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2 décembre 2024
Culture
ABDOULAYE SADJI, UN DES PRÉCURSEURS INCONNUS DE LA NÉGRITUDE
Dans le cadre de sa semaine culturelle, le Lycée Abdoulaye Sadji de Rufisque a dédié, cette année, cette célébration à son parrain. Un homme intègre d’une dimension exceptionnelle qui reste pourtant peu connu
Dans le cadre de sa semaine culturelle, le Lycée Abdoulaye Sadji de Rufisque a dédié, cette année, cette célébration à son parrain. Un homme intègre d’une dimension exceptionnelle qui reste pourtant peu connu. Natif de la même ville en 1910, cet instituteur est l’un des précurseurs de la négritude.
Dans le portrait dressé par ses enfants et son cousin, Abdoulaye Sadji est présenté comme un homme intègre et rigoureux, au sens de l’honneur très prononcé. Un homme de refus, amoureux de son pays, un papa doux et un baroudeur qui donna du fil à retordre à l’administration coloniale qu’il a servie comme instituteur, notamment à ses supérieurs. Sérère de par son père et Lébou de par sa mère, Abdoulaye Sadji est d’abord une synthèse de deux cultures. Natif de Rufisque en 1910 d’un père originaire de Latmingué, dans la région de Kaolack, et d’une mère Lébou de Rufisque, après ses études coraniques, il intègre l’école française en fréquentant celle urbaine de Rufisque (actuelle école Matar Seck). Ce séjour est couronné par l’obtention d’un Certificat d’études primaires élémentaires. Ce qui lui donne le sésame pour l’école primaire supérieure Blanchot de Saint-Louis qu’il fréquente en 1924, avant d’en ressortir en 1926 pour rejoindre l’école Normale William Ponty de Gorée.
Abdoulaye Sadji y sort avec un diplôme d’instituteur en 1929. À l’école primaire supérieure de Saint-Louis, il fit la connaissance d’une autre grande icône de l’histoire du Sénégal, Mamadou Dia. Cette carrière dans l’enseignement le mena dans plusieurs contrées du Sénégal. Entre temps, il a décroché son Brevet de capacité colonial en 1932 et devient parmi les rares instituteurs africains cadres supérieurs dans l’enseignement.
Sa carrière ne fut pas tranquille car l’auteur du célèbre ouvrage «Maïmouna» fit indexé par l’administration comme un homme hostile à la France, fiché dans la catégorie des «mentalités anti-européennes». À l’origine de cette étiquette, une altercation avec la femme d’un colon en association avec deux autres amis Fara Sow et Saër Guèye, tous deux enseignants. Il échappe à la radiation souhaitée par l’époux de la dame, mais est muté.
Cet épisode le poursuivit dans sa carrière et sa notation en fit affectée. Le jeune enseignant fut affecté dans plusieurs régions du Sénégal. Des mesures administratives pour sanctionner un récalcitrant, mais que sa fille Marie considère comme une opportunité pour son défunt père. «Mon papa a été affecté de Rufisque à Kaolack, Matam, Podor, Ziguinchor, Thiès, Dagana… Seulement, c’était un piège pour le colon. Quand vous envoyez dans une région quelqu’un qui est informé comme l’était mon père, il va là-bas, il informe et forme. Les colons l’envoyaient dans ces régions pour le punir mais, au bout du compte, il faisait leur jeu», raconte sa fille.
Sadji a eu 12 enfants. C’était un Sénégalais au vrai sens du terme, une synthèse de toutes les pérégrinations à travers les différentes parties du pays. Avec ces affectations, Sadji est finalement devenu un des précurseurs de l’intégration des peuples du Sénégal. Ses enfants ont reçu une éducation rigoureuse, mais dans la chaleur familiale d’un père attentionné et plein d’affection qui leur a tout donné. Sa famille raconte qu’il leur a inculqué une éducation avec un sens élevé de la famille, une richesse au-dessus de toutes les autres. Abdoulaye Sadji était proche de ses enfants à qui il racontait des histoires autres que celles qu’il a écrites dans ses œuvres. «Il faut toujours être avec ses enfants, partager avec eux ce qu’on a», leur disait-il.
Ses relations difficiles avec l’administration coloniales l’ont peut-être poussé à nourrir une certaine affection pour l’Allemagne. Presque tous ses enfants ont appris l’allemand au Lycée. L’un d’eux, Booker Tee Sadji, fut pendant longtemps le chef du département d’Allemand à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Cheikh Anta Diop. «Il adorait l’allemand. Dans la maison, on a fait presque tous allemand. Notre frère aîné, Booker Sadji, est un grand professeur d’université. Je me suis demandé pourquoi mon père aimait l’allemand alors qu’Hitler était un sanguinaire. C’est après que j’ai compris que c’est parce qu’il aimait la rigueur», renseigne sa fille Marie.
Homme de principe
C’est ce qui explique, peut-être, le fait qu’il n’a jamais voulu que ses enfants profitent des privilèges de l’État. Un principe que son ami Mamadou Dia se permit de violer au lendemain de sa mort en décidant, devant sa veuve, de leur accorder des bourses. «Quand mon père est mort, Mamadou Dia est venu et a demandé à notre maman (Simone Carrère) où sont les enfants. Je m’en souviens, j’étais en 6ème avec ma petite sœur Irène. Après les présentations, il dit : Sadji a toujours refusé qu’on leur donne des bourses mais, à partir de maintenant, vous ne pouvez plus refuser, certains seront boursiers et les autres auront une aide», révèle Marie Sadji.
