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22 novembre 2024
Développement
LE CHANGEMENT CLIMATIQUE, UNE MENACE POUR LA PLANÈTE ET LES GÉNÉRATIONS FUTURES
L'impact sur la santé maternelle, l'intensification des phénomènes El Niño et la vulnérabilité des infrastructures essentielles soulignent l'urgence d'une action décisive pour limiter les dégâts et préserver l'habitabilité de la Terre.
Le rapport « 10 New Insights in Climate Science » avertit que les effets du changement climatique deviennent de plus en plus dramatiques et urgents. Rédigé par un consortium de scientifiques de renom, ce rapport met en évidence les impacts dévastateurs du réchauffement climatique, notamment l’augmentation des vagues de chaleur, la dégradation des océans, l’effondrement imminent de l’Amazonie, et les risques accrus pour la santé maternelle et reproductive.
Les températures mondiales croissantes, combinées à l’humidité accrue, rendent certaines régions de la planète de plus en plus inhabitées. Le rapport souligne que l'augmentation de la chaleur, associée à une humidité plus élevée, pousse certaines parties de la Terre au-delà des limites de l'habitabilité. « Les vagues de chaleur extrêmes pourraient rendre certaines zones de la planète tout simplement invivables. Il est urgent de mettre en place des systèmes d’alerte précoce et des stratégies de résilience pour les populations les plus vulnérables, » déclare le professeur Johan Rockström, coprésident de la Ligue de la Terre.
L'Amazonie au bord du basculement
L’Amazonie, souvent qualifiée de "poumon de la Terre", est elle aussi sous menace. Le rapport avertit que la déforestation et les effets du changement climatique font que la forêt pourrait bientôt se transformer d’un puits de carbone à une source de carbone. « La déforestation, la dégradation des sols et le changement climatique mettent la forêt amazonienne au bord d’un effondrement irréversible. Si nous ne faisons rien, cette forêt essentielle pourrait bientôt contribuer à l’accélération du réchauffement climatique plutôt que de l’atténuer, » avertit Wendy Broadgate, directrice du pôle mondial de Future Earth.
Une crise de la santé maternelle et reproductive
Le rapport alerte également sur l’impact croissant des extrêmes climatiques sur la santé maternelle et reproductive. L’augmentation des vagues de chaleur et des phénomènes climatiques extrêmes augmente les risques de complications pour les femmes enceintes. Le professeur Jemilah Mahmood, directeur exécutif du Sunway Centre for Planetary Health, déclare : « Les effets du changement climatique sur la santé maternelle sont déjà visibles dans de nombreuses régions vulnérables. Les femmes enceintes et les nourrissons sont parmi les plus exposés. Ces impacts pourraient compromettre des décennies de progrès dans le domaine de la santé reproductive. »
Le réchauffement des océans est également responsable de l'intensification des phénomènes El Niño, dont les effets dévastateurs sont de plus en plus fréquents et graves. « Nous avons sous-estimé l’impact des événements El Niño, mais les nouvelles recherches montrent qu'ils sont plus extrêmes et plus coûteux que ce que nous imaginions, » affirme le professeur Peter Schlosser, vice-président de Global Futures à l’Université d’État de l’Arizona. Les pertes économiques mondiales dues à l’intensification d’El Niño pourraient atteindre 100 000 milliards de dollars au cours du XXIe siècle, avec des conséquences dramatiques pour les économies mondiales.
Le rapport plaide également pour des politiques climatiques plus équitables. Selon le professeur Joyashree Roy de l’Institut asiatique de technologie, « Les politiques climatiques doivent être perçues comme justes par les citoyens pour être réellement efficaces. Ignorer les besoins et les préoccupations des populations locales pourrait mener à une résistance accrue et à des troubles sociaux. » Les auteurs insistent sur la nécessité de politiques inclusives et d’une prise en compte des impacts sociaux et économiques pour garantir l’efficacité des stratégies d’atténuation et d’adaptation.
Des solutions encore possibles
Malgré la gravité des défis, les scientifiques estiment qu’il est encore possible de limiter les impacts du changement climatique avec une action décisive et urgente. « Chaque retard dans l’action, chaque fraction de degré de réchauffement supplémentaire accélère le passage de la crise climatique à la catastrophe climatique, » avertit Peter Schlosser. Le rapport propose plusieurs solutions concrètes : la réduction des émissions de méthane, la protection des écosystèmes vitaux comme les océans et les forêts, et le renforcement de la résilience des infrastructures face aux événements climatiques extrêmes.
