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24 avril 2025
Développement
par Bosse Ndoye
INDISCIPLINE, QUAND TU NOUS TUES !
Pour ceux qui croyaient que le comble avait été atteint avec le passage du chauffeur de taxi sur une passerelle piétons il y a quelques années à Dakar, l’accident macabre sur la route de l'aéroport a été un douloureux et triste moment de dessillement
La plus grande chose que la politesse puisse nous faire perdre, de temps en temps, est une place dans un autobus bondé, a dit Oscar Wild. L’indiscipline, elle, combinée avec le laxisme, l’incivisme et l’indifférence constituent un cocktail explosif susceptible de miner beaucoup de secteurs socio-économiques dans notre pays.
Sur ce plan, on croyait avoir déjà tout vu : de grandes personnes uriner dans les rues ; d’autres traverser l’autoroute à pied pendant des heures de pointe ; d’autres encore jeter leurs déchets sur la place publique sans états d’âme ; des chauffeurs sortir de leur voiture pour en venir aux mains en pleine circulation ; un conducteur soucieux de sa sécurité et de celle de ses concitoyens se faire klaxonner, voire insulter quand il essaie de respecter les règles de la circulation en s’arrêtant au feu rouge …. Tout ceci se passant parfois dans l’indifférence totale de nos concitoyens et/ou sans sanction de la part des autorités publiques.
Pour ceux qui croyaient que le comble avait été atteint avec le passage du chauffeur de taxi sur une passerelle réservée aux piétons il y a quelques années à Dakar, l’accident macabre sur la route de l'aéroport a été un douloureux et triste moment de dessillement. Pour certains, il serait le résultat d'une course-poursuite entre camions frigorifiques alors que pour d'autres un excès de vitesse et des freins défectueux en seraient à l'origine
En tout état de cause, aussi incompréhensible que cette indiscipline qui sévit sur nos routes et dans beaucoup de secteurs du pays puisse paraître, elle n'en reste pas moins symptomatique d’une société qui s’affaisse sous le poids du désordre, du non-respect des normes, de l'absence de sanctions, du fatalisme, du je-m'en-foutisme, de l’insouciance et surtout de la perte de repères et de valeurs… Dans un pays où la capacité d’indignation est à son niveau plancher, il n’est étonnant que nombre de gens soient mithridatisés...Personne ne semble se souvenir des appels à l’introspection lancés ça et là à la suite de quelques catastrophes précédentes…
En réalité, l’amnésie règne sans adversité dans ce pays. On en est arrivé à oublier qu’il y a plus d'une dizaine d’années, au lendemain du naufrage du bateau le Joola, le pays avait voulu faire une union sacrée pour ressusciter une véritable prise de conscience sur l’importance du civisme et de la discipline. Le naturel a, depuis, repris le dessus. Dès lors, plutôt que de seriner ad nauseam des projets d’émergence économique, nos dirigeants feraient bien d’insister sur l’émergence mentale. D’autant qu’elle est la base sur laquelle se construisent toutes les autres. Cela passera forcément par le respect des valeurs de base nécessaires au bon fonctionnement d’un pays.
L’indiscipline n’est l’apanage d’aucune société, mais une certaine attitude des autorités peut l’aider à s’enraciner et à se développer. Mais, une justice sociale, une application normale des lois, des institutions fortes, prêtes à sanctionner tous les contrevenants aux règlements peuvent être un début de solution pour juguler le mal de l’indiscipline.
De plus, au-delà de l’éducation, la peur d’une sanction pécuniaire et celle du gendarme semblent être les armes les plus efficaces pour pousser les gens à bien se comporter en société. Quand l'indiscipline devient mortelle, il devient urgent d'agir !
par Siré Sy
DIALOGUE NATIONAL, FABRIQUE POLITIQUE ET SOCIALE
Le président Sall aura compris et le Dialogue national aura permis, de nous rendre compte enfin, que la politique, le débat, la recherche du consensus, ne devrait pas être seulement une affaire d'Etat institutionnalisé
Durant les régimes des présidents Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, la conjoncture politique et les conflictualités électorales, débouchaient sur des Dialogues politiques, comme portes de sorties de crise. Avec le président Macky, la conjoncture politique et les conflictualités électorales, débouchent sur le Dialogue national, ‘’annualisé’’ depuis le 28 mai 2016.
Le Dialogue politique est une affaire des partis politiques et des seuls acteurs politiques. Le Dialogue national parle à la Nation, dans ses composantes les plus représentatives (partis politiques, société civile, Femmes & Jeunesse, Chefferie traditionnelle, Pouvoir religieux, Secteur privé, Communautés géographiques, Communautés académique, Corps de métiers, etc…..). Un Dialogue politique est exclusif. Le Dialogue national est inclusif. Un Dialogue politique est conquête et accaparement (du pouvoir d’Etat). Le Dialogue national est solidarité et partage sur le système de gouvernance démocratique et sur la fabrique politique, sociale, économique et culturelle.
L’un des traits de style très caractéristique du président Macky Sall, c’est aussi d’avoir compris qu’il était nécessaire de revisiter les paramètres de la Gouvernance au Sénégal, parce que le modèle de l’Etat-Nation (en Afrique), calqué du modèle Nation-Etat en Occident, est source de tensions et de désordre parce que le modèle classique de l’Etat-Nation se résume à un transfert de l’ensemble des ressources et du pouvoir à une minorité qu’on appelle les Partis politiques et les Politiciens (professionnels).