L’héritage matériel du parrain du Lycée de Rufisque est constitué d’un champ qu’il avait à Bambilor et une maison à Mérina, à Rufisque, où vivent aujourd’hui son neveu Adama Mbengue et sa famille. La modestie de ces biens traduit son caractère d’homme intègre qui constitue un exemple pour les générations d’aujourd’hui et de demain. «Je suis fière de mon père, il nous a nourris avec le fruit de sa sueur. Dieu merci, on est tous resté sur ce chemin tracé par notre papa», indique-t-elle. Selon cette dernière, en politique, son père avait deux amis : Mamadou Dia et Léopold Sédar Senghor avec qui il a écrit «Les Aventures de Leuk-Le-Lièvre». D’ailleurs, une des filles de Sadji porte le nom de la première épouse de feu Senghor, Ginette Eboué, fille du Gouverneur général Felix Eboué.
Ethnographe
Abdoulaye Sadji s’est également distingué par ses travaux ethnographiques et littéraires ainsi que son combat pour la réhabilitation culturelle et historique des cultures africaines dont la première salve est lancée à travers un texte : «Ce que dit la musique africaine». Un texte exaltant les grandes figures africaines comme Soundiata Keïta, Samory Touré, Cheikhou Amadou, Kombo Sylla, Fodé Kaba Doumbouya dont certains sont des héros de la résistance africaine. Ce qui fait de lui un des précurseurs de la négritude sur le continent africain et témoigne de sa fascination pour les défenseurs de la cause des noirs comme Booker T. Washington dont l’un de ses enfants porte le nom. C’est pourquoi Senghor disait de lui : «Il n’a pas beaucoup théorisé sur la négritude. Il a fait mieux, il a agi par l’écriture».
Quant à son ami Mamadou Dia, il a témoigné que l’écrivain Abdoulaye Sadji «est bien l’un des pères oubliés de la négritude». Cette posture va impacter sur sa carrière universitaire comme le témoigne sa fille : «Il est allé à Saint-Cloud pour faire l’inspectorat, mais il a échoué. Ils l’ont recalé parce qu’il ne faisait pas tout ce qu’ils lui disaient. C’est quand il est revenu qu’ils se sont dit qu’il ne va pas changer et se sont résolus à le nommer inspecteur». Des propos que l’ancien Président Senghor et ami de Sadji avait confirmés. Selon Marie Sadji, les ambitions universitaires de son père auraient été très mal perçues par les autorités scolaires de l’Aof.
Malgré le soutien répété de Senghor et d’Alioune Diop qui mobilisent leurs réseaux politiques, le service de l’enseignement s’oppose à l’avancement de Sadji qui refuse les postes alternatifs qui lui sont proposés, avec le risque d’être exclu de la Fonction publique. Sur le plan politique, l’instituteur et écrivain a également milité, tour à tour, à la Sfio de Lamine Guèye, puis au Rassemblement démocratique africain (Rda) en 1946. Ensuite, Sadji intégra le Bloc populaire sénégalais (Bds), avant d’atterrir au Parti africain de l’indépendance (Pai).
Abdoulaye Sadji a laissé une riche production littéraire dont les œuvres les plus connues sont : «Les aventures de Leuk le Lièvre», «Maïmouna», «Nini» et «Tounka», sans oublier de nombreuses publications dans des revues panafricaines.
PAUL ROBESON, UN MODELE POUR LA JEUNESSE
Paul Robeson a marqué l’histoire politique et artistique du monde anglo-saxon et de l’Europe des années 1930 aux années 1960
Dans le cadre de son programme pour la saison artistique 2021, la compagnie du Théâtre national Daniel Sorano, en partenariat avec le Théâtre noir de Paris, accueille l’exposition consacrée à Paul Robeson, chanteur, acteur, sportif et artiste. L’exposition dresse le portrait de la première «star» noire de l’époque des industries culturelles qui a tenté, tout au long de sa vie, de lier pratique artistique et engagement politique.
Paul Robeson a marqué l’histoire politique et artistique du monde anglo-saxon et de l’Europe des années 1930 aux années 1960. Dénonciation de la ségrégation raciale, de la colonisation et du fascisme, soutien aux mouvements ouvriers : son combat politique a été total, sans dissociation entre lutte sociale, anti-fasciste et anti-colonialiste. Il revendiqua ainsi une identité multiple et cosmopolite, en perpétuelle interaction avec le monde et anticipa en cela sur le «Tout-monde». C’est à cet homme que le Théâtre national Daniel Sorano consacre une exposition dénommée Harlem renaissance. Le vernissage s’est déroulé mercredi dernier en présence des autorités.
Selon le ministre de la Culture et de la communication, Abdoulaye Diop, «cette cérémonie de vernissage aurait dû en vérité prendre une plus grande ampleur et battre le rappel d’un nombre impressionnant de femmes et d’hommes de culture de notre pays et du reste du monde». Il ajoute que «cette exposition qui marque le début d’une série d’activités du festival célébrant cette année le 100ème anniversaire du mouvement Harlem renaissance, intitulé ‘’Paul Robeson (1898-1976) : Un homme de tout monde’’, met en lumière l’affirmation de l’identité noire dans l’œuvre de l’artiste éponyme, une des figures se rattachant au génie et au talent illustratif de Harlem renaissance». Il a souligné par ailleurs que n’eussent été les restrictions imposées par la pandémie de Covid-19, en acceptant de nouer un partenariat naturel avec le Théâtre noir de Paris pour l’organisation Festival Hommage à Harlem renaissance, «le Théâtre national Daniel Sorano aurait conféré à cet évènement tout l’éclat mémorable qu’il a mérité».
