés, mais les coupes aussi ça parle, les techniques de mise en valeur, la broderie par exemple qui est authentiquement de chez nous, en tout cas la façon dont on la pratique. Il y a plusieurs autres manières de faire de l’authentique sans que cela ne soit nécessairement trop cher.
Quel est le profil type de votre client ?
Je dis toujours la classe moyenne supérieure, c’est un peu les gens des bureaux. Donc récemment, on a de plus en plus de femmes de 45-50 ans et j’avoue c’est de la bonne clientèle, parce que ce sont elles qui ont le plus grand pouvoir d’achat et qui ont une plus grande facilité à acheter et surtout ce sont les clientes les moins compliquées. Ensuite, on a beaucoup de clients à l’étranger, dans la diaspora et dans la sous-région en Afrique et plus dans des pays d’Afrique francophone sub-saharienne que d’Afrique anglophone.
On a vu que vous avez habillé les femmes de la série Maîtresse d’un homme marié…
Oui, depuis le début de la série d’ailleurs, vraiment on a pu tirer profit de leur visibilité, surtout à l’international. C’est une très belle expérience parce que déjà, idéologiquement, c’est une série qui parle des violences faites aux femmes et le tabou autour de ces violences et ça c’était l’une des missions de Doy na. Mais au-delà de ça, c’est une série qui est vraiment ouverte à l’international et qui a su toucher la sous-région. Et ça aussi, on a pu en profiter et cela a vraiment eu un impact très positif sur notre business.
Vous êtes plus centrée sur le Sénégal qu’à l’international. Et cela se traduit comment dans votre travail ?
Exactement, ça fait que même dans les vêtements que l’on conçoit, on essaie de faire des choses moins encombrantes parce que les gens cherchent aussi ce côté pratique. Les gens veulent porter So’Fatoo, parce qu’ils s’identifient à notre marque, à notre idéologie et notre façon de faire. Mais ce sont des vêtements qu’ils ne peuvent pas porter parce qu’ils sont aux Etats-Unis, au Canada et qu’ils vont peut-être les porter pour la fête ou pour un mariage, mais pas dans la vie de tous les jours. Mais on essaye de diversifier notre offre et ça se traduit fortement surtout sur la collection que nous sommes en train de préparer qui s’appelle Ndakarou et où vous voyez pratiquement tous les types de vêtements.
Vous ne faites donc pas de prêt-à-porter ?
On a fait des pièces qui s’appelaient «So ’Fatoo be sexy» et qui n’étaient pas chères d’ailleurs, c’est- à-dire entre 25 et 35 mille. Et ces tenues, elles n’ont pas vraiment connu de succès. Paradoxalement, les gens quand ils voient ça, ils ne voient pas du So’Fatoo. Donc on avait arrêté. Mais là, on est en train de refaire d’autres collections So’Fatoo qui vont coûter un peu plus cher, mais ce seront des tenues beaucoup plus pratiques et adaptées à la vie de tous les jours.
Vous êtes autodidacte dans la couture ?
Je n’ai jamais fait de formation. J’ai commencé en 2e année de droit parce que j’avais trouvé une couturière qui était vraiment très bien à Meknès (Maroc) où j’étais alors boursière du Sénégal. Elle me modifiait mes vêtements traditionnels. Et quand je n’en ai plus eu, j’ai commencé à acheter des tissus. Puis, ça plaisait à mes amies et j’ai décidé d’un coup de tête d’en faire un business. Un seul soir, un 5 mai qui est l’anniversaire de ma grand-mère, j’ai décidé de publier une collection. La marque est dédiée à So Fatoo, Fatou Sow comme elle. C’est comme ça que j’ai commencé. Après, j’apprends sur le tas avec mes tailleurs et j’ai prévu d’aller faire une formation professionnelle parce que je suis arrivée à un niveau où c’est nécessaire.
Vous êtes à l’origine de la mise en place du Collectif Doy na qui milite contre les violences faites aux femmes. Comment vous est venu cet engagement ?
C’est pendant mon passage au ministère de la Femme que j’ai eu connaissance de la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences. Et j’avais décidé que l’année suivante je ferai une campagne plus moderne parce que ce qui se faisait, c’était juste des rassemblements avec des personnes déjà sensibles à la cause et on ne gagnait pas de monde. J’ai conçu la campagne et je leur ai proposé. Après, la dame qui était en charge au ministère n’était pas très réactive. Entre-temps, j’ai quitté le ministère, pris le projet avec moi et décidé de le réaliser à travers la mode. Mais c’est aussi parce que c’est une cause qui m’est chère pour des raisons personnelles, par rapport à une personne proche de moi qui a été victime de violences.
Aujourd’hui, Doy na s’occupe de quoi ?
A la base, on était juste censé faire une campagne de sensibilisation. Puis, ça s’est renouvelé. Et au-delà de ça, ce qu’on fait plus, c’est de l’accompagnement. Et ça s’est fait de facto parce que les gens sont tellement déboussolés. Ils ne savent pas où aller et dès qu’ils voient une initiative, ils sautent dessus. Ce n’est pas nous directement qui accompagnons la personne, nous la mettons en rapport avec des professionnels du milieu juridique, médical etc. Nous nous enquerrons de l’avancement de sa situation. Récemment, ce sur quoi on se focalise le plus, c’est qu’on paie des thérapies à des femmes victimes de violences, parce que le volet psychologique est celui qui laisse le plus à désirer, et pourtant c’est celui qui laisse les conséquences les plus longues, les plus définitives sur la vie de la personne. Doy na, c’est vraiment plusieurs activités diverses. Au-delà des campagnes de sensibilisation, on fait des Safe moments, des moments en intimité avec des victimes où elles sont dans un endroit qui est sûr avec des personnes de confiance et avec lesquelles elles peuvent échanger. Au début, on faisait des open mics, mais vous réalisez qu’il y a des victimes qui parlent dans un endroit pas toujours favorable et ça peut poser des problèmes ensuite. On a fait plusieurs écoles pour faire des échanges intéractifs avec les élèves, faire des gender switch, le garçon devient la fille, la fille devient le garçon, pour qu’ils fassent un échange et discutent. Et que chacun comprenne l’expérience de l’autre, surtout par rapport à tout ce qui est harcèlement sexuel. C’est quelque chose qui commence très tôt et on ne réalise pas. C’est vraiment ce qui nous donne le plus de fierté sur ce que l’on fait parce qu’on voit les résultats sur le long terme. Par exemple les élèves de l’Ism nous ont dit qu’ils avaient créé un club pour lutter contre les violences faites aux femmes et qu’il y avait beaucoup d’hommes. Et que c’était grâce à Doy na que les jeunes commençaient à militer et à être plus sensibles à cette cause. On a fait beaucoup de mission comme ça à Kennedy, Sabs, avec les boursiers de Ashinaga, les scouts etc. Et on compte en faire plus dans le futur.
