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18 avril 2025
Développement
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ÊTRE FRANÇAIS ET NOIR
Dans "Dans le noir je crie", Sikou Nakaté dévoile le "labyrinthe intime" vécu par les hommes noirs en France, coincés entre injonctions à la masculinité exacerbée et quête d'identité. Un témoignage rare sur une réalité souvent invisible
Dans son premier livre "Dans le noir je crie", publié aux éditions Stock, Sikou Nakaté livre un témoignage poignant sur la condition des hommes noirs en France, décrivant cette expérience comme "être au cœur d'un labyrinthe intime".
L'auteur, qui s'était déjà illustré en 2020 avec son documentaire "Dans le noir les hommes pleurent", poursuit sa réflexion sur la masculinité, particulièrement celle vécue dans les quartiers défavorisés où elle est "exacerbée" et centrée sur le physique.
Nakaté évoque les nombreux préjugés auxquels les hommes noirs sont confrontés quotidiennement. "Celui qui m'écrase le plus, c'est celui de la dangerosité", confie-t-il, dénonçant également la bestialisation du corps noir et l'interdiction tacite d'exprimer des émotions.
Son parcours personnel, du quartier populaire aux milieux bourgeois, a été marqué par un double choc : celui d'être "le seul pauvre dans un monde qui ne l'était pas" puis de découvrir un "racisme quotidien subtil" qu'il n'avait pas connu dans son quartier d'origine. Un racisme qui, selon lui, "gagne en intensité de manière très forte", notamment via les réseaux sociaux.
Se décrivant comme "en exil intime" et "apatride", Nakaté exprime le trouble identitaire de celui qui doit "constamment prouver sa citoyenneté" tout en étant renvoyé à un pays d'origine avec lequel il entretient un rapport distant. Une situation douloureuse qu'il tente néanmoins de transformer en force : "Avec le temps, j'ai l'impression que ça peut être une richesse de ne jamais s'asseoir, d'être toujours en mouvement."
par Thierno Alassane Sall
LA GRANDE SUBSTITUTION POLITIQUE
Licencier des Sénégalais par la main droite, en recruter d’autres par la main gauche, avec comme critère discriminant l’appartenance politique. Et si le Projet n'était rien d'autre que de se partager le Sénégal conçu comme un butin de guerre ?
J'ai reçu ce jour le Rassemblement des Travailleurs Sénégalais (RTS) licenciés par les nouvelles autorités (CDC, DDD, FONGIP, PAD).
Plusieurs centaines de personnes concernées et un objectif commun à toutes ces sociétés : faire de la place aux militants du Parti qui a conquis le Sénégal. Licencier des Sénégalais par la main droite, en recruter d’autres par la main gauche, avec comme critère discriminant l’appartenance politique. Pire détournement - ou plutôt instrumentalisation - de la demande sociale d’une rationalisation. Et si le Projet n'était rien d'autre que de se partager le Sénégal conçu comme un butin de guerre ?
Les concernés déplorent, faits et preuves à l'appui, une brutalité sauvage dans la sélection des personnes à licencier, la violence dans l'annonce des décisions, la gestion inique de tous le processus : violations caractérisées de leurs droits avec un ultimatum (accepter le licenciement aux conditions fixées sans négociations ni préavis par l'entreprise ou le licenciement immédiat sans droits ni compensation financière d'aucune sorte).
Dans les deux cas, la misère retardée de quelques maigres mois ou la misère immédiate. À la clé, des enfants renvoyés de l'école, des mois de loyer impayés, les affres des jours sans pain. Ils disent : "ils nous parlent de Jub, jubal, jubbanti, nous on est victimes du Dëŋ, dëŋal,dëŋŋalaat."
par Abdoul Aziz Diop
LE COTISATIONNISME OU LA FIN DU NUMÉRAIRE DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES
EXCLUSIF SENEPLUS - Que vaut Diomaye-Moy-Sonko face à Trump-Moy-Musk ? Ce n’est pas en attisant les tensions internes par la désignation de boucs émissaires que notre pays donne le sentiment d’être assez préparé aux mutations en cours
Le député non inscrit Thierno Alassane Sall, auteur de la première proposition de loi d’intérêt général portant abrogation de la loi d’amnistie n° 2024-09 du 13 mars 2024, a pris l’initiative du débat national sur la « guerre commerciale » annoncée par le président américain Donald Trump. Voici, in extenso, la réflexion que le parlementaire a publiée sur sa page du réseau professionnel LinkedIn et à laquelle nous avons réagi.
Nous citons Thierno :
« La nouvelle guerre commerciale déclenchée par les États-Unis, qui n’épargne même pas ses alliés traditionnels, nous concerne également. Le monde peut basculer dans une crise dont les premières victimes seront ceux qui ne s’y sont pas préparés. Aucun pays, aussi périphérique soit-il, ne peut échapper aux secousses des grandes plaques tectoniques de l’économie mondiale.
Le Sénégal, en apparence éloigné de ce tumulte, risque de subir des contrecoups économiques majeurs : chaos économique mondial, ralentissement des échanges, perturbation des chaînes logistiques, hausse des prix des biens importés. Et malheureusement, comme toujours, les répercussions sociales toucheront en premier les populations les plus vulnérables.
Mais le plus grave est ailleurs. Alors que le monde entre dans une phase de reconfiguration brutale des rapports de force, nous restons spectateurs : désorganisés, souvent mal informés, et sans vision cohérente. La situation mondiale actuelle exige de notre gouvernement une stratégie claire, fondée sur l’anticipation géopolitique, la préparation du pays à d’éventuelles crises, et un engagement fort en faveur de la justice sociale.
Le Sénégal n’est pas hors du monde, et nous ne sommes certainement pas les mieux protégés. Cela doit nous inciter à plus de vigilance, de lucidité et de sérieux. » Fin de citation.
Bataille des idées
Trump et Musk sont les deux principaux locuteurs étasuniens dont les atouts financier, militaire et technologique justifient le chantage commercial auquel il expose le reste du monde à travers une remise en cause brutale des accords commerciaux patronnés par l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
L’effondrement du multilatéralisme sous les coups de boutoir des Etats-Unis coïncide avec l’arrivée au pouvoir de régimes dits souverainistes dont celui du Sénégal depuis un an déjà.