L’exposition, organisée dans le cadre des 100 ans de ce mouvement de renouveau culturel, intellectuel et urbain de Noirs américains nés à Harlem, est le fruit d’une collaboration entre le Théâtre Sorano, le ministère de la Culture, le Théâtre noir de Paris, le Musée du Quai Branly et l’ambassade des Etats-Unis. «On ne le rappellera jamais assez, en créant notre compagnie, désormais entrée dans la légende, la jeune République du Sénégal posait l’un des jalons fondateurs de sa volonté de manifester à la face du monde la richesse multi séculaire de son patrimoine culturel et artistique», a dit M. Diop. Le ministre Abdoulaye Diop a affirmé que Benjamin Jules Rosette, fondateur du Théâtre noir de Paris, n’a jamais cessé de lui rappeler que Harlem renaissance est «l’affirmation altière et flamboyante de l’immortalité de l’âme et de leurs ancêtres par les descendants d’esclaves noirs». «C’est par une immersion sublime dans toutes les expressions artistiques que la création noire a illuminée le monde», se réjouit-il.
Paul Robeson : un modèle pour la jeunesse
Benjamin Jules Rosette, directeur du Théâtre noir de Paris, souligne que Paul Robeson fut une personnalité africaine-américaine célèbre à la fois pour sa carrière internationale de chanteur baryton, d’acteur de théâtre et de cinéma, pour ses liens avec les avant-gardes, et pour son engagement politique. «Simple¬ment, j’ai voulu que cette exposition soit ici au Sénégal parce que, depuis plus de 40 ans, j’écris sur le théâtre noir et j’ai fait connaître pas mal de grands auteurs d’Afrique francophone, des Caraïbes et de la diaspora», déclare-t-il. Lancé par des descendants d’esclaves, victimes encore de discriminations raciales, le Mouvement Harlem renaissance a pris de l’ampleur entre les deux guerres, entre 1918 et 1937, avant de conquérir Paris. «J’ai fait ce travail de longue haleine et j’ai pris un temps de réflexion. Maintenant, je navigue vers d’autres territoires francophones. Et c’est la raison pour laquelle j’ai voulu rendre un hommage à Harlem renaissance qui est le plus grand mouvement culturel des Etats-Unis, mais aussi montrer à tout le monde ce que les Noirs ont fait à cette époque», explique M. Rosette. «J’ai voulu, en voyant l’itinéraire de cet homme, Paul Robeson, que cette jeunesse africaine en général et sénégalaise en particulier découvre ce personnage. C’est une légende, ce travail qu’il a fait tout au long de sa vie. Et j’ai l’impression quel¬que part aussi que je pourrais être son fils spirituel», affirme M. Rosette.
Outre cette exposition, le Festival Hommage à Harlem renaissance comprendra «des représentations théâtrales intra-muros et dans des établissements scolaires, des spectacles de musique et de danse», informe le ministre de la Culture.
«UNE RÉAPPROPRIATION DES IMAGES DE NOIRS DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE»
L’artiste Roméo Mivekannin plonge dans les archétypes de l’imagerie coloniale. C’est à travers l’exposition «Hosties noires» qui a démarré le 2 avril dernier et se poursuit jusqu’au 5 juin 2021
L’artiste Roméo Mivekannin plonge dans les archétypes de l’imagerie coloniale. C’est à travers l’exposition «Hosties noires» qui a démarré le 2 avril dernier et se poursuit jusqu’au 5 juin 2021.
Ouverte le 2 avril dernier, l’exposition de l’artiste béninois Roméo Mivekannin, Hosties noires, se poursuit jusqu’au 5 juin 2021 à la galerie Cécile Fakhoury à Dakar. Un retour en images de la seconde Guerre mondiale 1939-1945, consacré aux soldats noirs de la force coloniale française en Afrique, plus connus sous l’appellation de «tirailleurs sénégalais». Ils sont des soldats maliens, sénégalais, burkinabè et d’Afrique française équatoriale, Tchad et Gabon. «L’artiste plonge dans les archétypes de l’imagerie coloniale et s’intéresse notamment aux cartes postales que les soldats français envoyaient à leur famille en métropole et qui représentaient des femmes de tirailleurs dans les tâches quotidiennes.
Entre fantasme d’exotisme, idéologie coloniale et fascination pour l’autre, ces images témoignent du rapport ambigu entre la métropole et ses colonies», selon un communiqué.
Roméo Mivekannin reproduit dans «un acte de réappropriation les images de ces femmes noires devenues ‘’image-objet’’, sous l’œil mécanique de l’appareil photo colonial», nous renseigne la note. Elle ajoute que l’artiste peint sur un assemblage de draps passés à l’épreuve de bains rituels qui leur donnent leur teinte si particulière. Et l’espace de la peinture devient alors à la fois un lieu de dialogue et de confrontation des imaginaires pour le spectateur contemporain, poursuit le communiqué. «Ailleurs, dans un clair-obscur travaillé, une installation suspendue rassemble les visages de tirailleurs sénégalais peints sur des journaux datant des années 1944-1945. D’un support à l’autre, l’exposition Hosties noires se déploie comme un champ choral de voix, donnant une place privilégiée à l’archive comme terreau de nouveaux imaginaires».
«Poursuivant sa quête de sens, mais aussi esthétique, Roméo Mivekannin nous pousse ici encore avec autant de subtilité que de puissance plastique à questionner la construction des représentations des Noirs à travers l’histoire», d’après toujours le communiqué. Ainsi après Les âmes du peuple noir, l’exposition emprunte son titre au recueil de poèmes éponyme, écrit par Léopold Sédar Senghor en 1948.
