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2 décembre 2024
Développement
par Makhtar Diouf
SONKO 54%, MACKY 35%
EXCLUSIF SENEPLUS - Le précédent régime a été une série de turpitudes qui dépassent l’entendement. Le Sénégal donnait l’impression d’un pays en guerre. Il faut louer l’avion présidentiel à une compagnie aérienne
Sénégal outragé, Sénégal brisé, Sénégal martyrisé, mais Sénégal libéré, libéré par son peuple. Certains auront reconnu que j’ai pastiché le général de Gaulle, lorsque le 25 août 1944, il entre dans Paris qui avait été occupé par les nazis entre 1940 et 1944.
Ces affreux qui ont fossoyé le Sénégal
J’ai remplacé Paris par Sénégal. Effectivement, ce qui s’est passé dans le pays avec l’élection présidentielle du 24 mars 2024 a été ressenti comme une délivrance. Paris n’a été occupé que pendant 4 ans. Le Sénégal a été occupé plus de 60 ans par une clique d’affreux affairistes, constituée par deux partis politiques : le PS avec ses démembrements AFP et URD, le PDS avec ses démembrements Rewmi et APR, avec la collaboration d’une gauche caviar opportuniste ‘’s’accroche à tout’’, discours à gauche, compte bancaire à droite. Pour devenir subitement riche sur le dos des populations sans avoir à faire œuvre de ses dix doigts, il fallait être membre ou allié des deux frères siamois PS et PDS avec leurs démembrements et alliés.
Avec ‘’l’expérience’’ dont ils se prévalent, le Sénégal est devenu un des pays les plus pauvres d’Afrique, détenant le record de jeunes désespérés fuyant vers l’Europe dans des embarcations de fortune. A-t-on dressé le bilan du nombre de jeunes ayant perdu la vie dans ces aventures sur ces 25 dernières années ?
Président-dieu sanctionné par ses sujets
A cela s’ajoute le bilan macabre du régime du dernier des mohicans de cette calamité, Macky Sall, qui a signé la phase la plus horrible de l’histoire politique du Sénégal. Lui, se prenait pour un dieu. Du haut de son arrogance et de son impolitesse, il déclare aux Sénégalais ‘’Si voulez quelque chose de moi, demandez-le avec politesse’’. Lorsque des Sénégalais réclament des droits que leur confère la Constitution, il leur demande de l’implorer. Il n’y a qu’à Dieu(swt) qu’est dévolue l’imploration. Dieu(swt) n’a aucune obligation envers ses créatures qui n’ayant aucun droit sur lui, n’ont recours qu’à l’imploration. Et Macky demande qu’on l’implore.
Comme il se doit, les Sénégalais, avec la grâce de Dieu (swt) l’ont sanctionné. A la publication officielle des résultats, les journaux auraient dû mettre à la une : Sonko 54,25 pour cent, Macky 35,79 pour cent, car la véritable confrontation était entre ces deux, cette fois à armes égales, sans interventions partisanes de magistrats et de forces de répression.
Des couacs au niveau des institutions
L’euphorie de la déroute de Macky a fait masquer quelques couacs.
Pourquoi les autorités en charge des élections ont-elles laissé des bulletins de vote de deux candidats qui se sont désistés en faveur de Diomaye Faye ? Celui-ci aurait dû bénéficier des près de 20 000 voix qui ont été attribuées à ces deux candidats qui se sont désistés. Ce qui aurait un peu creusé l’écart, mais ce qui aurait posé problème si le scrutin avait été serré.
Un autre couac : lors de l’investiture de Diomaye Faye, le président du Conseil constitutionnel (CC), dans son hommage à Macky Sall émet un mot qui n’est pas un lapsus : ‘’Le président Macky Sall a volontairement renoncé à une troisième candidature’’. Que devient alors la Constitution qui refuse toute troisième candidature ? Ce CC qui avait fermé à Sonko la porte de l’Assemblée nationale puis celle de la présidence aurait-il refusé à Macky Sall de se représenter ? Ce dernier avait eu la prudence de ne pas faire un forcing comme l’avait fait Wade en 2012 avec la complicité du CC de l’époque. Il avait été battu au second tour, mais Macky lui, aurait été éliminé dès le premier tour. Il ne pouvait pas l’ignorer par ses sondages qui ont été confirmés le dimanche 24 mars.
Ce dimanche 24 mars 2024
Cela dit, cette élection a été un véritable révélateur du panorama politique du Sénégal. Des politiciens autoproclamés poids lourds avec la complicité des médiats n’étaient en fait que des poids - plumes. Si le fils Wade s’était présenté, il aurait figuré en bonne place dans le camp de ces naufragés du dimanche 24 mars 2024.
Cette élection a aussi sonné le glas de quatre gaillards facilement identifiables, qui sans être dans le gouvernement APR ont voué à Ousmane Sonko une haine viscérale mue uniquement par la jalousie. Le psychologue Raymond Saint-Laurent avait vu juste : la jalousie est le meilleur hommage que la médiocrité puisse rendre au talent.
L’un d’entre eux fait maintenant les yeux doux au nouveau pouvoir, les autres sont devenus sans voix.
L’histoire se répète souvent dans des contrées différentes et en des périodes différentes. Ce dimanche 24 mars 2024 au Sénégal n’est pas sans rappeler le 14 juillet 1789 en France avec la prise de la Bastille qui libère les prisonniers politiques et annonce la fin de l’ancien régime, pour devenir la fête nationale.
