SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
2 décembre 2024
Culture
UNE COMMISSION POUR LA RESTITUTION DU PATRIMOINE CULTUREL AFRICAIN
Le directeur général du Musée des civilisations noires (MCN), Hamady Bocoum, a annoncé, samedi, à Dakar, la création d’une commission nationale chargée de ‘’faire des propositions appropriées’’ sur le patrimoine culturel africain à restituer par la France
Le directeur général du Musée des civilisations noires (MCN), Hamady Bocoum, a annoncé, samedi, à Dakar, la création d’une commission nationale chargée de ‘’faire des propositions appropriées’’ sur le patrimoine culturel africain à restituer par la France.
‘’Nous venons d’instituer une commission nationale pour la restitution des biens culturels, qui sera chargée de faire des propositions appropriées sur la totalité des questions’’ relatives au patrimoine que l’Etat français veut restituer aux pays africains, a déclaré M. Bocoum lors d’un webinaire.
La rencontre avait pour thème : ‘’Restitution des biens culturels’’. Elle fait partie des manifestations culturelles marquant le centenaire de l’historien sénégalais Amadou-Mahtar M’Bow, ancien directeur général de l’Unesco.
Le président français, Emmanuel Macron, a décidé de restituer aux pays africains des biens culturels emmenés d’Afrique pendant la colonisation. Selon le directeur général du MCN, Amadou-Mahtar M’Bow avait lancé un appel en faveur de la restitution de cette partie du patrimoine culturel, le 7 juin 1978, lorsqu’il dirigeait l’Unesco.
La commission nationale créée par le Sénégal va permettre au pays de travailler avec ‘’méthode et organisation’’ sur cette restitution des biens culturels annoncée par la France, a dit Hamady Bocoum.
L’arrêté ministériel instituant la commission a été signé, et ‘’tout est mis en œuvre pour les modalités pratiques’’, a-t-il précisé.
‘’Le ministre de la Culture et de la Communication va réunir bientôt la commission, qui comprend non seulement des représentants des démembrements de l’Etat, mais aussi des experts’’, a dit le directeur général du MCN.
Il préconise la coopération des pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) concernés par la restitution du patrimoine culturel. ‘’Il faut que nous fassions (…) en sorte que tous les pays de la région, au moins à l’échelle de la CEDEAO, soient ensemble pour demander les choses (les biens à restituer) de manière collective’’, a dit Hamady Bocoum.
Il faut éviter de ‘’substituer à la balkanisation politique la balkanisation culturelle (…) C’est le danger de la proposition du président Emmanuel Macron. Il sait que la France, n’ayant plus le pouvoir militaire, politique ou économique, tient toutefois en otage notre culture. Son idée est claire, c’est de maintenir la balkanisation via la culture, qui est la dernière arme’’, a-t-il soutenu.
Un sabre appartenant à la famille d’El Hadj Omar Tall, un résistant à la colonisation française, a été remis par M. Macron à ses descendants et au président sénégalais, Macky Sall, à Dakar, en 2019.
Les universitaires Souleymane Bachir Diagne, Felwine Sarr et Bénédicte Savoy ont pris part au webinaire, avec d’autres intellectuels de renom. A la demande du président français, Felwine Sarr et Bénédicte Savoy ont produit un rapport sur le patrimoine culturel à restituer aux pays africains.
DE LA GLACE DANS LA GAZELLE AVEC WASIS DIOP
Wasis Diop ne nous avait pas offert de chansons inédites depuis 13 ans. Mais De la Glace dans la Gazelle est un trésor qui méritait largement notre patience
Auteur-compositeur et interprète rare et méticuleux, Wasis Diop partage son temps de création entre musiques pour le cinéma et chansons ourlées. En 2014, Séquences, collectait une partie de son travail pour le 7ème art, mais depuis Judu Bek en 2008, ses précieuses confidences vocales ne se conjuguaient plus au présent. De la Glace dans la Gazelle vient rompre ce long silence.
Wasis Diop vit à Paris, il y a son abri, ses amis, ses amours, son studio et son vélo sur lequel il sillonne la ville pour observer la vie. Il y a vu passer des esprits aux pouvoirs presqu’aussi magiques que les sorciers ou les griots du Sénégal de ses ancêtres. De belles âmes qui l’ont aidé à consolider son chemin.
Il y a eu le multi-instrumentiste Loy Erhlich (Hadouk), venu fortifier son association avec son compatriote Umbañ Ukset au sein de West African Cosmos, d’où sort un unique album halluciné et psychédélique en 1974. Cette aventure vivra son apogée, mais aussi son dernier épisode à la Villette, lors d’un concert historique qui marque également les débuts du groupe Téléphone et de Bernard Lavilliers. En 1978, Zabu, ex-chanteur de Magma engage Wasis comme guitariste et l’emmène en Jamaïque. À Kingston, ils travaillent dans le studio enfumé de Lee Scratch Perry et assistent, le 22 avril à l’historique «One Love Peace Concert», à la fin duquel Bob Marley pousse les rivaux Michael Manley et Edward Seaga à se donner une poignée de main, qui devait mettre un terme à la guerre civile qui faisait rage entre les supporters des deux hommes politiques.
