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22 avril 2025
Diaspora
par Kalidou Diallo et Ibrahima Thioub
DÉFENDRE LE MÉTIER D’HISTORIEN
EXCLUSIF SENEPLUS - L’idée de l’autonomie, les possibles non advenus et les dettes morales qui en sont issues ne se limitent pas à la Casamance. Les universitaires y ont travaillé et continueront de les interroger
Kalidou Diallo et Ibrahima Thioub |
Publication 24/10/2024
A l’évidence, ni les auteurs ni ceux qu’ils citent à l’appui de leur condamnation n’ont lu l’ouvrage soumis à cette virulente critique. Il n’est pas étonnant qu’ils ne citent aucun passage de l’ouvrage en question intitulé L’idée de la Casamance autonome. Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal, signé par l’historienne Séverine Awenengo Dalberto. Nous espérons que ni le président ni le Premier ministre ne prêteront attention à cette interpellation appelant à des pratiques d’un autre temps : mettre à l’index un ouvrage.
Habitués à la commande politique d’ouvrages de complaisance, les auteurs du communiqué ont certainement pensé que tout le monde partage leur culture de l’obéissance au chef quand il est au pouvoir. Les seuls et rares exemplaires aujourd’hui disponibles au Sénégal y sont entrés dans la valise de l’autrice et dans celle d’Ibrahima Thioub, il y a quatre jours, afin que l’autrice puisse les offrir à certains de ses proches. Les auteurs du communiqué auraient dû, par acquis de conscience, se reporter sur le site de l’éditeur, ne serait-ce que pour prendre connaissance du synopsis de l’ouvrage.
Les idées défendues dans cet ouvrage se construisent depuis des décennies. La première publication de l’autrice sur le sujet date de 2003 dans l’ouvrage collectif « Être étranger et migrant en Afrique au XXe siècle : enjeux identitaires et modes d'insertion » où sa contribution avait porté sur la Casamance. Depuis plus de 20 ans elle n’a cessé de diffuser les résultats de ses recherches sur la question dans les revues et ouvrages scientifiques validés par des instances universitaires d’Afrique et d’Europe. Elle a ainsi récemment écrit l’un des chapitres de l’ouvrage en hommage à Momar-Coumba Diop, paru en 2023 et disponible au Sénégal, qui porte précisément sur les débats autour du statut de la Casamance pendant le processus de décolonisation des années 1950. Ces idées n’intéressent bien sûr pas les contempteurs actuels qui n’ont pas encore lu une ligne de cette œuvre construite sur le long cours.
Même si nous savons qu’il n’est pas d’argument qui tienne contre la mauvaise foi, nous tenons à édifier l’opinion que les questions en débat n’ont rien à voir avec le destin immédiat des organisations et acteurs politiques au Sénégal de quelques bords qu’ils se situent. Il s’agit de la défense de notre métier d’historien.
La lecture des auteurs du communiqué se limite à un mot du titre : autonomie. Parlons-en.
Rien n’a été plus complexe que le processus encore inachevé de la décolonisation de l’Afrique. Nombreuses furent les approches déployées par les théoriciens, les organisations et les combattants du mouvement anticolonial. Au moins trois échelles peuvent être mises en exergue : le local, le territorial et le continental.
L’idée d’un État fédéral africain a nourri l’imaginaire de nombre de militants de la décolonisation. Elle était partie intégrante des possibles les plus investis par des hommes politiques comme Cheikh Anta Diop, Kwame Nkrumah, Majhmout Diop, Julius Nyéréré. Des partis s’y sont investis sous des formes multiples à des échelles sous-régionales, au-delà des limites des frontières issues de la mise en œuvre des conclusions de la Conférence de Berlin. Le Rassemblement démocratique africain, le Parti africain de l’Indépendance, le Parti du Regroupement africain sont des plus connus de cette mouvance fédéraliste. Ce premier possible qui n’est pas advenu est en droit clos en 1963 par la décision de l’Organisation de l’Unité africaine qui a déclaré intangibles les frontières héritées de la colonisation. L’idée n’en continue pas moins de vivre dans le cœur et l’esprit de l’Afrique indépendante et ses diasporas dont ils habitent les imaginaires. Le jour où le contexte le permettra, ne seront surpris de sa réactivation que les ignorants ou ceux qui n’ont pas intérêt à sa survenue. Ce qui ne garantit pas son succès mais n’empêche pas non plus que les historiens continuent de l’étudier. Une jeune historienne japonaise vient d’y consacrer une belle thèse publiée sous le titre Nationaliser le Panafricanisme. Tout le monde en conviendra, l’Union africaine n’estimera pas qu’une telle étude conteste sa décision de 1963 et réveille les traumatismes des années 1960.
Ce que ces contempteurs de Séverine Awenengo ignorent est que l’idée de l’autonomie, les possibles non advenus et les dettes morales qui en sont issues et pouvant être mobilisées, à chaque fois que le contexte historique s’y prêtera, ne se limitent pas à la seule Casamance. Les universitaires, les historiens en particulier, y ont travaillé et continueront de les interroger n’en déplaise aux inquisiteurs des temps modernes, aveugles de leurs histoires.
