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2 décembre 2024
Développement
Par Ibou FALL
JE SUIS MONOGAME MAIS JE ME SOIGNE
L’élection de Diomaye est une révolution, non pas seulement parce qu’il est le premier opposant à remporter une présidentielle au premier tour. Il nous confirme dans notre imaginaire collectif : la Sénégalaise n’a pas le même standing que le Sénégalais
Depuis le 2 avril 2024, la polygamie, longtemps revendiquée comme la plus farouche et indécrottable manière d’être sénégalais, frappée d’authenticité mais marginalisée en République, franchit le Rubicon.
Jusque-là, disons, avant l’ère Bassirou Diomaye Faye, elle s’arrête aux portes du Palais : de Senghor à Macky Sall, rien que des monogames, dont les heureux époux de deux Françaises, pardon, deux «Sénégalaises d’ethnie toubabe» comme le précisera Viviane Wade, histoire de confirmer sa légitimité de maîtresse de maison, douze années durant, dans le pied-à-terre de l’avenue Léopold Sédar Senghor
Au palais de la République, comme par respect pour une règle tacite, soixante-quatre ans durant, la monogamie prend ses quartiers, en faisant un bastion imprenable du tête-à-tête amoureux, une forteresse du couple, un temple de la vie amoureuse à deux, alors qu’ailleurs, sur le continent, et même au-delà, ça ne se gêne pas trop dans les palais présidentiels quant à additionner les épousailles ou entretenir des favorites à peine clandestines en multipliant les bâtards…
Le Sénégal, curieusement, ne laisse pas échapper de sordides secrets d’alcôves à ce niveau. Certes, de folles rumeurs, jamais prouvées, animent depuis la nuit des temps les ragots de conciergerie qui tiennent plutôt du fantasme collectif que les ravissantes mondaines de la jet-set inspirent aux mauvais coucheurs
Il faut de tout pour faire une République, surtout des racontars
Dans les milieux féministes, postes avancés de l’émancipation des Sénégalaises, ça bataille jusque-là contre l’informel. La polygamie existe, certes, bien avant la pénétration de l’islam, alors que les roitelets locaux entretiennent des harems qui sont autant de pactes d’alliances entre les familles guerrières.
Chez les badolos, qui cultivent la terre et élèvent leur bétail quand ils ne vont pas pêcher au large, il faut des bras, autant que possible, et vigoureux de préférence. Multiplier les épousailles est presque une obligation pour survivre à la pauvreté, parce qu’il est surtout question de se multiplier à l’envi. L’utile et l’agréable : n’est-ce pas une manière d’avoir plusieurs cordes à son arc ?
Lorsqu’arrive le Toubab sur la côte et qu’il se met à construire des villes, sa cohabitation avec les autochtones n’empêche rien : les ruraux débarquent dans la cité avec leurs manières de ploucs et leur basse-cour. Quelques-uns franchissent les limites tolérées et s’urbanisent. Ils résident non loin des quartiers des Toubabs, assimilent leurs codes et urbanités au point de fonder des foyers dont les marmots font café au lait.
A ma droite, ces constipés de monogames et, à ma gauche, ces polygames dissipés…
Dans la hiérarchie de ce qui devient la colonie française d’Afrique occidentale, si l’on veut grimper dans la hiérarchie, autant faire comme les Toubabs… Bien sûr qu’il y en a qui font de la résistance : ces trop virils messieurs ont beau fréquenter les cercles de la haute société coloniale, jouir de ses privilèges, dès que ça descend sous la ceinture, ils restent des Nègres, aussi authentiques que susceptibles, hypersensibles à la provocation.
Pas touche à ma polygamie…
Surtout que le statut est couvert par l’islam, la religion qui fait alors fureur dans les cercles vernaculaires, et qui phagocyte le sempiternel paganisme après lui avoir emprunté ses décoctions nauséabondes, ses amulettes surréalistes et ses mythes effroyables. C’est une recommandation divine serine-ton à l’intention des Toubabs et leurs sbires, comprenez ces traîtres d’assimilés nègres qui renoncent à leur culture, épousent des Blanches, se permettent même de s’apostasier au nom du Progrès et de la sacro-sainte Civilisation !
Et puis, surtout, quelle est cette lubie de croire que les femmes sont les égales des hommes alors que même les Toubabs qui en parlent n’en croient pas un traître mot ? Quand l’Occident nous ramène cette question sur la table, on lui crache à la figure qu’il ne sait plus reconnaître ce qu’est un homme ou une femme : les gays, les transsexuels, et toute la gamme des frustrés de la quéquette et du clito vous saluent bien bas.
Bref, jusqu’à ce jour, le débat ne sera jamais tranché dans le vif.
Sauf que Senghor n’aurait jamais osé ramener au Palais une Négresse qu’il présenterait à Madame Colette Hubert comme une petite sœur disponible pour les tâches domestiques ingrates. L’art de faire avaler ce genre de sornettes à son épouse vieillissante est une authentique sénégalaiserie certes, mais il faudrait que l’impétrante, à qui l’on refile une assistante si gentiment, ait la comprenette rouillée. Abdou Diouf, non plus. Il a beau poser à la Tabaski avec une Première Dame légèrement bronzée, cette histoire de seconde épouse, n’y comptez jamais, même pas en rêve : le protocole que dirige Bruno Diatta est d’une vigilance absolue. Le Fmi et la Banque mondiale, qui paient à l’époque tous les salaires du pays, ont plutôt tendance à favoriser le dégraissage de la Fonction publique, et virer le personnel encombrant. Alors, comment leur expliquer, à ces sourcilleux bailleurs de fonds, qu’il y a une smala supplémentaire à entretenir, à grands frais, avec les deniers publics, alors qu’on est en plein ajustement structurel ?
Ils auraient plutôt tendance à encourager le célibat, ces financiers économes
Le Père Wade ? C’est un enfant de l’époque coloniale en dépit de ses manières de kaw-kaw du Cayor qui a le bon goût de se faire déclarer à Saint-Louis pour embarquer sur la galère de la citoyenneté, du progrès, de la modernité et du métissage senghorien. La consigne d’alors ? Un homme, une femme, une seule, et peau couleur de lait de préférence… Il a le choix, n’est-ce pas : qu’est-ce qui l’empêcherait en ces ères farouches, de se faire paysan rude, mais polygame comblé ?
Un éclair d’espoir traverse la populace quand Macky Sall, né après les indépendances, débarque avec une Première Dame bien de chez nous : Marième Faye, qui esquisse des pas de pakargni en public, affiche ses dévotions et ses cheveux naturels, ne surveille pas sa ligne. Enfin, nous redevenons nousmêmes, authentiques… Sauf qu’il y a un hic : contrairement aux vrais Nègres qui osent tout, Macky Sall a manifestement peur de sa femme.
Ce qui n’est pas très sénégalais.
L’élection de Bassirou Diomaye Faye est une révolution, non pas seulement parce qu’il est le premier opposant à remporter une présidentielle dès le premier tour. Il est celui qui nous ressemble le plus, en majorité, et nous confirme dans notre imaginaire collectif : la Sénégalaise n’a pas le même standing que le Sénégalais.
La question qui fâche : à quel moment la République se demandera sérieusement pourquoi une moitié de la population n’a pas les mêmes droits que l’autre ?
Je ne parle pas d’apartheid, mais bien de polygamie.
