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25 novembre 2024
Développement
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PROMESSES ET ÉCUEILS DES 100 JOURS DE DIOMAYE FAYE
Réformes de la justice, réorganisation des semences, baisse des coûts : Moundiaye Cissé salue les premiers "actes" du nouveau régime. Mais les tensions avec la presse et la crise autour de la DPG viennent ternir ce début de mandat
Dans une interview exclusive accordée à l'émission "Le Point" de la RTS, Moundiaye Cissé, directeur exécutif de l'ONG 3D (Démocratie, Droits humains, Développement), dresse un bilan nuancé des 100 premiers jours du président Bassirou Diomaye Faye.
Le chef de la société civile salue plusieurs « actes forts » du nouveau chef d'État, notamment le lancement d'un dialogue sur la réforme de la justice, la réorganisation de la distribution des semences et des engrais confiés à l'armée, et les efforts pour réduire le coût de la vie. Cependant, Cissé pointe du doigt certaines tensions, comme la confrontation avec la presse et la crise institutionnelle autour de la déclaration de politique générale du Premier ministre.
Sur le plan diplomatique, l'expert applaudit l'approche de proximité du président envers les pays voisins, tout en notant un manque de clarté dû aux initiatives parallèles du Premier ministre vers les pays du Sahel.
Concernant la lutte contre la corruption, Cissé appelle à des actions concrètes suite à la publication des rapports des organes de contrôle. « Il faut qu'il y ait une suite, sinon ce sont les mêmes pratiques », insiste-t-il, plaidant pour une reddition des comptes transparente et équitable.
Enfin, sur la question cruciale du pétrole et du gaz, le directeur de la 3D exhorte à la transparence et à une répartition équitable des ressources, soulignant l'importance d'impliquer l'Assemblée nationale et la société civile dans les décisions futures.
LES NOMINATIONS AU CONSEIL DES MINISTRES DU 3 JUILLET
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du mercredi 3 juillet 2024.
"AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES,
Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
- Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Au titre de la Présidence :
- Monsieur Lansana Gagny SAKHO, titulaire d’un doctorat en Business
Administration, est nommé Président du Conseil d’Administration de l’Agence de Promotion des Investissements et des Grands Travaux (APIX), en remplacement de Monsieur Abdou FALL ;
- Monsieur Fall MBAYE, titulaire d’un doctorat en Génie électronique, est nommé Directeur Général de l’Institut National du Pétrole et du Gaz (INPG), en remplacement de Monsieur Aguibou BA.
Au titre de la Primature :
- Le Colonel Amadou Ousmane BA de la Gendarmerie nationale, précédemment Directeur du Contrôle, des Etudes et de la Législation au Ministère des Forces Armées, est nommé Directeur général de la Surveillance et du Contrôle de l’Occupation du Sol, en remplacement du Colonel Papa Saboury NDIAYE, appelé à d’autres fonctions.
Au titre du Ministère de l’Intérieur :
- Monsieur Abdoul Wahabou SALL, Contrôleur général de Police, est nommé Directeur général Adjoint de la Police nationale, en remplacement de Monsieur Modou DIAGNE, appelé à d’autres fonctions.
Au titre du Ministère de la Justice :
Monsieur Aliou NDIAYE, titulaire d’un master professionnel en sciences de gestion, matricule de solde n° 602 214/C, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de la Justice, en remplacement de Monsieur Abdoulaye SY, appelé à d’autres fonctions.
Au titre du Ministère des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens :
- Monsieur Pape Abdourahmane DABO, Ingénieur des Travaux Publics est nommé Président du Conseil d’Administration de la société AIBD SA, en remplacement de Monsieur Abdoulaye TIMBO.
-Monsieur, Atoumane SY, Spécialiste Sécurité Routière et titulaire d’un Diplôme d’Études Approfondies (D.E.A) en Géographie et Aménagement du territoire, est nommé Directeur général de l’Agence nationale de la Sécurité Routière (ANASER), en remplacement de Cheikh Oumar GAYE.
- Monsieur Ibrahima SALL, Ingénieur Géotechnicien – Expert Routier, est nommé Directeur Général de la Société Autoroutes du Sénégal (ADS), en remplacement de Monsieur Aubain SAGNA, appelé à d’autres fonctions.
Au titre du Ministère de l’Environnement et de la Transition écologique :
- Le Colonel Ibrahima GUEYE, conservateur des parcs nationaux, est nommé Directeur des Parcs nationaux, en remplacement de Monsieur Bocar Thiam admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
- Monsieur Aliou NDIAYE, professeur assimilé en biotechnologie végétale, est nommé Directeur exécutif de l’autorité nationale de Biosécurité, en remplacement de Monsieur Ousseynou KASSE, appelé à d’autres fonctions ;
- Le Colonel Lamine KANE, conservateur des parcs nationaux, est nommé Secrétaire permanent de l’Autorité nationale de Biosécurité, poste vacant ;
- Monsieur Modou Fall GUEYE, titulaire d’un doctorat en biologie végétale est nommé Directeur du Centre d’Education et de Formation environnementales, en remplacement de monsieur Gora NIANG, appelé à d’autres fonctions.
Au titre du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation :
- Monsieur Serigne Mbacké LO, Ingénieur informaticien est nommé Directeur du Centre Régional des Œuvres universitaires sociales de Thiès, en remplacement de Monsieur Cheikh SALL ;
- Monsieur Jean Birane Gning, maître de conférence titulaire, est nommé Directeur du Centre Régional des Œuvres universitaires sociales du Sine Saloum, en remplacement de Monsieur Ousseynou Diop ;
- Madame Fama Dieng, juriste spécialiste en logistique et management portuaire,est nommée Directeur du Centre Régional des Œuvres universitaires sociales de Diamniadio, en remplacement de Moussa Hamady SARR;
- Monsieur Salif Baldé, titulaire d’un doctorat en sciences de l’Education, est nommé Directeur du Centre régional des Œuvres universitaires sociales de Ziguinchor, en remplacement de Monsieur Sana MANE.
Au titre du Ministère de l’Industrie et du Commerce :
- Monsieur Momar Talla GUEYE, Directeur de recherches CAMES, précédemment Directeur de la Recherche et du Développement de l’Institut de Technologie Alimentaire, est nommé Directeur de l’Institut de Technologie Alimentaire, en remplacement de Mamadou Amadou SECK, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite.
Au titre du Ministère de la Famille et des Solidarités :
- Madame Assiah DIOP, titulaire d’un Diplôme d’Ingénieur en Industrialisation spécialiste en Financement de l’Entreprenariat, est nommée Directeur général du Développement communautaire et de la Promotion de l’Equité, en remplacement de Monsieur Mousse Bar Faye ;
- Madame Fatoumata Bintou DIEDHIOU, titulaire d’un Master 2 en management de Projets, est nommée Directeur de l’Equité Sociale en remplacement de Madame Fatou DIAGNE ;
- Monsieur Ely Paul BIAGUI, précédemment directeur régional du pôle sud du Développement communautaire, est nommé Directeur du Développement Communautaire, en remplacement de Monsieur Khadim SYLLA ;
- Madame Saye CISSÉ, titulaire d’un Master 2 en Biogéographie, est nommée Directeur de l’Equité Territoriale en remplacement de Monsieur Abiboulaye LO ;
- Madame Fatou BA, titulaire d’un Master 2 en Droit Ingénierie financière et fiscalité, est nommée Directeur de Promotion des droits et de la Protection des Enfants en remplacement de Monsieur Ibrahima GUEYE ;
- Madame Nancy NDOUR titulaire d’un doctorat en Sociologie de l’éducation, est nommée Directeur de l’Autonomisation Économique des Femmes, poste vacant ;
Monsieur Edmond KAMARA, Administrateur civil, matricule de solde n° 624 555/C, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de la Famille et des Solidarités.