Dans toute l’Afrique à la veille de la colonisation, dans les différents territoires coloniaux, se sont développés des mouvements politiques revendiquant au nom de la spécificité de leur région une autonomie politique, y compris au sein du territoire colonial en quête d’indépendance. Ces mouvements autonomistes ont eu des bases ethniques, religieuses, ou régionales.
Le Sénégal n’a pas échappé à cette logique du bas. Pour rappel, dans les années 1940-1950, nous avons avons l’Union générale des Originaires de la Vallée du Fleuve (UGOVAF), le Mouvement des Forces démocratiques de Casamance (MFDC), le Mouvement autonome de Casamance (MAC), le Bloc Démocratique du Ndiambour, le Bloc démocratique du Bawol et l’Union démocratique des Ressortissants du Sénégal oriental (UDRSO), etc. Tous ces mouvements politiques ont produit à l’époque des imaginaires, des revendications identitaires et politiques qui se sont plus ou moins transmis comme mémoires aux générations suivantes. Le processus de décolonisation et les politiques de construction de l’État-nation sur les territoires hérités de la colonisation ont absorbé et intégré dans l’imaginaire national ces expériences locales. La Casamance a connu le même phénomène avec le MFDC de 1949 et puis le MAC. Senghor s’en est servi pour vaincre Lamine Guèye avant de les absorber dans l’UPS section du PRA. Bien sûr cette absorption n’a pas, du jour au lendemain dissous les consciences et mémoires issues de cette expérience. La crise de l’Etat-nation dans ses dimensions économiques, culturelles et politiques, survenue dans les années 1980, ont entraîné un réveil et une réactivation de ces imaginaires par un groupe d’acteurs qui a mobilisé jusqu’au nom du mouvement politique de l’époque de la décolonisation, le MFDC. Cela participe de l’expérience des tensions et douleurs qui partout en Afrique ont accompagné l’idée de construire un État-nation sur le modèle européen dans les territoires hérités du partage de l’Afrique. Le projet de fusionner des États dans une perspective panafricaniste ou de faire dissidence au niveau local ont accompagné partout ce processus.
La construction d’États-nations à l’échelle du continent sur le modèle européen dans les limites des territoires issus de l’intrusion coloniale est le futur advenu du passé. La fabrique de l’État-nation a fonctionné en plein régime dans de très hautes tensions, en tenaille entre les imaginaires légués par les projets panafricains non advenus et les mémoires des « petites patries » situées à l’échelle locale des provinces et régions dont les projets d’autonomie ou d’indépendance n’ont pas prospéré. Ces derniers ont été absorbés dans le projet national avec plus ou moins de réussite par une résolution plus ou moins rapide et aboutie des vives tensions. La connaissance de ces processus historiques, qui n’ont rien à voir avec l’irrédentisme, terme dont les auteurs du communiqué feraient mieux de vérifier le sens, comme celle de leur résurgence est vitale pour résoudre les tensions qui en révèlent l’existence sous des formes diverses et des contenus multiples en Afrique.
Si on ne trouve pas de solutions basées sur des connaissances scientifiquement établies, le mouvement peut à tout moment resurgir du paillasson de la paresse où on a tenté de l’enterrer. N’est-il pas alors du devoir des historiens, de toutes origines, dans le respect des règles de la discipline de travailler à éclairer les pouvoirs publics, pour saisir dans toutes ses épaisseurs cette question, par des analyses ouvrant à de sereines discussions ? Rien n’interdit à un historien d’interroger ces processus et d’écrire l’histoire de ces « futurs non advenus du passé ».
C’est à cela que travaillent les historiens spécialistes de la Casamance depuis des décennies, entre collègues sénégalais et étrangers, y compris les Français qui ont apporté une contribution remarquable à cette recherche au long cours.
C’est à ce travail historien que Séverine Awenengo Dalberto contribue depuis plus de 20 ans qui n’ont rien à voir avec l’arrivée au pouvoir de Diomaye-Sonko ou la défaite de Ba-Sall. Il se poursuivra au-delà du destin des régimes politiques. Séverine Awenengo Dalberto n’est ni militante ni agent de qui que ce soit. Son ouvrage bâti sur une solide documentation archivistique et documentaire et d’une vaste enquête de terrain au long cours a avancé des thèses solidement argumentées. Ces thèses exposées dans l’ouvrage ne relèvent pas d’une vérité religieuse. On ne peut qu’inviter à les discuter mais le préalable est d’abord d’en prendre connaissance par la lecture de l’ouvrage ou au moins du synopsis sur le site de l’éditeur. Pour vous convaincre qu’il s’agit juste d’un procès d’intention qui lui est intentée par le SEN de l’APR et les dits « certains journalistes », nous vous citons le dernier paragraphe de la conclusion de l’ouvrage :
« Faye et Sonko incarnent sans aucun doute un espoir de changement pour l’ensemble des Sénégalais qui les ont portés au pouvoir, et plus singulièrement pour les populations qui vivent dans les trois régions qui constituent aujourd’hui la Casamance. Cependant, la réelle décolonisation de la Casamance, et donc du Sénégal, ne passe sans doute pas par le « rush du sud vers le nord » évoqué par Joseph Coly en 1968, et que pourrait représenter pour les Casamançais la réussite de Sonko, ni par une indépendance de la région. Comme ailleurs dans les sociétés postcoloniales, cette décolonisation engage plus fondamentalement la mise à plat, la reconnaissance et la réparation de ce que le moment colonial a produit de fantasmes, de dettes morales et d’inégalités, afin que les futurs non advenus du passé puissent être définitivement fixés, c’est-à-dire qu’ils ne soient pas plus considérés, en conjoncture de crise, comme le lieu d’accomplissement de la justice et de l’émancipation ».