LA CPI PASSE À L'OFFENSIVE CONTRE NETANYAHU
La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre à Gaza
(SenePlus) - D'après le New York Times (NYT), la Cour pénale internationale (CPI) a émis jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et de l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour "crimes contre l'humanité et crimes de guerre dans la bande de Gaza".
Selon le quotidien américain, le procureur en chef Karim Khan avait sollicité ces mandats en mai dernier, visant simultanément les dirigeants israéliens et trois hauts responsables du Hamas. La CPI accuse notamment Israël d'avoir utilisé "la famine comme arme de guerre" et d'avoir "intentionnellement dirigé des attaques contre la population civile".
Le journal rapporte également qu'un mandat d'arrêt a été émis contre Muhammad Deif, chef militaire du Hamas, pour "crimes contre l'humanité, incluant meurtres, prises d'otages et violences sexuelles". Le New York Times précise qu'Israël avait annoncé en août avoir tué Deif, tout comme Yahya Sinwar et Ismail Haniyeh, deux autres dirigeants du Hamas initialement visés par la requête du procureur.
Ces mandats interviennent dans un contexte de pression internationale croissante sur Israël. Comme le souligne le NYT, bien qu'Israël maintienne conduire ses opérations "conformément au droit international de la guerre", sa légitimité sur la scène mondiale s'érode face aux critiques concernant sa gestion du conflit à Gaza.
Le quotidien américain rapporte la réaction virulente de Benny Gantz, leader de l'opposition israélienne, qui a qualifié ces mandats de "disgrâce historique qui ne sera jamais oubliée". Il note que pour beaucoup en Israël, la guerre à Gaza - déclenchée en réponse à l'attaque du Hamas - reste fondamentalement légitime.
Le New York Times précise qu'Israël n'étant pas membre de la CPI et ne reconnaissant pas sa juridiction, Netanyahu et Gallant ne risquent pas d'être arrêtés sur leur territoire. Cependant, ils pourraient l'être s'ils voyagent dans l'un des 124 pays membres de la Cour, incluant la plupart des pays européens, mais pas les États-Unis.
par Ibou Fall
LE PRÉSIDENT EST UN BON FILS, SON PREMIER MINISTRE AUSSI
Notre président s'agenouille devant papa, pendant que maman du Premier ministre nous livre les secrets de sa pédagogie miraculeuse. Dans ce pays qui préfère les mosquées aux usines, mieux vaut avoir des parents exemplaires que des diplômes pour réussir sa
Première nouvelle : Bassirou Diomaye Faye, le président de la République, est un bon fils… De retour dans son Ndiaganiao natal pour voter, drapé de blanc et accompagné de la doyenne des premières dames, il va d’abord directement s’agenouiller aux pieds de son paternel pour le saluer devant les caméras…
Ce touchant tableau familial ne manque sans doute pas d’inspirer quelque reporter intrépide : dès le lendemain, l’un d’eux a la bonne idée de tendre le micro à la mère du Premier ministre, le superhéros de ces élections anticipées. Madame la vénérable mère du Premier ministre lui accorde l’insigne privilège de lui décortiquer en direct la recette miracle du succès : elle a éduqué son fils «de sa main»…
Question impie : à votre avis, ce sont les prières paternelles ou les sacrifices maternels les plus efficaces pour réussir sa vie dans un pays sous-développé qui construit plus de mosquées que d’usines ?
Perso, je commence à comprendre pourquoi je n’avais aucune chance d’être président de la République, encore moins Premier ministre, et que j’ai si mal tourné.
On s’égare…
Si chacune des sorties du Président Diomaye Faye, surtout en direction des maisons religieuses, est une occasion de faire la démonstration de son humilité, là, franchement, il frappe fort au cas où quelqu’un douterait encore de sa modestie… D’ailleurs, dans ce registre, le Président Bassirou Diomaye Faye bat tous les records : il n’occupe le fauteuil présidentiel qu’en attendant que son exceptionnel Premier ministre daigne bien l’y remplacer. Lui, n’est qu’un timide accident de l’Histoire, que les 57% d’illettrés et d’analphabètes armés de cartes d’électeur se chargeront de réparer au plus vite.