Le président Sall aura compris et le Dialogue national aura permis, de nous rendre compte enfin, que la Politique, le débat, la recherche du consensus, ne devrait pas être seulement une affaire d'Etat institutionnalisé, une affaire de partis politiques, mais aussi l'affaire de forces politiques vives (traditionnelles, religieuses, associatives, secteur privé, monde académique, corps de métiers, etc…..) parfaitement efficaces dans leur domaine et omniprésentes même dans les aspects les plus modernes du Sénégal d'aujourd'hui. Et souvent très démocratiques à leur façon. Les héritages sociaux et économiques, la persistance des communautés, des pouvoirs traditionnels et des croyances originelles, sont plus pertinents souvent à l'échelle locale que nos Etats institutionnalisés et institutions surpra-nationales dans de nombreuses régions.
En Occident, des Nations ont créé des Etats et en Afrique, des Etats veulent créer des Nations. Et si la mayonnaise n’a pas toujours pris depuis 60 ans, c’est que nous avions oublié que l’Afrique (le Sénégal) est faite de Communautés (géographiques, linguistiques, religieuses) avant d'être un Etat institutionnalisé. Avant tout. Après tout. Par dessus tout.
L'OPPOSITION ANCRÉE DANS LE PROCESSUS DU DIALOGUE POLITIQUE
Nous porterons la voix du peuple, celle des agriculteurs qui veulent vendre leur arachide au meilleur prix, celle des populations confrontées aux soucis fonciers, celle des enseignants, des étudiants... - DÉCLARATION DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration des participants de l’opposition au dialogue, en date du 26 décembre 2019.
« L’installation du Comité de pilotage du dialogue national est pour nous l’occasion de réaffirmer, à travers la présente déclaration, notre volonté de poursuivre, avec loyauté et esprit de suite, notre participation aux concertations, dans le seul et unique but de voir restaurée une vie démocratique apaisée parce que normale.
Les difficultés intérieures liées aux conditions de vie des populations et aux problèmes de sécurité dans un environnement sous-régional hautement anxiogène justifient largement l’initiative de l’organisation de ce dialogue. C’est la raison pour laquelle nous avons répondu positivement à l’appel, comme nous le disions le 28 mai passé.
Nous avons noté avec satisfaction les progrès réalisés dans la prise en compte de certaines de nos demandes comme la libération de Khalifa Ababacar Sall. Nous nous attendons tout naturellement à ce que Khalifa Ababacar Sall et Karim Meïssa Wade retrouvent la plénitude de leurs droits civiques et politiques.
Nous nous réjouissons également de la libération du docteur Babacar Diop et certains de ses codétenus et demandons la libération de Guy Marius Sagna et des autres manifestants encore en prison.
Plus généralement, il nous paraît souhaitable de faire respecter le droit à la manifestation. Ce ne serait que bénéfice pour la notoriété démocratique de notre pays, tandis que l’usage de la méthode forte ne fait que compliquer l’établissement d’un climat de paix et de stabilité durables dans le respect des droits des uns et des autres et l’assomption de ses devoirs par tout un chacun.
Nous réitérons notre confiance à M. Famara Ibrahima Sagna, président du Comité de pilotage. Ceux d’entre nous qui le connaissent se sont appuyés sur son parcours et les services éminents qu’il a rendus à notre pays pour penser qu’il a l’étoffe et la carrure pour conduire la mission. Nous le félicitons d’avoir accepté ce nouveau sacerdoce et lui souhaitons bonne chance et plein succès.
Nous associons à ces vœux le Général Mamadou Niang qui dirige d’ores et déjà, avec intelligence et tact, la commission politique du dialogue national.
Les participants de l’opposition adressent également leurs vives félicitations à tous les membres du Comité de Pilotage pour le choix porté sur leurs personnes.
Le Sénégal appartient à l’ensemble de ses filles et fils. Toutes les forces vives de la Nation ont leur mot à dire sur la situation de notre pays. Nous apporterons notre contribution avec d’autant plus d’ouverture que le président de la République a déjà accepté l’application de tous les consensus auxquels nous serons parvenus.
Il ne s’agira pas bien évidemment de parler de tout et de rien. A notre avis, le but ne saurait être ni, pour le pouvoir, de déléguer la définition de la politique nationale ni, pour l’opposition, de se poser en conseiller ou consultant du pouvoir.
Au sein des différentes commissions, nous porterons la voix du peuple, celle des agriculteurs qui veulent vendre leur arachide au meilleur prix, celle des populations confrontées à la remise en cause de leurs droits fonciers, celle des enseignants et des étudiants en lutte, celle des marchands ambulants en quête d’espaces de commerce, celle des pêcheurs, des éleveurs, celle des jeunes en quête d’emploi, celle des femmes et du troisième âge, celles de toutes les catégories de la population. Et nous œuvrerons de toutes nos forces pour que ces différentes catégories sociales voient une amélioration de leur situation à l’issue de ce dialogue.
Nous souhaitons que les points à aborder soient ciblés de façon précise : des questions d’intérêt national controversées, des problèmes nécessitant un consensus transcendant les partis et les régimes, des réformes longtemps différées et arrivées à maturité, etc.
Nous sommes disposés à examiner sereinement l’ensemble des points retenus en vue de contribuer, en toute bonne foi, à la formulation de conclusions consensuelles praticables et pérennes.
Sur chacun de ces points, nous soumettrons avec esprit de responsabilité notre vision et nos propositions, dont une première synthèse figure dans les différents documents que nous remettrons au président du comité de pilotage.
Pour tout dire, nous sommes armés de notre seule volonté de faire avancer le Sénégal vers plus de démocratie et de progrès social.
Enfin, comme vous le savez, de nombreux Sénégalais se plaignent de la récente hausse du prix de l’électricité qui a entraîné une surchauffe légitime du front social. Nous nous faisons leur porte-parole pour demander au président de la République de bien vouloir faire en sorte que cette augmentation soit revue.