Une union souverainiste mondiale est-elle en préparation ? Si oui, de quoi est faite la contribution sénégalaise à la donne qui vient ?
Pour l’instant, tout indique que ce n’est pas en attisant les tensions internes par la désignation de boucs émissaires au niveau le plus élevé de l’État que notre pays donne le sentiment d’être assez préparé face aux mutations violentes qui s’opèrent sous nos yeux.
Qu’on le veuille ou pas, une bataille des idées est inévitable. Dans l’actuelle phase préparatoire que vaut vraiment Diomaye-Moy-Sonko face à Trump-Moy-Musk ?
Le post de Thierno Alassane Sall pose en filigrane la même question dont je nous invite à trouver la réponse décomplexée qui suppose, elle, une union sacrée par-dessus les clivages artificiels.
L’antidote du souverainisme
Interrogé (BFMTV, 3 avril 2025) sur la guerre commerciale déclarée au monde entier par Donald Trump, le journaliste français et éditorialiste politique Alain Duhamel dit de Trump qu’il est « une calamité, mais pas un idiot » avant d’ajouter que le locataire de la Maison-Blanche est « un sanguin, mais pas un crétin ». Nous en déduisons qu’il y a une chance pour les idées d’adoucir les mœurs calamiteuses et sanguinaires du milliardaire qui n’a que du mépris pour les pauvres du monde entier en commençant par ceux de l’Afrique encore spectatrice de son propre destin.
Écoutons d’abord les souverainistes d’ici :
« Il n’est pas normal que notre or, notre zircon, notre fer et que sais-je encore ne nous rapportent pas autant qu’on voudrait faute de les avoir transformés par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Il est temps que nous soyons autosuffisant en riz… »
Mais qu’attendent-ils pour répondre concrètement à nos besoins internes. Et pendant qu’on y est, qu’ils fassent tout pour nous permettre de fabriquer nos ordinateurs, smartphones, voitures, avions, bateaux et j’en oublie.
Qu’ils fassent ce qu’ils disent qu’ils doivent faire pour être enfin souverains.
Et quand tout sera là, que faire du surplus ? Autrement dit, quel marché de consommateurs est suffisamment grand pour consommer les surplus souverainistes ?
Et même si le marché existe, mais n’est pas suffisamment grand, où stocker et comment stocker l’excès de zèle souverainiste ? Aucun territoire n’est assez vaste pour.
L’impasse indique une autre direction : le cotisationnisme.
L’antidote du souverainisme, signifie une division juste du travail qui transforme le monde en une association dont les nations qui en sont membres cotisent en se singularisant par autre chose que le numéraire à bout de souffle partout pour cause de surendettement. C’est le cotisationnisme.
Dans son exégèse publique (Tivaouane, avril 2006) du Saint-Coran, le savant soufi sénégalais Cheikh Ahmed Tidiane Sy conforte les bases théologiques du cotisationnisme à travers deux versets dont l’interprétation indépassable par le conférencier fustige l’échange inégal (verset 20:131) et l’accumulation (verset 10:58) auquel conduit le souverainisme outrancier. Les voici :
Et ne tends point les yeux vers ce dont Nous avons donné jouissance temporaire à certains groupes d’entre eux, comme décor de la vie présente, afin de les éprouver par cela. Ce qu’Allah fournit est meilleur et plus durable (20:131)
Dis: « [Ceci provient] de la grâce d’Allah et de Sa miséricorde; Voilà de quoi ils devraient se réjouir. C’est bien mieux que tout ce qu’ils amassent » (10:58)
Samir Amin (1931-2018) a longuement décrit un système d'échange inégal dans lequel « la différence de salaires entre les forces de travail de différentes nations est supérieure à la différence entre leurs productivités ».
S’agissant du nouveau mouvement d’idées que nous proposons ici, il tire ses ressorts économiques internes de l’économie institutionnelle ou institutionnalisme qui articule la théorie économique et les politiques économiques en faisant de l’institution son objet là où les autres théories économiques définissent la valeur.
Présentée à ses débuts par Thorstein Bunde Veblen (1857-1929), John Rogers Commons (1862-1945) et Wesley Clair Mitchell (1874-1948), l’institutionnalisme est illustré, au début du XXe et jusqu’au commencement du XXIe siècle, par les économistes John Kenneth Galbraith (1908-2006), Gunnar Myrdal (1898-1987) et François Perroux (1903-1987) à travers le néo-institutionnalisme juste après la Seconde Guerre mondiale.
De nos jours, la performance, illustrée par, entre autres, l’efficience, l’efficacité, la rationalisation et la gestion de la rareté, est au cœur de l’économie politique. De la même manière, les institutions efficientes et les réformes institutionnelles, pour toujours plus d’efficience desdites institutions, sont au cœur de l’économie politique institutionnelle.
Dans les relations internationales, la fin de la valeur coïncide avec la fin du numéraire, correspondant au postulat de base de l’institutionnalisme universel ou cotisationnisme.
Concrètement ?
À défaut d'une juste rémunération des efforts déployés au Sud, l'Impôt des droits fondamentaux (IDF), payé par le Nord et auquel sont assujetties les grosses fortunes au Sud, devrait permettre de rendre l'équilibre de la balance des paiements socialement plus juste. La satisfaction des demandes sociales incompressibles en dépend. L'équilibre obtenu grâce à l'Impôt des droits fondamentaux permet de combler les déficits, voire de créer un surplus et d'asseoir durablement la parité des fondamentaux. Celle-ci corrige les distorsions entre l'effort au Sud et sa rétribution sur le marché mondial des biens et services. Il suffit de s'en tenir ensuite, explique l’économiste sénégalais Makhtar Diouf, « à la nomenclature classique des biens de consommation (alimentation et boissons ; habillement et linge ; habitation ; hygiène et santé ; transport, télécommunication, information ; culture et loisirs) qu'on trouve dans tous les manuels d'économie politique » pour évaluer l'impact de la parité sur la population. Le but de la parité est d'asseoir partout un développement durable qui, comme chacun le sait, permet de conjuguer la croissance économique avec le souci d'équité sociale et la protection de l'environnement. La Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement (ou Sommet de la Terre) de 1992 a débouché sur un consensus international quant à la nécessité d'un développement durable.
