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3 décembre 2024
Développement
par Par Oumar Dia
L’HOLOCAUSTE DES PALESTINIEN.N.E.S, LA BARBARIE OCCIDENTALE ET SON AVATAR ISRAÉLIEN
Depuis 1492, l’Occident a de façon invariable promu et exercé un barbarisme extra-européen à chaque fois qu’il a été amené à rencontrer des humains qui d’après ses propres canons n’en étaient pas véritablement parce que non-Blanc.he.s
L’objectif de ce texte est de montrer qu’au moins depuis 1492, année de la prétendue « découverte » de l’Amérique par l’Europe blanche, de l’expulsion des Juifs et des Arabes d’Espagne, du début de la domination et de l’extermination de l’humanité non-européenne, l’Occident a de façon invariable promu et exercé un barbarisme extra-européen à chaque fois qu’il a été amené à rencontrer des humains qui d’après ses propres canons n’en étaient pas véritablement parce que non-Blanc.he.s. On m’objectera à juste raison : quel rapport avec l’holocauste en cours en Palestine perpétré par un peuple qui fut lui-même une très grande victime de la barbarie occidentale ? Si a priori l’évocation de la nature intrinsèquement barbare de l’Occident semble sans rapport avec l’holocauste des Palestinien.n.e.s, un examen attentif de son mode de déploiement et de ses différentes formes d’adaptation montre qu’il en est tout autrement.
Depuis 1492, l’ordre du monde est rythmé par une domination occidentale privilégiant les Blanc.he.s comme personnes à part entière et réduisant les non-Blanc.he.s au statut de sous-humain.e.s, voire de non-humain.e.s. Sur le plan moral, le fondement de ce système de domination occidentale consacrant, selon l’expression de Charles Mills, la suprématie blanche sur tous les autres peuples est à trouver dans cette sorte de conscience morale et politique à double standard des agents moraux blancs selon laquelle tou.t.e.s les humain.e.s ne se valent pas. C’est cette conscience morale à double standard qui a été transposée aujourd’hui de façon décomplexée dans le cadre de l’extermination des Palestinien.n.e.s par les Israélien.ne.s. Par exemple, pour Israël et ses soutiens occidentaux, la liberté d’un.e. otage palestinien.ne ne vaut pas celle d’un.e otage israélien.ne. Et la vie d’un.e palestinien.ne ne vaut pas non plus celle d’un.e israélien.ne. Fondant leurs actions et leurs pratiques sur une sorte de contrat racial pour parler comme Charles Mills et qui privilégierait les Blanc.he.s et les Juifs blanchis en échange d’une absolution de l’Europe de sa responsabilité dans l’Holocauste des Juifs, l’Occident d’abord, puis Israël européanisé se sont criminellement attribués le droit de perpétrer sur des non-Blanc.he.s des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Ce droit criminel, qui était détenu exclusivement par l’Occident depuis 1492, a été étendu en 1948 à Israël à l’occasion de sa création marquée par l’une des réécritures les plus significatives du Contrat racial. Bref, pour se racheter de l’Holocauste des Juifs commis non pas dans des contrées extra-européennes et sur d’autres peuples comme les précédents holocaustes mais sur des citoyen.ne.s européens même s’ils étaient traités en inférieurs, l’Occident a tout simplement passé un marché tacite mais cynique avec Israël qu’il a européanisé et dont il a blanchi les citoyens.ne.s. Devenu ainsi membre à part entière du camp des barbares et profitant de l’extension du contrat racial aux Juifs devenus ainsi des Blanc.he.s naturellement privilégiés, Israël acquit le droit criminel de commettre des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité sur des Palestinien.n.e.s réduit.e.s à l’état de peuple colonisé. Mais pour prouver le lien entre l’holocauste des Palestinien.e.s par Israël et ceux de 1492 à 1948 par l’Occident, faisons un détour historique par les grands moments de la barbarie extra-européenne sur les peuples non-européens.
1492 est, avons-nous rappelé, le point de départ historique de la barbarie extra-européenne sur les peuples non-Blancs. Fondée, comme l’écrit à juste raison Susan Opotow dans Moral, Exclusion and injustice, sur une moralité de l’exclusion où certains individus ou groupes sont perçus comme étant à l’extérieur des limites dans lesquelles les valeurs morales, les règles et les considérations d’équité sont appliquées, l’idée clairement eurocentriste et fausse d’une « découverte de l’Amérique » par l’Europe ne pouvait donner lieu dans son incarnation historico-politique qu’aux pires génocides et aux pires holocaustes sur les populations non-européennes trouvées ou transportées sur place. Réduite, conformément à la conscience morale et politique à double standard des agents moraux blancs au statut de sous-personnes, la population autochtone des Amériques allait être massacrée par les envahisseurs blancs à 95%. Le nombre de victimes de ce premier et plus grand holocauste (cf. David Stannard, American Holocaust) de l’histoire de la barbarie occidentale extra-européenne est estimé par certains à près de cent (100) millions de victimes. Après avoir complètement décimé la population autochtone des Amériques, l’Occident barbare institua la traite transatlantique en esclavagisant des Africain.e.s déporté.e.s de leur terre natale à destination de l’Amérique où des Blanc.he.s naturellement privilégié.e.s avaient besoin d’esclaves à leur service. Le bilan de l’esclavagisation des Africain.e.s, qui peut être considéré comme un holocauste au ralenti comparé à celui dont les populations autochtones d’Amérique avaient été préalablement victimes, est estimé entre trente (30) et soixante (60) millions de victimes. À ces deux plus grands holocaustes qui n’avaient posé aucun problème à la conscience morale blanche à double standard, il faut ajouter les dix (10) millions de morts du colonialisme belge au Congo, l’extermination presque complète des Aborigènes en Australie et des Bochimans en Amérique du Sud, le