Bonne et heureuse année 2020.
Pour les participants de l’opposition
Le Coordonnateur
Moctar Sourang"
"
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
LETTRE OUVERTE AU HAUT-COMMISSAIRE DES NATIONS UNIES AUX DROITS DE L’HOMME
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous vous demandons d’interpeller l’Etat du Sénégal pour que cessent ses agressions publiques des forces de l’ordre et ses violations itératives de l’intégrité physique sur des manifestants inoffensifs
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 26/12/2019
Nous venons par la présente, porter à votre attention les violations flagrantes des droits fondamentaux des Sénégalais. Le 29 novembre dernier, l’activiste Guy Marius Sagna et huit autres personnes (dont cinq libérées récemment) manifestant contre la hausse du prix de l’électricité ont été illégalement arrêtés lors d’un mini-rassemblement devant le palais de la République. Aujourd’hui, ce Guy Marius Sagna et quatre autres manifestants sont détenus en prison pour avoir simplement exercé un droit constitutionnel. Je vous signale que c’est la énième fois que le régime du président Macky Sall utilise, en violation flagrante de la loi constitutionnelle, la violence sur des Sénégalais chaque fois qu’il s’est agi de marcher pour manifester conformément à l’article 8 de notre Constitution. Pourtant, le 16 avril dernier, de jeunes militants du parti présidentiel, proches du maire Aliou Sall (frère du président Macky Sall) ont nuitamment secoué les grilles du Palais de la République pour exprimer leur mécontentement quand le nom de leur leader a été biffé de la liste des candidats à la députation de 2017 par le chef de leur coalition politique. Et aucune sanction n’a été prise à l’encontre de ces jeunes trublions nocturnes qui ont eu le toupet de perturber le sommeil présidentiel. C’est la politique des deux poids deux mesures. Pour les mêmes faits, Guy Marius et quatre manifestants sont maintenus en prison depuis le 29 novembre alors que les jeunes militants du frère du président de la République ont bénéficié d’un laxisme effarant de la part des agents qui sont chargés de la sécurité du locataire du Palais.
Madame la présidente,
Depuis que M. Macky Sall a été élu président de la République le 25 mars 2012 et réélu le 26 février 2019, il n’est pas rare de voir des manifestations de l’opposition ou des mouvements citoyens être interdites par le préfet de Dakar sur la base d’un arrêté dit d’Ousmane Ngom et qui prohibe de façon permanente toute manifestation entre l’avenue Malick Sy et le Plateau. Le jour du vote de la loi sur le parrainage le 18 avril 2018, toutes les manifestations sur toute l’étendue du pays ont été interdites dans le seul but de faire passer sans débat contradictoire une forfaiture. Et tous les leaders de l’opposition et autres citoyens ayant osé braver l’interdit préfectoral pour aller manifester légalement devant l’Assemblée nationale contre cette loi scélérate qui compromet leur avenir politique, se sont retrouvés placés en garde-à-vue dans les différents commissariats de Dakar.
Paradoxalement, le candidat Macky Sall était avant 2012 avec ses actuels alliés parmi tous les démocrates épris de justice qui se sont farouchement battus pour la liberté de manifester sans restriction aucune. Une telle interdiction de manifester dans un espace qualifié de névralgique ne peut être que ponctuelle et non permanente. Donc limitée temporellement. Mais avec cet arrêté inique, le droit de manifester qui doit être la règle en République devient une exception pour ne pas dire une impossibilité au Sénégal.
Le respect de l’État de droit implique la restauration de la hiérarchie des normes qui encadrent l’intervention de la puissance publique. C’est pourquoi l’arrêté Ousmane Ngom, contenu dans le bloc réglementaire qui occupe l’avant-dernière strate de la hiérarchie des normes, ne peut nullement transcender notre bloc de constitutionnalité qui se trouve au sommet de la pyramide normative.
Madame la présidente,
Nous attirons votre attention sur le manque de respect systématique des droits fondamentaux des manifestants incarcérés. Le docteur Babacar Diop, enseignant de philosophie l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, appréhendé lors de la manifestation contre la hausse du prix de l’électricité devant le palais et incarcéré à la prison de Rebeuss, a dénoncé les sévices corporels dont il a été victime le jour de son élargissement. Et le démenti tardif et ambigu de la part de l’administration pénitentiaire nous conforte que le Dr Diop a été passé à tabac sans aménités par ceux-là qui sont garants de son intégrité physique dans l’espace carcéral.
Pourtant, notre pays est signataire du Pacte international des Nations unies relatif aux droits civils et politiques dont l’article 10 stipule que « toute personne privée de sa liberté doit être traitée avec humanité et le respect de la dignité inhérente à la personne humaine ».
Toute cette violence n’a qu’un seul but : museler le peuple face à la volonté du pouvoir d’augmenter le prix de l’électricité et d’exiger la transparence dans la gestion de nos ressources naturelles.
En votre qualité de Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, nous vous demandons d’interpeller dans les meilleurs délais l’Etat du Sénégal pour que cessent ces agressions publiques des forces de l’ordre sur ces manifestants inoffensifs et ces violations itératives de l’intégrité physique des manifestants au nom du droit inaliénable de tout peuple à s’exprimer librement et à manifester pacifiquement pour le respect de la Constitution et de la démocratie.
Tout en espérant que vous interpellerez au plus vite les autorités sénégalaises concernées par l’objet de cette missive, je vous prie, Madame le Haut-commissaire, d’agréer l’expression de ma profonde considération.
PS : Toute ressemblance avec une lettre écrite le 1er février 2012 à Mme Navi Pillay, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme entre 2008 et 2014, par un ancien Premier ministre du Sénégal, ancien président de l’Assemblée nationale du Sénégal et candidat d’une coalition politique à l’élection présidentielle de 2012 n’est que purement fortuite.