PAR Mouhamadou Sall
EXPERTISE EN LOGICIEL ET CYBERSÉCURITE - PRÉREQUIS POUR RÉUSSIR LA TRANSITION NUMÉRIQUE
Entre dépendance et souveraineté numérique, un enjeu crucial pour les pays en développement. Si les GAFAM règnent en maîtres sur le marché des technologies du numérique, quelle marge de manœuvre reste-t-il pour les nations du Sud ?
Cet article aborde l’un des deux enjeux majeurs actuels à relever obligatoirement : les enjeux de la transition numérique. Le premier aborde les enjeux de la transition énergétique vers l’objectif « 2050 Net Carbon ». L’hydrogène, la solution vers un monde net zéro carbon | senePlus
Hégémonie des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft)
La démocratisation du numérique et l’adoption massive d’Internet engendrent des volumes croissants de données (principales richesses mondiales) et favorisent l’émergence de technologies innovantes telles que : Big Data, Intelligence Artificielle, Cloud Computing, Objets Connectés, …
Malgré cette démocratisation, la technologie du numérique est fortement dominée par de grands groupes transnationaux originaires de l’Amérique : les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft).
Ces géants du numérique ont leur mainmise sur les données et sur l’économie numérique mondiale. Ils dominent les activités liées à l’Internet, aux médias à la culture et envahissent le quotidien des individus impactant ainsi sur leurs comportements, sur celui de la société et sur la souveraineté des états.
Face à cette hégémonie, l’Asie réagit par les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) pour concurrencer les GAFAM.
A l’image de l’Asie, tout pays peut saisir cette démocratisation, du savoir du savoir-faire et du faire savoir, pour s’approprier les technologies du numérique, promouvoir des acteurs technologiques à l’image des GAFAM et prendre part activement à l’économie numérique mondiale.
A cet effet, il est à noter que, dans cette ère du numérique, les données, principale richesse mondiale, et le logiciel, chargé de leur traitement et qui permet la création d’applications innovantes, sont au cœur de toute technologie innovante.
Nécessité de synergie formation Entreprise-Recherche-Innovation
Le chômage des jeunes est un problème mondial. Il est essentiellement dû à un déficit de formation et, pour un grand nombre de diplômés, à l’inadéquation formation-marché de l’emploi.
La maitrise du savoir-faire logiciel, notamment la réalisation industrielle de logiciels, et la cybersécurité, assurer la protection des données partout où elle peut se trouver (transit dans le réseau, stockage, traitement), sont des prérequis pour s’approprier les technologies du numérique.
L’avancée technologique actuelle est une occasion pour :
la reconversion d’un grand nombre de diplômés dans les technologies innovantes comme : ingénierie du logiciel , cybersécurité, microélectronique, intelligence artificielle.
la promotion des académies de codage, encore embryonnaires, pour un grand nombre de jeunes motivés par la découverte des métiers du numériques
Une formation complémentaire à l‘entreprenariat est nécessaire et permet aux apprenants, à la fin de leur formation, de trouver du travail ou de se positionner comme prestataires de service dans ce marché mondial ouvert à l’expertise.
Les pays en développement ont l’occasion, à l’image de certains pays comme l’Inde, de promouvoir une grande masse de compétences et de faire de leur pays un marché d’investissement grâce à ses ingénieurs hautement qualifiés.
S’inspirer de l’expérience indienne notamment celle du miracle de Bangalore
Bangalore était l’une des villes les plus pauvres d’Inde voire même de la Planète, mais ses enfants n’ont jamais perdu espoir de voir un jour leur ville devenir l’une des plus riches au monde.
Ceux qui avaient pris le chemin de l’émigration ont pu tirer le maximum de l’expérience outre-Atlantique en proposant à leurs collègues des séjours touristiques dans leur ville sans moyens.
Aujourd’hui, la réputation des ingénieurs de l’Inde, en particulier ceux implantés à Bangalore (voir Le miracle Indien | L’actualité (lactualite.com) ), attire, depuis plus de 25 ans, les grands noms de la haute technologie. L’émergence de la compétitivité indienne est basée sur les politiques encourageant les technologies de l’information et des communications. (https://books.openedition.org/pupo/17347?lang=fr )
Aussi, le gouvernement indien clame-t-il souvent : « L’inde a manqué les révolutions agricole et industrielle. Elle ne manquera pas la révolution technologique. »
L’enseignement en Inde est géré par l ‘Etat. Chaque année l’Inde produit plus de 100 000 ingénieurs. Quant à la Chine, elle forme plus de 400 000 ingénieurs par année.
A l’image des pays Asiatiques, l’urgence pour un pays en développement c’est de promouvoir la formation d’un maximum d’experts du numérique à même de participer activement à l’économie mondiale.
Le monde digitalisé, en particulier l’Afrique, est sous la menace d’une crise cyber majeure
L’utilisation massive des services en ligne ainsi que du travail en ligne, ont entrainé l’élargissement des surfaces d’attaques et l’exposition aux cyberattaques devenues de plus en plus complexes avec l’usage de l’intelligence artificielle par les hackeurs.
Parmi les cybers malveillances les plus courantes contre les états et les entreprises :
Le phishing : courrier électronique (ou SMS) dont l'expéditeur se fait généralement passer pour un organisme financier et demandant au destinataire de fournir des informations confidentielles ;
Le ransomware : logiciel rançonneur qui crypte certains fichiers sur l'ordinateur de la victime. Le rançonneur propose la clé de décryptage contre une rançon
Social engineering : exploiter les failles humaines en manipulant psychologiquement une personne (un employé) afin obtenir des informations confidentielles
Les hackeurs exigeaient une rançon de 3 millions de dollars que l’Union a bien fait de refuser de payer d’autant plus que les données étaient dupliquées dans un data center à Nairobi. Cependant, elle a déboursé 6 millions de dollars pour la reprise des activités en faisant a fait appel à des experts externes.
Selon le cabinet de cybersécurité Serianu : en 2017 la perte due au télétravail, en Afrique, a été estimée à 3,5 milliards de dollars
Lutte contre la cybercriminalité besoins de stratégies communes
La faiblesse des infrastructures, le manque de compétences et l’absence de sensibilisation des entreprises et des usagers rendent l’Afrique particulièrement vulnérable aux cyberattaques.
La sécurité n’est jamais garantie à 100%. La gestion de la sécurité doit s’appréhender d’une manière globale afin de maitriser les risques techniques, économiques, juridiques, humains. C’est une responsabilité partagée qui requiert un besoin en formation, de la sensibilisation et de la résilience au niveau individuel, organisationnel, territorial voire sociétal.
La résilience suppose des mesures préventives organisationnelles et techniques résilientes et agiles à même de résister, d’absorber et/ou rebondir face à une crise majeure et de s'adapter de façon régulière.
Depuis 2016, l’Europe a adopté une position commune en matière de lutte collective contre la cybermenace pour promouvoir la cyber résilience, combattre la cybercriminalité, stimuler la cyberdéfense.
Aussi, est-il impérieux pour l’Afrique de mettre en place une stratégie de lutte contre la cybermenace à plusieurs niveaux : territoriale, régionale, continentale, internationale.
Prendre le train des GAFAM ou rester sur les quais
Le déficit structurel et technologique dont souffre l’Afrique ne se justifie que par le manque de vision ou de volonté politique de la part de ses états.