Une expérience dont vous êtes particulièrement fière dans votre parcours ?
Il y a tous les jours de quoi être fière. Franchement, ce n’est pas facile de réussir dans ce pays. Mais je pense que le fait d’avoir réussi à monter un atelier avec 18 employés, à améliorer la qualité de notre travail, me rend fière.
Etes-vous dans une logique d’exporter vos productions ?
Oui bien sûr. Et on exporte déjà beaucoup. Plus de 50% de nos ventes, c’est à l’extérieur. On exporte avec Dhl parce qu’on livre à domicile. Après, la vérité c’est qu’on a un réel problème de production et de passage à l’échelle. Aujourd’hui, on n’arrive pas à produire 20 pièces par jour par exemple. Ce qui nous ralentit, c’est qu’on fait du sur mesure. Si c’étaient des vêtements prêt-à-porter, on pourrait faire 20 pièces par jour.
Vous vous projetez comment dans l’avenir ?
Je suis une grande optimiste et mon rêve ce serait de redynamiser l’industrie textile au Sénégal. Pratiquement toutes les tenues pour homme sont faites avec du super 100 anglais ou du fil à fil. Ce sont des millions de mètres qui sont utilisés par jour. Si on arrivait à produire ce tissu au Sénégal, dites-vous que ceux qui achetaient le mètre à 2 000 F pourraient l’acheter à 1 500 F. Et les 500 F de bénéfice iraient dans la poche du Sénégalais et pas vers l’étranger, sans compter l’empreinte carbone, surtout si on arrive à produire des tissus un tant soit peu écologiques. Par exemple, le crêpe que j’utilise, j’aimerais le remplacer par le lyocel qui est un tissu qui utilise beaucoup moins de procédés chimiques. Et si j’arrive à avoir la technologie pour produire ça ici, c’est un marché énorme. Donc on produirait les tissus les plus utilisés au Sénégal.
Quand vous faites vos tenues et que vous les publiez sur les réseaux sociaux, elles sont copiées. Comment vous protégez-vous contre cela ?
On a appris à vivre avec parce que ça n’arrête pas. Et c’est l’environnement sénégalais qui fait un peu ça parce que les gens sont habitués à aller chez le tailleur avec le modèle de quelqu’un. Cela ne nous dérangeait pas parce que ce sont des individus et on ne peut pas contrôler ça, c’est la norme. Maintenant, quand il y a eu des marques qui se calquent sur notre identité et qui, dans leur manière de travailler, dans le pagne tissé, dans le choix des coloris, la taille des bandes de pagnes tissés, les emplacements, copient ce qu’on fait, c’était devenu douloureux. Mais on apprend à faire avec et on n’a pas forcément le choix. On est dans un processus pour protéger tous nos modèles au niveau de l’Oapi, même si c’est un peu cher. C’est 450 mille pour protéger la marque et 150 mille pour protéger les designs à chaque fois que vous déposez. Mais il est possible aussi de protéger toute une collection en même temps et à partir de là, on pourra ester en justice au besoin. Je pense qu’il y a une limite entre la copie et l’inspiration qu’il faut savoir discerner. Un ami me disait qu’il faut 7 différences flagrantes entre un modèle sur lequel vous vous êtes inspiré et le modèle final. Franchement, si on en compte 2, c’est le grand maximum sur ce qu’on voit. C’est la triste réalité ici où il y a plein de textes et de lois, mais dont l’application est difficile, où les gens ne veulent pas enclencher des procédures judiciaires parce qu’on va toujours dire «diarouko». Ce n’est pas la peine, ce ne sont que des vêtements. Et c’est ce qui fait que pendant longtemps la propriété intellectuelle ne sera pas respectée.
DIAW KETCHUP DANS TOUS SES ECLATS
Grand passionné de foot, il a quitté l’école en classe de première pour se consacrer à l’humour. Invité de l’émission l’as culture de la chaine Youtube du site l’asnews, l’enfant de la médina est revenu sur son enfance
De son vrai nom Alioune Badara Diaw, «Jaaw ketchup» affole la toile avec ses vidéos à couper le souffle. Grand passionné de foot, il a quitté l’école en classe de première pour se consacrer à l’humour. Invité de l’émission l’as culture de la chaine Youtube du site l’asnews, l’enfant de la médina est revenu sur son enfance, ses études ou multiples actions dans le social ou encore ses ambitions politiques. Le célèbre influenceur en a profité pour annoncer ses projets, mais surtout pour déplorer les abus sur le net, avec la publication des vidéos intimes qui secouent ces derniers temps la toile.
D’où vous vient le nom Diaw Ketchup ?
C’était le nom de mon frère. C’était son pseudo sur le net. Comme vous le savez, on est tous passés par l’époque du «blow», changer nos noms sur les réseaux sociaux. Et lui, il avait choisi de prendre le nom de Diaw Ketchup. Je ne sais pas pourquoi il a choisi ça, mais en tout cas, je me le suis approprié. Du coup, à l’époque, j’avais fait une vidéo et je n’avais nulle part où la poster, vu que je n’étais pas sur Facebook. Et vu que je n’étais pas trop intéressé par le net, j’ai utilisé son compte. A ma grande surprise, la vidéo a été appréciée par tous. Et depuis, j’ai gardé le nom, même s’il continue à me réclamer des droits d’auteur (rires).
Comment a été l’enfance de diaw Ketchup ?
Diaw était quelqu’un de timide à la maison, mais très perturbateur à l’école. Jusqu’à maintenant, ma famille ne peut pas concevoir que je sois humoriste, tellement que j’étais calme à la maison. J’étais un enfant poli, mais qui n’était pas trop intéressé par les études. J’étais un passionné du foot, bien vrai que j’étais un élève brillant. Mais je n’allais jamais aux cours à cause des entraînements. A cause du foot, j’ai donc arrêté les études. Mais je rends grâce à Dieu. Maintenant vu mon statut actuel, je ne me plains pas.
En parlant de l’école, quel est votre niveau d’études ?