Au titre du Ministère de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires :
- Monsieur Baye NIASS, Ingénieur de conception en BTP, option Ponts et Chaussées, est nommé Directeur général de l’’Agence de Construction des Bâtiments et Édifices Publics, en remplacement de monsieur Hamady DIENG ;
- Monsieur Serigne Cheikh BAKHOUM, Inspecteur de l’Administration pénitentiaire, matricule de solde n° 659 489/E, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires ;
- Madame Sophie DIONE, expert environnementaliste, est nommée directeur du Projet de Promotion de la Gestion Intégrée et de l’Economie des Déchets Solides (PROMOGED), en remplacement de Monsieur Cheikhou Oumar GAYE ;
Au titre du Ministère de la Santé et de l’Action sociale :
- Monsieur Ousmane CISSE, titulaire d’un doctorat en médecine, est nommé Directeur général de la santé, en remplacement du docteur Barnabé GNING ;
- Monsieur Seydou DIALLO, titulaire d’un doctorat en pharmacie, est nommé Directeur général de la SEN-Pharmacie nationale d’approvisionnement (SENPNA), en remplacement du docteur Fatou Faye Ndiaye DEME ;
- Madame Fatou Bara NDIONE, ingénieure biomédicale, matricule de solde n°613.850/E, est nommée Directeur des infrastructures, des Équipements et de la Maintenance au Ministère de la Santé et de l’Action Sociale, en remplacement de Monsieur Amad DIOUF ;
- Monsieur Malick DIALLO, titulaire d’un doctorat en gestion des ressources humaines, est nommé Directeur des ressources humaines au Ministère de la Santé et de l’Action Sociale, en remplacement de Awa Fall DIAGNE.
Au titre du Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage :
- Monsieur Mamadou Lamine DIOUF, Economiste, matricule de solde n° 610 992/C, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage.
Au titre du Ministère de la Microfinance et de l’Economie sociale et solidaire :
- Monsieur Abdou Diaw, titulaire d’un doctorat en finance islamique, est nommé coordonnateur national du Programme de Développement de la Microfinance Islamique, en remplacement de Madame Aminata DIAO."
par Elgas
FACE À LA POUSSÉE DU RASSEMBLEMENT NATIONAL, DEVANT SON MIROIR, LA FRANCE FUSTIGE SON REFLET
L’évidence RN se dessine, et elle ne suscite plus une répulsion aussi franche. C’est une certaine idée de la France qui est en train de mourir. Sa grandeur, son exceptionnalité, ses droits humains. Toutes gloires nationales qui s’évanouissent
Une France qui hurle à la laideur face à son propre reflet dans le miroir. L’image ne serait pas exagérée pour décrire le mélange de sidération, de peur, d’incertitude et surtout de déni qui s’est abattu sur la France depuis le 9 juin, et davantage au lendemain des résultats du premier tour des élections législatives qui consacrent l’inarrêtable montée du Rassemblement national.
Pourtant, si on se cantonne à l’analyse des dynamiques internes de la scène politique française, la dissolution de l’Assemblée nationale semblait inéluctable. Dans un Parlement qui paraissait chaotique, avec une inclination particulière pour le conflit et le refus des compromis, émietté, soumis aux vents de forces contraires – pour ne pas dire factions –, le blocage institutionnel chronique rendait impuissante toute gouvernance. L’automne et le vote du budget semblaient constituer l’horizon naturel de la déflagration. Il s’agit donc d’une accélération du calendrier, que l’on doit au chef de l’État. L’opportunité et le timing de cette dissolution prononcée le 9 juin 2024 sont discutables. Ils peuvent être imputés, entre autres, au caprice vengeur d’un monarque impuissant et rejeté. Un président au crépuscule du pouvoir, dont l’état de grâce s’est dans un premier temps fané, pour ensuite totalement s’assécher, dans un entêtement coupable qui se prend en pleine figure le boomerang de la disruption à marche forcée.
Le pire des scénarios
Le rejet de la Macronie est clair, et la « grenade dégoupillée » – pour reprendre la formule d’Emmanuel Macron – a explosé. À bien des égards, c’est le pire des scénarios : un vote décomplexé à l’extrême droite, qui agrège le classique rejet de la colère et désormais la franche adhésion à un projet xénophobe d’une partie importante des Français. Ils constatent que les barrages successifs contre le rassemblement national lui ont pavé la voie vers le pouvoir. Score affolant aux européennes, sommets atteints pour les législatives, possibilité bien réelle sinon probable d’une majorité absolue au Parlement : l’évidence RN se dessine, et elle ne suscite plus une répulsion aussi franche et majeure. Avec le ripolinage express de son programme sur le front économique, les reculs notoires sur des projets phares, le RN semble moins agressif. En parallèle, il se dit que le dispositif constitutionnel peut a minima faire contrepoids voire différer la mise en œuvre du programme, contribuant à la perception d’une urgence moindre. Le sursaut populaire, participation en hausse comprise, a donc été timide, et la rue, relativement aphone, si on excepte quelques manifestations parisiennes ou urbaines. Cette apathie tranche avec un champ politique où les réactions ont fusé, poussant à des alliances contre nature sur ce qui s’apparente à un champ de ruines. Ces coalitions tentent de refonder un front républicain dont les fissures anciennes sont les fractures irréconciliables d’aujourd’hui. Le degré d’animosité politique, perçu dans la précédente législature, consacre une tripartition des blocs, avec une seule dynamique solide : le RN.
Les ressorts du vote RN ont été documentés depuis longtemps, et la base de son électorat identifiée. Victimes de la mondialisation, déclassés, ruralité délaissée, embryon factieux avec les gilets jaunes, polarisation conspirationniste durant le Covid-19, rejet de l’immigration associée à l’insécurité et à une charge financière pour le pays, préférence nationale : toutes ces nuances du sentiment d’abandon restent un marqueur du vote RN. Fait nouveau, le RN n’effraie plus une certaine élite, et séduit de jeunes urbains, achevant ainsi sa mue de dédiabolisation. Le parti surfe dorénavant sur une vague dite de révolution conservatrice, qui prospère dans le monde, indépendamment des régions. De l’Inde à la Russie en passant par le Sénégal, une matrice forme le fondement commun de ce regain de conservatisme : le retour désiré et idéalisé à des valeurs anciennes, pour contrer un progressisme jugé comme élan de la perdition. Somme toute, c’était mieux avant. Revendication d’une fierté nationale menacée, au Nord par l’immigration, et au Sud par le néocolonialisme. Le tout accompagné d’un aspect plus incernable, un populisme qui procède par le déni et par l’attaque des élites jugées corrompues, légitimant ainsi une radicalité quasi-séditieuse.