En cas de baisse ou de suppression pure et simple de l'IDF, une parité des fondamentaux, auto entretenue est nécessaire. Celle-ci peut être gagée sur une croissance paritaire, résultat d'une diversification des produits, de la diversité des producteurs et de la suppression des subventions de toute sorte versées aux producteurs du Nord.
L'abandon par les individus de leurs identités rigides s'ils sont appelés à faire partie de sociétés diverses et à épouser les valeurs cosmopolites de tolérance et de respect pour les droits de l'homme universels est un puissant facteur d'équité sociale. Il permet, entre autres, d'éradiquer les discriminations à l'embauche. Au Sénégal notamment depuis le changement de régime. Une protection réussie de l'environnement passe, elle, par la sauvegarde de la diversité des espèces animales et végétales.
La diversité des produits et des producteurs, la promotion des modèles de démocratie multiculturelle ou consociative (Michalon, Le Monde diplomatique, janvier 2004) -, prévoyant des mécanismes efficaces de partage du pouvoir politique entre groupes culturellement divers -, et la biodiversité constituent les trois volets de la diversité durable, stade suprême du cotisationnisme.
Abdoul Aziz Diop est le fondateur de Pacte institutionnel (Pi, π) pour la défense de la démocratie et des institutions de la République…
PAR Djibril Ndiogou Mbaye
DEUX GUERRES PEUVENT EN CACHER UNE AUTRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Il faut que l’humanité imprime d’une marque inaltérable son histoire, sa conscience et son inconscient collectif, de ce qui se passe actuellement en Palestine
Gaza : S’insurger encore, afin que cesse le massacre …enfin !
Il faut que l’humanité imprime d’une marque inaltérable son histoire, sa conscience et son inconscient collectif, de ce qui se passe actuellement en Palestine. Il faut que les historiens retiennent, pour fidèlement restituer, comme ils l’ont fait pour l’esclavage et plus tard pour la Shoah, le drame du peuple de Palestine.
Mais dans l’urgence, il faut surtout mettre fin sans délai, à ces massacres quotidiens qui, sous prétexte de mettre la pression militaire sur les combattants du Hamas, pour obtenir la libération des otages israéliens, entraînent un désastre humanitaire et des pertes en vies humaines inestimables et hypothèquent l’idéal de paix et de stabilité en Israël.
Rétablir un cessez-le-feu pour la libération de tous les otages israéliens, et forcer les volontés politiques des autorités palestinienne et israéliennes afin de redonner une chance à la résolution politique de ce conflit meurtrier.
Ce qui fait la double singularité et l’extrême gravité de cette histoire, c’est d’abord parce qu’elle s’écrit sous nos yeux, avec le sang frais de femmes et d’enfants palestiniens et israéliens, illustres innocents. C’est ensuite l’existence de précédents. L’humanité savait. Elle avait déjà dit, au moins deux fois, « plus jamais ça ». Mais c’est méconnaître la nature humaine que de penser que les États naissants, comme les grandes puissances, allaient déroger enfin à leur fatal destin hégémoniste.
Ce que Tsahal n’a pas obtenu en une année de destructions massives et son lot de plus de 50 000 morts, elle ne l’obtiendra pas aujourd’hui qu’il n’y a presque plus rien à détruire ni personne à tuer. Elle ne peut pas faire pire !
Les récentes libérations négociées d’otages montrent que rien ne sera obtenu par le bruit des bottes et le massacre d’innocents sans défense.
Deux guerres peuvent en cacher une autre
Alors que le monde est distrait par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, une autre guerre est venue réduire à néant la couverture médiatique des attaques contre les populations gazaouies. C’est la guerre que D. Trump vient de déclarer à toutes les économies de tous les pays, et qui fait basculer l’économie mondiale dans une période d’incertitude totale.
Profitant de cette funeste « opportunité », Israël a entamé une autre « guerre », sournoise très meurtrière qui est entrain d’élever l’injustice ,la barbarie et l’inacceptable à un niveau d’indécence jamais égalé. C’est à croire que l’establishment israélien a repris du service et repris le projet de noyer gaza et sa population dans la mer qui la borde.
Dans cette guerre ou 70% au moins des victimes sont des femmes et des enfants selon l’ONU, on peut aisément poser un visages sur l’ignominie, l’injustice poussée à son paroxysme et la déraison de l’être humain. Mais on y peut également poser un visage sur la détresse innommable d’une population civile, qui a du mal à comprendre ce qui lui arrive en ce 21e siècle qui était prédit humaniste et fraternel ou ne serait pas.
La Palestine se meurt et personne ne fait rien. Ni les pays occidentaux, finalement impuissants face au rouleau compresseur américain et à l’arrogance du gouvernement Netanyahu. Ni le monde arabe, ces faux-frères parfois inféodés aux USA comme l’Arabie Saoudite.
Les autoroutes de l’information, encombrées d’informations sur les négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine et sur l’agression commerciale de Trump contre les économie mondiale, ne laissent plus aucune place au drame du peuple de Palestine, aujourd’hui plus damné que les damnés de Frantz Fanon.
Depuis l’empire Ottoman, jusqu’à nos jour, en passant par le mandat britannique (1922-1924), le peuple palestinien porte la croix de tous les peuples opprimés sur leur propre territoire. Malgré les résolutions des Nations Unies, la colonisation se poursuit dans l’illégalité la plus insidieuse.
Rappelons que cela n’aurait jamais été possible sans le concours des USA qui adoubent protège et arme abondamment l’état hébreux, depuis le début. Au delà de la force de persuasion de l’hyper-puissant « lobby juif », l’industrie américaine de l’armement y remplit ses carnets de commandes. C’est dire que ce conflit n’est pas prêt de connaître son épilogue.