Le fils du Sine, Bassirou Diomaye Faye, piaffe certainement d’impatience de rendre les clés de l’austère Palais dakarois et retourner dans son beau village natal. Là, il pourra se réveiller enfin le reste de ses jours dans l’ambiance bucolique des ébats de la basse-cour, pendant que les sourds coups de pilon des femmes retentissent, alors que les coqs sautent les poules, que les canes se dandinent du postérieur pour allumer les canards et que les bouts de queue des chèvres frétillent en réponse à la barbe sexy de leurs boucs.
Bref, à nouveau baigner béatement dans les joies simples de la nature. Il doit préférer ça aux perspectives ennuyeuses du baobab virtuel de 2050, qui sert de projet macroéconomique à son gouvernement.
Et donc, après s’être amusés à se faire peur et débattre des bienfaits de la pastille Valda pendant trois semaines, les Sénégalais sont allés voter comme si de rien n’était le dimanche 17 novembre 2024. Et le soir même, à la proclamation des premières tendances, les ennemis jurés échangent des politesses, se font des mamours et remettent leurs costumes de gentlemen…
Les adultes dont les 57% sont analphabètes ou frappés d’illettrisme, ce qui revient au même, choisissent de persister et signer : c’est à Ousmane Sonko, le gourou de Pastef, que revient la redoutable mission d’améliorer leur ordinaire. Macky Sall, qui arrive en deuxième place à la tête de la coalition WhatsApp, largué loin derrière, aura tout juste de quoi obtenir un groupe parlementaire ; quant au placide Amadou Ba, il ramasse les restes de son ancien mentor en lui chipant quand même Podor, tandis que Barthélemy Dias ne peut lui que constater les dégâts, avec deux députés de la liste nationale dont lui-même.
Chienne de vie ?
Cela dit, revoilà l’Assemblée nationale qui rouvrira ses portes bientôt, avec près de cent-trente députés estampillés Pastef, qui sont l’exacte projection de la curieuse populace qui compose la majorité de nos concitoyens.
Si la législature précédente ne se défend pas trop mal dans son style avec d’entrée de jeu des émotions fortes, celle qui s’annonce promet, à mon sens, de ne pas être triste du tout.
On pourra compter sur de rares exceptions, Maître Aïssata Tall Sall, par exemple, pour y faire résonner des paroles dignes d’un Hémicycle, certes. La chaise vide que laissera à coup sûr Macky Sall, fera du courant d’air et des échos, mais ce sont les Sénégalais qui ont voté à partir de sa bonne bouille sur leurs smartphones.
On devra aussi s’attendre aux éclats de l’honorable Anta Babacar Ngom, surtout aux alentours de la Korité, à l’heure où les authentiques Sénégalais exigeront que la lumière se fasse sur la hausse soudaine du prix de la volaille.
Quant à moi, le sommet de l’événement, je vois ça d’ici : l’entrée fracassante de Bara Ndiaye, célébrissime voyant extralucide, doublé d’un négociant en miracles que ses exploits cabalistiques élèvent au grade de cheikh. Hormis l’alchimie de ses décoctions d’apothicaire moyenâgeux, il bricolera jusque récemment dans le secret de son antre, des ceintures magiques censées vous protéger du mauvais sort dont l’une serait capable de vous épargner un séjour en prison.
Le doute a dû s’installer sous sa chéchia depuis pas longtemps : pour ne pas se retrouver sur la paille humide d’un cachot, c’est à l’écharpe de député, laquelle l’enrobera d’immunité parlementaire, qu’il fait désormais confiance.
Comme je le comprends : les péripéties de son arrestation, l’an dernier, ont dû le traumatiser…
Un scénario qui rappelle le sketch de l’immense humoriste franco-camerounais Dieudonné Mbala-Mbala, racontant les circonstances rocambolesques de la capture de Laurent Gbagbo, alors barricadé chez lui, laquelle met fin à la guerre civile en Côte d’Ivoire. Les soldats l’auraient trouvé dans les toilettes et, persifle Dieudonné, «ils ne lui ont même pas laissé le temps de faire caca !».