La démocratisation de l’accès au numérique, le partage du savoir, du savoir-faire et du faire-savoir à travers le cyber espace, offre l’opportunité à tout pays, et à l’Afrique en particulier, de promouvoir une masse critique de compétences à même de faire partie des acteurs technologiques mondiales à l’image des GAFAM (Google Facebook, Amazon, Apple, Microsoft).
Relever les enjeux de la transition énergique et celle du numérique sont à la portée de tout pays. Il appartient à chaque pays de saisir cette opportunité ou de plonger davantage dans la dépendance et le sous-développement.
PASSEPORTS DIPLOMATIQUES : ENTRE FANTASMES, RÉALITÉS ET DÉRIVES
Alors que d'anciens ministres se voient désormais refuser leur utilisation, les avis divergent quant à leur réelle valeur. Pour l'ancien député Théodore Chérif Monteil, ce document n'est qu'un "attrape-nigaud" dont l'importance est souvent surfaite
Objet de toutes les convoitises, les passeports diplomatiques font souvent l’objet de multiples controverses et fantasmes à l’occasion surtout des changements de régime. Chaque président qui arrive promet, en effet, de remettre de l’ordre, avant de céder aux pressions des lobbys et aux tentations de gestion clientéliste. En vérité, se dit convaincu l’ancien député et ancien bénéficiaire Théodore Chérif Monteil, ce document est ‘’un véritable attrape-nigaud’’ qui ne vaut nullement toutes ces polémiques.
Les chutes de régimes soulèvent généralement beaucoup de poussière. Entre les entrants qui voient partout du deal et les sortants qui ont souvent du mal à s’habituer à leur nouvelle vie, la cohabitation peut s’avérer parfois difficile. À son arrivée au pouvoir en 2000, Macky Sall et ses hommes en avaient fait voir de toutes les couleurs aux tenants du défunt régime de Wade. La roue tournant, c’est aujourd’hui à eux de subir dans tous leurs excès les conséquences de la rigueur républicaine.
Députée membre du régime sortant, Adji Mergane Kanouté a récemment dénoncé ce qu’elle considère comme ‘’un manque d’élégance’’ de la part des nouvelles autorités. Elle est revenue ainsi sur l’opposition à l’utilisation des passeports diplomatiques par les anciens ministres de Sall, au motif que ‘’le passeport diplomatique est lié à la fonction’’.
Saisissant la balle au bond, ils ont été nombreux à soupçonner des volontés de fuite de la part de certains ministres et à saluer ce qu’ils considèrent comme des mesures de restriction pour faire la lumière.
Il ressort des vérifications faites par ‘’EnQuête’’ qu’effectivement, l’aéroport international Blaise Diagne de Diass applique la mesure. Mais la volonté, selon nos interlocuteurs, n’est autre que l’application stricte de la loi. ‘’Sur les passeports diplomatiques, il est clairement inscrit la qualité du bénéficiaire. Dès que tu perds cette qualité, tu ne peux plus voyager avec le passeport à AIBD’’, confient nos sources qui précisent toutefois qu’il ne s’agit pas de retirer le document.
Aussi, est-il possible pour les ayants droit qui veulent, par exemple, se rendre en France et qui n’auraient pas de visas de se rendre d’abord au Maroc avec leur passeport ordinaire et ensuite de rejoindre le pays de Marianne, grâce au passeport diplomatique. Mais à l’AIBD, impossible de se prévaloir du sésame, aux dernières nouvelles. ‘’Au retour, il peut présenter le passeport diplomatique, s’il le souhaite…’’, ajoute-t-on.
Ancien député à l’Assemblée nationale, Théodore Chérif Monteil est tout à fait d’accord avec cette pratique. Il déclare : ‘’C’est tout à fait normal. Comme je l’ai dit, chaque fois que je le présentais dans mes voyages en tant que parlementaire, on me demandait un ordre de mission. Donc, le ministre qui n’est plus en mission ne doit pas pouvoir l’utiliser. C’est aussi valable pour les députés. C’est un débat inutile, à mon avis. Normalement, le document doit même être rendu. Parce que c’est marqué dessus propriété de l’État du Sénégal’’.
Au Sénégal, ils sont encore nombreux à croire que le passeport ouvre presque tous les horizons. La réalité est souvent très différente. Dans un post sur sa page Facebook, M. Monteil trouve bien exagéré le débat autour du document. ‘’Quel est la valeur du passeport diplomatique sénégalais ?’’, s’est-il interrogé, avant d’apporter lui-même une réponse : ‘’Zéro. En Europe, à part la France, vous devez prendre le visa pour tous les autres pays.’’
Joint par téléphone, l’ancien parlementaire précise : ‘’En fait, quand on te remet le passeport, on te remet en même temps la liste des pays que tu peux visiter sans visa. Il y a beaucoup de pays africains, quelques pays arabes, des pays d’Amérique du Sud. En Europe, le seul pays qui te dispense de visa, c’est la France’’, réagit M. Monteil qui pense que le passeport diplomatique sénégalais est un ‘’véritable attrape-nigaud’’.
D’ailleurs, explique-t-il, il ne s’en servait que quand il devait voyager dans le cadre de ses activités de parlementaire dans la sous-région. Et c’était souvent une source de lourdeur. ‘’Par exemple, pour aller participer à des réunions dans les pays membres de l’UEMOA, on va te demander un ordre de mission, quand tu présentes un passeport diplomatique, à la sortie comme à l’entrée. Alors que pour les autres, une carte d’identité suffit’’, rigole-t-il, estimant que la réalité est bien différente de ce qui se passe sur le papier.
Sur le papier, ils sont encore nombreux à estimer que le passeport diplomatique sénégalais dispense de visas pour la plupart des pays de l’espace Schengen. Cette source diplomatique est formelle. À l’en croire, malgré des velléités de remise en cause par le passé, le sésame sénégalais continue de prévaloir en Europe. ‘’Il y a quelques pays comme les États-Unis, certains pays asiatiques qui exigent le visa, mais pour les pays membres de l’Union européenne, nous avons un accord’’, signale-t-il.
Pour Monteil qui a été bénéficiaire pendant cinq ans, la réalité est tout à fait différente. ‘’Toutefois, reconnait-il, même s’il ne dispense pas du visa dans certains cas, il peut faciliter l’octroi du visa. Le titulaire ne passe pas par certaines formalités. Par exemple, pour aller en Corée du Sud, il n’a pas besoin de passer par des intermédiaires, il se présente directement au consulat et on peut lui octroyer le visa en 24 heures’’, a-t-il souligné.
Dans tous les cas, la constance est que le passeport diplomatique sénégalais a perdu de sa valeur à travers les âges. Pour beaucoup, son utilisation a été galvaudée par les régimes successifs. ‘’Dans ce pays, tout le monde peut être détenteur de passeport diplomatique. Alors que le décret fixe la liste de personnes devant en bénéficier. C’est pourquoi certains pays, de plus en plus, corsent leurs procédures’’, soutient Théodore Chérif Monteil.
LE PRÉSIDENT ANNONCE LA CRÉATION D'UNE DIRECTION DES AFFAIRES RELIGEUSES
Cette réforme structurelle majeure vise à mieux encadrer le domaine spirituel et à ouvrir des perspectives aux jeunes formés dans les écoles coraniques
Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a annoncé mercredi la création d’une Direction des Affaires religieuses et de l’Insertion des diplômés de l’enseignement arabe, a appris l’APS de source officielle.