En 1983, Wasis croise la route de l’Anglais Robin Millar qui, avant de devenir l’heureux producteur du premier album de Sade, réalise son premier single. En 1991, il co-écrit avec la chanteuse d’origine tunisienne Amina, C’est le dernier qui a parlé qui a raison, qui se distingue à l’Eurovision. L’année suivante, sa musique pour le film Hyènes de son frère Djibril Diop Mambéty est un succès qui l’impose comme compositeur pour le cinéma.
Plus tard, Wasis, fasciné par le Japon apprend que le saxophoniste et producteur Yasuaki Shimizu (Saxophonettes, Ryuchi Sakamoto, Helen Merrill), fait un casting de musiciens à Paris, inspiré, Wasis improvise un chant qui devient un tube au pays du Soleil Levant. Surpris d’avoir trouvé sa voix, il se convainc d’écrire son premier album de chansons, No Sant que produit Shimizu en 1994. Il découvre le Japon, pays qui lui réservait une belle histoire d’amour, renforcée par la naissance de deux de ses enfants. 4 ans plus tard, Toxu est notamment l’occasion de rendre hommage à l’un des groupes qui ont le mieux réussi le mariage de l’Afrique et du rock : Talking Heads. Son leader David Byrne est séduit par sa version de Once in a Lifetime et l’invite à se produire en direct de son émission de radio très populaire. Après diffusion, les ventes de Toxu se multiplient par dix sur le territoire américain.
C’est l’un des films attendus après l’ouverture des salles de spectacle. «Mami watta» de Christian Thiam a été projeté ce jeudi à l’école Sup Imax. C’est l’histoire d’une jeune femme, victime de son envie de vivre comme elle l’entend
C’est l’un des films attendus après l’ouverture des salles de spectacle. «Mami watta» de Christian Thiam a été projeté ce jeudi à l’école Sup Imax. C’est l’histoire d’une jeune femme, victime de son envie de vivre comme elle l’entend.
Le feu consumant son bourreau sur la plage, Délia, d’un pas pesant, avance vers l’océan. Sa marche ne s’arrêtera qu’au moment où elle n’aura plus pied. Elle laisse derrière elle la souffrance d’une jeune femme dont le seul tort aura été de vivre sa vie librement, de disposer de son corps comme elle l’entend. C’est sur cette fin triste que le film Mami watta s’achève. Réalisé par Christian Thiam, ce long métrage, tourné entre Toubab Dialaw et Médina, retrace la vie d’une jeune femme dans une société faussement conservatrice. En effet, Délia est une jeune femme belle et à la quête d’un lendemain meilleur. Son amour avec Jules sera idyllique.
Au côté du jeune homme, Délia, orpheline de père et de mère, gère une petite gargote. Les péripéties de la vie ne l’épargnent guère. Entre le règlement des factures et la volonté de canaliser son mari, elle se bat en vendant de la nourriture. Son mari, influencé par son ami Diégane, ne cesse de s’écarter du bon chemin. Pêcheur, il va finir par ranger ses filets. Mais Diégane, qui a une fois couché avec Délia avant qu’elle ne se marie, ne parvient pas à l’oublier. Il se fera un point d’honneur à la reconquérir en cachette. Jules ne connaîtra jamais les intentions de son ami Diégane. Jules, à la quête de solution pour régler sa facture d’électricité, s’ouvre à son ami qui lui conseille de retourner pêcher, une activité jugée dangereuse par Délia au point de le dissuader de prendre la pirogue.
En cachette, Diégane et Jules embarquent la nuit. En venant chercher le gilet de son ami, Diégane tombe sur Délia et essaie de satisfaire ses pulsions. Ce que la dame refusa. Le lendemain, Diégane accoste seul. Jules est mort, tuant au passage le rêve d’un lendemain meilleur de Délia. Mais ça ne sera pas son seul calvaire. Diégane, alcoolique et fils de l’imam du quartier, se met dans la tête d’épouser Délia. Confuse, la dame trouvera le moyen de se débarrasser de lui et de la société. Comment elle s’y est prise ? Quelle stratégie a-t-elle adopté pour se sortir des griefs de la société patriarcale ? Comment a-t-elle vécu la mort de son mari, son seul soutien ? Voilà autant d’interrogations auxquelles le spectateur aura bientôt la chance de découvrir la réponse. En effet, le film, coproduit par l’école Sup Imax, n’est pas officiellement sorti.
