SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
2 décembre 2024
Economie
TRANSFORMER LE POIDS DEMOGRAPHIQUE EN OPPORTUNITES D’EMPLOIS ET DE RICHESSES
Interrogeant le dividende démographique du 5e Recensement général de la population et de l’habitat(RGPH-5), ses agrégats, les défis et opportunités, Thierno THIOUNE préconise la transformation du poids démographique en opportunités de création d’emplois..
Interrogeant le dividende démographique du 5e Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH-5), ses agrégats, les défis et opportunités, le Maître de Conférences titulaire à la Faculté des Sciences économiques et de gestion (FASEG) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, Thierno Thioune, préconise la transformation du poids démographique en opportunités de création d’emplois et de devises. Cela passe par une stratégie globale et coordonnée qui implique toutes les parties prenantes du développement économique et social du Sénégal.
L es résultats du 5e Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH-5), mené par l’Agence nationale de statistique et de démographie (ANSD), renseignent surla composition démographique et socio-économique du Sénégal. L’économiste et enseignant-chercheur Thierno Thioune, Maître de Conférences titulaire à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, analysant les données, dira que celles-ci montrent une «population de 18 126 390 habitants, avec un fossé urbain-rural important, un taux de fécondité élevé et un renflement des jeunes». Ledit recensement révèle également des «disparités dans l’éducation, l’emploi et les conditions de vie entre les hommes et les femmes, ainsi qu’entre les zones urbaines et rurales». Sur les implications de ces résultats pour les politiques et le développement du Sénégal, il met en exergue la nécessité «d’interventions ciblées» pour relever les défis et «capitaliser sur les opportunités» présentées par la dynamique démographique du Sénégal. Le professeur Thioune, par ailleurs Directeur du Centre de recherches économiques appliquées (CREA), d’affirmer que tout cela n’est pas sans implications pour le développement du Sénégal. Ainsi, si le taux de fécondité élevé et le renflement des jeunes présentent à la fois des opportunités et des défis pour les décideurs, il n’en demeure pas moins que pour tirer parti du dividende démographique, les décideurs politiques doivent investir dans «l’éducation, l’emploi et les soins de santé, en particulier pour les jeunes». S’agissant de la fracture urbaine-rurale, il rappelle la nécessité d’interventions ciblées pour remédier aux disparités en matière d’éducation, d’emploi et de conditions de vie.
UNE STRATEGIE GLOBALE ET COORDONNEE POUR TRANSFORMER LE POIDS DEMOGRAPHIQUE EN OPPORTUNITE
Analysant le dividende démographique, l’ancien Directeur des études du Centre de recherche et de formation pour le développement économique et social (CREFDES) met en exergue la «prédominance de la jeunesse ; la forte fécondité ; l’urbanisation galopante de Dakar, Thiès, Diourbel ; et 47,8% des Sénégalais inactifs». Comment transformer ce poids démographique en opportunité d’emplois et de création de richesse ? L’économiste préconise une stratégie globale et coordonnée qui implique les différents acteurs du développement économique et social du Sénégal. Selon lui, «Ces défis de l’urbanisation, de la jeunesse et de la fécondité nécessitent des politiques publiques ciblées».
INVESTIR DANS L’EDUCATION ET LA FORMATION
Pour ce faire, il est essentiel d’équiper les jeunes Sénégalais des compétences nécessaires pour répondre aux besoins du «marché du travail», préconise le professeur Thioune. Ce qui implique la mise en place de programmes de formation professionnelle, de stages et d’apprentissage, ainsi que l’amélioration de la qualité de l’éducation primaire et secondaire. La situation des personnes inactives, estimées à 47,8% de la population sénégalaise, de meure préoccupante puisque cela signifie que près de la moitié de «la population ne contribue pas à l’économie». Selon les données de l’ANSD, 41% de la population a un enseignement primaire et 12,7% un enseignement secondaire en 2023. Sur cette base, investir dans l’éducation et la formation peut augmenter la «productivité de la main-d’œuvre et réduire le chômage», soutient le Maître de Conférences. Ce qui fera dire à Thierno Thioune qu’augmenter le budget de l’éducation à 20% du budget national, en mettant l’accent sur la formation professionnelle et l’enseignement de l’entrepreneuriat, apparait comme une nécessité. Confortant son argumentaire, il convoque l’UNESCO qui, en 2020, a fait savoir que le budget de l’éducation du Sénégal se situait autour de 15% du budget national ; ce qui est inférieur à la moyenne africaine de 18%. Alors qu’une étude de la Banque mondiale, datant de 2019, montre que chaque année supplémentaire d’éducation peut augmenter les revenus de «10 à 15%».
DEVELOPPER LES INFRASTRUCTURES
Convaincu de de l’impératif de transformer le poids démographique en opportunité de richesses, Thierno Thioune recommande aux nouvelles autorités de mettre le focus sur les routes, les ponts, les écoles, les hôpitaux et les réseaux de télécommunication, pour créer des emplois et stimuler la croissance économique. Car l’écart d’infrastructure du Sénégal est estimé à environ «20% du PIB» ; ce qui signifie que le pays doit investir environ 20% de son PIB dans le développement des infrastructures pour atteindre ses objectifs de croissance, selon la Banque africaine de développement (BAD). Le manque d’infrastructures est une contrainte majeure à la croissance économique, car elle augmente le coût des affaires et réduit la compétitivité.
PROMOUVOIR L’ENTREPRENEURIAT ET L’INNOVATION
S’agissant de l’entrepreneuriat et de l’innovation, le professeur Thioune encourage les jeunes à créer leur propre entreprise et à développer des idées novatrices. Et cela peut bien se faire en mettant en place des incubateurs, des accélérateurs et des fonds de startup. Selon le Global Entrepreneurship Monitor, en 2020, «le Sénégal a un grand esprit d’entreprise, avec environ 30 % de la population engagée dans l’entrepreneuriat», met en exergue l’économiste. Cependant, déplore-t-il, le pays n’a toujours pas «d’écosystème» de soutien pour les entrepreneurs, avec un accès limité au financement, au mentorat et à la formation. Il cite en exemple une étude de la Banque africaine de développement, en 2020, qui a révélé que seulement 10% des entrepreneurs au Sénégal ont accès à un financement formel. De ce point de vue, établir un fonds d’entrepreneuriat de 100 millions de dollars pour soutenir les startups et les petites entreprises, en mettant l’accent sur les femmes et les jeunes entrepreneurs, constitue un mécanisme adéquat.
FAVORISER L’INVESTISSEMENT PRIVE
Il est important de mettre en place des politiques économiques favorables, «une simplification des procédures administratives et une garantie de la sécurité des investissements», préconise l’économiste Thioune. D’après la CNUCED, en 2021, le Sénégal a un niveau relativement élevé d’Investissement étranger direct (IDE), avec environ 1,3 milliard de dollars d’entrées en 2020. Cependant, le pays doit encore améliorer son environnement commercial pour attirer plus d’investissements. Aussi cite-t-il une étude de la Banque mondiale en 2020 qui révèle que le Sénégal se classe au 123e rang sur 190 pays en termes de facilité de faire des affaires. Et une autre étude, datant de 2019, qui renseigne que chaque dollar d’IDE peut générer environ 2 $ en rendements économiques. C’est pourquoi «mettre en œuvre un congé fiscal de 5 ans pour les nouvelles entreprises et établir un guichet unique pour l’enregistrement et l’octroi de licences aux entreprises semble important», soutient-il.