L’autrice de cette conclusion peut-elle être, en toute bonne foi, condamnée par le tribunal inquisitorial du SEN de l’APR, au nom d’une prétendue instrumentalisation dans un complot visant le Sénégal ?
Kalidou Diallo et Ibrahima Thioub sont Historiens – UCAD.
KARTHALA DÉNONCE L'INSTRUMENTALISATION DU LIVRE DE SÉVÉRINE AWENENGO DALBERTO SUR LA CASAMANCE
La présentation de l'ouvrage "L'idée de la Casamance autonome. Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal" a été annulée. L'éditeur défend un travail purement scientifique face accusations de "séparatisme" de l'APR
(SenePlus) - Une polémique secoue le monde éditorial et politique sénégalais. La séance de dédicace de l'ouvrage "L'Idée de la Casamance autonome. Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal", prévue le samedi 26 octobre 2024 à la librairie Aux 4 Vents à Dakar-Mermoz, a été annulée face aux risques de perturbations.
Au cœur de la controverse, un livre scientifique signé par Séverine Awenengo Dalberto, historienne et chargée de recherches au CNRS à l'Institut des mondes africains (Imaf). L'ouvrage, fruit de vingt ans de recherches, examine la période 1875-1970 à travers une vaste documentation d'archives publiques et privées, ainsi que des entretiens.
L'ancien parti au pouvoir, l'Alliance pour la République (APR), s'est fermement opposé à cette publication, qualifiant l'ouvrage de "pamphlet irrédentiste". Dans un communiqué virulent, l'APR accuse le livre de défendre "des thèses dangereusement révisionnistes qui n'ont d'autre objectif que d'exacerber les tensions déjà existantes dans la région de la Casamance".
Face à cette polémique, les éditions Karthala ont tenu à réaffirmer leur position dans un communiqué officiel ce mercredi 23 octobre. La maison d'édition "regrette profondément l'instrumentalisation politique d'un ouvrage scientifique par des personnes qui n'ont, manifestement, pas pris connaissance de son contenu". Elle souligne que le livre, loin de défendre des thèses séparatistes, vise à « restituer les origines historiques complexes » de la situation casamançaise.
L'éditeur rappelle son engagement historique dans "la diffusion des savoirs, notamment sur l'Afrique" et insiste sur le caractère strictement académique de l'ouvrage. Karthala précise que la publication, prévue depuis plusieurs mois, "est totalement indépendante de la situation politique actuelle au Sénégal" et invite chacun à lire l'ouvrage "afin de se forger une opinion éclairée sur le sujet".
MAKHTAR M'BOW PAR CELLE QUI L'A AIMÉ
Des cours aux lycéens de Rosso aux rencontres avec les grands de ce monde, leur parcours défie l'ordinaire. Une histoire d'amour et d'engagement racontée par celle qui fut de tous les combats aux côtés de Makhtar : son épouse Raymonde Fadhila Mbow
Le texte suivant est de Madame Raymonde Fadhila Mbow, épouse d'Amadou Makhtar Mbow, extrait du livre "Amadou Mahtar Mbow, Une Légende à Raconter – Entretiens avec un Éclaireur du Siècle", publié aux Éditions Karan en 2021 par Mahamadou Lamine Sagna.
Puisque la parole, lorsqu’elle est bonne en remontant vers la bouche, se charge d’humeur allègre et engendre d’autres paroles qui créent la vie ou la fortifient, je ne me priverai pas en ces entretiens, de raconter. Mahtar avec les mots miens…
C’est à Paris, en novembre 1950 que nous nous sommes rencontrés dans un amphithéâtre de la Sorbonne pendant un cours d’histoire du Professeur Marou. Cet endroit vétuste et austère manquait totalement de charme. Mahtar était au premier rang, juste en face du professeur et moi plus haut vers le septième rang… Tout le monde le sait, pendant certains cours, en l’occurrence ceux qui nous passionnent, les regards, survolent la salle, volent les visages, les mots des uns et des autres. Mon attention était attirée par un étudiant noir, qui me paraissait plus attentif et plus réactif que les autres. Etait-ce parce que nous étions les deux seuls noirs de l’auditoire, était-ce parce qu’il m’avait l’air d’en savoir un bout, toujours est-il qu’à la sortie du cours nous avons échangé quelques mots. Sans doute anodins, au début, généralement le « d’où viens-tu ? » « Où habites-tu ?” Ainsi commença une belle et longue histoire dont vous suivez encore le déroulement.