demi-million de morts du massacre colonial français en Algérie, etc. Et conformément au dogme de la barbarie extra-européenne en vigueur depuis 1492, tous ces holocaustes avaient été perpétrés ailleurs que dans le périmètre auto-désigné de la civilisation, à savoir l’Europe. Ce qui les faisait passer pour normaux auprès des membres de la race supérieure à savoir les Blanc.he.s. Pour justifier ces abominables holocaustes, les Blanc.he.s privilégié.e.s qui en vivaient et en tiraient profit avançaient comme raison la prétendue non-humanité des peuples qui en avaient été les victimes ; présentées comme des « vermines » ou des « bestioles » dont il était de leur devoir « moral » de les éradiquer. C’est la même logique qui allait prévaloir lors du génocide des Juifs d’Europe traités, comme les Autochtones d’Amérique et les Africain.e.s esclavagisé.e.s, de sous-humains ou de non-humains pendant une très longue période par une Europe blanche raciste et antisémite. Nous savons que pendant la deuxième guerre mondiale, six (6) millions de Juifs avaient été exterminés dans les camps et ghettos d’Europe (et non hors d’Europe) ainsi que des millions de membres d’autres races « inférieures » comme les Roms, les Slaves, etc. Mais la particularité de l’Holocauste des Juifs par rapport aux holocaustes antérieurs, c’est que pour la première fois depuis 1492, la barbarie européenne était exercée en Europe même. Si l’Holocauste des Juifs par ce qui était jusqu’alors la « blanchité » est incontestable et n’est donc pas à minimiser, c’est à tort qu’il est régulièrement présenté par les bourreaux des Juifs eux-mêmes réécrivant le contrat racial comme le plus grand, voire l’unique holocauste de l’histoire. Quand, à son sujet, l’historien américain Arnaud Mayer s’interroge en écrivant Why did the Heavens not darken ? (Pourquoi les cieux ne se sont pas assombris ?), il fait très clairement un choix sélectif et discriminatoire. Une telle interrogation, sélective et discriminatoire, trahit ce que Charles Mills décrit comme un « eurocentrisme climatique qui ne reconnaît pas que le ciel ne souriait jusque-là qu’à la seule Europe ». Le caractère sélectif et discriminatoire de l’approche de Mayer dans sa hiérarchisation inversée des holocaustes perpétrés par l’Europe blanche est attesté par ces propos extraits de son ouvrage Why did the Heavens not darken ? dans lesquels il déclare : « Le malheur qui frappa les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale semble, à première vue, unique dans son époque et sans précédent dans l’histoire. On est porté à croire que ce malheur fut si extraordinaire et si atroce qu’il dépasse complètement les bornes de toute autre expérience humaine. S’il en est ainsi, il ne sera jamais possible aux historiens de le reconstituer et de l’interpréter, encore moins de le comprendre ». Ces propos de Mayer ne constituent pas seulement une inversion de la hiérarchie des différents holocaustes mais trahissent également une amnésie blanche quant au véritable bilan de la barbarie européenne sur des non-Blanc.he.s. L’amnésie manifestement délibérée de Mayer va d’ailleurs jusqu’à l’amener à se poser la question de savoir comment il peut y avoir de la poésie après Auschwitz. Cette question, liée au projet post-1945 de réécriture du Contrat racial qui excluait jusque-là les Juifs du système de privilèges de la blanchité et du droit criminel de commettre des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, est clairement discriminatoire en ce qu’elle fait l’impasse sur d’autres holocaustes pourtant pires que la Shoah. Pour les descendants de tels holocaustes, l’autre question qui ne peut pas ne pas être posée d’après Charles Mills et que Mayer semble délibérément ignorer dans sa démarche discriminatoire est : « comment a-t-il pu y avoir de la poésie avant Auschwitz, après les charniers en Amérique, en Afrique, en Asie, etc. ? » A cette question légitime des descendants des victimes des pires holocaustes de l’histoire, d’éventuels rescapés du génocide des Palestinien.n.e.s ajouteront probablement celle-ci : comment peut-il continuer à y avoir de la poésie après la « solution finale » de Netanyahu à Gaza ?
Liée à la conscience morale et politique à double standard des agents moraux blancs et/ou des Juifs blanchis, la question discriminatoire de Mayer de savoir s’il n’était pas indécent de s’adonner à de la poésie après Auschwitz visait en réalité un double objectif : d’une part, absoudre l’Occident de sa culpabilité totale dans l’Holocauste des Juifs d’Europe et d’autre part européaniser Israël en blanchissant ses citoyen.ne.s. Une telle lecture peut être confortée par les déclarations de Netanyahu de 2016 dans lesquels il affirmait que Hitler n’avait pas l’intention d’exterminer les Juifs d’Europe et que l’idée lui avait été plutôt suggérée par le Mufti de Jérusalem. S’il faut concéder à Mayer que compte-tenu de la nature intrinsèquement barbare de l’Occident vis-à-vis de tout ce qui ne lui ressemble pas, le « judéocide » n’était pas quelque chose de fortuit, c’est-à-dire une anomalie dans le développement de la blanchité, il y a lieu de lui opposer que sa présentation comme unique en son genre obéit à une raison cachée, inavouée et inavouable : l’emploi du contrat racial envers des Européens (même de seconde zone) et de surcroît sur le sol européen. S’il est hors de question de diminuer l’horreur de l’Holocauste des Juifs ou de le relativiser, on ne peut pas, par contre, en toute honnêteté adhérer à l’idée de son caractère prétendument singulier. L’Holocauste des Juifs est certes un des maux absolus dont les Humain.e.s ont été capables mais il faut reconnaître que son identité conceptuelle ne se distingue pas de tous les autres holocaustes perpétrés par l’Occident raciste et antisémite depuis 1492. Elle est intrinsèquement liée à ces derniers, tout comme à celui que mène aujourd’hui Netanyahu en Palestine.