DEVELOPPER LES SECTEURS CLES
Au chapitre des secteurs clés, le Maître de Conférences liste, entre autres, l’agriculture, la pêche, le tourisme et les services, pour créer des emplois et stimuler la croissance économique. L’agriculture est un secteur clé au Sénégal, représentant environ 15 % du PIB et employant environ 60 % de la main-d’œuvre en 2020, selon la FAO. Également, le secteur du tourisme connaît une croissance rapide, avec environ 1,5 million de touristes visitant le Sénégal en 2020, selon le ministère du Tourisme. Cependant, les deux secteurs sont confrontés à des défis, notamment un accès limité au financement, des infrastructures inadéquates et le changement climatique. En conséquence, investir 500 millions de dollars dans le secteur agricole au cours des 5 prochaines années, en mettant l’accent sur l’irrigation, la mécanisation et la valeur ajoutée parait une mesure de politique publique appropriée, si l’on sait, d’après une étude de la Banque africaine de développement en 2020, que le changement climatique pourrait réduire la production agricole du Sénégal jusqu’à «20% d’ici 2050», oriente le directeur Crea. Alors, dira-til : «Il est crucial d’accélérer l’investissement dans l’agriculture qui pourrait augmenter le PIB d’environ 2 à 3 % et réduire la pauvreté d’environ 10 à 15 %.» (BAD, 2020)
METTRE EN PLACE DES POLITIQUES DE POPULATION
Selon le professeur Thioune, pour gérer la croissance démographique et réduire la pression sur les ressources naturelles et les services publics, il importe de mettre en place des politiques de population. À l’en croire, la population du Sénégal augmente rapidement, avec un taux de croissance annuel moyen de 2,5 %. (ANSD, 2023). Le pays doit mettre en œuvre des politiques visant à gérer la croissance démographique et à réduire la pression sur les ressources. De ce fait, mettre en œuvre une politique nationale de population axée sur la planification familiale, l’éducation et l’autonomisation des femmes et des filles s’avère nécessaire.
AMELIORER LA GOUVERNANCE ET LA GESTION DES RESSOURCES
En réalité, le Sénégal a fait des « progrès dans l’amélioration de la gouvernance et de la transparence, avec un score de 59 sur 100 sur l’indice de perception de la corruption de Transparency International en 2020 », reconnait le professeur Thioune. Cependant, dira-t-il, « le pays est toujours confronté à des défis en termes de corruption, de népotisme et de mauvaise gestion des ressources». Dès lors, il est primordial «d’établir un renforcement des structures indépendantes de lutte contre la corruption et de mettre en œuvre un processus de budgétisation transparent et responsable», oriente-t-il.
BAISSE DE L'ACTIVITÉ DU SECTEUR PRIMAIRE, REPLI DU TERTIAIRE
La Direction des prévisions et des Études Économiques (DPEE) a sorti son point mensuel de conjoncture du mois de mai 2024. Selon le rapport, en mai 2024, l'emploi salarié du secteur moderne s'est accru de 2,0%.
iGFM - (Dakar) La Direction des prévisions et des Études Économiques (DPEE) a sorti son point mensuel de conjoncture du mois de mai 2024. Selon le rapport, en mai 2024, l'emploi salarié du secteur moderne s'est accru de 2,0%, tandis que les embauches ont diminué de 2,6% au mois de Mai 2024.
En effet, le rapport mensuel renseigne qu' "en Afrique subsaharienne, l’activité devrait croître de 3,5% en 2024, soit un recul de 0,3 pp par rapport aux projections de janvier dernier. Au sein de la zone, la croissance est désormais attendue à 1,2% en Afrique du sud et 2,9% en Angola contre, respectivement, 1,3% et 2,8%. S’agissant du Nigéria, les prévisions de croissance restent maintenues à 3,0%.
À fin mai 2024, l’emploi salarié du secteur moderne s’est accru de 2,0%, en variation mensuelle, sous l’impulsion des effectifs dans les secteurs secondaire (+3,0%) et tertiaire (+0,7%). En détail, des gains nets d’emploi sont enregistrés dans les industries (+2,6%), les BTP (+5,7%), les services (+0,6%) et le commerce (+1,2%), sur la période.
Sur une base annuelle, le secteur moderne a enregistré une augmentation de 2,1% de ses effectifs, au mois de mai 2024, à la faveur de la bonne tenue de l’emploi dans les industries (+3,3%), le commerce (+7,5%) et les services (+0,4%), dans une moindre mesure. Toutefois, les embauches ont diminué
dans les BTP (-2,6%).
Le secteur secondaire serait en hausse, grâce aux taxes sur les biens et services. L’activité économique interne (hors agriculture et sylviculture) s’est accrue de 2,0%, en rythme mensuel, en mai 2024, grâce à la bonne tenue du secteur secondaire (+14,6%) et des taxes sur biens et services (+20,8%). Pour leur part, les secteurs primaire et tertiaire se sont repliés, respectivement, de 0,6% et 8,7%, sur la période sous revue. Sur un an, l’activité économique s’est consolidée de 1,6% au mois de mai 2024, à la faveur du primaire (+5,4%), du tertiaire (+4,9%) et des recouvrements de taxes sur biens et services (+5,0%). Toutefois, le secteur secondaire a reculé de 5,5% sur la période.
Une légère baisse a été constatée dans le secteur primaire, notamment la pêche. D'après le rapport exploité par Dakaractu, le secteur primaire (hors agriculture et sylviculture) s’est légèrement contracté de 0,6%, en variation mensuelle, au mois de mai 2024. Ce recul est essentiellement imputable au sous-secteur de l’élevage (-3,3%). Pour sa part, le sous-secteur de la pêche s’est conforté de 11,2%, sur la période. Sur un an, le primaire s’est consolidé de 5,4%, en mai 2024, en liaison avec l’élevage (+9,0%). Toutefois, la pêche s’est contractée de 6,2%, sur la période sous-revue.
Quant au secteur secondaire, au mois de mai 2024, l’activité du secondaire a crû de 14,6%, en variation mensuelle. Cette performance est due, principalement, à la « production de la filature, du tissage et de l'ennoblissement textile » (> 100%), la construction (+26,1%), la production de l'égrenage du coton (+95,9%), la « fabrication de ciment et d'autres matériaux de construction » (+27,9%) et les activités extractives (+15,2%).
Toutefois, elle a été atténuée par la contraction de la fabrication de produits agro-alimentaires (-2,6%) et du « raffinage du pétrole et cokéfaction » (-25,5%). Sur une base annuelle, l’activité du secondaire s’est contractée de 5,5%, en liaison avec les baisses relevées, notamment, dans la fabrication de produits agro-alimentaires (-7,6%), la production de l'égrenage du coton (-60,2%), les activités extractives (- 17,9%) et le « raffinage du pétrole et cokéfaction » (-48,1%). Par ailleurs, la « production de la filature, du tissage et de l'ennoblissement textile » (+39,3%), la fabrication de matériels de transport (+90,0%), la construction (+5,6%), la « production et distribution d'électricité et de gaz » (+12,8%) et la « fabrication de ciment et d’autres matériaux de construction » (+6,9%) se sont bien comportées sur la période
En mai 2024, l’activité du secteur tertiaire s’est repliée de 8,7% comparativement au mois précédent. Cette évolution est imputable aux contre performances des « activités spécialisées, scientifiques et techniques » (-43,1%), des services immobiliers (-63,8%), du transport (-5,3%), des « services de soutien et de bureau » (-5,8%) et l’information et la communication (-1,9%). Il est toutefois observé la bonne tenue du commerce (+2,7%), de l’hébergement et de la restauration (+23,1%), des « activités artistiques, culturelles, sportives et récréatives » (+29,3%) et des « activités financières et d’assurance » (+1,3%).
Sur un an, l’activité du secteur tertiaire s’est renforcée de 4,9% au mois de mai 2024, à la faveur du transport (+6,7%), de l’hébergement et de la restauration (+13,5%), des « activités financières et d’assurance » (+5,3%), des services immobiliers (+3,7%), des « activités spécialisées, scientifiques et techniques » (+22,0%), de l’administration publique (+7,0%) et des « activités artistiques, culturelles, sportives et récréatives » (+46,8%). L’activité d’information et de communication a toutefois reculé de 11,4% sur la période.