Le vénérable cheikh extralucide attendait-il dans les toilettes la flicaille chargée d’aller le cueillir chez lui ? J’avoue que je n’ai pas le cœur accroché assez solidement pour tenter d’en savoir plus sur les détails scabreux de son interpellation… Quoi qu’il en soit, on pourra compter sur sa science infuse pour nous lire dans les étoiles l’avenir de notre économie, et ses rêves prémonitoires nous préviendront à l’avance des malversations de nos gouvernants.
Allez, ne soyons pas vaches et souhaitons-leur bien du plaisir à toutes ces pittoresques caricatures de Sénégalais !
LA JUNTE MALIENNE ÉCARTE SON PREMIER MINISTRE
Cette décision intervient suite aux critiques acerbes formulées par Choguel Maïga le 16 novembre à l'encontre des militaires. Il avait notamment dénoncé son exclusion du processus décisionnel et contesté le report unilatéral des élections
(SenePlus) - Le Premier ministre malien Choguel Maïga a été démis de ses fonctions par décret présidentiel. L'annonce a été faite à la télévision nationale ORTM par le secrétaire général de la présidence ce mercredi 20 novembre, marquant également la fin des fonctions de l'ensemble du gouvernement.
Cette décision intervient dans un contexte tendu, suite aux critiques acerbes formulées par Choguel Maïga le 16 novembre à l'encontre des autorités militaires. L'ancien Premier ministre avait notamment dénoncé son exclusion du processus décisionnel et contesté le report unilatéral des élections censées marquer le retour à l'ordre constitutionnel.
Arrivé à la primature en juin 2021 après le second coup d'État militaire, Maïga avait auparavant qualifié le régime de "régime militaire déguisé", comme le rappelle RFI. Il s'était fait remarquer par ses déclarations fracassantes, notamment lorsqu'il avait accusé la France d'"abandon en plein vol" à la tribune des Nations unies.
Ses relations avec les colonels, désormais promus généraux, n'ont cessé de se détériorer. Un proche collaborateur qui avait dénoncé son éviction du pouvoir en mai dernier s'est retrouvé emprisonné et condamné pour "atteinte au crédit de l'État".
L'avenir s'annonce incertain pour l'ancien Premier ministre. D'après RFI, il pourrait faire face à des poursuites judiciaires, les organisations pro-junte l'accusant de "haute trahison" et de "déstabilisation". Une détention préventive n'est pas à exclure, ce qui pourrait entraver ses activités politiques, à l'instar d'autres figures politiques maliennes actuellement détenues.
Dans le sillage de ce limogeage, Maïga pourrait tenter de se positionner comme opposant en vue d'éventuelles élections futures. Cependant, comme le souligne RFI, sa crédibilité risque d'être compromise après "trois ans et demi au service du régime".
par Ibrahima Thioye
SONKO, UNE MARQUE PUISSANTE
Là où Mamadou Dia ou Cheikh Anta Diop touchaient principalement l'intelligentsia, il a su populariser un discours politique exigeant grâce aux nouveaux médias. Son positionnement unique résonne auprès d'une jeunesse connectée
En remportant les élections législatives avec une victoire éclatante dans 41 des 46 départements favorables à la liste Pastef et environ 130 députés élus sur un total de 165, la marque-leader Sonko et la marque-parti Pastef ont confirmé leur puissance sur l’échiquier politique.
Ousmane Sonko fait désormais partie des figures majeures du leadership politique au Sénégal. Son influence dépasse les frontières nationales, lui conférant une notoriété significative à l’échelle continentale. Le Pastef s’impose aujourd’hui comme une force politique incontournable. Cette montée en puissance pourrait entraîner le retrait de certains leaders traditionnels et, éventuellement, la disparition de certains partis politiques historiques.
Autrefois, remporter une élection nécessitait un long travail de construction d’un réseau étendu de leaders d’opinion, s’appuyant sur un processus progressif de visites de terrain. Ces leaders, proches des électeurs, organisaient des meetings et des caravanes, ponctués par une forte présence médiatique pour développer la notoriété. Cependant, l’avènement et la démocratisation des smartphones, offrant un accès immédiat à une information variée, ont bouleversé les dynamiques électorales. Les électeurs, désormais plus matures, se montrent plus exigeants vis-à-vis des offres politiques. Bien qu’ils n’examinent pas toujours en détail les programmes des partis, ils s’intéressent de plus en plus à leurs orientations générales.