Les condamnations répétées des Nations Unies et les demandes incessantes de la France, de l’Angleterre et de beaucoup d’autres pays comme l’Afrique du Sud et le mandat d’arrêt délivré contre Netanyahu par la Cour Pénale Internationale n’y font rien. Au contraire ils n’ont récolté que les menaces et sanction contre des juges de la CPI , de la part de l’homme le plus puissant du monde : Donald Trump.
Ce qui est en train de se passer actuellement en Palestine « …défie la décence, défie l'humanité, défie la loi. C'est vraiment une guerre sans limite." Jonathan Whittall
Nous n’avons que nos claviers contre leurs bombes, mais rien ne nous fera taire .
Aujourd’hui c’est le peuple de Palestine et demain ce sera un autre peuple, si l’humanité ne règle pas ce problème et rapidement.
Aux yeux d’une partie de la communauté internationale, il semble exister une territorialité de l’indignation avec un barème de la gravité et une hiérarchie de la souffrance. Il semblerait que selon la nationalité, la mort oú l’injustice soit plus ou moins grave, plus oú moins acceptable.
La vie humaine semble ne pas avoir le même prix sur la terre de Palestine qu’ailleurs. Apparemment, vie israélienne ne vaut pas une vie palestinienne. Alors que des dizaines de milliers d’innocents sont massacrés en Palestine depuis octobre 2023, la semaine passée l’Europe a pleuré de toutes ses larmes, sur le cercueil d’une jeune otage Israélienne. Bien entendu, il faut condamner avec la dernière énergie la mort de cet autre illustre innocente venu rallonger la listes des centaines de milliers d’autres, dont déjà 50 000 palestiniens.
Mais toutes les vies ont la même valeur. Les palestiniens ne sont pas des infra-humains.
Reveillez-vous !
Indignez-vous !
AWA SECK, UNE LINGEER DU MOUSSOR
De juriste victime de discrimination en France à créatrice de mode reconnue. Cette Sénégalaise de 46 ans originaire de Diourbel a bâti une marque qui célèbre l'héritage culturel tout en modernisant ce couvre-chef traditionnel
Awa Seck se proclame « l’ambassadrice du moussor ». Originaire de Diourbel, elle s’est fixée comme objectif de faire de ce bout de tissu une tendance, aussi bien au Sénégal qu’à l’international.
Le style vestimentaire d’Awa Seck est simple. Vêtue d’une chemise blanche, d’un jean bleu clair et de sandales, elle ajoute une touche d’authenticité à cette modernité en arborant son fameux « moussor ». C’est son identité. Alliant vacances et travail pour quelques jours, cette Sénégalaise résidant à Bruxelles a pris dans ses bagages ses accessoires indispensables. Les moussors font partie de son quotidien et sont aussi imposants que les boucles d’oreilles qu’elle porte. À 46 ans, elle réalise des tutoriels et des démonstrations chez elle, à Keur Massar. En lin, en coton, en wax ou en chantoum, Awa Seck propose plusieurs matières : « Je fais différents motifs pour chaque occasion, avec des moussors qui ressemblent à mes clientes. » Les tarifs varient entre 10 000 FCFA et 15 000 FCFA. Un business « lucratif » dans lequel elle s’épanouit pleinement.
Rien ne prédestinait Awa Seck à devenir « l’ambassadrice du moussor ». Après des études de droit à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, elle poursuit son cursus à Bordeaux auprès de sa sœur. « J’y suis allée avec beaucoup d’enthousiasme, mais j’ai vite déchanté car j’ai dû faire face au racisme », se souvient-elle avec émotion. Encouragée par son aînée, Awa obtient un master en droit du travail en 2004. Toutefois, son insertion professionnelle est difficile : « J’avais du mal à trouver du travail dans mon domaine. Il fallait un carnet d’adresses bien fourni, sans compter la discrimination », dit-elle avec amertume. Elle décide alors d’entreprendre un second master en ressources humaines à Paris tout en enchaînant de petits boulots dans la restauration. « Il m’a fallu du temps avant de travailler dans mon domaine », confie-t-elle. Coiffure, onglerie… Awa Seck touche à tout. »J’ai appris à me battre, à travailler dur et à m’intégrer afin que ma présence ait un impact positif sur la vie des gens. », estime-t-elle. Un véritable sacerdoce.
En 2005, elle s’installe à Bruxelles auprès de son mari. Là-bas, elle apprend le néerlandais et le flamand, qu’elle parle couramment aujourd’hui. Elle travaille d’abord dans le service à la clientèle, puis dans une chaîne de fitness. Après quelques années et deux enfants, elle décide de tout quitter pour rentrer au Sénégal. « J’ai été victime d’une agression raciste dans un bus en 2011. Cela a précipité mon retour », avoue-t-elle peinée. Afin de préparer sa reconversion, elle entame un troisième master en marketing et communication.
De retour au Sénégal en septembre 2012 avec ses enfants, elle trouve rapidement un emploi dans le département des ressources humaines d’un opérateur mobile. Son expérience professionnelle y est bien différente de celle vécue à Bordeaux.
Les débuts de « Moussorma »
Le destin de cette « Baol-Baol » est étroitement lié au moussor. Ce petit bout de tissu qu’elle portait au travail devient, à sa grande surprise, un élément phare de son identité. « C’était ma petite touche traditionnelle dans une tenue moderne. Mes collègues étaient admiratifs, et c’est ainsi que j’ai commencé à leur montrer comment bien attacher le moussor », explique-t-elle. En 2016, elle lance ses premiers tutoriels. « À l’époque, cela suscitait beaucoup d’intérêt », dit-elle avec un sourire.
En juillet 2017, elle organise son premier atelier payant, proposant des cours à 5 000 FCFA par personne. Le succès est immédiat. Elle commence alors à consacrer une partie de son temps à cette activité, tout en travaillant dans une maison de production comme directrice commerciale et marketing. « C’était une activité indépendante qui me permettait de développer mon projet », confie-t-elle. Ainsi naissent les « Moussors d’Awa ». « Je voulais cette connexion avec mon pays, d’où le nom ‘Les Moussors d’Awa’ », affirme-t-elle. Son objectif : inciter les jeunes Sénégalaises à porter le moussor avec fierté, notamment dans le cadre professionnel. « Elles étaient complexées à l’idée de le porter en rendez-vous d’affaires », explique-t-elle.