Mahtar dégageait une sorte d’aura que j’ai attribuée au début à sa soif d’apprendre et à sa passion pour l’histoire, dont il avait décidé de faire sa profession. Mais plus tard j’ai compris que cette aura lui provenait de son enfance choyée, heureuse et studieuse, entre un père aimant et fier et une tante, - ainsi désigne-t-on les épouses d’un père polygame - qui, n’ayant pas eu d’enfant, lui a consacré toute son affection, et plus encore après la perte prématurée de sa mère. Fara, son père lui a donné le goût du travail bien fait, de l’exigence envers soi-même, du courage devant l’adversité, la connaissance des vertus des plantes et les soins des animaux domestiques.
Son père, sa mère et sa tante lui ont inculqué les valeurs familiales qui feront de l’enfant un honnête homme respectueux de tous les membres de sa communauté. Tous trois lui ont montré l’exemple de bons croyants. En retour, Ndiaga (surnom de Mahtar) a toujours voué un culte à sa tante et parle d’elle avec tendresse et gratitude.
Mahtar cultivait tout aussi le goût de l’élégance pendant nos années de fac. Il était superbe dans une veste en velours beige, très bien coupée avec un foulard assorti. A la fois serein et enjoué avec des convictions politiques et sociales très documentées parce qu’il lisait beaucoup. Il était très à l’aise dans les milieux intellectuels comme dans les milieux populaires et savait se faire des amis, mais hélas aussi des ennemis que ses indéniables qualités et ses idées dérangeaient. Je me suis vite rendue compte qu’il était responsable et mature, et il me semblait si différent des autres garçons, du genre fils à papa, que je fréquentais...
….. Ne me rappelez pas mes doutes lorsque je devais aller vivre avec lui en Afrique. Eh oui, j’ai eu des doutes, des interrogations et même des craintes, mais dans ma famille nous avons tous été bercés par des chansons et des contes qui nous rappelaient nos origines africaines. On se glorifiait de l’histoire de l’oncle Benito, capitaine de vaisseau, qui avait fait un voyage en Ethiopie, seul pays indépendant d’Afrique à l’époque et qui ambitionnait de développer les relations avec Haïti, seule république noire indépendante dans le monde. Il avait aussi écrit un livre sur les colonies d’exploitation en Afrique dans lequel il décrivait l’histoire d’un village au Sénégal. On parlait aussi de son air triste parce qu’il avait laissé un secret d’alcôve à Addis Abeba.
…Parlant d’Afrique, nous avons vécu en Mauritanie, au Maroc et au Sénégal. Nous sommes d’abord allés en Mauritanie. Après notre mariage en 1951, à la fin de nos études à la Sorbonne, nous avons donc été affectés au Collège de Rosso puisque l’autorité coloniale avait décrété que Mahtar, mon futur mari, indépendantiste convaincu, n’étant « corruptible ni par l’argent, ni par les femmes », était indésirable au Sénégal.
Ce séjour d’environ 3 ans a été marqué par de belles rencontres avec nos collègues, nous étions les deux seuls professeurs noirs avec nos élèves adolescents, turbulents parfois, mais qui nous faisaient confiance et nous admiraient.
…Le Sénégal était le pays d’ancrage donc celui où nous revenions le plus souvent. L’un des moments que je tiens jalousement conservé dans ma mémoire c’est l’accueil du père de Mahtar à Louga lors de ma première visite. Dès que je suis descendue de la voiture il m’a ouvert les bras en disant ‘“ma fille, ma fille” avec une tendresse inexprimable. Je n’oublierai jamais le regard plein de bonté de mon beau-père, impressionnant par sa taille et dans son boubou immaculé. Il montrait qu’il avait accepté le choix de Mahtar et voulait attirer les bénédictions divines sur notre mariage.
Au Maroc nous avons bénéficié de l’amitié de Sa Majesté le Roi Hassan II et de la famille royale. Le peuple marocain a toujours estimé Mahtar et soutenu son combat. J’ai eu l’honneur et l’immense responsabilité d’accueillir la fille du roi qui a suivi un stage à l’Unesco après son bac. …Nous y avons côtoyé des sommités internationales, telles que Neil Armstrong, l’homme de la lune, Kissinger, Monseigneur Gantin, les présidents Senghor et Ahidjo, Maurice Druon, etc. Les sessions étaient des moments intellectuels enchanteurs mais aussi un régal gastronomique.
Ah oui, l’on pourrait se demander comment pouvions-nous conserver une vie familiale tout en répondant à toutes ces obligations. En effet, dès l’annonce de la nomination de Mahtar au poste de Sous-Directeur Général pour l’Education à l’UNESCO en 1970, je me suis mise à réfléchir à ce que serait désormais notre vie familiale à Paris. Nous avons élaboré un agenda où une place de choix était réservée aux enfants. Ils étaient de jeunes lycéens, avec des problèmes d’acceptation de ce nouvel environnement. Nous tenions à ce qu’ils prennent en compte la chance qu’ils avaient de vivre dans un milieu culturel aussi varié, stimulant et privilégié, mais qu’ils sachent aussi que cela impliquait aussi pour eux des efforts d’adaptation. Nous étions toujours présents tous les deux, ou l’un ou l’autre aux repas du soir. C’était l’occasion de les écouter parler du lycée, des rapports qu’ils avaient avec leurs professeurs et des amis qu’ils se faisaient. Leur travail et leurs résultats scolaires étaient scrupuleusement suivis. Nous nous efforcions de répondre à leurs interrogations ; nous parlions très librement des problèmes du monde et de l’actualité de l’UNESCO et dans le souci du ressourcement nous évoquions fréquemment nos pays d’origine, le Sénégal et Haïti. Nous avons partagé les vacances à l’étranger, dans plusieurs pays du monde, et en France où nous vivions, avons visité ensemble des musées, théâtres, sites historiques, géographiques et assisté à des soirées culturelles de qualité à l’UNESCO. Ils ont grandi, sont entrés à l’université ; j’ai pu accompagner mon mari plus souvent en voyage.