Paradoxalement, les médias traditionnels, souvent critiques à son égard, ont largement contribué à accroître la notoriété de la marque Sonko. Les nouveaux médias, de leur côté, ont permis de consolider son capital sympathie auprès de différents segments de l’électorat. Fort de son expérience, Sonko, qui avait déjà contribué à l’élection de maires, de députés et même d’un président de la République, a su reproduire cette dynamique pour faire élire les députés de la liste Pastef.
Un positionnement différenciant
L’engouement des électeurs pour Sonko et le parti Pastef s’explique en grande partie par leur positionnement précis et distinctif. Ces deux marques incarnent :
le patriotisme dans le sens d’une prise en charge autonome du destin national et la reconquête de toutes les souverainetés (économique, monétaire, politique, militaire) ;
la bonne gouvernance, associée à une image d’honnêteté et d’intégrité.
Tout parti tentant d’adopter ce positionnement serait perçu comme une simple imitation. Ousmane Sonko reste l’original.
Historiquement, d’autres leaders ont défendu ces idéaux. Mamadou Dia et Cheikh Anta Diop incarnaient respectivement le nationalisme (dans un sens patriotique, non populiste) et le panafricanisme. Cependant, leurs idées trouvaient un écho limité à l’intelligentsia petite bourgeoise, une minorité.
Sonko, en revanche, a émergé à un moment où les réflexions sur le parachèvement des souverainetés nationales s’intensifiaient dans la sous-région. Si Abdoulaye Wade avait partiellement défié l’ordre établi avec l’ancienne puissance coloniale, il n’avait pas réussi à résoudre les problèmes internes du Sénégal, certains estimant même qu’il les avait amplifiés.
Grâce à la diffusion massive de ces débats via les smartphones, la marque Sonko s’est imposée non seulement par la pertinence de son offre politique, mais aussi grâce à plusieurs facteurs distinctifs.
Facteurs clés de succès de la marque Sonko
Une personnalité singulière et marquante :
un courage dans l’épreuve et une constance qui inspirent l’admiration des électeurs ; malgré les exactions subies, Sonko est resté fidèle à ses convictions ;
une humilité et un sens du dépassement, comme en témoigne sa proposition de faire de Bassirou Diomaye Faye, ancien secrétaire général du Pastef, le candidat à l’élection présidentielle, alors qu’ils étaient tous deux en prison ;
des principes novateurs basés sur le respect de la citoyenneté et une organisation rigoureuse, rompant avec les anciennes pratiques des partis classiques en matière de mobilisation et de financement.
Une communication innovante :
le parti Pastef a exploité de manière stratégique les plateformes numériques (Facebook, X, YouTube, TikTok, etc.), permettant une interaction directe avec les électeurs.
Des alliances stratégiques :
avec YAW (2022 et 2023), la coalition Diomaye (2023-2024) et d’autres acteurs politiques, Sonko a su tisser des partenariats qui lui ont permis d’évoluer et de mieux comprendre le jeu politique.
Défis et interrogations pour l’avenir
Malgré ce succès, plusieurs défis restent à relever.
Les attentes des jeunes électeurs : leur enthousiasme perdurera-t-il si les problèmes liés à l’emploi et au pouvoir d’achat persistent ?
La confiance des entrepreneurs : resteront-ils engagés si les opportunités économiques se réduisent ?
Les résultats à mi-parcours du référentiel Sénégal 2050 : un faible niveau de mise en œuvre pourrait susciter des désillusions.
La gestion interne du parti : le Pastef devra évoluer en maîtrisant ses contradictions et en surmontant les obstacles organisationnels.
Les risques de procès à répétition : bien que la reddition des comptes reste pertinente, ces démarches pourraient accaparer l’énergie et ralentir les avancées.
Les marques Sonko et Pastef se sont rapidement imposées dans le paysage politique sénégalais. Toutefois, leur capacité à maintenir cet élan dépendra de leur aptitude à répondre aux aspirations et attentes des électeurs, ainsi qu'à surmonter les défis à venir. L’avenir politique du Sénégal repose désormais sur leur habileté à concilier transformation et stabilité, ambition et pragmatisme, démocratie et ordre républicain, patriotisme et panafricanisme, évolution des mentalités et respect de nos traditions.
