YAMBO OUOLOGUEM, L'ÉCRIVAIN PRODIGE OUBLIÉ
Il a été un écrivain encensé par la critique avant d'être accusé de plagiat et de se murer dans le silence. Oublié de tous, c'est à la faveur du dernier prix Goncourt, inspiré par sa vie, que l'on a redécouvert l'homme au destin tragique et son œuvre
![](https://www.seneplus.com/sites/default/files/styles/section_hero/public/raw_photos/yambo_ouologuem_sans_texte0.jpeg?itok=9KgnKFqa)
"L’Africain en général a vécu dans une espèce d’attitude somme toute qui est celle d’un esclave. Dans la mesure où il se définissait non point tant par rapport à une espèce d’authenticité propre à son terroir, mais par rapport aux critères de la civilisation blanche." Ainsi parlait Yambo Ouologuem, écrivain aux propos provocateurs. À 28 ans, il est le 1er écrivain africain a remporter le prix Renaudot, à contre-courant de la négritude. Il a connu une ascension fulgurante, la gloire puis l’opprobre. Honni par ses pairs, il a fini sa vie reclus, en ermite. C’est cette vie brisée qui a inspiré La Mémoire secrète des hommes, de Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021.
Un écrivain doué et provocateur
Yambo Ouologuem est issu d’une famille de notables maliens, au pouvoir avant l’arrivée des Français. En 1960, il entame des études prestigieuses à Paris : prépa au lycée Henri-IV, École Normale Supérieure, doctorat...
Érudit, polyglotte, il enseigne au lycée mais dédie son temps libre à l’écriture. Pendant des années, il remanie un roman sans cesse refusé par les éditeurs.
- Je pense que j’ai peut-être, si vous voulez, la vocation d’une œuvre dans la mesure où... - D’une œuvre ? - Oui. Pas d’un métier.
Interview de Yambo Ouologuem en 1968, ORTF.
Yambo Ouologuem fait finalement une entrée fracassante dans le monde de l’écriture avec Le Devoir de violence, fresque historique et critique montrant la violence et la corruption des élites africaines, pour lui "le colonialisme blanc n’est qu’un mince épisode dans une suite d’exactions qui trouve son origine avec la dynastie des notables africains, ensuite celle de la conquête arabe, enfin la période proprement dite de l’occupation française."