LIMOGEAGE POLÉMIQUE AUX AGROPOLES
Recruté après appel d'offres jusqu'en 2028, El Hadji Djily Mbaye Lô conteste sa révocation sans cas de force majeur. Une décision jugée arbitraire par l'intéressé et qui pourrait contrevenir au Code du travail
La rupture tant prônée par les nouvelles autorités commence à revêtir un caractère abusif ! En effet, El Hadji Djily Mbaye Lô dont le recrutement s’est fait par appel à candidatures et qui a un contrat qui court jusqu’en 2028, s’est vu remplacé par un simple décret par Aïssatou Diallo, pour coordonner le Programme national de développement des agropoles du Sénégal.
C’est une pratique belliqueuse à la limite du raisonnable. En effet, le coordonnateur du Programme national de développement des agropoles du Sénégal, El Hadji Djily Mbaye Lô, a été remplacé par décret lors du Conseil des ministres du 5 juin 2024. C’est Aïssatou Diallo qui devait prendre sa place, mais cela ne s’est pas fait. En effet, recruté par le biais d’un appel à candidatures, El Hadji Djily Mbaye Lô a signé un contrat avec l’Etat jusqu’en décembre 2028.
La passation de services ne s’est pas faite. Et c’est Serigne Cheikh Bara Ndiaye, connu pour être un soutien de Sonko, qui a ébruité l’affaire. Ce dernier a affirmé, lors d’une conférence de presse, que El Hadji Djily Mbaye Lô qui «est membre de l’Apr, a refusé de céder son fauteuil sans motif».
Une déclaration qui a fait réagir l’intéressé. «J’ai été recruté sur appel d’offres compétitives en décembre 2020 comme l’ensemble du personnel du projet», a expliqué El Hadji Djily Mbaye Lô, tout en rappelant qu’il a conduit toute la phase de formulation des agropoles, entre 2018 et 2019, en sa qualité de Directeur national des Petites et moyennes industries (Pmi). Il a fait «deux ans d’essai (2021, 2022), sanctionnés par une évaluation positive, avant de bénéficier d’un contrat jusqu’en décembre 2028».
Le 7 juin, soit deux jours après la publication du communiqué du Conseil des ministres où son remplacement est acté, El Hadji Djily Mbaye Lô fait un recours administratif auprès du président de la République, avec ampliation au Premier ministre, pour lui expliquer que, conformément aux orientations du «Projet», il a été recruté par voie compétitive. Une semaine après, il a été reçu en audience par le ministre de l’Industrie et du commerce. Qui «m’a proposé un poste de Conseiller technique : offre que j’ai déclinée respectueusement en lui précisant que j’avais un contrat en cours pour le poste de Coordonnateur national jusqu’en décembre 2028». Le 9 juillet, il reçoit un courrier du ministre l’Industrie et du commerce daté du 1er juillet, qui annonce «la résiliation de mon contrat pour cas de force majeure, sans préciser l’événement constitutif du cas de force majeure».
«Le 11 juillet, j’ai également saisi Monsieur le président de la République d’un nouveau recours, avec toujours ampliation au Premier ministre, pour l’informer de la résiliation de mon contrat», a dit El Hadji Djily Mbaye Lô, tout en précisant avoir répondu, le même jour, à la lettre du ministre de l’Industrie et du commerce, qui lui demande de se rapprocher de ses services pour le paiement des indemnités, consécutif à la résiliation du contrat.
«Le 15 juillet, à 15h 56, l’Inspecteur administratif et financier envoie à mon assistante son ordre de mission de passation de services sur lequel il n’était indiqué ni la date ni l’heure de passation de services. Le 18 juillet, à 10 heures, je reçois un appel de mon assistante m’informant que des gens se sont annoncés auprès du vigile pour une passation de services. Séance tenante, j’ai appelé un huissier pour constater les faits», a détaillé M. Lô.
Faut-il préciser que l’article L.56 du Code du travail sénégalais traite de la sanction, en cas de rupture abusive du contrat de travail. Selon cet article, toute rupture abusive du contrat peut donner lieu à des dommages et intérêts. La juridiction compétente constate l’abus par une enquête sur les causes et les circonstances de la rupture du contrat.
Or, Serigne Guèye Diop parle de « cas de force majeure ». Comment le prouver ? Va-t-il invoquer l’alternance politique pour expliquer le besoin de rompre le contrat avec El Hadji Djily Mbaye Lô ? La suite du traitement de ce dossier édifiera l’opinion.
LUMIERE RURALE
Ndèye Anna Ndiaye, 41 ans, directrice d’Africa GreenTec Sénégal, opératrice d’énergie solaire, a la tête tournée exclusivement sur le développement rural à travers son électrification. Une solution pour son épanouissement économique et social.
Ndèye Anna Ndiaye, 41 ans, directrice d’Africa GreenTec Sénégal, opératrice d’énergie solaire, a la tête tournée exclusivement sur le développement rural à travers son électrification. Une solution pour son épanouissement économique et social.
Elle s’appelle Ndèye Anna Ndiaye… Dans le monde de l’énergie, son nom a un écho singulier. Dans un secteur aussi «testostéroné», la présence d’une dame à la tête d’une société qui opère dans le secteur solaire est une formidable histoire. Elle est à la fois belle et unique. C’est un récit d’un engagement personnel en faveur de l’épanouissement des populations du monde rural.
A 41 ans, Ndèye Anna Ndiaye dirige Africa GreenTec Sénégal. Sous sa direction, elle a construit son premier pilote à Ndiob, avec un cluster de trois villages situés dans la région de Fatick. C’est une unité de production mobile containerisée, qui a permis à ce village d’être éclairé et aussi aux populations d’avoir des revenus supplémentaires grâce à cette énergie verte. C’est l’Impact site. «Grâce à ce projet, nous avons introduit sur le marché des services visant à renforcer l’autonomie des populations des zones rurales. La prochaine étape pour nous : la réalisation de plus de projets d’énergie solaire dans les prochaines années afin d’autonomiser des milliers de personnes et de lutter contre le changement climatique», dit Mme Ndèye Ndiaye.
On peut la croire. Elle revient d’un voyage à Médina Yoro Foulah, localité nichée dans la région de Kédougou. Comme à Ndiob, ce projet d’électrification rurale touche 52 villages du pays éparpillés dans plusieurs régions. «Africa GreenTec donne aux gens les moyens d’être plus autonomes et de se développer grâce à des solutions énergétiques durables. Grâce à l’Impact site, l’entreprise sociale allemande fournit de l’énergie propre et des services importants à des endroits où la population n’a pas accès à l’électricité», poursuit-elle. Ces unités de production offrent des avantages économiques et sociaux aux populations locales. «On va booster le fort potentiel de ces zones et les activités économiques de ces populations. A Ndiob, on a installé une pompe solaire pour faire du maraîchage. L’impact est énorme : ce qui leur permet d’avoir une source de revenus», assure Ndèye Anna Ndiaye.
Impact site
Il faut savoir qu’Africa GreenTec Sénégal est une filiale allemande. Elle est présente dans 9 pays en Afrique dont l’Ethiopie, le Niger, Madagascar, le Tchad, le Mali et la Zambie. Le Sénégal est le dernier pays à être connecté à la société. Comment avez-vous fait ? «Il ne voulait pas venir au Sénégal. Il y a eu un contact qui m’a présenté le Ceo, qui n’était pas intéressé pendant trois mois. Il m’a dit un jour : «Comme tu insistes, je serai à Bamako.» J’ai un pris un billet pour me rendre à Bamako pour le convaincre. Il m’a pas posé des questions : «Pourquoi le Sénégal et qu’allez-vous nous apporter.» J’ai déjà commencé à faire ce que vous faites dans mon pays. On va mettre en place une centrale solaire containérisée au niveau du Dac de Séfa pour pilote, même si, plus tard, le projet est tombé à l’eau… Il dit qu’il ne pensait pas qu’une jeune femme irait jusqu’à acheter son billet d’avion pour venir. Je l’ai convaincue», se souvient Mme Ndiaye.