«Certains de ces soldats, particulièrement ceux postés en Afrique du Nord, étaient autorisés à s’établir avec femmes et enfants, non sans provoquer certaines tensions chez leurs camarades français, stationnés, eux, loin de leur épouse et de leur famille.» Et c’est de là où sont venues les images qui inspirent Roméo Mive¬kannin pour Hosties noires.
LES ÉTUDIANTS DÉCHIRENT LA RÉSOLUTION DE L’ASSEMBLÉE DE L’UCAD
Laye Cissé un des représentants des étudiants pense que la requête du Conseil de l’Assemblée de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar est inadmissible et inacceptable
Dans sa résolution divulguée ce jeudi, le Conseil restreint de l’Université Cheikh Anta de Dakar invite le Directeur du COUD à procéder à la fermeture totale du campus social jusqu’à la mise en place d’un nouveau système de gestion de la codification. Également, il sollicite la suspension de toutes les amicales avant d’annoncer la mise en place d’une commission chargée de réfléchir sur le statut des amicales des étudiants et de proposer un règlement intérieur.
Une résolution que rejette les représentants des étudiants. Laye Cissé est le président des étudiants de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’UCAD. Il pense que cette requête du Conseil de l’Assemblée de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar est « inadmissible » et » inacceptable ». Au bout du fil, il dénonce l’attitude des membres de ce conseil qui, selon lui, prennent souvent des décisions « impopulaires » qui sont contestées et incontestables. Selon lui, ces dernières violences qui ont éclaté à l’UCAD et qui se sont soldées par la mort de Ismaila Gaoussou Diémé ne devraient pas être imputables aux amicales de l’Université.
« C’est l’Assemblée de l’université qui constate que le défunt n’était plus étudiant à l’Ucad. Idem pour le présumé meurtrier », a rappelé Laye Cissé, annonçant que les étudiants ne vont pas rester amorphes face à cette décision que veulent prendre les autorités du temple du savoir. « On ne va pas se laisser faire. Si les autorités de l’UCAD veulent profiter de cette affaire pour revoir le statut des amicales qu’elles nous le disent. Je leur rappelle que les amicales sont instituées par décret présidentiel. Nous représentons nos pairs donc, elles ne peuvent, sans nous concerter au préalable, suspendre les amicales », a déclaré Laye Cissé.
Déterminé, il ajoute : « On va faire face. Pour le moment, on va utiliser la voie diplomatique pour faire revenir ces autorités à la raison. Mais, si elles persistent nous allons passer à la vitesse. Nous n’excluons pas également d’attaquer cette décision devant la Cour suprême parce que nous sommes dans un Etat de droit ».
Par ailleurs, Laye Cissé annonce qu’ils sont de plain-pied dans les préparatifs de l’élection de leur amicale prévue dans quelques jours. Le coordonnateur des Ecoles et instituts de l’Université Cheikh Anta Diop, Wokha Ba abonde dans le même sens. Il dit fustiger cette décision. Car, selon lui, les amicales sont des remparts pour défendre les intérêts des étudiants. Donc, pense-t-il : « à cause d’une bataille qui a éclaté entre deux groupuscules d’étudiants, on ne devrait pas porter préjudice à toute la communauté étudiante ». Il poursuit : « nous n’adhérons pas à cette résolution. Nous allons nous battre jusqu’au bout ».
S’agissant de la fermeture du campus social, il indique que cela va chambouler le calendrier universitaire. « Nous allons utiliser toutes les voies légitimes pour dénoncer cette décision », avertit-il.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, RENÉ LAKE
LE LONG SILENCE DU TEMPS
EXCLUSIF SENEPLUS – Les années Covid-19 ont bouleversé nos vies - Capturons pour l’Histoire la création intellectuelle du moment - Disons nos états d’âme, nos espoirs… Un projet de réflexion et d’action individuelle et collective
SenePlus lance un nouveau projet d’écriture et de création. Votre site d’information, d’analyse et de réflexion sollicite des productions écrites de leaders d’opinion du Sénégal, mais aussi d’ailleurs. Il invite le grand public également à participer à cette aventure, lui qui s’exprime à foison sur les réseaux sociaux et dans la presse. Le projet consiste à capturer les réflexions transformatrices et les créations de ce moment historique pour tous.
#SilenceDuTemps - La survenance de l’épidémie du coronavirus et les mesures prises pour la contenir au Sénégal ont créé une situation inédite : couvre-feu, réductions du temps de travail, mesures de sauvegarde, lavage systématique des mains, distanciation physique et sociale, port de masque, fermeture des mosquées et des églises, confinement partiel pendant plusieurs semaines… Le cours de la vie personnelle, professionnelle et sociale de chacun d’entre nous en est encore profondément bouleversé, d’une manière tout à fait singulière et inattendue.
Le Sénégal sous état d’urgence, le temps semble ralenti, le monde à l’arrêt. Des peurs, des craintes, mais aussi des rêves et des espoirs germent dans les esprits et apparaissent dans quelques œuvres éparses. Titille visiblement les consciences, le désir de partage des effets transformateurs et les actions salvatrices de la crise multiforme dans laquelle les humains se retrouvent comme piégés.
Consciences et subconsciences d’un moment historique porteur de transformations profondes font glisser les éditeurs que nous sommes vers de multiples questions : comment capturer ce moment ? Comment dire et rappeler ce temps ? Comment mobiliser pour transformer en mieux les réalités, la réalité ? Temps de réflexion, de critique et d’autocritique ainsi que de créativité unique sans doute. Par l’écriture, l’analyse journalistique et politique ? La réflexion philosophique, sociologique et historique ? Par l’art, la fiction, le dessin, l’image filmée, le montage vidéographique ?