Dans son Discours sur le colonialisme, Aimé Césaire écrivait d’ailleurs à propos de l’amnésie blanche découlant du double standard implicite de l’« indignation » européenne face au nazisme : « C’est du nazisme, oui, mais qu’avant d’en être la victime, on (les Européens) en a été le complice : que ce nazisme-là, on l’a supporté avant de le subir, on l’a absout, on a fermé l’œil là-dessus, on l’a légitimé, parce-que, jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non-européens (…) Le crime d’Hitler est d’avoir appliqué à l’Europe des procédures colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique ».
C’est probablement la conscience que la barbarie extra-européenne, qui est l’une des identités les plus fortes de l’Occident, s’était pour une fois produite du fait du nazisme sur le sol même de l’Europe auto-désignée comme l’espace par excellence de l’humanité qui a amené les européens à s’indigner du seul holocauste des Juifs, à le condamner et à le présenter malhonnêtement comme unique et sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Mais n’ayant au fond jamais renoncé au contrat racial qu’il a institué et qui privilégie les Blanc.he.s et tous ceux qu’il aura décidé de blanchir, il a passé une sorte de deal diabolique avec les descendants des victimes de la Shoah en soutenant la création d’Israël sur les terres palestiniennes et en blanchissant les Juifs. Avec cette conversion d’Israël à l’occidentalisme et à ses tares et des Juifs à la blanchité, nous avons assisté à l’avènement de nouveaux barbares en renfort de la barbarie occidentale en pratique depuis 1492. Et conformément au dogme de la barbarie extra-européenne et donc coloniale de l’Occident qu’il a définitivement adopté, Israël a acquis par la force le droit de commettre des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité sur des populations qui ne sont pas blanches : les populations palestiniennes. Donc, l’Holocauste des Palestinien.n.e.s n’est rien d’autre que le point paroxysmique de la colonisation israélienne depuis 1948 contre laquelle les victimes ont légitimement et naturellement opposé une résistance multiforme dans le cadre de leur lutte non moins multiforme de libération. Ce qui veut dire que le Hamas, comme toute autre organisation de la résistance palestinienne, n’est pas une organisation terroriste mais un mouvement de résistance. Et comme l’enseignait Mandela qui avait créé la branche armée de l’ANC, c’est toujours l’oppresseur qui détermine la forme de résistance de l’opprimé. L’opprimé, quel que soit la forme de sa résistance, a droit à la solidarité et au soutien effectif des peuples anciennement opprimés. Nous savons que quand l’Occident barbare a voulu d’une Amérique sans ses Autochtones et d’une Australie sans ses Aborigènes, il a fini, au prix d’horribles holocaustes certes, par les obtenir. Converti à l’occidentalisme, Israël cherche également depuis 1948 à obtenir une Palestine sans les Palestinien.n.es et il est aujourd’hui sur le point de l’obtenir. Compte tenu du poids de l’histoire des quatre (4) derniers siècles où elle a été directement et tragiquement confrontée aux affres de la barbarie occidentale, l’Afrique ne peut pas se permettre le luxe de l’indifférence ou de la neutralité face à l’Holocauste des Palestinien.n.e.s. Pourquoi ? Parce que tout simplement le prochain grand chantier de la barbarie occidentale pourrait être de faire advenir, même au prix macabre d’une solution finale à la Netanyahu, une Afrique sans les Africains. Moralement et existentiellement donc, l’Afrique a l’obligation d’être du côté de la résistance multiforme des organisations de libération palestiniennes. L’Afrique du Sud, qui incarne dans ce cas et de la meilleure des façons l’honneur de l’humanité, en a déjà donné l’exemple. J’espère que le Sénégal ne va pas tarder à suivre cet exemple en mettant au moins immédiatement fin à ses relations diplomatiques avec Israël.
Oumar Dia est maître de conférences titulaire, Université Cheikh Anta Diop.
KOUNGHEUL, UN ACCIDENT DE CIRCULATION FAIT 13 MORTS ET PLUS DE 40 BLESSÉS
L'horreur s'est abattue sur la route nationale numéro 1. En ce soir de jeudi, un bus de transport en commun a quitté sa trajectoire, semant la mort sur son passage dans la petite ville de Koungheul. Une quarantaine de blessés est à déplorer
Au total 13 personnes ont perdu la vie dans un accident de circulation à Koungheul (Kaffrine, centre) où un bus de transport en commun s’est renversé, a appris l’APS jeudi d’une source sécuritaire.
‘’Le bilan provisoire de l’accident s’élève à 13 morts. Une quarantaine de blessés est aussi comptabilisée’’, a expliqué la source sécuritaire.
L’accident est survenu vers les coups de 19 heures sur la nationale numéro 1 à hauteur du village de Yamong dans le département de Koungheul.
Les autorités se sont déplacées sur les lieux de l’accident pour la prise en charge des victimes.
LE DAK'ART REPOUSSÉ
L'événement prévu en mai est finalement reporté à novembre prochain en raison de "la volonté des nouvelles autorités en charge du secteur de l'organiser dans des conditions optimales". Ce report était craint en raison de problèmes de financement
(SenePlus) - La 15ème édition de la prestigieuse Biennale de l'Art Africain Contemporain de Dakar, communément appelée Dak'Art, prévue initialement du 16 mai au 16 juin 2024 au Sénégal, a été reportée au 7 novembre au 7 décembre 2024, a annoncé le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture ce jeudi 25 avril dans un communiqué.
Ce report, le deuxième seulement depuis la création de l'événement en 1992, était craint en raison de problèmes de financement, comme l'avaient révélé des sources proches du comité d'organisation à RFI. Seulement un tiers du budget de 1,5 milliard de francs CFA (environ 2 millions d'euros) alloué par l'État sénégalais aurait été versé, compromettant le bon acheminement des œuvres d'artistes du monde entier et l'organisation logistique deux mois seulement avant l'ouverture. "Sans ce budget, il est impossible de payer le transport des œuvres [...] ou encore de loger la soixantaine d'artistes", avait déclaré une source sous couvert d'anonymat.