La chance sourit aux audacieux. N’est-ce pas ? «J’ai dit au Ceo que vous allez commencer votre pilote parce que je n’ai pas d’argent. J’ai eu assez d’expériences avec d’autres partenaires. On est partis à Djoliba et dans d’autres villages maliens pour voir comment leur vie a évolué, sans l’électricité et avec l’électricité. On a créé la filiale au Sénégal et j’ai pris ma part de cofondatrice. Je ne suis pas là pour ouvrir des portes», rappelle-t-elle.
Solutions innovantes
C’était en 2019. Elle ouvre les portes mal éclairées par la présence féminine. «A l’Aser, tout le monde m’a accueillie parce que je suis la seule opératrice dans le secteur des énergies renouvelables. Il y en avait une qui s’est retirée», révèle Ndèye Ndiaye. Africa GreenTec signe une convention avec l’Agence sénégalaise d’électrification rurale pour électrifier 52 villages en proposant une «solution innovante». «On leur a proposé 3 pilotes qu’on va étudier ensemble et comparer aux autres. Nous apportons dans la distribution une centrale containérisée mobile de 50 kw qui dessert un rayon de 4 km. Avec des compteurs intelligents sur fonds propres. Nous demandons un accompagnement institutionnel de l’Etat et la validation de nos études», expose-t-elle
Si Ndiob a été le village expérimental, l’idée est de dupliquer cette ingénierie dans tous les sites. «Si les populations ont besoin de regarder la télé, de charger la télé, pour étudier, nous disons que le courant est un moteur de développement économique. Il faut montrer aux populations comment l’utiliser à des fins économiques parce qu’elles ont un fort potentiel qui doit être boosté. Elles ont besoin d’être formées», poursuit Anna Ndiaye. Il y a des solutions connexes qui apportent des revenus aux habitants.
«Nous regardons la principale activité des populations pour leur apporter des solutions connexes. A Ndiob, on a constaté qu’il y avait du maraîchage. Nous avons mis en place des chambres froides containérisés pour qu’elles puissent stocker leurs productions, vendre de l’eau fraiche. C’est un business-modèle, avec une coopérative de femmes qui le gère, que nous voulons mettre en place partout», explique-t-elle.
Africa GreenTec pense à ces emplois verts. Elle a érigé une pompe de potabilisation et de dessalement de l’eau, installé 100 pompes solaires financées après un cofronding de 7000 euros pour remplacer celles qui fonctionnaient au diesel. «Surtout avec des facilitations d’accès sur 3 ans. L’énergie solaire est assez coûteuse. Une façon de contribuer à la protection de l’environnement avec la création des emplois verts tout en facilitant l’accès de l’eau. Nous permettons une autonomisation avec des produits viables. Nous demandons à l’Etat une licence d’opératrice pour dupliquer ce modèle dans les autres 52 villages. Nous sommes dans deux villages de Kaffrine», annonce Mme Ndiaye.
Aujourd’hui, le mix devient une politique énergétique. Mais, il y a des contraintes qui pèsent sur le secteur à la veille de l’exploitation des ressources fossiles. «Il faut sensibiliser parce que tout le monde n’est pas conscient de l’impact des changements climatiques. Les agriculteurs peuvent vous dire ce qui a changé. Nous faisons notre part, mais ce n’est pas suffisant. On a le soleil et tout le monde peut en profiter. On peut aller au-delà des 30%. J’ai espoir qu’avec le nouveau pouvoir, on va accélérer cela», espère-t-elle. Elle se projette sur des projets mix dans certaines structures. «Au niveau du Lycée Jacques Prévert de Saly, ils sont à 80%. Il y a un pilote pour un 100%, une usine de fabrication de briques à Sindia. Pour les Pme-Pmi, il y a vraiment à faire. C’est un lourd investissement», assuret-elle. Tout en annonçant éventuellement une usine d’assemblage de produits solaires. «Vous voyez, je suis focus sur le monde rural, mais je ne serai pas contre de développer un projet pour le monde urbain», relativise Mme Ndiaye.
Ndèye Anna Ndiaye naît à Khombole en 1983. Fille d’un papa énarque, elle est trimballée un peu partout au Sénégal au gré des affectations du pater. Enfant, elle a parcouru plus de 100 villages du Sénégal en raison du travail de ses parents. Elle fait son cycle scolaire entre Richard-Toll, Ziguinchor, Dagana et Khombole.
C’est à Khombole qu’elle obtint son Bac en 2002. «J’ai donc beaucoup appris sur la façon de vivre dans les zones rurales du pays», dit-elle. Après un an au Département espagnol de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), elle s’est inscrite à l’Iam où elle obtint un Master 2 en Business administration, option Financebanque, après une Licence professionnelle en Business administration (Bba). «Et je me suis engagée à rester au Sénégal, étudier et réussir au Sénégal», dit-elle. Après un stage dans une société immobilière, la chance lui a souri. «J’ai commencé à travailler après ma deuxième année. J’étais stagiaire aux Almadies. Le fondateur devait partir et il n’y a que la stagiaire. Il m’a dit: «Est-ce que tu peux gérer ça ?» Alors qu’on avait un chantier de deux milliards. J’ai dit bien sûr. J’ai pris le risque. J’étais seule. Je devais gérer un chantier de haut standing de 2 milliards F. J’ai fait sortir tous les documents des tiroirs pour faire le travail avec les architectes et les ouvriers. Après un mois, il est revenu avec son équipe. Il a dit : «J’y crois pas !»», se souvient-elle.
Depuis 2006, elle tente d’entreprendre. C’est une touche-àtout. «J’ai été dans l’immobilier. J’ai vendu de la friperie. J’ai connu des échecs et j’en ai appris beaucoup. J’ai appris avec l’expérience», retrace-telle. Bien sûr, il y a une parenthèse de 9 ans à la Caisse de sécurité sociale dont le Pca était Racine Sy. «Après cette expérience, j’ai dit que je ne vais plus travailler pour personne», jure-t-elle.
Le projet écrit en 2016 «Lumière pour l’émergence dans ma commune» était toujours dans la tête.
Elle voyage en Allemagne, Autriche, en Slovénie pour faire aboutir l’idée. «Le protocole, c’était un kiosque solaire créé avec un partenaire que je représentais au Sénégal. J’ai été approchée par des investisseurs autrichiens qui voulaient investir au Sénégal», se rappelle Ndèye Anna. Elle garde encore la même direction : «Apporter une plus-value à la communauté. Je dis chaque fois à mes partenaires que nous avons déjà l’apport : nos sources qui sont brutes et ont besoin d’être exploitées pour devenir des produits finis. Je dis que j’ai l’apport : pays stable, nos ressources naturelles et notre position géographique stratégique.» Evidemment, la force du Sénégal.
Par Madiambal DIAGNE
L’AMATEURISME À TOUS LES ÉTAGES DE LA MAISON SONKO-DIOMAYE
Aucun sérieux effort d’investigation n’a été effectué avant certaines nominations ; à moins que l’engagement politique, la proximité sociale ou les liens de sang aient primé sur tout autre critère
Mon Dieu, c’est comme une malédiction. Ils font tout de travers. Le Conseil des ministres du 17 juillet 2024 a procédé à la nomination de plus de 80 personnes à des postes importants dans l’appareil d’Etat. Cette cohorte surchargée ou pléthorique en une même séance, une première dans l’histoire du Sénégal, (si ce n’est dans un mouvement administratif pour pourvoir les échelons de base de l’administration territoriale), va poser de gros problèmes pour l’installation des personnes ainsi désignées. L’Inspection générale d’Etat (Ige) n’aura pas les effectifs suffisants pour procéder, en sus de ses missions quotidiennes, aux formalités nécessaires pour la prise de fonction, dans des délais rapides, de la plupart des personnes nommées, encore que d’autres nouvelles nominations tombent au jour le jour et certaines exigeront également l’implication de l’Ige. On remarquera déjà que l’Ige ne dispose précisément que des effectifs au nombre total de 33 agents dont les 9 sont en position de détachement ou de disponibilité. Et ce corps de contrôle de l’Etat a été engagé, depuis quelques jours, dans des missions de contrôle et de vérification de plus de 50 structures de l’Etat. Qui va aller procéder à l’installation des nouveaux dirigeants de structures publiques ainsi nommés, d’autant que certaines personnes, nommées, elles aussi, des semaines auparavant, attendent toujours de pouvoir être installées dans leurs fonctions ? Les nominations traduisent donc un remplacement systématique de poste pour poste, alors que la rationalisation des services de l’Etat devait induire, comme c’est le cas avec l’architecture gouvernementale, à des regroupements ou des réorganisations des directions et agences nationales. La logique semble de vouloir éviter de diminuer des postes pour manquer de quoi satisfaire une clientèle politique.
