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29 novembre 2024
Développement
ROUTE DE NIAYES : LES POPULATIONS RIVERAINES ENTRE CALVAIRE ET INQUIÉTUDE
A cause des travaux de réhabilitation de l’axe routier, la situation reste difficile pour les usagers de ladite voie et le calvaire perdure. Plus alarmant encore, cette situation peut dégénérer...
Sud Quotidien |
Lamine DIEDHIOU |
Publication 06/06/2024
Les automobilistes et les usagers des transports publics qui empruntent la route des Niayes ne sont pas encore arrivés au bout de leur peine, après la fermeture du trafic routier qui relie les localités de la banlieue lointaine Keur Massar, Tivaouane Peulh, Lac Rose entre autres et le centre-ville de la capitale Dakar. A cause des travaux de réhabilitation de l’axe routier, la situation reste difficile pour les usagers de ladite voie et le calvaire perdure. Plus alarmant encore, cette situation peut dégénérer d’autant que, alertent les spécialistes, la saison humide va enregistrer une pluviométrie abondante. Toute chose qui ne restera pas sans conséquences. Pour cause, les difficultés de mobilité des banlieusards risquent d’aller en crescendo.
En attendant, l’arrêt des travaux sur cette voie routière pose de sérieux problèmes à la fluidité du trafic et la sécurité routière. Que dire par ailleurs du désordre installé par les marchands à la sauvette qui ont envahi littéralement la chaussée étroite, en indisposant les passants qui ont du mal à se frayer un chemin ? Conséquence : les heurts entre commerçants et piétons sont fréquents. La semaine dernière, les forces de défense ont mené une opération de déguerpissement pour débarrasser ce point névralgique de la commune des tables de fortune et des étals de friperie.
Fatou (nom d’emprunt), une vendeuse des sachets d’eau, ne peut s’empêcher de se désoler de la situation : « Je n’approuve pas du tout le comportement de certains individus. Ils ont occupé la voie de façon anarchique en empêchant les gens de circuler librement. Nous avons tous payé de l’incivisme de certains de nos pairs ». Et de poursuivre : « Les forces de l’ordre ont déguerpi tous les commerçants aux abords de la route des Niayes… Les bagages de certains commerçants ont été confisqués. Car ils ne voulaient pas se soumettre aux ordres des hommes en bleu ».
Erigé en département, en 2021, par les anciennes autorités, Keur Massar souffre de l’archaïsme de ses infrastructures routières. La route des Niayes qui enjambe la commune est dans un état de dégradation avancée. Les artères de la commune sont en proie aux eaux de ruissellement car il n’existe pas de canalisations dignes de ce nom pour endiguer les effets des pluies diluviennes. L’ingénieur en génie civil, par ailleurs Hydraulicien de l’Agence de développement municipal (ADM), Lamine Doumbia rassure sans minimiser les risques d’inondations : « on a installé une station de pompage équipée de trois électropompes de 2000 m3 soit une capacité de six mille mètres cube par heure (6 mille m3/h). Son rôle est d’éviter le débordement du lac de Mbeubeuss en dehors de son lit majeur ». L’hydraulicien Doumbia soutient de même que pour atténuer les inondations par débordement des eaux, plusieurs bassins ont été créés. Cette année, le projet a réalisé 4 bassins supplémentaires dans la zone des habitations à loyer modérés (HLM) Malik de Keur Massar. Malgré tout, la situation est loin d’être maitrisée. Le danger plane toujours sur cette localité au relief propice à la stagnation des pluies.
Les populations entre calvaire du trafic routier et déficit des moyens de transport
Keur Massar polarise les nombreux usagers des cars Ndiaga Ndiaye, des bus Dakar Dem Dikk DDD et des « Tata ». Les voyageurs se livrent quotidiennement à un véritable marathon pour rallier la gare routière appelée « garage » qui refuse toujours du monde. Tous les lundis, ce sont de longues files indiennes qui se forment. Avec à la clef, le désordre total et des scènes sporadiques d’altercation. Les bousculades entre clients sont récurrentes pour trouver un siège. Un client déclare : « La situation qui prévaut au niveau de cette gare ne peut trouver d’explication. Ça fait des années que les problèmes de transport perdure. Mais aucune solution n’est prise pour atténuer les ennuis que nous vivons ».
La réalisation de l’autoroute à péage devait permettre de réduire la durée du trajet. Cela a été compromis par les embouteilles monstres qui sont le lot des automobilistes. Peu soucieux de la sécurité des usagers, ceux-ci sont réfractaires au code la route. C’est pourquoi « les accidents de la circulation sont fréquents. Nos routes sont des tombeaux ouverts. Quand les graves accidents surviennent, c’est l’émoi au sein de la population. Les pouvoirs publics prennent des mesures qui ne vont jamais être respectées. Aujourd’hui, si chacun se conforme aux normes de conduite, j’ose parier qu’il n’y aura pas d’accidents ». Qui plus est, les populations de ces banlieues lointaines ne bénéficient pas des avantages du train Express Régional TER, du Bus transit Rapid (Brt). DDD (Dakar Dem Dikk) qui dessert la zone brille par le déficit de son parc automobile et l’irrégularité des rotations des bus 311 et 220. Ils relient respectivement le Lac Rose Keur, Massar, Rufisque et Guédiawaye.
UNE UNITÉ DE TRANSFORMATION DES DÉCHETS MISE EN PLACE
Recyclage, emplois, éducation : cette initiative pilote à l'échelle locale pourrait inspirer d'autres régions face à l'urgence écologique
Le Quotidien |
Justin Gomis |
Publication 06/06/2024
Dans le cadre de la lutte contre la pollution des déchets plastiques dans les océans, une unité de transformation a été mise en place.