Longtemps protégée grâce à la morphologie électorale des scrutins à deux tours et à leur propension à nourrir les barrages, la France se pensait invulnérable ou immunisée. Elle arrive désormais à un moment charnière où elle a épuisé tous les contournements, et ne peut plus différer l’échéance d’une clarification, dût-elle convier au pouvoir le RN. Dans cette dynamique, on ne peut faire l’économie d’évoquer trois responsabilités majeures – outre la force intrinsèque du parti des Le Pen. Celle d’abord du président, qui cristallise une haine aux pointes irrationnelles, laquelle déteint sur sa politique. Celle ensuite de la défunte Nupes, cornaquée par la France insoumise dont l’ADN politique révolutionnaire chemine imprudemment avec de franches outrances. Celle enfin des médias : l’inexorable croisade civilisationnelle de Bolloré et de son empire, mais aussi le registre moral voire moralisateur de médias de gauche qui assimilent tout à la droite extrême, dans une équivalence dogmatique.
« La Tragédie du président », les manœuvres malhabiles de LFI
La responsabilité première du président est avant tout politique. La dynamique économique du pays sous l’air Macron est relativement défendable, même si la réduction du chômage et les succès réels sur ce front ont atteint un plafond, et que ce qui se présentait comme le talisman de la majorité lancée vers le rêve du plein emploi a alourdi la barque des déficits et des inégalités – sans parler des crises qui ont grevé sérieusement le budget. Au-delà de cet aspect économique, Emmanuel Macron traine depuis le début de sa présidence un boulet : une méconnaissance de la sociologie française, et une rupture originelle avec les classes les plus en difficultés. Sa présidence s’est très vite confondue avec sa personne, lui qui mobilise une grammaire disruptive, violente dans le symbole, rendant souvent inaudible toute potentielle bonne action. Si «la tragédie du président» est souvent inéluctable en France, cette réclusion précoce doublée de rejet personnalisé et personnel, signe la défaite d’un président à qui on ne pardonne pas sa déconnection, la nature fulgurante de son succès, et la désagrégation de repères politiques presque centenaires.
Si l’ovni qu’est la Macronie se désagrège du fait de ses propres apories, il serait pourtant bien réducteur d’attribuer à Emmanuel Macron seul la responsabilité de la montée du RN. La France insoumise (LFI) y a, elle aussi, beaucoup contribué. Avec une présence à l’Assemblée chahuteuse, belliqueuse, le groupe de Jean-Luc Mélenchon a donné par mégarde une contenance républicaine au RN, triste comparaison. Du fait de la conflictualisation extrême théorisée par Jean-Luc Mélenchon, les Insoumis ont parfois donné l’image d’un parti sectaire, avec des ambiguïtés notables sur l’Ukraine, entre autres. Le désir légitime d’une gauche et de son avènement a ainsi frayé avec certaines compromissions. LFI, portée par un mythe révolutionnaire bien français, a donné des forces à un RN qui apparaissait comme le parti de l’ordre. Au-delà de ces gages en termes d’image, LFI est devenue le parti fièrement assumé des quartiers populaires, y compris contre la France des périphéries – et ce malgré d’intenses tensions internes. Cette manœuvre bien malhabile a fini d’opposer des classes qui souffrent, et dont les votes sont désormais clairement antagonistes sinon hostiles : en délaissant les périphéries, LFI n’a fait que conforter le sentiment d’abandon qui porte le RN. La facilité accusatoire – racisme, antisémitisme, et autres qualificatifs fleuris – a fini d’hystériser le débat, et de rendre tout compromis impossible, dans une dynamique perpétuelle du « eux contre nous ».
Entre invectives et propagande, l’impossible débat
Sur cette césure, le refrain médiatique s’est greffé, avec la reconfiguration du paysage et l’ascension de l’empire Bolloré. Cette nouvelle donne a déplumé ce camp de la raison que les médias incarnaient à bien des égards, laissant ainsi le débat à la merci des invectives et de la propagande. Il serait bien sûr malheureux de renvoyer dos à dos les médias droitisés et les médias de gauche et du centre. Il n’en reste pas moins que, dans cette séquence politique, l’examen de conscience de chacun manque cruellement.
Traversant le champ politique dans son entièreté, le champ médiatique, et de manière plus générale le champ intellectuel, le même venin est à l’œuvre. Une impossibilité de débat apaisé, de questionnement, de remise en cause, qui a littéralement disjoncté sous Emmanuel Macron. Avec ce tournant, amorcé depuis longtemps et qui s’accélère désormais, c’est une certaine idée de la France qui est en train de mourir. Sa grandeur, son exceptionnalité, ses droits humains. Toutes gloires nationales qui s’évanouissent. D’où ce déni, cette défausse. Le frisson du chaos est inconsciemment préféré à la nécessaire remise en cause. Il existe des boucs émissaires commodes. Si Macron est le premier appelé à la barre, il devra être suivi par toute la classe politique, médiatique et intellectuelle. Le deuxième tour à venir et la séquence politique qu’il enclenche ne sont que le reflet et le refoulé d’une faillite collective, qu’il est temps de regarder en face.
À COLOBANE, UN MONDE S'EFFONDRE
Derrière les étals et la cohue des vendeurs à la sauvette se cache tout un quartier populaire où se côtoient commerces honnêtes et activités plus troubles. Une plongée dans les ruelles révèle un condensé de Dakar
Le mot Colobane fait le plus souvent penser « marché ». Seulement, Colobane, c’est aussi un quartier. Ou, plutôt, un mix entre les deux. Avec le déguerpissement en cours, un pan de l’histoire de ce marché s’effondre avec la disparition (provisoire ?) du « Market » où se côtoient des vendeurs honnêtes et des « pickpockets », qui vous regardent avec leur sourire de truand.
L’on s’est plusieurs fois plaint de l’occupation anarchique des trottoirs dans la capitale sénégalaise. De la transformation de ces lieux de circulation en marchés. Ailleurs, peut-être la voix de la plainte sera entendue, mais à Colobane, le phénomène fait partie du décor. Entre un jeune homme l’avant-bras exhibant des ceintures, un plus vieux tenant un pantalon et un autre, moins discret, qui propose ses articles aux passants, le trottoir n’a d’existence que la portion que les ambulants daignent lui laisser. La route devient trottoir. Voitures et passants se la disputent. Et, gare à celui qui n’aura pas entendu les klaxons, qui se sera laissé distraire par les produits que les vendeurs lui font miroiter. Ou, tout simplement, celui dont l’oreille aura été charmée par la musique mêlée au brouhaha du marché de Colobane.
Certains le désignent par «Col-ways», d’autres «Market».
Ces deux anglicismes témoignent à suffisance du caractère «capitaliste» des lieux. Dans les nombreux recoins qui le composent, en plus des artères, les vendeurs draguent, littéralement, celles et ceux qui traversent. C’est un petit «cher ami», un regard ou une exposition très colorée de la marchandise qui servent d’appât. Entre autres… El Hadji Bathie Ndiaye aura réussi à résister à la tentation des vendeurs de godasses. Au moins, jusqu’à tomber sur celui avec qui il parlait au téléphone depuis son entrée au «Market». Chez Ibou Yade, il trouve déjà des clients comme lui, venus s’offrir des chaussures de football. Il n’y a pas que le vacarme des haut-parleurs et les klaxons pour entretenir l’esprit Colobane. Le marchandage y participe. De la bouche de l’assistant de Ibou Yade, il ne semble pouvoir sortir que «trente-cinq mille». Il répète cette somme, prix de vente des chaussures, à tout venant. Stratégie de commerçant, les acheteurs auront compris et proposent moins. Lorsqu’il sent que le client a à cœur d’acheter, M. Yade intervient. Ce dernier est le prototype même du «marketman». Il a été de ceux qui élisent boutique sur le trottoir en transformant leurs bras en étagères. C’était à ses débuts, en 2007. Cinq ans plus tard (2012), il obtient cette cantine où on le retrouve. Une toute petite boutique enclavée, dans une ruelle que deux personnes ne peuvent traverser simultanément en sens opposé. Ces bousculades favorisent des vols. M. Yade, la barbe bien taillée, la tête couverte d’un chapeau «Serigne Bara», confirme : «C’est un fait. Dans la foule, il y a souvent des pickpockets. On ne peut malheureusement pas le nier. Mais, force est de reconnaître que les vols ont considérablement diminué.» Et pour cause : «Il fut un temps où Colobane était peuplé d’individus à mauvaise réputation. Et c’est vrai qu’ils n’étaient pas blancs comme neige. Mais maintenant, il y a plus de vendeurs, des gens qui ne sont mus que par le vœu de gagner dignement leur vie. Ça fait alors que les choses ont évolué.»