Ce silence du temps fige "le moment philosophique". Un moment identique dans tous les recoins du globe, mais un ressenti et une solution micro-individuels. Dans ce silence du confinement, de l’éloignement social, de la distance à l’autre pour d’abord le protéger et ensuite se prémunir d’un invisible potentiel danger, comment capitaliser la créativité transformatrice de l’un et de tous ?
Le silence, cette odeur qui transporte, qui transplante, qui propulse. Cette senteur qui fait rêver et fait emmagasiner l’énergie de l’action. Le temps, cette abstraction qui devient l’horloge de la vie. Cette pierre qui porte les pas du mouvement de l’individu et du groupe qui s’élance vers la lumière tout en regardant la lune derrière qui se couche, mais éclaire les sentiers qui s’illuminent au petit matin d’une nouvelle épopée pleine de vie et pleine d’espoirs.
Le silence du temps, c’est le réveil de l’esprit empli d’espoir qui s’élance dans l’action transformatrice. "Capturer pour transformer ", c’est l’objectif de #SilenceDuTemps, ce projet de réflexion, d’écriture, de production, de diffusion, de systématisation et de sensibilisation.
- Capturer la réflexion intellectuelle de transformation et la création artistique au temps de l’épidémie du Coronavirus -
Ce moment d’écriture et de création artistique de SenePlus a pour objectif de répondre en partie à des questions qui peuvent avoir un impact majeur sur l’Afrique en général et sur le Sénégal en particulier. Dans une Afrique un tantinet désertée par la pensée autour d’un développement endogène ou d’une réflexion sur de vrais projets de sortie de la misère, les vents semblent tourner et offrir des opportunités de voir les cent fleurs de l’espoir fleurir à nouveau, comme à l’époque des indépendances. Le projet consiste à solliciter des productions écrites de leaders d’opinion du Sénégal, mais aussi d’ailleurs. Le grand public est aussi invité à participer à cette aventure, lui qui s’exprime à foison sur les réseaux sociaux et dans la presse. Le projet consiste à capturer les réflexions transformatrices et les créations de ce moment historique pour tous.
Il s’agit à la fois de documenter le moment pour l’histoire, de solliciter l’imagination pour d’éventuelles créations nouvelles et revisiter les conditions de notre développement à la lumière de la situation historique inédite provoquée par la survenance de la pandémie. Projet à la fois de réflexion, d’écriture, de production, de diffusion, de systématisation et de sensibilisation, il s’agit de tenter de renouveler la réflexion sur un véritable développement endogène.
Dans une tribune publiée le 28 avril 2020 sur SenePlus, l’essayiste Fatoumata Sissi Ngom définit bien le cadre dans lequel ce projet #SilenceDuTemps va se déployer : « La pandémie de Covid-19 fera basculer le monde dans un autre régime. En plus de la tragédie humaine qu’il est en train de générer à mesure qu’il se propage, le Coronavirus tend au monde un gigantesque miroir. Il nous pousse à nous examiner. Nous-mêmes, nos économies, nos aspirations, nos modes de vie, notre façon de prodiguer les soins. Cet examen de nous-mêmes est déjà extrêmement douloureux et nécessite une grande quantité de courage pour l’affronter, mais il constitue, aussi, une opportunité pour se relever plus forts. Pour le continent africain, il devient vital de saisir cette opportunité pour s’embarquer sur une nouvelle trajectoire de développement durable véritablement endogène et souverain. Dès lors, définir la bonne algèbre de priorités et d’approches relève aujourd’hui d’une absolue nécessité. Mais avant de commencer l’écriture de nos nouveaux romans nationaux et d’unir nos forces aux niveaux sous régional et continental, factoriser nos réelles aspirations en matière de développement constituent une première étape cruciale qu’on ne doit pas manquer ».
En quelque sorte, ce projet a déjà été lancé par la diffusion le 3 juin 2020 sur SenePlus d’une bien riche conversation sur "Le silence du temps " à laquelle ont participé le philosophe et chercheur Souleymane Bachir Diagne, l’ancienne ministre française Rama Yade, l’expert en prospective Alioune Sall Paloma, l’écrivain de renom Mohamed Mbougar Sarr, l’historienne et ancienne ministre de la Culture Penda Mbow, le journaliste et sociologue Elgas, l’experte en développement Marie-Angelique Savané, le politologue Ousmane Blondin Diop, l’ancien patron d’Amnesty International Pierre Sané, l’historien et universitaire panafricaniste Babacar Buuba Diop, l’écrivaine et analyste politique Fatoumata Sissi Ngom et l’artiste et musicien Didier Awadi.
Le projet sollicite des articles d’analyse et de réflexion aussi bien que des essais, des poèmes, de courtes fictions et de dessins et esquisses. Chaque auteur publiera sur SenePlus une contribution en deux parties. Chaque partie d’une longueur comprise entre 1.000 et 3.000 mots environ. Certains auteurs préféreront peut-être publier deux articles séparés. Dans un cas comme dans l’autre, la première partie devra tourner autour d’un développement sur "Nos états d’âme Covid", et la seconde sur "Nos espoirs collectifs post-Covid". Deux poèmes et 6 planches et dessins ou d’esquisses seront proposés selon le même développement.
Sous le même modèle que "#Enjeux2019-2024, Sénégal, réflexions sur les défis d’une émergence" publié il y a moins d’un an aux éditions L’Harmattan, nous ferons une sélection et une compilation de ces contributions dans un ouvrage collectif dont tous les droits d’auteur iront au bénéfice d’une association sénégalaise s’occupant des enfants de la rue. Cette publication sera dédiée à la mémoire de quatre frères, amis et partenaires de la famille SenePlus, Babacar Touré, Mohamed Sall Sao, Jean-Meissa Diop et Charles Owens Ndiaye.