Pour lutter efficacement contre la pollution des déchets plastiques dans les océans, le Sénégal a initié, en collaboration avec l’ambassade de France et les partenaires privés, le projet «Sunu Plastic Odyssey». Cette idée fait suite au stationnement du bateau Plastic Odyssey sur nos côtes au mois de mars 2023.
Cette volonté de lutter contre la pollution des déchets plastiques qui est un véritable fléau contre la planète, l’économie et la santé des populations, notamment en Afrique de l’Ouest, s’est matérialisée mardi par la cérémonie de lancement au Port autonome de Dakar où se trouve cette unité. «Les objectifs très ambitieux de ce projet, c’est de lutter contre la pollution plastique, faire émerger une filière industrielle de recyclage au Sénégal, faire travailler des jeunes et des femmes, créer des emplois verts et enfin sensibiliser les populations, notamment les enfants, à l’impact de la pollution plastique et des solutions pour y répondre», a informé Mme Christine Fages, l’ambassadrice de France à Dakar. Un concept qui est très apprécié par le ministre de l’Assainissement et des collectivités locales qui a présidé la cérémonie de lancement de cette usine. «J’ai beaucoup apprécié le concept de ce projet qui est un projet non seulement de traitement de déchets qui posent problème à l’échelle planétaire, mais aussi qui vient avec une option d’industrialisation. Qui dit industrialisation, par rapport à la nouvelle vision des nouvelles autorités du Sénégal, comprend que nous sommes sur un axe qui nous préoccupe. Industrialiser pour créer des emplois, pour faire développer notre économie. Une question aussi importante, une question environnementale concernant la gestion des plastiques. Vous comprenez par là tout l’intérêt que nous avons d’être présents. Au-delà de l’amitié, de la coopération, c’est bien un projet que nous trouvons réel et pertinent», a déclaré le ministre. A l’en croire, ce projet entre en droite ligne avec les orientations du pouvoir. «Vous avez certes constaté les quelques sorties que nous avons eues à faire concernant la gestion des déchets. Ce sont des communications que nous avons mises en phase avec une volonté ferme de trouver une solution pérenne pour ce qui concerne la gestion des déchets plastiques, mais surtout par une approche d’une unité industrielle de transformation des déchets plastiques», a-t-il ajouté. Pour le ministre de l’Assainissement, on ne doit pas se limiter seulement à défendre le secteur des déchets. «Il nous faut à travers ces procédés, à travers ces orientations, faire de la valorisation des déchets une réalité et que ça puisse contribuer au développement de ce pays», a-t-il suggéré.
Et face à une pollution plastique alarmante et un taux de chômage élevé chez les jeunes, le projet «Sunu Plastic Odyssey» apporte une solution pragmatique et innovante de soutien à la filière du recyclage. Ainsi, «ce projet déploie des micro-usines low-tech, conteneurisées et opérées par des entrepreneurs locaux pour transformer les déchets plastiques en ressources précieuses, tout en créant des emplois et en stimulant l’économie locale». Selon Ibrahima Diagne, chargé de développement du projet «Sunu Plastic Odyssey», «dix micro-usines conteneurisées seront mises en place avec des entrepreneurs sénégalais pour transformer les déchets plastiques en produits finis utiles tels que des pavés, des tuiles et des planches pour faire du mobilier urbain ou pour tout autre usage. Ces installations permettront de créer des emplois locaux et de valoriser les déchets plastiques collectés. Ces 10 unités emploieront en tout 150 personnes et recycleront 4000 tonnes de plastique chaque année», a-il informé. D’après toujours lui, il est prévu un volet de formation professionnelle et insertion. «Il est prévu de co-construire, en partenariat avec le 3Fpt, des formations certifiantes aux métiers du recyclage, ainsi que d’installer un FabLab à l’Ecole polytechnique de Thiès.»
L’enjeu, indiquent les initiateurs, «c’est de préparer des jeunes sénégalais à occuper les emplois de cette filière en pleine expansion, que ce soit à des postes d’ouvriers, de cadres ou d’ingénieurs». En plus du volet sensibilisation et éducation, ce projet prévoit aussi «de capitaliser sur l’inauguration des micro-usines en région et sur la venue du bateau Plastic Odyssey en 2025 pour communiquer sur le «péril plastique» et sur les solutions. Enfin, 500 poubelles pédagogiques de tri seront déployées. 5000 enfants et citoyens seront touchés par ces actions», a-t-on annoncé
En tout cas, l’Etat du Sénégal et l’ambassade de France s’engagent à accompagner cette initiative qui pourrait être stimulée et élaborée dans toutes les autres régions du pays.
NOMINATIONS – SENELEC, PETROSEN, AEME… : NOUVELLE ÉNERGIE DANS LE SECTEUR
A la la Société nationale d’électricité, il a porté Papa Toby Gaye, ingénieur électronicien, à la tête de la Direction générale, en remplacement de Monsieur Papa Mademba Bitèye.