J’ai arrêté les études en classe de Première. J’avais décidé d’arrêter depuis la classe de Seconde pour me consacrer au football. Les études avaient un impact sur mes entraînements, alors que j’étais dans un grand club. J’étais dans une école où j’étais obligé de faire soit études-sport, soit de faire des cours du soir pour pouvoir m’entraîner les matins. Par la suite, je suis parti au CASE (Collège Africain Sports-Etudes). Mais je ne m’y sentais pas trop à l’aise. Du coup, je n’ai même pas pu signer car j’étudiais au CASE et je m’entraînais à l’ASC Jaraaf. Ne pouvant pas alterner les deux, j’ai dit à ma mère que j’allais arrêter pour me concentrer essentiellement au football.
Vous êtes surtout connu à travers les vidéos que vous publiez. Pourquoi le choix de la comédie ?
J’ai commencé la comédie de façon naturelle. Je suis de nature très comique. Même pendant les entraînements, c’est moi qui m’occupe de l’animation durant les échauffements, avec des blagues. Du coup, un jour, j’ai fait une vidéo qui, à ma grande surprise, était très partagée sur le net. Vu l’ampleur que ça a pris, j’ai décidé de publier des vidéos, d’en faire des chroniques. Mais surtout d’en faire mon métier.
C’est quoi être influenceur ?
Les influenceurs sont nombreux. C’est un mot introduit dans le Larousse je crois depuis 2017. Mais c’est un mot ancien. Parce que les Américains furent les premiers à utiliser ce mot, grâce à un chercheur qui, après des élections, avait fait le constat sur le fait qu’il avait influencé beaucoup de personnes pour voter pour un certain candidat. Il y a différents types d’influenceurs.Il y a les supers stars du web comme «Diaw Ketchup», «Doudou fait des vidéos», les célébrités et même un client satisfait. Il y a aussi les micro-influenceurs comme Cheikh Senghor et «Niang Kharagne Lo» qui ont leurs pages que pour de la publicité.
D’où tirez-vous votre inspiration ?
Je m’inspire naturellement. Quand il y a une actualité et que je sens que je me dois de faire une vidéo là-dessus, en chantant ou en faisant un court métrage, je le fais. Cela dépend juste de mes sensations. Et elles ne me trompent presque jamais.
Vous avez tendance à imiter des stars, des personnalités publiques. Subissez-vous parfois des menaces ?
Je dirais non parce que je pense que ce que je fais plaît aux gens. Les personnes que j’imite également sont pour la plupart dans le milieu. Ils me comprennent. Donc si jamais quelqu’un venait vers moi pour me dire que j’ai fait telle ou telle chose, je l’accepterais. Par contre, ces accusations ne viendraient jamais de quelqu’un qui est du milieu.
Avez-vous d’autres activités en dehors de la comédie ?
Je fais beaucoup de social. Lorsque je ne suis pas en activité sur mes plateformes, je fais des activités sociales dans les mosquées, les « daara » (écoles coraniques, ndlr). Cela se passe d’habitude par des journées de distribution de cadeaux.
Avec plus d’un million d’abonnés sur votre page Instagram, en plus des milliers d’abonnés sur votre chaîne Youtube. Diaw Ketchup doit être riche ?
Bon je peux dire que je suis entre les deux. Je ne suis ni pauvre ni riche. Je peux dire que je suis sur la voie.
On vous a récemment décerné le trophée du meilleur «web comédien» de l’année 2020. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Je peux dire que ce n’était pas une chance, mais un mérite. C’est un mérite, accompagné d’un peu de chance. L’année dernière, on a tout fait. On s’était maquillés, on a tout fait pour satisfaire les gens, les faire rire et leur faire oublier leur stress. Donc, ce trophée est en quelque sorte le fruit d’un long labeur. J’en suis très content et je remercie tous les Sénégalais, car ce sont eux qui ont voté pour moi. On peut être nominé, mais ce qui accompagne cette nomination, ce sont les votes. Et les Sénégalais m’ont vraiment été d’un grand soutien pour cette réussite.
Vous avez été médiateur lors des émeutes que le pays a récemment connues. Êtes-vous tentez par l’idée de faire de la politique ?
Je songe à la politique. Je crois que nul n’est apolitique. Le fait de donner son avis sur les faits de la société est pour moi un acte politique. Elle fait partie de ce qui peut contribuer au développement d’un pays. Je ne me dis pas apolitique, et si toutefois je dois me lancer en politique, je n’y réfléchirai pas à deux fois.
Vous êtes à la tête du projet «médina social». Comment l’idée vous est venue ? Y a-t-il d’autres personnalités derrière le projet ?
C’est mon idée et je l’ai conçue moi-même. D’ailleurs, je le faisais chaque mois de Ramadan. Je faisais des journées de distributions de « Ndogu ». Je le faisais seul mais cette année, je m’en suis ouvert à mes amis et à mon entourage. De ce fait, ils ont proposé qu’on monte une association. En ce moment, nous préparons un forum sur l’entrepreneuriat et l’emploi des jeunes qui va se tenir au mois de juin. Nous avons comme parrain Cheikh Ahmed Tidiane Ba. Après le forum, nous allons mener une campagne de parrainage. Il s’agit de parrainer des enfants démunis au niveau de la Médina. Donc la campagne de parrainage et le secourisme vont se tenir au mois de juillet. Nous allons lancer un numéro. De ce fait, toutes les personnes qui ont des blessures ou des ordonnances vont appeler ce numéro. Ainsi, notre équipe d’assistance et de secourisme va se charger de leurs demandes. J’habite la Médina, mais je ne veux pas que cela se limite là uniquement. C’est ouvert à tout le monde. Pourquoi ne pas monter des structures dans chaque quartier ? Par exemple, «Sacré-Cœur social», «Dieuppeul Social» et ainsi de suite. J’invite toutes les personnes influentes à faire des gestes à l’endroit de leur communauté.
Que pensez-vous de ceux qui utilisent les vidéos privées des gens, les faisant chanter?
C’est un phénomène qui commence à prendre de l’ampleur. Ces temps-ci, on constate que les victimes du net sont nombreuses. Je demande aux auteurs de se ressaisir parce que la vie est éphémère. Rien ne vaut la peine de détruire son semblable. Chacun de nous a son jardin secret. Donc, nous nous devons d’être responsables et arrêter ces choses-là.
Donc, vous êtes d’accord avec le projet de régulation des réseaux sociaux, pour que les auteurs de ces actes soient sanctionnés ?