L’examen psychopathologique qui s’impose
Quant à Macky Sall, nos psychologues devraient se pencher sur son cas psychopathologique. Mon diagnostic de profane est que le bonhomme est un grand faible, qui pour compenser cette faiblesse a arboré un égo surdimensionné qui l’a poussé à un autoritarisme effréné, à jouer au dur, tout en étant méchant, jusqu’’à se prendre pour un dieu envers les Sénégalais. C’est cette faiblesse qui explique aussi son allégeance à la France, jusqu’à la vassalisation à son président.
Comment comprendre les dernières mesures auxquelles procède Macky Sall, se livrant juste au moment de partir, à son sport favori, la violation de tout ce qui relève de l’institutionnel ? C’est comme le mouton qui égorgé ne bouge plus à l’instant, pour quelques minutes après, s’agiter dans des soubresauts avant de sombrer définitivement. C’est la dernière sortie du vaincu, son baroud d’honneur, pour faire croire qu’il est quelqu’un.
L’impérieuse reddition de comptes
Ceci étant, la réconciliation nationale dont on a parlé ne saurait signifier absence de reddition de comptes. Comme cela se fait dans tous les pays où des évènements tragiques ont été perpétrés par des personnes bien identifiées.
En Europe, après la seconde guerre mondiale et la défaite militaire allemande, s’est tenu en novembre 1945 sur une année le procès de Nurenberg en Allemagne. Des hommes politiques du régime nazi, des militaires sont jugés, certains condamnés à mort, d’autres emprisonnés ou acquittés.
En France, en 1917, avant la fin de la première guerre mondiale, des femmes convaincues d’espionnage pour les Allemands avaient été fusillées. La plus célèbre est la tumultueuse danseuse Mata-Hari.
A la libération en 1944 après la seconde guerre mondiale, des femmes peu vertueuses qui sous l’occupation ont eu avec des soldats allemands des ‘’rapports à l’horizontale’’, ou des rapports d’espionnage, de dénonciation de leurs compatriotes ont été soit tondues en public, soit fusillées. Les femmes de la résistance ont eu elles des honneurs mérités.
Le Sénégal, après les drames vécus par de nombreuses familles ne saurait faire exception. Les casseurs doivent être les payeurs. Chasse aux sorcières ? Pourquoi pas, si des sorcières ont été des assassins et des voleurs ? Il ne s’agit pas de vengeance mais de justice. Il n’existe aucun pays au monde où des criminels identifiés sont laissés en liberté. Au Sénégal il n’est pas question de les pendre, encore qu’ils le méritent, mais qu’ils soient au moins jugés et rendent compte.
Le régime de Macky Sall a été une série de turpitudes qui dépassent l’entendement. Un escadron d’assassins tirant à balles réelles sur tout ce qui bouge devant eux, de tortionnaires des manifestants qui ont échappé aux balles. Toutes les conventions internationales sur la guerre (Conventions de Genève, Croix rouge …) interdisent de tirer sur des ennemis désarmés, de torturer des prisonniers de guerre. Ce qui été fait ici sur de jeunes militants ne faisant que manifester pacifiquement, un droit que leur confère la Constitution. Le Sénégal donnait l’impression d’un pays en guerre.
Figure aussi dans cette bonne compagnie le gang de délinquants financiers dont Macky été à la fois coach et capitaine d’équipe. Si un honnête citoyen dénonce l’un d’entre eux, un juge du président le condamne à payer des dommages – intérêts au malfrat qui doit les ajouter à son butin. Inédit dans l’histoire. Même la bande à Al Capone à Chicago dans les années 1930-40 ne se comportait pas ainsi. Ils étaient des voyous, mais avec une certaine classe.
Un honnête opposant politique est accusé de viol sans commencement de preuve par une fille manipulée, qu’aucun de ses défenseurs n’aurait voulu avoir comme sa propre fille, pendant qu’un membre du parti au pouvoir confondu la main dans le sac, violeur patenté sur une gamine de 17 ans, après une brève incarcération circule en toute liberté.
Des magistrats complices de ces turpitudes doivent être radiés de la fonction publique. Au lieu de ne dire que le Droit, ils ont dit la politique en part pris, faisant outrage à la magistrature. Ils sont indignes de rester dans cette noble fonction. Ils n’auront plus qu’à se recycler comme avocats pour défendre les délinquants financiers du défunt régime. Une admirable compagnie en perspective !
Les institutions du pays marchaient sur la tête, les populations ont exigé de les remette sur leurs pieds.
Ces bonnes âmes qui au nom de l’Islam invitent au pardon pour ces criminels ont-elles été entendues une seule fois lors des années de terreur du défunt régime ? Pourtant le propos du prophète (psl) est clair :
Celui d’entre vous qui voit quelque chose d’abominable devrait le changer avec l’aide de sa main ; et s’il n’a pas assez de force pour le faire, alors il devrait le faire avec sa langue ; et s’il n’a pas assez de force pour cela, il devrait le réprouver dans son cœur ; c’est la moindre manifestation de la foi (Sahih Muslim, ‘’ le livre de la foi’’, n° 79, chapitre 21).
L’intellectuel de quelque confession qu’il soit, au nom des valeurs de raison, vérité et justice dispose d’une arme qui est sa plume pour dénoncer ce qui doit être dénoncé. Certains l’ont fait, d’autre se sont tus.