Le Quotidien |
Dialigué FAYE |
Publication 06/06/2024
Les séries de nominations se poursuivent. Le Président Bassirou Diomaye Faye continue d’opérer des changements à la tête des structures publiques. Hier, en réunion de Conseil des ministres, il a procédé à plusieurs nominations dans plusieurs secteurs dont celui de l’énergie. Par exemple, à la la Société nationale d’électricité, il a porté Papa Toby Gaye, ingénieur électronicien, à la tête de la Direction générale, en remplacement de Monsieur Papa Mademba Bitèye. M. Gaye a été jusqu’ici Secrétaire général de la Senelec Sa. «Alioune Guèye, expert-comptable, est nommé Directeur général de la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen Holding Sa), en remplacement de Monsieur Adama Diallo ; Mouhamadou Diop, ingénieur polytechnicien des ponts et chaussées, est nommé Directeur général de la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen Trading and Services Sa), en remplacement de El Hadj Manar Sall ; Jean-Michel Sène, ingénieur électronicien et énergéticien spécialisé en instrumentation nucléaire, est nommé Directeur général de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser), en remplacement de Monsieur Baba Diallo», mentionne le communiqué du Conseil des ministres. L’Agence pour l’économie et la maîtrise d’énergie (Aeme) a aussi une nouvelle Dg. Mame Coumba Ndiaye, ingénieure statisticienne et économiste de l’énergie, succède à Saër Diop à la tête de cette institution. Le Conseil national de suivi du
contenu local (Cn/Scl), un démembrement du ministère de l’Energie, du pétrole et des mines, a un nouveau patron, en la personne de Mor Bakhoum, maître de conférences assimilé en Droit de la concurrence. Il remplace Mor Ndiaye à la tête de cet organe.
DAOUDA NGOM ANNONCE LA MISE EN PLACE D’UN FONDS NATIONAL DE PROMOTION DE L’ÉCONOMIE VERTE
Le ministre a souligné que la lutte contre les pollutions, les nuisances et les différentes formes de contaminations des milieux récepteurs et de notre cadre de vie constitue aussi un des axes majeurs de la nouvelle politique environnementale.
Dakar, 5 juin (APS) – Le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom a annoncé mercredi, la mise en place d’un Fonds national de promotion de l’économie verte pour catalyser et impulser les investissements verts dans les secteurs de l’économie à haute intensité carbone.
Cette mesure fait partie des axes stratégiques majeurs de la politique environnementale, telle qu’énoncée dans le Projet, a-t-il précisé.
Daouda Ngom s’exprimait, lors de la cérémonie officielle de l’édition 2024, de la Journée mondiale de l’environnement, organisée à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, en partenariat avec l’Institut des sciences de l’environnement (IST).
Parmi ces axes stratégiques, a-t-il poursuivi, ‘’il y a le dytique efficacité énergétique-transition écologique qui sera décliné à travers une Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable’’.
Concernant la gestion des déchets, il a annoncé, ‘’la mise en œuvre d’une loi sur la gestion des déchets qui se traduira par une responsabilisation plus accrue des collectivités territoriales et la mise en place d’infrastructures modernes de traitement des déchets’’.
Evoquant la préservation de la biodiversité en tant que levier pour la fourniture de biens et services éco systémiques, il a indiqué que ‘’la mise en œuvre de cette orientation passera par la réactualisation et le renforcement de la Stratégie nationale de conservation de la biodiversité’’.
Elle a pour finalité de recueillir toutes les informations scientifiques et mettre en œuvre les axes stratégiques pour une conservation efficace de la biodiversité, a-t-il expliqué.
Daouda Ngom a souligné que la lutte contre les pollutions, les nuisances et les différentes formes de contaminations des milieux récepteurs et de notre cadre de vie constitue aussi un des axes majeurs de la nouvelle politique environnementale.
‘’De même que l’éducation environnementale et au développement durable qui vise, à promouvoir l’écocitoyenneté, l’adoption de comportements favorables à la sauvegarde de l’environnement’’.
S’agissant de la lutte contre le changement climatique et ses impacts, il a annoncé ‘’la création d’un Centre national de compétence et de ressources sur le changement climatique’’.
‘’Mais aussi la mise en place d’un Programme de résilience des territoires au climat pour assurer une gestion efficace des risques de catastrophes climatiques ainsi qu’une protection des systèmes de production’’, a-t-il ajouté.
Le ministre a estimé que ces orientations politiques qui vont structurer la feuille de route de son département requièrent une appropriation de de toutes les composantes de la nation et un soutien des partenaires au développement actifs dans le secteur de l’environnement et de la Transition écologique pour connaitre le succès escompté.
Le thème choisi pour la présente édition est : ‘’la restauration des terres, la désertification et la résistance à la sécheresse’’ avec comme slogan ‘’nos terres, notre avenir. Nous sommes la génération restauration’’.
FACTEUR, UN MÉTIER FRAGILISÉ PAR LE NUMÉRIQUE
Il y a une part de marché qui devrait être réservé à la poste, mais, actuellement, avec ce chamboulement, on ne maîtrise plus rien. Si rien n’est fait, le métier de facteur risque effectivement de disparaitre...
L’essor du courrier électronique fait peser une véritable menace sur le travail de facteur, indiquent des professionnels qui s’inquiètent de l’avenir de leur métier.
La cinquantaine, Mamadou Ndiaye revendique plus de vingt-cinq ans de service au sein de la Société nationale La Poste.
Ndiaye préfère le terme de distributeur à celui de facteur pour évoquer son métier. Il se désole du net ralentissement de l’activité de sa corporation. Mais pour lui, cette situation est due moins à un déficit de facteurs qu’à une diminution “extraordinaire” du volume de courriers.
Vêtu d’un t-shirt et d’un pantalon bleu marine, l’employé de l’agence de la Médina est assis devant une multitude d’enveloppes éparpillées sur une table en verre.
Il les trie méticuleusement et appose sur chacune d’elle une adresse. Un exercice qui le replonge dans des souvenirs lointains, à une époque qualifiée d’âge d’or du facteur.