Le chef de l’Etat en a fait l’annonce, mercredi, lors du conseil des ministres.
Selon le communiqué sanctionnant cette réunion hebdomadaire du gouvernement, cette direction est composée du Bureau des affaires religieuses et du Bureau de l’insertion des diplômés de l’enseignement arabe.
DIOMAYE ACCENTUE LE CONTRÔLE DE L'ACTION PUBLIQUE
Le chef de l'État ordonne la publication des rapports de l'IGE, de l'OFNAC et de la Cour des comptes pour les 5 dernières années. Des missions de contrôle seront aussi menées chaque année dans les institutions de la République
Le Conseil des ministres réuni ce mercredi 17 avril 2024 sous la présidence de Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye a évoqué les rapports des corps de contrôle comme l'Inspection générale d'État (IGE) et l'Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC).
À ce sujet, le chef de l'État a demandé la publication des rapports de la Cour des Comptes, de l'IGE et de l'OFNAC des cinq dernières années (2019 à 2023). Cette décision vise à renforcer la transparence dans la gestion des affaires publiques.
Le président Faye a également instruit l'IGE de mener une mission de contrôle des services de la Présidence dans les meilleurs délais. "Il s'agit de s'assurer du respect des procédures et de la bonne gouvernance à la tête de l'État", a-t-il déclaré.
Au-delà des audits réguliers dans les ministères, le chef de l'État a ordonné l'organisation annuelle de missions de contrôle dans les institutions constitutionnelles comme la Cour des Comptes et le Conseil constitutionnel.
L'intégralité du Conseil des ministres ci-desssous :
"Le Conseil des ministres s’est tenu ce mercredi 17 avril 2024 au Palais de la République, sous la présidence du Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar FAYE.
A l’entame de sa communication, le Président de la République a adressé ses sincères remerciements au Khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Bassirou MBACKE et au Khalife général des Tidianes, Serigne Babacar SY Mansour pour l’accueil chaleureux, les prières formulées à l’occasion de ses visites de courtoisie et les cadeaux de grande valeur et de haute portée symbolique le lundi 15 avril 2024, respectivement à Touba et à Tivaouane.
Le Chef de l’Etat a informé le Conseil qu’il poursuivra ses déplacements dans les autres cités et foyers religieux du Sénégal, en vue de prendre en compte d’une part, leur modernisation en termes d’infrastructures de base (voirie, eau, assainissement, électricité, téléphonie…) et d’autres part, de réaffirmer son engagement constant à améliorer la vie communautaire et religieuse pour un Sénégal juste et prospère dans la paix, la stabilité et la concorde nationale.
Le Président de la République a aussi informé le Conseil qu’il a créé à la Présidence de la République une Direction des Affaires religieuses et de l’Insertion des diplômés de l’Enseignement Arabe (composé du Bureau des affaires religieuses et du Bureau de l’insertion des diplômés de l’enseignement arabe).
Suite à la mise en place du Gouvernement le 05 avril 2024, le Chef de l’Etat a informé que l’Inspection générale d’Etat va dresser un pré-rapport et un rapport définitif sur chaque passation de services.
En attendant, le Président de la République a demandé au Premier Ministre, en liaison avec les ministres, de faire le point sur toutes les passations de services effectuées dans les ministères et d’élaborer, avant fin avril 2024, un rapport exhaustif sur les constats et les propositions relatives à la situation sectorielle, administrative, budgétaire et financière dans chaque ministère, avant toute initiative ou action gouvernementale d’envergure.
Le Président de la République a insisté, avec le Premier Ministre, sur l’impératif, pour chaque membre du gouvernement, de suivre les procédures fondamentales de validation concernant les orientations politiques de l’action gouvernementale, ainsi que les modalités de communication indiquées à cet effet.
Le Chef de l’Etat a demandé, dès lors, au Premier Ministre de veiller en permanence au respect strict des règles de pilotage, de conception, d’exécution, de coordination et de suivi-évaluation de l’action gouvernementale et des politiques publiques en particulier.
S’agissant de la supervision et de l’évaluation des politiques et programmes publics, en cohérence avec les dispositifs institutionnels relevant des prérogatives du Premier Ministre, le Président de la République a informé le Conseil de la création à la Présidence de la République, d’un Bureau d’Intelligence et de Prospective Economique (BIPE), ainsi que d’un bureau de suivi-évaluation des projets et programmes qui va assurer le monitoring des directives présidentielles et du PROJET.
Le Président de la République a insisté sur l’urgence de finaliser le plan d’action du gouvernement avec un agenda précis de réalisation des objectifs de souveraineté dans les domaines économique, culturel, sécuritaire, alimentaire, monétaire, numérique et pharmaceutique.
Le Chef de l’Etat a demandé au Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, de finaliser avant le 15 mai 2024, un projet de loi sur la protection des lanceurs d’alerte. Dans le même sillage, il a ordonné, au-delà des audits et des missions périodiques de vérifications dans les ministères, l’organisation annuelle de missions de contrôle dans les institutions constitutionnelles.
D’ores et déjà, le Président de la République a instruit l’Inspection Générale d’Etat de mener une mission de contrôle des services de la Présidence de la République dans les meilleurs délais. Le Président de la République a notamment ordonné la publication des rapports de la Cour des Comptes, de l’Inspection générale d’Etat et de l’OFNAC des cinq (5) dernières années (2019, 2020, 2021, 2022 et 2023).
Le Chef de l’Etat est revenu sur la politique de transformation de l’Administration publique. Il a rappelé à cet effet les principes partagés du « JUB, JUBAL, JUBANTI », afin de bâtir une Administration performante au service des Sénégalais et des intérêts du Sénégal. C’est le sens de sa lettre n° 00807/PR/SP du 08 avril 2024 adressée aux fonctionnaires et agents de l’Administration du Sénégal.
Dans cet esprit, il a demandé au Premier Ministre de préparer un projet de décret relatif à l’appel à candidatures pour certaines hautes fonctions dans les secteurs public et parapublic. Le Président de la République a demandé également au Premier Ministre et au Ministre en charge de la Fonction publique de finaliser, dans les meilleurs délais, un projet de loi relatif à l’accès à la fonction publique, en vue d’assurer l’égalité des chances d’accès aux emplois et fonctions dans l’administration publique. Le Chef de l’Etat a aussi invité le Premier Ministre à préparer la tenue de la Journée du Dialogue national le 28 mai, sur le thème prioritaire de «la Réforme et la Modernisation de la Justice ».
Il a, par ailleurs, demandé au Premier Ministre et aux membres du Gouvernement de veiller à la sécurisation des données dans le secteur public, à la Présidence de la République, à la Primature et dans les Ministères en particulier. A ce sujet, le Président de la République a invité le Ministre en charge du Numérique à présenter prochainement en Conseil des Ministres, un projet de loi d’orientation sur les données et leur sécurisation conformément à la politique de promotion de la souveraineté numérique.
Abordant la question de l’accès à l’eau potable dans les centres urbains et en milieu rural, qui demeure une préoccupation majeure des populations, le Président de la République a demandé au Premier Ministre de tenir un Conseil interministériel sur le secteur hydraulique afin de lui faire des propositions urgentes visant notamment l’accélération des réalisations des projets hydrauliques (forages, châteaux d’eau, réseaux…), l’évaluation des délégations de service public de l’eau potable en milieux urbain et rural, l’évaluation du système de tarification de l’eau et l’adoption d’un grand programme national consolidé d’accès à l’eau potable.