« Mapend a», « Paladium », « l’alouette » : les mots de l’anarchie d’antan
Le changement tant chanté par M. Yade est aussi en partie dû au sursaut des jeunes du quartier. En effet, Colobane n’est pas que marché. C’est d’abord un lieu d’habitation. Seulement le «Market» ne s’est pas contenté d’étendre ses tentacules jusque dans les rues du quartier. Il les a phagocytées de telle sorte que dans l’imaginaire, Colobane équivaut à marché. Dans la rue 45 angle 46, Baye Diaw gère son atelier de menuiserie métallique. La rue est tranquille… maintenant. L’ambiance était tout autre. M. Diaw indique trois endroits dans cette même rue : «C’étaient des bars. Une fois saouls, ceux qui les fréquentaient se bagarraient et dérangeaient notre quiétude. Il a fallu que nous, jeunes habitants de Colobane, nous mobilisions pour tout faire cesser.» «Mapenda», «Paladium», «l’alouette»…, Baye Diaw énumère les anciens bars qui inondaient la rue autrement appelée «Ndoyène». Cette partie de Colobane est désignée sous le nom de Parc à Mazoute. Nom venant du terrain en face du marché qui, autrefois, faisait office de lieu de stockage du mazoute. Khousse Niang en est le délégué. Le vieillard est à Colobane depuis 1957. Ses mains tremblent, sa vision faible se noie dans un visage lézardé de rides. Mais, sa mémoire reste intacte. Lorsque les jeunes n’ont que des repères relatifs à l’organisation actuelle du marché pour situer une maison, lui donne directement le nom des rues. Une dame, venue acquérir un certificat de résidence, peine à désigner sa rue. Une indication, et le vieux de réciter : «Rue 14, angle Nianghor.» L’ancien officier civil de l’Armée se souvient de l’implantation de «quartier barraque» et décrit les avantages qu’il y a à habiter Colobane. «Nous avons une gare, un garage et un marché», dit-il. Le fameux marché qui étouffe le quartier… ou pas. A en croire le délégué, l’un est bien distinct de l’autre. Du reste, toute la rue Ndoyène est jalonnée de boutiques. A même le sol d’ailleurs, certains gèrent leur commerce. Côté sécurité, on ne se plaint pas. Son petit-fils Baye Diaw tient à rassurer.
A la sortie du marché, en face de la maison du Parti socialiste (Ps), deux groupuscules. Quelques curieux s’arrêtent. Devant eux, des hommes qui expliquent le jeu. On mise, on gagne, on perd. Bien sûr, personne ne joue, personne ne gagne. Tous font semblant, le but étant d’attirer les passants. Les pousser à miser et à perdre… dans la plupart des cas. El Hadji Bathie Ndiaye se rappelle un ami qui a laissé des plumes dans ces mises en scène célèbres même au-delà de Colobane. Il a été dépouillé de soixante-dix mille francs, témoigne M. Ndiaye. Entre les marchands d’illusions, ceux qui vendent sur les trottoirs et les boutiques ou encore les pickpockets, Colobane garde ce mélange d’un peu de tout qui a fait et continue de faire sa renommée.
par Thierno Alassane Sall
RWANDA : L’ÉCHO DE LA BARBARIE
EXCLUSIF SENEPLUS - Au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Nigeria… L’humanité n’a pas beaucoup changé. Il suffit de remplacer Yougoslavie par Ukraine, et Rwanda par Gaza ou Goma. La violence coloniale est encore à l’œuvre dans les psychés
“Déclare en toi et grave dans ton cœur : (…) que jamais revivant ce qui est aujourd'hui ne te vienne à l'esprit cette lourde parole : à quoi bon ?” Paul Valéry.
Je me suis replongé dans l'inoubliable génocide rwandais, survenu il y a 30 ans. Je vous invite à lire le livre du Général Roméo Dallaire, Shake Hands with the Devil - The Failure of Humanity in Rwanda, qui à l'époque commandait les Casques bleus chargés de l'interposition entre les belligérants (les rebelles de l'Armée Patriotique Rwandaise d'une part et les forces gouvernementales de l'autre). Au fil des pages, on découvre "l'échec de l'humanité", les luttes de pouvoir qui suscitent et entretiennent la haine entre pauvres gens, et le dévouement d'une minorité de personnes (de différentes nationalités) qui, au péril de leur vie, ont tout entrepris pour sauver des innocents. En face, la bestialité la plus achevée, car organisée, planifiée, armée, excitée par tous les médias disponibles comme la Radio-Télévision Libre des Mille Collines... Les tueurs ? Une soldatesque ivre, mais aussi des gens ordinaires, des voisins, des cousins, des conjoints, des adolescents qui découpaient à la machette en riant. Et les victimes devenaient le "festin" de chiens errants et de crocodiles des rivières charriant des milliers de corps.
Cette tragédie n'aurait pas eu lieu sans le silence d'une communauté internationale, qui regarde toujours là où se trouvent les intérêts de la petite clique qui contrôle le monde. Depuis 1994, la guerre s'est déplacée à l'ancien Zaïre, devenu la RD Congo. Elle se poursuit encore de nos jours. Aux 800 000 morts du génocide se sont ajoutés, durant ces trois dernières décennies, 10 millions de morts dans une tragédie sans fin.
Oui, il y a l'Ukraine, mais il y a aussi le Soudan, il y a la "doyenne" des tragédies, infligée depuis plus de 75 ans aux Palestiniens, il y a la Libye, et il y a les Congolais tués pour que ce téléphone portable que je tiens rapporte beaucoup aux multinationales.
L'humanité se noie en effet dans les Grands Lacs. Depuis la colonisation, depuis la "décolonisation"... depuis Léopold II de Belgique dont le Congo était la propriété privée, le monstre Stanley et ses montagnes de crânes autour de sa résidence, les mains coupées des travailleurs forcés pour la moindre peccadille, la CIA et les services belges planifiant la liquidation de Lumumba… Ces nations, prétendument venues nous apporter la civilisation, ont privé des femmes et des hommes paisibles de leur humanité et ont initié des génocides. La violence coloniale est encore à l’œuvre dans les psychés.
