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3 mai 2025
Développement
par Léo Pajon
ANGÉLIQUE KIDJO ET LE DÉSERT MUSICAL AFRICAIN
Les Grammy Awards ont un problème avec l’Afrique. Avec l’Afrique d’aujourd’hui. Celle qui s’enjaille dans les maquis sur les sons de Fally Ipupa, Tiwa Sawage, Sidiki Diabaté ou Burna Boy...
Jeune Afrique |
Léo Pajon |
Publication 29/01/2020
En accordant à l’artiste béninoise une 4e récompense face à Burna Boy, les Grammy Awards ont démontré leur incapacité à saisir la révolution artistique en cours sur le continent.
Dimanche dernier, lors de la fastueuse cérémonie des Grammies au Staples Center de Los Angeles, regroupant quelques-uns des plus influents professionnels de l’industrie, c’est Angélique Kidjo qui s’est vue décerner le Grammy Award du meilleur album de musique du monde.
La récompense est à la fois entièrement méritée et totalement décourageante. Méritée car son disque « Celia », hommage solaire à la diva cubaine Celia Cruz, est une réussite, comme nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire. Décourageante parce que, encore une fois, la cérémonie passe à côté du formidable bouillonnement artistique qui se joue en ce moment sur le continent.
Nouvelles générations écartées
Les Grammy Awards ont un problème avec l’Afrique. Avec l’Afrique d’aujourd’hui. Celle qui s’enjaille dans les maquis sur les sons de Fally Ipupa, Tiwa Sawage, Sidiki Diabaté ou Burna Boy. Ce dernier faisait partie des quatre artistes en lice, avec Angélique Kidjo, pour cette catégorie « musique du monde », décidément très fourre-tout.
Plutôt que de décerner un premier Grammy à Burna Boy, le jury a donc préféré en offrir un quatrième à Angélique Kidjo. Ironiquement, les deux géants africains se connaissent bien, le Nigérian ayant d’ailleurs invité la Béninoise à participer à un des titres de son dernier disque (« Different », avec également Damian Marley).
Et, chose à peine croyable, lors de la cérémonie, aussitôt son trophée en mains, la chanteuse se fendait d’un discours offensif et généreux pour le dédier à Burna Boy : « Il y a quatre ans sur cette scène, je vous disais qu’une nouvelle génération d’artistes venus d’Afrique allait vous prendre d’assaut. Ce temps est venu. Ceci est pour Burna Boy (en montrant sa récompense). Burna Boy fait partie de ces jeunes artistes africains qui changent la façon dont notre continent est perçu, et qui montre que la musique africaine est l’un des principaux composants de toutes les musiques ».
Plusieurs influenceurs noirs se sont aussi émus du choix discutable des Grammies. Naomi Campbell (8,4 millions d’abonnés Instagram) présentait même des excuses au chanteur nigérian sur son compte : « C’est seulement à cause du manque d’éducation que vous n’avez pas été honoré des distinctions que vous méritez vraiment. »
Manque d’éducation ou logiciel vieillissant ? Les professionnels qui votent pour les récompenses semblent être attachés à un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Lors des éditions précédentes des Grammies, ce sont globalement des vieux routiers de la scène internationale qui ont reçu le précieux gramophone. Le groupe de musique touareg Tinariwen, créé en 1982 ; le soweto gospel choir, formé en 2002 (encore récompensé en 2019), le groupe vocal masculin sud-africain Ladysmith Black Mambazo, fondé en 1960…
La chose serait moins grave si les Grammies étaient les seuls à préférer les baobabs aux jeunes pousses. Or nous avons pu le constater autour de nous en France : journalistes, organisateurs de festivals, programmateurs de radio… à l’extérieur du continent, une vieille garde veille aussi à préserver les anciens face aux modernes, par amitié pour les premiers et mépris ou méconnaissance des seconds. De là la rareté d’articles, de concerts, de diffusion radio de titres afrobeats, notamment, qui font pourtant vibrer toute l’Afrique, et dont la qualité n’est plus à prouver.
Une voie de salut existe pour tous, pourtant, celle qu’ont dessinée Burna Boy et Angélique Kidjo en collaborant : ne plus envisager les générations comme adversaires. L’« African Giant » porte d’ailleurs à son cou en permanence un médaillon incrusté de diamants représentant Fela, qu’il cite à longueurs de tubes. Tout un symbole.
par Yoro Dia
LA SUBLIME PORTE DE L’ÉMERGENCE
Un pays ne peut pas vouloir émerger en faisant appel à l’investissement étranger et passer son temps à dénoncer la neo-colonisation française, turque, chinoise, marocaine…
La semaine dernière, je vous entretenais du Dialogue national qui n’est rien d’autre qu’une arme de distraction massive, l’art de perdre du temps à chercher des solutions à des problèmes artificiels, parce que le Sénégal n’a pas fondamentalement un problème politique. C’est cet art de perdre du temps à chercher des solutions à des problèmes artificiels qui fait que la vie politique sénégalaise est mortellement ennuyeuse. Tout est réduit à des problèmes d’ego et d’attaques personnelles. La vie politique sénégalaise est devenue une torture intellectuelle. Pour fuir cette torture, je m’exile sur l’International.
Je vais commencer mon long exil par la Turquie. Un grand pays, un grand peuple, une grande histoire, comme la Russie, ou l’Iran. Derrière l’Iran «perce» toujours la Perse antique. De Gaulle qui avait le sens de l’histoire, a toujours compris que derrière l’Urss qui était une création artificielle, perçait toujours la Grande Russie. De la même manière, derrière la Turquie perce toujours l’empire ottoman. Il faut partir de ce postulat que derrière la Turquie perce l’empire ottoman, pour comprendre la politique extérieure de Erdogan et sa «volonté de puissance» qui, à défaut de recréer l’empire ottoman, veut créer une zone d’influence dans la plupart des anciens territoires de l’empire (le Maghreb, le Moyen Orient, l’Arabie et l’Europe). Les Turcs sont comme les Perses et les Russes. Ils ont l’orgueil national très développé. C’est le propre des pays qui ont eu un passé impérial. Le Mali est dans la catégorie mais n’a pas les moyens de son orgueil, alors que les Turcs s’en donnent les moyens. Ils veulent adhérer à l’Union Européenne. La porte se ferme de devant la Sublime Porte (autre nom de l’empire ottoman), Erdogan ferme la porte de l’Europe et ouvre celle de l’Orient, en rappelant aux Turcs que leur empire s’étendait des Balkans à l’Arabie. Et Jérusalem, la Mecque, Médine, la Bulgarie, la Roumanie … ont été des provinces ottomanes comme a failli aussi l’être Vienne, assiégée deux fois sans succès par les Ottomans. Donc, on se tourne vers l’Orient mais on ne désintéresse pas de l’Europe, où s’est passée la plus grande partie de l’Histoire de la Turquie, qui a dominé la Grèce pendant des siècles, guerroyé des décennies dans les Balkans et mené de multiples guerres contre la Russie en Crimée. Sur le plan purement historique, la Turquie est européenne mais la peur de l’Islam a poussé les Européens à utiliser tous les subterfuges pour lui fermer la porte.
La Turquie est tellement européenne que François 1er dans sa bataille contre Charles Quint, s’est allié au sultan Soliman, que les Européens appellent Soliman le Magnifique, que les Ottomans appellent le Législateur. Après le déclin de l’empire, Mustapha Kemal Atatürk, pour reformer le pays, a tourné le dos à l’Orient pour se tourner vers l’Europe et ses standards. Erdogan regarde vers l’Est mais tient l’Europe par l’épée de Damoclès de l’immigration, en menaçant d’ouvrir les vannes vers l’Europe car la Sublime Porte est devenue la porte de l’Europe pour les migrants. La Turquie a des merveilles qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie, comme Sainte Sophie bâtie par l’empereur Byzantin Justinien, qui avait l’ambition de dépasser le Roi Salomon et son temple de Jerusalem, le Palais de Topkapi qui a donné son nom au Lounge de l’aéroport Blaise Diagne, mais aussi et surtout Byzance-Constantinople-Istanbul, l’unique ville au monde où l’on peut «changer de continent, sans changer de pays en restant dans la même ville».
L’idée de Sublime Porte pour qualifier l’empire ottoman, renvoie aux nombreuses portes qu’il fallait traverser pour accéder au sultan. L’Emergence pour le Sénégal est aussi une sublime porte. La première qu’on doit franchir est celle du complexe d’infériorité qu’on masque par l’orgueil anachronique. Un pays ne peut pas vouloir émerger en faisant appel à l’investissement étranger et passer son temps à dénoncer la neo-colonisation française, turque, chinoise, marocaine… Dubai est ouvert à tous les investisseurs, et sans que les Arabes pensent que leur pays a été vendu aux étrangers, parce qu’ils n’ont pas de complexe d’infériorité. Le Fondateur des Emirats a aidé ses populations à dépasser le cap. Quand les investisseurs ont commencé à affluer, les Arabes avaient commencé à dénoncer l’invasion étrangère. Il convoqua une grande réunion tribale en leur rappelant que leur pays était un désert. Que les Arabes vivent dans les déserts parce qu’ils n’ont pas le choix, d’où toute cette poésie autour de l’idéal du jardin, de la verdure et de l’eau, qui est l’antithèse du désert. Que si des Occidentaux, pour des raisons irrationnelles, venaient y bâtir des tours, on devrait les encourager parce que, en rentrant chez eux, ils ne ramèneraient pas leurs tours dans leurs sacs et ne les amènent pas non plus dans leurs tombes. Une très grande sagesse qui a fait aujourd’hui que Dubaï est la «ville rêvée» des Arabes. Inspirons-nous de cette sagesse, et de cette ouverture pour faire de Diamniadio la ville rêvée des Africains. Réapproprions-nous Senghor. Soyons ouverts au monde tout en restant enracinés.
"MOUSTAPHA DIAKHATE EST UN CAS DE FLAGRANT DÉLIT"
Cheikh Bakhoum qui milite pour une structuration de l'APR, juge «regrettable» la situation agitée que vit le parti au pouvoir
Cheikh Bakhoum milite pour une structuration de l’Apr même s’il ne partage pas la démarche de Moustapha Diakhaté. Le responsable apériste de Grand Yoff juge «regrettable» la situation agitée que vit le parti au pouvoir.
Etes-vous d’accord avec l’exclusion de Moustapha Diakhaté ?
Je suis tout à fait en phase avec la décision du parti. Moustapha Diakhaté est un camarade qui était là depuis la création de l’Alliance pour la République. Il fait partie des premières personnes que j’ai connues dans le parti. La situation que nous connaissons au sein du parti est extrêmement regrettable. Tout ça est dû au fait que l’Apr est un très grand parti. C’est normal que les gens donnent leurs avis. Il est par contre très regrettable que ces avis soient donnés sur la place publique, dans la presse. Nous pouvons poser nos idées, nos divergences dans le cadre des instances du parti. J’espère que Moustapha Diakhaté pourra revenir à de meilleurs sentiments et réintégrer le parti. Mais je dénonce vigoureusement ses attaques contre le parti et, parfois même, contre son président. Cela a conduit naturellement à son exclusion. Si j’avais posé ces actes, je ne pourrais qu’attendre une exclusion. Quand on est responsable de l’Apr, on se doit de défendre ce parti et sa direction.
L’Apr est-elle scindée en deux avec la création du mouvement de Moustapha Diakhaté ?
Son mouvement ne peut pas prospérer au sein du parti. Soit on est membre de l’Apr ou on ne l’est pas. Les statuts de l’Apr ne prévoient pas la création de mouvements en son sein. Les actes de Moustapha Diakhaté sont désormais posés hors de l’Apr et n’engagent pas le parti.