Quelques privilégiés ont eu ce jeudi la chance de regarder la première séance de projection en compagnie des acteurs tels que Chalys Lèye qui interprète le rôle de curé du village. «Je voulais montrer cette chose très africaine qui est le syncrétisme religieux. On appartient à une religion, mais on affiche toujours cette touche d’animisme. Mais chacun va se faire une idée du film après l’avoir regardé», a expliqué Christian Thiam. Qui a précisé que «personne n’est mauvaise, personne n’est bonne. On est tous bon et mauvais en même temps. Personne n’est parfait. C’est important qu’on ne regarde pas Diégane comme étant quelqu’un purement mauvais ou regarder les autres comme biens».
LA RENCONTRE AMBIGUE ENTRE LA TRADITION ET LA MODERNITÉ, SELON CHEIKH HAMIDOU KANE
Dans l’imaginaire des Sénégalais, le nom de Cheikh Hamidou Kane reste à jamais associé à son roman L’Aventure ambiguë paru en 1961. Portrait de cet homme aux « longs mûrissements multiples »
Il n’est nul besoin de présenter le Sénégalais Cheikh Hamidou Kane. Écrivain légendaire, mais aussi figure politique, l’homme, âgé aujourd’hui de 93 ans, a joué un rôle important dans la vie politique et culturelle de son pays. Dans l’imaginaire des Sénégalais, son nom reste à jamais associé à son roman L’Aventure ambiguë dont le héros autofictionnel incarne le drame de l’homme africain écartelé entre la tradition et la modernité. C’est avec Mariama Samba Baldé, qui vient de consacrer un livre-portrait à l’auteur de L’Aventure ambiguë, que notre chroniqueur Tirthankar Chanda brosse le portrait de cet homme aux « longs mûrissements multiples ».
En 1961, il y a soixante ans, paraissait L’Aventure ambiguë*. Récit magistral de la rencontre tragique entre l’Afrique et l’Occident, ce roman est devenu une lecture incontournable pour des générations d’Africains. Certains ont dû même rédiger des dissertations analysant tel ou tel aspect de ce grand roman, pour obtenir leur bac. Son auteur n’est pas seulement un écrivain, mais il a aussi été une figure majeure de la vie politique sénégalaise.
Entre les années 1960 et 1990, Cheikh Hamidou Kane fut ministre dans les gouvernements de Senghor et d’Abdou Diouf et marqua les esprits par sa pratique politique basée sur des valeurs humanistes et démocratiques. Ainsi, en pleine crise gouvernementale qui a opposé en 1962 le président Senghor à son Premier ministre Mamadou Dia, il démissionna de son poste pour protester contre les dérives autoritaires du régime. Mais plus qu’à son action politique, c’est à son roman qu’est L’Aventure ambiguë, devenu un classique incontournable des lettres africaines modernes, que Cheikh Hamidou Kane doit sa réputation, qui dépasse aujourd’hui les frontières de son pays et de son continent.
« Sillage d’Hommes »
La parution récente d’un nouveau livre consacré à ce monstre sacré des lettres africaines, sous la plume de l’éditrice Mariama Baldé, nous fournit l’opportunité de revenir sur ce parcours hors du commun. Cheikh Hamidou Kane : L’inoubliable étincelle de l’être (Éditions « Paroles tissées », 2020) est un ouvrage d’un format original. Réparti en cinq chapitres nommés d’après les cinq doigts de la main et composé d’entretiens avec l’écrivain, il éclaire les différents pans de la vie du dernier, de sa jeunesse studieuse à sa pensée panafricaniste, en passant par l’homme politique, le littéraire et le croyant.
IL EXISTE UNE INÉGALITÉ POLITIQUE ENTRE LES LANGUES
Les langues occidentales nous déconnectent-elles de nos identités africaines ? Voyage avec Mbougar Sarr, écrivain sénégalais et amoureux des langues, dans de le monde de la littérature africaine et ses problématiques
Les langues occidentales nous déconnectent-elles de nos identités africaines ? Voyage avec Mbougar Sarr, écrivain sénégalais et amoureux des langues, dans de le monde de la littérature africaine et ses problématiques.
«IL Y A UNE ABSENCE TOTALE DE POLITIQUE CULTURELLE AU SENEGAL»
Palabres avec… Joséphine Mboup, comédienne- actrice de cinéma
Joséphine Mboup est une comédienne professionnelle formée à l’Ecole Nationale des Art(ENA). On l’a croisée lors d’un panel organisé par l’Association de la Presse Culturelle du Sénégal(APCS) sur les problèmes du théâtre. Rencontre avec une fervente militante qui défend sa cause avec beaucoup de ferveur et de conviction.