Le témoignage du Général Roméo Dallaire constitue le Livre de l’Horreur absolue et gratuite, qui prouve qu’assurément, à l’échelle de la bestialité, l’humain se hisse à des cimes inaccessibles à toute autre espèce. Les innombrables scènes de massacres qu’il décrit (et qui ne constituent que quelques séquences d’un film de plusieurs mois) montrent la banalisation de la cruauté au point où tuer devient un acte jouissif, pratiqué en bandes hilares et à l’échelle de tout un pays, du matin au soir. Extraits parmi des milliers d’autres : “(Les génocidaires) allaient de maison en maison… ils exécutaient certaines (victimes) sur place mais amenaient les autres vers une fosse commune près de l’aéroport (de Gisenyi, ville touristique près du lac Kivu) ; là, ils (les génocidaires) leur coupaient les bras et les jambes, et ensuite les massacraient, selon les témoignages oculaires des observateurs militaires des Nations Unies. L’Armée et la Gendarmerie (gouvernementales) n’ont rien entrepris pour arrêter ces groupes de tueurs… Un prêtre avait donné refuge à plus de 200 personnes dans son église pour leur assurer protection ; après les prières, les tueurs ont ouvert les portes et ont massacré toute l’assemblée…. Une autre chapelle fut brûlée avec des centaines de personnes réfugiées à l’intérieur. Des enfants âgés de 10 à 12 ans tuaient d’autres enfants. Des mères portant des bébés au dos tuaient d’autres mères portant des bébés au dos.”
Le génocide rwandais nous ramène à des questions fondamentales qui troublent notre conscience d'humains et interrogent nos silences, voire celui du Créateur. Le Rwanda tout entier ressemblait à un champ où des personnes ordinaires, des bons pères et mères, des enfants innocents moissonnaient à coups de machettes des humains comme eux.
Les suppliques des parents qui offraient leurs vies pour sauver leurs enfants, dont les échos étaient répercutés à travers les mille collines, étaient à peine perçues par le Conseil de sécurité des Nations Unies ou par la bureaucratie de l'OUA. Il est vrai que le Rwanda n'était pas l'ex-Yougoslavie, qui mobilisait à l'époque l'attention de la "communauté internationale". Aujourd'hui encore, rien de nouveau sur la planète Terre, il suffit de remplacer Yougoslavie par Ukraine, et Rwanda par Gaza ou Goma.
Et Dieu dans tout ça ? Il semble bien s'être manifesté de manière fugace à quelques élus, tels que le Commandant Diagne du Sénégal, membre de l'état-major du Général Dallaire. Ce dernier écrit : “Un soir, alors qu'il (le Commandant Diagne) était assis devant son bureau rédigeant (un rapport), il eut un soudain besoin de prier ; il glissa de sa chaise et se mit à genoux sur son tapis de prière, tourné vers La Mecque. À cet instant précis, un énorme éclat d'obus fracassa la vitre, traversa la pièce, passant exactement à la place qu'il venait de libérer, cogna contre le mur pour atterrir, le métal encore chauffé au rouge, à ses pieds. Il venait d'échapper, d'un cheveu, à une mort certaine."
C’était il y a trente ans. L’échelle des tueries en moins, on entend encore les échos des cris des suppliciés dans les villages de pauvres gens massacrés de nos jours dans le Sahel. Au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Nigeria… L’humanité n’a pas beaucoup changé. Je sors de cette lecture grippé émotionnellement et blessé par tant de cruauté, mais avec une grande volonté : ne jamais faillir à mon devoir de vigilance.
par Moustapha Diakhaté
FARINE DE BLÉ : ENTRE ARCHAÏSME ET CUPIDITÉ
Entre chaîne d'importation archaïque et pressions monopolistiques des minoteries, le blé au Sénégal révèle ses failles de régulation. Malgré la baisse des cours, le gouvernement réclame une répercussion sur les prix au consommateur
Bés Bi le Jour |
Moustapha Diakhaté |
Publication 03/07/2024
Le Sénégal importe 800 000 tonnes de blé en moyenne chaque année répartis entre une dizaine de minoteries dont les plus significatives par leurs capacités de transformation du blé – 50% importé de l’ex-URSS - en farine sont les Grands Moulins de Dakar, GMS, FKS, NMA, OLAM, Sedima, MDS. Presque 60% de capitaux et de l’actionnariat du secteur sont étrangers avec le carré d’or autour de GMS, GMD, FKS et OLAM qui ont fini d’imposer une entente assimilable à un oligopole imposant leur prix et quotas aux quelques 3 500 boulangers du pays. Ils osent engager le bras de fer avec l’État régulateur. Portée par une démographie croissante et une urbanisation rapide, la consommation de blé, et en particulier de pain, est en progression constante au Sénégal comme un peu partout en Afrique, ce qui accentue les risques et vulnérabilité de la sécurité alimentaire des populations face aux fluctuations des prix de cette denrée sensible.
Depuis la Covid-19 et surtout la guerre russo-ukrainienne, les cours mondiaux ont drastiquement baissé. En 2022, la tonne de blé, qui était de 280 euros avant le conflit, a atteint un pic en juin, à plus de 500 euros, mais aujourd’hui le cours du blé tendre est coté à 217 Euro /T - référence CEREALIS -. Pour le blé russe, c’est même beaucoup moins tant les stocks russes sont excédentaires et à la recherche de clients avec l’embargo. Les cours et les stocks mondiaux ont retrouvé leurs niveaux d’avant Covid-19 et mieux, les récoltes record des USA exercent une pression sur les cours mondiaux et l’offre des négociants de blé. Malheureusement faute de centrale d’achat des minoteries locales, de cotation centralisée des cours de blé en Afrique de l’Ouest pour cette denrée essentielle pour nos populations ; de terminaux céréaliers adéquats sur nos ports et corridors et d’une régulation inexistante du secteur comme au Sénégal, les pays d’Afrique au Sud du Sahara avec le Sénégal en tête paient toujours un prix très onéreux pour le sac de farine que rien ne peut justifier si ce n’est les archaïsmes dans nos circuits de commerce avec des législations obsolètes et une cupidité du patronat de la farine qui veut maximiser les profits en investissant toujours un peu dans le process et la distribution.
Et pourtant les bénéfices explosent avec les tendances baissières observées sur le marché mondial du blé depuis 2022. Le Sénégal importe pour 200 milliards de blé pour la farine de pain et l’aliment de bétail avec un chiffre d’affaires des meuniers qui approche 800 milliards, ce qui leur assure un niveau de profitabilité record de 35 % ; un retour sur capitaux propres exceptionnel que seul nos économies trop peu régulées peuvent permettre. Il faut augmenter la pression fiscale sur le secteur au profit des céréales locales comme le mil. Il est donc urgent, comme le préconise le gouvernement, de baisser au moins le sac de farine de 20 % permise par la forte baisse sur les cours internationaux et de mettre en place un mécanisme de péréquation pour les fluctuations des cours mondiaux. En attendant, le prix de la baguette et même de l’aliment de bétail doivent beaucoup baisser au moins de 30 %. Il faut faire jouer le déflateur de l’indice des cours mondiaux du blé.
par Mariétou DIENG
L’ABSENCE DE CONNEXION ENTRE LE PREMIER ET SES MINISTRES
Ousmane Sonko toujours en campagne électorale présidentielle. Monsieur le chef du gouvernement, les Sénégalais ont voté, ils ont élu Bassirou Diomaye Diakhar Faye
Ousmane Sonko toujours en campagne électorale présidentielle. Monsieur le Premier Ministre, les Sénégalais ont voté, ils ont élu Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
Apparemment votre DPG est prête mais vous ne lisez pas les rapports d’activités de vos ministres. Votre rôle est de coordonner, d’orienter et de guider toutes les prises de décision, d’engagements des ministres dans l’accomplissement des missions de service public qui leur sont assignés. Mais le constat est que vous êtes en déphasage avec les actions politiques de votre gouvernement sur le terrain, tellement vous êtes obnubilé par le discours populiste. La récente annonce de visite à Colobane et à Anse Bernard montre aisément le manque de maîtrise des dossiers actuels.