La nouvelle ministre de la Culture du Sénégal, Khady Diène Gaye, héritant des dettes du précédent gouvernement, a dû trancher sur le maintien ou non de l'événement face à ce contexte financier incertain. Dans le communiqué, elle réaffirme néanmoins "l'engagement du gouvernement en faveur des arts et de la culture" et sa volonté "d'offrir une expérience artistique exceptionnelle".
Ce report de quelques mois permettra selon le ministère "d'organiser la Biennale dans des conditions optimales, à la hauteur de son envergure et de sa réputation de rendez-vous historique". Le thème "L'éveil, le sillage", la programmation des expositions officielles avec les États-Unis et le Cap-Vert comme pays à l'honneur, ainsi que la direction artistique de Salimata Diop sont maintenus.
DERRIÈRE LA VISITE DE CHARLES MICHEL À DAKAR, DES SOUPÇONS DE COURSE EN AVANT À BRUXELLES
Courses de vitesse, initiatives isolées, coordination déficiente : le voyage du président du Conseil européen au Sénégal révèle les failles de l'union européenne. Derrière la photo officielle se cachent des luttes feutrées
(SenePlus) - Le président du Conseil européen Charles Michel a effectué une visite à Dakar le 22 avril dernier où il a rencontré le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Cependant, cette escapade au Sénégal a suscité de vives critiques au sein des institutions européennes, selon plusieurs sources bruxelloises interrogées par le média en ligne Impact.sn.
En effet, on soupçonne à Bruxelles Charles Michel d'avoir voulu prendre de vitesse ses homologues européens en rencontrant en premier le chef d'Etat sénégalais fraichement élu, révèle une source proche du Conseil européen. D'autant plus que Charles Michel, qui ne se représentera pas aux élections européennes de juin, quittera ses fonctions dans quelques semaines. Certains y voient donc "une course de vitesse" ou un "empressement" suspect de sa part.
De plus, selon une source bruxelloise citée par Impact.sn, on peut même se demander si l'ambassade du Sénégal auprès de l'Union européenne était au courant de cette visite. Or, toute visite d'un dirigeant européen dans un Etat tiers devrait normalement être coordonnée avec les autres institutions de l'UE.
D'ailleurs, il est rappelé que c'est la Commission européenne, présidée par Ursula von der Leyen, qui est l'interlocutrice sur les dossiers européens et non le Conseil. Or, Charles Michel a évoqué lors de sa rencontre avec Diomaye Faye la révision des accords de pêche UE-Sénégal, dossier sur lequel la Commission mènera les négociations.
Contactée par Impact.sn, la délégation de l'UE au Sénégal s'est contentée d'indiquer factuellement que cette visite s'inscrivait dans le cadre d'une tournée en Afrique de l'Ouest de Charles Michel.
Toujours selon les informations recueillies par le média sénégalais, Ursula von der Leyen, dont la reconduction à la tête de la Commission européenne est très probable, devrait prochainement se rendre elle aussi à Dakar pour discuter directement avec les nouvelles autorités sénégalaises des dossiers épineux dans les relations UE-Sénégal.
LE SORT PRÉOCCUPANT DE MOHAMED BAZOUM
Détenu arbitrairement par la junte, le président nigérien élu démocratiquement croupit dans des conditions précaires. Sa famille se bat seul pour obtenir sa libération, face à l'indifférence grandissante de la communauté internationale
(SenePlus) - Neuf mois après le coup d'État militaire du 26 juillet 2023 au Niger, le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum demeure toujours otage de la junte menée par le général Tiani, révèle une enquête parue mercredi 24 avril 2024 dans Le Figaro. Malgré les condamnations internationales et les efforts de sa famille et de ses avocats pour le faire libérer, sa détention arbitraire semble désormais acceptée par la communauté internationale.
Selon les informations recueillies par le journal français auprès de proches du président nigérien, Mohamed Bazoum et sa femme sont retenus dans des conditions précaires dans une aile de la résidence présidentielle. Privés de leur liberté et de moyens de communication, ils ne sont autorisés à recevoir que de brefs visites médicales. Pire, la junte les accuse depuis octobre d’une tentative d’évasion factice, révélant selon les proches du couple présidentiel "leur volonté de les salir un peu plus".
Autre inquiétude, l'arrivée récente de militaires russes soupçonnés d'espionnage et le rapprochement croissant entre la junte et Moscou. "C'est la preuve que la France n'est pas le seul pays rejeté par les putschistes", affirme un économiste togolais cité par l'enquête, soulignant "le vent de réjection des nations occidentales" soufflant sur le Sahel. Le 10 mai, Mohamed Bazoum pourrait même être condamné lors d'un procès politique orchestré par la junte.
Malgré les appels répétés de la CEDEAO à sa libération et la décision de sa Cour de justice l'ordonnant, la junte nigérienne fait la sourde oreille. Pis, l'organisation régionale africaine a levé certaines de ses sanctions contre le Niger fin février. "On ne peut pas compter sur elles", déplore un ancien ministre ivoirien, accusant "les organisations internationales d'abandonner Mohamed Bazoum".
Seule sa famille et les avocats qu'elle a mobilisés, dont des figures comme Reed Brody, continuent de se battre juridiquement. Mais après 9 mois de détention arbitraire, le sort du président nigérien élu démocratiquement semble avoir été oublié par la communauté internationale.
Texte Collectif
IL FAUT LIBÉRER L'OTAGE BAZOUM
Un catalogue d’absurdités. Voilà comment résumer la série d’actes posés contre le président Mohamed Bazoum par les putschistes nigériens depuis le coup d’État du 26 juillet 2023
Un catalogue d’absurdités. Voilà comment résumer la série d’actes posés contre le président Mohamed Bazoum par les putschistes nigériens depuis le coup d’État du 26 juillet 2023. Neuf mois d’aberrations qui frôleraient le risible si les droits humains les plus basiques et les libertés les plus fondamentales d’un chef d’État élu démocratiquement n’étaient pas écrabouillés par des militaires en quête de légitimité.