….Lorsque l’on a la chance de parcourir le monde, il faut s’en gaver. Etant géographe, ce sont plutôt les reliefs naturels et les sites hydrographiques qui m’ont marquée. Difficile de choisir entre les Chutes Victoria, impressionnantes, le plus long fleuve du monde, le Nil, ou les montagnes enneigées du Kilimandjaro et du Kenya.
Le Nil, le grand fleuve nourricier, berceau de la civilisation fondamentale pharaonique, traverse l’Afrique, du sud au nord, des Grands Lacs jusqu’à la Méditerranée. Son régime de crues et son limon conditionnent l’agriculture de nombreux pays. Ses eaux reflètent la plupart des paysages africains, la savane, la forêt équatoriale, le Sahel et le désert ; ses rives abritent d’innombrables villes, bourgades et villages débordantes d’activités, et il devrait être un élément fédérateur pour les communications. Comme j’ai aimé me promener au crépuscule, après la chaleur accablante de la journée sur ses rives sablonneuses et admirer les flamboyants couchers de soleil.
Que de traversées dans les felouques bercées par les voiles agitées par le vent. Que de grandioses travaux accomplis par l’UNESCO pour sauver les monuments en péril. Citons Abou Simbel et la petite île de Philae renflouée au temps où Mahtar était Directeur Général de l’UNESCO. Nous avons assisté à la pittoresque cérémonie d’inauguration de ce site avec Mme Nasser. L’UNESCO peut être fière d’avoir apporté sa pierre dans la longue et belle histoire de la vie de ce fleuve….
Les chutes Victoria, nous les avons admirées au Zimbabwe en compagnie d’un Ministre-poète qui déclamait des vers qu’il avait composés pour ce site. Hélas l’audition se perdait dans le tumulte environnant. Le fracas des eaux bondissantes, la vapeur projetée qui entretient une atmosphère brumeuse et opalescente, l’apparition d’arcs en ciel fantasmagoriques qui déploient leurs voiles irisées rendent ce lieu inoubliable. Le tracé des chutes plutôt linéaire et horizontal coupe le fleuve Zambèze dans toute sa largeur. Le soir au diner, j’ai eu un petit succès lorsqu’un invité présent comparait les différences entre les colonisations anglaises et françaises . Je lui ai répondu: “En somme, vous avez la Corrèze, nous avons le Zambèze”.
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LE GRAND ORAL D'AMADOU BA
"Nous sommes dirigés par un gouvernement qui n'arrive pas à prendre la mesure des enjeux". Face aux critiques du pouvoir, l'ancien Premier ministre brandit son bilan à la tête du ministère des Finances et défie ses accusateurs de prouver leurs allégations
Dans une conférence de presse très attendue ce lundi 21 octobre 2024 à Dakar, l'ancien Premier ministre Amadou Ba a brisé le silence. Le candidat malheureux à la dernière présidentielle, désormais tête de liste de la coalition "Jamm Ak Njarin" pour les législatives anticipées du 17 novembre, a livré un réquisitoire sévère contre le nouveau pouvoir tout en défendant son bilan.
"J'ai choisi librement de garder le silence, mais un silence qui n'est pas du tout de l'indifférence", a déclaré d'emblée Amadou Ba, ajoutant avoir voulu laisser le temps aux nouvelles autorités de s'installer et de présenter leur vision. "Mais aujourd'hui, il est clair que nous sommes dirigés par un gouvernement qui n'arrive pas à prendre la pleine mesure des enjeux", a-t-il affirmé.
Face aux accusations de malversations financières, l'ancien ministre des Finances a contre-attaqué avec fermeté : "Je n'ai jamais falsifié les statistiques budgétaires. Il m'a été reproché des faits prétendument couverts par un rapport d'audit sur la période 2019-2023. Je tiens à rappeler une évidence : de 2019 à 2023, je n'étais plus ministre de l'Économie. Mon passage au ministère des Finances s'est terminé le 6 avril 2019.
Chiffres à l'appui, Amadou Ba a défendu son bilan : "Le produit intérieur brut du Sénégal a enregistré une hausse moyenne de 6% sur la période 2014-2019, contrastant avec la période 1980-2013 où la croissance moyenne était de 3% ". Il a notamment souligné avoir laissé "en trésorerie auprès de la banque centrale près de 270 milliards de francs CFA" lors de sa passation de service.