Qu’est-ce qui explique ces erreurs de communication dans la coordination des actions du gouvernement ? Comment pouvez-vous ignorer la circulaire n°003317/MINTSP/SG:sp du 07 Mai 2024 de votre Ministre de l’Intérieur qui a instruit ses services de procéder au désencombrement de la voie publique en coordination avec les collectivités territoriales ? Peut-être que vous étiez trop occupé à préparer votre anniversaire du 15 juillet et cette circulaire vous a échappé. En outre, pour ce qui est de votre déplacement à Anse Bernard, derrière le Palais de la République, si vous comptez communiquer sur une vente d’un périmètre de 3 ha, cette affaire était déjà relayée par les médias sénégalais depuis 2017 et repris par les médias en 2020. Vous étiez peut-être trop pris à engager les jeunes dans le gatsa-gatsa que dans le Tabakh Tabakh.
En tant que le Premier des ministres, vous feriez mieux de préparer votre communication, de vous atteler aux urgences de l’heure, de prendre vos responsabilités et votre courage sur la question de la DPG et toutes autres attentes (déclaration de patrimoine, les réformes électorales, le processus de réconciliation nationale, l’apaisement de l’espace politique, la poursuite des solutions concrètes sur la cherté de la vie...) que d’être là à renouer avec ses pratiques populistes et de gouvernance d’éclat, de buzz, de «dagasanté» sans retombée significative sur le vécu des Sénégalais. Prenez de la hauteur à l’image du Président Bassirou Diomaye Faye qui démontre de plus en plus qu’il mérite notre tapis rouge. Néanmoins, j’invite Son Excellence Monsieur le Président de la République à beaucoup plus de FERMETÉ et de RIGUEUR sur les agissements de son PM/ Opposant qui donne l’impression de tout mettre en œuvre pour faire de ce mandat une propriété personnelle en prenant la République pour Rue Publique avec des déballages à tout va.
PM, n’oubliez pas qu’on vous attend respectueusement à l’Assemblée Nationale, avec le Tapis ROUGE, pour votre DPG afin de mieux comprendre les grandes orientations du PROJET, ce projet écrit, vous nous disiez, par des milliers d’intellectuels d’ici et de la Diaspora.
L'ASSAUT DES MULTINATIONALES SUR LE MARCHÉ SÉNÉGALAIS
Après les Grands Moulins de Dakar, Patisen et Avisen, c'est au tour de Sédima, fleuron avicole national, d'être convoité par des capitaux étrangers. Pour la Confédération nationale des employeurs, l'État se doit de préserver ces champions industriels
Après les Grands Moulins de Dakar rachetés à des centaines de millions d’euros par les Américains de Seabord, Patisen plusieurs dizaines de millions d’euros par la Marocaine Al Mada, Avisen racheté par Olam, c’est au tour de la Sedima de subir l’assaut de grandes multinationales qui, à partir du Sénégal, visent le marché de la CEDEAO. Le manque de soutien de l’État regretté par Alla Sène Guèye, président de la commission économie et finances de la Cnes.
’Le groupe Sedima en vente, près de 2 500 emplois en jeu’’. Cette information donnée par le journaliste Omar Fédior, hier sur sa page Facebook, a été largement relayée. Chacun y allant de son commentaire. Pour les uns, l’État doit racheter l’entreprise, en tout cas tout faire pour que la société ne tombe pas dans le capital privé étranger. Pour les autres, il faut que l’État vienne en aide au chef d’industrie, le fondateur de la Sedima, Babacar Ngom, quelles que puissent être par ailleurs leurs divergences.
Président de la commission chargée de l’économie et des finances de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), Alla Sène Guèye se veut très clair : ‘’Je pense que l’État doit être plus regardant dans ces genres d’opérations, concernant des ventes d’entreprises. Lorsque des entreprises étrangères veulent racheter des entreprises sénégalaises qui évoluent dans des secteurs stratégiques, il faut que l’État puisse intervenir. Perdre Sedima aujourd’hui, c’est perdre une partie de notre souveraineté. Je pense que l’État doit mettre en place des mécanismes pour la sauvegarde de nos champions’’, plaide le spécialiste.
Si beaucoup de Sénégalais ont été surpris et choqués par cette annonce soudaine de la vente de la Sedima, ils sont nombreux les acteurs économiques qui ne l’ont guère été.
Cela fait, en effet, plusieurs mois que l’entreprise familiale vit des moments difficiles. Interpellé sur la question, cette source précise : ‘’Je ne suis pas au courant d’une vente, mais cela ne me surprendrait pas.’’ À la question de savoir pourquoi, elle rétorque : ‘’C’est très simple. Un entrepreneur travaille sur des projections avec des chiffres. Si les perspectives de croissance de ses revenus ne sont pas bonnes, au mieux, il freine ses projets d’investissement, au pire, il désinvestit. Le problème, au Sénégal, c’est que l’entreprise n’est pas soutenue.’’
La famille Ngom aurait déjà vendu plus de 50 % de l’entreprise
Dans le cas de la Sedima, elle a en plus la malchance de devoir vivre avec un régime avec lequel elle a eu quelques bisbilles dans le passé. L’un des points de divergence a été l’affaire Ndingler dans laquelle l’actuel président a toujours été en désaccord avec les Ngom. S’y ajoute sa fille et non moins directrice générale de la boîte qui s’est engagée en politique et se positionne comme opposante au régime du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et d’Ousmane Sonko.
D’ailleurs, récemment, l’affaire Ndingler est revenue sur la table et il a été fait état d’une volonté du Premier ministre de restituer les terres aux paysans, alors même que Babacar Ngom réclame un titre foncier sur les mêmes terres. Des événements qui montrent, s’il en était encore besoin, que si la vie a été difficile pour les Ngom sous Macky Sall, elle risque de l’être encore plus sous Diomaye Faye.
Selon certaines sources, les Ngom auraient déjà vendu plus de 50 % de leurs actions dans la Sedima à des Américains. Aujourd’hui, ils sont plus dans d’autres secteurs dont l’immobilier, avec notamment Batix. Interpellé sur les négociations entre GMD (Grands Moulins de Dakar) et Sedima, nos sources estiment qu’en réalité, GMD a toujours discuté avec Sedima. Mais Babacar a toujours posé une condition : conserver la majorité des actions de son entreprise. Sauf que dernièrement, les conditions financières se sont nettement détériorées et le magnat de l'aviculture aurait revu sa position. Il aurait cédé la majorité, mais pas à GMD. ‘’Déjà, il y avait des difficultés avec le fisc. Aujourd’hui, c’est sûr que les nouvelles autorités vont remettre sur la table l’affaire Ndingler. Je pense que toute cette atmosphère a un peu pesé sur la balance’’, informe un ancien cadre de l’entreprise à notre source. Malgré ces affirmations, des sources proches du PDG insistent qu’à ce jour, Babacar Ngom continue de contrôler l’entièreté des actions de son entreprise.