Le prix de la démocratie
Mohamed Bazoum a été élu président de la République du Niger en février 2021. Son élection a été démocratique, transparente, inclusive et saluée par la communauté internationale. Aucune crise politique interne majeure, ni aucune situation d’urgence susceptible de mettre en péril la nation n’étaient en perspective. Pourtant, le 26 juillet 2023, des membres de la Garde présidentielle renversaient l’ordre constitutionnel. De nombreuses personnes ont d’abord vu le coup d’État sous un angle géopolitique, mais, au fil des semaines qui suivaient, des éléments publiés dans la presse pointaient plutôt quelque velléité personnelle de défendre des intérêts privés. Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) était né. Dont acte.
Le président Mohamed Bazoum, sa femme, Hadiza, et leur fils Salem Mohamed Bazoum étaient immédiatement arrêtés et retenus dans la résidence officielle, à l’intérieur du palais présidentiel. Commençait alors pour eux un calvaire qui continue aujourd’hui, neuf mois plus tard. Homme politique aguerri et engagé, démocrate reconnu et respecté, Mohamed Bazoum a toujours refusé de démissionner. Sa famille et lui payent aujourd’hui le prix de leur attachement à la Constitution : en ne courbant pas l’échine, il rappelle au monde le prix de la démocratie. La prise d’otages dure depuis neuf mois, neuf mois d’inhumanité.
Il est ici essentiel pour nous, ses avocats, de rappeler avec fermeté que l’arrestation et la détention de Mohamed Bazoum et de sa famille sont totalement illégales. Personne ne peut leur rendre visite, hormis leur médecin. Si, pendant les premiers mois de détention, la famille Bazoum a pu rester connectée au monde extérieur grâce à leur téléphone, celui-ci leur a été retiré en octobre 2023. Depuis cette date, nous n’avons aucun moyen de nous entretenir avec eux. Puisqu’ils sont détenus en dehors de toute procédure, à quel magistrat pouvons-nous demander un droit de communiquer ?
Le soutien de la Cedeao
Dès le coup d’État, la famille Bazoum a pu compter sur le soutien de la Cedeao. L’organisation ouest-africaine et la majorité de ses chefs d’État, à l’exception de ceux issus eux-mêmes de putschs, n’ont eu de cesse de réclamer la libération du président. En vain. Le CNSP a mis en garde la Cedeao contre tout recours à la force pour le libérer : ce serait « son cadavre qu’il [faudrait] venir chercher ». Le 10 décembre 2023, les chefs d’État de la Cedeao ont dépêché leurs pairs sierra-léonais, béninois et togolais pour un « rétablissement rapide de l’ordre constitutionnel ». Tous, hormis le président Faure Gnassingbé, ont été empêchés d’atterrir à Niamey. Seule réussite : le président togolais a obtenu le transfert de Salem Bazoum au Togo, après qu’il a été inculpé pour complot contre l’autorité de l’État.
Le fils du président vient seulement d’être autorisé à quitter Lomé, où il était soumis à une sorte de régime de semi-liberté. Saisie par nos soins, la Cour de justice de la Cedeao a rendu le 15 décembre 2023 un arrêt historique ordonnant aux autorités de fait du Niger de libérer immédiatement le président et sa famille, et de rétablir l’ordre constitutionnel. Là encore, le CNSP a opté pour la fuite en avant en notifiant sa décision de se retirer de la Cedeao, oubliant que le Niger restait tenu de « s’acquitter des obligations qui lui incombent » pendant une durée d’un an. Mais aujourd’hui, force est de constater que la médiation organisée par la Cedeao est un échec et que les putschistes n’ont cure de la règle de droit.
« Crimen sine lege »
Depuis peu, une nouvelle lubie anime le CNSP. Il faut, coûte que coûte, faire condamner le président Bazoum, quitte à distordre le droit national à l’extrême. Il bénéficie, en tant que président, d’une immunité ? Le CNSP crée une juridiction dont il nomme les magistrats et la saisit le 5 avril pour trancher cette question. Tout en foulant aux pieds les droits fondamentaux de la défense – nous n’avons accès ni au dossier ni à notre client –, la junte oublie sans doute qu’une telle procédure n’est possible que pour un « ancien président ». Mais le président Bazoum n’est pas démissionnaire, il est toujours titulaire de son mandat. Pour justifier le coup d’État, ne faut-il pas l’accuser des pires crimes ? Des poursuites sont en train d’être diligentées contre lui, notamment pour « complot contre la sûreté de l’État ». Le président Bazoum est accusé d’avoir tenté de s’évader alors même qu’il était détenu illégalement…
Avec cette nouvelle procédure, le CNSP veut entériner une situation politique de fait, sans convaincre par le droit. Et la famille Bazoum, dont les droits les plus fondamentaux sont violés chaque seconde, en est la principale victime.
Au nom de l’État de droit et de la dignité humaine, il faut sauver le président Bazoum !
Les signataires :
Brahim Ould Ebety, ancien bâtonnier de Mauritanie
Florence Loan, bâtonnière dauphine de Côte d’Ivoire
Mohamed Seydou Diagne, avocat au barreau de Dakar
Moussa Coulibaly, ancien bâtonnier du Niger
Reed Brody, avocat au barreau de New York
Par Cheikhou Oumar Sy
MONSIEUR LE PRESIDENT, NE VOUS LAISSEZ PAS EMPRISONNER DANS LA TYRANNIE DES PRIORITES ET DES URGENCES
Jérôme Baschet écrivait dans son ouvrage «Défaire la tyrannie du temps » : « Le manque de temps est l’une des pathologies de l’homme moderne. Elle s’aggrave sans cesse dans notre monde soumis à la tyrannie de l’urgence, saturé d’écrans chronométriques...