Macky Sall est le premier qui doit être traduit en justice. Tous les rapports des organes officiels de contrôle publiés jusqu’ici l’accablent. C’est lui -même qui avait déclaré y avoir mis le coude. Il est coupable de collusion avec des voleurs, de haute trahison pour non-respect de ses engagements ayant promis juré une gestion sobre et vertueuse lors de son investiture. Il doit aussi être entendu sur son immense fortune personnelle. Dans sa déclaration de biens, il avait ‘’oublié’’ ses comptes bancaires. C’est cet homme qui doit rester intouchable ? Au nom de quoi ?
Le duo Diomaye – Sonko. Quel péril ?
Ceci étant, le duo Diomaye - Sonko ne peut pas être comparé avec le duo Senghor – Mamadou Dia de 1960.
Ces derniers n’avaient pas la même éducation familiale, le même parcours intellectuel, la même attitude à l’égard du colonisateur. Sonko et Diomaye ont tout cela en commun.
En plus, ils disposent d’un projet qui découle en partie du livre Solutions (2018) de Sonko, esquisse de programme de développement économique et social. Je le soutiens d’autant plus qu’il est en phase avec mon dernier ouvrage Afrique, voies de développement (Neas, Dakar 2023).
Une des premières mesures d’économie d’argent du nouveau régime devrait être la location de l’avion présidentiel à une compagnie aérienne. En 1982, au siège de la compagnie ‘’Air Afrique’’ à Abidjan, lors d’une visite de travail, le directeur commercial m’avait dit qu’ils avaient demandé à Abdou Diouf de prendre en location l’avion de commandement, quitte à le lui rétablir lorsqu’il doit voyager. Abdou Diouf avait refusé.
Les déplacements de cet avion coûtent extrêmement cher en carburant. L’actuel avion Airbus 320 consomme en moyenne 3 000 litres de kérosène par heure de vol, soit près de 2 millions de francs cfa l’heure, sans compter le décollage qui consomme 10 pour cent du stock de carburant.
Diomaye Faye n’est certainement pas candidat à ces pérégrinations en palais volant de ses prédécesseurs à longueur d’année. Cet avion qui nous a coûté plus de 57 milliards francs cfa à l’achat devrait enfin rapporter pour ne pas être ce que les économistes appellent éléphant blanc.
À suivre…
LE MANQUE DE FONDS MENACE LA BIENNALE DE DAKAR
À trois semaines de son ouverture, la prestigieuse manifestation artistique se trouve dans une situation financière critique. La faute à l'État sénégalais, principal bailleur de fonds, qui n'a versé qu'une partie des subventions attendues
(SenePlus) - La 15ème édition de la Biennale de l'art africain contemporain, grand rendez-vous artistique se tenant tous les deux ans à Dakar, risque d'être reportée en raison de problèmes de financement, selon les informations relayées ces derniers jours.
D'après des sources proches du comité d'organisation citées par RFI, "des insuffisances logistiques" et "une grande inquiétude" quant à l'arrivée des œuvres à temps pour l'ouverture prévue le 16 mai ont été exprimées. Le budget de 1,5 milliard de francs CFA (environ 2 millions d'euros) prévu par l'État sénégalais ne serait versé qu'à hauteur d'un tiers, ce qui compromettrait le bon déroulement de l'événement.
"Sans ce budget, il est impossible de payer le transport des œuvres d'artistes africains qui viennent du monde entier, d'éditer un catalogue ou encore de loger la soixantaine d'artistes", a déclaré un membre du comité d'organisation sous couvert d'anonymat à RFI. À seulement 22 jours de l'ouverture, même en cas de déblocage tardif des fonds, les délais seraient intenables pour assurer l'arrivée à temps des œuvres, notamment celles transportées par bateau.
Face à ce contexte financier incertain, certains plaident donc pour un report de la Biennale à novembre prochain. Cette option sera discutée lors d'une réunion prévue ce mardi 23 avril. La nouvelle ministre de la Culture du Sénégal, Khady Diène Gaye, devra trancher sur le maintien ou non de l'événement aux dates initialement prévues, alors qu'elle hérite des dettes laissées par le précédent gouvernement.
Créée en 1992, la Biennale de Dakar n'a été reportée qu'une seule fois jusqu'ici, en raison de la pandémie de Covid-19. Ce potentiel report constituerait donc un coup dur pour cet événement majeur de l'art africain contemporain, entièrement financé par l'État du Sénégal.
LA CONDAMNATION DU BLOGUEUR DJIBRIL AGI SYLLA FAIT DÉBAT
Condamné au Sénégal à une amende de 50.000 CFA pour un séjour jugé irrégulier, l'activiste crie au déni de justice. Réfugié politique selon sa défense, il fuirait les persécutions de la junte au pouvoir dans son pays
(SenePlus) - Au Sénégal, le tribunal de grande instance de Dakar a condamné le 16 novembre le blogueur guinéen Djibril Agi Sylla à une amende de 50.000 francs CFA pour séjour irrégulier, selon les informations rapportées par RFI. Cette décision fait l'objet de vives critiques de la part de l'avocat du condamné, Maître Amadou Aly Kane.