LE PRIX D'UNE VICTOIRE ÉCRASANTE
Si Doudou Wade salue le triomphe de Paastef aux législatives, il s'inquiète des conséquences sur le débat démocratique. La disparition programmée des groupes d'opposition pourrait paralyser les mécanismes de contrôle parlementaire, selon lui
L'ancien député du Parti démocratique sénégalais (PDS), Doudou Wade, évalue les élections législatives du dimanche 17 novembre. « Être dans une Assemblée nationale avec un seul groupe parlementaire serait une catastrophe », affirme-t-il, faisant allusion aux résultats du scrutin.
À son avis, si l'opposition n'arrive pas à avoir un groupe parlementaire, « toutes les questions orales, écrites ou encore le débat sur l'arrivée du Premier ministre à l'Assemblée nationale, une commission rogatoire, le contrôle, les échanges et discussions générales n'auront plus lieu ».
L'ancien président du groupe parlementaire Libéral et démocratique trouve toutefois que « la situation ne peut être réglée que par les politiques s'il existe à l'hémicycle une majorité intelligente ». Pour lui, l'existence d'un seul groupe parlementaire à l'Assemblée nationale est synonyme de la disparition de partis de l'opposition dont celui du régime sortant.
En présageant entre 125 et 131 sièges pour le Pastef, Doudou Wade estime que la liste dirigée par le Premier ministre Ousmane Sonko a été très bien élue, idem pour l'élection du président Bassirou Diomaye Faye lors de la présidentielle de mars dernier.
Doudou Wade estime toutefois que le chef de l'État a manqué d'équité dans ses charges en organisant les élections législatives. « Il a failli à certaines règles d'équité. Le Conseil constitutionnel lui a demandé de rendre publique la décision, il ne l'a pas fait et l'a gardé pendant 60 jours. Heureusement que ça a été rectifié. On a eu un excellent scrutin sanctionné par une razzia du Pastef ».
UNE NOUVELLE ÈRE POUR LES ACCORDS DE PÊCHE UE-AFRIQUE ?
La situation sénégalaise pourrait faire école dans un contexte de raréfaction des ressources halieutiques. Actuellement, huit accords de pêche restent en vigueur entre Bruxelles et des pays africains, avec des montants variables
(SenePlus) - La décision du Sénégal de mettre fin à ses accords de pêche avec l'Union européenne marque un tournant potentiel dans les relations halieutiques euro-africaines. Cette rupture, effective depuis le 17 novembre, contraint les navires européens à quitter les eaux sénégalaises, privant le pays d'une allocation annuelle de 8,5 millions d'euros.
Cette décision s'inscrit dans la vision politique des nouvelles autorités sénégalaises. Lors d'un meeting préélectoral le 29 octobre, Ousmane Sonko, aujourd'hui Premier ministre, affirmait clairement que "ces accords ne sont pas favorables au Sénégal". Le président Bassirou Diomaye Faye avait prévenu l'UE de "sa volonté de réviser ces accords, afin d'assurer qu'au moins 80% des ressources de pêche profitent au Sénégal".
L'enjeu est crucial pour ce pays ouest-africain où, selon les Nations unies citées par Jeune Afrique (JA), la pêche fait vivre 600 000 personnes sur une population de 18 millions d'habitants.
La situation sénégalaise pourrait faire école. Selon JA, Actuellement, huit accords de pêche restent en vigueur entre l'UE et des pays africains, avec des montants variables. La Mauritanie, par exemple, reçoit 60 millions d'euros annuellement pour un accord "mixte", tandis que la Guinée-Bissau perçoit 17 millions d'euros.
La Côte d'Ivoire se trouve dans une position particulière. Son accord, qualifié de "dormant" depuis juillet dernier, est en cours de renégociation. Il lui rapportait jusqu'alors 682 000 euros annuels, permettant à 36 navires européens d'opérer dans ses eaux.
L'exemple sénégalais n'est pas isolé. Jeune Afrique rappelle que les Comores ont déjà connu une rupture similaire en 2018, perdant 300 000 euros de subventions européennes. Plus récemment, le Maroc a vu son accord définitivement annulé par la Cour de Justice de l'UE en octobre 2024.
Cette évolution pourrait préfigurer une redéfinition plus large des relations halieutiques entre l'Europe et l'Afrique, avec une tendance croissante à la préservation des ressources locales et à la défense des pêcheurs traditionnels.