On vous a vu faire un plaidoyer pour la formation des acteurs…
Pour une seule et simple raison. Le théâtre est un Art qui nécessite une formation académique. Le Sénégal est l’un des premier pays en Afrique francophone à se doter d’une école de formation. Malheureusement, la section Art dramatique, qui forme les comédiens, s’est retrouvée plus d’une fois fermée par manque de formateurs. Elle a repris service au début des années 90. J’ai été admise en 1993. A la fin de notre formation en 1997, l’ensemble de la promotion s’est constitué en compagnies théâtrales privées. A la fin des années 90, les professeurs se sont mis à l’échafaudage d’une réforme de l’enseignement d’art dramatique. Ce projet, qui avait été validé par le Ministère de la Culture, prévoyait : une réforme de la formation de comédien et la mise en œuvre de deux nouvelles formations. C’est-à-dire, la formation de formateurs et la formation de metteurs en scène. La formation de metteurs en scène étant une clé importante pour la relance de l’activité théâtrale, tant sur le plan de la création que de la production. Malheureusement, cette proposition de réforme est restée lettre morte et n’a jamais été appliquée. Cette réforme tant souhaitée n’ayant pas eu lieu, l’école est retournée à sa phase de léthargie ou d’état comateux.
Qu’est ce qui empêche aujourd’hui l’Etat de remettre la formation théâtrale pour laquelle des professeurs du conservatoire avaient fait des propositions, notamment au niveau de la formation des formateurs et la formation de metteurs en scène ?
Il y a une absence totale de politique culturelle. Depuis des décennies, les différents gouvernements qui se sont succédé ne se sont pas réellement penchés sur les multiples problèmes du secteur des Arts et de la Culture, notamment du sous-secteur théâtre. Dans les années 90, toutes les promotions sorties du conservatoire ont volé de leurs propres ailes en se constituant en compagnies privées. Elles ne bénéficiaient d’aucune aide de la part de l’Etat. Pour en revenir à la formation, on se demande même, si les différents ministres qui se sont succédé à la tête de ce ministère se sont penchés une seule fois sur la question de la réforme de l’enseignement de la division Art dramatique du Conservatoire. En lieu et place, on nous construit un beau bâtiment du nom de Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose où il y a tout, sauf du théâtre. Un Grand théâtre qui n’a ni compagnie théâtrale, ni ensemble instrumental, ni ballet. Quand de l’autre côté, à l’instar du Conservatoire d’Art dramatique, le théâtre national Daniel Sorano est également en agonie.
Que faut-il faire…
Ce qui manque au secteur. Et ce depuis des années, c’est des voix fortes de personnalités capables de porter un plaidoyer fort pour attirer l’attention du Gouvernement sur l’état désastreux de la Culture.
Depuis votre rôle dans «La Collégienne» vous aviez disparu du petit écran…
Oui, c’est vrai que depuis « La collégienne » de Marouba Fall, réalisée par Boubacar Ba de la Télévision nationale, j’ai disparu du petit écran. Mais pour rappel, quand « La collégienne » sortait, nous étions encore élèves au Conservatoire. Et à notre sortie en 1997, j’ai continué ma carrière de comédienne- actrice professionnelle avec les 7kouss. Une carrière qui nous a menés un peu partout en Afrique et en Europe. Nous avons représenté, sur deux éditions consécutives, le Sénégal au Marché des Arts et du Spectacle Africain en Côte d’ivoire (MASA). Nous avons également représenté le Sénégal au grand Festival de Limoges en 2000. A côté, j’ai joué plus pour le cinéma que pour le petit écran. Et c’est comme ça que j’ai joué dans « TGV »de Moussa Touré, « L’afrance » d’Alain Gomis, les films « Scénarios du Sahel » de Cheikhou Oumar Cissokho du Mali, « Des étoiles » de Dyna Gaye etc.
Qu’est- ce qui justifie, selon vous, l’exil massif des comédiens sénégalais ?
Le facteur qui nous a fait disparaître de la scène, c’est surtout le manque de subventions de la part de l’Etat pour toutes ces compagnies théâtrales privées qui ont contribué au rayonnement du théâtre sénégalais sur le plan national et international. Il faut aussi dire qu’à l’époque, le théâtre national Daniel Sorano ne pouvait pas absorber tous ce flux de comédiens fraîchement sortis du conservatoire. Il y avait également l’absence totale de vision politique sur le sous-secteur théâtre. La première décennie du 21 siècle a vu 90% des comédiens professionnels émigrer vers l’Europe. Raison pour laquelle, je suis retournée à l’école pour me former aux métiers de l’audiovisuel. Et en 2005, je suis sortie de la promotion du Forut Médias centre de Dakar. En 2011, j’ai rejoint le Groupe Futurs Médias.
Vous l’avez dit tantôt, vous avez beaucoup joué pour le cinéma avant de revenir sur le petit écran pourquoi ?
Mon retour sur le petit écran est dû à ma cousine, l’écrivaine Sokhna Mbenga qui m’a coopté pour jouer dans la série, « L’or de Ninki Nanka », réalisé par la boite de production Maroditv.
Concrètement, est ce que les séries télévisées n’ont pas contribué à tuer le théâtre sénégalais ?