Cette insistance de Macron à s’attribuer la paternité du changement, si elle renvoie à une certaine inertie des dirigeants concernés, n’est pas de bon augure alors qu’il s’agit d’inciter les Etats ouest-africains à prendre leurs responsabilités
Si, avec la réforme du franc CFA, Emmanuel Macron, a fait un pas que ses prédécesseurs n’avaient pas osé franchir, Paris doit maintenant tout mettre en œuvre pour aider les Etats africains francophones à acquérir une vraie émancipation économique et monétaire.
A l’approche du 60e anniversaire des indépendances de ses anciennes colonies africaines, il était grand temps que la France réforme le franc CFA, cette monnaie créée en 1945 et toujours en vigueur dans quatorze pays du continent. Emmanuel Macron, en annonçant, samedi 21 décembre à Abidjan, la disparition prochaine de cet « oripeau » d’un passé révolu, a fait un pas que ses prédécesseurs n’avaient pas osé franchir.
Agacé de voir la monnaie « françafricaine » servir d’exutoire aux colères antifrançaises, le président de la République a, au côté du président ivoirien, Alassane Ouattara, lancé un aggiornamento négocié avec huit pays d’Afrique de l’Ouest : remplacement du « franc CFA » par l’« éco », nom de la future monnaie commune à quinze pays de la région ; fin de l’obligation pour les Etats africains de verser 50 % de leurs réserves de change au Trésor français et de la présence française au conseil d’administration de la Banque centrale à Dakar ; maintien de la garantie de la France et de l’arrimage à l’euro. En bref, la France cesse d’être cogestionnaire mais demeure garant financier.
Pour ses partisans, dont M. Ouattara lui-même, l’union monétaire garantie par la France assure la stabilité, y compris pendant les crises comme la guerre civile ivoirienne de 2002-2007. Selon ses détracteurs, le système maintient la parité avec une monnaie trop forte, l’euro, empêche toute dévaluation compétitive, décourage la production locale, entrave l’industrialisation et enferme les pays dans une économie de rente de matières premières.
Que des Etats indépendants depuis plus d’un demi-siècle ne disposent pas de cet attribut fondamental de la souveraineté qu’est la monnaie apparaît comme une anomalie. L’arrangement avec Paris peut être vu comme un cadeau aux élites francophones africaines, dont le pouvoir d’achat est gonflé. A cet égard, la vraie-fausse disparition du franc CFA annoncée par M. Macron ne changera rien. « J’ai voulu engager cette réforme », a souligné le président, comme pour souligner que la France conserve les rênes.
Cette insistance à s’attribuer la paternité du changement, si elle renvoie à une certaine inertie des dirigeants concernés, n’est pas de bon augure alors qu’il s’agit d’inciter les Etats ouest-africains à prendre leurs responsabilités.
Indépendance financière à conquérir
Au fond, la monnaie commune symbolise l’ambiguïté persistante des relations entre Paris et son ancien pré carré, la fameuse « Françafrique » : elle sert d’exutoire commode aux colères africaines et d’alibi pour les insuffisances du continent – immobilisme politique, corruption endémique et climat des affaires déficient. Pour les dirigeants africains, le maintien du lien monétaire avec la France est à la fois une assurance de stabilité et un aveu de faiblesse.
La rupture partielle annoncée par M. Macron sonne comme un appel à une véritable émancipation économique et monétaire des Etats africains francophones. Les anciennes colonies anglophones, elles, ont depuis des lustres des monnaies autonomes, avec des succès contrastés, il est vrai. A l’heure où la Chine, grâce à sa puissance financière, inonde l’Afrique de projets d’infrastructure au prix d’un endettement et d’une sujétion accrue, l’indépendance financière du continent reste à conquérir.
Si la France veut être crédible dans sa volonté proclamée de tourner pour de bon la page coloniale et de conserver les relations de proximité façonnées par l’histoire, elle doit à la fois tenir un langage de vérité et tout faire pour aider les Etats africains à prendre en main leur propre monnaie.
PAR Achille Mbembe
LES MÉTAPHYSIQUES AFRICAINES PERMETTENT DE PENSER L'IDENTITÉ EN MOUVEMENT
Si, de fait, la Terre est un tout, alors il ne peut y avoir d’identité que sous le signe de la circulation généralisée de la vie et du vivant. Et c’est à revenir à ces circulations et à ces flux de vie qu’appellent urgemment les temps
Mettons de côté le retour de l’animisme et la montée en puissance de nouvelles formes d’idolâtrie, qu’il s’agisse de l’idolâtrie numérique, de celle des neurosciences ou, plus prosaïquement, de celle des richesses telle qu’elle est véhiculée par les églises néo-pentecôtistes. L’époque est manifestement au pessimisme politique et culturel. C’est ce qui explique, du moins en partie, la prolifération des discours du complot et de l’effondrement, du ressentiment et de l’identité, bref, le tempérament conspirationnel de notre âge.
Dans les entrailles de l’identité, en particulier, semblent s’être tapies toutes les peurs du temps et toutes les pulsions obscures, nos angoisses, les souffrances les plus aiguës et les désirs les plus opaques, à commencer par le désir de jouir. Et de jouir toujours plus et tout de suite. Mais aussi le désir d’endogamie, à quoi il faut ajouter la volonté sourde d’une violence sans filet, surtout à l’encontre des plus faibles. Car telles sont les aspirations, voire les injonctions suprêmes, à l’âge du capitalisme algorithmique.