En juillet 2017, pour des raisons familiales, elle retourne à Bruxelles tout en poursuivant son activité. Afin de perfectionner son art, elle suit des formations en couture et en chapellerie en 2018. « J’ai appris à créer moi-même les moussors », précise-t-elle. Elle enchaîne également les ateliers de coaching sur l’estime de soi, notamment pour les femmes sous chimiothérapie et les enfants. D’ailleurs, elle devient ambassadrice de la Ligue Sénégalaise Contre le Cancer (Lisca), pour laquelle elle organise la première collecte #200millionschallenge #Pourlesmaladesducancer.
Avec quelques économies, elle ouvre sa boutique quelques mois plus tard. » Je vends aussi bien au Sénégal qu’en Belgique des « moussors » prêts-à-porter, appelés « Moussormas’ », renseigne-t-elle fièrement. En collaboration avec des boutiques sénégalaises, Awa Seck assure la distribution et développe aussi la vente en ligne. L’entrepreneure confectionne une vingtaine de foulards toutes les deux semaines et assure la livraison.
En décembre 2018, Awa élargit sa marque en lançant une ligne de vêtements pour hommes, femmes, enfants et articles pour la maison sous le nom AWA B.AOL. Elle valorise la broderie traditionnelle de sa région, le SOR, qui devient sa signature. Une manière de rendre hommage à sa mère, une brodeuse renommée décédée lorsqu’elle avait huit ans. Elle collabore avec des artisanes locales pour préserver ce savoir-faire et les aider à acquérir une indépendance financière.
Altruiste et engagée
Awa Seck ne se contente pas de lutter pour la valorisation du « moussor ». Elle mène également un autre combat : la défense des droits des femmes. « Beaucoup s’opposent au mot féminisme, mais moi, je l’assume pleinement. Je me considère même comme radicale lorsqu’il s’agit des droits et de la protection des femmes. Il n’y a pas de demi-mesure », affirme-t-elle d’un ton catégorique.
Son amie de longue date, Ndieme Amy Varore, la décrit comme « une voix pour les sans-voix, une femme prête à se battre comme une lionne pour un changement positif ». Elle témoigne de sa générosité et de son engagement sans faille.
Moustapha Ndiaye, un autre proche, la qualifie de « femme africaine, et plus précisément sénégalaise, décomplexée, qui, après avoir réussi à l’étranger, met ses compétences au service de sa communauté ».
Aujourd’hui, Awa Seck est devenue une véritable ambassadrice du Sénégal. Elle emmène son « moussor » aux quatre coins du monde, participant à des missions économiques dirigées par la princesse Astrid de Belgique, qui porte fièrement ses créations.
RSF ALERTE SUR LA CRISE DES MÉDIAS
Reporters sans frontières appelle les autorités à intensifier les réformes pour assurer la viabilité économique d'un secteur médiatique fragilisé par des suspensions de contrats publicitaires et des redressements fiscaux
(SenePlus) - Un an après l'élection de Bassirou Diomaye Faye à la présidence, Reporters sans frontières (RSF) salue les premières réformes engagées mais appelle à "accélérer" les mesures pour garantir la survie économique d'un secteur médiatique en difficulté.
Dans un communiqué, l'organisation internationale de défense de la liberté de la presse reconnaît les avancées comme "l'enregistrement des organes de presse sur une plateforme dédiée" et "l'actualisation de la loi sur la publicité", tout en soulignant que ces initiatives restent insuffisantes.
"L'enregistrement des médias et l'actualisation de la loi sur la publicité sont des mesures salutaires", affirme Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF, qui ajoute cependant que "la question de la soutenabilité économique des médias doit être davantage prise en charge".
Le secteur traverse une crise majeure, marquée par "des suspensions de contrats publicitaires, l'accumulation d'impayés et la fragilisation générale", selon RSF. Certains titres emblématiques comme Stades et Sunu Lamb, "deux des quotidiens sportifs les plus lus du pays", ont suspendu leur parution fin juillet 2024 "après plus de vingt ans d'existence", invoquant "des difficultés économiques insurmontables".
Si le président s'était engagé à "soutenir une presse libre et diversifiée" dès son arrivée au pouvoir, les réformes entreprises ont provoqué des tensions. Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS) a dénoncé "une tentative de museler la presse" et organisé "une journée sans presse" massivement suivie le 13 août 2024.
La cartographie des médias lancée en août 2024 a particulièrement déstabilisé le secteur. Sur 639 médias ayant soumis un dossier, "seuls 258 ont été officiellement déclarés conformes par l'État en février 2025", rapporte RSF.
Mahamadou Baldé, fondateur du site Kolda News, témoigne auprès de RSF de la "décision collégiale d'arrêter les publications à partir de fin février" car son média n'est "pas en mesure de recruter trois journalistes avec les exigences en années d'expériences requises" par le Code de la presse.
Face à ces difficultés, RSF formule plusieurs recommandations, notamment de "renforcer la réforme des aides à la presse via l'accompagnement des médias vers plus de professionnalisation" en soutenant les travaux de la commission d'examen et en revalorisant le budget des aides publiques.
L'organisation suggère également de promouvoir "la certification Journalism Trust Initiative (JTI), avec des incitations fiscales pour les médias et leurs partenaires", tout en appelant à "adopter un nouveau Code de la publicité adapté aux réalités actuelles".
RSF s'inquiète par ailleurs des "enjeux sécuritaires" qui persistent, citant plusieurs cas de journalistes convoqués par les autorités et des attaques informatiques inédites contre des médias en ligne comme Seneweb, Dakaractu et PressAfrik Group en février et mars 2025.