Divers autres problèmes apparaissent à la lecture de la liste des nominations. On y découvre notamment des situations de personnes qui n’ont pas le profil d’emploi. Des personnes qui occupent leur premier emploi sont propulsées à des stations gouvernementales stratégiques où elles n’auraient pu être, dans le cas le plus normal, que des «stagiaires» en phase d’initiation. Il s’y ajoute des cas évidents de népotisme et de conflits d’intérêts. Les médias n’ont sans doute pas tort de tourner la chose en dérision, pour dire que le nouveau régime, qui promettait des appels à candidatures pour pourvoir aux emplois publics essentiels, a fini par faire des «appels au népotisme», ou pour être plus juste, des «appels à la famille». On réalise en fin de compte qu’aucun sérieux effort d’investigation n’a été effectué avant de décider de certaines nominations ; à moins que l’engagement politique, la proximité sociale ou les «liens de sang» aient primé sur tout autre critère de compétences ou de probité ou même de respect des bonnes procédures. Des révélations sortent de partout sur des cas de népotisme familial scandaleux ou des situations d’usurpation de titres ou de qualifications. D’autres nominations tiendraient à des pressions ou autres formes de chantage. Certains militants, qui s’impatientaient de ne pas être invités à la table, avaient commencé à montrer des sautes d’humeur et avaient brandi des menaces publiques de déballage dans les réseaux sociaux. On a pu rire de voir l’immédiateté de certaines nominations, après des sorties virulentes de ces personnes frustrées. Les plus hautes autorités de l’Etat, en l’occurrence le Premier ministre Ousmane Sonko et le président de la République Bassirou Diomaye Faye, semblent vulnérables à ces pressions. Ont-ils eu à crier ne pas céder aux pressions et chantages, mais en fin de compte, on observe que cela a fini par payer. Le parcours tumultueux de leur formation politique a comporté des phases sombres durant lesquelles certains militants et responsables ont été chargés de rôles et de missions inavouables. La piètre sortie de Me Ngane Demba Touré, Directeur général de la société minière Somisen, sur le plateau de Tv5 Monde, le 2 juillet 2024, suffit pour convaincre que le critère de compétence ne semble pas présider à certaines nominations.
Tout cela jure d’avec les professions de foi d’une gouvernance vertueuse et de qualité. On était en droit d’être plus exigeant vis-à-vis des nouvelles autorités. En effet, on a vu comment et avec quelle virulence, elles avaient pourfendu la gestion «clanique», «familiale», «népotique» et «prédatrice» de Macky Sall et même des Abdoulaye Wade et Abdou Diouf. Avec une sincérité touchante et persuasive, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye avaient promis «la rupture», l’avènement d’un homo senegalensis nouveau pour diriger les affaires publiques. Ils sont des arroseurs arrosés. On peut deviner mon petit sourire en coin, car j’avais croisé le fer avec certaines personnes quand elles se faisaient des contempteurs de la nomination par exemple d’un certain Aliou Sall, jeune frère de Macky Sall, comme Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. Les compétences et le pedigree de Aliou Sall ne sauraient souffrir d’un moindre complexe. Mais le cas de la nomination de Aliou Sall avait tant plombé le magistère de Macky Sall et constituait l’arme par laquelle les détracteurs de son régime arrivaient à l’atteindre, que j’avais fini par suggérer publiquement à Aliou Sall de démissionner de ses fonctions. J’avais fait la même suggestion concernant Mansour Faye, ministre et beaufrère du président de la République. La démarche n’était certes pas juste, mais c’était le prix à payer. Alors, on ne saurait tolérer, du nouveau régime, qu’il fasse pire que celui de Macky Sall ou de Abdoulaye Wade. Assurément, ils sont désormais bien mal placés, ceux et celles qui disaient haro au népotisme et qui se trouvent empêtrés dans les travers dont ils affublaient leurs prédécesseurs.
Chacun de leurs faits et gestes constitue une énormité
Les nouvelles autorités gouvernementales devraient apprendre à mesurer la portée de leurs faits et gestes. La ministre des Sports, de la jeunesse et de la culture a snobé la finale de la Coupe du Sénégal de football, le 13 juillet 2024, pour aller à une cérémonie de réception organisée en l’honneur d’un footballeur français, par l’ambassadrice de France à Dakar. Le célèbre Aurélien Tchouameni était en séjour au Sénégal pour y lancer des œuvres caritatives. Le geste de la ministre Khady Diène Gaye a été vivement déploré, d’autant que l’année d’avant, précisément le 28 août 2023, le Premier ministre Amadou Ba avait personnellement remis le trophée de vainqueur de la Coupe du Sénégal à l’équipe du Jaraaf de Dakar. La désinvolture de la ministre sera aussi remarquée, le 20 juillet 2024, car elle ne daigna pas se déplacer pour représenter le gouvernement à la cérémonie de présentation des ouvrages de l’ambassadeur du Cameroun au Sénégal. Elle enverra le même jour un message laconique, indiquant ne pouvoir être présente à cette cérémonie de 15 heures, pour cause d’un voyage en France, prévu dans la soirée. Ainsi, aucun officiel sénégalais n’avait rehaussé de sa présence cette cérémonie dédiée à l’ambassadeur Jean Koe Ntonga, Doyen du corps diplomatique et qui est en poste au Sénégal depuis presque 30 ans. Il s’était trouvé dans le public certaines langues fielleuses pour dire que s’il s’était agi d’un ambassadeur même du Liechtenstein, la ministre s’obligerait à être vue sur la photo. A son corps défendant, le Premier ministre avait envoyé une lettre pour indiquer avoir désigné Mme Khady Diène Gaye pour le représenter à la cérémonie. Comme pour sauver les meubles, l’ancien ambassadeur Paul Badji et le Colonel Momar Guèye, président de l’Association des écrivains du Sénégal, ont rendu de vibrants hommages au diplomate camerounais. Sur le même registre, nos nouvelles élites politiques devraient faire davantage d’efforts pour assurer la représentation. «Je vois, vous vous prenez trop au sérieux pour vous soucier de ce que vous portez et vous mettez, disons cette espèce de pull difforme (…)», réplique dans le film culte Le Diable s’habille en Prada.
En outre, on ne dira jamais assez que ce qui peut sortir de la bouche d’un opposant est pardonnable, ne saurait toujours l’être si cela sort de celle d’un membre officiel d’un gouvernement. C’est par exemple l’incartade du ministre de l’Environnement, Daouda Ngom, qui n’a rien trouvé de mieux à dire, dans les colonnes du journal Le Quotidien, le 15 avril 2024, que «Macky Sall était plus qu’un roi. Il s’est permis ce que Mouhamed VI ne peut pas se permettre au Maroc». Il est encore heureux que la partie marocaine n’ait pas daigné relever cette déclaration on ne peut diplomatiquement incorrecte. Il a de qui tenir car le Premier ministre Sonko a attaqué publiquement un chef d’Etat étranger, en l’occurrence Emmanuel Macron, à une conférence publique organisée à Dakar, le 16 mai 2024. On se rappelle également le propos de Birame Soulèye Diop, alors président du Groupe parlementaire de Yewwi askan wi, pour accuser, le 4 juillet 2023, le Président Alassane Dramane Ouattara d’avoir fait empoisonner les candidats de son parti qu’il avait désignés pour briguer sa succession. Cette déclaration a beaucoup fâché du côté de la Lagune Ebrié d’Abidjan. Lors de la visite du président Faye à Abidjan le 7 mai 2024, certains officiels ivoiriens avaient tenu à demander des nouvelles de Birame Soulèye Diop. C’est dire que la pilule est amère.