UNE ASSEMBLÉE DE RUPTURE
Lutte contre la corruption, réforme des institutions, transformation de l'économie... Amadou Ba dévoile l'agenda chargé de la nouvelle majorité parlementaire. La reddition des comptes est promise, mais sans précipitation ni esprit de revanche
(SenePlus) - Le Pastef, parti du président Bassirou Diomaye Faye, sort largement victorieux des élections législatives anticipées du 17 novembre, remportant "au minimum 40 départements" selon Amadou Ba, tête de liste à Thiès aux législatives, interrogé mardi sur TFM.
Dans un long entretien, M. Ba a détaillé les priorités de la nouvelle majorité parlementaire, plaçant l'économie au cœur des préoccupations. "L'urgence, ce sont les questions économiques, la prospérité, le bien-être des Sénégalais", a-t-il souligné, rappelant que le pays fait face à un taux de chômage de 22% et que 34,4% des jeunes sont sans activité.
Concernant la stratégie économique, le représentant du Pastef a mis l'accent sur plusieurs leviers : "Il y a beaucoup de niches fiscales qui peuvent alimenter le budget, beaucoup d'amnisties fiscales injustifiées à supprimer." Il a également évoqué la mobilisation de l'épargne nationale et de la diaspora comme sources de financement.
Sur la question sensible de la loi d'amnistie, M. Ba a apporté d'importantes précisions : "Il n'y a pas d'amnistie possible pour les crimes et délits qualifiés de crimes contre l'humanité selon le statut de la Cour pénale internationale." Il a rappelé que "le Sénégal a des procédures en cours contre les anciennes autorités auprès de la CPI."
Concernant la reddition des comptes, autre promesse phare du Pastef, le responsable politique assure qu'elle sera effective "avant la fin du mandat" mais précise qu'elle se fera "dans le strict respect du code de procédure pénale."
Le premier grand chantier de cette nouvelle assemblée sera le vote du budget avant la fin de l'année. M. Ba s'est dit confiant quant à son adoption rapide, appelant l'opposition à comprendre "l'urgence et la nécessité" de ce vote.
S'agissant des réformes institutionnelles, il a insisté sur la nécessité de "diminuer les prérogatives du président de la République" tout en soulignant que ce n'était pas la priorité immédiate face aux défis économiques.
Pour le fonctionnement de l'Assemblée nationale, M. Ba promet une rupture avec les pratiques passées : "L'Assemblée nationale n'a jamais pu jouer son rôle, en dépit des compétences qui lui sont dévolues par la Constitution. C'était quasiment une annexe politique du pouvoir."
Cette large victoire donne au président Faye "toutes les cartes en main pour appliquer la transformation systémique du pays", selon M. Ba, qui voit dans ce résultat un signal fort de la population en faveur de la stabilité politique, "premier critère pour le développement économique."
LA GRANDE BASCULE DES RÉSEAUX SOCIAUX
L'élection présidentielle américaine de 2024 a révélé une domination écrasante de la droite sur les réseaux sociaux, notamment via Truth Social et X. Les démocrates, autrefois maîtres du jeu en ligne, se retrouvent dépassés dans la bataille numérique
(SenePlus) - L’élection présidentielle américaine de novembre 2024 a mis en lumière un déséquilibre croissant sur les réseaux sociaux : les plateformes de droite, comme Truth Social ou X (anciennement Twitter), dominent désormais largement les débats politiques en ligne, laissant les démocrates en position de faiblesse.
Alors que les partisans de Donald Trump célébraient sa victoire sur des sites comme Truth Social, Gab et Parler, les démocrates peinaient à trouver des espaces comparables pour promouvoir leurs idées. Même les plateformes traditionnelles comme Facebook, Instagram et Threads de Meta, qui avaient autrefois joué un rôle central dans les discussions politiques, ont réduit leur visibilité des contenus politiques ces dernières années.
Un changement après le 6 janvier 2021
Cette situation découle de décisions prises par les géants technologiques après l’attaque du Capitole en janvier 2021. Facebook et Twitter avaient à l’époque suspendu les comptes de Donald Trump et d’autres figures d’extrême droite, ce qui avait poussé ces derniers à créer ou rejoindre des plateformes conservatrices. Ces nouveaux espaces, comme Truth Social lancé en 2022 par l’ancien président, ont permis à la droite de renforcer son audience et son influence en ligne.