Le Chef de l’Etat a décidé de la création d’une Autorité de Régulation du Secteur de l’Eau pour améliorer la gouvernance de l’eau au Sénégal. Le Président de la République est revenu sur la situation académique, budgétaire, financière et sociale dans les universités du Sénégal qui, souligne-t-il, appelle à un suivi soutenu de la part du Gouvernement.
Le Chef de l’Etat a demandé à ce sujet au Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation de faire, en rapport avec la Conférence des Recteurs, la situation 3 globale dans les universités publiques et de proposer un plan de relance des activités académiques et de gestion des urgences sociales dans l’Enseignement supérieur. Le Président de la République a demandé au Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement de procéder à un audit rapide du contrat d’affermage entre l’Etat du Sénégal (SONES) et SEN’EAU et du contrat de performances Etat-SONES-SEN’EAU, d’engager l’évaluation des Partenariats Publics Privés (PPP) et de l’ensemble des contrats de délégation de service public de l’eau potable en milieux urbain et rural avec un ciblage spécial sur les projets de dessalement des Mamelles et de la Grande Côte développés par la SONES avec la JICA et ACWA POWER.
Le Chef de l’Etat a demandé au Ministre des Pêches et des Infrastructures Maritimes et Portuaires de faire le point sur le dossier de la concession des chantiers navals de DakarNave, l’évaluation de ses activités et des mesures prises par l’Etat avant la fin de la concession prévue en juin 2024, l’édification du Port multifonction de Ndayane avec DPWorld et de procéder à la revue de tous les projets et contrats dans le secteur maritime et portuaire.
Le Président de la République a demandé, en ce sens, la tenue d’un conseil interministériel spécial sur les infrastructures maritimes et portuaires. Au titre de son agenda diplomatique, le Chef de l’Etat a informé le Conseil qu’il effectuera sa première visite, hors du Sénégal en République Islamique sœur de Mauritanie, le jeudi 18 avril 2024 avant de se rendre en République sœur de Gambie le samedi 20 avril 2024.
Avec ces visites, le Président de la République entend s’inscrire dans la continuité du renforcement des liens historiques de bon voisinage et de brassage socio-culturel entre ces pays et le Sénégal. En outre, le Chef de l’Etat a fait part au Conseil qu’il envisage de rendre visite à ses autres homologues du voisinage immédiat. Il a, enfin, saisi l’occasion pour engager l’ensemble du Gouvernement à veiller particulièrement au maintien et au renforcement des relations cordiales que notre pays entretient avec ses voisins.
Dans sa communication, le Premier Ministre a fait part au Président de la République de la démarche d’élaboration du plan d’action du Gouvernement. Pour ce faire, chaque ministère devra lui soumettre sous huitaine un plan sectoriel.
Conformément aux instructions du Chef de l’Etat, le Premier Ministre a annoncé la tenue d’un séminaire gouvernemental les 27 et 28 avril 2024. Le Premier Ministre a enfin informé de la tenue prochaine des réunions interministérielles suivantes :
- un Conseil interministériel consacré à la préparation de la Tabaski 2024 ;
- un Conseil interministériel consacré à la campagne de production agricole 2024 ;
- un Conseil interministériel consacré à la préparation de l’hivernage ;
- un Conseil interministériel consacré à la préparation des examens et concours ;
- une réunion interministérielle de suivi des engagements du Gouvernement dans le cadre de la préparation du pèlerinage à la Mecque, édition 2024.
Enfin, le Ministre du Travail de l’Emploi et des Relations avec les Institutions a fait une communication sur les préparatifs de la fête du travail 2024."
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BOUBACAR BORIS DIOP RÉCLAME DES COMPTES AU RÉGIME DÉCHU DE MACKY SALL
Tortures ayant conduit à la mort, scandales financiers, autoritarisme... l'écrivain dresse un réquisitoire sans concession. "On n'a jamais demandé des comptes à Diouf, ni à Wade, mais là il le faudra", insiste l'auteur de renom
L'éminent écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop était l'invité de TV5 Monde cette semaine. Si l'entretien couvrait plusieurs sujets dont son dernier roman et le génocide au Rwanda, c'est son réquisitoire contre l'ex-président Macky Sall et ses proches qui a marqué les esprits.
Diop, figure littéraire respectée, n'a pas mâché ses mots en évoquant la nouvelle ère politique qui s'ouvre au Sénégal après l'adhésion surprise au pouvoir d'une équipe très jeune. "Pour la première fois, on assiste à une alternance qui a un parfum de rupture radicale", at-il estimé.
Mais au-delà de l'espoir suscité, l'écrivain a énoncé les crimes lourds qui auraient été commis ces dernières années par le clan Sall. "Il faut que les responsables rendent compte, on ne peut pas faire l'économie de demander des comptes cette fois-ci", a martelé Diop.
En ligne de mire : les cas de tortures ayant conduit à la mort, les enrichissements personnels « spectaculaires » et injustifiables pour un pays si pauvre. "On n'a jamais demandé des comptes à Diouf, ni à Wade, mais là il le faudra", a insisté l'auteur de renom.
Ses mots ont fait l'effet d'un séisme, relayant un sentiment de ras-le-bol répandu après les 12 années de pouvoir de l'ancien président Macky Sall, entaché par les scandales de mal-gouvernance et la dérive autoritaire.
Diop prévient cependant que "tous les comptes n'ont pas encore été vendus". Un avertissement appuyé pour la nouvelle équipe : la population, qui a tant sacrifié, sera intransigeante et n'accordera "pas de droit à l'erreur".
PAR Mbaye Sadikh
EN FINIR AVEC LA TOUTE-PUISSANCE DES DG
Les nouvelles autorités doivent donc mettre un terme à ce ‘’gouvernement des directeurs généraux’’. Pendant presque 12 ans, sous Macky Sall, le Sénégal a connu des directeurs généraux trop puissants
La publication de la liste du gouvernement a déjà donné une première indication sur ce que comptent faire les nouvelles autorités. Pour l’instant, la volonté de rupture semble assez nette, au vu des hommes qui ont été choisis. Mais il reste au président Bassirou Diomaye Faye et à son Premier ministre Ousmane Sonko d’aller plus loin, notamment du côté des sociétés publiques.
Le nouveau régime a annoncé sa volonté de passer par des appels à candidatures pour choisir les directeurs généraux de certaines sociétés publiques, sans préciser lesquelles. Mais il y a un point fondamental sur lequel les autorités doivent s’attaquer : la toute-puissance des DG de ces sociétés nationales.
Pendant presque 12 ans, sous Macky Sall, le Sénégal a connu des directeurs généraux trop puissants. Au point d’écraser leurs ministres de tutelle. L’exemple type en la matière est l’ancien directeur général du Port autonome de Dakar (PAD) Cheikh Kanté. On se demandait même s’il n’était pas plus influent que le Premier ministre, se plaçant juste après le chef de l’État. Son nom était cité à longueur de journée pour des parrainages d’activités culturelles, religieuses et sportives. Tout cela, parce que le PAD génère des milliards de francs CFA. Une puissance financière qui fait que c’est plutôt le ministre de tutelle qui dépend du DG.