Par ailleurs, l’installation chaotique de la nouvelle législature, le 12 septembre 2022, a été l’occasion d’assister à un véritable cirque dans les travées de l’Assemblée nationale. Les nouveaux députés, provenant des rangs de la Coalition Yewwi askan wi (Yaw), s’étaient donnés en spectacle, brisant le mobilier, bloquant le vote en emportant l’urne. Des échauffourées d’une gravité jamais enregistrée dans l’Hémicycle avaient été déplorées. Jamais l’Assemblée nationale n’a connu des scènes de violences aussi fortes, jusqu’au tabassage, en règle, en mondovision, de la députée Amy Ndiaye Gniby, enceinte de plusieurs mois. L’opinion s’était émue et le vilain exemple avait été montré sur toutes les télévisions. Le Sénégal a pu avoir honte. Plus jamais ça, s’était-on juré et promis. L’indulgence sans limite des Sénégalais voudrait considérer que ces comportements répréhensibles étaient simplement ceux d’opposants mécontents ou brimés. Mais après que le parti Pastef et son monde sont arrivés au pouvoir, on les a vus se comporter comme toujours : insultant, menaçant de violences physiques leurs adversaires politiques. Voilà que l’incorrigible député Guy Marius Sagna attire à nouveau l’attention sur ses frasques, en s’illustrant par son manque de respect à l’endroit de ses collègues du Parlement de la Cedeao. Les vidéos font le tour de l’Afrique, du monde. Le député Sagna ne serait-il pas dans une logique de provocation grossière, en vue de créer des incidents ? Qu’a-t-on fait au Bon Dieu pour mériter que nos élites politiques nous foutent cette honte ? Dans un moment de sidération, nous avons lancé un cri du cœur : «Méritez de nous gouverner !», chronique du 10 août 2015 ou «Mais Macky, où on va là ?», chronique du 28 mai 2012.
Aussi, qui a mis dans la tête du Président Bassirou Diomaye Faye l’idée que pour prouver son souverainisme, il faudrait tenir une conférence de presse avec exclusivement des journalistes sénégalais ? Les médias internationaux étaient bannis de la première conférence de presse du chef de l’Etat pour tirer le bilan de ses «100 premiers jours» à la tête du pays. La démarche est maladroite et vide de sens. En effet, c’est comme si ce qui se dirait à cette conférence de presse ne concernerait ou n’intéresserait que le public sénégalais. Bien sûr que non, et la bonne preuve est que le président Bassirou Diomaye Faye a choisi de changer de langue de communication pour parler le français, en lieu et place du wolof, dans la partie de cet entretien où il évoquait le volet de la diplomatie et de la coopération internationale. Bassirou Diomaye Faye semble chercher à innover, au risque de se montrer iconoclaste et de la plus drôle des manières. C’est ainsi qu’il a surpris son monde en faisant une allocution en anglais, devant Charles Michel, le président du Conseil de l’Europe, en visite à Dakar le 24 avril 2024. Son interlocuteur a le français comme langue maternelle et cette langue reste la langue officielle du Sénégal. Qu’est-ce qui pouvait alors pousser le président Faye à risquer un tel coup qui a pu faire rire le public ?
Dans les salles de classe, il y a toujours un élève zélé, le fayot, qui claque des doigts bruyamment et crie plus fort que les autres «Moi Monsieur ! Moi Monsieur !», avec un tel aplomb que l’instituteur préfère l’ignorer, persuadé qu’il a la réponse, choisissant d’interroger le gars qui est au fond de la classe, qui essaie de se faire oublier. Et puis, un jour, il désigne le fayot. Médusé, l’instituteur découvre que l’élève n’a pas appris sa leçon. C’est cette image aussi piteuse que ridicule que renvoient Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Mais le fayot finit par être responsable de classe, qui met un soin particulier à écrire les noms des bavards en l’absence du maître. Il sera le délateur qui dénonce ceux qui ont pu tricher, ce qui du reste ne l’empêche pas de tricher. La finalité est d’être le premier de la classe.
LA STRATÉGIE DU BOUCLIER ET DU GLAIVE
Entre soutien au président Diomaye et riposte aux attaques de l'APR, Aminata Touré se pose en défenseure zélée du nouveau pouvoir. Certains de ses détracteurs estiment même qu’elle pourrait lorgner la présidence de l'Assemblée nationale
La volonté d’Aminata Touré de s’ériger en bouclier du nouveau régime la pousse à envoyer une volée de bois vert contre les opposants accusés de vouloir déstabiliser le régime et ternir le bilan des premiers mois du duo Diomaye-Sonko. L’ex-ministre de la Justice semble déterminée à jouer un rôle majeur au sein des alliés de la coalition présidentielle. Certains de ses détracteurs estiment même qu’elle pourrait lorgner la présidence de l'Assemblée nationale.
Le divorce mal consommé entre Aminata Touré, ancienne Première ministre et membre de la coalition DiomayePrésident et ses anciens compagnons de l’APR se transforme en pugilat. L’ancienne responsable du parti de Macky Sall a décidé de faire feu de tout bois contre ses anciens alliés. ‘’Nous avons compris leur jeu, nous ne les laisserons pas intoxiquer les populations. Ils veulent casser le rythme, comme on le dit dans un match de football, parce qu’ils sont dominés. D’ailleurs, j’affirme que c’est leur leader Macky Sall lui-même qui est derrière cette sortie’’, a affirmé Mimi Touré.
Tout en verve, l’ancienne ministre de la Justice estime que l'APR est une coquille vide aux mains de Macky Sall qui chercherait à déstabiliser le pays depuis l’extérieur. ‘’On ne peut pas parler d’évaluation des 100 premiers jours du gouvernement. Nous devons nous faire apprécier pour améliorer les choses. Dans cette nouvelle opposition, certains manquent de hauteur. Ils font des sorties pour faire oublier les morts liées aux manifestations politiques et les scandales des 1 000 milliards F CFA du fonds Covid-19’’, a déclaré Aminata Touré.
Selon elle, les attaques et les critiques de l’APR contre le régime actuel visent uniquement à faire diversion et à faire oublier leur mauvaise gestion et leurs crimes. ‘’C’est Macky Sall qui est derrière les attaques de l’APR’’, a-t-elle martelé. L’ancienne présidente du Cese a également vivement critiqué Mansour Faye, beau-frère du président Macky Sall.
‘’Elle n’est ni dans des calculs politiques ni dans la quête d’un poste’’
Cette volée de bois vert contre les opposants vise-t-elle à redonner vie aux partis alliés au sein de la coalition DiomayePrésident ? Pour l’instant, beaucoup de leaders et de cadres de la coalition n’ont pas été retenus dans les nominations aux postes gouvernementaux et à la tête des structures parapubliques. Aminata Touré, l’une des personnalités les plus influentes de la coalition, semble vouloir prendre date pour l’avenir et s'ériger en bouclier du nouveau duo Diomaye-Sonko.
L’ex-chef de gouvernement sous Macky Sall se dit en phase avec le nouveau régime sur plusieurs questions, notamment la baisse des denrées de première nécessité et la question foncière. De plus, Mimi Touré n’a jamais hésité à critiquer le Parlement actuel, qu'elle considère comme illégitime. Certains spécialistes lui prêtent l’intention de jouer un rôle majeur, en cas de Législatives anticipées et d’une victoire de DiomayePrésident. Dans cette configuration, elle pourrait ne pas refuser le poste de présidente de l'Assemblée nationale, si Sonko décide de rester à la tête du gouvernement.
‘’Madame Aminata Touré est juste en train de jouer sa partition au sein de cette coalition DiomayePrésident où elle a été la superviseure générale lors de la dernière campagne présidentielle. Elle n’est ni dans des calculs politiques ni dans la quête d’un poste comme celui de présidente de l’Assemblée nationale. Elle est simplement engagée dans ce qu’elle fait’’, a nié Bassirou Dieng, chargé de communication nationale de Mimi24 et proche de l’ex-Première ministre.