Nombreux sont, en effet, ceux aux yeux desquels le recours à l’identité apparaît comme le dernier rempart contre les misères du temps. En manipulant la demande identitaire, ils espèrent éventuellement se tailler une place autour de la table ou, à défaut, avoir un droit privilégié aux miettes que les autochtones sont de plus en plus contraints de se disputer avec les allogènes et autres intrus. Les multitudes veulent donc en découdre. Non point avec les forces de plus en plus abstraites, de plus en plus réticulaires et de plus en plus invisibles qui fauchent tant de vies au Nord comme au Sud, mais avec plus vulnérables qu’elles. Ouvertement, elles en appellent à la brutalisation du reste, tous ceux que la vie semble avoir d’ores et déjà désertés mais qui s’agrippent par tous les moyens.
Dans cette atmosphère de rage et d’assignation forcée à l’entre-soi, le futur ne s’entend plus comme la promesse d’un progrès possible. Il apparaît désormais sous les traits d’une force dislocatrice et dissolvante, d’une expérience proprement terrifiante et que l’on redoute. Protestations, soulèvements, émeutes, blocages, occupations et autres formes de désobéissance nonobstant, beaucoup ont cessé de croire en la possibilité d’une action véritablement transformatrice. Ils peinent à imaginer quelque rupture que ce soit avec les cadres de pensée et d’action existants. Ils ont tourné le dos au projet d’émancipation humaine, et donc à la lutte.
Planétarisation des problèmes
Comment s’en étonner ? Au sortir de la guerre froide, n’a-t-on pas voulu croire que la démocratie de marché était le dernier mot de l’histoire ? Que dire des nombreux dispositifs de capitulation mis en place dans la foulée et qui ont conduit à une vaste résignation de l’intellect face à l’ordre existant ? Entre-temps, le capitalisme semble avoir plongé dans des convulsions d’un nouveau genre, toutes porteuses d’une violence aussi inouïe que sommaire contre les personnes, la matière et la biosphère. Vidée de tout contenu autre que formel, la démocratie libérale est, quant à elle, en train de vaciller, voire de se déliter. Elle n’est plus qu’un simple adjuvant du néolibéralisme.
Pour masquer ce fait, on incite les plus crédules à penser que leur futur ne sera garanti que par le biais du repli sur une communauté nationale imaginaire. Que chacun retourne chez lui et que partout se dressent murs et frontières, entend-on crier ici et là, alors qu’une guerre civile d’allure mondiale est livrée contre les migrants. La paix mondiale, paraît-il, en dépendrait.
On fait donc comme si l’intractable question des rapports entre l’ensemble des vivants et le reste de la biosphère sera résolue par la sédentarisation planétaire forcée. Les faits sur le terrain ne cessent pourtant de porter un démenti à la fiction d’une modernité en marche vers la réalisation de ses principes normatifs. La révolution néolibérale s’étant soldée par le lent démantèlement du compromis social forgé dans l’immédiat après-guerre, le terrain des luttes s’est déplacé vers les questions identitaires.
Mais comment faut-il interpréter la stridente demande de retour au sol et à la localité, alors que tout pousse vers une indiscutable planétarisation des problèmes auxquels l’humanité est confrontée ? Est-il vrai, comme le suggèrent nombre d’observateurs, que l’identitarisme soit le langage inverse d’une volonté de retrouver la parole et de reprendre en main sa destinée face à la volonté des Etats de soustraire leurs funestes politiques à tout débat ? Loin d’être le nouvel opium des masses, l’identité serait-elle plutôt le nom inverse du rejet que les populations tentent d’opposer aux politiques néolibérales, celles-là même qui sont responsables du saccage et de l’atrophie de leurs milieux de vie ?
Des rôles assignés d’office
Que faut-il, au demeurant, entendre par « identité » ? Les philosophies occidentales du sujet, qui ont dominé le monde pendant quelques siècles, reposent sur l’idée selon laquelle il y aurait en nous quelque chose qui nous serait intrinsèque, qui serait fixe et stable et, par conséquent, ne varierait pas. Elles nous apprennent que l’individu est au principe de son être. Créateur de lui-même, il reçoit son identité de lui-même, et parce que doué d’une conscience réflexive et d’une intériorité, il serait distinct de toutes les autres espèces vivantes. A supposer qu’une telle croyance soit vraie, elle est cependant loin d’être universelle.
Certes, en tant que citoyens d’un Etat, nous sommes tous soumis à des mécanismes d’identification. Par exemple, nous disposons chacun d’un acte de naissance. Après notre décès, l’administration établira un certificat de décès. En attendant, elle nous attribue une carte d’identité pourvue d’un numéro qui est le nôtre, et pour ceux et celles qui voyagent à l’étranger, d’un passeport qui indique notre genre, notre nationalité, notre âge, notre profession, toutes sortes de données servant à dire qui nous sommes et nos appartenances. En ce sens, nous sommes le produit de mécanismes étatiques d’identification.
Par ailleurs, en tant que personnes humaines, nous jouons une série de rôles. Certains nous sont assignés d’office. Nous en créons d’autres nous-mêmes. Nous demeurerons cependant à jamais indéfinissables aussi bien à nous-mêmes qu’aux autres. Au fond, cette propriété qui consiste à ne jamais atteindre un niveau de totale transparence à nous-mêmes et aux autres, c’est peut-être cela, finalement, notre identité. Elle est commune à tous les humains, sans distinction de race, de sexe, de nationalité ou de religion.