“Il y a dix ans, le travail était complètement différent. Le volume de distribution était tel que chaque facteur portait au moins deux sacs bien remplis de courrier. Actuellement, ils en ont un presque à moitié vide. Je suis en mesure d’effectuer une comparaison des différentes époques, car je les ai vécues”, raconte celui qui comptabilise deux décennies et demie d’expérience dans la distribution du courrier.
Toutefois, Ndiaye indique qu’en dépit des profonds changements dans son activité professionnelle, induits par l’essor de l’Internet, certains types de courrier comme les dossiers de concours continuent de passer par la poste.
Très dévoué à son métier, cet homme qui connaît parfaitement chaque détail du travail de facteur exclut toute éventuelle disparition.
À la poste de la Médina, sa journée, quasi routinière, débute le matin. Et Ndiaye s’en acquitte en vrai amoureux de son métier.
“Le matin, les courriers nous parviennent dans de grands sacs. On les trie par catégorie. Il y a les lettres recommandées, les lettres simples et les boites postales. Après, on effectue ce qu’on appelle le repiquage, qui est l’action d’identifier la destination de chaque courrier suivant la délimitation des zones”, explique-t-il.
Facteur dans une agence de la banlieue, B.D a, lui aussi, accepté de partager son expérience sous couvert d’anonymat.
À cheval entre son agence de rattachement et les zones qu’il sillonne à pied, il s’offusque de la précarité dans laquelle lui et ses pairs exercent aujourd’hui leur travail.
“Hormis le numérique, c’est la misère qui en finira avec ce métier”, prédit-il.
Le fait est que la distribution du courrier est compliquée par l’absence d’adressage dans certains quartiers de Dakar et des autres villes du pays. Une situation que compliquent davantage les faibles moyens de locomotion.
S’y ajoute que la poste est férocement concurrencée par d’autres structures offrant les mêmes services.
Un métier fortement menacé
Pour le receveur général de l’agence de la poste de la Médina, Ibrahima Ndiaye, la situation est si alarmante que le métier de facteur est aujourd’hui menacé de disparition, si aucune action n’est entreprise.
“Le régulateur, c’est l’ARTP [Agence de régulation des télécommunications et des postes]. Il y a une part de marché qui devrait être réservé à la poste, mais, actuellement, avec ce chamboulement, on ne maîtrise plus rien. Si rien n’est fait, le métier de facteur risque effectivement de disparaitre”, clame-t-il
Il estime qu'”il faut beaucoup travailler pour pouvoir maintenir une certaine clientèle”.
Celle-ci est composée essentiellement d’huissiers de justice, d’entreprises, d’associations, de mosquées et d’une clientèle dite facultative, à savoir des individus ayant des choses à envoyer au niveau local et international.
“Le principal problème de La Poste, analyse Ibrahima Ndiaye, est que nous avons tardé à nous adapter, parce que nous avons laissé le temps filer pour ensuite tenter de le rattraper.”
Il juge que “le gap” à combler “est très grand, malgré les efforts consentis pour être en conformité avec les exigences du secteur et de ceux de l’Union postale universelle”, l’institution des Nations unies en charge des services postaux du monde.
“Le métier de facteur a beaucoup perdu de son essence”, estime le receveur général, qui incite les agents à se reconvertir, à s’enrichir de nouvelles connaissances ou à exercer d’autres activités en parallèle, pour qu’ils ne soient pas surpris, si jamais ce métier venait à être supprimé au sein de la poste.
“Impossible de se passer complètement des facteurs”
De l’avis d’Aissatou Bâ, une jeune femme qui recourt régulièrement aux services postaux, Internet ne pourra pas entrainer une disparition définitive du métier de facteur.
“Au-delà du fait que l’on peut recevoir des courriers par mail, l’on aura toujours besoin d’une copie originale de ces derniers, et cela fera que le facteur exercera toujours son travail”, prédit-elle.
Elle considère qu’Internet “vient plutôt faciliter la tâche pour les urgences, mais les copies originales seront toujours apportées par les facteurs. À moins que ces dernières ne soient plus exigées par l’administration et autres”.
Une chose reste certaine : beaucoup d’administrations et de services disposent de leurs propres coursiers.
Hawa Bâ, une cliente de la poste rencontrée par l’APS à l’agence de Thiaroye, était venue déposer un colis à destination d’Agnam, dans la région de Matam (nord).
Elle dit avoir choisi de venir faire le dépôt elle-même pour éviter de payer des frais, affirmant qu’il est “inimaginable” que le métier de facteur, maillon essentiel de la distribution du courrier, disparaisse un jour, malgré l’essor de plus en plus fulgurant du numérique.
“Ils [les facteurs] ont juste besoin d’appui et de s’adapter à l’outil digital pour la redynamisation de leur métier”, suggère-t-elle.
BASSIROU DIOMAYE FAYE INVITE LES POPULATIONS À PLANTER DES ARBRES
Selon lui, la prochaine journée, prévue au mois d’août prochain, doit être marquée par un engouement autour du reboisement.
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a invité mercredi les populations sénégalaises à planter massivement des arbres dans leurs localités.
‘’J’invite les populations sénégalaises à planter des arbres dans leurs localités’’, a lancé le président Faye, après avoir symboliquement planté un corossolier dans les jardins du Palais de la République, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement.
‘’C’est l’un des actes qui va marquer personnellement mon passage ici, c’est un exercice que j’aime particulièrement et auquel j’invite les populations à souscrire’’, a-t-il ajouté, en présence du ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom.
Il indique que les défis environnementaux qui se posent aujourd’hui, “nous commandent une réaction vigoureuse, communautaire et permanente, pour renverser la situation actuelle’’.
Il a rappelé que les changements climatiques et la dégradation de l’environnement sont des phénomènes qui sont souvent liés à la perte du couvert végétal.