Aminata Touré semble ainsi porter le costume d’ange gardien du duo Diomaye-Sonko dont elle ne cesse de saluer la communion et l’osmose. Selon elle, le seul programme de l’opposition est de diviser le duo au pouvoir.
Toutefois, dans la perspective des élections législatives, la présence de Mimi Touré peut-elle éloigner le PDS de la coalition DiomayePrésident, si l’on sait que Karim Wade avait appelé à soutenir Diomaye avant le premier tour de la Présidentielle. Or, une grande inimitié existe entre Mimi Touré et les libéraux, en particulier Wade fils.
Dès lors, une alliance formelle en vue des Législatives anticipées entre DiomayePrésident et le PDS est-elle envisageable ? Ses détracteurs l’accusent également de surenchérir dans ses attaques contre son ancien camp, pour faire oublier son passé au sein de l’APR.
Pour Bassirou Dieng, chargé de communication de la coalition Mimi24, il n’y a aucune virulence dans ses propos. ‘’Je vous souligne aussi que Mme Aminata Touré n’a jamais essayé de faire oublier son appartenance à l’APR dans le passé. Il se trouve simplement qu’elle sait assumer ses positions. Quand elle était dans l’APR, elle assumait et s’était engagée avec fidélité et loyauté aux côtés de Macky Sall, malgré les nombreux coups bas de ce dernier envers elle. Quand elle a quitté Macky et l’APR, elle n’est jamais retournée en arrière et a osé faire face à Macky Sall jusqu’à ce que ce dernier renonce à son projet de s’éterniser au pouvoir et de partir lui et son clan le 24 mars dernier’’, a-t-il déclaré avant d’indiquer que la seule intention de Mimi Touré est d'œuvrer pour la réussite du projet de changement systémique de notre cher pays le Sénégal.
Aminata Touré, ‘’sentinelle’’ des engagements pour la reddition des comptes et la fin de la loi d’amnistie
Aminata Touré, qui n’a jamais caché son ambition présidentielle, semble toujours avoir les yeux rivés sur la Présidentielle de 2029. Sa volonté d’être un acteur majeur de la rupture pourrait lui permettre de s’imposer comme une figure incontournable du projet.
Selon Mamadou Sy Albert, analyste politique, cette sortie de Mimi Touré constitue un rappel à l’ordre pour le nouveau régime, lui rappelant que le programme autour de la reddition des comptes et de la loi d’amnistie est essentiel pour le projet.
‘’C’est la première sortie d’un leader allié de Pastef pour défendre le bilan de Diomaye, mais aussi pour jouer son rôle de sentinelle par rapport au programme proposé aux Sénégalais. À travers cette sortie, elle fait montre d’une grande détermination à veiller à ce que les promesses de rupture soient respectées’’, indique le politologue.
À la question de savoir si Aminata Touré fait une fixation sur ses anciens camarades et cherche à faire oublier son compagnonnage avec Macky Sall, l’analyste politique se montre sceptique. ‘’Je pense qu’elle ne fait pas une fixation sur l’APR et qu’elle a tiré un trait sur son ancien parti. Elle a suffisamment d’expérience, tout au long de sa carrière politique, pour savoir que ce qui compte, c’est que le président réalise ses promesses, à côté de qui elle s’est aussi engagée lors de la campagne’’, soutient-il.
VIDEO
VIF ÉCHANGE IMPLIQUANT GUY MARIUS SAGNA AU PARLEMENT DE LA CEDEAO
Le député sénégalais a vivement critiqué les chefs d'État ouest-africains, les accusant d'appauvrir la région. Au grand dam de son homologue ivoirienne Adjaratou Traoré qui lui a demandé de modérer ses propos
Ce samedi 20 juillet 2024, une séance du Parlement de la CEDEAO a été le théâtre d'un affrontement verbal entre le député sénégalais Guy Marius Sagna et son homologue ivoirienne Adjaratou Traoré.
L'altercation a éclaté suite aux critiques acerbes de Sagna envers les chefs d'État ouest-africains. Le député sénégalais les a accusé d'être à l'origine de "l'appauvrissement" de la région, remettant en question l'utilisation du terme "pauvreté" par le PNUD dans son rapport sur l'Afrique de l'Ouest.
La tension est montée d'un crâne lorsque Traoré a demandé à Sagna de modérer ses propositions, estimant qu'il manquait de respect aux dirigeants. L'échange s'est rapidement envenimé, conduisant à des accusations mutuelles.
Face à l'escalade du conflit, la présidence a été contrainte de suspendre la séance.
par Aminata Thior
MESSAGE AU PRÉSIDENT DIOMAYE SUR LA REPRÉSENTATIVITÉ DES FEMMES DANS LES INSTANCES DE DÉCISION
EXCLUSIF SENEPLUS - Au bout de 14 Conseil des ministres, l’écart dans les nominations hommes-femmes est effarant. 75 contre 7. Comment peut-on exclure de ce vent d’espoir, l’apport des femmes à la marche du pays ?
Le choc, tout Sénégalais et Sénégalaise sensible à la question de la représentativité des femmes dans l’espace public l’a reçu et encaissé à la sortie de votre première liste du gouvernement avec 25 ministres dont seulement 4 femmes. Nous avions protesté. Nous vous avions écrit que nous ne voulons pas régresser sur la question de la place de la femme dans notre société. La vague de contestations passée, comme de bons Sénégalais et Sénégalaises, nous nous sommes armés de patience et gorgés d’espoir pour voir plus de femmes dans les postes de direction. Mais quel second choc de constater qu’au bout du 14ème Conseil des ministres, l’écart dans les nominations entre les hommes et les femmes est effarant.
14ème Conseil des ministres : 82 nominations. 75 hommes. 7 femmes. C’est terrible, vous persistez et le message semble très clair : vous n’êtes pas sensible à la représentativité des femmes ou alors, ce n’est pas votre priorité. Ou les deux à fois.
Par ailleurs, à chaque fois que vous avez pris la parole pour vous adresser à nous, nous avons vu et entendu un président :
Intelligent
Respectueux de ses concitoyens
Fédérateur, rassembleur
Positif et constructif
Ouvert à écouter ceux et celles qui apportent du ciment pour construire un meilleur Sénégal
Déterminé fortement à apporter un changement dans notre pays
Mais alors, comment un tel profil de président, jeune qu’il est, ouvert au monde, à ses défis et enjeux actuels, dirigeant l’un des pays les plus respectés en Afrique et dans le monde pour la détermination de son peuple, ses hommes et FEMMES de savoir, peut fermer les yeux sur la question de la représentativité des femmes dans les instances de décision ?
Comment peut-on jub, jubal, jubanti sans la présence de près de cette moitié de la population autour de la table ? Comment peut-on développer ce pays si on se passe du cerveau, de la compétence, de la sensibilité, de la finesse, de la rigueur, de l’abnégation, de la détermination, de la hargne, de l'honnêteté et du courage de tous ces profils de femmes que nous avons dans ce pays et sa diaspora ? Comment peut-on avancer sur les questions qui touchent nos filles et femmes si elles ne sont pas présentes là où se prennent les décisions qui impactent leur vie ? Comment peut-on exclure de ce vent d’espoir, l’apport des femmes à la marche du pays ? Comment peut-on envisager une rupture en envoyant un message de régression sur la question des femmes ?
Mais plus encore, vous dirigez un pays qui s’appelle le Sénégal où les femmes ont fortement influé dans les luttes les plus importantes dans ce pays et en Afrique. Elles sont les premières dans les classements dans les écoles et universités. Elles constituent un grand nombre dans le tissu entrepreneurial de notre pays. Elles sont de grandes managers, fonctionnaires, militantes, directrices d’ONG. Elles gèrent les finances de grandes entreprises et programmes. Elles se retrouvent à des postes de responsabilité à l’Union Africaine, à la CEDEAO, au FMI, à l’ONU, à la Banque mondiale. Elles vivent au Sénégal et dans sa diaspora. Cet état de fait, vous ne pouvez en faire fi. C’est de votre responsabilité de continuer à le renforcer et à le pérenniser.