Mais un organe dénommé conseil de discipline n’existe pas au sein des statuts de l’Apr. Ce conseil n’a-t-il pas violé la loi ?
Dans le cadre des statuts, le président du parti peut désigner une commission pour évaluer n’importe quelle situation. Dans le cadre de l’exclusion, il est prévu la création d’une commission qu’on peut appeler conseil de discipline ou autre chose. Moustapha Diakhaté est un cas de flagrant délit. Quand quelqu’un a la prétention de créer au sein du parti un mouvement sans l’aval des instances, la résultante ne doit être qu’une exclusion.
L’opposition et les non-alignés vont au dialogue national en rangs dispersés. Ces concertations ne constituent-elles pas un piège pour ces segments de la classe politique ?
Chacun est responsable de ses actes. Au niveau de l’Apr, le Président Macky Sall a pris l’option, après sa réélection, de dialoguer avec toutes les forces vives de la Nation sur les questions à enjeu national. Certains ont pris l’option de ne pas répondre, on l’accepte. Demain, ils devront se justifier devant le Peuple. Est-ce que c’est un piège ? On n’a contraint personne à venir dialoguer. Les parties sont là pour donner leurs avis. Il n’y a pas de piège. Je pense que les Sénégalais doivent évaluer ceux qui veulent diriger le Sénégal à partir de leurs capacités à absorber les divergences, les contradictions.
Etes-vous pour la restructuration de l’Apr ?
Le débat est posé depuis longtemps. L’Apr a été créée en 2008. En 2009, on a gagné une dizaine de collectivités territoriales. En 2012, on accède au pouvoir et une réélection en 2019. Maintenant, on a ce défaut de structuration classique à partir de la base. Au niveau de la Convergence des cadres républicains avec le coordonnateur Abdoulaye Diouf Sarr, nous sommes en train de réfléchir sur des propositions de structuration. Il est important au sein de l’Apr de nommer des responsables au niveau de la base, au niveau national pour avoir une meilleure animation au-delà des structures officielles comme la Cojer, le Meer, le Mouvement des femmes, la Convergence des cadres… On s’achemine vers des Locales et je pense que la réflexion pourrait être approfondie pour que l’Apr soit mieux structurée et demeure ce parti fort, capable d’incarner l’espoir des Sénégalais pendant plusieurs décennies.
La majorité a gagné à Grand Yoff lors de la dernière présidentielle. Avec la sortie de prison de Khalifa Sall, ne craignez-vous pas de perdre cette commune, fief de l’ex-maire de Dakar ?
Vous avez bien fait de rappeler que Benno bokk yaakaar a gagné à Grand Yoff lors de la réélection du Président Macky Sall. D’élection en élection, les populations nous montrent leur attachement à notre projet. Grand Yoff ne dispose plus de maternité, c’est grave. Nos structures de santé sont dans un état extrêmement inquiétant. La gestion des marchés est une calamité. Grand Yoff mérite mieux que sa situation actuelle. Maintenant, nous ne faisons pas de fixation sur des personnes. Nous allons présenter une offre politique aux Grand Yoffois et l’avenir que nous voulons leur donner. C’est sur ça que nous sommes en train de travailler.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
PENDA MBOW, À LA RECHERCHE D’UNE SOCIÉTÉ CIVILISÉE
EXCLUSIF SENEPLUS - Ses récentes prises de position sur la question du voile lui ont valu de vives critiques. Retour sur le parcours d’une progressiste forcenée, témoin de la grande Histoire sénégalaise récente - INVENTAIRE DES IDOLES
Historienne, militante, citoyenne, Penda Mbow est l’une des plus grandes figures de la société civile sénégalaise. Ses récentes prises de position, notamment sur la question du voile, lui ont valu de vives critiques, qui ont attaqué jusqu’à sa réputation. Retour sur le parcours d’une progressiste forcenée, témoin de la grande Histoire sénégalaise récente. Portrait.
La scène remonte aux treize ans de Penda Mbow et quand elle la raconte, la précision du détail est frappante et le tonus dans la voix encore perceptible. Flash-back dans les années 60. Elle est envoyée par sa mère pour apporter un plat de courtoisie à un dignitaire religieux à Dakar. Enthousiaste, elle arrive et souhaite serrer la main du clerc. Son bras sera le seul tendu jusqu’à ce que, quelques secondes plus tard, sans un égard pour elle, la femme de ce dernier ne la reprenne : « il ne serre pas la main aux femmes ». La déception vire vite à l’affront ; son enthousiasme douché. L’adolescente fond alors en larmes, jette le bol et rebrousse chemin, l’amertume vive. C’est sa naïveté qu’on lui arrache sans la prévenir d’un coup sec. Cette anecdote est-elle fondatrice de quelque chose ? En tout cas, c’est celle que raconte l’intéressée presqu’un demi-siècle plus tard, suggérant y avoir forgé des marques de son tempérament, sinon son destin tout entier. L’épisode a-t-il à voir quelque chose avec la soutenance de sa thèse bien des années plus tard, en 86, à Aix-en-Provence ? Dessinait-il les contours de la future figure d’icône du féminisme national ? Imprimait-il son attrait pour la spiritualité religieuse, en particulier le soufisme ; ou encore son discours progressiste sur la religion au Sénégal ? Annonçait-il les différents honneurs institutionnels reçus, au cours d’une carrière riche de celle que certains considèrent, avec son volontiers consentement, comme une réplique de Simone Veil au Sénégal ? Le risque pourrait être pris, tant s’enfoncer dans les archives personnelles de Penda Mbow, c’est plonger dans l’histoire récente du Sénégal, de ses grands hommes, de ses grands sujets, de ses dates majeures, grand maelström dont elle fut sinon témoin, grande actrice.
Impossibilité d’un débat serein sur l’islam
Première halte à Tivaouane. Ville intéressante à double titre chez Penda Mbow. L’histoire de la ville religieuse, fief de la Tijaniyya locale, a donné au Sénégal de grands hommes mais aussi une petite fille. Elle en garde l’empreinte et une part de sa spiritualité, inculquée par un père mécanicien et une mère ménagère, qui en sont originaires. Native de Dakar, la ville sainte près de Thiès reste pourtant le bastion où, régulièrement, en compagnie de son mari Saliou Mbaye, paléographe, elle va puiser une énergie pour tous les fronts où elle mène son combat. Récemment encore, elle en a eu besoin, pendant l’affaire dite du voile du lycée Jeanne D’arc. L’institution privée catholique avait interdit le port du signe religieux et créé l’émoi dans un vif débat national. Penda Mbow s’était alors fendue d’un avis, peu commun, qui lui avait valu une volée de bois vert. En prenant la défense de l’école et en pointant des dérives liées à l’abus de religiosité, la spécialiste de la civilisation musulmane s’était exposée jusqu’à susciter la défiance. Sa foi questionnée, ses intérêts jugés duplices, sa légitimité contestée, elle finit par un texte sur l’impossibilité du débat serein sur la religion au Sénégal, avec une pointe de déception. J’ai mal pour le Sénégal, titre de son adresse, commence par ce propos amer : « je suis bien malheureuse car je vois dans mon pays, une certaine forme de régression du débat intellectuel et le terrorisme verbal finit par s’incruster… » et s’achève sur une note résignée : « notre société devient tellement intolérante et anti-intellectuelle qu’on se demande s’il est nécessaire de partager et de débattre ». Le texte n’émeut pas tellement ses détracteurs. Sur cette période, elle revient généreusement, recourt au besoin à ses études en tant qu’arabisante, sur la technicité des notions de Hijab (voile) et de Himar (châle), et la compatibilité à ses yeux entre foi et raison. Pour preuve, le Himar, ce châle traditionnel, est plus « culturel que cultuel », selon elle. Elle en appelle à adopter l’islam sans « subir les influences arabes » en voyant dans le voile « le symbole d’une propagation d’un certain islam peu souhaitable ». Consternation dans une bonne frange de la population qui ne partage pas cette vision et même dans une partie du féminisme islamique qui a trouvé des accommodements avec la religion. Elle revendique pourtant, en guise de défense que sa piété va au-delà, éprouvant même de la sensibilité pour toute forme de spiritualité, juive ou catholique, se souvenant de tous les séjours dans ces endroits mystiques où elle a tiré une part de son identité. Elle a d’ailleurs reçu le prix Jean Paul II, en 2011, décerné par le Vatican. Dans son texte inquiet et savant, Penda Mbow a fait l’économie de recourir à ses études, à son background évoqué rapidement comme pour rappeler sa légitimité, mais le texte baigne dans une émotion contrariée. Pour elle qui a enseigné la tradition intellectuelle islamique longtemps, le raidissement de l’opinion sur ces sujets est préoccupant.
Pourquoi semble-t-il si difficile d’en discuter de manière apaisée ? La féministe tente une réponse. L’islam sénégalais a longtemps été un « islam civil » pour elle. Les dignitaires religieux, les grands fondateurs de confréries, avaient à cœur « l’éducation, la transmission ». Cette voie spirituelle était selon elle une singularité sénégalaise dans l’histoire de la religion dans la sous-région. Pour preuve, cet islam civil, s’opposait à un « islam politique », dans le califat de Sokoto par exemple. La fragmentation géopolitique, ainsi les changements générationnels dans les dynasties religieuses, ont « produit » cette politisation plus marquée de l’islam au Sénégal, aux dépens de la spiritualité. Un détour dans la littérature actuelle et ancienne, sur le djihadisme, les luttes de conquêtes ou de libération, dans le continent, contribue à accréditer cette scission. A la querelle habituelle, sur l’opposition entre soufisme et djihadisme, elle émet cette nuance capitale, préférant parler de « civil et de politique » et d’une convergence sous l’effet de la mondialisation de cette cristallisation néo-puritaine. Cette uniformisation et la perte des singularités l’émeuvent, d’autant plus que toute sa carrière, elle a enseigné « le fait religieux », et mené un combat pour une émancipation des dogmes.
Des mentors prestigieux et un éveil précoce à la chose politique
La polémique du voile a presque fait oublier la richesse du parcours de Penda Mbow. Un cheminement a commencé très tôt. De tous les marqueurs de sa carrière, ce qui frappe chez Penda Mbow, c’est un sens de l’histoire, au figuré comme au propre. Pensionnaire de l’école primaire des filles de la Médina, elle décroche, « en étant la seule », son entrée en 6ème, durant la fameuse grève de 68. En 72 c’est le BEPC, l’ancêtre du BFEM, et ensuite le Bac en 75, au lycée Van Vollenhoven. A l’école, la passion pour l’histoire s’affirme comme une évidence. « Une soif d’apprendre », dit-elle. Elle est « fascinée par le Coran », « l’histoire ancienne et récente et l’ébullition historique postindépendance ». La vocation est alors écrite, elle s’inscrit en histoire à l’université Cheikh Anta Diop. Pourtant, c’est surtout hors de l’école que la jeune fille dégourdie, engageante et effrontée, va aussi accrocher les premiers faits marquants à son tableau de conquête. D’abord en curieuse, convoyée par sa mère par habitude à diverses réunions politiques, dans un Dakar qui balbutie sa démocratie et goute à l’effervescence intellectuelle. Le contexte voit l’éclosion ou l’affirmation de plusieurs intellectuels de premier plan : Lamine Gueye, Babacar Sine, Cheikh Anta Diop, Senghor, Pathé Diagne, Amadou-Mahtar Mbow. Coïncidence ou miracle, avec tous ces glorieux précités, Penda Mbow a quasiment une histoire personnelle ; elle n’est pas en manque de mentors et d’anecdotes. Comme ce long après-midi, passé dans le bureau de son idole Cheikh Anta Diop, de « 16h à 20 » - elle est précise - où elle boit les paroles du maître de l’Ifan et sa bienveillance à l’endroit de la jeune admiratrice. Senghor aussi, dont elle sera la filleule symbolique, qui lui fait envoyer via le père de Rama Yade, ses ouvrages dédicacés ; Amadou-Mahtar Mbow, dont elle reçoit des sous pour des virées culturelles pendant ses séjours parisiens. Hors du Sénégal, les historiens Ki Zerbo, burkinabè, ou encore Ibrahima Baba Kaké, guinéen, jusqu’au sanctuaire de Présence Africaine. Une nostalgie enraye sa voix quand elle évoque ce passé. Mesure-t-elle la chance de cet alignement des étoiles ? C’est un « oui » catégorique, d’autant plus qu’ainsi couvée, elle a été aux premières loges pour vivre et éprouver l’Histoire, comme sa discipline et comme grand cours.