L'ancien Premier ministre a également réfuté les accusations d'enrichissement personnel : "Je ne possède pas la fortune qu'on me prête. Mon parcours, mon travail acharné et ma compétence m'ont permis de bien gagner ma vie. Cela aurait été le cas pour tout serviteur de l'État qui aurait eu la même trajectoire que moi."
Concernant la Vision 2050 présentée par le nouveau gouvernement, Amadou Ba y voit une continuité du Plan Sénégal Émergent qu'il a contribué à mettre en place : "Je tiens à féliciter le gouvernement sur cette vision 2050 qui n'est rien d'autre que la poursuite du Plan Sénégal Émergent. C'est ça l'État, la continuité de l'État.
En vue des législatives du 17 novembre, l'ancien Premier ministre a appelé à "une majorité à l'Assemblée nationale", estimant qu'"il est essentiel de ne pas permettre au pouvoir actuel de monopoliser tous les leviers de décision."
"Notre véritable bataille aujourd'hui", a-t-il conclu, "c'est celle contre la pauvreté, contre les inondations qui frappent nos villes et villages, contre les accidents de la route, contre l'immigration irrégulière, contre la vie chère, contre le chômage et contre les pertes d'emploi qui appartiennent à notre jeunesse."
Dans un appel à l'unité, Amadou Ba a souligné que "ce n'est pas dans les conflits ni les divisions que notre nation trouvera son salut", invitant le gouvernement à "faire preuve d'humilité" et à "assumer ses responsabilités". ".
PAR Abdoul Aziz Diop
PARLEMENTARISME ARCHAÏQUE
En cas de confusion des pouvoirs du fait de l’hégémonie de Pastef, la Constitution n’aura d’existence que sur le papier. Une majorité absolue pour Sonko garantit à ce dernier une hyperpuissance politique dont il usera sans garde-fous
Depuis le 2 avril 2024, Bassirou D.D. Faye est le président de tous les Sénégalais pour avoir été élu au suffrage universel direct et égal. Incarnant à lui tout seul une institution de la République, le président Faye est au-dessus de la mêlée depuis sa démission (symbolique) de son parti Pastef.
En direction des législatives anticipées du 17 novembre 2024, Ousmane Sonko mit fin à la coalition Diomaye Président au profit exclusif de Pastef, se préparant ainsi à un contrôle politique absolu dont il se servira pour se donner les moyens de faire sa dictée perpétuelle au président comme ce fut le cas plus d’une fois :
- refus du rituel de la DPG malgré l’invite du président à se conformer à la Constitution ;
- limogeage de deux présidents d’organe consultatif (CESE et HCCT) ;
- dissolution de l’Assemblée nationale ;
- communication sur les finances publiques antérieure à la publication des résultats définitifs de l’audit correspondant par la Cour des comptes, juridiction supérieure habilitée ;
- digression téléguidée de la ministre de la Femme et des Solidarités, Maïmouna Dièye, assurant un cadre de Pastef d’une protection en haut lieu dans le dossier rocambolesque de l’électrification de 1600 villages dans les régions de Saint-Louis, Louga, Kaffrine, Tambacounda et Kédougou ;
- lancement médiocrement enthousiasmant pour le président de la stratégie nationale de développement Sénégal 2050 dont le condensé de 20 pages ne refuserait pas le titre de Plan Baobab Émergent (PBE) au terme de six mois de palabres bien gardées sous l’imposant arbre de nos terroirs.
Le dérèglement institutionnel permanent est le symptôme de l’’anti-institutionnalisme pathologique de Sonko dont pâtira inéluctablement le chef de l’État en cas de contrôle de l’Assemblée nationale par le futur parti-État Pastef.
Sonko (50 ans) est l’aîné de six ans plus âgé que Diomaye (44 ans). Si le jeunisme, érigé en véritable doctrine politique d’exaltation de la jeunesse au détriment des paliers vers le sommet de la pyramide des âges, l’emporte logiquement sur d’autres considérations, le plus jeune président du Sénégal depuis 1960 ne devrait rien craindre. Or tout le monde sait que Sonko ne l’entend pas cette oreille, préférant occuper tout le terrain au détriment de son cadet trop bien élevé pour jaser comme son premier ministre.
Pour tout dire, une majorité absolue pour Sonko garantit à ce dernier une hyperpuissance politique dont il usera sans garde-fous à son profit exclusif.
Le recul démocratique que constitue ce scénario devrait être assez alarmant pour les électrices et les électeurs du 17 novembre 2024 pour les inciter à créer, par leur vote, l’équilibre des principales forces en lice dont l’Assemblée nationale, cruellement balafrée par les deux premières années de la XIVe législature, a vraiment besoin pour jouer pleinement son rôle d’impulsion du débat démocratique dans un véritable régime de séparation des pouvoirs. En cas de confusion des pouvoirs du fait de l’hégémonie de Pastef, la Constitution n’aura d’existence que sur le papier, faisant de la XVe législature celle d’un parlementarisme archaïque et fatal pour les tissus politique, économique et social et culturel de la Nation.
Candidat aux législatives anticipées du 17 novembre 2024, Abdoul Aziz Diop est le septième sur la liste nationale de la coalition Mànkoo Liggéeyal Senegaal dirigée par son président, l’ingénieur en génie civil Souleymane Ndiaye.