Selon ce dernier, joint par la journaliste Emma Larbi, "il n'existe pas un texte sénégalais qui permette de le condamner pour séjour irrégulier, parce que c'est un ressortissant de la Cédéao, il est dans l'espace communautaire, il est un réfugié politique – quelqu'un qui fuit la persécution dans son pays." En effet, Djibril Agi Sylla est connu pour ses positions critiques envers la junte militaire au pouvoir en Guinée depuis septembre 2021.
Son avocat estime donc que "Le principe, c’est qu’on ne peut pas refouler quelqu'un dans un pays où il fuit la persécution, où il court donc en danger pour sa vie. En violant des textes communautaires, en violant des textes du droit international des droits de l'Homme, le Sénégal s'expose à être poursuivi devant les cours des droits de l'Homme, notamment la cour de la Cédéao."
Maître Amadou Aly Kane dénonce une décision de justice non-conforme aux textes de la CEDEAO et appelle à "une décision de principe qui puisse affirmer avec force qu’un ressortissant de la Cédéao ne peut pas être en séjour irrégulier dans l'espace communautaire."
Cette condamnation du blogueur guinéen, réfugié politique selon la défense, soulève donc des questions sur le respect du droit communautaire et des droits de l'homme au Sénégal.
L'HORREUR DU GARSI À BIGNONA
Tortures, bastonnades, tirs à balles réelles : les témoignages accablants se multiplient sur les exactions de ces hommes en treillis vert foncé. Morts et blessés émaillent le passage de cette unité controversée, pourtant financée par l'Union européenne
(SenePlus) - En avril 2023, une marche pacifique de jeunes du parti Pastef à Bignona pour protester contre les morts lors de manifestations politiques a viré au drame. Selon une enquête du site d'information La Maison des Reporters, des éléments du GARSI (Groupe d'Action Rapide – Surveillance et Intervention au Sahel), une unité de la gendarmerie nationale sénégalaise créée en 2018 avec un financement européen de 4,7 milliards FCFA, sont intervenus avec une extrême violence.
Ibrahima Coly, coordonnateur à Bignona de la Jeunesse patriotique du Sénégal (JPS), relate avoir été violemment interpellé et torturé pendant de longues heures. "On te tuera comme un chat et rien n'arrivera", l'aurait menacé un gendarme avant qu'il ne subisse coups de crosse, coups de pied et injures. "Ils m'ont tellement frappé que je ne ressentais plus la douleur", témoigne Ibrahima, convaincu d'avoir frôlé la mort.
Parmi ses bourreaux, le jeune homme a reconnu le commandant Diop mais surtout "le supérieur des éléments du GARSI, un certain Capitaine Ba". "C'est lui qui a ouvert le bal en personne. Il a commencé à me frapper dès que je suis arrivé à la brigade, avant de passer le relais au Commandant Diop", affirme Ibrahima Coly. Selon lui, les deux hommes ont fait usage de "barres de fer". La Maison des Reporters a pu identifier formellement le Capitaine Serigne Maka Ba grâce à un publi-reportage de l'Union européenne où il explique la formation de l'unité qu'il commande, dédiée à la lutte contre la criminalité transfrontalière et soutenue par la gendarmerie française, la Guardia civil espagnole, la Carabinieri italienne et la Garde nationale portugaise.
À Bignona, qui figure parmi les localités ayant enregistré le plus de victimes de la répression ces dernières années avec six morts entre 2021 et 2024, la présence du GARSI est synonyme de violences exacerbées selon de nombreux témoins. Un journaliste local, Joseph Tendeng, affirme que ces forces ont "fait beaucoup usage de leurs armes" lors d'émeutes, faisant état de leur apparente "inexpérience en maintien de l'ordre".
Le 1er août 2023, lors de manifestations contre l'arrestation d'Ousmane Sonko, Joseph Tendeng a été blessé par balle par un élément du GARSI. "Le gendarme qui m'a tiré dessus était à moins de 50 mètres", se rappelle-t-il. Un autre témoin, P.L.D., décrit des scènes similaires, évoquant des tirs à balles réelles par des hommes en cagoule appartenant au GARSI.
Un ancien militaire a également été témoin oculaire de la mort par balle en mars 2023 de Mamadou Korka Ba, un élève de 22 ans. "Il n'y a que les éléments du GARSI qui font usage de leurs armes à feu lors des manifestations", dénonce Joseph Tendeng.
Suite à l'enquête d'Al Jazeera et de la Fondation porCausa, la Commission LIBE du Parlement européen a demandé en mars 2024 l'ouverture d'une enquête sur le possible dévoiement du financement européen de cette unité controversée.
Une demande de réaction a été adressée le 28 mars 2024 au Général Moussa Fall, haut commandant de la Gendarmerie sénégalaise, par La Maison des Reporters.
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LE SÉNÉGAL, CETTE TERRE LIVRÉE AU PILLAGE
Des villes aux campagnes, un même constat s'impose : la terre est devenue la proie convoitée des appétits spéculatifs et capitalistes. Hugues-Alexandre Castanou, Aby Sène, et Bakary Faty dressent un tableau saisissant de la spoliation foncière au pays
Dans un nouveau volet de sa série sur les défis du Sénégal contemporain, le chercheur en histoire Florian Bobin reçoit trois invités pour analyser la question brûlante de l'accompagnement des terres au Sénégal. Hugues-Alexandre Castanou, ingénieur civil spécialiste du développement urbain, Aby Sène, chercheuse en conservation de la nature, et Bakary Faty, hydrologue et militant, dressent un tableau saisissant des multiples formes de spoliation foncière qui gangrenent le pays.