Aux origines d’un combat civique
De tout ceci, Penda Mbow fait son miel et soutient une thèse à Aix-en-Provence en 86 sur la société militaire des Mamelouks, ces esclaves affranchis reconvertis dans la défense des souverains. Elle milite précocement, dès la deuxième année d’histoire, sur les questions de l’eau, d’assainissement, de droits des femmes, et des castes. Elle consacre, dans le journal des africanistes, un texte remarqué à cette délicate question qu’elle achève avec ce vœu « disons en guise de conclusion que militer en faveur de la suppression des castes, est un principe élémentaire pour les droits de l’Homme ». Le texte, très riche, constelle les plus belles références sur la question, du pionnier Abdoulaye Bara Diop spécialiste de la société wolof, à Cheikh Anta Diop, Abdoulaye Bathily, Landing Savané, en passant par Senghor, dont certains verbatims valent le détour : « je nomme les castés à des postes de responsabilité, car ils sont plus intelligents que la moyenne, et je donne mes nièces en mariage a des castés bien éduqués. » Sans rappeler le contexte, le propos du poète peut paraitre brutal mais il dit la réalité d’une époque. Tous ces combats de Penda Mbow sont consignés dans des textes, articles et interviews, de celle qui s’impose comme l’égérie principale de la société civile, dont l’avatar le plus prestigieux, sera les Assises nationales. Elle crée le mouvement citoyen. En 2011, le temps fort contre les tentations antidémocratiques de Wade revivifie le front civil. Société civile, comme une marque déposée, poursuivra la femme combattive. Elle est de tous les combats, au risque de se perdre et de laisser des ressources en route.
Ecrasée dans un débat politique qui n’a cessé de s’appauvrir, peu sollicitée par un univers médiatique occupé par sa survie, la société civile s’est déclinée, à mesure du temps, comme un vaste ensemble hétéroclite qui sert de variable d’ajustement, et sur lequel divers pouvoirs s’appuient pour gagner en sursis et en tranquillité. Si les syndicats, les restes des grands bastions politiques et intellectuels, le monde universitaire, la masse non partisane, les initiatives transversales, les nouvelles vigies démocratiques, les mobilisations citoyennes des jeunes générations comme Y’en à marre, sont venus redonner un autre contenu à la société civile, elle reste fragmentée, plus que jamais utile, et vit une recomposition. Comment dans ce grand chamboulement, garder encore des traces de cette histoire qui l’a forgée, sans la trahir ? Tenir encore les rênes ? Rester fidèle à des idées qui ne sont plus forcément populaires, percutées par les clivages générationnels, les nouvelles donnes technologiques ? Est-elle larguée ? Penda Mbow déporte le combat sans tout à fait renoncer, avec un poil de regrets et de déceptions mêlés. Elle aimerait « se rendre utile », « offrir son expérience » mais pour l’heure, rien de consistant. Elle a encore un cours à l’université qu’elle dispense et un titre honorifique de représentant du chef de l’Etat auprès de la francophonie qui barre sa carte aux couleurs de la république. Des titres pour voiler son aplomb et l’anesthésier ? L’ensevelir sous les honneurs pour la dépolitiser ? Ça en a tout l’air. Cette retraite précoce ne convient pas à cette femme qui reste énergique, la voix maternelle et la confession généreuse. Elle a gardé sur le visage, des airs mutins malgré la grande chaleur pouponne.
Des honneurs et des horizons de luttes intacts
Les titres justement, elle croule dessous. Elle a reçu plusieurs bourses dans les années 80 de différentes fondations. Elle a dirigé en 1998 le Gender Institute du prestigieux CODESRIA. D’autres honneurs ? Elle est commandeur de l’Ordre national du mérite, chevalier de la Légion d’Honneur française. Aux quatre coins du monde, on la célèbre, Docteur Honoris Causa de l’université d’Uppsala (Suède) de Cluj (Roumanie). Ses discours de réception sont autant d’occasions pour prêcher cette parole d’historienne, avec une pénétration scientifique et une coloration politique progressiste. De sa fascination pour le soufisme, à ses études et lectures, notamment son grand respect pour Souleymane Bachir Diagne autre fin connaisseur de la tradition de la pensée dans l’islam, Penda Mbow n’a pas renoncé aux lumières intellectuelles. Si elle semble en retrait, elle empile les convictions sous de savantes réflexions. Le paradigme décolonial actuel la séduit-elle ? Elle y trouve « un grand intérêt » mais pousse le bouchon plus loin en revendiquant sa très grande affinité avec Boubacar Boris Diop. Elle désire une authenticité plus marquée, libérée de toutes les hégémonies. Le « discours de Dakar » a été pour elle, « révélateur » de quelque chose. Alors qu’on la conviait à répondre à Sarkozy, elle refusa, préférant se préoccuper du sort « des locaux et de leur survie ». D’ailleurs, elle en veut « aux africanistes depuis Paris, qui disent la météo politique de l’Afrique » …Elle croit même se voir dans le texte très controversé d’Axelle Kabou (Et si l’Afrique refusait le développement, 1991) qui la cite de façon détournée à l’en croire, et dont elle reprend certains arguments. Mais son constat le plus terrible, c’est que « l’école n’est plus le référentiel de promotion » au niveau national. Cette « désacralisation de l’école » est le problème central, croit-elle. Elle ose même une analyse sur l’existence d’un « centre » et d’une « périphérie », entre, respectivement, un centre géographique, du bassin arachidier à la capitale, qui a dévalué l’école et une périphérie provinciale qui la sanctifie encore comme mode d’ascension sociale. La réflexion peut prêter le flanc, face à des détracteurs de ce régionalisme inversé. Mais elle persiste et voit en Ousmane Sonko un ou le symbole de cette géographie de l’attachement à l’école plus marqué hors du centre du pays.
Du parcours, émerge clairement une fibre politique, intellectuelle et spirituelle. Une stature grignotée par des coups inhérents à la vie politique. Si Penda Mbow a milité quelques années au RND (le rassemblement national démocratique) fondé par Cheikh Anta Diop, et plus tard côtoyé de façon éphémère Abdoulaye Wade président, comme ministre de la culture au début des années 2000, c’est surtout une femme intellectuelle dont les combats historiques, jadis évidents comme voix unique de l’émancipation, entrent en zone de turbulence dans une période de destitution des idoles et de leurs héritages. Edifier une société civile, mieux, une société civilisée, où l’affrontement des idées serait encore possible sans l’hostilité, le débat sans anathèmes, la radicalité sans la violence, est la nouvelle quête de Penda Mbow. Une nostalgie et un rêve. Un art de la conversation. La croyance en la possibilité d’un dialogue toujours vainqueur comme marque de l’intelligence de toute une société. Ce n’est qu’un pari. Civilisation ou barbarie ? La société est appelée à faire son choix, pressée par une de ses filles.
Avec une croissance exponentielle, le volume des échanges entre Ankara et Dakar cache pas mal de disparités en défaveur du Sénégal. S’y ajoute le projet de convention de non double imposition, dont les autorités cachent encore les contours
L’ascension est fulgurante. Rien qu’entre 2015 et 2017, le volume des échanges commerciaux, entre la Turquie et le Sénégal, a explosé pour atteindre la barre des 250 millions de dollars, soit une hausse exceptionnelle de 113 %. Cette montée exponentielle est loin d’être le fruit du hasard.
En effet, durant la même période, les visites, les forums et autres rencontres bilatérales n’ont eu de cesse de se multiplier. A titre d’exemple, entre mai et décembre 2019, le président de la République, Macky Sall, a été, à deux reprises, à Ankara. Pour sa part, le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, effectue sa deuxième visite officielle en moins de deux ans. Depuis sa dernière visite en fin février 2018, le ballet des officiels et hommes d’affaires turcs n’a pas connu de coup d’arrêt. Et, à chaque fois, des projets et accords divers ont été conclus entre les deux parties.
Mais si l’on se fie aux chiffres, l’explosion du volume des échanges cache pas mal de disparités. Au moment où la Turquie voit ses exportations vers le Sénégal croitre d’année en année, le Sénégal voit les siennes ralentir, parfois même reculer. Ainsi, en 2017, informe le Bureau économique de l’ambassade du Sénégal en Turquie, les exportations de la Turquie vers le Sénégal se sont élevées à environ 244 millions de dollars US, soit 58 % de plus que la même période de l’année 2016. Pendant ce temps, les importations totales de la Turquie depuis le Sénégal, en 2017, étaient d’environ 5 millions de dollars (seulement), soit 19 % de moins que la même période de l’année 2016, souligne la source. Par rapport à l’année 2016, le volume du commerce extérieur en 2017 était ainsi d’environ 249 millions de dollars US, soit une hausse de 55 %.
Au rythme où vont les choses, le Sénégal n’apparait ni plus ni moins qu’une nouvelle vache laitière du pays d’Erdogan. Selon les informations du bureau économique, les principaux produits d’exportation de la Turquie au Sénégal sont : le fer, les barres en acier, les profilés en fer et en acier, les fils pour machine en fer ou en acier, les matériaux d’emballage en plastique, les matières premières ou parfums utilisés dans la fabrication de l’industrie alimentaire et de boissons, les pâtes alimentaires et les pâtisseries, les produits hygiéniques. D’après la même source, les produits régulièrement importés du Sénégal par la Turquie sont les poissons et fruits de mer, de temps en temps, l’importation de produits tels que les minéraux, les graines oléagineuses, les fruits et le plomb non transformé.
Des investissements importants
Aussi, depuis l’avènement du président Sall au pouvoir, les entreprises turques ne cessent de pulluler sur le marché sénégalais. Aux derniers recensements effectués par les services économiques de l’ambassade du Sénégal à Ankara, 29 projets d’envergure étaient en cours de réalisation au Sénégal par des entreprises turques, pour une valeur de 775 millions de dollars US. Les plus en vue étaient : le Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad), l'achèvement des travaux de l'aéroport international Blaise Diagne (AIBD), la gare des gros-porteurs, le marché d'intérêt national, le stade multifonctionnel Dakar Arena et l'hôtel Radisson de Diamniadio. Aussi, des accords très ambitieux ont été conclus entre les parties turque et sénégalaise. Il s’agit notamment d’un "Mémorandum d'entente pour le développement de la coopération dans le domaine ferroviaire", d’un "Mémorandum d'entente pour le développement de la coopération dans le domaine du tourisme", d’une ‘’Lettre d’intention pour une coopération dans le domaine des hydrocarbures et de l’énergie", "Une lettre d'intention sur l’extraction minière et les ressources minérales".
Dernièrement, le mémorandum relatif à l’exploitation du fer de Falémé par la société turque Tosyali, avait beaucoup défrayé la chronique pour son caractère plus que léonin. Tous les services de l’Etat étaient d’ailleurs montés au créneau pour démentir avoir conclu les négociations avec la partie turque sur ce dossier du fer de la Falémé. Par la même occasion, l’Etat confirmait avoir accordé à la même entreprise le développement d’une zone économique spéciale très prometteuse. Ce, au détriment de l’expertise nationale.