LE SAHEL PARIE SUR L’IRRIGATION POUR BOOSTER SON AGRICULTURE
Ouvrant un forum à Diamniadio, Mabouba Diagne a appelé à des investissements massifs dans des systèmes d’irrigation modernes et résilients. Selon lui, cette stratégie est essentielle pour sortir l’agriculture de sa dépendance à la pluie.
L’irrigation et la maîtrise de l’eau dans les pays africains constituent un passage obligé pour sortir l’agriculture de la dépendance de la pluviométrie et d’en faire un secteur pourvoyeur d’emplois et un facteur de croissance économique, a indiqué, lundi, le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage.
Mabouba Diagne a exprimé ce point de vue à l’ouverture lundi, au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio (CICAD), d’un forum de haut niveau axé sur le thème : ‘’L’irrigation au Sahel : bilan et perspectives pour des systèmes d’irrigation résilients et durable’’.
Il a saisi cette tribune pour appeler tous les acteurs à ”investir dans des systèmes d’irrigation modernes et résilients’’. A l’en croire, ces derniers ‘’permettront d’accroître la productivité agricole, de réduire notre dépendance aux aléas climatiques et de garantir un avenir prospère à nos populations’’.
‘’Ensemble, faisons de l’irrigation durable un pilier de la transformation agricole au Sahel !’’, a-t-il exhorté.
Il estime que ”pour faire face aux défis communs’’, il est nécessaire de ‘’privilégier la coopération et le partage d’expériences’’.
Selon le ministre, ‘’l’harmonisation des politiques agricoles, la mutualisation des connaissances et la mobilisation des financements internationaux sont des leviers stratégiques pour renforcer la résilience de nos systèmes agricoles’’.
C’est pourquoi il dit ”encourager les partenariats entre les Etats sahéliens, les institutions financières, les chercheurs et le secteur privé, afin de promouvoir des solutions innovantes et inclusives’’.
Le secrétaire exécutif du CILSS, Abdoulaye Mohamadou, a réitéré la disponibilité de son organisation ‘’à jouer son rôle d’instrument de coopération technique et scientifique entre les Etats de la région et apporter son expertise à la mise en œuvre des programmes régionaux’’.
Il estime que la souveraineté alimentaire dans les Etats membres du CILSS ‘’est possible, non seulement au regard des immenses potentialités en eau, en terres et en énergie de la région, mais aussi grâce aux nouvelles technologies dans le domaine de l’irrigation’’.
Mais, il pense qu’il faut pour cela une approche holistique, tenant compte des spécificités de l’agriculture ouest africaine et de la fragilité des écosystèmes au sein desquels l’eau joue un rôle central tout en subissant les impacts de l’environnement.
‘’C’est possible si nous tirons les leçons et les enseignements de nos réussites et de nos échecs. En effet, des défis importants subsistent liés notamment au financement, à la gouvernance de l’eau, au choix et à l’entretien des infrastructures, aux phénomènes extrêmes dont les inondations qui ont affecté les aménagements hydroagricoles en 2024 dans plusieurs pays’’, a ajouté Abdoulaye Mohamadou.
Des ministres, des officiels, et des experts de plusieurs pays d’Afrique prennent part à la rencontre qui se poursuit jusqu’à vendredi.
Elle se tient sous le haut patronage du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et sous l’égide des pays du Sahel.
Elle est organisée par le Comité inter-Etat de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), une organisation formée du Bénin, de la Côte d’ivoire, de la Gambie, de la Guinée, de la Guinée-Bissau, de la Mauritanie, du Sénégal, du Togo, du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Tchad et du Cap Vert.
HOMMAGES À UN GÉANT
L'ouvrage "Wade, mille et une vies" de Madiambal Diagne a été dédicacé samedi en présence de nombreuses personnalités, offrant l'occasion d'évoquer l'héritage d'un homme politique hors norme qui a transformé le Sénégal
La cérémonie de dédicace du livre «Wade, mille et une vies», écrit par Madiambal Diagne, tenue ce samedi, a permis de découvrir encore l’ex-président de la République sous d’autres traits. Chaque personne présente à cet évènement a une part à raconter sur ce personnage iconique et inclassable qui a marqué l’histoire de ces 40 dernières années du pays. Il y avait des journalistes, des hommes politiques et ses compagnons comme Habib Sy, Babacar Gaye, Fada et l’ex-Premier ministre Amadou Ba. Un instant pour immortaliser un géant…
Sous les lumières tamisées de la salle, tous les témoignages éblouissent le parcours de Me Wade. Un géant à la retraite après avoir marqué son pays. Bien sûr, Abdoulaye Wade n’est pas du genre à s’enfermer dans une idéologie. Ses proches collaborateurs sont unanimes à ce sujet. Sa boussole demeure la sauvegarde des intérêts du Sénégal. C’est avec la même abnégation qu’il a forcé l’Union européenne à financer la construction de certaines infrastructures au Sénégal. «C’est autour d’un dîner à Bruxelles que le Président Wade a convaincu (Michel) Barroso (président de la Commission de l’Ue de l’époque) pour que l’Ue finance les routes au Sénégal. Wade leur a expliqué que l’Afrique n’a besoin que d’infrastructures pour se développer et que les partenaires devaient réorienter leurs financements sur les infrastructures (…) Me Wade avait fini de tracer toutes les routes du Sénégal, et même de l’Afrique. Il croyait dur comme fer que les infrastructures vont développer l’Afrique», a affirmé Habib Sy, son ancien directeur de Cabinet. Une position que Amadou Ba a confirmée.
Politique d’infrastructures : Macky a perpétué le legs de Wade
Pour l’ancien Premier ministre de Macky Sall, Me Wade a «beaucoup inspiré l’ancien Président. Sur les infrastructures, on s’est inspiré du Président Wade. En effet, sur l’axe 1 du Pse, on avait boosté nos investissements de 65%. Ce qui était une révolution par rapport à l’ajustement structurel ou à la limite dans nos formations à l’Ena, on a cherché à nous montrer ou faire croire qu’on ne devait pas utiliser les ressources publiques nationales pour investir dans les infrastructures. On a changé de paradigme. Me Wade avait beaucoup inspiré l’ancien Président, comme tous ceux qui avaient le privilège de le côtoyer».