Emédia |
Cheikhou Oumar Sy |
Publication 25/04/2024
Jérôme Baschet écrivait dans son ouvrage «Défaire la tyrannie du temps », je cite : « Le manque de temps est l’une des pathologies de l’homme moderne. Elle s’aggrave sans cesse dans notre monde soumis à la tyrannie de l’urgence, saturé d’écrans chronométriques et exigeant toujours plus d’efficacité, de rapidité, de calculs et d’anticipations à court terme ».
La pire des erreurs de M. BDDF est de se laisser piéger « par les urgences et les priorités » durant son mandat. Il a hérité d’un pays où tout est une question d’urgence et chaque secteur est une priorité
Toutefois il ne doit pas laisser la pression du «résultat » immédiat l’empêcher d’avoir un regard plus ambitieux avec des solutions durables et structurelles pour que le Sénégal soit sur les rails du développement d’ici les 25 prochaines années. Il n’a pas une obligation de résultats mais une obligation de structuration systémique de notre économie et de notre société.
Le Président Léopold Sédar Senghor a accédé au pouvoir à l’âge de 54 ans, le Président Abdou Diouf à 46 ans, le Président Abdoulaye Wade à 74 ans et son prédécesseur Macky Sall à 51 ans. Malgré tous leurs efforts, ils n’ont laissé que des urgences derrières eux.
Le Président BDDF a 44 ans. Il a le temps d’inviter les Sénégalais à travailler pour un quart de siècle (25 ans) systémique où chaque secteur stratégique (éducation, santé, agriculture, élevage, industrie etc.) aura une feuille de route claire avec l’adhésion et l’appropriation générale de toute la population.
Le mandat des urgences et des priorités est un mandat qui s’inscrit sous la tyrannie du temps, et le temps est l’ennemi des bonnes décisions politiques.
Le jeune président doit oublier qu’en 2029 il y aura une élection présidentielle. Qu’il refuse la chirurgie esthétique des politiques publiques. Il ne doit pas être une Mercedes Mclaren avec une vitesse de 200 km à l’heure pour se retrouver dans le décor des accidents historiques, mais ce Caterpillar Bulldozer qui prend son temps pour dégager calmement les voies du développement pour chaque secteur.
Dans 25 ans, l’actuel président aura 69 ans (une fois de plus Me Wade a accédé au pourvoir à 74 ans), il pourra apprécier avec beaucoup de sérénité les retombées des grands chantiers structurels qu’il avait entamés en 2024. Certains parmi nous serons peut-être dans les cieux mais diront: « Alhamdouliah, il a reussi sa mission, le Sénégal est enfin sur la bonne voie »
LE PROJET EN CHANTIER
Alors que Sonko et Diomaye prétendaient disposer d'un document prêt à être exécuté dès leur arrivée au pouvoir, il s'avère qu'ils doivent à présent entamer sa phase rédactionnelle. Le flou persiste sur la teneur réelle de ce fameux "Projet"
Les nouvelles autorités semblent avoir floué tout le monde. Chanté partout, le «Projet», qui devait être le référentiel des politiques publiques du parti Pastef au pouvoir, n’avait aucun contenu existentiel. C’est maintenant que sa phase rédactionnelle débute pour être achevée d’ici octobre 2024.
Le «Projet» naîtra au troisième trimestre 2024. C’est la principale information contenue dans le communiqué du troisième Conseil des ministres de l’ère du président Diomaye Faye. Le Premier ministre l’a révélé dans sa communication hier, lors de la réunion hebdomadaire de l’exécutif tenue à la Présidence. Il faut lire in extenso : «S’agissant du travail d’élaboration du document de référence en matière de politiques économique et sociale, le Projet, le Premier ministre a affirmé qu’il portera exclusivement le sceau de l’expertise sénégalaise et sera achevé au troisième trimestre de l’année 2024.»
Jusqu’ici théorisé et vendu comme une recette miracle par les responsables du parti Pastef pour développer le Sénégal, le «Projet» n’était adossé à aucune structuration économique. Alors qu’ils ont toujours théorisé l’existence d’un document «prêt à être exécuté» dès leur accession au pouvoir. Depuis le 2 avril, jour de prestation de serment de Bassirou Diomaye Faye suivi de la formation du gouvernement de Sonko, les acteurs s’interrogeaient sur le contenu du «Projet» censé guider les actions politiques et publiques des nouvelles autorités.
Aujourd’hui, le constat relève de l’improbable : les autorités doivent débuter la phase rédactionnelle de leur document pour en faire leur référentiel de gouvernance. En Conseil des ministres, Ousmane Sonko a annoncé qu’un «Comité technique restreint sera mis en place à la Primature». Il note que «cette instance sera composée notamment des ministères en charge du Plan, des Finances, de l’Industrie, de la Souveraineté alimentaire, de l’Emploi, de la transformation du secteur public et du Bureau organisation et méthodes (Bom)».
C’est vers la fin du mois de septembre ou début octobre qu’on verra les premières esquisses du «Projet» de «transformation systémique» du Sénégal formulée par le tandem Diomaye-Sonko. «A l’issue des travaux, poursuit le Premier ministre, le cadre de référence pour la matérialisation de la vision de Monsieur le président de la République pour un Sénégal souverain, juste et prospère à travers la conception de programmes et projets de transformation systémique, sera soumis à la validation du chef de l’Etat avant la fin du troisième trimestre de l’année 2024.» En outre, enchaîne Sonko, la «première phase du plan d’actions pluriannuel du Projet sera inscrite, dans le projet de Loi de finances initiale 2025, qui sera soumis à l’approbation de l’Assemblée nationale, au début du mois d’octobre prochain».
Continuité du PSE ?