L’acharnement turc
Ainsi, du côté de la Turquie, il ressort un net regain d’intérêt pour les marchés africains de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Un intérêt matérialisé par la mise en place du Conseil des relations économiques extérieures (DEIK).
Lors de sa visite au Sénégal en 2018, le président Erdoğan se réjouissait : ‘’Nous avions fixé un objectif de commerce bilatéral, lors de ma visite au Sénégal en 2013, en qualité de Premier ministre. En 2017, avec un volume commercial de 250 millions de dollars US, nous avons atteint l'objectif fixé. Lors de nos entretiens, aujourd'hui, nous avons fixé un nouvel objectif à atteindre de 400 millions de dollars US.’’
L’appétit venant en mangeant, la Turquie ne cesse de revoir à la hausse ses ambitions sénégalaises. Et plusieurs initiatives sont en cours pour relever lesdits défis. Aussi faramineux soient-ils.
Ainsi, aussi bien sur le plan bilatéral que dans le cadre des relations avec la CEDEAO, Erdogan mène la grande offensive commerciale et industrielle. C’est dans ce contexte qu’il faudrait inscrire la tenue du tout premier forum entre la Turquie et les pays de la CEDEAO, les 22 et 23 février 2018, à Istanbul. A cette occasion, le ministre turc de l’Economie, Nihat Zeybekci, avait indiqué que l'objectif concernant le volume des échanges commerciaux entre le Sénégal et la Turquie, d'ici à 2020, devrait être fixé à 1 milliard de dollars US.
Très boulimique, la Turquie en avait même profité pour proposer un accord de libre-échange avec la CEDEAO. Comme pour tenter de rassurer ses partenaires de l’Afrique de l’Ouest, le ministre turc estimait que ledit accord de libre-échange serait en fait un accord asymétrique. ‘’Ce sont nos frères africains qui détermineront les conditions et les limites de cet accord. Les produits fabriqués en Turquie et dans cette région ne seront pas en concurrence, mais, bien au contraire, ils seront complémentaires’’, disait-il. M. Zeybekci invitait, par la même occasion, les hommes d'affaires turcs à investir au Sénégal. Il révélait, dans la même veine, que la procédure juridique concernant la protection des investissements entre les deux pays était quasiment accomplie.
Le poulain d’Erdoğan rappelait, par ailleurs, que d'autres investissements turcs viendront s'ajouter aux projets déjà accomplis comme l'aéroport international Blaise Daigne. ‘’Je constate, disait-il, qu'au Sénégal, il existe des opportunités d'affaires dans les domaines tels que les matériaux de construction, le textile et prêt-à-porter, les pièces de rechange automobiles, les appareils électroménagers et le tourisme, etc.’’.
Nébuleuse autour du projet de convention fiscale entre les deux pays
Comme si tout cela n’avait pas suffi, Recep Tayyip Erdoğan fait, aujourd’hui, des pieds et des mains pour décrocher une convention de non double imposition avec le Sénégal. Et ce matraquage semble sur le point de se concrétiser, même si les différents services de l’Etat se refusent à toutes sortes de commentaires. Un responsable à la Direction générale des impôts et domaines, qui a préféré garder l’anonymat, explique : ‘’En l’état actuel, on ne peut en parler, puisque c’est à l’Etat de négociation. Rien de concret n’a été fixé. Les négociations se poursuivent entre les parties concernées.’’
Dès lors, la question qui se pose est de savoir que cachent les autorités nationales dans cette convention qui est loin d’être la première signée par le Sénégal. Interpellé sur le fait que le projet de loi relatif à cette convention a été adopté en Conseil des ministres depuis le 18 décembre dernier, le responsable rétorque de manière assez diplomatique : ‘’Je n’en suis pas encore informé.’’
Une réponse qui en dit long sur les multiples appréhensions à propos de ce nième projet de convention de non double imposition. Lequel arrive dans un contexte de dénonciation de celle qui liait le Sénégal à l’île Maurice.
En fait, à l’origine, l’objet de ces types de convention est d’éviter les doubles impositions et de prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôt sur le revenu, dans certains cas. Mais ce couteau à double tranchant est généralement utilisé par les grandes entreprises étrangères pour ne pas payer d’impôts du tout. Elles peuvent être utiles, dans le cas où il existerait des relations commerciales et économiques réciproques entre les deux pays. Le hic, c’est que dans le cas des rapports avec Maurice, comme dans celui des relations avec la Turquie, l’échange semble marcher à sens unique. Pendant que les entreprises et ressortissants du pays d’Erdogan pullulent comme des champignons au Sénégal, les flux financiers, dans le sens contraire, sont encore à leur balbutiement. De ce fait, ils sont nombreux les spécialistes à craindre qu’une telle convention ne soit destinée qu’à dispenser les entreprises turques au Sénégal, en totalité ou en partie, de leurs obligations fiscales.
Si l’on sait que ces derniers ont le contrôle de quelques fleurons de notre économie, il convient de se demander ce que gagnera le Sénégal dans cet accord. Les autorités censées apporter des informations aux citoyens fuient la question.
Déjà, il faut noter que les nombreux projets développés par des entreprises turques au Sénégal sont très peu profitables aux sociétés sénégalaises, dans la mesure où, très souvent, ces dernières importent la plupart de leurs intrants à partir de leur pays d’origine. Dans un article paru en mai 2018, ‘’EnQuête’’ montrait comment la ville de Diamniadio était en train d’être construite à partir d’Istanbul. Aussi, implantées le plus souvent dans des zones économiques spéciales, ces entreprises bénéficient de moult exonérations fiscales qui grèvent le budget national.
par Mody Niang
PRÉSIDENT-POLITICIEN, QUAND CESSEREZ-VOUS ?
Au moment où le Forum civil publie son Rapport 2019 sur l'Indice de Perception de la Corruption (IPC), Macky se rappelle comme par enchantement que l'IGE existe encore et exige des résultats
Monsieur le président-politicien, quelques jours après votre prestation de serment du 2 avril 2019, je n'avais pas pu résister à la tentation de vous poser cette question : "Président-politicien, quand vous déciderez-vous à nous prendre au sérieux ?" Le texte a été publié par quatre quotidiens entre les 16 et 19 août 2019, et je l'avais introduit ainsi : "Oui, président-politicien, cette question, nous ne pouvons pas nous abstenir de vous la poser. Ne pensez-vous pas, quand même, que le temps est venu d'arrêter de nous prendre pour des demeurés ? Depuis votre prestation de serment, le 2 avril 2019, vous vous adressez à nous comme un président qui entame son premier mandat. Les engagements que vous prenez – oui, vous avez encore le courage d'en prendre – nous laissent la forte impression que, dans votre esprit, les sept longues années de votre premier mandat se sont comme par miracle volatilisées." Quatre mois et demi environ après, je suis obligé de revenir avec une autre question, celle du titre du texte que je propose à mes compatriotes. Elle m'a été inspirée, cette question, par la publication du Rapport 2019 de l'Indice de Perception de la Corruption (IPC) par le Forum civil.
Les résultats n'ont naturellement déçu ou surpris personne et sont ce qu'ils ont toujours été. On en a une idée exacte si on parcourt les différents quotidiens du 24 janvier 2020, lendemain de la publication dudit Rapport. On y lit ainsi : ‘Le Sénégal s'englue dans la zone rouge", "Le Sénégal stagne dans la zone rouge", "Le Sénégal, un pays encore très corrompu", "Pourquoi le Sénégal reste dans la zone rouge ?", etc. Nos autorités suivaient très attentivement la publication du Rapport, en en connaissant probablement le contenu qui, en tous les cas, ne pouvait pas leur être favorable. Rien de vraiment surprenant puisque le Sénégal est devenu un pays corrompu pratiquement à tous les niveaux, en particulier au sommet de l'État. La veille, coïncidence ou calcul, le président-politicien a présidé le traditionnel Conseil des Ministres, où des décisions "importantes" ont été prises et annoncées. Parmi celles-ci, la tenue, le vendredi 24 janvier déjà, d'un "Conseil présidentiel sur le Plan national d'Aménagement et de Développement territorial (PNADT)" et, en mars 2020, d'un "Conseil présidentiel sur l'Investissement (CPI)". Mais, la décision qui a vraiment surpris et indigné à la fois – car ce politicien pur et dur nous prend vraiment pour des demeurés –, c'est son invitation de l'Inspection générale d'État (IGE), à lancer sans délai, "une étude sur l'environnement de contrôle dans les ministères", dans le cadre de ces fameux nouveaux "budgets-programmes"
Nous ne nous attarderons pas sur ces différentes décisions, sauf peut-être sur celle relative à la mission confiée à l'IGE. Après avoir "instruit" – le terme consacré – le Ministre de l'Économie du Plan et de la Coopération "de préparer avec l'APX SA, la 14ème session du"Conseil présidentiel sur l'Investissement (CPI)" en mars 2020.Il insiste sur "le renforcement de la fonction contrôle dans les ministères et de la performance dans l'action publique", non sans rappeler "l'entrée en vigueur en 2020 de la nouvelle gestion publique caractérisée par l'instauration des budgets-programmes qui implique : (i) l'optimisation de la dépense publique ; (ii) la modernisation intégrale de l'Administration ; (iii) l'orientation de l'action publique vers la performance". Notre président-politicien ne s'arrête pas en si bon chemin. Il exige le "le renforcement significatif de la fonction contrôle ainsi que l'évaluation systématique des politiques publiques"[1]. Et il revient vers l'IGE et lui renouvelle son invitation "à lancer sans délai l'étude sur l'environnement de contrôle dans les ministères".
Avant de poursuivre, le profane que je suis va se donner le toupet de faire connaître son point de hasardeux sur ce qui pourrait être considéré comme les trois conditions qu'implique la "nouvelle gestion publique" avec l'instauration des "budgets-programmes". Je commence par "l'optimisation de la dépense publique". Pour le peu que j'en sais, "optimiser" ou "optimaliser" signifie, selon mon tout Petit Larousse illustré (2012) : "Placer dans les meilleures conditions d'utilisation de fonctionnement". On n'a vraiment pas besoin d'être un spécialiste des finances publiques pour savoir qu'elles sont loin d'être gérées dans de telles conditions. Il suffit de lire régulièrement la presse et, en particulier, quelques rapports d'organes de contrôle. Cette première condition d'optimalisation de la dépense publique sera difficilement satisfaite, avec cette "gouvernance transparente, sobre et vertueuse" que nous vivons en martyrs depuis le 1er avril 2012. Á moins que le président-politicien ne change systématiquement de cap, et sans délai, dans l'application de ses différentes politiques. Ce qui me semble relever pratiquement du miracle, jusqu'à preuve du contraire.
Je suis aussi réservé quant au sort qui sera réservé à la seconde condition. L'administration sénégalaise sera difficilement modernisée. On peut bien l'équiper, la doter de technologies de dernière génération – pour faire moderne – et d'un personnel suffisant, compétent, etc. Tous ces atouts ne suffiront pas à atteindre le second objectif. Elle draine, depuis le 2 avril 2000, un mal profond qui, tant qu'elle n'en est pas guérie, s'opposera à toute modernisation, à toute performance. Ce mal, c'est la politisation outrancière. La gouvernance des Socialistes n'était sûrement pas des meilleures mais, quand ils quittaient le pouvoir, ils nous ont quand même laissé une bonne administration, une bonne fonction publique, même si elles n'étaient pas exemptes de toute politique. C'est avec le vieux président-politicien que tout a été mis sens dessus dessous. C'est lui qui, en politicien pur et dur, a détraqué toute l'administration sénégalaise comme notre système de rémunération des agents publics et d'octroi d'indemnités.Son successeur, qu'il a allaité pendant huit longues années, a retenu de lui bien des leçons, hérité de lui bien des défauts. On peut même formellement affirmer qu'avec lui, l'administration est plus mal en point encore, étant devenue pratiquement la propriété exclusive de la famille présidentielle, de l'APR et, à un moindre degré, de la Coalition Bennoo Bokk Yaakaar et des protégés de certains chefs religieux. Aujourd'hui, les hauts fonctionnaires les plus gradés, les plus compétents, les plus entreprenants, les plus vertueux, n'ont aucune chance d'être nommés à des postes stratégiques, s'ils n'appartiennent pas au clan élargi. Les énarques et les ingénieurs de toutes catégories, les professeurs de talent, les meilleurs docteurs en médecine, etc., perdent de plus en plus de terrain. Á la place, sont souvent nommés des "économistes", des "juristes", des titulaires de tels ou tels "masters" délivré parfois on ne sait où. Cette administration du président-politicien n'a aucune chance de connaître une modernisation intégrale.