Oui, je pense qu’il est temps de revoir l’utilisation des réseaux sociaux car ils n’ont pas de limites. Il suffit d’avoir son téléphone pour avoir l’accès facile et publier comme on veut. Le problème n’est pas le réseau social en tant que tel, mais plutôt ce sont les mentalités qu’il faut changer. Toute publication mérite d’être vue et revue, avant d’être partagée. Le problème est donc humain. Il faut que les mentalités évoluent. Parce que nous devons faire attention à l’usage des réseaux sociaux. Il y a des choses, quand tu les postes, cela ne va jamais s’effacer. Donc, il faut veiller sur ce que nous publions sur les réseaux sociaux. Par exemple, à mes débuts, je prenais des musiques d’autrui pour en faire des parodies. Mais en ce moment, lorsque tu touches à une chanson qui ne t’appartient pas, même si le propriétaire ne te l’a pas signalé, YouTube va s’en charger pour te rappeler les droits d’auteurs et autres. Donc, tu vas tout juste faire avec pour avoir des vues, mais ça ne rapporte pas d’argent. Et ce n’est pas cela notre but en tant que professionnels.
Vous êtes suivi par des millions de sénégalais. Qu’est-ce que cela fait d’être star ?
Je ne sais trop. Je ne suis pas une star (rires).
Quel souvenir vous a le plus marqué depuis que vous êtes devenu une célébrité?
Je pense que c’est lorsque je suis revenu avec mon Awards. Parce que je suis revenu, j’ai revu des gens que j’avais perdus de vue depuis longtemps. Tout le quartier est sorti pour m’accueillir. Cela m’a beaucoup marqué dans ma carrière. La réussite d’un artiste, c’est cela aussi. Mais ce n’est pas uniquement avoir de l’argent. Il faut avoir d’abord une bonne carrière et l’argent viendra après, à force de persévérer.
Diaw n’est plus un cœur à prendre…
Le mariage te rend plus responsable. Cela va t’ouvrir les yeux et t’impulser une autre manière de voir les choses. Le milieu du showbiz, c’est un peu palpitant. Donc si tu trouves ton âme sœur, il faut rapidement se caser.
Quelle sont vos projets à court terme ?
Nous travaillons sur beaucoup de projets actuellement. Mais je vais vous en dire un peu. Je te le dis parce que je ne veux pas que d’autres nous les volent. Nous allons faire un album 100% comédie musicale au Sénégal. Ce sera une première au Sénégal. Nous avons prévu de faire une tournée. Nous allons faire un show ici à Dakar. Ce sera au mois de décembre prochain. C’est ce que je peux dire pour le moment. Mais le sketch «Kiosque Jaaw» est aussi en cours. Il va y avoir 20 épisodes au total.
Quel message à l’endroit de la jeunesse, dans un contexte de manque d’emplois ?
J’appelle les jeunes à un changement de mentalités. Il faut chercher du travail. C’est très important. Il ne faut pas toujours attendre de l’Etat. Il faut que l’on soit focus sur nos ambitions et que l’on se fixe des objectifs. Et puis, on cherche à les atteindre.
UNE EPREUVE D'ANGLAIS SUR L'HOMOSEXUALITÉ !
Les candidats au bac blanc, à Rufisque, ont eu droit à une épreuve d’anglais axée sur l’homosexualité.
L’info est en train de faire le tour des réseaux sociaux. Les candidats au bac blanc, à Rufisque, ont eu droit à une épreuve d’anglais axée sur l’homosexualité. Dans le texte, un homme annonce à sa maman son homosexualité, tout en en faisant l’apologie. Le Directeur de la communication et de la formation du ministère de la Santé ne s’en cache pas. C’est un fait «dangereux».
«C’est une épreuve qui est déjà retirée on est en train de situer les responsabilités pour voir comment un thème aussi dangereux a pu passer», a réagi Mohamed Moustapha Diagne, Directeur de la Communication et de la Formation au ministère de l'Education nationale, joint par iGfm.
Il ajoute : «De toute façon le système éducatif ne va jamais permettre qu’on enseigne dans les écoles l’homosexualité, c’est exclu. Il arrive, cependant, de temps à autres, que des choses échappent à la vigilance de l’inspection d’académie.»
M. Diagne déclare que l’inspection d’académie de Rufisque est en train de prendre les dispositions «d’abord en retirant les épreuves ensuite nous verrons comment et pourquoi ce thème-là est», dit-il.
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L'EXQUIS REMIX DE WIRI WIRI
C’est un somptueux morceau que Henry Guillabert et Ndary Diouf vient de servir aux mélomanes. Il s’agit d’une reprise de «Wiri Wiri» de Youssou Ndour, le roi du Mbalax
C’est un somptueux morceau que Henry Guillabert et Ndary Diouf vient de servir aux mélomanes. Il s’agit d’une reprise de «Wiri Wiri» de Youssou Ndour, le roi du Mbalax, dont le clip est déjà disponible sur Youtube. Dégustez.
Comédien confirmé et formé à l’Ecole Nationale des Arts, Ibrahima Mbaye Sopé arpente les scènes et les plateaux d’ici et d’ailleurs depuis plus de quinze ans. Sa passion pour le théâtre s’est révélée très tôt chez lui à Rufisque. Incontournable dans le milieu des planches et de téléfilms, il est souvent sollicité à la réalisation de nombreuses productions théâtrales tant au Sénégal qu’à l’étranger. Entretien…
Quelle est votre dernière actualité ?
C’est dans le cadre de la formation. Je travaille actuellement sur un nouveau concept en collaboration avec le Goethe Institut sur un projet dénommé « Sunu Talents ». C’est un projet d’envergure nationale et qui permet aux jeunes comédiens de se professionnaliser. Nous avons réuni trois compagnies qui viennent de Saint-Louis, Kaolack et Tambacounda. Durant cinq jours, elles ont suivi une formation en technique théâtrale. Une manière d’associer les jeunes comédiens de ces régions de l’intérieur du pays à tout ce qui se fait au niveau de la formation qui est primordiale à mes yeux. Car il faut retenir que ce n’est pas seulement à Dakar que l’on doit tout concentrer. Il faut aussi donner la chance aux jeunes férus de théâtre qui sont basés au niveau des régions. Ce genre d’initiatives est à encourager et à soutenir au plus haut niveau.