Amadou Ba, qui voue un profond respect au Pape du Sopi, est largement revenu sur sa collaboration avec Me Wade. «Souverainiste, oui il l’est. J’ai négocié avec la partie française pour le départ des troupes françaises. Je sais exactement comment les installations ont été restituées et pourquoi certains sont restés. Il avait préservé les intérêts du Sénégal dans un contexte particulièrement difficile. Ce qui est vrai et valable hier ne l’est pas aujourd’hui. Les négociations se sont essentiellement déroulées ici. En ce qui concerne le patrimoine, j’avais en charge de veiller à ce qu’il revienne à l’Etat du Sénégal», a-t-il déclaré.
Amadou Ba : «Il m’a nommé à la Dgid sans me connaître»
Amadou Ba reste marqué par le caractère de Me Wade. «Cette affaire de quitus qui a concerné l’ancien Président, j’avais la lourde tâche de délivrer ou pas le quitus aux candidats. Entre les deux tours, il me dit : «Jeune homme, vous êtes un fonctionnaire, je veux que vous restiez républicain jusqu’au bout.» Appliquer la loi dans toute sa rigueur, c’était mon choix. Il aurait pu me demander et peut être que je l’aurais fait de ne pas délivrer à X ou à Y, mais il ne l’a pas fait», a révélé Amadou Ba. Qui a rencontré pour la première fois le Président Wade, deux ans après sa nomination comme Directeur général des Impôts et domaines. «Il m’a nommé à cette prestigieuse fonction sans me connaître, sans chercher à vouloir me rencontrer. J’ai eu le privilège d’accompagner mon ministre au groupe consultatif en 2007, où j’avais la charge d’expliquer le volet fiscal. Il avait suivi cette présentation. A mon retour de Paris, il m’a demandé de lui faire au Palais la même présentation qu’à Paris. J’ai fait la présentation avec toute mon équipe. Il avait demandé au ministre et au Premier ministre de me soutenir pour pour que cette réforme puisse voir le jour. C’est ce Code général des Impôts qui régit, jusqu’au moment où je vous parle, les activités fiscales du Sénégal. Après, on se voyait régulièrement sans intermédiaire», a-t-il témoigné.
DIOMAYE ACCUSE, L'APR RIPOSTE
Face à ces allégations concernant de supposées "manœuvres souterraines" que mènerait Macky Sall, son parti dénonce une stratégie de victimisation du nouveau régime qui chercherait des boucs émissaires pour justifier son "immobilisme"
La dernière sortie médiatique du chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye, accusant son prédécesseur, Macky Sall, d’user de manœuvres souterraines pour mettre en échec sa politique, est désapprouvée par le Sen de l’Apr. Cette instance exige de la part des autorités, des clarifications au sujet des manœuvres constitutionnelles annoncées lors de l’adresse à la Nation du président de la République.
Le Secrétariat exécutif national de l’Apr a réagi aux propos tenus le 4 avril par le président de la République Bassirou Diomaye Faye, lors d’une interview, accusant son prédécesseur de manœuvres souterraines. Dans un communiqué, les membres de ce parti font savoir que «les propos et insinuations du président de la République à l’égard du Président Macky Sall sont inqualifiables et manquent d’élégance et de tenue».
Il faut noter que lors de cet entretien, Bassirou Diomaye Faye a fait état de «choses» qui seraient en train d’être faites par Macky Sall, sans toutefois les qualifier. «Après notre passation de service, le 2 avril 2024, on s’est fait des accolades, pour ma part, avec le cœur vide. Ensuite, je lui ai donné l’avion présidentiel pour qu’il aille à La Mecque faire le petit pèlerinage. Mais je sais qu’il est en train de faire des choses», a-t-il dit, sans donner plus de détails.
Analysant cette sortie, les partisans de l’ancien chef de l’Etat soulignent qu’en «lieu et place de mesures concrètes pour poursuivre l’œuvre de transformation du Sénégal, le régime célèbre son premier anniversaire au pouvoir par des apitoiements, des complaintes et une recherche de boucs émissaires, afin de justifier son immobilisme, son incompétence et son inertie». Dans son document, l’ancien parti au pouvoir soutient que «le défilé a rendu hommage à la vision et au bilan du régime du Président Macky Sall, qui a doté le pays d’un outil de défense et de sécurité à la mesure de l’ambition que» l’Apr a «pour le Sénégal».
Par ailleurs, l’Apr exige des autorités «une clarification immédiate sur les réformes institutionnelles annoncées, afin d’en évaluer l’opportunité au moment où l’urgence relève plutôt du faible pouvoir d’achat des ménages, des milliers de licenciements abusifs de jeunes, de l’insécurité galopante et des arrestations arbitraires d’hommes politiques et de chefs d’entreprise». Dans la même veine, il demande à ce que «le Peuple souverain soit consulté par référendum pour toute modification concernant la nature du régime politique sénégalais, notamment l’ordonnancement institutionnel».
À CHACUN SA PART DE WADE
"L'ogre qui mange ses enfants mais ne les digère pas" : les témoignages recueillis par Madiambal Diagne révèlent la complexité des relations de Wade avec ses héritiers politiques et dévoilent les coulisses d'un pouvoir aussi fascinant que controversé
13 après avoir quitté le pouvoir, que faut-il retenir de Abdoulaye Wade ? C’est une question à laquelle Madiambal Diagne a souhaité répondre. Le journaliste a épluché 40 ans d’histoire dans un livre intitulé «Wade, mille et une vies». Paru aux Editions du Quotidien, le livre est un rappel historique, de la naissance du Pds à l’exercice du pouvoir, sans oublier la guerre de succession. Madiambal passe au peigne fin Wade, tout en se gardant d’entrer dans son intimité.