La troisième condition, "l'orientation de l'action publique vers la performance" sera confrontée au même mal : quand l'action publique se confond avec l'action politique, voire politicienne, elle ne peut aboutir à aucune performance, en tout cas pas à celle au profit du plus grand nombre. Il n'y a pas de performance sans évaluation. Or, cette action administrative est pratiquement inconnue chez nous. Le président-politicien semble s'en rendre compte en insistant, dans ses recommandations sur "l'évaluation systématique des politiques publiques", tout en sachant que rien ne sera vraiment pas évalué avec succès, puisqu'évaluer n'est pas le fort de sa gouvernance meurtrie. Il compte, parmi son proche entourage, des hommes et des femmes (ministres, directeurs généraux, directeurs, gouverneurs, préfets, ambassadeurs, etc., qui n'ont jamais été évalués pendant tout le temps qu'ils sont restés en fonction (huit ans pour certaines, certains d'entre eux /elles). Nous connaissons au Sénégal des hommes et des femmes qui ont quitté leurs fonctions après sept ans, en ne marquant leur long passage que par des actes de mauvaise gestion. Comment peut-on confier des responsabilités importantes à un homme ou à une femme pendant plusieurs années sans jamais l'évaluer ? La seule évaluation qui semble retenir l'attention de notre président-politicien, c'est celle qui se fait au lendemain d'une élection ou d'élections générales. Les heureux gagnants de leurs bases respectives sont récompensés et les autres, les malheureux vaincus, perdent leurs postes s'ils ne sont pas des très proches du président-politicien ou des protégés de personnalités influentes, des khalifes généraux par exemple.
Je pensais d'ailleurs que les ministres étaient déjà préparés en "fast tract" dès que l'idée des fameux "budgets-programmes" est née dans l'esprit du président-politicien. En tous les cas, je ne suis point optimiste quant à la réussite de la modernisation de l'administration et de la pratique convenable des "budgets-programmes".
Pour le premier objectif surtout (la modernisation de l'administration), on devrait y penser plusieurs années auparavant. On contraire, comme nous l'avons déjà rappelé, on s'est employé à la détraquer. Outre son caractère politicien, elle est lourde, très lourde. Nous comptons trop de ministres, trop de directeurs généraux et de directeurs. Peut-être trop de régions, de départements et d'arrondissements. Tout le monde est pratiquement ministre ou directeur général. Dans plusieurs de mes modestes contributions, j'ai eu le toupet de revenir sur cette nécessaire réforme approfondie de l'administration, dans le sens de son allègement, de son assouplissement. Nous devrions revenir sur cette présentation : ministre, directeur général, directeur (national), chefs de services (régionaux, départementaux, locaux). En plus des très nombreux directeurs généraux, nous comptons une pléthore de secrétaires généraux de ministères, de ministères parfois minuscules et à durée de vie très limitée. Nous n'oublierons certainement pas la communalisation intégrale. Notre petit pays compte plus de cinq cents (500) communes. Nombre d'entre elles qui ne le sont que de noms, arrivent péniblement à boucler un budget annuel de deux millions, et encore ! Sans compter les limites objectives des différents personnels en place en matière d'administration communale.Ils comptent parmi eux, de parfaits analphabètes en tout, et qui occupent des fonctions importantes. L'Acte II (je crois) qui est le père de la communalisation intégrale est d'essence purement politicienne, électoraliste, comme le seraient sûrement les décisions prises lors du Conseil des Ministres du 23 janvier 2020.
Donc, au moment où le Forum civil publie son Rapport 2019 sur l'Indice de Perception de la Corruption (IPC) au Sénégal, le président-politicien se rappelle comme par enchantement que l'IGE existe encore et la lance "aux trousses des ministres", selon "Sud quotidien", et exige des résultats. C'est vraiment là qu'il se moque de nous, qu'il nous prend pour des moins que rien. Où étaient l'IGE, la Cour des Comptes, l'OFNAC, pendant ses huit années de gouvernance ? Pour m'arrêter un instant sur l'IGE, de plus en plus de compatriotes se posent des questions sur son utilité. Le corps compterait 65-66 hauts fonctionnaires, dont un bon nombre y a été directement nommé par le président-politicien, voie qu'il affectionne particulièrement. Selon des informations dignes de foi, le dernier concours de recrutement a été organisé en 2013. Il s'agissait du concours interne professionnel, réservé aux fonctionnaires de la hiérarchie A.
Á la place, le président-politicien privilégie le recrutement par voie de nomination par décret, dénommé "Tout extérieur". Donc, depuis 2013, il en abuse vraiment. Or, Cette forme de recrutement était encadrée, quand le Sénégal était un pays sérieux, par des textes portant organisation de l'IGE, et devait obéir à des normes précises, notamment en fonction du nombre d'inspecteurs issus du concours et en service.On constate depuis lors, surtout ces tout derniers temps, que le président-politicien nomme des membres du clan élargi (famille présidentielle, APR, etc.), immédiatement après qu'ils ont fait valoir leur droit à une pension de retraite. Un Ancien gouverneur, un ancien administrateur civil, un ancien professeur, un ancien conseiller aux affaires étrangères, etc., sont certainement de hauts fonctionnaires de la hiérarchie A. Cependant, il ne suffit point d'appartenir à cette hiérarchie pour faire forcément un inspecteur général d'État. Un inspecteur général d'État, le vrai, c'est quelque chose de sérieux : il ne devrait pas être nommé à partir de considérations proprement subjectives. Il y a eu un temps où j'ai appris avec surprise, même avec stupeur, que les inspecteurs généraux d'État (IGE) étaient en formation à Saly. Je m'en étais bien étonné, étant donné que l'inspecteur général d'État était le plus haut fonctionnaire du Sénégal choisi, de surcroît, après le concours le plus sélectif organisé dans le pays. Qu'avait-il donc besoin d'être formé, et par qui l'était-il ? Peut-être, s'agissait-il des inspecteurs généraux du président-politicien ?
Monsieur le président-politicien, après huit ans de gouvernance opaque, de reniements sans état d'âme de vos engagements les plus solennels, vous venez nous divertir avec vos décisions-spectacles du 23 juin 2020.Ce chemin, trop facile pour vous, nous laisse sur notre faim, celle de toujours depuis huit ans. Si nous avions à donner notre humble avis, ce serait que, avant toutes autres initiatives concernant votre deuxième mandat :
- vous rendiez à l'IGE son prestige d'antan, et la sortiez de cette situation peu enviable, semble-t-il, dans laquelle vous la confinez et qui n'est vraiment pas digne de son haut rang ;
- vous leviez votre lourd coude et libériez les dizaines, voire les centaines – qui sait ? – de rapports d'organes de contrôle que vous écrasez depuis huit (8) ans ;
- vous ordonniez à vos services compétents de transmettre à la justice tous ceux d'entre eux qui recommandent avec force "l'ouverture d'une information judiciaire" contre tel ou tel, pour détournements présumés de dizaines de milliards de francs CFA. Et DIEU sait qu'ils sont très nombreux ;
- vous leviez votre censure sur la publication annuelle des "rapports publics sur l‘état de la gouvernance et de la reddition des comptes" ; nous sommes en 2020, les rapports publics de 2016, 2017, 2018 et 2019 ne sont pas encore publiés. Que cachent-ils de particulier pour que vous vous opposiez, semble-t-il, catégoriquement à leur publication ?Vos amis y seraient-ils gravement mis en cause ?
- vous laissiez l'IGE, l'OFNAC, la Cour des Comptes, l'Autorité de Régulation des Marchés publics (ARMP) et d'autres corps de contrôle faire librement leur travail, conformément aux pouvoirs que la loi leur confère ;
- vous respectiez votre engagement formel, une fois élu, à permettre à la Cour des Comptes d'avoir l'œil sur la gestion des budgets de la Présidence de la République, de l'Assemblée nationale et d'autres institutions ;
- vous laissiez les organes de contrôle nous permettre de nous faire une idée nette sur les nombreux scandales (en l'air) qui jalonnent votre gouvernance, et sur lesquels la presse est longuement revenue les 23, 24 et 25 janvier 2020 ;
- vous réserviez une suite objective et diligente aux recommandations que ces organes pourraient vous faire, tout au moins à nombre d'entre elles dont personne ne peut douter objectivement de la pertinence ;
- vous nous disiez en toute honnêteté, si vous en êtes encore capable, quel sort vous réservez à la Cour de Répression de l'Enrichissement illicite (CREI), et aux vingt-deux (22) ou vingt-trois (23) qui restent de la liste que votre gouvernement avait tôt dressée et publiée ;
- vous leviez enfin votre lourde tutelle sur le Procureur de la République, pour qu'il apporte une suite aux vingt dossiers de l'OFNAC et, semble-t-il, aux plus de cinquante autres de la Cellule nationale de Traitement des Informations financières (CENTIF), qui dorment depuis de longues années sur son bureau, etc.
Donc, Monsieur le président-politicien, vos décisions du 23 juin 2020 nous laissent indifférents, ne nous divertissent surtout pas. Nous sommes plus sensibles au respect de votre engagement ferme, une fois élu, à mener, contrairement à votre prédécesseur, une "politique, sobre, vertueuse et transparente". Nous sommes bien plus sensibles à la primauté de la Nation sur le parti. Ce qui est encore loin le cas, sûrement. En attendant, vous pouvez continuer de nous prendre pour des moins que rien, pour des demeurés, mais vous risquez une grosse surprise : le peuple est en train de se réveiller petit à petit et découvre, au jour le jour, qui vous êtes vraiment. Si j'étais pour vous un parent, un ami, un camarade, je vous conseillerais de vous employer à terminer votre second et normalement dernier mandat, en rectifiant ce que vous pouvez encore rectifier, et quitter le pouvoir sur la pointe des pieds, une fois qu'en février ou en mars 2024, vous aurez remis le pouvoir à votre successeur.
[1] Et les députés alors ? Le contrôle des politiques publiques ne fait-il plus partie de leurs "pouvoirs" ?
PRÉVENIR UN GÉNOCIDE PEUL EN GUINÉE
Il est impératif que les Nations Unies mettent en place un programme d'alerte sur le terrain - Nous faisons appel au sens civique des Guinéens pour dénoncer les assassins des milices de Condé - MEMORANDUM E DE POTTAL-FII-BHANTAL FOUTA-DJALLON
SenePlus publie ci-dessous, le memorandum de Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon, daté du 23 janvier 2020, alertant la communauuté internationale sur la situation sociopolitique en Guinée.
Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon note qu'à quelques exceptions près - dont celle du président du Mali - la grande majorité des chefs d'État africains et des puissances occidentales sont opposés au coup d’état constitutionnel de Mr. Alpha Condé. La proposition d’une nouvelle constitution, à moins d'un an des élections présidentielles, n'est rien d'autre qu'un coup d'État qui permettra à M. Alpha Condé d'éliminer la limitation de deux mandats et de se porter candidat à la présidence. Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon note également que, bien que la grande majorité des Guinéens soit unis dans leur refus de la violation des dispositions constitutionnelles de notre pays, la répression du gouvernement de M. Alpha Condé est exclusivement dirigée contre les Peuls. C'est un fait établi que depuis son accession à la présidence, Alpha Condé prépare ce coup d'État pour se maintenir au pouvoir au-delà de son mandat légal. Il convient de rappeler qu'il y a plus de sept ans, en mars 2012, Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon avait écrit au gouvernement angolais pour l'avertir du recrutement de milices par Alpha Condé, sur des bases purement ethniques et de leur formation dans leur pays. Aujourd’hui, M. Alpha Condé s’appuie pour son coup d’État sur ces milices. Cachées dans les forces de sécurité, elles ont un sinistre plan de génocide des Peuls. Le terrain a été bien préparé par M. Alpha Condé. M. Alpha Condé a délibérément maintenu un climat de mépris des citoyens peuls dans l'appareil de l’État. En conséquence, les Peuls sont exposés à toutes les formes de ségrégation et de spoliations économiques de la part des fonctionnaires. Outre les assassinats ciblés, les milices de M. Condé ont été conditionnées pour commettre des actes outrageux contre les Peuls, destinés à les dépouiller de leur dignité humaine : uriner dans la cuisine des femmes, insulter, violer des jeunes filles, attaquer des chefs religieux, détruire des maisons, vandaliser et incendier des boutiques etc. Le gouvernement reste éloquemment silencieux sur tous ces crimes.
En dix ans de règne, sur des milliers de comportements criminels et provocateurs envers les peuls, il n'y a eu qu'une légère condamnation d'un officier.
Les membres du gouvernement guinéen sont engagés dans une campagne éhontée pour donner du crédit à une thèse de groupes occultes de la communauté peule qui seraient responsables des assassinats. Ils poussent l'ignominie et l’irresponsabilité au point de demander publiquement des prières religieuses pour appréhender les coupables.
A l’amalgame du gouvernement et ses confusions savantes, s’ajoutent les menaces d'extermination des Peuls par les milices de Mr. Alpha Condé. Sur les réseaux sociaux, ils traitent les citoyens peuls de Guinée d’étrangers ou d’envahisseurs. Aucune de ces déclarations n'a fait l'objet d'une condamnation par le gouvernement. Cependant, le même gouvernement ne manque aucune occasion de rapporter cyniquement toute confrontation politique dans les régions peules de Guinée ou dans les quartiers à majorité peule de la capitale.
Mr. Alpha Condé a entretenu une conspiration sur un front d’union fictive de tous les groupes ethniques guinéens contre les Peuls. Alpha Condé a utilisé tous les moyens de corruption pour faire taire de nombreux Guinéens sur ses crimes contre le plus grand groupe ethnique du pays.
À l'étranger, avec l'aide de journalistes sous ses ordres, Mr. Alpha Condé a tenté de discréditer les Peuls auprès des puissances occidentales en cherchant à les lier à des groupes djihadistes en Afrique de l'Ouest. En somme, Alpha Condé a été constant dans sa guerre larvée contre les Peuls de Guinée. Aucun doute n’est permis sur sa conduite et sa volonté criminelle de faire des Peuls de Guinée des citoyens de second rang qui peuvent être maltraités sans conséquences. Il a clairement créé un climat propice au génocide en Guinée.
Le groupe des Nations Unies chargé de prévenir le génocide dans le monde a présenté, dans son document intitulé "CADRE D'ANALYSE DES ATROCITÉS CRIMINELLES - OUTIL DE PRÉVENTION", quatorze facteurs de risque à prendre en compte dans la prévention du génocide. Il n'est pas nécessaire de combiner tous ces facteurs dans un pays pour envisager la possibilité d'un génocide. Ces facteurs de risque, avec leurs indicateurs, sont divisés en facteurs de risque communs et facteurs de risque spécifiques. Ces facteurs sont listés ci-dessous avec chacun, une description succincte de leur pertinence à la situation actuelle de la Guinée. Facteurs de risque communs
1. Situations de conflit armé ou autres formes d’instabilité : l’instabilité politique en Guinée a été permanente. Elle a été de tout temps délibérément entretenue par la répression de l’opposition, des complots fictifs et la division ethnique.
2. Antécédents de violations graves du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire : la répression et la culture de la violence d’état sont bien établies en Guinée avec deux caractéristiques spécifiques : le ciblage de la communauté peule et la totale impunité des criminels de l’état. Les assassinats, les viols publics, les arrestations arbitraires, le racket et les destructions des habitats peuls sont banalisés dans le pays. Exemples : crimes du 28 Septembre 2009, de Mali Yembering, démolition de Kaporo Rails, Kipé2 etc.
3. Faiblesse des structures étatique : L’administration guinéenne ne pourvoie aucun service public. La justice est une parodie gangrénée par la corruption. La santé et les écoles publiques sont en ruine. L’état n’existe que par le recours à l’arbitraire, aux abus des pouvoirs à tous les échelons et le viol systématique des lois. L’administration est dysfonctionnelle dans tous les secteurs. Elle n’est qu’une machine de corruption rampante, d’impunité des criminels, de répression de toute veillée de révolte dans un fond de division tribale artificiellement entretenue.
4. Motivations ou incitations : Pour masquer ses faillites économiques, le gouvernement met à l’index la communauté peule dans sa totalité. Pour perpétuer le règne au-delàs des dispositions légales, il réprime violemment les citoyens peuls. En plus, il crée et entretient un climat de haine envers les peuls.
5. Capacité de commettre des atrocités criminelles : Les enquêteurs internationaux (de l’ONU et de Human Right Watch) sur les crimes contre l'humanité ont établi sans le moindre doute la cruauté notoire des forces de sécurités guinéennes contre les populations, en particulier les peuls
6. Absence de facteurs atténuants : Du fait du passé répressif des régimes successifs, les citoyens guinéens ont supporté des abus extraordinaires. Rien ne justifie les crimes de l’état, à part la volonté de maintenir leurs illégitimes privilèges. Le gouvernement en particulier de Mr. Alpha Condé a délibérément ruiné l’appareil judiciaire, et a encouragé l’impunité de criminels notoire.
7. Circonstances propices ou action préparatoire : Comme indiqué ci-dessus, les forces de sécurité sont gangrenées par des milices ethniques créées par M. Alpha Condé. Ces milices sont responsables des assassinats ciblés.
8. Facteurs déclencheurs : Le front uni des populations contre le régime de Mr. Alpha Condé fait que les facteurs déclencheurs sont absents pour le moment. Facteurs de risque spécifiques
9. Tensions entre groupes ou pratiques discriminatoires à l’encontre de groupes protégés : Les régimes politiques successifs ont systématiquement pratiqué une discrimination ethnique en Guinée. En particulier contre les Peuls. M. Alpha Condé a porté cette discrimination bien ancrée à un nouveau sommet, comparable uniquement à la guerre ouverte que Sékou Touré a déclarée contre les Peuls, en 1976.
10. Signes d’une intention de détruire physiquement, ou tout ou en partie, un groupe protégé : les destructions d’habitat, les assassinats ciblés et la cruauté discriminatoire des forces de sécurité envers les peuls sont bien documentés par des enquêtes indépendantes dont celles de l’ONU.
11. Signes d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre une population civile : voir le facteur numéro 10, ci-dessus.
12. Signes d’un plan ou d’une politique pour attaquer une population civile : les milices de Mr. Alpha Condé et des cadres proches de lui lancent en permanence des attaques contre les peuls. Exemple of Mr. Damaro, président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle 13. Menaces graves à l’encontre de personnes protégées par le droit international humanitaire : voir facteurs numéros 10 et 12 14. Menaces graves contre les opérations humanitaires ou de maintien de la paix. Ce facteur n’est pas présent en Guinée actuellement. Une évaluation de ces facteurs montre que, seuls les Facteurs déclencheurs et les Menaces graves contre les opérations humanitaires ou de maintien de la paix sont encore absents de la Guinée. En conséquence, Pottal-Fii-Bhantal lance un appel à toutes les organisations concernées par la démocratie et la justice pour la création d'une coalition de prévention du génocide en Guinée. Cet appel est d’autant plus pressant que la Guinée entre dans une campagne électorale qui fait partie du plan de coup d’État constitutionnel de M. Alpha Condé. Même sans la participation de l'opposition, il y a fort à parier qu'il lâchera les forces de sécurité sur les populations peules. Il est impératif que les organes des Nations Unies mettent en place un programme de surveillance et d'alerte sur le terrain, comme le permet le mandat des Nations Unies. Pour rappel, en juillet 2014, le Secrétaire général de l'ONU a réitéré l'engagement de la communauté internationale à soutenir chaque État dans la prévention des génocides. Mais, au cas où les « états échoueraient manifestement dans cette mission, à mener une action collective de manière rapide et décisive, conformément à la Charte des Nations Unies. » Dans le même document de l’ONU, il est spécifié qu’il y a une responsabilité légale de prévenir les atrocités criminelles. Ces « responsabilités qui incombent aux États, en vertu des traités ratifiés ou du droit coutumier, impliquent l’obligation non seulement de réprimer mais aussi de prévenir les atrocités criminelles. Dans certains cas, comme celui du crime de génocide, l’obligation de prévenir édictée par la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (article premier) a acquis valeur de règle de droit international coutumier, c’est-à-dire qu’elle lie tous les États, qu’ils aient ratifié ou non la Convention. » Ces textes juridiques habilitent la coalition à saisir les organisations africaines et régionales ainsi que celles des Nations Unies pour faire appel à leur obligation d'agir, face aux risques de génocide peul en Guinée.
Parallèlement à cette procédure, nous faisons appel au sens civique des Guinéens pour identifier et dénoncer les assassins des milices d'Alpha Condé ainsi que les propagandistes de la haine ethnique. Enfin, l'histoire des génocides montre qu'il est risqué pour une communauté menacée de s'appuyer exclusivement sur les réactions et interventions internationales. Nous demandons donc aux citoyens peuls de Guinée de prendre toutes les mesures nécessaires pour préserver leur intégrité physique et protéger leurs biens. Sans renoncer à leur noble combat, les Peuls de la Guinée doivent s'exposer le moins possible aux assassins de M. Alpha Condé. Aussi, il est impératif qu'ils s'organisent en groupes d'auto-défense contre la descente fréquente des milices dans leurs quartiers et leurs habitations. Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon reste disponible pour assister les victimes et leurs familles dans les démarches à entreprendre pour obtenir justice. Nous rendons hommage à tous les militants guinéens tombés dans la longue lutte pour la démocratie et contre les démons de la division dans notre pays.
par Moussa Bèye
ÉLECTRICITE, LES MAUVAIS CHOIX SE PAIENT PAR LES CONSOMMATEURS !
Comment des institutions et collectivités qui votent annuellement des budgets de fonctionnement n’arrivent pas à payer leurs factures d’électricité ? Où va tout cet argent ?
Au regard de l’actualité sénégalaise brulante, pour ne pas dire électrisante au point de faire détraquer les compteurs et par conséquent, de faire augmenter les tarifs d’électricité de façon aussi substantielle et aussi inexplicable, nous avons essayé d’en savoir un peu plus.