Cheikh Kanté n’est pas le seul dans cette position. Aujourd’hui, le directeur général de la Senelec, Pape Demba Bitèye est, à bien des égards, plus visibles que les anciens ministres de l’Énergie Aïssatou Sophie Gladima et Antoine Diome.
Quid des directeurs généraux de l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) ? Que ce soit Doudou Ka, l’ancien ou Abdoulaye Dièye l’actuel, tous ont fait de l’ombre à leur ministre de tutelle. Abdoulaye Dièye est chanté à longueur de journée à travers la une de certains journaux. On se souvient encore du ‘’messie de la Médina’’, Cheikh Tidiane Ba, à la tête de la Caisse des dépôts et consignations. Tous ont été de super puissants directeurs généraux. Même celui du Coud rêve parfois de cette puissance, instaurant une ‘’république autonome’’ au sein de l’université Cheikh Anta Diop, au nez et à la barbe du recteur.
Pareil pour le DG de l’ARTP. Lorsque la question de la 4G ou des sanctions contre les opérateurs de téléphonie pour fraude ou mauvaise qualité du réseau s’était posée, l’ARTP a été toujours omniprésente sur les dossiers et le ministre quasi absent. Certains ministres comme Yaya Abdoul Kane sont passés inaperçus au ministère des Télécommunications pendant que le DG Abdou Karim Sall était au cœur du secteur.
Combien de Sénégalais se souviennent de l’ancien ministre de la Culture et de la Communication Abdoulaye Diop ? Au même moment, Racine Talla de la RTS et Yaxam Mbaye du ‘’Soleil’’, deux directeurs sous son autorité, étalaient leur influence. Voilà deux DG qui n’avaient que faire des ministres, leur seul répondant étant le président de la République. Tant qu’ils étaient en accord avec celui-ci, ils pouvaient ignorer tous les avis et injonctions de l’autorité de tutelle.
D’ailleurs, l’impuissance du ministre face au conflit entre le journaliste Bamba Kassé et l’ancien DG de l’Agence de presse sénégalaise (APS), Thierno Birahim Fall, illustre parfaitement cette situation. Le ministre a initié une médiation sans succès. Il a fallu que Thierno Birahim soit limogé au profit d’un autre Thierno (Amadou Sy) pour que Bamba Kassé, par ailleurs secrétaire général national du Synpics, retrouve son salaire suspendu pendant 36 mois.
Cette situation fait que certains ministères étaient presque des coquilles vides, l’essentiel des pouvoirs étant concentré dans une ou deux agences ou sociétés publiques qui refusent de répondre au ministre. C’était le cas du ministère des Télécoms et du Numérique, totalement vidé de sa substance avec le rattachement de l’ARTP et de la Société Sénégal numérique (ex-ADIE) à la présidence de la République.
Les nouvelles autorités doivent donc mettre un terme à ce ‘’gouvernement des directeurs généraux’’. Ces derniers doivent rester sous la tutelle effective des ministres qui doivent disposer d’un pouvoir de contrôle et de sanction, si nécessaire. Chaque ministère doit être un écosystème complet et garder un minimum de cohérence. Et pour cela, il faut que l’autorité puisse avoir un contrôle sur tout ce qui relève de son gouvernement. La clé de répartition des services nous donnera une idée plus nette de ce que sera la gouvernance de Diomaye et Sonko sur ce point.
MIS EN PLACE D'UN SYSTÈME DE POINTAGE, UN PROJET TRÈS ATTENDU PAR LES SÉNÉGALAIS
"Pour l’administration c’est une très bonne chose parce que parfois nous avons des papiers administratifs à régler mais quand vous allez sur place c’est tout un problème. Les agents ne respectent pas les horaires normaux ", se réjouit un citoyen.
“Chères collaboratrices, chers collaborateurs, je vous invite, avec toute la considération et le respect que je vous porte, à incarner pleinement les principes de Jub, Jubal, Jubanti. Que la droiture, la probité et l’exemplarité commandent chacun de vos actes. Que votre travail quotidien soit imprégné de ce souci permanent du bien commun, où le service à nos concitoyens et leur bien-être priment sur toute autre considération », tels sont les propos du président de la République Bassirou Faye.
Dans une lettre destinée aux agents administratifs et fonctionnaires de l’Etat du Sénégal, il rappelle aussi l’importance de la droiture, de la probité qui, selon lui, doivent commander chacun de leur acte au quotidien au service des citoyens dans les administrations sénégalaises. La leçon semble, en tout cas, bien comprise par le nouveau ministre de la Fonction publique et de la réforme du service public, Olivier Boucal, qui a donné ce mardi un signal fort allant dans ce sens. Le ministre a, en effet, dans les locaux de son ministère montré l’exemple en posant le pouce de sa main droite sur l’appareil qui marque l’heure à laquelle il est arrivé sur les lieux de travail. De même pour le Centre national hospitalier d’enfants, Albert Royer de Fann où le système de pointage qui en est dans sa phase test est constaté en début de semaine.
Le changement est donc prometteur avec ces actes posés par ces deux institutions de la République positivement appréciés par les citoyens sénégalais. Comparé au secteur privé où le système de pointage est appliqué, Ibrahima Sow, agent du privé, rencontré à la place de l’indépendance à Dakar affiche son satisfécit et déclare: “ c’est une très bonne initiative parce nous qui sommes dans le privé sommes habitués à ce système de pointage mais pour l’administration c’est une très bonne chose parce que dès fois tu as des papiers administratifs à régler mais quand vous allez sur place c’est tout un problème. Les agents ne respectent pas les horaires normaux et je remercie le président Diomaye Faye pour cette initiative. Le système de pointage va régler beaucoup de problèmes parce que nous quand on a besoin de régler quelques papiers administratifs on est souvent obligé de demander la permission pour y aller et, arrivé sur les lieux, on vous dit tout le temps que l’agent n’est pas encore sur place et c’est vraiment anormal ».
Même tonalité chez Mamadou Camara résidant à Londres et actuellement au Sénégal qui trouve que le système de pointage doit être de rigueur dans notre pays. Le quinquagénaire d’ajouter que c’est très important que ce système soit obligatoire dans l’administration. Car, selon lui, cette méthode permettra aux gens d’être sérieux au travail, avant de poursuivre : “je réside à l’étranger, mais là-bas, on ne badine pas avec l’heure. Les gens viennent à l’heure tous les jours. Actuellement, j’ai besoin de quelques papiers administratifs, mais à chaque fois que je pars dans les bureaux je ne trouve personne et cela m’étonne parce qu’on ne connait pas cela. C’est dommage parce que c’est du temps perdu”.
Il faut dire que nombreux sont les défis que les décideurs politiques doivent relever. Il y a, entre autres, la question liée au respect des heures de travail régies par le code du travail et qui reste primordial dans les administrations publiques comme privées. Par ailleurs, une femme sous le couvert de l’anonymat dénonce : « les agents viennent toujours en retard et sont toujours dans des futilités. Pratiquement ils sont opérationnels qu’au-delà de 10 heures pour ensuite prendre leur pause à 13 heures. De ce fait, s’il y a 10 personnes à l’attente l’agent ne pourra prendre que 2 à 3 personnes par jour donc il faut que cela cesse”.