Des villes aux campagnes, un même constat s'impose : la terre est devenue la proie convoitée des appétits spéculatifs et capitalistes, au détriment des populations locales. Dans les grands centres urbains comme Dakar, un « boom immobilier » profite à une véritable nouvelle bourgeoisie prédatrice, de connivence avec un État kleptocrate. À coups de décrets controversés, on dépossède allègrement les villages de leurs terres ancestrales pour y bétonner des résidences de luxe.
Dans les communes rurales, ce sont des maires véreux qui morcellent illégalement les territoires pour des lotissements contraires aux intérêts de leurs administrées. À Madina Wandifa, raconte Bakary Faty, le maire a ainsi loti 235 hectares en 10 ans, provoquant l'ire et l'emprisonnement d'opposants courageux.
Mais c'est peut-être dans les aires protégées que la rapine atteint son paroxysme. Sous couvert de conservation de la nature, on chasse brutalement les populations autochtones de leurs terroirs, comme à Djoudj en 1971. Ces terres sont ensuite livrées au pillage des industries extractives et de l'agro-industrie, au mépris de la biodiversité qu'elles étaient censées préserver.
Face à cette curée généralisée, une résistance citoyenne se structure, à laquelle participe des mouvements comme le FRAPP. Mais elle se heurte à une répression féroce de la part d'un pouvoir qui protège avant tout les intérêts de ses alliés prédateurs. Une lutte inégale, mais vitale pour l'avenir d'un Sénégal qui se dévore lui-même.
MALGRÉ LA LOI, DAKAR NOYÉE DANS LE PLASTIQUE
Malgré les efforts des autorités, c'est un véritable cauchemar auquel doit faire face la capitale au quotidien. Pire, cette crise prend désormais une ampleur sanitaire alarmante
(SenePlus) - À Dakar, la problématique des déchets plastiques persiste, malgré les efforts entrepris par les autorités, comme le rapporte un reportage de la radio RFI. Dans la capitale comme dans les zones rurales du pays, les impacts de la surconsommation de plastiques à usage unique sont omniprésents.
Lors d'une opération de nettoyage dans la commune de Fann-Point E-Amitié, les employés municipaux et les citoyens volontaires ont pu constater l'ampleur du problème. "C'est dégueulasse, ce n’est pas hygiénique", se désole une employée citée par RFI, face aux énormes quantités de déchets plastiques accumulés, parmi lesquels "des bouteilles d'huile qui viennent certainement des mécaniciens" et "des sachets en plastique d’eau".
Pour Amadou Mbengue, responsable communal de la société nationale de gestion des déchets Sonaged, "Même en boutique pour acheter pour 25 francs de sucre, c’est [distribué] dans un sachet plastique. On est en train de surproduire des déchets plastique", s'alarme-t-il. Pourtant, le Sénégal a bien adopté en 2020 une loi interdisant tous les plastiques à usage unique, mais celle-ci reste lettre morte, selon M. Mbengue, qui souligne qu'« La sanction manque dans ce pays. La sanction pécuniaire ».
Outre les impacts environnementaux, les déchets plastiques posent aussi un problème sanitaire majeur, comme l'explique le professeur Adams Tidjani, spécialiste des microplastiques à l’institut des métiers de l’environnement et de la métrologie. "Quand il se dégrade, la chaîne du polymère, du plastique donc, devient des microplastiques. Et donc ce microplastique, à ce moment, peut être ingéré par les animaux, les animaux errants, comme dans la mer par les poissons", indique-t-il. "Donc, depuis quelque temps, on s'est rendu compte que dans nos assiettes, on retrouvait du microplastique. On ne sait pas quelles seront les conséquences de ce microplastique pour notre santé.»
Bien que balbutiant, le professeur Tidjani croit en l'importance de développer le recyclage au Sénégal. "Je suis convaincu qu’on peut faire beaucoup de choses. Mais ce ne serait possible que lorsque vous avez un "back-up", un laboratoire de recherche, parce qu'il faut faire des tests", explique ce spécialiste, qui voit dans le recyclage des pistes prometteuses, comme « les clôtures de village [...] ou des bouées dans les mers ». Pourtant, selon le ministère de l’Urbanisme, à peine 30 000 tonnes sur les 250 000 tonnes de plastiques jetées chaque année au Sénégal sont actuellement recyclées, démontrant l'ampleur du défi qui attend le pays.
En définitive, comme le souligne ce reportage de RFI, le fléau des déchets plastiques perdure à Dakar et dans le reste du Sénégal, malgré les efforts et la loi adoptée, appelant à renforcer les actions pour mettre un terme à cette crise environnementale et sanitaire majeure.
PAR Tierno Monénembo
DIOMAYE, AU BÉNÉFICE DU DOUTE
Le Sénégal nous offre une occasion en or. C'est à ses institutions de faire en sorte que ces doux agneaux dont nous applaudissons aujourd'hui la victoire ne deviennent pas des bourreaux, et que, cette fois-ci, le rêve africain ne vire pas au cauchemar
La présidentielle que vient de vivre le Sénégal n'est pas une simple élection. C'est un profond bouleversement, une révolution tranquille qui abat bien de vieilles choses et ouvre des perspectives toutes nouvelles. Car l'alternance au pouvoir ne se réduit pas à un simple changement de binette. Il s'agit d'un phénomène radical qui touche le cœur même de la société : une alternance de classe doublée d'une alternance de génération.