Alors, pour tenter de comprendre les raisons de ce qui semble être la déroute du siècle tant par sa spontanéité que par sa vigueur, nous avons décidé de faire un retour sur l’excellent ouvrage « SERVIR »1 de PAM. Et cela non pas juste par ce que nous apprécions l’homme, ses qualités d’homme d’Etat, son raffinement ou ses analyses percutantes, objectives et pertinentes, mais par ce que cet ouvrage est une véritable mine d’or qui regorge en son sein des éléments à la fois objectifs et pertinents pris au nom du Sénégal, c’est important de le préciser d’ores et déjà. Avec le recul et au détour d’une analyse honnête, il s’avère qu’à travers lui et son gouvernement, « que le Sénégal regorge de cadres de très haut niveau au sein de l’administration, capables d’analyses pointues et de propositions de grande qualité » 1. Ce qui a permis en des temps records à la définition d‘une véritable stratégie nationale et un Plan pour régler définitivement la question de l’énergie. Eh oui, un Homme politique a le droit, le devoir même, non pas de spéculer, mais de prévoir l’avenir.
Les Sénégalais subissent de façon inexpliquée et injustifiée une augmentation des tarifs de l’électricité.
Inexpliquée, parce que l’ancien directeur général de la SENELEC, MMC devenu ME n’a cessé de communiquer sur le fait que tous les indicateurs étaient au vert, que la société avait été redressée de façon miraculeuse sous son magistère avec des méthodes de management modernes, éprouvés et efficaces. Nous l’avions cru sur parole, d’autant plus que l’homme était auréolé de l’aura d’un grand manager hors pair et d’une réputation d’un homme efficace et pragmatique…, ce que nous lui avions concédé en toute honnêteté. Or il s’avère qu’au regard de la récente actualité sur la question de l’augmentation des tarifs de l’électricité, il y’a au mieux une réputation qui a été surfaite, des résultats pour le moins trompeurs et pas très fiables. Mouhamadou Mactar Cissé est sommé de se justifier sérieusement !
Injustifiés, absolument rien ne présageait de cette augmentation des tarifs aussi surprenante que soudaine. Comment comprendre qu’il y a à peine six mois on nous expliquait la possibilité de vendre notre surproduction d’électricité à des pays voisins du Sénégal, tant la production intérieure était supérieure à la demande locale, et aussi soudainement, procéder à un virage à 190°.
Et pourtant PAM en tant que PM, économiste a eu à prévenir sur la centralité qu’occupe la question énergétique dans tout processus de croissance, d‘émergence et de développement. Ce service qui est la pierre angulaire sur laquelle repose tout besoin, toute aspiration à une vie normale, toute économie qui se veut performante et concurrentielle. De sa fourniture en quantité et en qualité suffisantes et à des prix les moins élevés, voire les plus compétitifs possibles, dépendent la croissance et la compétitivité de notre économie.
Cela alors que le pays n’était pas connu comme un producteur de pétrole, avec une production marginale de gaz.
Alors que sa production hydroélectrique est plus que limitée, sans compter que les différentes matières premières pour son exploitation sont importées. Dans un tel contexte, comment comprendre et expliquer que des choix opportuns et judicieux n’ont pas été fait afin d’optimiser les coûts et les moyens de production ?
Bien au contraire, des choix et des méthodes couteux qui défient toute logique, tout bon sens ont été préférés au détriment des finances publiques et du peuple sénégalais. Une véritable aberration économique qui n’a que trop duré. Avec des centrales qui fonctionnent essentiellement au diesel-oil et au fuel lourd, la SENELEC qui exerce un monopole sur la distribution de l’électricité, est obligée d’importer ses matières premières aux prix forts. Par conséquent l’électricité coûte très chère aux consommateurs. PAM faisait d’ailleurs remarquer que c’était la « Plus chère de la sous-région, au-delà des prix pratiqués au Mali, pays pourtant enclavé. »1 Il avait dans la même lancée dénoncé « le poids de la fiscalité dans la structure des prix est très lourd et son mode de fixation défi toute rationalité économique » 1. Avec une quasi-absence de marge de manœuvre pour la réduction des prix, étant entendu que cette fiscalité constitue l’une « des principales mamelles des recettes de l’État » 1.
Au vu de ce qui précède et avec une « structuration des prix qui reflète son statut d’entreprise non performante »1, l’Etat n’avait d’autre alternative que de subventionner afin de maintenir ou soutenir les prix. Rien qu’en 2012, cette subvention était de 120 milliards de FCFA, soit près de 2% du PIB. PAM pensait à juste raison que la priorité était d’abord « de mettre fin à cette hémorragie financière avant de baisser les prix pratiqués… »1.
LES GRANDES OPTIONS STRATEGIQUES DU SECTEUR DE L’ENERGIE
Le PR suite à une communication en Conseil des ministres a eu à « figer » les principales options stratégiques pour le secteur. Il s’articuautour des points suivants :
Assurer la sécurité énergétique du Sénégal par son approvisionnement régulier en énergie de qualité
Accroitre l’accès des entreprises et des populations à l’énergie comme moyen majeur de provoquer de la croissance économique et dans des conditions équitables.
Améliorer la compétitivité du secteur pour permettre l’accès à l’énergie aux meilleurs prix. Allier ce dernier au dépérissement du soutien excessif que l’Etat apporte à ce secteur.
Corriger les éléments irrationnels entrant dans la structure des prix. Engager une étude portant sur la révision de la fiscalité pétrolière.
La mise en œuvre de cette stratégie passe par le développement d‘infrastructures de production reposant sur un mix de technologies, recherchant l’optimum en fonction notamment des coûts contemporains et futurs de la matière première utilisée.
Le développement de l’interconnexion régionale et sous-régionale doit également être un moyen de couvrir les déficits occasionnels d’énergie, et pourquoi pas exporter demain d’éventuels excédents de production d’électricité.
L’amélioration de la gouvernance du secteur et sa réforme institutionnelle, le renforcement de la régulation, et surtout la restructuration opérationnelle et financière de la SENELEC, seront également des passages obligés.
Le PM, PAM a eu à en faire état lors de son discours de Politique Générale. Un travail minutieux et abouti qui est passé à travers tout le circuit de validation, allant des discussions avec les forces vives de la Nation, les partenaires sociaux, des échanges avec les différents partenaires au développement, les bailleurs ainsi que les institutions de Betton Woods, le FMI etc… C’est dire le pays tenait là un « excellent plan stratégique pour l’énergie du Sénégal ».
Il fallait ainsi revenir simplement au bon sens et surtout régler définitivement le problème récurrent par la « mise en œuvre des moyens choisis pour ce faire. »1
Au regard de ce constat, de ce diagnostic profond, sans complaisance, et surtout des limites de la gestion publique, « un recours accru au secteur privé » devenu incontournable si nous voulons relever le défi de la production et de la distribution en quantité et de qualité suffisantes, en passant bien entendu par la modernisation de l’outil de production. C’est, nous semble,t-il là où réside le salut pour résoudre définitivement cette question et partant aspirer à une véritable émergence au développement.
Le PROJET POUR L’ELECTRICITE
PAM a tenu à préciser d’emblée avec le sens de la méthode et de la pédagogie que nous lui connaissons, la distinction qu’il convient de faire entre le secteur de l’énergie et ses sous-secteurs : l’électricité et les hydrocarbures. Dans le sous-secteur de l’électricité, il y’a principalement deux acteurs que sont l’ASER en charge de l’électrification rurale et la SENELEC, qui elle détient le monopole de la distribution de l’électricité au Sénégal, qui plus est se charge de l’électrification urbaine.
L’ASER, qui se singularise par une incapacité à atteindre ses objectifs et à réaliser les missions qui lui sont assignées, tant elle vit des difficultés de tous ordres liés à des problèmes qui « ne permettent pas d’envisager avec optimisme l’atteinte de ses objectifs retenus pour l’électrification rurale… »1 . L’objectif qui lui a été assigné était de porter ce taux à 60% en 2017.
En outre, des manquements graves ont été signalés au niveau de son management. Ce qui pose sans ambages la question des nominations politiques avec souvent des profils inaptes à l’emploi. Ce qui a pour conséquences des dysfonctionnements énormes allant des crédits annulés, des problèmes de trésorerie, aux partenaires qui se retirent …, par conséquent les objectifs ne peuvent être au rendez-vous.
Par ailleurs, l’ASER s’est révélée incapable de donner les concessions elle avait pour mission d’attribuer à des initiatives locales, et à des programmes qualifiés de prioritaires.
Face à ce constat accablant d’une réalité aussi triste que surprenante, la proposition était entre autres, le changement devenu « indispensable » du directeur général afin de relancer la machine et certains programmes d’urgence.
Le second et non moins important acteur, la SENELEC, incontournable, « ce grand corps malade, qui société privée aurait déposé son bilan depuis des lustres» 1. Tout est dit en peu de mots et avec beaucoup de panache. Une véritable incongruité. Sans la perfusion et les apports en oxygène provenant des finances publiques, l’on parlerait de la défunte SENELEC depuis belle lurette.
Le constat qu’en dresse le médecin urgentiste est peu flatteur. L’on se demande comment ce « grand corps malade » a réussi miraculeusement à atteindre le service des urgences avec une « production insuffisante, de mauvaise qualité, coûteuse à l’extrême, distribuée sur un réseau saturé et vétuste»1. Et le pire c’est que, nous ne sommes pas au bout de nos funestes surprises … Le miracle Sénégalais semble avoir de beaux jours devant nous. En plus, cette entreprise walking dead« souffre d’une fraude à grande échelle sur l’électricité distribuée»1. Et pour boucler la boucle, le banquier, économiste et expert financier sur un ton presque de la confidence nous avoue que sur le plan financier, la situation est « … tout simplement catastrophique, fortement déséquilibrée par des pertes, et des créances compromises sur les collectivités» 1; Avant de rajouter comme une sentence non susceptible d’appel, que « la comptabilité est difficile à certifier »1 .
A ce stade, nous pouvons légitimement nous interroger sur le pourquoi du comment.
Comment des institutions et collectivités qui votent annuellement des budgets de fonctionnement n’arrivent pas à payer leurs factures d’électricité ? Où va tout cet argent ?
La priorité, n’est-elle pas d’abord de s’attaquer aux impayés, à la fraude massive et à l’échelle industrielle de l’électricité ?
Quand on apprend que « Le gaspillage innocent et d’ignorance, rejoint par ses conséquences la pure fraude qui coûterait au moins 18 milliards FCFA par an à la SENELEC »1.
La SENELEC est-elle en mesure de fournir une liste exhaustive de ses mauvais payeurs ?
Est-ce qu’il y a une volonté affirmée et sincère de lutter contre ces dérives ?
Qui compense tous ces gaps gigantesques ?
La population paye t’elle pour tous ces manquements, lâchetés, trahisons, incivilités … etc.
Répondre à ces interrogations de la manière la plus adéquate, la plus complète, la plus responsable et la plus patriotique possible, reviendrait à soulager les sénégalais de ce lourd fardeau que représente les factures d’électricité.
DE LA FIN DU PLAN « TAKKAL » A LA NOUVELLE STRATEGIE
Il convient ici d’affirmer d’emblée qu’à l’arrivée de MS aux responsabilités en 2012, que le sous-secteur de l’électricité avait connu une nette embellie. Ce qui s’est manifestée par une raréfaction des délestages tant au niveau des ménages qu’au niveau des entreprises. Ce qui comptait au final pour eux, c’était d’avoir accès à ce service précieux, et la croissance économique allait s’en ressentir, le climat social fortement apaisé. Sauf que les conditions de « location de capacités de production d’électricité à un coût exorbitant pour les finances publiques sénégalaises » L’objectif était de combler le gap de production de 150 MW, et cela représentait une charge annuelle de 107 milliards de FCFA, sans parler des charges fixes qui tournaient autour de 8 milliards de FCFA. Vue l’énormité de la somme et la saignée qu’elle représentait en termes de finances publiques, l’on comprend mieux l’urgence de ce gouvernement responsable de rechercher les moyens d’y mettre un terme au plus vite. La question de faire venir des investisseurs privés semblait la plus pertinente et la plus pérenne. Et pour soutenir cette thèse, PAM, des chiffres à l’appui, nous laisse juges.