Vous avez lancé « Kooru seex yi » en mettant en scène de vrais jumeaux…
Dans ma vie d’artiste, j’ai toujours essayé d’innover et de sortir des sentiers battus. Je n’ai jamais voulu suivre les événements. J‘ai toujours voulu anticiper et surprendre le public. Pour relever ce défi qui peut sembler titanesque, il a fallu énormément de travail et de patience. J’ai choisi d’y arriver par la qualité de mon travail. Encore une fois, j’ai voulu vraiment marquer mon territoire en misant essentiellement sur la qualité et le professionnalisme. Pour ce faire, j’ai eu recours à de vrais jumeaux pour mener à bien ce projet novateur. Le choix des jumeaux dans « Kooru Seex Yi » est pour moi une signature originale. Je veux tout le temps apporter du nouveau dans mes créations. Et ce projet est lancé pour s’inscrire dans la durée. Nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin. Nous allons continuer à travailler ensemble pour mettre sur orbite d’autres concepts.
Qu’est- ce qui explique votre volonté d’orienter vos efforts dans la formation ?
Je m’active dans la formation car pour moi, elle reste la priorité pour professionnaliser les jeunes et leur donner des outils. Il ne faut jamais perdre de vue que la formation est fondamentale. Certes, il peut arriver que certains soient naturellement doués, mais cela ne suffit pas. Il faut toujours se former. C’est une remarque qui revient tout le temps et cela prouve si besoin en est que c’est très important. Sans formation, on ne peut pas prétendre être médecin, avocat ou encore pilote de ligne. Parce que c’est trop risqué de confier certaines lourdes responsabilités à des mains inexpertes. Il en est de même pour le comédien qui est chargé de transmettre des messages porteurs à la société. Il doit être bien formé pour pouvoir remplir à bien cette mission quasi sacerdotale. Pour faire du théâtre un métier, il faut en avoir les rudiments et avoir un plan de carrière. Il faut être protégé et encadré par des hommes du secteur.
Cela signifie- t-il pour vous que la différenciation entre professionnel et amateur ne doit pas être de mise?
Pour moi un professionnel est celui qui vit de théâtre et qui en fait une activité prioritaire. C’est la même chose et le même débat qui était posé au niveau de votre corporation. Il ne suffit pas d’être sorti d’une école de formation pour être un excellent comédien ou un journaliste exceptionnel. Il faut donc savoir faire la part des choses. Il faut juste dépasser ce débat puéril et avancer ensemble, la main dans la main pour relever les nombreux défis qui assaillent notre profession. Pour ce faire, il est évident qu’on ne fera jamais de distinguo entre un professionnel et un amateur.
Vous avez été précurseur au niveau des séries avec « Mayacine Ak Dial ». Le succès qui s’en est suivi ne vous a-t-il pas surpris ?
Au départ, cette idée ne venait pas de ma modeste personne. En réalité, « Mayacine ak Dial » était un projet de Bougane Guèye Danny et Pape Diène. Ils venaient de lancer la SENTV et il fallait trouver un contenu programmatique assez riche et varié. Pour ce faire, il fallait donc apporter du sang neuf et proposer de nouvelles choses. Ils m’ont choisi pour jouer ce rôle de pionnier. Et grâce à Dieu, cela a fonctionné au-delà de toutes nos attentes. Mon rôle consistait à apporter une touche nouvelle et un goût particulier. Nous avons alors travaillé dans une belle unité et une parfaite symbiose. Nous avons ensuite, ensemble, favorisé un travail collectif. Et cette harmonie des cœurs a valu le succès qu’on lui connaît. Sans fausse modestie, je puis affirmer que « Mayacine ak Dial » est un chef d’œuvre dans son genre. Son succès a grandement contribué à favoriser une réelle émulation et de nombreux producteurs se sont engouffrés dans la brèche
Justement, comment jugez- vous la prolifération de ces séries?
Comme je le disais tantôt, il y a effectivement une grande ruée vers les séries. Malheureusement, cela a ouvert un boulevard et tout le monde a suivi la mouvance. Ce qui n‘est pas forcément une bonne chose, car on ne peut plus distinguer la bonne graine de l’ivraie. La prolifération des séries est une mauvaise chose. La quantité ne prime plus sur la qualité. Pour moi, tant qu’il s’agit de trouver du travail pour les artistes, c’est une bonne chose. Mais on ne doit pas privilégier la quantité au point de sous-estimer les qualités techniques et artistiques des séries. Il faut donc une réelle introspection et une volonté affichée de faire notre autocritique pour espérer remédier à ce mal récurrent.
On sent une certaine complicité entre vous et Niokhite …
pétri de talent. La complicité avec Niokhite est le fruit de notre collaboration dans la série « Mayacine ak Dial ». Il me voue un respect immense et c’est mon protégé. Nous avons ensemble un idéal commun. Je pense qu’il est en train de se tracer son chemin et qu’il est vraiment sur la bonne voie. En tant que mentor et complice, je lui souhaite le meilleur. Je vous assure que c’est un excellent comédien aux multiples facettes et il va encore surprendre les Sénégalais.
Comment avez-vous vécu l’expérience du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA)?
L’expérience au Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel a apporté une autre touche dans mes créations. Surtout que j’aime travailler dans le respect strict des droits des enfants, de la communauté en général. Ce fut une très belle expérience et j’y ai appris énormément de choses.
Selon vous, qu’est ce qui plombe le développement du théâtre sénégalais ?
Il ne faut surtout pas se voiler la face et jouer à l’autruche. Il faut oser regarder la réalité en face et pointer du doigt les problèmes. Le théâtre au Sénégal est à l’agonie. Il nous faut une bonne politique culturelle pour s’en sortir. Et pour cela, il faut régler le problème du statut de l’artiste, subventionner les créations et faciliter le déploiement des produits théâtraux.
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BELIEVE
Jérémy Lodéon est un chanteur et compositeur qui s'est produit en France, au Brésil, et dans les Caraïbes , et plus récemment aux États Unis. Son genre musical est décrit comme Pop/reggae avec une influence de rythmes d'Afrique et des Caraïbes.
Jérémy Lodéon est un chanteur et compositeur qui s'est produit en France, au Brésil, et dans les Caraïbes , et plus récemment aux États Unis. Son genre musical est décrit comme Pop/reggae avec une influence de rythmes d'Afrique et des Caraïbes.
Son nouveau single, "Believe" amène à l'auditeur ce son de Pop/reggae et un message positif avec le seul but de les faire danser et chanter tous ensemble quelque soit leur origine... Ceci est certainement une invitation à une "socialization sans frontières" ou au retour à une humanité collective?