Tout est nouveau. La jeunesse a fait irruption dans les sphères de l'État. La petite bourgeoisie coloniale n'a plus le monopole du pouvoir. Les petits Prométhée des quartiers populaires ont arraché le feu des mains des dieux. Un air de « lutte finale » flotte en ce moment dans les rues de Dakar. C'est déjà une rupture, on verra bien par la suite, celle qu'on nous promet.
Personne n'a le droit de priver les Sénégalais de l'enthousiasme qui est le leur aujourd'hui. Pour rien au monde, ils ne doivent bouder leur plaisir. Ils ont déclenché un mouvement historique, un mouvement ample qui impacte sinon l'ensemble du continent, du moins une bonne partie de la région. À juste titre, la jeunesse africaine a les yeux tournés vers Diomaye et Sonko. Nous n'irons pas jusqu'à dire que les nouveaux dirigeants sénégalais n'ont pas droit à l'erreur, mais il est clair que leur responsabilité est lourde, que leur tâche ne sera pas de tout repos. La demande est immense, aussi bien en essor économique qu'en éthique politique. Il leur faudra beaucoup de courage, beaucoup de lucidité, beaucoup de force intérieure pour ne pas faillir entre les demandes à satisfaire, les défis à relever et les pièges à éviter.
Nous disons bien piège, car l'enthousiasme qui nous gagne ne nous protège pas de toute appréhension. Les hommes arrivés au pouvoir sur le dos du peuple sont légitimes et, ne serait-ce que pour cela justement, difficiles à gérer. Si l'on n'y prend pas garde, ces héros deviennent vite des tyrans. Ils confondent facilement plébiscite et pouvoir absolu. Si la démocratie a tant de mal à avancer dans nos contrées, c'est certainement parce que nous n'avons pas encore tiré la leçon Sékou Touré et Papa Doc, les deux tyrans qui suscitent les sentiments les plus violents, les plus contradictoires dans le monde noir : légitimes, tous les deux, parce que brillamment élus, tous les deux, ils ont fini par croire qu'ils avaient droit de vie et de mort sur leurs concitoyens.
Plus que jamais, les institutions sénégalaises doivent fonctionner. Plus que jamais, l'opposition, la société civile et les forces religieuses doivent veiller au grain. C'est à elles de faire en sorte que ces doux agneaux dont nous applaudissons aujourd'hui la victoire ne deviennent pas des bourreaux, et que, cette fois-ci, le rêve africain ne vire pas au cauchemar.
Ne gâchons pas la fête, Africains ! Ce n'est pas le moment de nous taper deux nouveaux Sékou Touré pour le prix d'un. Le Sénégal nous offre une occasion en or. Si nous la ratons, c'en serait fini de l'idéal africain. Nos intellectuels ont tendance, dans les moments les plus historiques, à renoncer à leur esprit critique, à céder au jeu facile de la démagogie et de l'autosatisfaction. Ils ont besoin de héros, les pauvres : des héros au moindre coût, des héros sans se fouler la cheville. Disons-nous, enfin, la vérité, nos tyrans ne tombent pas du ciel, ce sont nos élites qui les fabriquent.
Alors, Diomaye oui, mais au bénéfice du doute !
Tierno Monénembo est Grand prix littéraire d'Afrique noire, ex aequo pour Les Écailles du ciel (1986) ; prix Renaudot pour Le Roi de Kahel (2008) ; prix Erckmann-Chatrian et grand prix du Roman métis pour Le Terroriste noir (2012) ; grand prix Palatine et prix Ahmadou-Kourouma pour Le Terroriste noir (2013) ; grand prix de la francophonie pour l'ensemble de son œuvre (2017).
DIOMAYE VEUT RÉFORMER L'OFNAC
Quatre ans après son départ conflictuel de la tête de l'Organe anticorruption, Nafy Ngom Keïta pourrait faire son retour. Reçue par le président, ce dernier lui a proposé de piloter la réforme qu'il souhaite mener au sein de l'institution
Le président Bassirou Diomaye Faye, qui s’est entretenu avec Mme Nafy Ngom Keïta, lui a proposé de travailler sur une nouvelle réforme de l’Ofnac et aussi d’en prendre éventuellement la présidence. Alors que l’institution a été réformée au mois de janvier dernier avec des pouvoirs élargis comme le placement en garde à vue d’une personne mise en cause ou la médiation pénale.
Le Président Diomaye Faye a reçu Mme Nafy Ngom Keïta. Ancienne présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), l’ancienne Inspectrice générale d’Etat pourrait reprendre service sur demande du Président Faye. Le Quotidien a appris qu’il lui a demandé, lors de cette audience, de travailler sur la réforme de l’institution dirigée aujourd’hui par l’ancien procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye. BDF lui a aussi proposé en même temps la présidence de l’Ofnac dont elle a été la première dirigeante. A la création de la structure, Macky Sall lui avait confié les rênes… avant que les relations entre les deux ne finissent en conflits ouverts.
Si la loi n°2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l’Ofnac stipulait que le mandat du président, du vice-président et des autres membres, nommés par décret, sont d’une période de trois (3) ans renouvelables une fois, le Président Sall n’avait pas voulu lui confier un deuxième mandat. Il avait remplacé, en juillet 2016, l’ancienne Vérificatrice générale d’Etat par la magistrate Seynabou Ndiaye Diakhaté. Si l’ancien Président soutenait que le mandat de Mme Ngom «est arrivé à terme», elle prétendait le contraire. Elle avait saisi la Cour suprême «en vue de l’annulation du décret mettant illégalement un terme au mandat de la présidente de l’Ofnac».