Des sources proches de la famille soutiennent que Babacar Ngom contrôle toujours l’entièreté des actions
Ainsi, la perte du contrôle de la Sedima par Babacar Ngom risque d’allonger la liste des entreprises qui échappent peu à peu aux champions industriels nationaux. Plusieurs secteurs considérés comme de souveraineté sont concernés par ce phénomène. Il en est de l’agro-industrie qui défraie aujourd’hui la chronique avec la Sedima. Avant cette entreprise, il y a eu le cas des Grands moulins de Dakar vendue par la famille Mimran à la firme américaine Seabord ; Avisen qui a été racheté par Olam, mais aussi Patisen qui a été reprise par la Marocaine Al Mada.
Selon M. Guèye de la Cnes, ceci est de la faute principalement de l’État. ‘’L’État doit être plus regardant sur les filières stratégiques. Si quelqu’un veut vendre, l’État doit voir d’abord comment l’accompagner, s’il est possible de l’accompagner. Sinon, si la vente n’est pas évitable, un organisme comme le Fonsis doit pouvoir intervenir pour que l’entreprise n’échappe pas aux capitaux sénégalais. C’est comme ça que ça se passe dans plusieurs pays’’.
Au-delà du marché sénégalais, les grandes firmes internationales visent surtout les marchés régionaux. Dans le cas de la Patisen, par exemple, ‘’c’est une manière de contourner le refus de la demande du Maroc d’adhérer à la CEDEAO. Puisqu’on lui refuse cette adhésion, il contourne l’interdiction en achetant des entreprises CEDEAO. Tout l’amont, ils vont l’amener du Maroc. On peut même utiliser la Patisen pour écouler dans cet espace. On ne construit pas une industrie nationale forte de cette manière’’.
Agro-industrie, téléphonie, banques, assurance… Ces secteurs de souveraineté qui échappent aux champions locaux
En sus de l’agro-industrie, il y a également des secteurs névralgiques comme la téléphonie, les assurances, les banques, autant de secteurs sur lesquels l’État livre des pans de sa souveraineté à des étrangers.
Il y a quand même de bons exemples qui devraient inspirer. ‘’Quand BNP Paribas a voulu vendre sa filiale, la Bicis, l’État est intervenu et a pesé de tout son poids pour que la banque soit reprise par un national. Voilà ce qu’il faudrait faire. Si les capitaines d’industrie locaux sentent le soutien de l’État, il n’y a aucune raison pour qu’ils ne puissent pas prendre le flambeau’’.
Avec le nouveau régime, l’espoir est permis, selon le responsable à la Cnes. Il rappelle les propos du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, lors du dernier Conseil des ministres. ‘’Je pense que le président de la République a pris la pleine mesure de la situation. Quand des entreprises sénégalaises sont créées depuis zéro, avec de l’expertise sénégalaise, du management sénégalais, quand on vend, l’État doit avoir son mot à dire. Quand il y a des difficultés, l'État doit pouvoir les soutenir. On ne peut pas prendre sa fille et la donner en mariage au premier étranger qui vient’’.
par Nioxor Tine
SUS AUX PARLEMENTAIRES PUTSCHISTES
Le nouveau régime ne pourra pas faire l’économie d’un référendum pour une nouvelle Constitution inspirée des Assises. C’est seulement ainsi que le peuple souverain pourra couper l’herbe sous le pied des réactionnaires nostalgiques de Benno-APR
A quelques jours de la fin purement symbolique d’un prétendu état grâce accordé au régime Pastef, l’actualité nationale est dominée par un brouhaha persistant et factice, dont le dernier thème porte sur la déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko.
Incapacité a déchiffrer les signaux politiques
Toute cette agitation stérile ne fait que confirmer le fait que la coalition Benno Bokk Yakaar, devenue, plus que par le passé, une nébuleuse aux contours imprécis, continue, tout de même de remplir sa fonction d’écran, pour masquer ses basses œuvres d’auxiliaire attitré de la Françafrique.
En outre, les politiciens du Benno-APR ont amplement prouvé, depuis leur accession au pouvoir en 2012, leur incapacité congénitale à procéder à une lecture correcte de la scène politique et à tirer des leçons des différentes consultations électorales tenues, ces douze dernières années.
La Macky Formula, en matière politique, a toujours privilégié l’argument de la force (radiations, interdictions, arrestations, violences verbales et injures…), c’est-à-dire une approche mécanique et brutale, par rapport à la force de l’argument, une approche dialectique, prenant en compte la nature contradictoire des phénomènes sociopolitiques.
C’est ainsi qu’il faut comprendre le refus des leaders de la majorité de reconnaître et de tirer les leçons du recul électoral patent et de la perte de majorité de leur coalition aux élections locales et législatives tenues respectivement en janvier et juillet 2022.
Par la suite, le président Macky Sall, au lieu de pacifier l’arène politique, comme le suggérer les résultats électoraux, a initié une répression tous azimuts contre le Pastef, qu’il finira par dissoudre, tout en rendant son président inéligible.
Cette fuite en avant finira par le coup d’État constitutionnel du 3 février dernier, à savoir, le report, sine die l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février 2024, signant la faillite totale du Benno-APR, qui a, ainsi, fini par perdre toute crédibilité.
Ne voilà-t-il pas maintenant que les perdants de la dernière présidentielle persistent dans l’erreur, car, même ayant perdu le pouvoir, Benno Bokk Yakaar continue de faire montre de désinformation, de manipulation, et de diabolisation de ses adversaires politiques, bref de s’opposer de la même manière, dont elle a gouverné le pays, pendant douze ans.
Mais ce que les ténors de Benno Bokk Yakaar oublient, c’est que plus d’une décennie de gestion opaque, peu vertueuse voire rocambolesque de l’Etat, les disqualifie, jusqu’à nouvel ordre, de nous seriner des leçons de « bonnes manières républicaines ».
La preuve en est fournie par le fait qu’ils envisagent un nouveau putsch, parlementaire, en empêchant le nouveau président de dissoudre l'Assemblée nationale et de tenter d’avoir sa nouvelle majorité, alors que l’urgence serait plutôt de réorganiser leur formation politique éclatée et de procéder à un aggiornamento politique.
Des contradictions antagoniques
Si on part du postulat, qui veut, que la plus grande injustice puisse être habillée d’une forme juridique parfaite, on comprend qu’il faille relativiser ces normes institutionnelles désuètes – qu’on veut sacraliser - ayant permis la mise en place et le maintien, depuis 1960, d’un système de prédation, qui a fini de rendre notre pays exsangue. Il s’agit plutôt de s’atteler à une refondation institutionnelle, de fond en comble et le plus tôt sera le mieux.
C’est bien pourquoi, les désaccords entre le nouveau régime et l’ancienne coalition présidentielle sont plutôt rassurants, car témoignant précisément et pour la première fois, de contradictions antagoniques entre tenants de la continuité néocoloniale et partisans de la « transformation systémique », c’est-à-dire de la rupture avec l’ordre ancien.
Lors des deux précédentes alternances de 2000 et de 2012, vainqueurs et vaincus finissaient toujours, par se retrouver, à force de reniements, de transhumance…Dans ce cadre, les référendums du 7 janvier 2001 et du 20 mars 2016, ainsi que divers autres projets de loi sur le ticket présidentiel de 2011 ou le parrainage citoyen constituent des cas d’école en matière de de tripatouillages de la Constitution pour renforcer l’hyper-présidentialisme, dans le but de perpétuer le système néocolonial.
De réels risques de déstabilisation
A travers leurs gesticulations, on peut entr’apercevoir, une volonté avérée de déstabiliser le nouveau régime « patriotique », se réclamant de l’anti-système.