Par Fadel DIA
SENGHOR EST MORT
L'arbre du ministre de l'Enseignement supérieur cache la forêt des Sénégalais qui font croire que le pays à l’origine de la Francophonie est devenu celui où la langue française est la plus mal parlée
«Nous sommes le seul pays africain francophone qui ont des UVS…Nous sommes le seul pays africain…qui vont recevoir un lot de 6000 ordinateurs...». Je voudrai d’abord rassurer tous ceux qui me font le plaisir de me lire quelquefois dans les colonnes de ce journal : ces propos ne sont pas de moi. Hélas! Hélas, parce qu’on aurait pu me les pardonner en invoquant mon âge, car la presse n’est pas souvent tendre pour les personnes dites du troisième âge, puisqu’on y lit souvent ce genre de fait divers : « un vieillard de 60 ans a été renversé par une charrette»
Hélas, parce qu’on aurait pu penser qu’il s’agit forcément de propos tenus dans l’intimité, puisque je ne suis pas de ceux auxquels on tend un micro, qu’il s’agit d’une opinion personnelle, lancée à la légère, au fil d’une conversation…
Hélas, parce que ces propos ont été tenus par un ministre de la République et que le seul fait que celui-ci leur ait survécu est la preuve, pour ceux qui en doutaient encore, que Senghor n’est plus aux affaires.
Parce que ces propos ont été tenus sur une télévision à vocation nationale, face à l’interviewer vedette de la chaine, et à une heure de grande écoute et qu’ils n’ont pas échappé à la presse.
Parce qu’il ne s’agit pas d’un simple lapsus, puisque le bafouement d’une règle aussi élémentaire que l’accord du verbe avec son sujet, qui attire ici notre attention, a été répété à plusieurs reprises.
Parce qu’il ne s’agit pas de n’importe quel ministre, mais de celui qui est chargé de l’enseignement supérieur, censé être la référence suprême du bon usage de la langue française.
Parce que c’est précisément en français, langue officielle du Sénégal, que s’exprimait le ministre, la langue par laquelle se fait l’acquisition du savoir dans nos écoles, nos collèges, nos lycées et nos universités. Une langue dont les règles fondamentales sont fixées depuis des siècles, gravées sur du marbre et que nos maitres et nos professeurs s’acharnent à enfoncer dans la tête de nos enfants, même quand elles heurtent leur raisonnement, car le français qu’on écrit n’est pas forcément celui qu’on entend !
Quelle sera désormais la crédibilité de nos éducateurs, si celui qui aurait dû donner l’exemple foule aux pieds ces règles ? Au fond, tous ceux qui enseignent la grammaire française auraient dû manifester dans la rue, voire observer un jour de grève, car c’est la fiabilité même du savoir qu’ils dispensent qui est remise en cause. Je ne sais pas si notre pays est « le seul pays africain qui ont des UVS », mais je peux dire que c’est le seul pays francophone qui ont si peu de respect pour Grevisse et les Robert ! Car l’arbre du ministre cache la forêt des Sénégalais, étudiants, enseignants, hommes et femmes de la politique ou de la société civile qui, sur les ondes des radios (y compris sur RFI, la « radio mondiale »), ainsi que sur les écrans de télévision, font croire que le pays qui a été à l’origine de la Francophonie est devenu celui où la langue française est la plus mal parlée.
Senghor est bien mort, et une autre preuve est que le théâtre Daniel Sorano, qu’il avait fondé, est fermé : ses portes sont ouvertes mais sa scène est désespérément vide. Depuis combien de temps n’y a-t-on pas joué une pièce de théâtre, une vraie, avec un texte de qualité, quelle que soit sa langue, qui enrichit le cœur et l’esprit ? Le théâtre n’est pas le seul à avoir déserté Sorano où ne retentissent plus les sonorités de l’ensemble instrumental, où ne résonnent plus les pas des danseurs de Sira Badral. Mais il n’y a pas que le théâtre. Le premier long métrage cinématographique « négro-africain » réalisé en Afrique est l’œuvre d’un cinéaste sénégalais, et notre pays ne compte pratiquement qu’une salle de cinéma.
Le premier artiste noir admis à l’Académie française des beaux-arts est sénégalais, et aucune de ses œuvres ne figure dans nos rues et dans nos places. Il est vrai que ce paradoxe ne se limite pas à la culture puisque le Sénégal qui, depuis des années, figure au premier rang africain dans le classement des équipes nationales de football, ne possède aucun terrain de football homologué pour une rencontre internationale !
Senghor est mort, lui qui cultivait la ponctualité, et si l’exactitude est la politesse des rois, alors tous nos politiques sont d’une incorrigible incivilité. Toutes les réunions qu’ils président, toutes les rencontres auxquelles ils sont conviés, se tiennent avec des retards qui ne se résument pas au quart d’heure de courtoisie mais peuvent s’étirer sur des heures.
L’imponctualité est devenue le travers le mieux partagé au Sénégal et elle est à l’origine d’un cercle vicieux : l’important ce n’est plus de venir à l’heure, mais juste de venir avant les officiels, forcément en retard, dont l’arrivée conditionne le début des travaux ! Ce manque de ponctualité n’est pas seulement une marque d’impolitesse, c’est aussi un énorme gaspillage de temps et d’énergie qui contribue à administrer chaque jour la preuve qu’au fond, si nous ne sortons pas du sous-développement, c’est que nous ne travaillons pas assez.
Dis-moi avec quel retard se tiennent les réunions chez toi, et je te dirais dans quelle catégorie de pays tu vis ! Senghor est mort, lui qui se tenait à égale distance des religieux, alors qu’aujourd’hui entrer en politique c’est commencer par se chercher un guide religieux et que nos présidents ont besoin d’un copilote pour nous gouverner. C’est un attelage périlleux, d’abord pour le religieux car la politique est toujours une forme de compromis, voire de compromission, mais aussi pour les gouvernants, parce que l’affaissement du politique marque le début du désordre.
Cette confusion des rôles est un frein à nos libertés, et si au temps de Senghor on pouvait aller en prison pour avoir critiqué le pouvoir, aujourd’hui on peut se faire lyncher pour avoir exprimé une opinion religieuse qui ne reflète pas, dans ses moindres détails, la doxa ambiante. J’aurai pu multiplier les exemples et, contrairement à ce que pensent certains, les reproches formulés plus haut ne sont pas « un détail de notre histoire ».