Le président de la République a appelé à prendre des initiatives pour répondre aux défis du changement climatique.
Il estime que le fait de planter un arbre est un acte symbolique et un appel à une vaste campagne de reboisement durant l’hivernage.
Selon lui, la prochaine journée de l’arbre, prévue au mois d’août prochain, doit être marquée par un engouement autour du reboisement.
‘’Nous invitons toutes les populations et les communautés à se préparer pour cette journée et à pérenniser la plantation d’arbres au quotidien dans les communes. De cette façon, nous pouvons lutter efficacement contre les changements climatiques’’, a-t-il ajouté.
Par Mohamed GUEYE
À QUAND UN SOMMET BELIZE-AFRIQUE?
Le président Diomaye Faye rompt avec la frénésie diplomatique de son prédécesseur en snobant le sommet Corée-Afrique. Une remise en question salutaire des pratiques pas toujours fructueuses des grands raouts internationaux
Le président de la République Bassirou Diomaye Faye n’a pas voulu se rendre à Séoul, au Sommet Corée du Sud-Afrique, et a préféré déléguer la ministre de l’Intégration africaine et des affaires étrangères, Mme Yassine Fall. Cela est une grosse rupture par rapport aux pratiques du chef de l’Etat sortant, M. Macky Sall. Il faut dire que ce dernier était un assidu de ces grands raouts où les grands de ce monde donnaient l’impression de s’intéresser au sort des pauvres des pays en développement. Si l’on sortait les archives, on se rendrait compte que le président Macky Sall n’a pas dû rater beaucoup de ces sommets réunissant les dirigeants africains avec leurs homologues des puissances du monde.
Il y était si présent et si apprécié qu’il avait été désigné co-président du 8ème Ticad (Sommet Japon-Afrique), qui s’est tenu en octobre 2022 à Tunis. L’année d’avant, son homologue chinois Xi Jin Ping et lui avaient co-présidé le Sommet pour la coopération Chine-Afrique (Focac). On ne compte pas, à côté de cela, tous les sommets Russie-Afrique, Inde-Afrique, Turquie-Afrique, Etats Unis-Afrique, Brics, Allemagne-Afrique, Grande Bretagne-Afrique, Arabie Saoudite Afrique, Emirats-Afrique... Cela, sans oublier les traditionnelles rencontres périodiques entre la France et ses «amis» africains, l’Union européenne avec l’Union africaine, et avec les pays africains. Les sommets ne créent pas d’indigestion chez certains.
Macky Sall devait, en plus de faire la causette à ses pairs du monde, sans doute négocier des points au mieux des intérêts de son pays et de l’Afrique, en particulier quand il a présidé l’Union africaine. Pour le commun des Sénégalais, le chef de l’Etat sortant a plus utilisé notre avion de commandement et le carburant qui lui ont été alloués pour faire du tourisme à travers le monde. On peut sincèrement se demander ce que l’Afrique, dans sa globalité, a tiré de ces différents sommets.
Ainsi, pour le sommet qui s’est ouvert hier à Séoul, on sait que la Corée du Sud s’est donné pour objectif de doubler son aide au développement et la faire passer à 10 milliards de dollars américains d’ici 2030, au bénéfice de ses partenaires africains. En échange, le pays du Matin Calme souhaite avoir un plus grand accès aux matières premières dont les pays africains sont dotés en abondance et n’ont pas les moyens de les exploiter. On peut se demander si les dirigeants qui se rendent sur place feront des propositions concrètes pour une véritable coopération gagnant-gagnant avec ces «nouveaux bienfaiteurs». Au début des années 2000, la Banque de Chine a mis ses énormes réserves financières à la disposition des amis africains de Beijing. Il ne leur était pas demandé quel projet ils voulaient financer ; il leur suffisait de dire le montant dont ils avaient besoin. Résultat des courses, en 20 ans environ, la plupart de ces pays qui avaient bénéficié de l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale (Iadm), dans le cadre du programme Ppte (Programme en faveur des pays pauvres très endettés) lancé conjointement par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, se retrouvent aujourd’hui presque aussi endettés, si ce n’est plus. La différence est que cette fois, leur dette est souscrite auprès des partenaires comme la Chine ou les pays arabes, qui ne souscrivent pas aux règles de l’Ocde, comme les Occidentaux
Certains de ces pays ont été contraints de renoncer à leur souveraineté sur certaines de leurs ressources minières ou naturelles pour éponger leurs créances, au grand dam des institutions internationales et de leurs populations. L’un des exemples les plus frappants est le Programme des 5 chantiers en République du Congo Kinshasa (Rdc). Sitôt réélu en 2006, le président Joseph Kabila passe un accord avec le gouvernement et des entreprises chinois, pour qu’ils lui construisent des infrastructures indispensables au désenclavement et au développement de son pays-continent. Ponts, rails, routes et aéroports devaient sortir de terre, en contrepartie d’une exploitation des minerais par des Chinois, pour une valeur de 5 milliards de dollars. L’accord avait été dénoncé par le Fmi et la Banque mondiale, mais les partenaires sont passés outre. 18 ans après, les Congolais ne sont pas en mesure de montrer à quoi ont été utilisées les ressources minières sorties de leur sol, et que les entrepreneurs chinois continuent d’ailleurs à exploiter à ce jour. Les Kenyans et les Zambiens ne les plaindront pas énormément, eux qui ne sont pas mieux lotis.