En attendant la naissance du «Projet», qui entre désormais en phase de conceptualisation, pour ne pas dire de conception, le Plan Sénégal émergent (PSE) va continuer à être le référentiel des politiques publiques en dépit du changement de régime. Or, à la lecture du premier communiqué du gouvernement de Sonko, la question ne se posait plus. Bassirou Diomaye Diakhar Faye avait «demandé au gouvernement d’accélérer la réalisation intensive et cohérente du «Projet» en travaillant avec précision, diligence, méthode et efficacité à la satisfaction des populations et au mieux des intérêts du Sénégal». Ainsi a-t-il insisté sur la nécessité de «définir et de mettre en œuvre une politique inspirée par le «Projet de transformation systémique du Sénégal»».
Le «Projet» va être axé sur la jeunesse, l’éducation, la formation, l’entrepreneuriat et l’emploi des jeunes et des femmes ; la lutte contre la cherté du coût de la vie et l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages ; la modernisation de la Justice, la protection des droits humains, la bonne gouvernance, la transparence, la reddition des comptes et l’amélioration de notre système démocratique et électoral ; la souveraineté économique et la prospérité du Sénégal, l’exploitation optimale des ressources naturelles et le développement endogène durable des territoires ; la consolidation de l’unité nationale et des solidarités dans un renforcement de la sécurité, de la paix et de la stabilité du pays. Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye avait aussi ordonné à son Premier ministre de finaliser, avant la fin du mois d’avril 2024, le plan d’actions du gouvernement, avec un agenda précis de réalisation des objectifs fixés.
par Mohamed SYLLA
GUINEE CONAKRY-SENEGAL, DEUX PAYS LIES PAR L’HISTOIRE ET LA GEOGRAPHIE DONT LES RELATIONS MERITENT ATTENTION
Les pays africains aspirent, en cette période cruciale, à une nouvelle orientation sociale, économique et environnementale. Ce qui ne pourra se réaliser que dans l’émancipation des peuples en général et des élites en particulier.
Les pays africains aspirent, en cette période cruciale, à une nouvelle orientation sociale, économique et environnementale. Ce qui ne pourra se réaliser que dans l’émancipation des peuples en général et des élites en particulier. Souvent confondue avec le rejet systématique du passé, de son histoire et de ses alliés, la volonté souverainiste des peuples africains dépasse largement cette vision. C’est une autre forme de révolution, une autre dimension du réveil des consciences, encore plus poussée que pendant la période des indépendances qui est portée par les générations actuelles.
Dans cette perspective, les pays africains sont à la recherche d'une sortie de l'impasse empruntée depuis les indépendances. Ils sont, la plupart du temps, accablés par la misère, la corruption ou les conflits de générations. Sans oublier les problèmes ethniques et régionalistes. Bref, après plus de 60 ans d'indépendance ils restent encore profondément divisés. Que ce soit à l'intérieur ou l’extérieur de leurs frontières. Les institutions régionales et panafricaines peinent à contribuer au développement des Etats.
Dans cette recherche de solutions, les gouvernements des pays africains opèrent-ils les bons choix, prennent-ils des décisions opportunes et réalistes ?
Aujourd’hui, deux pays liés par l’histoire et la géographie nous interpellent : la Guinée et le Sénégal. La Guinée Conakry et le Sénégal sont deux pays distincts et souverains. Chacun possédant des atouts économiques, sociaux et environnementaux certains. Une combinaison de ces atouts pourrait être un modèle de rêve. Ils ont en commun un solide et naturel bloc «économie et richesse» qui se désagrège depuis des années par manque d’attention ou absence de prise de conscience des États. Ces deux pays distincts et souverains pourraient, grâce à des actions harmonisées, devenir un modèle économique prospère et efficace dans la sous-région. Que nous soyons Guinéen ou Sénégalais nous aimons tous quelque chose dans l'autre pays. Cela ne devrait-il pas inspirer les autorités de ces États ?
Pourtant côté Sénégalais le regard est plus tôt ailleurs : en Mauritanie ou en Gambie. Premiers pays visités par le président Bassirou Diomaye Faye nouvellement élu. Et la visite en Guinée ? Peut-être un jour ! A ce stade, l’absence de la Guinée Conakry dans l’agenda du président Bassirou Diomaye Faye peut-elle être analysée comme une erreur stratégique au regard de ce qui est évoqué plus haut ? Sans mettre en exergue les initiatives existantes il serait, à notre sens, opportun que le Sénégal et la Guinée définissent assez rapidement les secteurs de développement stratégiques qu'ils pourraient cibler et mutualiser dans le cadre d'un développement bénéfique aux deux pays. Nous pourrions, entre autres, citer le secteur de l’artisanat, de l’agriculture, de l’industrie et de la culture. Les partenariats sudsud sont de nos jours les plus réalistes comme le démontrent les investissements du royaume du Maroc.
La Guinée Conakry avec sa monnaie nationale (hors zone franc CFA) a affiché d’excellents ratios en 2023, confirmés par la Banque Mondiale. La croissance du pays a accéléré en 2023 pour atteindre 7,1 %. Elle résulterait des bonnes performances du secteur minier. L’inflation sur la même période est également estimée à 9,3% en baisse de 2,3% par rapport à l’année 2022 (Cf les chiffres de la Banque Mondiale).
Si le Sénégal souhaite sortir également de la zone Franc CFA, un regard sur le modèle guinéen n’est pas à écarter. La Guinée tient depuis 1960 avec sa monnaie. Par ailleurs, le retour de la Guinée au sein de l'OMVS, l'Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal doit être une priorité, notamment dans le cadre de la réalisation imminente des projets hydro-agricoles et électriques. A titre d’exemple, le barrage hydroélectrique de Koukoutamba, situé dans la région de Labé dans le nord de la Guinée, (non loin du Sénégal) d’une puissance évaluée à 294 mégawatts, pourra susciter un intérêt commun.