D’autres traditions de pensée l’ont bien compris. C’est le cas des pensées africaines antiques au regard desquelles il n’y avait d’identité qu’éclatée, dispersée et en miettes. Du reste, l’important n’était pas le soi en tant que tel, mais la façon dont on le composait et recomposait, chaque fois en relation à d’autres entités vivantes. En d’autres termes, il n’y avait d’identité que dans le devenir, dans le tissu de relations dont chacun était la somme vivante. L’identité, dans ce sens, n’était pas une infinie substance. Elle était ce que l’on confiait à la garde des autres, dans l’expérience de la rencontre et de la relation, laquelle supposait toujours le tâtonnement, le mouvement et, surtout, l’inattendu, la surprise qu’il fallait apprendre à accueillir. Car dans l’inattendu et la surprise gisait l’événement.
Il en était ainsi parce qu’il n’y avait ni monde, ni société ou communauté dont l’origine ne se situa dans une idée ou une autre de la dette. La personne humaine était un composé de multiples entités vivantes. Elle ne s’auto-engendrait point. Ce sont d’autres qui, toujours, étaient responsables de son advenue à la vie. Elle ne leur devait pas seulement sa naissance, mais aussi la langue, les institutions fondamentales, des richesses immatérielles, à la fois incalculables et non remboursables, dont elle héritait. Cette forme originaire de la dette, ou encore de la dot que les générations devaient les unes aux autres, s’opposait à la dette expropriatrice qui, sous sa forme marchande, obère de nos jours les conditions de reproduction ou même de survie de millions de femmes et d’hommes sur la surface de la Terre.
Singularité et originalité
Dans ces systèmes de pensée, ce que l’on nomme « identité » ne rimait guère avec l’enfermement sur soi, l’autarcie, le face-à-face avec soi-même, le refus de rencontre avec le monde, la méfiance, ou encore un moi qui s’affirme tout seul et qui, ce faisant, sombre dans cette espèce de répétition que produit toujours l’ennui. Par contre, la singularité et l’originalité étaient des attributs individuels socialement valorisés et que l’on se faisait fort de cultiver, de soigner et, lorsqu’il le fallait, de mettre pleinement en exergue.
L’important n’était donc pas l’identité, mais l’énergie qui était supposée régir les phénomènes vitaux et animer les conduites. La personne humaine par excellence se définissait par sa richesse en énergie vitale et sa capacité d’être en résonance avec les multiples espèces vivantes qui peuplaient l’univers, les plantes, les animaux et les minéraux y compris. Ni fixe, ni immuable, elle se caractérisait par sa plasticité.
On reconnaissait les personnes véritablement singulières à leur capacité à réaliser toutes sortes d’agencements de forces, à capter et à reconfigurer les flux de vie. Dans ce sens, on peut dire des métaphysiques africaines antiques qu’elles privilégiaient des dynamiques transidentitaires. Elles étaient des métaphysiques du devenir et non de la substance. A l’heure où les technologies computationnelles achèvent de se saisir du tout du monde, elles nous permettent, mieux que les philosophies occidentales du sujet, de penser l’identité comme quelque chose de toujours en mouvement, jamais le même, toujours ouvert sur ce qui vient et qui ne cesse de se synthétiser de nouveau, à la rencontre avec d’autres flux d’énergie.
En ce nouvel âge de la Terre, la démocratie libérale fait face à une véritable impasse. Elle est sur le point d’être engloutie par des formes purement régressives du nationalisme ou de l’ethnicisme. Les forces du nationalisme régressif prétendent travailler en vue de la régénération de communautés supposément pures et organiques menacées par toutes sortes d’intrus. Mais elles sont foncièrement incapables d’imaginer ce que serait une politique planétaire susceptible de réparer la Terre et de remettre en mouvement le vivant.
Or la combustion en cours du monde nous oblige à rompre avec la conception circulaire de l’identité qui aura caractérisé la raison occidentale pendant de longs siècles. A la thématique de l’identité doit se substituer celle du vivant, c’est-à-dire du destin de la biosphère à l’ère ou tout indique qu’une nouvelle genèse technologique est en gestation et, avec elle, une autre humanité, plus hybride et plus artificielle. Si, de fait, la Terre est un tout, alors il ne peut y avoir d’identité que sous le signe de la circulation généralisée de la vie et du vivant. Et c’est à revenir à ces circulations et à ces flux de vie qu’appellent urgemment les temps.
LA BANQUE CENTRALE ANNONCE UN ’’QUASI-ÉQUILIBRE’’ DE LA BALANCE DES PAIEMENTS
La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) table sur un ‘’quasi-équilibre’’ de la balance des paiements du Sénégal en 2019
Dakar, 26 déc (APS) – La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) table sur un ‘’quasi-équilibre’’ de la balance des paiements du Sénégal en 2019, a indiqué jeudi à Dakar, son directeur national, Ahmadou Al Aminou Lô.
’’Le solde global de la balance de paiement est ressorti excédentaire de 527,2 milliards de FCFA en 2018, contre 125,6 en 2017. En 2019, il est projeté un quasi équilibre’’, a-t-il déclaré lors de la diffusion des comptes extérieurs du Sénégal.
Les comptes ont évolué s’agissant du financement par le biais de la mobilisation accrue des ressources sur le marché international et la poursuite d’une bonne orientation des investissements directs étrangers, a expliqué le directeur national de la BCEAO.
Il a ainsi fait état d’une persistance du déficit structurel du fonds des transactions courantes après analyse de la balance des paiements de l’année précédente.
Cette situation est en lien avec l’impact des investissements productifs, lesquels alourdissent la facture des importations de produits énergétiques et alimentaires, a analysé Ahmadou Al Aminou Lô.
Le directeur de BCEAO-Sénégal a, dans le même temps, évoqué le maintien d’une dynamique favorable impulsée par la note positive relativement aux envois des émigrés et la bonne tenue des exportations dans les secteurs de la pêche et des industries chimiques entre autres.