Pendant ce temps, Meta s’est éloigné de la politique, en supprimant des outils de suivi de la désinformation et en dissolvant son équipe dédiée à l’intégrité des élections. Elon Musk, après avoir racheté Twitter et l’avoir rebaptisé X, a transformé la plateforme en un puissant outil de communication pour Donald Trump, notamment grâce à son propre compte très suivi.
Un impact visible sur l’élection
Le jour du vote, les publications de Donald Trump sur X et Facebook ont généré beaucoup plus d’engagement que celles de la vice-présidente Kamala Harris. Sur Facebook, le message le plus populaire de Trump a recueilli 160 000 “likes” contre seulement 18 000 pour celui de Harris. Sur Instagram, les écarts étaient encore plus marqués, avec 2,1 millions de “likes” pour Trump contre 569 000 pour Harris.
Ce décalage illustre l’ascendance des plateformes de droite et l’incapacité des démocrates à construire une infrastructure numérique équivalente. “Personne ne crée d’espace pour les partisans démocrates qui pourrait rivaliser avec ce que les plateformes actuelles font pour les causes républicaines”, a déclaré Phillip Walzak, consultant politique à New York.
Des alternatives émergent, mais trop tard
Certaines alternatives, comme Bluesky et Mastodon, ont tenté d’attirer les utilisateurs de gauche. Bluesky, lancé en février 2023, a vu son nombre d’utilisateurs atteindre 15 millions depuis l’élection. Cependant, ces plateformes n’ont pas encore la portée nécessaire pour compenser le désavantage démocrate sur les grandes plateformes.
Pour Joan Donovan, professeure à l’Université de Boston, la domination des réseaux sociaux par la droite est le résultat d’une stratégie délibérée et efficace visant à fusionner les idées conservatrices avec des espaces médiatiques spécifiques.
Alors que la droite consolide son emprise sur le débat numérique, les démocrates doivent repenser leur stratégie en ligne s’ils veulent réduire cet écart et mobiliser efficacement leurs partisans.
Pour en savoir plus, lisez l’article original de Sheera Frenkel dans le New York Times (17 novembre 2024).
L’ASSOCIATED PRESS ANNONCE UNE RÉDUCTION DE PERSONNEL DE 8 %
La baisse des revenus serait à l’origine de ces coupes, qui concerneraient potentiellement 121 salariés éligibles à un plan de départ volontaire. L’objectif affiché est d’éviter des licenciements secs
(SenePlus) - L’Associated Press (AP), l’une des principales agences de presse mondiale, a annoncé lundi une réduction de son personnel de 8 %. Ces coupes, qui passeront par des départs volontaires, s’inscrivent dans une stratégie visant à répondre aux mutations rapides de l’industrie des médias. Cette décision intervient seulement deux semaines après les élections de mi-mandat aux États-Unis, où l’agence a joué un rôle clé en annonçant les résultats électoraux dans tout le pays.
Dans un communiqué, AP a justifié ces mesures par la nécessité de répondre aux « besoins évolutifs de [ses] clients » tout en maintenant son statut d’agence de presse indépendante à grande échelle dans un contexte de transformation du secteur. Ces réductions affecteront aussi bien les équipes éditoriales que les services administratifs.
Selon une note adressée aux employés par le syndicat AP News Guild, la baisse des revenus serait à l’origine de ces coupes, qui concerneraient potentiellement 121 salariés éligibles à un plan de départ volontaire. L’objectif affiché est d’éviter des licenciements secs.
L’agence, une coopérative qui vend ses contenus à des organisations membres, fait face à une pression financière croissante. Plusieurs clients majeurs, comme Gannett (éditeur de USA Today) et McClatchy (The Sacramento Bee), ont abandonné les services d’AP cette année, ce qui a exacerbé ses difficultés économiques.
Malgré ces défis, l’Associated Press reste l’un des rares médias à maintenir une couverture véritablement mondiale, bien que des compressions successives aient réduit ses effectifs de correspondants internationaux. Ce contexte est d’autant plus complexe que les libertés de la presse sont de plus en plus menacées dans certaines régions du globe.
Ces ajustements interviennent après une augmentation temporaire des effectifs de l’agence pour couvrir les élections américaines, grâce à l’embauche de milliers de contractuels dédiés à l’analyse des résultats.