Evidemment tout l’héritage de Senghor n’est pas à perpétuer et il y a aussi des usages qu’il avait instaurés ou maintenus dans notre pays et que nous avons eu bien raison de jeter aux oubliettes. Je citerai, à titre d’exemple, ces vestes à queue de pie qu’il s’imposait et imposait à son protocole, par tous les temps, ainsi que son mépris des tenues africaines. Il n’était pas non plus un modèle de démocrate, son patriotisme était pour le moins trouble, et les vingt ans pendant lesquels il a gouverné notre pays ont été de dures années pour ceux qui se battaient pour le desserrement de la pression de l’ancienne métropole sur notre économie et sur nos esprits. Mais il faut lui reconnaitre ce mérite qu’il avait tenté de nous guérir de ce qu’il appelait nos « thiakhaneries » où se mêlent à la fois le culte de l’arrangement (le massala), une grande légèreté (« garaawul ! »), et l’illusion que notre pays est béni de Dieu.
Senghor avait fait plus que prêcher l’exemple, il avait créé ex nihilo une administration pour nous apprendre « l’organisation et la méthode ». Malheureusement les résultats n’avaient pas été à la hauteur de ses espérances et aujourd’hui, plus de quarante ans après son départ du pouvoir, on peut dire que, dans ce domaine comme dans d’autres, nous avons peu appris et beaucoup oublié…
NOUS, AFRICAINS, DEVONS AUSSI ASSUMER NOTRE RESPONSABILITÉ DANS L'ESCLAVAGE
Avec « Expression(s) décoloniale(s) », le château des ducs de Bretagne invite l’artiste béninois Romuald Hazoumé et l’historien ivoirien Gildas Bi Kakou à poser un nouveau regard sur ses collections et la traite transatlantique
Jeune Afrique |
Léo Pajon |
Publication 24/05/2021
La démarche est assez neuve en France, et prête le flanc à la polémique. Mais elle est totalement assumée. « Longtemps, nous avons abordé la traite et l’esclavage avec les outils des historiens, dans leur dimension politique, économique, sociale… Mais il manquait la dimension humaine, pose Krystel Gualdé, directrice scientifique du Musée d’histoire de Nantes.
Le Rijksmuseum, à Amsterdam, a eu de l’avance en proposant un travail de décolonisation des collections, en mettant l’émotion, l’empathie, au cœur du musée grâce à l’intervention d’artistes contemporains. Quand on avait ligoté les esclaves, ensuite, on les faisait taire. On les a empêchés de raconter l’horreur. Comme au Rijksmuseum, ici, un artiste comme Romuald Hazoumé est une passerelle entre ce passé douloureux et notre présent. »
Une vingtaine de pièces de l’artiste, parfois démesurées, sont disséminées dans le château des ducs de Bretagne : depuis sa vaste cour jusque dans les salles du musée d’Histoire. Mais l’évocation se fait parfois par petites touches.
Dans une pièce consacrée à la traite atlantique, l’artiste béninois diffuse par exemple une simple bande son. Ce sont les voix d’hommes et de femmes, des chants, des gémissements, qui disent la peur et la maladie sur le bateau qui les arrache à l’Afrique.
Elles s’ajoutent au coffrage en bois de la salle, évoquant l’entrepont d’un navire négrier. À une gravure présentant le bateau nantais la Marie-Séraphique, et la manière dont on y entassait plus de 300 esclaves. Aux menottes qui les entravaient, aux matraques utilisées pour les réduire au silence. Ou aux armes offertes par les négociants à leurs intermédiaires africains.
Réalité longtemps tue
Il faut tous ces éléments, ces textes, ces objets, ces maquettes, ces voix humaines pour faire resurgir une réalité longtemps tue. Nantes fut le premier port négrier de France, assurant plus de 42 % des départs d’expéditions de traite entre 1707 et 1793. L’abolition de l’esclavage, en 1848, marque définitivement la fin du trafic d’êtres humains.
Comme l’explique Krystel Gualdé, « la ville n’a pas été dans le déni face à son histoire coloniale, mais a longtemps tenté de l’occulter, en mettant par exemple en avant son passé de résistante pendant la seconde guerre mondiale. » Au-delà de la cité portuaire, c’est tout le pays, selon elle, qui a encore du mal à affronter la période coloniale, l’histoire de la colonisation étant encore insuffisamment enseignée ou connue. Bertrand Guillet, directeur du musée, ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme vouloir sortir « du carcan du roman national. »
LA GRANDEUR DE LA DIPLOMATIE SENEGALAISE MISE EN LUMIERE
Mamoudou Ibra Kane a dédicacé hier, vendredi 21 mai au musée des civilisations noires, son ouvrage intitulé « Le Sénégal et Mandela : le Grand Secret » (en version anglaise : The Great Secret) publié aux éditions feu de brousse
Le Directeur Général du Groupe E-Média, Mamoudou Ibra Kane a dédicacé hier, vendredi 21 mai au musée des civilisations noires, son ouvrage intitulé « Le Sénégal et Mandela : le Grand Secret » (en version anglaise : The Great Secret) publié aux éditions feu de brousse. Dans ce livre préfacé par le poète et écrivain, El Hadj Abdoul Hamidou Sall, l’auteur revient sur l’apport de la diplomatie du Sénégal à la libération de Mandela.
Ses vingt-sept années passées au pénitencier Robben Island, son coup de grâce au régime de l’apartheid en Afrique du Sud, son élection démocratique à la tête du pays. Ce parcours « hors norme » de Nelson Mandela décédé le 5 décembre 2013 à l’âge de 95 ans, ça en fait des choses à raconter, des anecdotes à partager voire des cachoteries à ressortir des placards pour expliquer l’apport de la diplomatie sénégalaise dans la libération de cette grande figure africaine et à la prise en main par le peuple sud africain de son destin. Et c’est qu’a fait le Directeur général du Groupe E-Media, Mamoudou Ibra Kane dans son ouvrage intitulé « Le Sénégal et Mandela : le Grand Secret » qu’il a dédicacé hier, vendredi 21 mai au musée des civilisations noires.