’’L’économie sénégalaise a amorcé une nouvelle dynamique depuis 5 à 6 ans, marquée par la consolidation de son cadre macroéconomique avec un taux de croissance du PIB réel de plus de 6%’’, a-t-il rappelé.
Le secrétaire général du ministère des Finances et du Budget, Abdoulaye Samb, est de son côté, revenu sur les caractéristiques des comptes extérieurs de 2018 tout en se projetant sur ceux de l’année finissante.
Il a insisté sur le maintien de la tendance d’envois de fonds des expatriés sénégalais avec une part d’environ 10 % du produit intérieur brut (PIB) et sur la nécessité d’assumer le déficit en s’orientant vers l’investissement en faveur des secteurs productifs.
AU SÉNÉGAL, LA FIN DU FCFA NE FAIT PAS ENCORE RECETTE
Après l’annonce du remplacement de la monnaie historique par «l’éco», commerçants et experts s’interrogent sur l’attrait de cette «nouvelle» devise liée au seul euro et avec la France pour garante
Une liasse de billets de 10 000 francs passe de main en main dans un minuscule bureau de change de la rue de Thiong, en plein centre-ville de Dakar. Derrière la vitre et les boiseries, dans l’atmosphère confinée des moquettes bleu sombre, Kéba Diouf fait la moue à l’évocation de la fin prochaine - aucune date officielle n’est avancée - du franc CFA.
Cela fait dix ans qu’il travaille ici, et la plupart de ses clients viennent le trouver pour se procurer des euros et des dollars. Mais avec un taux de change à 1 euro pour 656 CFA, ils sont parfois déçus : «Ils me disent : "Avec tous ces CFA que je vous amène, vous ne me donnez que ça !"»Alors la nouvelle devise laisse Diouf un peu circonspect. «Notre argent est très faible ! Si l’éco était un peu boosté, je pourrais comprendre, mais si ça ne change rien, pourquoi changer ?»
Annoncée par les présidents français et ivoirien samedi lors de la visite d’Emmanuel Macron en Côte-d’Ivoire, la réforme, en effet, ne modifiera pas la valeur de la monnaie utilisée par les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa ; soit le Sénégal, la Côte-d’Ivoire, le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la Guinée-Bissau, le Bénin et le Togo), qui restera pour l’instant adossée à l’euro dans une parité fixe garantie par la France.
Les vraies évolutions se trouvent du côté des réserves de change des Etats, qui ne seront plus obligés d’en déposer 50 % à la Banque de France. La BCEAO, la Banque centrale régionale, sera libre de les rapatrier à partir de l’année prochaine. Elle verra aussi les représentants français quitter son conseil d’administration et son comité de politique monétaire.
Reliquat.Ce sont ces mesures qui font dire à Moubarack Lô, économiste sénégalais proche du gouvernement, qu’il s’agit d’un pas en avant pour la souveraineté de l’Afrique de l’Ouest. «Symboliquement, c’est un grand jour !» s’exclame-t-il avec enthousiasme.
«C’est une deuxième indépendance, une continuation de la décolonisation, ajoute-t-il. Plus besoin de consulter la France pour toutes les décisions de politique monétaire.» Pourtant, certaines critiques faites au franc CFA, considéré comme un reliquat de l’époque coloniale et un symbole de la Françafrique, n’ont pas été abordées par la réforme.
Le projet d’une nouvelle monnaie commune aux quinze pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao, dont font partie les huit de l’Uémoa), baptisée «éco», remonte à la fin des années 80. Mais de nombreux économistes africains recommandent que cette nouvelle monnaie unique ait un régime de change flexible, en étant adossée à un panier de différentes devises incluant le dollar et le yuan notamment.
Il est difficile d’imaginer que l’éco, sous sa forme actuelle, lié au seul euro et avec la France en garante, puisse convaincre des Etats aux économies plus développées, comme le Nigeria, qui possède à lui seul un PIB presque quatre fois supérieur à l’ensemble des huit pays adoptant l’éco, selon la Banque mondiale.
Moubarack Lô considère que l’arrimage de cette monnaie à l’euro constitue une transition nécessaire pour ne pas inquiéter les acteurs économiques et afin de ne pas voir les taux d’emprunt s’envoler face à une potentielle dégradation de la note du Sénégal ou d’autres pays par les agences de notation. Mais il reconnaît que la réforme n’aura pas d’impact réel sur la vie quotidienne des citoyens. «C’est une satisfaction psychologique.»
«Entre-deux».«La vérité, c’est qu’on est tous dans l’expectative», tempère Felwine Sarr, économiste sénégalais partisan d’une devise indépendante de l’euro. Selon lui, le rapatriement des réserves de change représente bien un changement significatif, mais qui ne modifie pas le système en tant que tel.
En écho aux préoccupations de Kéba Diouf et de ses clients, Sarr estime que la question du taux de change est cruciale. «Le défi pour les pays de la zone, c’est le projet de monnaie commune et unique de la Cédéao, et ce projet pourrait maintenant être compromis. Est-ce qu’on va mener le processus jusqu’au bout ? s’interroge Sarr. On est dans un entre-deux. Pour l’instant, ça ne change pas grand-chose. Mais on ne peut pas non plus dire que ce n’est rien.»
Par ailleurs, le franc CFA ne disparaîtra pas complètement, puisque celui utilisé en Afrique centrale, au Gabon, au Cameroun ou encore au Congo, sera toujours en circulation dans un premier temps. «La France n’est pas vraiment prête à remettre en cause le système de la zone franc. Elle ne lâche que ce qui lui a été arraché», affirme Felwine Sarr, évoquant un sentiment antifrançais grandissant dans les pays ouest-africains.