Le régime militaire actuellement en place en Guinée représente- t-il un obstacle à ce projet commun ? La réponse est Non. Le socle du développement économique, social et environnemental repose, avant tout, sur la volonté sincère du peuple et non sur son modèle politique. Plusieurs exemples puisés un peu partout dans le monde viennent appuyer cette thèse. Le Conseil de l’Europe s’inscrit actuellement dans ce cadre avec la présence des pays non Européens qui y siègent en qualité d’observateurs. C’est actuellement le cas du Mexique avec un modèle économique et social très éloigné de la réalité Européenne. Par contre, l’intérêt réside dans les échanges et les partages d’expériences. L’Alternance sénégalaise qui a amené récemment le président Bassirou Diomaye Faye au pouvoir est un espoir pour le peuple africain. Le peuple Sénégalais a réussi à instaurer et imposer l’alternance politique là où beaucoup d’autres peuples ont échoué ou peinent à y arriver. À moins que quelques hommes courageux ne se lèvent pour mettre fin à la destruction de leur pays
L’histoire et la géographie sont deux atouts naturels. Exploités ils aboutissent à un résultat exceptionnel, extraordinaire et rien pourra les ébranler. Messieurs les Président Bassirou Diomaye Faye et Général Mamady Doumbouyah, à vous de planter les bases d’un nouvel essor
DIOMAYE FAYE PROCÈDE À SES PREMIÈRES NOMINATIONS
18 nouveaux directeurs généraux sont propulsés à la tête des entreprises et agences nationales. Pape Alé Niang atterrit ainsi la RTS, Waly Diouf Bodiand au Port de Dakar, Cheikh Dieng à l'ONAS...
De la RTS au Port en passant par l'APIX, la Poste ou l'Onas, plusieurs grandes administrations ont changé de direction à l'occasion du Conseil des ministres présidé par Bassirou Diomaye Faye ce mercredi 24 avril 2024. Ci-dessous, l'intégralité des différentes nominations :
"Le président de la République a pris les décisions suivantes :
1. Monsieur Bara DIOUF, Gestionnaire administratif et financier, est nommé Délégué général à la Promotion des Pôles Urbains de Diamniadio et du Lac Rose, en remplacement de Monsieur Diène Farba SARR.
2. Monsieur Bacary Sega BATHILY, Spécialiste en Management de projets, est nommé Directeur général de l'Agence pour la Promotion des Investissements et des Grands Travaux (APIX SA), en remplacement de Monsieur Abdoulaye BALDE.
3. Monsieur Pape Alé NIANG, Journaliste, est nommé Directeur général de la Radiotélévision Sénégalaise (RTS), en remplacement de Monsieur Racine TALLA.
4. Monsieur Waly DIOUF BODIANG, Inspecteur principal des Impôts et des Domaines, est nommé Directeur général de la Société nationale du Port Autonome de Dakar, en remplacement de Monsieur Mountaga SY.
5. Monsieur Cheikh Mamadou Abiboulaye DIEYE, Ingénieur en Génie et Travaux publics, est nommé Directeur général de l'Aéroport International Blaise DIAGNE (AIBD SA), en remplacement de Monsieur Abdoulaye DIEYE.
6. Monsieur Fadilou KEITA, Manager en Gestion financière, est nommé Directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations, en remplacement de Monsieur Cheikh Issa SALL.
7. Monsieur Maguette KANE, Inspecteur des Postes et Services financiers, est nommé Directeur général de la Société nationale La Poste, en remplacement de Monsieur Mohamadou DIAITE.
8. Monsieur Bassirou KEBE, Spécialiste en Management de projets, est nommé Directeur général de la Société nationale des Habitations à Loyer Modéré (SN HLM), en remplacement de Mamadou Diagne SY MBENGUE.
9. Monsieur Mouhamadou Moctar MAGASSOUBA, Spécialiste en finances d'entreprise, est nommé Directeur général de la Société immobilière du Cap Vert (SICAP SA), en remplacement de Monsieur Mamadou KASSE.
10. Monsieur Serigne Mamadou MBOUP, Spécialiste en Management et en Stratégie touristique et hôtelière, est nommé Directeur général de la Société d'Aménagement et de Promotion des Côtes et Zones touristiques du Sénégal (SAPCO SA) en remplacement de Monsieur Souleymane NDIAYE.
11. Madame Marie Rose FAYE, Experte en Gestion et en Management des Ressources humaines, est nommée Directeur général de l'Agence de Développement et d'Encadrement des petites et moyennes entreprises (ADEPME), en remplacement de Monsieur Idrissa DIABIRA.
12. Madame Yaye Khadidiatou Djamila DIALLO, Spécialiste en Droit des Affaires, est nommée Directeur général de l'Agence nationale de la Petite enfance et de la Case des Tout-Petits, en remplacement de Madame Maimouna CISSOKHO.
13. Monsieur Tidiane SIDIBE, Expert en gestion de projets et en Développement territorial, est nommé Directeur général de l'Agence nationale de l'Aménagement du Territoire (ANAT), en remplacement de Monsieur de Mamadou DJIGO.
14. Monsieur Tidiane SIDIBE, Expert en gestion de projets et en Développement territorial, est nommé Directeur général de l'Agence nationale de l'Aménagement du Territoire (ANAI), en remplacement de Monsieur de Mamadou DJIGO.
15. Monsieur Sékouna DIATTA, Maître de Conférences en Écologie, est nommé Directeur général de l'Agence sénégalaise de Reforestation et de la Grande Muraille Verte, en remplacement de Monsieur Oumar Abdoulaye BA.
16. Docteur Cheikh DIENG, Expert Environnement, est nommé Directeur général de l'Office national de l'Assainissement du Sénégal (ONAS) en remplacement de Monsieur Mamadou Mamour DIALLO.
17. Monsieur Magatte DIAKHATE, Inspecteur des Impôts et des Domaines, est nommé Directeur de la Législation et de la Coopération internationale, en remplacement de Mouhamadou Lamine SY.
18. Monsieur Abdou GNING, Inspecteur des Impôts et des Domaines, est nommé Directeur des Domaines, en remplacement de Monsieur Mamadou GUEYE."