– «Dites au président Kadhafi qu’il ment.» Ils ne sont pas nombreux, ces chefs d’Etat qui osaient ainsi rabattre le caquet au guide de la Révolution libyenne. Ou de lancer lors d’une interview, parlant du Président de l’ancienne puissance coloniale : «C’est qui Chirac ? Je m’en fous de lui.» Dr Sagar Seck ne se trompe pas quand elle dit que Abdoulaye Wade est un personnage «aussi saisissant qu’insaisissable». C’est justement l’une des facettes que le journaliste Madiambal Diagne souhaite partager en écrivant un livre sur le Pape du Sopi. Wade, mille et une vies vient de paraître aux Editions du Quotidien. La cérémonie de présentation du livre a réuni un parterre d’anciens ministres de la République et certains héritiers de Wade.
Partant du constat qu’il n’y a pas d’œuvre qui ait fait le bilan de Wade, Madiambal Diagne s’est évertué de mettre à la disposition du grand public ce qui normalement devait être nourri dans des conversations pour cercles d’amis. Le journaliste ne s’arrête pas là. Bien que s’étant interdit de parler de l’intimité de Wade, Madiambal plonge le lecteur dans les années fastes du Pds, la quête du pouvoir. D’après l’ancien ministre Ismaïla Madior Fall, le 5ème ouvrage de Madiambal Diagne est un mélange d’essai sur la trajectoire politique de Abdoulaye Wade avec des faits connus qu’il contextualise. «Wade ne peut être dissocié de l’Histoire du Sénégal. La matière ne peut être épuisée sur un livre, mais Madiambal a réussi à planter, sur 476 pages, les mille et une vies de Wade. Après avoir lu le livre, je ne peux m’empêcher de voir l’héritage de Wade en Macky Sall, tant certaines politiques se ressemblent», a affirmé Ismaïla Madior Fall. Pour l’ancien ministre de la Justice, l’ouvrage ne se positionne ni pour Wade ni contre ce dernier. Pour lui, ce n’est ni un plaidoyer ni un réquisitoire, d’où son importance intemporelle 13 ans après la chute du Pape du Sopi. «Madiambal a choisi la distance, l’objectivité et la froideur. L’ouvrage relève les éclairs de génie et les parts d’ombre du héros de la compétition démocratique», a dit Ismaïla Madior Fall. Qui estime que le livre est une source d’inspiration, car il «combine narrations, analyses et témoignages des protagonistes de l’histoire. La base analytique de Madiambal Diagne est actuelle, car elle donne la parole aux acteurs. Il y’a beaucoup d’enseignements, des leçons de vie sur la gestion de l’Etat, de la démocratie, etc.».
Des tractations pour faire reconnaître le Parti démocratique sénégalais de l’opposition jusqu’à l’exercice du pouvoir, sans oublier les guerres fratricides de succession, Madiambal Diagne plonge son lecteur dans l’histoire, tout en prenant soin de mettre à nu les détails que le grand public n’avait pas au moment des faits. De la diplomatie à la politique intérieure, le journaliste donne la parole aux acteurs pour mieux cerner les faits. Naturellement, Ismaïla Madior Fall n’a pas manqué l’occasion de décortiquer la lutte fratricide pour la succession de Wade. «L’ogre qui mange ses enfants. Mais il faut préciser qu’il ne les digère pas. Il leur insuffle une nouvelle vie», a-t-il déclaré pour évoquer cette question. Pour autant, pour comprendre la démarche du Pape du Sopi, Ismaïla Madior Fall affirme que Wade a été pragmatique à l’époque où ses contemporains étaient des idéologues. Il a une philosophie politique qui s’approche du pragmatisme. C’est son sens du pragmatisme qui lui a permis de supplanter ses concurrents et de s’imposer comme leader de l’opposition. Il pense en homme d’action et agit en homme de concertation. Il faut lire le chapitre 3 sur la naissance du Pds pour s’en rendre compte. On y relate comment il a convaincu Senghor pour fonder son parti. Il a dribblé tout le monde, y compris Jean Collin. «Wade avait compris que la guérilla urbaine n’est pas la meilleure option», a-t-il expliqué, tout en se basant sur les écrits de Madiambal Diagne. Qui, pour sa part, affirme avoir tendu son micro à 77 proches collaborateurs de Wade. Même Karim Meïssa Wade a été interviewé.
Babacar Gaye révèle le choix de Me Wade pour sa succession : «Macky va me succéder en 2012»
Babacar Gaye a fait une révélation sur le compagnonnage entre Me Wade et Macky. Selon l’ancien directeur de Cabinet politique du Pape du Sopi, Wade avait choisi Macky Sall pour lui succéder depuis 2007. Babacar Gaye a révélé ce secret lors de la cérémonie de présentation du livre Wade, mille et une vies de Madiambal Diagne. «Le Président Wade m’a fait une confidence en 2007. Il m’a dit : «Je vous ai fait revenir ici car Macky Sall ne sera plus Premier ministre. Il ne peut pas résister pendant 5 ans, et en 2012, je voudrais qu’il soit mon successeur. Je veux que vous soyez là pour que nous choisissions un Premier ministre technocrate.» C’est comme ça que Aguibou Soumaré a été choisi. Aller à l’Assemblée nationale était une situation beaucoup plus sécurisante pour lui», a-t-il affirmé.
Bien que Wade ait voulu de Macky comme successeur, selon Babacar Gaye, l’histoire ne s’est pas déroulée comme souhaité par Wade. Macky Sall a choisi d’entendre Karim Wade à l’Assemblée nationale sur l’Anoci. La machine du Pds s’est retournée contre Sall. Un mal pour un bien. La loi Sada Ndiaye, qui le destitue du Perchoir, est le dernier acte d’un divorce entre les deux hommes. A son adoption, Macky jette l’éponge. Il démissionne de tous les postes qu’il a eus sous le Pds et crée l’Apr avec feu Alioune Badara Cissé, Moustapha Diakhaté et Moustapha Cissé Lô, entre autres. Il gagne la Présidentielle au second tour. Et «déloge Wade» par les urnes. Macky réactive la Crei et cible d’anciens dignitaires du régime de Wade. Seul Wade-fils est jugé sur la liste des 26 personnes qui devaient être poursuivies. Après quelques années, les deux hommes enterrent la hache de guerre et font la paix des braves.