Dans les allées animées de Sandaga, le grand marché dakarois où quelques sapins en plastique ont fait leur apparition sous le soleil de décembre, la perspective du changement de monnaie reste encore floue. Ismaël Doukouré, qui vend tissus et objets décoratifs aux «toubabs» de passage, hausse les épaules avec fatalisme : «La colonisation ne finira jamais.» Le CFA n’est pas encore mort.
LE CNOSS S'ALLIE AVEC PETRODIVE
La société qui évolue dans le secteur du pétrole et du gaz, ainsi que dans les travaux offshore, s‘engage pour l’organisation d’évènements sportifs dans le cadre de la préparation et l’organisation des JOJ 2022 - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Comité National Olympique et Sportif Sénégalais (CNOSS), relatif à son partenariat avec la société Petrodive, le 15 décembre 2019 à Dubaï, dans le cadre de la préparation des prochaines JOJ.
« Monsieur Mamadou Diagna Ndiaye, président du Comité National Olympique et Sportif Sénégalais (CNOSS), Membre du Comité International Olympique (CIO) et Monsieur Moustapha Biteye, Directeur Général de PETRODIVE, au nom du groupe, ont paraphé un Mémorandum d’entente portant sur un partenariat en perspective des Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2022.
La signature est intervenue le dimanche 15 décembre 2019 à Dubaï, en présence de monsieur Matar Ba, ministre des Sports et de monsieur Ibrahima Wade, Coordonnateur Général du Comité d’organisation des JOJ Dakar 2022. L’Ambassadeur du Sénégal aux Emirats Arabes Unis, monsieur Ibrahima Sory Sylla a rehaussé de sa présence la cérémonie.
Avec ce Mémorandum, PETRODIVE, qui évolue dans le secteur du pétrole et du gaz, ainsi que dans les travaux offshore, s‘engage aux côtés du CNOSS pour l’organisation d’évènements sportifs et des activités y relatives, et plus spécifiquement dans le cadre de la préparation et l’organisation des Jeux Olympiques de la Jeunesse que le Sénégal accueillera en 2022. Monsieur Stéphane Trote, président du Groupe PETRODIVE, société mère de PETRODIVE SENEGAL, a tenu à marquer de sa présence l’évènement.
L’accord conclu s’inscrit dans la suite des démarches entreprises par le CNOSS, depuis l’attribution des JOJ 2022 au Sénégal en octobre 2018, pour rallier le maximum de partenaires à l’organisation de cet évènement olympique historique en terre africaine, surtout le secteur privé national / international.
Durant son séjour à Dubaï, Monsieur Mamadou Diagna Ndiaye a eu plusieurs entretiens avec des représentants de grands groupes internationaux, qui se sont déjà engagés fortement à être au côté du CNOSS pour relever ce défi pour le Sénégal et pour l’Afrique.
Après les Emirats Arabes Unis, le président Ndiaye et sa délégation se rendront à Beijing pour finaliser des partenariats avec les Autorités et des entreprises chinoises, suite au dernier Sommet Afrique – Chine au cours duquel le président de la République avait envoyé un signal fort en évoquant l’organisation des premiers Jeux Olympiques en terre africaine en 2022./. »
par Jean Pierre Corréa
FARANDOLE POLITIQUE
Les entend-on, ces hommes au sortir de leurs génuflexions devant l’homme qui les a faits de toutes pièces, se plaindre des problèmes qui assaillent les sénégalais et vouloir y remédier ?
Si le fait politique intervenait dans notre PIB, nous serions au niveau des plus grandes puissances économiques du monde. A lire nos quotidiens, à écouter nos radios, à regarder nos chaînes de télé, l’impression nous est donnée que rien n’intéresse plus les sénégalais que la politique, et le ballet virevoltant de ses hommes.
Pas un débat, pas une couverture de journal sur les hôpitaux dangereux, sur nos écoles à produire des cancres, sur notre environnement insalubre, sur notre jeunesse désespérée… Mais chaque jour nous renseigne sur tous les actes que posent nos hommes politiques. Ils marient leurs filles, on le sait, ils ont un accident de voiture bénin, on le sait, ils changent de casaque, on le sait, ils insultent un concurrent, et hop, ils enflamment les grand-places. Le spectacle qu’ils nous offrent à l’Assemblée nationale nous afflige, nous le commentons avec dépit, mais nous devrions comprendre que tous ces hommes politiques, dont la plupart n’ont réussi à aucun autre concours qu’à celui de circonstances, sont souvent constitutifs de ce que l’on appelle la « galaxie Wade ». Ils en ont étés les fidèles les plus zélés, puis les contempteurs les plus vifs, et cela ne les gêne pas le moins du monde d’aller lui rendre visite chez lui, comme pour en faire le maître du jeu. Les entend-on, ces hommes au sortir de leurs génuflexions devant l’homme qui les a faits de toutes pièces, se plaindre des problèmes qui assaillent les sénégalais et vouloir y remédier ? Non, pas une seule seconde. Ils nous parlent d’alliances, de refus de troisième mandat de celui qui faisait partie du sérail et qui s’en est affranchi, en fait ils nous causent tous de la perpétuation de leur espèce, et des conditions de leur survie politique.
Et qui de mieux pour orchestrer ce ballet que Abdoulaye Wade qui toute sa vie n’aura su faire que de la politique, en en faisant un combat.
Le souci pour ces hommes qui ont squatté notre espace démocratique, c’est que le spectacle de leurs indécentes farandoles politiques, n’irrite même plus les sénégalais. Ils sont passés de la colère au dépit. C’est plus grave et souvent plus éruptif, comme ce qui s’est passé à Mbour et qui est injustifiable, indéfendable, mais qui a le goût de l’éruption. Les tremblements d’hommes, sont parfois plus dévastateurs que les tremblements de terre. A bon entendeur… Un peu de décence…