Dans le même temps, nous publierons un deuxième ouvrage, mais cette fois individuel, toujours dans le cadre du projet #SilenceDuTemps" qui sera une compilation des chroniques réactualisées "Notes de terrain", de l’éditorialiste de SenePlus Paap Seen.
À vos ordis, vos tablettes, vos plumes, vos crayons, vos micros, vos caméras. À vite.
TROP D'EUROPÉENS PENSENT QUE LA MODE AFRICAINE SE RÉSUME AU WAX
Imane Ayissi fut le premier styliste d’Afrique subsaharienne inscrit au prestigieux calendrier officiel de la haute couture à Paris, en janvier 2020. Ses collections reflètent l’immense diversité des savoir-faire du continent noir
Imane Ayissi a eu plusieurs vies avant d’être créateur de mode, mais le corps a toujours été au cœur de ses activités. Mannequin cabine pour Yves Saint Laurent et Pierre Cardin, danseur du Ballet national du Cameroun puis collaborateur de Patrick Dupond, mais aussi boxeur amateur, le couturier place la liberté de mouvement au cœur de ses créations. « L’expression corporelle est un élément central dans la construction d’un vêtement. J’essaie tous mes prototypes sur des mannequins plutôt que sur des Stockman, je drape les tissus sur la personne, j’aime assister à la naissance de nouvelles formes, les voir prendre vie. »
Né au Cameroun en 1968 d’un père boxeur et d’une mère hôtesse de l’air, première Miss Cameroun post-indépendance en 1960, Imane Ayissi a toujours eu un faible pour les vêtements. Enfant, il dessine des silhouettes à même le sol et habille sœurs et cousines avec ce qu’il trouve. « J’ai des souvenirs incroyables de ma mère, tous les week-ends, à Yaoundé, les gens affluaient à l’aéroport en espérant la voir passer. On venait admirer sa silhouette perchée sur des talons aiguilles et son chignon très sixties, c’était l’attraction. Je me disais : ce n’est pas ma maman, c’est une fée qu’on a placée chez moi. »
Durant le mois de ramadan, on assiste à une diffusion effrénée des séries et autres feuilletons sur les chaînes de télévision. Mais selon l’Ong islamique Jamra, ces séries sont le plus souvent motivées par le gain financier et aux antipodes des valeurs de l’Islam. Pour trouver la parade, Mame Matar Guèye et des jeunes réunis dans Baytul Atfal ont produit des séries et feuilletons qui inculquent les bonnes valeurs aux jeunes.
C’est toujours le désamour entre l’Ong Jamra et les maisons de productions des séries télévisées. Après plusieurs dénonciations suivies de plaintes pour décrier les dérives notées dans certaines séries télévisées, Mame Matar Guèye a décidé de vaincre le mal par la racine. En effet, il a démarché des chaînes privées de la place pour la diffusion, durant tout le mois de ramadan, d’une série produite par des jeunes réunis dans un groupe dénommé «Baytul Atfal» ou «la maison des jeunes». De l’avis de Mame Matar Guèye, il s’agit d’un groupe d’adolescents qui travaillent depuis plusieurs mois avec Jamra et ont réussi à structurer des épisodes de feuilletons «qui rament à contre-courant de ce que nous connaissons déjà : c’est-à-dire des producteurs de séries qui ne sont exclusivement motivés que par le gain financier au détriment de la santé mentale et morale des enfants et au détriment de nos valeurs». Et d’annoncer que les produits sont déjà disponibles. «Ils ont produit un feuilleton d’une vingtaine d’épisodes qui s’appelle Téguine (respect : Ndlr) et Ramadan» qui commence aujourd’hui même pour montrer qu’il est possible «de mettre en valeur ce que nous avons hérité de nos guides religieux», a précisé le président de l’Ong islamique. A l’en croire, «la maison des enfants» et son équipe ont décidé de relever le défi, face à ces «séries télévisées perverses» qui banalisent «l’adultère, la fornication, pis font l’apologie de l’homosexualité comme c’estle cas de la série Rewoolen qui a fait l’objet d’une plainte», indique Mame Matar Guèye. Revenant sur l’initiative du projet, il ajoute : «Des gens voulaient voir des choses positives, mais malheureusement, ils n’avaient pas l’occasion donc nous leur donnons cette opportunité.»
«CERTAINS PLATEAUX TELEVISES SONT TRANSFORMES EN DES ARENES DE RIVALITES ENTRE CONFRERIES»
En outre, le président de Jamra dénonce les rivalités notées durant le ramadan par certaines chaînes de télévision. «Nul n’a besoin d’être instruit pour se rendre compte que le mois de ramadan est un mois béni. A telle enseigne que le Seigneur en a fait un des 5 piliers de l’Islam, à côté de la chahada (la profession de foi), les 5 prières quotidiennes, la Zakat (l’aumône), le pèlerinage à la Mecque», rappelle le religieux». Par conséquent, ajoute-t-il, c’est ce qui traditionnellement donne l’occasion aux prédicateurs de partager avec générosité leur savoir pour les modestes croyants que nous sommes. Cependant avec l’avènement du pluralisme médiatique télévisé, déclare Mame Makhtar Guèye, «nous avons tous constaté durant ces trois ou 4 dernières années des dérives à deux niveaux. D’abord au niveau des émissions religieuses qui se tiennent traditionnellement après le ndogu, sous prétexte de parler des hauts faits d’armes de certains fondateurs de confréries».