Pour l’instant, on ne connaît pas sa réponse, mais ce serait une revanche pour l’ancienne Inspectrice générale d’Etat si elle décidait de revenir. En même temps, on ne connaît pas les contours de la future réforme souhaitée par le Président Bassirou Diomaye Faye. Alors que l’institution a été relookée, il y a à peine 4 mois. Car l’Assemblée nationale a adopté, en janvier dernier, la loi n°22/2023 modifiant la loi n°2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l’Office national de la lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) et le projet de loi n°23/2023 modifiant la loi n°2014-17 du 2 avril 2014 relative à la déclaration de patrimoine, après que l’Etat a fait le constat de la nécessité d’accroître ses pouvoirs d’anticipation, de médiation, de formation et de lutte contre la corruption.
Ce qui a donné des pouvoirs élargis à l’Ofnac dont la dernière réforme touche 4 domaines précis : le renforcement des pouvoirs d’investigation de l’office par la possibilité de prendre des mesures de garde à vue, le délai de prescription de l’action publique, l’enrichissement illicite et le mandat des membres. Par rapport à ses nouvelles prérogatives, le président de l’Ofnac peut, à la suite de l’enquête, si une ou plusieurs personnes ont été arrêtées, transmettre directement le dossier au procureur de la République financier ou à toute autre autorité compétente, ou procéder à un classement sans suite. Les personnes arrêtées peuvent en même temps être déférées.
La même réforme a aussi élargi le champ d’assujettissement à un certain nombre d’agents publics occupant de hautes fonctions, qu’ils soient gestionnaires de deniers publics ou non. Toutefois, il précise que les dispositions de la présente loi ne s’appliquent pas au président de la République dont le régime de déclaration de patrimoine est prévu par l’article 37 de la Constitution. Il en est ainsi des magistrats de la Cour des comptes, qui déclarent leur patrimoine dans les conditions prévues par la loi organique portant statut des magistrats de la Cour des comptes.
Il faut ajouter que la dernière modification de la loi concerne le mandat des membres de l’Ofnac. Ils sont nommés par décret pour un mandat de 5 ans renouvelable une fois. En plus, il ne peut être mis fin, avant leur terme, aux fonctions du président de l’Ofnac qu’en cas de décès, d’empêchement, de démission ou de faute lourde. «L’empêchement du président de l’Ofnac est constaté par un vote à l’unanimité des membres sur le rapport du vice-président», lit-on dans le Journal officiel. Que cacherait cette réforme voulue par les nouvelles autorités ? Elle pourrait faciliter le changement de président de la structure. Le Quotidien n’a pas réussi à joindre Mme Ngom.
Par Mohamed GASSAMA
SÉNÉGAL : DE LA NÉCESSITÉ DE CHANGER NOS MENTALITÉS ET D’ÉLEVER LE NIVEAU DU DÉBAT
Le changement systémique ne pourrait se réaliser sans un changement profond de nos habitudes individuelles et collectives
En élisant Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye comme cinquième Président de la République du Sénégal, dès le premier tour et avec brio, les Sénégalais ont indubitablement fait preuve d’une mentalité de gagnant. En effet, dans leur écrasante majorité, hommes et femmes, de tous ordres, d’ici comme d’ailleurs, ont su faire face à la terreur, à la brutalité et aux affres d’un «parti-État». Ils n’ont jamais reculé parce que le monstre traquait et persécutait. Mieux, ils n’ont jamais abdiqué parce que le sacrifice avait été trop grand. De ce fait, l’immense faculté, fondée sur la résilience et la résistance, aura permis de recouvrer nos fondamentaux et de ressaisir notre destin. Que le peuple sénégalais en soit très vivement félicité !
En retour, le nouveau Gouvernement devrait avoir beaucoup d’empathie et surtout s’atteler à satisfaire les besoins des populations. Cela dit, devrions-nous, à présent, tirer les rideaux et abandonner la partie ? À cette question majeure, il paraît clair que nous serions unanimes à répondre par la négative. L’élection de S.E.M. Bassirou Diomaye Faye à la tête de la magistrature suprême est certes une étape cruciale mais il ne saurait consacrer la fin de l’histoire. En effet, la suite logique commande, pour chacun et chacune de nous, de faire une introspection et d’être honnête avec soi-même.
Cet exercice devrait nous amener à retenir que le changement systémique ne pourrait se réaliser sans un changement profond de nos habitudes individuelles et collectives. D’où, la nécessité d’adapter notre état d’esprit à la nouvelle époque qui s’est ouverte sachant que nous ne pouvons demeurer statiques et figés alors que le pays bouge. Refusons l’immobilisme ! À notre humble avis, cela passe forcément par une implication personnelle dans la dynamique de transformation du pays. Grosso modo, il s’agit désormais, d’ériger le respect de la Loi et du bien commun en sacerdoce mais aussi de hisser le patriotisme, la responsabilité et le culte du travail bien fait au firmament des principes premiers. Dorénavant, il va falloir gagner son pain à la sueur de son front car le temps de «l’argent facile» est terminé. Le Sénégal est à l’heure de la rupture. Ce ne sera pas facile, toutefois, il faut croire en nos capacités et surtout accepter de souffrir si nous voulons atteindre nos objectifs. À ce titre, la trajectoire du Chef de l’État et de son premier ministre, Monsieur Ousmane Sonko, constitue une parfaite illustration. En revanche, leur accession à la tête du Sénégal ne semble pas faire que des heureux et affolerait même certains que nous considérons tout simplement comme «des figurants ou encombrants de la scène politique» dont l’unique palmarès se résumerait au nombre d’auto-invitations sur les chaînes de télévision.