Sur cette question, je dirai vraiment non. Actuellement, dans tous les pays du monde, les productions de séries ont connu une hausse considérable. Dernièrement, j’ai suivi un grand reportage sur France 24 qui se penchait sur le phénomène pour essayer de comprendre cet engouement sans précédent constaté sur ce genre. Il faut dire aussi qu’il est plus facile de trouver un ou plusieurs producteurs pour les séries télévisuelles que pour le cinéma. Les producteurs gagnent également sur le sponsoring lors des passages de ces séries sur le petit écran. Ce qui explique cette ruée vers les séries pour ne pas dire une ruée vers l’or. Le Sénégal n’a pas échappé au phénomène. Et depuis quelques années, les séries 100% sénégalaises sont apparues. Je ne suis pas de ceux qui pensent que la télé, par le biais des séries, fait une concurrence déloyale au théâtre. Ce sont deux genres différents. Evidemment, les séries sont plus accessibles du fait qu’elles sont diffusées sur le petit écran et que 99% des foyers sont dotés de postes téléviseurs. Cependant le théâtre vit des moments très difficiles. Pêle-mêle, on peut citer une absence notoire de financement des compagnies qui existent, une réforme du système de l’enseignement dispensé au Conservatoire d’Art Dramatique qui tarde à se mettre en place, une formation de formateurs et formation de metteurs en scène entre autres problématiques… Dans tous les pays du monde, les comédiens jouent autant au théâtre, qu’au cinéma et dans les séries télévisées. Mais en dehors de cette absence de politique culturelle du secteur, le théâtre doit s’adapter en mettant l’accent sur le marketing et la communication digitale pour ramener dans les salles de spectacle le public qui n’attend que ça.
Qu’est-ce qu’il faut faire pour relancer le secteur alors ?
Il existe déjà un comité de relance du théâtre sénégalais qu’Abdel Kader Diarra, membre fondateur des 7kouss, pilote. A ce comité de peser de tout son poids pour faire comprendre aux autorités étatiques l’urgence dans laquelle se trouve le théâtre sénégalais. Il faut subventionner des compagnies professionnelles et semi professionnelles qui existent et qui ont fait leur preuve. En second lieu, il faut une réforme de l’enseignement. Troisièmement, il faut assurer une formation de formateurs et formation de metteur en scène. Quatrièmement, il faut procéder à une mise en place d’un fonds conséquent à l’image du FOPICA pour le cinéma, tout en sachant que le fonds d’aide, domicilié au niveau du ministère de la Culture, sert à tout sauf au renouveau du théâtre sénégalais. Et en cinquième lieu, il faut mettre à la tête du ministère des acteurs du secteur culturel qui ont une profonde connaissance de toutes les problématiques qui plombent l’envol de la culture et du sous-secteur du théâtre en particulier. Je ne saurais terminer sans parler de ces 350 milliards dont le chef de l’Etat a parlé dernièrement pour l’emploi des jeunes. Nous espérons que ceux du secteur des Arts et de la Culture seront bénéficiaires de cette manne financière d’où l’importance d’avoir dans le secteur, des ressources humaines conséquentes capables de tenir un plaidoyer fort pour se faire entendre jusqu’au niveau de la plus haute institution de l’Etat. J’interpelle également le chef de l’Etat sur l’imminence de la relance du théâtre eu égard aux derniers évènements malheureux de la première quinzaine du mois mars qui ont vu une jeunesse désœuvrée déferler dans les rues de Dakar pour crier leur mal- être. Ce qui est dû à une absence de débouchés, d’échecs scolaires, d’absence de perspectives d’avenir. Or, nous savons tous que très souvent, le secteur culturel devient une dernière option pour les jeunes quand ils ne savent plus où aller. D’où l’imminence de la relance du secteur dans son ensemble.
LE SENEGAL INVITÉ D’HONNEUR DU FESPACO 2021
Le 27e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) se tiendra du 16 au 23 octobre 2021. Le thème retenu est «Cinéma d’Afrique et de la diaspora, nouveaux talents, nouveaux défis»
Le 27e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) se tiendra du 16 au 23 octobre 2021. Le thème retenu est «Cinéma d’Afrique et de la diaspora, nouveaux talents, nouveaux défis». Le Sénégal est le pays invité d’honneur.
«Les données sur la Covid-19 permettent de reprogrammer le festival», informe le ministre de la Communication, Tamboura Ousseni, à sa sortie du Conseil des ministres de ce mercredi 7 avril 2021. L’organisation, la mise en œuvre de toutes les activités devront tenir compte des mesures barrières. «Nous travaillons avec le ministère de la Santé pour que tout soit mis en œuvre pour qu’on puisse prendre en charge de tous les festivaliers et tous ceux qui vont venir de l’intérieur du pays et de l’étranger pour ce festival», rassure la ministre de la Culture, Elise Thiombiano.
Le Sénégal est le pays invité d’honneur
Pour cette édition, le Sénégal sera le pays invité d’honneur. Plus de 900 films de 28 pays ont été enregistrés dont 71 pour le Burkina Faso. Ce 27e Fespaco va connaître 70 films sélectionnés. Les cérémonies d’ouverture et de clôture vont se dérouler au Palais des Sports de Ouaga 2000. Toutes les activités qui se tiennent autour du Fespaco ainsi que le «petit Fespaco» qui se tient à Bobo-Dioulasso sont maintenus. Le budget prévisionnel est d’un peu plus de 2 milliards F Cfa. En¬viron 150 invités seront con¬viés contre 700 au cinquantenaire.