Pour le président de Jamra, cela n’est pas une mauvaise chose en soi tant que ça reste dans le cadre de la valorisation des enseignements religieux de ces grandes icônes de nos confréries. Mais malheureusement, «il y a un détournement d’objectif qui fait que la plupart des plateaux télévisés sont maintenant transformés en des arènes de rivalités entre confréries». Des dérives déplorables, de l’avis de Mame Matar Guèye, dans la mesure où elles ne sont mues que par des intérêts financiers personnels. «On peut comprendre qu’il y ait rivalités dans les sports ou dans les arènes, mais il faut éviter de transporter les rivalités dans le domaine religieux. C’est ce qui a mis à feu et à sang la Centrafrique», a-t-il averti. L’autre forme de dérive, poursuit-il, c’est l’utilisation du mois de ramadan pour quémander de l’argent pour des motivations plus ou moins obscures sous forme de téléthons. Même s’il y a des téléthons qui sont louables comme l’exemple de Taib Socé, le président de l’Ong Jamra dénonce «ces téléthons fantaisistes qui profitent du mois de ramadan qui est un mois de pénitence et de solidarité. Je pense qu’on doit y regarder par deux fois. Jamra réitère ses exhortations et ses recommandations aux patrons de presse sur les rivalités malsaines entre confréries sur les plateaux télévisés et l’exploitation opportuniste du mois de ramadan pour organiser des téléthons fantaisistes». Dans le sillage, Mame Matar Guèye salue la position du Cnra qui a pris le taureau par les cornes en rassemblant les imams et les patrons de presse pour faire un rappel et les avertir sur les probables sanctions prévues.
SERIGNE MASSAMBA NDOUR, PRESIDENT DE MARODI PRODUCTION : «Il y a une place à prendre, si on ne l’occupe pas, les autres vont le faire»
De l’avis du directeur du groupe Marodi Production, Jamra donne juste son point de vue. Serigne Massamba Ndour renseigne que Marodi dispose de 4 contenus qui seront diffusés pendant le ramadan. «En plus, nos séries sont financées par des annonceurs qu’on respecte», dit-il. Un respect qui va à l’endroit des Sénégalais également si l’on se fie aux propos de Massamba Ndour. D’autant que leur contenu est dépourvu de choses négatives et d’insultes. S’agissant du contenu des séries qu’ils proposent aux Sénégalais, le jeune producteur précise : « nos séries sont plutôt ludiques, même si derrière il y a des enseignements». Faisant une petite comparaison, il affirme que durant le ramadan les gens regardent sur Netflix les séries qui sont encore pire. « On n’a rien fait de mal, on est responsable», clame le directeur de Marodi Production qui ajoute : «S’ils pensent que respecter les valeurs islamiques consiste à ne pas faire de séries, qu’ils sachent que si on n’occupe pas la place, les autres vont le faire et ce sera pire». Il estime que ce sont les séries occidentales qui font l’apologie de l’homosexualité. «Maintenant si nous ne produisons pas nos séries, les jeunes vont se ruer vers les séries diffusées sur Netflix et autres chaines étrangères». En lieu et place de critiques, il pense que les jeunes producteurs sénégalais devraient plutôt être encouragés et félicités, parce que dans «nos séries on fait la prière… »
FELWINE SARR, UNE VOIX POUR L'AFRIQUE
Coauteur d’un rapport sur la restitution de l’art africain, économiste et philosophe mais aussi essayiste et romancier, poète et musicien, le Sénégalais est l’un des grands intellectuels de sa génération. Il vient de publier deux nouveaux ouvrages
Le Temps Afrique |
Eric Tariant |
Publication 12/04/2021
C’est une force tranquille. Une alliance peu commune de volonté, de détermination, d’humilité et de douceur. La crise sanitaire semble n’avoir pas eu de prise sur lui, comme en témoignent les distinctions qu’il a obtenues et ses projets qui ont pris forme en pleine pandémie de Covid-19. En décembre 2020, son nom est apparu – au côté de celui de Bénédicte Savoy, coautrice du rapport Restituer le patrimoine africain – au troisième rang du Power 100, un classement établi par l’Art Review des 100 personnalités les plus influentes du monde de l’art.
En juillet dernier, après treize années de bons et loyaux services à l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis du Sénégal, il a rejoint l’Université Duke, à Durham, en Caroline du Nord, où il enseigne désormais la philosophie africaine contemporaine. En janvier, il a publié La Saveur des derniers mètres, le récit de ses pérégrinations à travers la planète, de ses rencontres et découvertes de paysages physiques ou intérieurs. Et ce mois de mars, les Editions Actes Sud sortent Traces, un texte théâtral sous-titré Discours aux nations africaines: un homme, de retour sur sa terre natale, enjoint à ses frères africains de «tourner à nouveau leur visage vers le soleil, de reconquérir leur liberté et leur dignité, de continuer à marcher et élargir les horizons». En septembre, enfin, il sortira chez Gallimard un nouveau roman, Les lieux qui habitent mes rêves, un récit sur «la métamorphose, la fraternité, la guérison et les chemins qui mènent à l’apaisement».
Un calme olympien
Fils d’un colonel de l’armée sénégalaise et aîné d’une famille de 12 enfants, Felwine Sarr est né il y a 48 ans sur une île, Niodor, plantée au sud de Dakar, face à la Gambie. Cette île est sa matrice, son point d’ancrage. Ses habitants – des pêcheurs et des agriculteurs – ont la réputation d’avoir un caractère bien trempé et un sens aiguisé de la solidarité. Des qualités qui semblent ne pas faire défaut à cet ancien professeur d’économie dont le rapport Restituer le patrimoine africain a essuyé le courroux et les attaques des directeurs de musées et marchands d’art français. Face aux critiques, l’homme, qui ne hausse jamais le ton, conserve un calme olympien.