UN CLIMAT PARTISAN À ASSAINIR
Avec près de 300 formations, dont beaucoup de "coquilles vides", le paysage politique sénégalais donne à voir une anarchie. Diomaye Faye ouvre la voie à des concertations sur le sujet, à la grande satisfaction des experts et de la société civile
Le nombre exorbitant de formations politiques (près de 300) au Sénégal dont la grande majorité ne concourt jamais à une élection, quelle que soit sa forme, ne cesse de s’imposer comme une tare congénitale du modèle démocratique dans notre pays. D’où la nécessité d’y remédier de manière structurelle, comme l’a annoncé le nouveau président de la République, Bassirou Diomaye Faye, par l’entremise de réformes et de grandes concertations politiques nationales. Une initiative validée par beaucoup d’experts électoraux qui voient comme une sorte de « demande sociale » la nécessité de redimensionner le nombre de partis politiques.
Valdiodio Ndiaye du Gradec, expert électoral
« On avait produit un projet de code des partis politiques avec une projection sur la modernité, la rationalisation, une mise à jour des partis politiques »
« Je pense que ça, c’est un débat qui s’est posé depuis plus de 10 ans au Sénégal. Et je vous rappelle quand 2016, il y a eu des initiatives extrêmement fortes qui ont été prises par la société civile sénégalaise qui avait même convié dans ce cadre-là pratiquement une bonne trentaine d’universitaires. Nous avons planché sur la question de la rationalisation des partis politiques durant au moins trente jours. Sur ce point, on avait produit un projet de code des partis politiques avec une projection sur la modernité, la rationalisation, une mise à jour des partis politiques. Parce qu’au Sénégal, il y a des partis qui ont été créés depuis longtemps et le fondateur est décédé. Et il y a que le récépissé qui est là inutilisable, etc. Dans cette rationalisation, on avait mis en avant un certain nombre de critères notamment la nécessité d’avoir un siège politique, une vision et une orientation politique très claire, une mise à jour des sources de financement, entre autres. Il y a le document qui est là classé dans les tiroirs depuis que ça a été soumis aux autorités. Donc, je crois qu’il faut faire sortir ce document-là, le mettre à jour parce que tout évolue très vite. Vraiment, on a une bonne base de travail sur la question qui a été fait par l’ensemble des acteurs impliqués sur le champ politique et également des universitaires et la société civile ».
Djibril Gningue du Cosce, expert électoral
« Il est essentiel que le nombre des partis soit ramené à un niveau compatible à la modernisation, au renforcement de la gouvernance et de la démocratie »
« Après avoir relevé les importants défis de la construction d’un système électoral répondant aux normes ainsi que de la gestion et de la planification du processus électoral, le Sénégal est depuis quelques années confronté au défi de la transparence et de la rationalisation des opérations électorales. Or les partis politiques auxquels la Constitution assigne l’importante mission de concourir au suffrage universel étant impliqués dans la plupart de ces opérations, il est essentiel que les conditions de leur constitution, de leur existence et de leurs activités soient revues afin que leur nombre soit ramené à un niveau compatible à la modernisation et au renforcement de la gouvernance des partis politiques et de la démocratie ».
Frééeric Kwady k Ndecki, expert électoral
« Il est insoutenable qu’il y ait plus de 300 partis politiques légalement constitués, dans un pays comme le Sénégal qui compte quelque 7 millions d’électeurs ».
« Concernant la rationalisation des partis politiques et leur financement, cette reforme est non seulement pertinente et nécessaire, mais elle répond a une ce que l’on pourrait appeler une demande sociale », en tout cas une revendication portée par beaucoup de citoyens et d’organisations de la société civile et qui a fait l’objet de rencontres et de foras de tous genres depuis 2014 au moins. Je pense que le Président Bassirou Diomaye Faye a bien fait d’inscrire cette question dans ses priorités. A mon avis, il est insoutenable qu’il y ait plus de 300 partis politiques légalement constitués, dans un pays comme le Sénégal, qui compte quelque 7 millions d’électeurs. Même s’il y a débat sur les approches et les méthodes à adopter pour réduire cette pléthore de partis, les Sénégalais dans leur majorité sont d’avis que l’on ne peut laisser perdurer une telle anarchie. Il est grand temps de remettre de l’ordre dans ce domaine ».
par Ousmane Thiam
LA MÉTAPHORE DE L’ENTONNOIR
Longtemps dissociés institutionnellement, l'urbanisme et l'aménagement du territoire sont désormais réunis au sein d'un même ministère. Cette réforme marque-t-elle le passage d'une logique sectorielle à une vision systémique du développement territorial ?
Urbanisme d’abord, aménagement du territoire ensuite ? L’inverse ? Ou les deux en même temps ?
Comme beaucoup de mes compatriotes, c’est avec une satisfaction immense que j’ai accueilli le regroupement, dans un même ministère, des départements de l’urbanisme, des collectivités territoriales et de l’aménagement des territoires. Longtemps souhaitée et réclamée par les spécialistes et acteurs du territoire, toutes échelles confondues, cette décision marque sans doute une volonté du nouveau régime à changer de paradigme et à placer les collectivités territoriales au cœur de la mise en œuvre de ces deux compétences transférées.
Urbanisme et Aménagement du territoire : de quoi parle-t-on exactement ?
La différence fondamentale entre l’aménagement du territoire et l’urbanisme se résume à une question d’échelles et de vocations stratégiques. L’aménagement du territoire s’intéresse aux grands ensembles territoriaux, du supranational au département pour prendre l’exemple du Sénégal. Il analyse leurs formes, leur occupation, les tendances lourdes de leurs grandes distributions (populations, établissements humains et armatures, réseaux et divers phénomènes) ainsi que les structures spatiales qu’elles génèrent ou susceptibles d’en résulter dans un horizon temporel défini. Le territoire est l’échelle de la planification spatiale stratégique.
L’urbanisme, quant à lui, se focalise sur les micro-échelles (la ville, la commune, le parcellaire cadastral), les interactions directes entre les communautés et leur milieu de résidence/vie, la superstructure qui en résulte et la conception du dispositif technico-humain et réglementaire visant à promouvoir l’harmonie et l’épanouissement dans la cité. La quête effrénée du bien-être humain fait désormais de l’habitant, ou plus correctement du citoyen, un acteur de droit dont les goûts et les désirs légitimes deviennent des dimensions clés du projet urbain (placemaking).
Urbanisme et Aménagement du territoire : quelle approche pour le Sénégal ?
Si la création de ce méga-ministère est très largement appréciée, la terminologique et la syntaxe de sa dénomination « ministère de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’aménagement des territoires » suscitent néanmoins une grande interrogation. S’agit-t-il tout simplement d’un coup de charme ou, plus sérieusement, d’une réelle volonté disruptive visant à opérer la rupture tant attendue dans la mise en œuvre des politiques territoriales ?
En matière d’aménagement du territoire, la méthode de l’entonnoir est la plus répandue. L’entonnoir est une image parfaite pour décrire, conceptualiser ou modéliser des processus complexes dans divers domaines, l’entonnoir de vente par exemple dans le secteur du commerce/marketing. Dans notre cas, l’axe vertical représente la structure institutionnelle qui promeut la subsidiarité des échelles et les axes horizontaux, le territoire, du niveau global aux niveaux les plus fins.