Avec ces rares femmes que vous avez nommées au sommet de l’État et dans les directions générales, vous êtes clairement en train de leur envoyer le message contraire.
Il est temps de faire des efforts pour corriger le tir mon président.
Oui, je veux bien croire que vous êtes rattrapé par la réalité du monde politique et que vous êtes obligé de récompenser mais je refuse de croire définitivement que vous n’êtes pas sensible à la question de la place de la femme dans nos sphères de décision. Et quand bien même vous le seriez, nous avons tous vu à quel point vous apprenez vite. Ainsi, j’ose espérer que ceux qui vous entourent et vous conseillent, vous rappelleront que la présence des femmes, dans les lieux de décision est cruciale à notre époque, pour notre pays et pour la marche du monde.
J’ose espérer qu’un Abdoulaye Bathily vous rappellera le rôle de la femme sénégalaise dans l’histoire politique du Sénégal et dans l’accession à l’indépendance ; et qu’une régression n’est pas envisage.
J’ose espérer qu’une Yacine Fall, ministre des Affaires étrangères, qui a lutté pour la représentativité des femmes, travaillé dans des instances nationales et internationales, côtoyé partout dans le monde des femmes sénégalaises brillantissimes, vous a conseillé de ne pas reléguer au second plan, cette question de la représentativité des femmes.
J’ose espérer que des “He for She” comme Abdourahmane Diouf, Abdourahmane Sarr et d’autres dans votre gouvernement vous ont alerté sur ce sujet …
J’ose espérer que nos journalistes n’oublieront plus jamais de vous interpeller sur l’implication et la place des femmes dans le jub, jubbal, jubbanti ; qu’ils ne reprendront plus les clichés sur cette question dans leurs émissions ; qu’ils ne minimiseront plus les revendications des femmes sensibles à ce sujet et traiteront de manière sérieuse et approfondie, cette question.
J’ose espérer que tous ces brillants hommes et femmes (visibles et de l’ombre) qui vous conseillent et à qui vous avez rendu hommage lors de votre allocution avec la presse sénégalaise le samedi 13 juillet 2024 vous rappelleront que les femmes sénégalaises doivent avoir leur place dans cette rupture pour le développement de notre pays.
Car oui, autant c’est de votre responsabilité de garder le Sénégal sur une dynamique progressiste sur la question de la femme, autant, c’est de leur responsabilité de vous le dire, de vous le conseiller ou de vous le rappeler si vous ne l’appliquez pas.
Vous n’avez pas trouvé mieux au sommet de l’État ? Alors faites mieux mais ne gardez pas le statuquo et surtout, ne faites pas régresser cet acquis.
APPEL À NÉPOTISME
La nomination de Sophie Nzinga Sy, fille de la ministre Yassine Fall, à la tête de l'Apda soulève des questions. Parmi les 81 nominations effectuées par Bassirou Diomaye Faye, certaines semblent récompenser la proximité avec le parti au pouvoir
Bassirou Diomaye Faye a nommé 81 directeurs ou PCA ce jeudi, parmi lesquels des personnalités issues de son parti ou qui en sont très proches. Mais, la nomination de Sophie Nzinga Sy à l’Apda risque d’être un caillou dans la chaussure du président ou du Premier ministre.
Parmi la longue liste de 81 personnes nommées jeudi en Conseil des ministres, le choix de Mme Sophie Nzinga Sy comme directrice de l’Agence pour la promotion et le développement de l’artisanat (Apda) risque de faire couler beaucoup d’encre : Mme Sy est la fille de la ministre de l’Intégration africaine et des affaires étrangères, Yassine Fall. Connue pour ses activités de création de mode, elle est entrepreneure, éducatrice et conseillère en Icc et artisanat. Elle a lancé aussi ses propres marques Sophie Zinga et Baax Studio (2012, 2019). Par ailleurs, il y a d’autres nominations de certaines personnalités dont la proximité idéologique est proche du parti Pastef. Certains comme Ngouda Mboup, Khadim Bamba Diagne et Mbaye Sylla Khouma sont connus pour avoir été des défenseurs de ce pouvoir qui a renvoyé aux calendes grecques l’appel à candidatures.
« Difficile de voir une dynamique de rationalisation »
Bien sûr, imam Kanté a passé à la loupe ces nominations faites de promotion de personnalités proches de Pastef ou de son courant de pensée, en plus de ses militants. «Avec toutes ces nominations, difficile de voir une dynamique de rationalisation et de réduction du «train de vie» de l’Etat. Sans parler par exemple des cumuls de postes PCA et autres, et de l’option «Non appel à candidatures» qui fait son bonhomme de chemin. Nombre d’individus qui avaient applaudi cette promesse de campagne ne pipent mot car bénéficiaires eux-mêmes du non-respect de celle-ci. Et on commence à parler de liens de parenté… Attention !», prévient imam Kanté.
LE CREG NOTE DES AVANCEES EN TERMES DE CONCEPTUALISATION
Le Consortium régional de recherche en économie générationnelle (Creg), en collaboration avec ses partenaires, a clôturé hier ses Journées scientifiques sur le Dividende démographique
Le Consortium régional de recherche en économie générationnelle (Creg), en collaboration avec ses partenaires, a clôturé hier ses Journées scientifiques sur le Dividende démographique qui visent à offrir une meilleure compréhension du concept de «dividende démographique», de ses enjeux ainsi que des politiques pertinentes pour le Sénégal.
L’Agenda 2063 de l’Union africaine (Ua) place la capture du Dividende démographique au cœur de la stratégie de développement du continent. C’est dans cette perspective que le Consortium régional de recherche en économie générationnelle (Creg), en collaboration avec ses partenaires, a organisé des Journées scientifiques sur le Dividende démographique. L’objectif de ces journées est de sensibiliser davantage sur l’importance du dividende démographique pour le développement économique du Sénégal et sur les politiques à mettre en œuvre afin d’en tirer profit. Elles visent également à offrir une meilleure compréhension du concept, de ses enjeux, ainsi que des politiques pertinentes pour le Sénégal. Selon le coordonnateur du Creg, Latif Dramani, c’est l’occasion de présenter à des chercheurs, les résultats de ces dix dernières années au Sénégal en termes de dividende démographique et voir ensemble comment trouver les mécanismes. «Tous les pays africains ont des problèmes similaires, à savoir la dépendance économique des jeunes, l’aménagement des territoires, les questions de santé et d’infrastructures, etc. C’est à partir de ces questions qu’on doit orienter les politiques publiques pour améliorer les infrastructures et faire baisser la dépendance économique des jeunes en créant des politiques qui favorisent l’employabilité des jeunes», a soutenu Dr Dramani.
«Un saut qualitatif vers la capture de dividende démographique»
L’Indice de synthétique de suivi du dividende démographique (I2s2d) permet à un pays de pouvoir évaluer sa progression en ce qui concerne la capture du dividende démographique. Il porte sur cinq dimensions : la dépendance économique, la qualité du cadre de vie, les transitions dans la pauvreté, le capital humain élargi et les réseaux et territoires. D’après l’ingénieur statisticien démographe et chef de la Division population au ministère de l’Economie, du plan et de la coopération, le premier rapport élaboré en 2020 montrait que le Sénégal était à 41,5%. «Quand on l’a actualisé l’année dernière pour ce qui est de l’enquête harmonisée condition de vie des ménages, l’indicateur était à moins de 50%. Cela montre que le Sénégal est en train de faire un saut qualitatif vers la capture de dividende démographique. Mais il faut atteindre 50% pour commencer à exploiter son dividende démographique», a souligné Abou Ba. Il est ressorti qu’il existe une disparité entre les régions, d’où la nécessité de faire de la territorialisation des politiques publiques une réalité au Sénégal.