Avec Burkina 24
118 VIEILLES BATISSES A REHABILITER
118 bâtiments situés dans l’île de Saint-Louis classée patrimoine mondiale de l’Unesco et dont la vétusté est devenue une préoccupation majeure aussi bien pour les propriétaires que pour les autorités municipales, seront réhabilités
118 bâtiments situés dans l’île de Saint-Louis classée patrimoine mondiale de l’Unesco et dont la vétusté est devenue une préoccupation majeure aussi bien pour les propriétaires que pour les autorités municipales, seront réhabilités
La mairie de Saint-Louis, l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix-S.A) et la Banque de l’habitat du Sénégal (Bhs) ont signé vendredi, une convention de partenariat et de délégation marquant le lancement officiel des travaux de rénovation de bâtiments relevant du patrimoine bâti privé de Saint-Louis. Cette activité, qui entre dans le cadre du Programme de développement touristique de Saint-Louis et sa région (Pdt/Sl), permettra de réhabiliter à terme, 118 unités architecturales situées dans l’île classée patrimoine mondiale de l’Unesco et dont la vétusté est devenue une préoccupation majeure aussi bien pour les propriétaires que pour les autorités municipales.
La cérémonie de signature de cette convention entre la mairie (maître d’ouvrage), l’Apix (maître d’ouvrage délégué) et la Bhs (opérateur financier désigné), concrétise, selon le Secrétaire général de l’Apix, représentant du Directeur général, «un long processus innovant de Partenariat-public-privé visant la préservation et la sauvegarde du patrimoine urbain et architectural exceptionnel du cœur historique de la ville de Saint-Louis ; mais aussi et surtout l’amélioration d’un cadre de vie décent pour les propriétaires éligibles».
Pour Oumar Sarr, la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine urbain et architectural de la ville demeurent un enjeu économique de taille, tant en termes d’attrait touristique du site classé, de génération de revenus et d’emplois dans les secteurs du tourisme, du bâtiment et de l’artisanat que pour l’amélioration du cadre de vie des Saint-louisiens et le rayonnement international de la région et constituent un pilier majeur des activités du Pdt/SL financées par l’Etat du Sénégal et l’Afd à hauteur de 24,5 millions d’euros, soit plus de 16 milliards de francs Cfa. Grâce à ce mécanisme de cofinancement basé sur une subvention du Pdt/SL à hauteur de 90% et une contrepartie de 10% des bénéficiaires, 71 propriétaires ont manifesté leur intérêt pour participer à la mise en œuvre du projet.
La phase priori¬taire des travaux permettra, selon le Secrétaire général de l’Apix, de réhabiliter 700 m2 de menuiserie, reprendre 1500 m2 de toitures, mettre en conformité 250 mètres de balcons, ravaler 4000 m2 de façades et renforcer une dizaine d’entreprises locales, dans le contexte de relance économique ; mais aussi de renforcer l’employabilité des jeunes à travers des contrats d’apprentissage sur des chantiers-écoles concernant les métiers du patrimoine bâti et destinés à plus de 100 jeunes, des contrats de stage destinés à 8 étudiants de l’Université Gaston Berger (Ugb), inscrits en Master sur les métiers du Patrimoine, des sessions de coaching sur 2 ans destinées à plus de 100 artisans, et des sessions de formation destinées à plus de 200 acteurs touristiques. Cette phase a, par ailleurs, un intérêt économique réel, car plus de 400 emplois temporaires seront créés en phase-projet et plus de 800 emplois permanents générés en phase post-projet, a dit Oumar Sarr.
Le maire de Saint-Louis, Amadou Mansour Faye, dont la commune est le bénéficiaire du projet, a salué le partenariat entre sa commune, l’Afd et l’Apix qui va, selon ses termes, changer complètement le visage de la ville et lui redonner son lustre d’antan. Il a rappelé dans ce sens que d’autres projets de l’Etat en cours participent également à améliorer le cadre de vie.
Le directeur de l’Afd, Alexandre Pointier, a de son côté, rappelé que la réhabilitation du patrimoine bâti privé est une composante essentielle du Pdt qui va nécessiter un investissement de plus de 3 milliards de francs Cfa. D’au¬tres composantes ont permis déjà de réhabiliter la cathédrale de Saint-Louis qui a été livrée, la reconstruction de la route de l’hydrobase également terminée et la requalification de la place Baya Ndar ex-Place Faidherbe en cours de réalisation.