Depuis quelques jours, à l’image de «snipes», des désenchantés et autres parleurs sans limite restent à l’affût des moindres détails du Gouvernement en ne s’intéressant qu’aux faux problèmes. Pire, ils osent déclarer, urbi et orbi, que c’est pour «rendre la vie difficile» aux nouvelles Autorités. Mon œil ! S’ils étaient qualifiés pour la ligue des champions politiques, ils ne seraient pas dans les gradins en train de jaser. Bref, il faut qu’on arrive à élever le niveau du débat politique au lieu de s’attarder sur des broutilles qui ne font que nous divertir. Sous ce rapport, nous attendons avec impatience l’émergence d’une vraie nouvelle opposition, qui, plutôt que de squatter les plateaux et les réseaux sociaux, va affronter le nouveau Pouvoir sur le terrain vertueux du choc des idées constructives. Nous en avons fortement besoin pour raffermir notre démocratie et continuer de jouer le rôle de pays phare en Afrique et dans le monde. QU’ALLAH FACILITE TOUT !
par Mbagnick Diop
NE TENTEZ PAS LE DIABLE, LA CASAMANCE EN A ASSEZ DES SCELERATS ET VENDEURS D’ILLUSIONS
La paix est certes indispensable pour réaliser le développement de notre pays mais elle ne saurait s’acquérir au prix d’engager des négociations avec des coupeurs de routes et trafiquants de chanvre indien sous couvert de lutte pour l’indépendance
De la Casamance, il en sera toujours question mais dans le bon sens, celui de la paix et du développement économique. La situation de guerre vécue depuis 1982 est en passe d’être apaisée, plus par l’action décisive des forces de défense et sécurité que par la volonté des scélérats rebelles à s’amender pour réintégrer le giron national. Autoproclamés indépendantistes, ces scélérats dont le combat a connu une dérive maffieuse depuis quelques années n’ont rien à voir avec leurs devanciers Sidy Badji, Léopold Sagna, Jean Marie Tendeng, Maurice Diatta etc. Lesquels étaient les fondateurs de la branche armée du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc). Ils ont fini de démontrer à la région de Casamance, au Sénégal et au monde entier leur vraie nature non seulement en se livrant à des braquages sur les routes, à des cambriolages, à des tueries sanglantes mais aussi en saccageant la nature, ces belles forêts nourricières qu’ils ont abattues démesurément pour s’enrichir.
Face à une telle attitude, il est inconcevable que l’on puisse envisager des négociations avec des hors-la-loi. La paix est certes indispensable pour réaliser le développement de notre pays mais elle ne saurait s’acquérir au prix d’engager des négociations avec des coupeurs de routes et trafiquants de chanvre indien sous couvert de lutte pour l’indépendance de la Casamance. Sur ce point, le Président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko devront rester intransigeants. D’aucuns insinuent même que les nouvelles autorités de la République seraient mal à l’aise pour parler de la Casamance. Sans doute que ce préjugé sera battu en brèche par les faits, aux plans politique et sécuritaire. Le fait que le Premier ministre Ousmane Sonko soit originaire de la Casamance ne saurait constituer un handicap pour maintenir l’option fondamentale de l’unité nationale et l’intégrité territoriale. Jamais Monsieur Ousmane Sonko n’a revendiqué un soutien à la rébellion même si d’aucuns estiment que son penchant pour une autonomie administrative de la région pourrait s’avérer glissant. Sa proximité avec le Président Bassirou Diomaye Faye ne saurait non plus les entraîner au déni d’autorité qui consisterait à remettre en question la primauté de la sécurité sur les offres de services manifestées pour une médiation avec une prétendue branche armée du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mdfc). De Gouloumbou, dans le département de Vélingara, à Diogué, situé à l’extrémité Sud du département d’Oussouye, les populations de la région naturelle de Casamance n’entendent pas renier leur appartenance à la nation sénégalaise.
L’héritage de Wally Mandiang, Ousmane Seydi, Ibou Diallo, Dembo Diatta, Assane Seck, Emile Badiane, Djibril Sarr, Jules Charles Mamadou Angrand Badiane etc. est plus que jamais vivace en Casamance où le métissage est une source d’amour et d’enrichissement culturel et non un facteur de division. Une réalité sociologique ancrée de part et d’autre du Sénégal où le Diola, le Mandingue, le Peulh firdou, le Balante, le Baïnounk, le Pépel, le Manjack, le Mancagne etc. vivent en symbiose depuis des décennies. Notre unité nationale est d’autant plus remarquable qu’elle se reflète dans nos forces de défense et sécurité qui constituent la colonne vertébrale de l’État. C’est en considération de cette réalité historique que nous condamnons toutes les dérives verbales et les bêtises politiques qui ont pu dans un passé récent heurter les populations de Casamance.
Plus jamais ça et que vive la nation sénégalaise dans l’amour, la paix et le développement.