La méthode de l’entonnoir consiste à partir des grands ensembles du territoire pour constituer un référentiel unique et opposable à toutes les échelles sous-jacentes. Ce sont les tendances lourdes du territoire qui inspirent et déterminent les orientations politiques nationales, toutes échelles confondues, y compris celles de l’urbanisme stratégique. C’est l’approche adoptée au Sénégal depuis l’indépendance du pays, avec comme objectifs l’atténuation du centralisme hérité de la colonisation, la création de dynamiques d’ensemble et une intégrité territoriale renforcée. Le PNAT de 1997, le PNADT adopté en 2020 et la LOADT qui encadre sa mise en œuvre s’inscrivent dans cette démarche.
L’approche en entonnoir inversé (top/down) consiste à s’appuyer sur un ou plusieurs points stratégiques du territoire, des centres urbains en général, pour organiser et contrôler un territoire. Ses sources d’inspiration sont le mercantilisme expansionniste et les théories géographiques des lieux centraux incarnées notamment par les célèbres modèles de WalterChristaller et de Von Thünen.
Elle vise en général deux objectifs, souvent antagonistes dans l’esprit du planificateur :
Un objectif de domination et de contrôle territorial : ce fut le cas de la colonie du Sénégal dont la forme du territoire (partie occidentale), guidée par une volonté « exploitationniste » cynique et sauvage, rappelle étonnement celle de l’entonnoir. Ailleurs dans le monde, l’exemple le plus parfait est représenté par l’ex URSS. C’est l’option des régimes politiques qui aspirent à l’Etat fort. Le centre, lieu du pouvoir et du commandement, détermine et oriente toute la politique d’aménagement du territoire. L’accent est mis sur les grands projets urbanistiques qui doivent refléter le prestige, la grandeur et l’unicité du pouvoir central. C’est une approche actuellement très peu rependue dans le monde (Etats communistes et pétroliers arabes).
Un objectif d’aménagement et de développement territorial : c’est ce que semble suggérer la syntaxe de la dénomination du nouveau Ministère de l’Urbanisme (échelle micro), des collectivités territoriales (échelle méso) et de l’aménagement des territoires. Le mode opératoire consiste, sans être forcément dans une logique dirigiste, à s’appuyer sur des centres de taille et de niveaux divers, des chefs-lieux administratifs de préférence, pour impulser les dynamiques souhaitées et diffuser des règles, des pratiques ou des innovations (effet chef-lieu). Le centre et sa périphérie entretiennent des relations symétriques et complémentaires. Pour le cas du Sénégal, cette approche est consacrée par la Loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales à son article 15 qui promeut l’« égale dignité » des collectivités territoriales.
Le résultat est un territoire en structure fractale dont la complexité est telle que chaque centre, chaque entité territoriale prend un sens et une identité uniques qui garantissent sa résilience et sa survie.
La mise en commun des similitudes et des avantages comparatifs permet de constituer, à différentes échelles pertinentes, des ensembles (intercommunalités, ententes, …) homogènes, cohérents et robustes favorisant la continuité territoriale des politiques. Les grands ensembles territoriaux sont un mécanisme efficace pour lutter contre l’ «ostracisme» territorial, mais également pour lisser les aspérités et les externalités négatives liées à l’entropie territoriale ou au voisinage (avantage absolu). Il favorise l’équité et bonifie la communication institutionnelle.
L’idée d’organiser le territoire en pôles régionaux émise par le président Abdoulaye Wade (provincialisation), reprise, sans grand succès, par son successeur le président Macky Sall (pôles territoire) et ressuscitée par le régime du président Bassirou Diomaye Faye vise ces objectifs.
La réalisation de ce second objectif peut s’appuyer sur deux mécanismes, non exclusifs :
Un mécanisme de type programmatique (rattrapage) : les actions s’inscrivent dans des programmes spécifiques avec comme objectif de produire des résultats immédiats (court terme) et fortement impactants. La décision historique et audacieuse du Président Abdoulaye Wade d’organiser, de manière tournante, la fête nationale du 4 avril dans les capitales régionales du pays, avec à chaque étape un important programme d’investissements lourds à la clé et les programmes d’urgence du Président Macky Sall (PUDC, PUMA, PROMOVILLE, PACASEN, …) obéissent à ce mécanisme innovant certes, mais non durable à cause d’un portage politique aléatoire et limité dans le temps (durée du mandat présidentiel).
Un mécanisme de type planification stratégique : les actions s’inscrivent dans une temporalité longue et raisonnable. Les ressources et le chemin critique nécessaires à leur réalisation sont objectifs et normalement insensibles aux changements de régime politique. C’est dans cet esprit de continuité de l’action publique que beaucoup de préconisations du PNAT de 1997 ont été reprises et adaptées au contexte du PNADT marquées par des changements institutionnels et des mutations territoriales importantes.
Acquis à consolider et manquements à combler
Les secteurs de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire au Sénégal, pourtant très stratégiques, enregistrent un bilan modeste après plus de 60 d’indépendance. L’existence depuis 1997 d’un Plan national d’aménagement du territoire (PNAT) révisé en 2020 en Plan national d’aménagement et de développement territorial (PNADT), l’adoption, la même année, de la Loi d’orientation pour l’aménagement et le développement durable du territoire (LOADT) et la révision récente des Codes de l’urbanisme et de la construction sont des avancées significatives et appréciables certes, mais très insuffisantes par rapport à l’immensité des besoins et des défis à relever.
C’est pourquoi, dans le but de mieux consolider ces acquis et permettre à ces deux secteurs de jouer pleinement leur rôle, des réformes et mesures fortes s’imposent. Elles concernent prioritairement :
Au plan institutionnel
La signature du décret portant création du Fonds d’impulsion à l’aménagement du territoire (FIAT)
La suppression des doublons institutionnels,
La fusion des agences, directions et services techniques ayant presque les mêmes missions et les mêmes cibles,
La création d’un guichet unique territorial pour les communes et les départements
Le transfert institutionnel et la régionalisation de la Commission de contrôle des opérations domaniales (CCOD)
Le transfert de la tutelle technique des services cadastraux
Au plan technique
L’effectivité, le renforcement et la décentralisation des Fonds destinés à l’urbanisme et au logement,
Le renforcement des services techniques déconcentrés
La généralisation des documents de planification urbaine et territoriale
Une meilleure implication dans les instances et dispositifs de gestion foncière et domaniale
La mise à jour, à partir de 2025, du Plan national d’aménagement et de développement territorial (PNADT)
Au plan territorial
La mise en œuvre de la Charte de la déconcentration,
La révision et la mise à jour du Code général des collectivités locales (CGCL),
La réforme des fonds d’appui à la décentralisation, pour une meilleure efficacité,
Une meilleure appropriation du BCI par les collectivités territoriales,
La consolidation de la fonction publique territoriale,
La correction des incohérences territoriales (en priorité la délimitation et le bornage des limites territoriales),
Le retour à la région collectivité territoriale (échelon manquant), en mettant l’accent sur les grands ensembles (pôles, ententes, …),
Le renforcement des Départements par une fiscalité propre
L’adoption d’un statut de l’élu territorial et la réforme du conseil municipal et du bureau du conseil départemental
L’audit du foncier urbain
La généralisation des pôles urbains
Pour un Sénégal fort, juste et prospère … !
Dr. Ousmane Thiam, Agence nationale de l’aménagement du territoire (ANAT) - Responsable du Pôle oriental (Tambacounda et Kédougou).