Cela peut être jugé caricatural, et tous les accords de partenariat ne finissent pas comme celui-là. Il n’empêche que de manière globale, les vrais besoins de financement ne se trouvent pas au cours des rencontres qui ressemblent de plus en plus à un pèlerinage de mendiants auprès de leurs bienfaiteurs. Autrement, depuis que nous avions commencé, les Français nous auraient permis de décoller économiquement, ce qui est loin d’être le cas. Par ailleurs, les Africains semblent si désemparés et pressés de se jeter dans les bras du premier venu, qu’il ne serait pas étonnant qu’on les voie bientôt se rendre à un Sommet Nouvelle Zélande-Afrique, Belize-Afrique, et même, pourquoi pas, Myanmar-Afrique. Qui sait, il se pourrait que ce soit là-bas la solution à tous nos problèmes. D’ailleurs, ne crie-t-on pas depuis des décennies qu’il est temps de commencer à penser à une coopération Sud-Sud ?
LE SABAR ET LE SIMB BANNIS DES ÉCOLES À LOUGA
Dans une note de service, l'Inspection de l'Éducation et de la Formation de la région a formellement interdit ces traditions culturelles ancestrales lors des activités du gouvernement scolaire, évoquant notamment des "pratiques obscènes"
(SenePlus) - Dans une décision radicale, l'Inspection de l'Éducation et de la Formation de Louga a formellement proscrit le "sabar" et le "simb" (représentations de faux lions) lors des activités du gouvernement scolaire dans les établissements de la région. Un coup de tonnerre qui risque de provoquer une levée de boucliers chez les défenseurs des traditions culturelles sénégalaises.
C'estpar une note de service que l'Inspection académique a notifié cette interdiction aux chefs d'établissement. "Je demande aux chefs d'établissement (...) d'interdire le sabar, le simb (faux lions)", peut-on lire dans le document officiel.
Une mesure forte, prise après la diffusion sur les réseaux sociaux de vidéos montrant des élèves se livrant à des "pratiques obscènes" durant ces moments récréatifs censés "jouer un rôle éducatif".
"J'ai visionné, à travers les réseaux sociaux, des vidéos montrant des élèves s'adonner, lors des activités du gouvernement scolaire, à des pratiques obscènes", dénonce l'Inspecteur dans son écrit.
Au-delà du sabar et du simb, l'autorité académique exige également "de vérifier à ce que les chorégraphies des élèves soient décentes" et "de veiller à tout autre comportement jugé malsain ou de mauvaises mœurs". Un appel vigoureux au retour de la décence dans les établissements.
"Les élèves sont l'avenir de demain. Leur résultat et attitude doivent montrer la voie de la réussite pour le développement du Sénégal", justifie l'auteur de la note pour ces mesures.
DEUX MOIS SANS GRÂCE
Le président Faye et le Premier ministre Sonko ont entamé leur mandat avec de grandes réformes mais des promesses restent en suspens. Alors que leur leadership complémentaire est salué, l'attente de résultats concrets se fait pressante face aux difficulté
Le tandem formé par le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, à la tête du Sénégal depuis deux mois, suscite des avis contrastés. Si leur complémentarité est vantée par certains, d'autres pointent des promesses électorales non tenues, particulièrement en matière de réformes économiques et sociales.
À la tête du Sénégal depuis seulement deux mois, le président Bassirou Diomaye Faye a déjà initié plusieurs réformes et projets ambitieux. De la modernisation de la justice à la préservation de l'environnement, retour sur les actions majeures de son début de mandat.
Le duo a ouvert beaucoup de fronts : le social, l’économie, la bonne gouvernance, entre autres. L'un des premiers grands chantiers du président Bassirou Diomaye Faye a été le lancement du Dialogue national sur la réforme et la modernisation de la justice. Cette concertation, démarrée le 28 mai 2024 au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad), se poursuit jusqu'au 4 juin et aborde des questions cruciales telles que le statut des magistrats, le rôle du Conseil supérieur de la magistrature, les conditions de détention et la réhabilitation des jeunes délinquants. Plusieurs solutions sont en discussion, notamment le renforcement de la surveillance des détentions, une transparence accrue dans la promotion des magistrats, la numérisation des démarches judiciaires et l'augmentation du budget alloué à la justice.
Dès son investiture le 2 avril 2024, le chef de l’État avait exprimé sa volonté de transformer la justice sénégalaise en une institution indépendante, équitable et impartiale dans toutes ses missions.
La Journée nationale de ‘’set-setal’’
Sur le plan du cadre de vie, le président Faye a également institué la Journée nationale de ‘’set-setal’’, une initiative visant à engager les citoyens dans des activités de nettoyage des rues et des places publiques le premier samedi de chaque mois. La première édition de cette journée s’est tenue à Thiaroye et dans d’autres lieux le samedi 1er juin 2024. Le chef de l'État en a profité pour appeler l'ensemble des Sénégalais à se mobiliser pour rendre leur environnement plus propre et sain. Cette initiative entend aussi remettre au goût du jour les questions de citoyenneté et de civisme dans le but de faire émerger une nouvelle mentalité chez les concitoyens.
Transparence dans la gestion du patrimoine public
Le Premier ministre Ousmane Sonko, sous les directives du président de la République, a demandé des informations détaillées sur les cessions d'immeubles appartenant à l'État. Cette démarche vise à clarifier les conditions de vente à des sociétés privées et à des particuliers ainsi qu'à examiner les baux emphytéotiques consentis sur des propriétés bâties de l'État. Cette initiative s'inscrit dans une volonté de transparence et de bonne gouvernance.