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LE SÉNÉGAL À L'HEURE DES CHOIX DIFFICILES
Selon l'expert financier Mohamed Dia, les deux premières années du régime de Diomaye seront consacrées à un "nettoyage des écuries d'Augias", laissant peu de marge pour les promesses électorales
"C'est comme gravir l'Everest avec des pinces", a lancé M. Dia, illustrant la difficulté de la tâche qui attend les nouvelles autorités. Selon lui, le pays est pris en étau entre un déficit budgétaire abyssal de 10,4% du PIB et une dette publique écrasante de 76,3%, héritage empoisonné du régime précédent.
L'expert prévient : les deux premières années seront consacrées à un "nettoyage des écuries d'Augias financières", laissant peu de marge pour les promesses électorales. "C'est comme vouloir courir un marathon après s'être cassé les deux jambes", image-t-il.
Dia tempère les espoirs placés dans les ressources naturelles, appelant à la prudence dans les négociations avec les multinationales. "Ne tuons pas la poule aux œufs d'or par gourmandise", prévient-il.
L'industrialisation, présentée comme la panacée, se heurte à la réalité d'un secteur privé national anémique. "C'est comme vouloir construire un gratte-ciel avec des allumettes", ironise l'expert.
Face à ces défis titanesques, Mohamed Dia appelle à la patience et à la transparence. "Le développement est un marathon, pas un sprint", conclut-il, invitant les Sénégalais à se préparer pour un long et difficile chemin vers la prospérité.
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FRANÇOIS MITTERRAND, L'ARCHITECTE OUBLIÉ DE LA FRANÇAFRIQUE
Dès les années 50, le futur président échafaudait déjà les plans d'un empire colonial rénové. Sa stratégie ? Un fédéralisme de façade pour mieux conserver l 'influence française
Dans son dernier ouvrage "L'Afrique d'abord. Quand François Mitterrand voulait sauver l'empire français", le journaliste et historien Thomas Deltombe lève le voile sur une facette méconnue de l'ancien président français. Loin de l'image du décolonisateur qu'il s'est forgé, Mitterrand apparaît comme l'un des principaux artisans du néocolonialisme français en Afrique.
Deltombe révèle comment, dès les années 1950, Mitterrand a orchestré une refonte subtile de l'empire colonial. Sa stratégie ? Abandonner l'assimilation au profit d'un fédéralisme calculé, octroyant une autonomie de façade tout en maintenant une mainmise française.
Le pacte scellé en 1952 avec Félix Houphouët-Boigny, figure clé de l'Afrique francophone, marque la naissance de la "Françafrique". Cette alliance stratégique visait à étouffer les mouvements indépendantistes tout en préservant les intérêts français.
Paradoxalement, Mitterrand s'est farouchement opposé au projet d'Eurafrique, craignant que l'intégration européenne ne dilue l'influence française sur le continent africain. Une posture qui souligne sa vision d'un "pré carré" africain exclusivement français.
L'ouvrage de Deltombe déconstruit également le mythe du Mitterrand décolonisateur. Après son éviction du pouvoir en 1958, l'ancien ministre aurait pu réécrire son rôle, masquant son opposition fondamentale à l'indépendance des colonies africaines.
En fin de compte, "L'Afrique d'abord" invite à reconsidérer l'héritage de Mitterrand et à réexaminer les fondements de la politique africaine de la France. Une lecture essentielle pour comprendre les racines profondes de la Françafrique et ses répercussions actuelles.
LA MORT, ULTIME TABOU DU POUVOIR EN AFRIQUE
À travers l'exemple de Paul Biya et d'autres chefs d'État, François Soudan explore, dans un éditorial percutant, les conséquences dévastatrices du déni face à la mort pour la stabilité des nations
(SenePlus) - Dans un éditorial percutant publié dans Jeune Afrique (JA), François Soudan, patron de la rédaction, aborde un sujet sensible : la nécessité pour les dirigeants africains de longue date d'accepter leur finitude et de préparer leur succession. L'article prend comme point de départ une fausse annonce du décès du président camerounais Paul Biya, âgé de 91 ans, pour explorer les enjeux liés à la santé et à la mortalité des chefs d'État africains.
Soudan rappelle que la dissimulation de l'état de santé des dirigeants n'est pas l'apanage de l'Afrique. Il cite des exemples historiques tels que Georges Pompidou, Léonid Brejnev et Mao Zedong, dont les maladies ont été cachées au public. Cependant, il souligne que cette pratique est particulièrement problématique dans des pays où la stabilité politique dépend largement de la personne au pouvoir.
L'éditorialiste met en lumière le contraste entre cette tradition de déni et l'obligation de transparence qui devrait prévaloir. Il salue les initiatives de certains dirigeants, comme le président béninois Patrice Talon et le roi Mohammed VI du Maroc, qui ont choisi de communiquer ouvertement sur leurs problèmes de santé.
Selon Soudan, la réticence des chefs d'État africains à considérer leur propre mort s'enracine dans des croyances culturelles profondes. Il s'appuie sur les travaux de l'anthropologue Louis-Vincent Thomas pour expliquer que, paradoxalement, bien que les Africains soient généralement mieux préparés à affronter la mort que les Occidentaux, leurs dirigeants semblent particulièrement angoissés par cette perspective.