LA PLACE BAYA NDAR SERA LIVRÉE EN JUIN
Selon le maire de Saint-Louis, les retards enregistrés dans l’exécution de ce chantier s’expliquent par "des problèmes d’approvisionnement avec la grève des transporteurs mais aussi des contraintes liées à la maladie de la Covid-19
Le chantier de place "Baya Ndar" sera livré en juin prochain, à la fin des travaux de réhabilitation destinés à faire de l’ex-Place Faidherbe un espace convivial pour piétons, a annoncé le maire de Saint-Louis Mansour Faye.
"Ce qui est important, c’est qu’aujourd’hui, nous avons une visibilité par rapport à la date de livraison de ce chantier", a dit à des journalistes, samedi, à l’issue de ce chantier.
Selon le maire de Saint-Louis, les retards enregistrés dans l’exécution de ce chantier s’expliquent par "des problèmes d’approvisionnement avec la grève des transporteurs mais aussi des contraintes liées à la maladie de la Covid-19".
L’essentiel étant que "rapidement cette place soit rendue aux populations qui sont pressées d’en en avoir possession".
La réhabilitation de la place ’’Baya Ndar’’ s’inscrit dans un programme de développement touristique (PDT) de Saint-Louis financé par l’Agence française de développement (AFD) à hauteur de 16 milliards de francs CFA, a dit Mansour Faye, par ailleurs ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement.
Il a signalé que l’AFD a accepté que l’immeuble Rognât Sud soit intégré aux travaux prévus dans le cadre de ce programme dont l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (APIX) assure la maitrise d’ouvrage déléguée des projets.
Le maire de Saint-Louis précise qu’à ce titre, l’APIX va bientôt "présenter les résultats", ajoutant que "cet immeuble majestueux aura une bibliothèque et un espace dédié aux acteurs cultures".
Mansour Faye indique par ailleurs que la mairie de Saint-Louis, par le biais du Programme d’appui aux communes et agglomérations du Sénégal (PACASEN), envisage de dérouler un programme d’aménagement d’espaces publics.
Des actions dont le but est de donner à l’ancienne capitale de l’Afrique occidentale française (AOF) un statut international de ville carrefour et pôle touristique, a-t-il dit.
par Makhtar Diouf
SÉNÉGAL, LES ETHNIES ET LA NATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Des propos à relents ethnicistes tenus ces derniers temps dans le pays me poussent à une revisite de la question ethnique, avec cet article du titre éponyme de mon livre publié en 1994
En 1994, j’ai publié un ouvrage intitulé Sénégal : Les ethnies et la nation. Des propos à relents ethnicistes tenus ces derniers temps dans le pays me poussent à une revisite de la question ethnique, avec cet article du même titre. Un parallèle s’impose ici entre le Sénégal et d’autres pays.
Problématique de l’État-nation
‘’État-nation’ procède de la juxtaposition des deux termes ‘’État’’ et ‘’nation’’. La nation est un concept psychoculturel difficile à saisir. Ce qui donne lieu à des compréhensions différentes.
Les deux conceptions de la nation qui s’imposent encore dans les sciences sociales sont celle du philosophe allemand J. G. Fichte relayé par G.W. Hegel, et celle de l’écrivain français Ernest Renan.
Dans un texte de 1807, ‘’Discours à la nation allemande’’, Fichte fonde la nation sur le critère de la naissance et de la culture englobant la langue. Cette conception repose sur la racine latine du terme ‘’nation’’ (‘’natus’’ qui renvoie à ‘’naissance’’). Ce qui a été à l’origine de l’idéologie du pangermanisme prônant le regroupement de tous les locuteurs de langue allemande dans un même État. C’est de là qu’est parti Hitler pour annexer les régions d’Europe frontalières de l’Allemagne abritant des locuteurs allemands, et asseoir sa thèse de la supériorité de la ‘’race aryenne’’ qui a conduit à l’holocauste (extermination des Juifs). Cette conception de la nation véhicule l’ethnicisme, terreau des conflits ethniques.
Ernest Renan, dans un discours prononcé à La Sorbonne le 11 mars 1882, ‘’Qu’est-ce que la nation ?’’, met en avant le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu. Et de préciser que l'homme n'est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion. Cette conception de la nation favorise la cohabitation paisible entre groupes ethniques et confessionnels.
L’ethnie, parfois appelée ‘’nationalité’’ ou ‘’communauté’’ est un sous-ensemble de la nation. C’est une collectivité d’individus qui se considèrent appartenant à un même groupe qui s’identifie par la culture dont la langue. Une tradition dont l’origine remonte à un ancêtre commun réel ou mythique.
La nation dans ses différentes composantes constitue l’infrastructure qui porte l’État, comme une fondation porte un bâtiment. Pourtant, il peut arriver que les termes ‘’État’’ et ‘’nation’’ soient confondus. L’Organisation des Nations Unies est en réalité une organisation d’États et non de nations. Il existe actuellement dans le monde moins de 200 États, mais plus de 3000 groupes ethniques ou nationalités.