Par ailleurs, en ce qui concerne la protection du littoral, le gouvernement a suspendu l’examen des dossiers fonciers dans certaines localités et ordonné l'arrêt de toutes les constructions sur le littoral, aussi bien sur la corniche-Ouest que sur la corniche-Est. Cette mesure, applaudie par l’homme d’affaires et défenseur du littoral Pierre Goudiaby Atepa, vise à protéger le littoral contre la spéculation foncière et les constructions anarchiques.
Dualité complémentaire
Le poète Amadou Lamine Sall, lors de l'émission "Contre Vents" animée par Mamadou Mbakhé Ndiaye, a repris le président Léopold Sédar Senghor pour décrire le duo au sommet de l'État avec des mots évocateurs. ‘’Pour être président au Sénégal, il faut être soit un saint ou un héros. Avec le tandem Diomaye-Sonko, nous avons un cocktail entre un saint, Diomaye, presque un saint, calme, tempéré et poli, et Sonko, le héros, une tornade, l'orage et l'ouragan. Les hommes ont voté pour lui’’. Cette citation illustre parfaitement la complémentarité, mais aussi les contradictions entre les deux leaders.
Le président Faye incarne la sérénité et la diplomatie, tandis que Sonko représente la force et la détermination.
Maintien de l’État de grâce
Deux mois après son investiture, l'état de grâce semble perdurer pour le président Faye et son Premier ministre. Leur leadership combiné inspire confiance à une grande partie de la population, rassurée par l'image d'un gouvernement harmonieux et déterminé à apporter des changements.
Cependant, cette harmonie apparente cache des lenteurs et des déceptions croissantes concernant plusieurs promesses électorales. Le Premier ministre Ousmane Sonko, qui n’a pas encore fait sa Déclaration de politique générale (DPG), jouit toujours d’une forte popularité auprès des Sénégalais qui attendent avec impatience la mise en œuvre des réformes structurantes afin de moderniser le pays.
Promesses non tenues et défis persistants
Malgré les engagements pris durant la campagne électorale, le prix des denrées alimentaires n'a pas encore connu de baisse significative. Les Sénégalais, frappés par l'inflation, attendent toujours des mesures concrètes pour alléger le coût de la vie. Cette promesse électorale de baisse des denrées fait partie des idées de rupture qu’a toujours prônées le Pastef très attaché à ce volet social. Les classes populaires qui ont largement voté Pastef espèrent la mise en œuvre d’une politique sociale en contradiction avec le pouvoir de Macky Sall qui s’est concentré sur les infrastructures.
Dans le domaine de la bonne gouvernance, des appels à candidatures vantés comme une mesure phare pour promouvoir la transparence et l'égalité des chances n'ont pas encore été lancés. Cette absence de mise en œuvre laisse les citoyens et les observateurs sceptiques quant à la volonté réelle du gouvernement de tenir ses promesses de réformes économiques.
Liberté de la presse : l'affaire du général Souleymane Kandé, récemment nommé "attaché de défense et de sécurité" à New Delhi, a provoqué des remous. Des journalistes ont été convoqués par les autorités, après avoir critiqué cette nomination, entraînant une vague de protestations de la part des associations de presse. Ces convocations sont perçues comme une atteinte à la liberté de la presse, un domaine où des améliorations avaient été promises.
Communication dissonante
Les communiqués des Conseils des ministres révèlent deux styles distincts de communication reflétant la dualité au sommet de l'État. Les annonces du président Faye sont généralement calmes et mesurées, tandis que celles du Premier ministre Sonko sont souvent plus directes et percutantes. Cette dualité peut être perçue comme une force ou une faiblesse, selon les points de vue.
Après deux mois au pouvoir, le tandem Faye-Sonko montre à la fois des signes de complémentarité prometteurs et des lenteurs préoccupantes dans la mise en œuvre des réformes annoncées. Alors que l'état de grâce persiste, les attentes de la population restent élevées. Le succès de ce duo dépendra de leur capacité à répondre efficacement aux défis économiques et sociaux du Sénégal et à honorer leurs engagements électoraux. La patience des citoyens n'est pas infinie et les prochains mois seront cruciaux pour concrétiser les promesses faites et maintenir la confiance placée en eux.
LUTTE DE POUVOIR AU PDS
Le remplacement de Woré Sarr à la tête de la fédération des femmes marque un nouvel épisode de ce bras de fer qui secoue les libéraux. Certains dénoncent une humiliation, tandis que d'autres y voient l'affirmation de la nouvelle génération
Le remplacement de la députée Woré Sarr à la tête de la Fédération des femmes du PDS semble marquer la mise à l’écart de la vieille garde de parti au profit de la jeunesse libérale proche de Karim Wade, secrétaire général national adjoint. À travers le processus de renouvellement, les caciques semblent céder la place aux jeunes cadres susceptibles de préparer une prise de contrôle totale du parti par l’ancien ministre de l’Énergie.
C’est une révolution silencieuse qui est en train de métamorphoser le PDS. Exit les wadistes pure souche, il faut faire la place aux jeunes karimistes. Après les sections et les fédérations, le processus de renouvellement des structures du Parti démocratique sénégalais vient de faire une nouvelle victime chez les historiques, en la personne de Woré Sarr, ancienne cheffe du bureau de la Fédération nationale des femmes du PDS. Cette dernière a été démise de ses fonctions et remplacée par Fatou Sow. Cette décision actée dans un document administratif daté du 21 mai 2024, a provoqué des remous au sein des libéraux.
Beaucoup de cadres du parti n’ont pas manqué d’afficher leur solidarité envers la responsable politique de la commune de Wakhinane Nimzatt (Guédiawaye) qui a décidé de quitter le parti. Des figures de proue des structures de base représentant diverses sections et fédérations de la formation politique d’Abdoulaye Wade, se sont réunies ce week-end pour exprimer leur soutien à la démissionnaire. La députée voit dans ce choix une humiliation après toute une vie de militantisme chez les libéraux.