Dans le livre sorti aux éditions feu de brousse et préfacé par l’écrivain El Hadj Abdoul Hamidou Sall, le journaliste revient sur les relations entre le Sénégal et Mandela et de qui a fait la force de la diplomatie sénégalaise dans son long chemin vers la liberté magnifiée par le ministre des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur. « Le Sénégal est un pays de grande diplomatie. Une diplomatie de souveraineté, d’amitié, une diplomatie qui revendique son indépendance et son originalité pour porter tous les combats que beaucoup de pays n’osent pas porter de nos jours. C’est ce Sénégal, petit pays, portes ouvertes sur l’océan en Afrique de l’Ouest qui a accepté pour une fois que les noirs et les blancs d’Afrique se rencontrent sur ses terres pour pouvoir dialoguer parce qu’à l’époque, il était interdit à un blanc de rencontrer un noir », a déclaré Me Aissata Tall Sall venue représenter le Chef de l’Etat, Macky Sall.
Et de poursuivre, « c’est ici à Dakar qu’ils ont commencé à parler, qu’ils ont noué le dialogue, qu’ils ont pu se comprendre, se parler et accepter que si Mandela n’était pas libre, l’Afrique du Sud ne pouvait pas être un pays dans le concert des nations ». Sur ce point, le préfacier de l’ouvrage, l’écrivain El Hadj Abdoul Hamidou Sall renchérit : « Le geste posé par le Sénégal en faveur de Nelson Mandela est là un témoignage éloquent de la vitalité de notre démocratie et une marque d’identité de la grandeur de notre cher Sénégal ».
Pour sa part, le Matar Diouf, représentant de l’ancien Président Abdou Diouf a indiqué que ce dernier est d’avis que son prédécesseur a joué un grand rôle en « aidant Nelson Mandela à lutter efficacement contre l’abominable crime contre l’humanité ». C’est pourquoi, il devait s’inscrire sur cette lancée. « En tant que Président de la République et continuateur des actions et œuvres du Président Senghor, j’ai tenu à mettre mes pas dans les siennes et inscrire cette pratique dans la discrétion et le secret dans mon action diplomatique », a dit Abdou Diouf par la voix de son représentant. Fort de tout cela, Matar Diouf a magnifié le caractère poignant du livre « Le Sénégal et Mandela : le Grand Secret ».
En effet, ce n’est pas que les gouvernants du pays qui se sont remarqués dans le combat de Mandela. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre Doudou Wade. « L’opposition sénégalaise, en son temps, a su aussi se mettre en ordre de bataille pour mener le combat contre l’apartheid et pour la libération de Mandela », a dit le représentant de l’ancien Président de la République, Abdoulaye Wade. Qui plus est, le ministre des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a magnifié les écrits du journaliste. « Je voudrais vous dire que vous n’êtes pas le journaliste du présent, du quotidien que vous savez faire suffisamment preuve de recul, de maturité, d’indépendance pour restituer ce que le Sénégal a apporté à l’Afrique du Sud », a laissé entendre Me Aissata Tall Sall qui soutient que le livre sera « utile » pour les chercheurs, les politiques, les diplomates.
El Hadj Abdoul Hamidou Sall ajoutera que « vu la personnalité du Président Abdou Diouf qui ne lâche jamais échapper des secrets de cet ordre, notre cher Mamoudou Ibra Kane a assurément su faire preuve de ténacité, d’intelligence, de patience en un mot de professionnalisme ». La cérémonie de dédicace du livre « Le Sénégal et Mandela : le Grand Secret » a rassemblé un parterre de personnalités composées d’hommes politiques, de religieux, de diplomates, de journalistes, d’acteurs culturels, sportifs, entre autres. L’ambiance musicale était également au rendez-vous avec les frères Guissé et l’artiste Baaba Maal.
MAMOUDOU IBRA KANE, AUTEUR
Il faut justement écrire sur le héros de la lutte contre l’apartheid parce que tout a été dit sur lui. Pas si sûr. En tout cas, sa fameuse visite, sa troisième visite à Dakar en 1993 était très peu reconnue de l'opinion sénégalaise, africaine, j’allais dire mondiale sans aucune prétention. Un séjour classé top secret de celui qui allait devenir inéluctablement Présidant de la République et père de la nation arc-en-ciel sud africaine.
Le Président Diouf n'a jamais été sa posture d'homme d'Etat et d’homme de secret. Je trouve simplement que s'il a accepté de livrer ce secret, c'est parce qu’il y’avait des circonstances particulières. Imaginez le grand Nelson Mandela avec son épouse Winnie Mandela allaient être expulsés de son domicile avec bagages et baluchons pour se retrouver dans la rue et que personne ne fasse rien. Saurait été une grande gêne, une grande honte pour ce qu’il a représenté pour nous autres africains, nous autres africains, citoyens du monde. Se poser également la question pourquoi Nelson Mandela a parcouru des milliers de kilomètres pour venir solliciter le Président Abdou Diouf.
La diplomatie est incarnée par des hommes et des femmes mais aussi c’est à l’image de la grandeur du pays et le Sénégal un petit pays de par sa superficie peut se targuer d’être un grand pays parce qu’ayant une grande diplomatie. Imaginez que Mandela qui a son problème s’en ouvre à son bourreau. C’était en 1993. Il s’adresse donc au Président du Sénégal. Contexte pour contexte donc, j’ai dit, dans le livre que je ne suis pas sûr. Imaginons que Abdou Diouf soit à la place de Senghor. Que Senghor soit à la place de Abdou Diouf. En 1962, Senghor et Olivier Tambeau qui représentant l’ANC à Dakar. C’était aussi une question de contexte. La lutte contre l’apartheid.
L’ANC au début, une armée ouverte. L’apartheid, c’était une politique ségrégationniste qui était insupportable et inacceptable. Il sollicite des armes au Président qui oppose son niet mais il faut mentionner que Senghor avait fait un geste. C’est de leur payer un billet d’avion entre Dakar et Londres et de leur donner un passeport diplomatique.
Abdou Diouf en 1962 aurait réagi exactement comme Senghor. Senghor en 1993, Mandela vient le solliciter pour une gêne d’argent de cette nature, il lui aurait le même choix. C’est ça la continuité de la diplomatique et de Senghor à Macky Sall en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, la diplomatie sénégalaise a été marquée par une continuité, un fil conducteur même s’il y a parfois quelques nuances.
Saisissant cette opportunité, l’ensemble de la classe politique, je crois qu’il y a au moins un dénominateur commun et au su qui à mon avis peut faire l’objet d’un consensus fort entre vous pouvoir comme opposition, société civile, hommes de l’art, citoyens anonymes, c’est la diplomatique sénégalais, j’allais dire la grandeur du Sénégal. Les chefs religieux aussi ont joué un rôle dans la diplomatie sénégalaise.