La première appréhension a trait à la cooptation de l’ancien président de la République du Sénégal comme « mercenaire à col blanc ou VIP » pour le compte de l’ancienne métropole coloniale, par le biais d’un emploi peu flatteur pour un ancien chef d’État, d’envoyé spécial et président du Comité de suivi du Pacte de Paris pour la planète et les peuples.
Il y a également le cas de ce général, qui ne cesse d’inquiéter, car soupçonné depuis longtemps, d’être un protégé et un inconditionnel de Macky Sall, pressenti pour un scénario de putsch à la gabonaise, il vient d’être, comme par hasard, nommé par M. Macron (encore lui), au grade d’officier de la Légion d’honneur française. Cela amène naturellement à se poser la question du devenir des armes acquises par le ministère de l’Environnement, dans le cadre d’un contrat pour la fourniture d’équipements de sécurité, de véhicules d’intervention…etc., qui auraient déjà servi, dans la répression de certaines manifestations.
Comment ne pas remarquer l’activisme fébrile de certains patrons de presse, (spéculateurs fonciers patentés ou bénéficiaires de montages financiers aussi douteux qu’obscurs), qui ont toujours été à la marge des joutes politiques partisanes et qui montent maintenant au créneau pour discréditer et combattre le nouveau pouvoir porté par le Pastef et le camp patriotique ?
Tous ces agissements ne sont pas sans rappeler les Russes blancs, féodaux, monarchistes combattant contre la révolution russe d’Octobre 1917, les opposants cubains basés à Miami ou les contras nicaraguayens, soutenus financièrement par les États-Unis, qui cherchaient à reprendre le pouvoir, alors aux mains de Daniel Ortega, chef du front sandiniste de libération nationale (FSLN).
Quelle parade face aux tenants de l’ordre ancien ?
Depuis le 24 mars 2024, s’est ouverte l’ère de la « transformation systémique », appelée à opérer des ruptures dans la conduite des affaires de l’Etat. Une des tâches prioritaires du nouveau pouvoir se réclamant du patriotisme est précisément d’amener la classe politique à se dépêtrer de la médiocrité ambiante dans laquelle elle se complaît depuis la première alternance de 2000, passant le plus clair de son temps à discuter sur le sexe des anges, occultant les questions essentielles touchant à la vie de la Nation. Le premier ministre, agitateur politique hors pair, doit maintenant prendre de la hauteur et refuser de se laisser entraîner dans la fange politicienne par des forces réactionnaires inféodées à la Françafrique, qui n’ont plus aucune perspective politique dans notre sous-région.
Après sa victoire électorale retentissante, Pastef devrait maintenant, sortir de sa position défensive et adopter une approche prospective, ce qui suppose, que les tâches politiques, ne soient pas confinées à des sorties aussi épisodiques que spectaculaires du président du parti.
En lieu et place d’une primature jouant un rôle de tour de contrôle avec toutes les pesanteurs y afférentes, il s’agit de libérer l’initiative militante au sein du Pastef et des partis alliés, qui doivent être les véritables sentinelles de la « transformation systémique ».
Les instances du parti doivent renouer avec les bonnes pratiques de concertation régulière et d’élaboration de positions partagées.
Il est vital de rompre avec l’immobilisme ambiant d’un gouvernement, qui donne l’impression de gérer les affaires courantes, passer de l’étape de dénonciation à celle de rectification par les actes, en ne brimant pas les initiatives populaires ni celles des travailleurs, mais au contraire en les soutenant.
Tout indique enfin, que le nouveau régime, qui a signé le pacte de bonne gouvernance du Sursaut Citoyen, ne pourra pas faire l’économie d’un référendum pour une nouvelle Constitution inspirée de l’agenda des Assises nationales et de la CNRI, qui permettra une approche globale et non fragmentaire de résolution des problèmes.
C’est seulement ainsi que le peuple souverain, debout comme un seul homme, pourra couper l’herbe sous le pied des réactionnaires nostalgiques du Benno-APR.
Pour désamorcer la crise née de la DPG, le président de l'Assemblée s'active afin de rapprocher les points de vue. Ses discussions en coulisses avec les patrons des différents groupes parlementaires visent à trouver une issue au conflit
Le bras de fer entre le Premier ministre et l’Assemblée nationale va bientôt connaître son épilogue. En effet, de sources bien informées au sein de l’institution parlementaire, le président Amadou Mame Diop a pris langue avec les différents groupes parlementaires pour dépasser la crise.
La technique de la main droite a été trouvée pour tirer le Sénégal du labyrinthe dans lequel il se trouve. En effet, le Premier ministre et l’Assemblée nationale sont en guerre ouverte sur fond de polémique autour de la déclaration de politique générale. Une crise qui s’est matérialisée par l’annulation, samedi, de la séance plénière sur le débat d’orientation budgétaire que devait défendre le ministre des Finances et du Budget.
Pour trouver une issue à cette situation, le président de l’Assemblée nationale, selon une source bien renseignée au sein du Parlement, s’est saisi de l’affaire. Fidèle à sa réputation d’homme de l’ombre, Amadou Mame Diop a pris son bâton de pèlerin pour dénouer la crise. Le président de l’institution parlementaire ne veut pas être un facteur de blocage à la résolution du conflit même si l’annulation du débat d’orientation budgétaire estl’initiative du bord politique auquel il appartient.
C’est pourquoi, il a pris langue avec les présidents de groupes parlementaires. Ainsi, les trois groupes qui constituent l’Assemblée nationale vont se concerter pour enjamber la crise. Donc, selon notre source, d’ici demain ou après-demain, les choses vont bouger.
Il faut dire que des bonnes volontés telles que Babacar Guèye et Alioune Tine ont tenté de jouer les bons offices entre le Premier ministre et le Président de l’Assemblée nationale. Mais le groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar dit douter de la neutralité de ces médiateurs. Le groupe dit avoir « pris conscience en toute responsabilité qu’il faut dépasser la crise ». Surtout que, selon notre source, l’ancien président de la République Macky Sall a joué un rôle en coulisse pour calmer les ardeurs de ses camarades de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Il a demandé aux députés de rester républicains. Il faut dire que cette crise est née de la déclaration de politique générale. Le Premier ministre a, en effet, été invité par le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi composé majoritairement de députés de Pastef de ne pas tenir sa déclaration de politique générale sur la base de l’actuel règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui est un «faux» et «usage de faux».
En conséquence, dans une réponse adressée à un député de Yewwi Askan Wi, Guy Marius Sagna, le 28 juin, Ousmane Sonko a menacé, en cas de carence de l’Assemblée, d’ici le 15 juillet 2024, de tenir sa déclaration de politique générale devant une assemblée constituée du peuple sénégalais souverain, de partenaires du Sénégal et d’un jury composé d’universitaires, d’intellectuels et d’acteurs citoyens apolitiques. « Ce sera l’occasion d’un débatlibre, ouvert et, à coup sûr, de qualité largement supérieure », avait-il ajouté. Une pilule qui passe mal chez le groupe Benno Bokk Yaakaar qui accusait déjà, lors d’un point de presse, ses collègues de Yewwi Askan Wi de couvrir le Premier ministre qui n’aurait pas, fait-il noter, de programme. C’est pourquoi, majoritaire dans le bureau de l’Assemblée nationale, ledit groupe a fait annuler le débat d’orientation budgétaire.