‘’J’ai démissionné des rangs du PDS, car j’ai été humiliée par Karim Wade et Saliou Dieng. Ce dernier a influencé Karim Wade, car il n’a jamais supporté les critiques sur la gestion des structures lors des opérations de renouvellement. C’est pourquoi il a comploté dans mon dos pour me mettre en mal avec Karim Wade qui m’a humiliée. J’ai pris mon courage à deux mains pour partir’’, a déclaré la responsable politique dans les colonnes de ‘’l’AS’’.
Cette décision a fait réagir beaucoup de cadres du parti comme Doudou Wade. Interrogé dans l’émission ‘’Grand Jury’’ de la RFM, l’ancien député libéral qui appelle à un changement de leadership à la tête du PDS, n’a pas mâché ses mots. Il a indiqué que Woré Sarr a été poussée vers la sortie. L’ancienne mairesse de Médina Gounass, qui n’a jamais hésité à monter au front pour défendre Abdoulaye Wade et son fils, est meurtrie dans sa chair. ‘’J’ai tourné la page et je me concentre sur autre chose en ce moment’’, nous souffle-t-elle au bout du fil. Quant à la question de son mandat de député, si sa démission était effective au sein du PDS, elle s’en remet au ciel. ‘’Je m’en remets au bon Dieu et à mon guide Serigne Fallou Mbacké’’, réplique-t-elle toujours au téléphone.
Processus de ‘’déwadisation’’, la chasse aux caciques du parti
Ce phénomène de ‘’déwadisation’’ a débuté bien avant le processus de renouvellement qui a servi de tremplin aux karimistes qui semblent avoir pris le pouvoir au sein du parti.
Ainsi, des responsables susceptibles de faire ombrage à l’ancien ministre de l’Énergie, comme Bara Gaye, Dr Cheikh Dieng, après de multiples démêlés au sein du PDS, ont pris le grand large pour rejoindre YAW pour le premier et Pastef pour le second. Ces départs font suite à ceux de caciques comme Oumar Sarr, Me Amadou Sall, Babacar Gaye (PLD) et de vieux compagnons de Wade comme Pape Samba Mboup et Farba Senghor poussés aussi vers la sortie.
Le vieux ‘’Pape du Sopi’’ qui n’a jamais masqué sa volonté d’élire son fils à la magistrature suprême semble avoir avalisé ces changements à la tête du PDS. Un moyen pour l’ancien président de paver la voie à l’ancien trader de la City de Londres vers le pouvoir avec une machine électorale entièrement dévouée à sa cause. D’autant que la menace Benno défaite lors de la dernière présidentielle semble s’éloigner ouvrant ainsi la voie pour le PDS qui aspire à devenir la deuxième force du pays après la coalition Diomaye-Président lors des prochaines législatives anticipées.
Cette prise en main depuis près de deux ans coïncide avec une sorte de prise en main du parti par Karim Wade. Ce dernier, toujours en exil doré à Doha, a réussi à placer ses hommes clés à différents postes stratégiques du PDS.
Ainsi, Bachir Diawara, fidèle parmi les fidèles, s'est vu confier le poste de porte-parole du parti, sans oublier le retour en 2023 de Mayoro Faye après son épisode de l’Alliance nationale pour le développement du Sénégal (ALPDS). Les derniers Mohicans comme Mamadou Lamine Thiam, président du groupe parlementaire Liberté et démocratie, Lamine Ba, président de la fédération des cadres, entre autres responsables libéraux, ont donné quelque gage de loyauté à Karim Wade dans la bataille contre l’invalidation de sa candidature à la dernière Présidentielle.
L’alternance générationnelle au cœur de la nouvelle stratégie des ‘’karimistes’’
Pour l’analyste politique Abdoulaye Mbow, la nouvelle conjoncture de la politique sénégalaise avec l’arrivée du pouvoir de Bassirou Diomaye et de son Premier ministre Ousmane Sonko laisse peu de marge de manœuvre aux autres formations politiques obligées de se renouveler, au risque de disparaître. ‘’Une tendance semble se dégager de plus en plus dans nos formations politiques, c’est l’émergence de jeunes leaders politiques qui arrivent aux responsabilités. Le PDS ne peut pas échapper à cette dynamique. Dans cette optique, si le parti veut continuer à exister dans le landerneau politique, il se doit de responsabiliser les jeunes qui détiennent les nouveaux codes de communication pour parler à un plus large public sénégalais. Ainsi, le PDS doit pouvoir travailler pour assurer cette transition entre la vieille garde longtemps restée fidèle à Wade et la génération montante constituée de ‘karimistes’ et d’anciens de la Génération du concret’’, affirme-t-il.
D’après le journaliste, la meilleure chose qui puisse arriver au PDS est de poursuivre la vente des cartes et d’aller au plus vite vers un congrès inclusif pour remplacer Me Abdoulaye Wade dans l’optique de donner un vrai coup de jeunesse à la formation libérale. ‘’Le président Abdoulaye Wade a rempli sa mission à la tête du pays, car il a conduit le parti au pouvoir avant de lui garantir une place centrale dans le jeu politique sénégalais, même après leur départ du pouvoir en 2012. La promotion des pro-‘karimistes’ a souvent entraîné un vent de critiques de la part des caciques qui dénoncent la gestion à distance de Karim Wade depuis Doha. Donc, il est nécessaire d’aller vers plus de consensus et de rassemblement de la grande famille afin de mieux peser sur l’échiquier politique’’, conclut-il.