Le coût de production est entre 170 et 190 FCFA le KWh par la SENELEC et le coût de vente est à 118 FCFA. Bien entendu « coût de production et prix de vente sont élevés»1 ;
Alors que , pour le même KWh fourni par le barrage hydroélectrique de Manantali à la SENELEC, est de 21,21 FCFA /KWh.
Dans le même temps le KWh fourni par la SOCOCIM, produit à partir du gaz ou celui des ICS à la SENELEC se font à des prix inférieurs à 50FCFA/KWh.
Au même moment, certains groupes et centrales ont des coûts qui peuvent atteindre jusqu’à 230 FCFA/KWh.
A partir de tels constats, il en ressort des choix clairs notamment, le recours au secteur privé devient incontournable, tout comme la diversification des sources pour un mix énergétique. Le but étant de diminuer au mieux l’usage du fuel et du diésel.
Ainsi, avec la nouvelle stratégie, le mix cible vise pour 2017 à diviser le coût du KWh par trois, ce qui le situerait entre 60 et 80 FCFA. Elle vise également à ramener les nouvelles capacités de production de 605 MW en 2012 à 1500 MW en 2017 en tenant en compte bien entendu les nouvelles capacités d’approvisionnement et de production.
LA NECESSAIRE REFORME DE LA SENELEC
Une restructuration substantielle indispensable, incontournable et urgente qui passera au moins par un plan de restructuration financière, par un rétablissement de comptes et enfin par une mise à niveau de ses ressources humaines.
Sur le plan financier, le redressement en profondeur s’impose d’autant plus que la société est sous perfusion permanente des finances publiques, sans les quelles elle aurait disparu depuis très longtemps. Et, le plan financier doit nécessairement intégrer un volet reposant « sur le dépérissement du soutien que lui apporte l’Etat »1. Ensuite elle doit travailler à recouvrer une grande partie de sa crédibilité perdue dès lors que ses « comptes sont difficiles à certifier ». Par conséquent, le défi est de rassurer les potentiels investisseurs qui ne s’engagent pas à la légère surtout sur de montants aussi astronomiques.
Le rétablissement des comptes ne fera pas l’économie de réformes internes, draconiennes, courageuses et profondes « de restructuration et de réforme opérationnelle et managériale » et « opérer une mue profonde »1. Les tarifs parmi les plus élevés de la sous-région sont un handicap pour les ménages, pour l’économie et pour la compétitivité des entreprises. C’est en cela que l’auteur pense et à juste raison que « Le rétablissement des comptes de la SENELEC doit par contre réussir à se passer du relèvement des tarifs d’électricité»1.
Pour le personnel, il convient d’admettre qu’une nouvelle stratégie et une réforme en profondeur s’accompagnent impérativement d’un volet formation et conduite du changement dans les façons de penser et de procéder afin de « se donner un nouvel état d’esprit »1. C’est aussi le lieu de se poser un certain nombre de questions, pour les employés qui ne payent que 10% de la facture d’électricité, n’est-il pas « difficilement explicable que cet avantage soit maintenu après son départ à la retraite. » Et cela avec toutes les dérives possibles et imaginables. Un personnel qui doit également « intégrer cette nécessité morale et technique »1 qu’ils sont des citoyens, acteurs du développement. Et cela d’autant plus que « les frais du personnel par KWh produit par la SENELEC s’élevaient à 14 FCFA contre 7 FCFA pour la Compagnie Ivoirienne d’électricité, et 3 FCFA pour la Compagnie KenGen du Kenya. »1
Vous aurez remarqué que malgré la qualité des cadres de haut niveau, malgré leurs analyses pointues et leurs propositions de haute facture, et l’image de PAM qui ne fait pas exception à la règle, « trop souvent, leurs avis d‘experts éclairés et motivés par l’intérêt national sont sacrifiés sur l’autel des lobbies et des préoccupations politiciennes. »1
Alors que des projets bien ficelés, en harmonie avec les critères de la nouvelle stratégie sur l’électricité et sur le mix énergétique, réalisables dans des temps records et de surcroit répondant aux besoins de production ont été laissés en rade. L’on s’interroge quant à la logique qui président à des choix contre-productifs, contraires aux intérêts au bon sens et souvent à la morale. A l’exemple de la proposition « Sénégal 500 », de la société américaine « GENERAL ELECTRIC » (GE), dont on ne peut douter de ses capacités, de ses performances avec son chiffre d’affaires annuel de 75 000 milliards de FCFA. Autant dire qu’une telle société disposait de l’expertise, de toutes les garanties de fiabilité, de réalisation et de respect des délais. GENERAL ELECTRIC, proposait de mettre en place un « Power Park », de 500 MW à l’horizon 2018 dont les 240 MW disponibles dès 2015. Ce modèle « clé en main », qui avait les faveurs de PAM, n’a malheureusement pas été retenu au final. Encore une fois, des options grevant les coûts finaux ont été choisies au non d’intérêts obscurs.
Malgré des efforts conséquents, consentis afin de doter le pays d’une stratégie avec des options claires, fortes et réalisables, PAM donne au final un sentiment d’incompréhension, pour ne pas dire d’amertume d’une « belle opportunité ratée »1
Les mêmes logiques décrites ici prévalent malheureusement et souvent en pire dans le sous-secteur des hydrocarbures avec notamment la SAR, acteur clé dans les produits pétroliers et des pratiques peu orthodoxes. Des procédés peu soucieux de l’intérêt général, siphonnant les finances publiques et contraires à toute logique économique. L’on comprend mieux combien les ménages et les entreprises sont tenus en otage par des tarifs prohibitifs. Au final, ils payent des tarifs excessifs par la faute des décideurs qui ont apparemment décidé de faire des choix et orientations à l’évidence contraires aux intérêts de ceux-ce qu’ils prétendent être des leurs.
Accélérer la cadence, ne saurait être trahir les grandes lignes des engagements et orientations étatiques pris par un gouvernement de rupture, avec des mesures fortes, nécessaires et courageuses qui commençaient à produire des résultats escomptés. Elle ne saurait non plus être la soumission de l’Etat à des groupes de pression ou à des lobbies, au détriment des populations et de l’intérêt général.
Livre Servir, Abdoul Mbaye, Didactika 2014
Moussa Bèye est membre du Cercle des Cadres de l’ACT
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MAME LESS CAMARA, NOUVEAU DIRECTEUR DE LA RÉDACTION DE TFM
La chaîne de télévision qui veut innover en matière d’information, a fait appel au doyen de la presse sénégalaise, selon le patron du groupe, Birane Ndour
La Tfm veut innover en matière d’information. Raison pour laquelle, le président du Conseil d’Administration du Groupe Futurs Médias (GFM), Youssou Ndour, a fait appel au doyen de la presse sénégalaise, Mame Less Camara. Il a été nommé directeur de la rédaction de la Tfm. Selon Birane Ndour, directeur du groupe Futurs Médias, «c’est une manière d’apporter un souffle nouveau au niveau de l’information à la Tfm, d’innover sur le contenu de l’information et avoir une longueur d’avance sur les autres».
Mame Less Camara, très honoré par cette nomination, a fait montre de toute son humilité. « Je viens m’insérer dans une équipe qui gagne déjà. Je viens pour apprendre et apporter mon expérience», a-t-il dit.
LA RÉFORME DU FCFA RAVIVE LA RIVALITÉ OUATTARA-BUHARI
Pour les autorités ivoiriennes – qui ont piloté la réforme du franc CFA, annoncée le 21 décembre dernier à Abidjan –, il ne fait aucun doute que le Nigeria attise en sous-main les reproches que leur adresse la ZMAO
Jeune Afrique |
Vincent Duhem |
Publication 28/01/2020
Entre Alassane Ouattara et Muhammadu Buhari, les crispations ne sont pas nouvelles. Si leur relation s’était normalisée ces dernières années, leur rivalité a brusquement rejailli en juillet 2019, à propos de la réforme du franc CFA.
En critiquant publiquement la décision de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) de rebaptiser le franc CFA « eco » d’ici à 2020, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales de Gambie, du Ghana, de Guinée, du Liberia, du Nigeria et de Sierra Leone n’ont pas seulement révélé les divisions de la Cedeao. Leur communiqué du 16 janvier a aussi fait éclater au grand jour la bataille de leadership qui oppose la Côte d’Ivoire au Nigeria.
Car, pour les autorités ivoiriennes – qui ont piloté la réforme du franc CFA, annoncée par Alassane Ouattara et Emmanuel Macron le 21 décembre dernier à Abidjan –, il ne fait aucun doute que le Nigeria attise en sous-main les reproches que leur adresse la Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO).
Les relations entre les deux pays ont souvent été conflictuelles. À Abuja, nul n’a oublié le rôle que joua Félix Houphouët-Boigny lors de la guerre du Biafra, à la fin des années 1960. Muhammadu Buhari et Alassane Ouattara, qui se sont brièvement parlé ce 20 janvier, à Londres, en marge du sommet Royaume-Uni - Afrique, n’ont pas grand-chose en commun. Le premier, militaire de carrière, est un chantre du nationalisme économique. Le second est un économiste libéral proche des grandes institutions internationales.
Premières crispations
Leurs chemins se croisent pour la première fois au milieu des années 1980. Buhari s’empare du pouvoir par les armes en 1983. Confronté à des difficultés économiques, il décide de mettre un terme aux relations de son pays avec le FMI, qui exige de lui des mesures d’austérité et une dévaluation du naira de 60 %. Au même moment, Ouattara devient directeur Afrique de l’institution de Bretton Woods.
Évincé en 1985, Buhari accède à nouveau à la magistrature suprême en 2015. Ses relations avec Ouattara sont d’abord fraîches : le Nigérian reproche à l’Ivoirien d’avoir soutenu son adversaire, le président sortant Goodluck Jonathan. Mis en contact par l’homme d’affaires Mamadi Diané (ex-conseiller diplomatique de Ouattara et aujourd’hui ambassadeur itinérant), les deux hommes avaient en effet noué des relations étroites. Président de la Cedeao lors de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire, Jonathan avait été un partisan de la ligne dure à l’égard de Laurent Gbagbo.
Entre Ouattara et Buhari, il a fallu plusieurs mois pour que la situation se normalise. Jusqu’à la décrispation, symbolisée par la visite officielle du chef de l’État ivoirien à Abuja, en octobre 2017. « Néanmoins, les deux hommes se sont plusieurs fois opposés sur des sujets importants, comme celui de l’adhésion du Maroc à la Cedeao, pour laquelle milite Abidjan et dont le Nigeria n’a pas voulu », précise un ministre des Affaires étrangères de la sous-région.
Intérêts étatiques
Cette rivalité a brusquement rejailli en juillet 2019, à Niamey, lors du sommet de la Cedeao. « Pendant le huis clos, Ouattara a plaidé pour que le siège du Parlement de cette organisation soit délocalisé d’Abuja à Abidjan. C’est une vieille revendication ivoirienne, qu’avaient déjà avancée Houphouët-Boigny puis Gbagbo. La plupart des chefs d’État, notamment George Weah, Nana Akufo-Addo et Macky Sall, y étaient favorables. Mais Buhari a refusé en brandissant un document des années 1980, et personne n’a osé le contredire », raconte un participant.
« C’est un épiphénomène, nuance une source diplomatique ivoirienne. Ouattara et Buhari ont beau ne pas être les meilleurs amis du monde, cela ne relève pas d’un problème personnel mais d’une affaire d’intérêts étatiques. Et puis la Côte d’Ivoire n’est pas le seul pays de la Cedeao à avoir des difficultés avec le Nigeria, dont le poids économique est un frein à l’intégration régionale. »