Quand l’Europe ne donne pas l’exemple
Dans l’anthropologie coloniale, les groupes culturels linguistiques d’Afrique n’étaient que des tribus. Pourtant, tribu ou ethnie, de ce point de vue, l’Europe est loin de pouvoir donner la leçon.
Le Royaume-Uni regroupe l’Angleterre, l’Écosse, le pays de Galles, et l’Irlande du Nord qui sont des ‘’home nations’’. Depuis 1998, l’Écosse et le pays de Galles ont leur propre parlement et leur propre gouvernement avec Premier ministre. C’est un peu le cas en Espagne avec les Catalans (région de Barcelone) et les Basques, dotés du statut de ‘’communauté historique’’.
Le sport, le football surtout, y constitue un révélateur insoupçonné de l’ethnicisme, pour ne pas dire du tribalisme, conflit entre l’État et la nation.
Au Royaume-Uni, lors des matches de rugby ou de football entre l’Angleterre et l’Écosse, les supporters écossais conspuent l’hymne national God save the Queen pour chanter leur propre hymne Flower of Scotland. Les Anglais le trouvent agressif, mais la fédération écossaise de rugby l’a entériné.
Ces mêmes supporters écossais sont unis contre les Anglais, mais profondément divisés entre eux au plan confessionnel. Les deux plus grands clubs de football d’Écosse, Celtic Glasgow et Glasgow Rangers sont le premier catholique, le second protestant. Les rencontres entre les deux clubs ont souvent été émaillées de violences, jusqu’à morts d’hommes. C’est la guerre de religions catholiques contre protestants de l’Irlande du Nord qui y a été transposée dans le sport.
En Espagne, une particularité de l’Atletico Bilbao qui joue dans le championnat avait été de n’évoluer qu’avec des joueurs basques. Au FC Barcelone, la plupart des joueurs espagnols sont catalans. Les rencontres, le classico, entre le FC Barcelone et le Real Madrid ne sont vues du côté des Africains qui les suivent à la télévision que du seul côté sportif. En réalité, le classico est un phénomène ethnico-politique qui plonge ses racines dans l’histoire de l’Espagne. Le Real Madrid, club de la capitale est le symbole de la royauté et de l’État (le général dictateur Franco en était un fervent supporter), tandis que le FC Barcelone est le symbole de la résistance catalane contre l’hégémonie de la communauté autonome de Madrid, pour l’indépendance.
En France, les habitants de Perpignan, se considérant comme Catalans, supportent le FC Barcelone même rencontrant un club français en Coupe d’Europe. Pour ne rien dire de l’hostilité vivace entre Flamands et Wallons en Belgique.
L’exception sénégalaise
C’est un petit pays d’Afrique de l’Ouest, le Sénégal, qui donne la leçon au reste du monde, avec sa vingtaine de groupes ethniques. Il est intéressant de reproduire les témoignages de deux observateurs étrangers qui lui confèrent le statut d’État-nation.
Pour Françoise Flis Zonabend (Lycéens de Dakar, 1968),
La société sénégalaise se caractérise par une homogénéité fondamentale des ethnies qui la composent … Ce fait assez exceptionnel dans l’Ouest africain mérite d’être souligné.
L’homme d’Église le Père Henri Gravrand qui a vécu dans le pays depuis 1948, dans son ouvrage La civilisation Sereer. Pangool, 1990, déclare être parvenu à deux découvertes : la première est l’unité nationale du Sénégal fondée sur la parenté des différentes ethnies ; la seconde est que la nation sénégalaise était en gestation depuis très longtemps :
Depuis huit ou neuf siècles, il n’y a qu’un seul peuple sénégalais, plus uni par les liens de la biologie et de la culture que certains peuples d’Occident.
La conception de la nation de Renan correspond bien à la situation du Sénégal. Lors des premières années 1960, le journal parlé de Radio-Sénégal commençait toujours avec ce propos : La nation est un commun vouloir de vie commune.
Le conflit casamançais n’a pas mis une ride à cette situation. Le conflit est politique et non ethnique. On n’a jamais vu de batailles rangées entre groupes ethniques de Casamance et d’autres groupes ethniques du pays. Comme c’est le cas dans les pays où le conflit est ethnique.
Lors d’une Conférence internationale sur ‘’Ethnicité et Citoyenneté’’ à Tripoli en 1989, un Burundais représentant l’OUA me demande de lui expliquer la parenté à plaisanteries du Sénégal. Je lui donne l’exemple d’un Hal pulaar et d’un Sereer, chacun disant à l’autre ‘’tu es mon esclave’’ en riant. Ebahi, il me dit qu’au Burundi ou au Ruanda, entre un Hutu et un Tutsi, si l’un dit à l’autre ‘’tu es mon esclave’’, à la minute il y a un cadavre par terre.
Tukuloor jaamu Sereer.
C’est ça le Sénégal ! Que des énergumènes aventuriers de tout poil ne viennent pas ébranler cet édifice d’harmonie ethnique et confessionnelle que le monde entier admire et nous envie !