«Il a un mental à toute épreuve qu’il s’est forgé en pratiquant les arts martiaux et la méditation zen», observe Mohamadou Boye, ami de trente ans, universitaire et juriste vivant à Saint-Louis du Sénégal. Felwine Sarr répond sur le fond, du tac au tac et sans ciller, à ses détracteurs. «Pourquoi les Africains, qui ont été privés de près de 90% de leurs œuvres conservées hors du continent, n’auraient-ils pas droit à leur patrimoine? A ces objets hérités de leurs ancêtres qui disent l’histoire du continent, de sa créativité et de son génie? C’est absolument essentiel car l’histoire et le patrimoine jouent un rôle essentiel dans la construction d’une société. Les Européens comprendront tôt ou tard que c’est dans le mouvement de l’histoire, qu’il faut changer d’époque, changer de paradigme», insiste-t-il.
Etre utile au continent
Après un bac scientifique obtenu à Dakar, Felwine Sarr part étudier l’économie en France à la Faculté d’Orléans. Un choix de raison pour le jeune homme féru de littérature et de philosophie. «J’ai choisi une discipline qui pouvait être utile au continent. On nous disait que l’Afrique était sous-développée. Mes études m’ont permis de décoder les secrets de l’économie, et, par la suite, de déconstruire le concept de développement», explique-t-il. Pendant ses temps libres, il lit les grecs anciens, Nietzsche, les sages et les philosophes indiens et chinois, les mystiques chrétiens, Krishnamurti, Kundera, Bobin, et Quignard. Et fonde un groupe de musique reggae, Dolé, avec lequel il multiplie les tournées en Europe et publie deux albums.
RESTITUTION DU PATRIMOINE CULTUREL AFRICAIN : UNE COMMISSION MISE EN PLACE
Le directeur général du Musée des civilisations noires (MCN), Hamady Bocoum, annonce la mise en place d’une commission pour la restitution, par la France, du patrimoine culturel africain
Le directeur général du Musée des civilisations noires (MCN), Hamady Bocoum, annonce la mise en place d’une commission pour la restitution, par la France, du patrimoine culturel africain.
"C’est une question qui est dans l’air du temps, a-t-il motivé, interrogé par Radio Sénégal. Ce qui est nouveau, c’est un État qui a de grandes collections comme la France qui s’engage dans la restitution. Cela change tout mais nous devons procéder de manière très ordonnée. Cela veut dire que la restitution est un aspect de ce que nous avons à faire pour la préservation de notre patrimoine. C’est pourquoi le ministre de la Culture a décidé d’instituer une commission pour la restitution. L’arrêté est déjà signé, et la commission sera composée de représentants, des démembrements de l’État, de la présidence de la République jusqu’à certains ministères de souveraineté, et d’experts qui sont hors ministère mais dont les compétences sont reconnues dans ce domaine."
Poursuivant, l’archéologue a fait remarquer que "l’idée est d’avoir un véritable agenda pour la restitution en tenant compte de plusieurs facteurs." Ainsi, a-t-il détaillé : "l’objectif est de savoir d’où viennent les (objets culturels), les espaces où ils ont été enlevés. Est-ce qu’il y a des communautés qui les revendiquent encore ? Si tel est le cas, il faut discuter avec tout le monde pour trouver les solutions les plus appropriées."
Déjà, a-t-il souligné : "les continuités culturelles, c’est la manière (façon) pour l’Afrique de se débarrasser des frontières politiques héritées de la colonisation. Tout le monde sait que le futur de l’Afrique est dans son unité qu’elle soit politique, économique, culturelle ou autre
LA RÉPONSE DE SANEKH
''L’actrice principale, appelée Adji Sarr dans le film n’a rien à voir avec la masseuse qui accuse Ousmane Sonko de faits de viols répétitifs et menaces de mort...'' précise le comédien
Adji Sarr, actrice principale d’une série télévisée. « Mbiling Mbalang » ! La bande annonce est déjà devenue virale. « L’actrice principale, appelée Adji Sarr dans le film n’a rien à voir avec la masseuse qui accuse Ousmane Sonko de faits de viols répétitifs et menaces de mort mais, le rôle qu’elle y incarne pourrait faire penser que le réalisateur s’est inspiré de l’histoire opposant le leader de Pastef à la masseuse la plus célèbre au Sénégal.
En effet, dans la bande annonce, on voit une belle jeune dame, aux formes bien dessinées qui, s’activant dans le métier de massage, utilise des trucs et des astuces pour soutirer de l’argent aux hommes qui courent derrière elle.
Joint au téléphone, l’un des acteurs, en l’occurrence le comédien Sanex est formel. « Cette série ne parle pas de Adji Sarr. C’est une série qui traite des faits de la société. Elle n’a rien à voir avec cette affaire. Cette œuvre n’appartient même pas au groupe « Soleil Levant » mais plutôt à l’un des neveux de Aziz Niane. Nous voulons juste le soutenir. Les Sénégalais verront que la série n’a rien à voir avec l’histoire ou la vie de Adji Sarr. La bande annonce a été ainsi montée pour la recherche du buzz ».
Il poursuit : « personnellement, depuis que cette affaire a éclaté, je n’en parle pas ; ma famille n’en parle pas. Personne n’en parle dans notre groupe. C’est une affaire qui ne nous concerne pas. Jamais, je n’ai accepté à ce qu’on me pose des questions sur cette affaire. »
C’est devenu un rituel au Sénégal. Pendant le mois de ramadan des séries humoristiques, inspirées de la vie quotidienne des sénégalais, sont diffusées dans les différentes télévisions de la place. Déjà, les publicités de ces Sketchs ont démarré.