L'article explore la notion de "bonne" et de "mauvaise" mort dans l'idéologie funéraire africaine. Une bonne mort implique de mourir sur ses terres, après avoir mis ses affaires en ordre et préparé sa succession. En revanche, mourir loin de chez soi, dans un hôpital étranger, est considéré comme une mauvaise mort, porteuse de stigmates néfastes pour la collectivité.
François Soudan insiste sur l'importance d'une "mort maîtrisée" pour les dirigeants africains. Il soutient qu'une transition du pouvoir bien préparé est essentielle pour maintenir la paix civile et éviter le chaos. L'éditorialiste met en garde contre les conséquences désastreuses d'un refus de planifier sa succession, et compare cette attitude à un "lent naufrage" qui entraînera inévitablement les proches et les affidés du dirigeant.
L'article se termine sur une note solennelle, évoquant l'incertitude et l'angoisse ressenties par les Camerounais lors de la fausse annonce du décès de Paul Biya. Soudan conclut en appelant les chefs d'État à faire preuve de responsabilité en préparant leur succession de leur vivant, affirmant qu'un "chef digne du rang ne saurait entraîner les siens" dans l'inconnu de sa mort.
À travers cet éditorial, François Soudan lance un appel pressant à la lucidité et à la responsabilité des dirigeants africains de longue date. Il les exhorte à briser le tabou de leur propre mortalité pour assurer une transition pacifique et ordonnée du pouvoir, dans l'intérêt de leurs nations et de leur héritage politique.
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FATOU DIOME, UNE VOIX POUR LA FRATERNITÉ UNIVERSELLE
Face au discours de l'extrême droite en France, l'écrivaine reste inflexible. "Les vrais Français, c'est nous", affirme-t-elle, rappelant que la citoyenneté ne se mesure pas à l'origine mais à l'adhésion aux valeurs républicaines
Dans un à TV5Monde, Fatou Diome, écrivaine franco-sénégalaise, partage sa vision d'un monde où la fraternité transcende les frontières et les origines. Récemment accueillie à l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, Diome a retracé son parcours depuis les rives du Sénégal jusqu'aux salons littéraires européens.
"Je suis une intersection", déclare-t-elle, soulignant l'importance du trait d'union dans son identité franco-sénégalaise. Elle puise sa force dans ses racines, évoquant avec émotion ses grands-parents qui l'ont élevé.
S'adressant à la jeunesse africaine, Diome lance un appel vibrant : "Instruisez-vous et donnez-vous le droit à vos rêves." Elle insiste sur l'importance de l'éducation comme outil d'émancipation et de progrès.
Face au discours de l'extrême droite en France, Diôme reste inflexible. "Les vrais Français, c'est nous", affirme-t-elle, rappelant que la citoyenneté ne se mesure pas à l'origine mais à l'adhésion aux valeurs républicaines.
"Nous allons nous aimer tous malgré eux et contre eux", déclare Diome, opposant à la rhétorique de la division un message d'unité et d'amour. Elle invite chacun à contribuer à une histoire commune, riche de diversité.
Fatou Diome conclut en réaffirmant son engagement : "Je suis encore dans un esprit d'étudiant. Le savoir n'est jamais acquis, il faut toujours continuer à le compléter."
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AU CAMEROUN, UNE SUCCESSION À HAUTS RISQUES
Entre un président vieillissant et des institutions fragiles, le pays d'Afrique centrale semble mal préparé à affronter l'avenir. Une situation explosive qui pourrait avoir des répercussions bien au-delà de ses frontières
Le journaliste Théophile Kouamouo, rédacteur en chef de Média TV, a récemment partagé son analyse de la situation politique au Cameroun lors d'une intervention sur TV5 Monde. Selon lui, le pays traverse une période de tensions et d'incertitudes sans précédent.
Kouamouo décrit un pouvoir camerounais en proie à des luttes internes. Il évoque une « guerre des communiqués » entre les proches du président Paul Biya, chacun cherchant à affirmer sa position dans un contexte politique de plus en plus nerveux.
Le journaliste s'est également penché sur les récents déplacements non officiels du président Biya en Suisse, accompagné de hauts responsables de l'État. Ces mouvements, entourés de secret, alimentent selon lui les spéculations sur la santé du chef de l'État âgé de plus de 90 ans.
L'analyse de Kouamouo met en lumière le rôle prépondérant de Chantal Biya, l'épouse du président. Il souligne son influence significative dans les cercles du pouvoir, due à sa proximité unique avec le chef de l'État.
Le journaliste alerte sur l'impréparation du Cameroun face à une éventuelle transition de pouvoir. Il évoque les défis sécuritaires auxquels le pays est confronté, notamment avec Boko Haram au nord et les tensions dans les régions anglophones.
Enfin, Kouamouo souligne l'implication de puissances étrangères comme la France, les États-Unis, la Chine et Israël, ajoutant une dimension géopolitique à la situation déjà complexe du Cameroun. Selon son analyse sur TV5 Monde, le pays se trouve à un moment charnière de son histoire, oscillant entre stabilité précaire et risque de chaos.